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Lundi 25 novembre 2024, SMART TECH reçoit Jean-Paul Smets (PDG, Rapid.Space)

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00:00C'est l'heure de notre rendez-vous avec le Monde du Libre et Jean-Paul Smets, le PDG de Rapid Space.
00:10Bonjour Jean-Paul. Bonjour.
00:11Alors, on va s'intéresser aujourd'hui aux logiciels libres dans le domaine militaire. Est-ce qu'il y en a beaucoup ?
00:16Il y en a depuis l'origine de l'Internet, puisque le réseau ARPANET, c'est le premier réseau qui a mis en oeuvre TCPIP pour le ministère de la Défense américain.
00:24Puis, par exemple, récemment, on a eu Stuxnet, un virus dont le code source a été publié sous forme de logiciels libres en 2011.
00:32Et en fait, il a été publié après une attaque sur des centrifugeuses d'enrichissement d'uranium en Iran.
00:38Pourquoi publier d'ailleurs un virus militaire qui risque de détruire des infrastructures, avoir des conséquences sur la vie humaine ?
00:44Donc en fait, pourquoi faire proliférer un virus dangereux ?
00:47C'est ma question.
00:48Parce qu'en fait, si on ne le fait pas proliférer, il y a des gens qui sauront le refabriquer ou savent que c'est possible de le refaire,
00:55donc on va le refaire et personne ne saura comment s'en protéger.
00:57Tandis que si on le fait proliférer, tout le monde va savoir comment ce virus attaque certaines machines,
01:02et ça va donc apprendre à l'humanité à se protéger de ce type de virus.
01:06Et donc, c'est la décision qui a été prise.
01:08Est-ce que le libre militaire est utilisé, par exemple, en Ukraine, alors qu'on vient de dépasser les milieux de conflit ?
01:14Alors, oui. Quand ils ont besoin d'un battle management system, c'est ce qui sert à coordonner les troupes, les avions, les drones,
01:21bien visés au bon endroit depuis une tablette.
01:24En fait, ils ont construit leur propre logiciel, qui s'appelle Cropiva,
01:28et qui a permis de réduire considérablement le temps entre le moment où on trouve la cible et le moment où on la traite.
01:34Et j'ai aussi découvert, alors en Autriche, c'est quelque chose d'assez incroyable,
01:38c'est un BMS, donc le même genre de logiciel, complètement libre,
01:43qui peut servir à la fois aux armées ou aux pompiers pour lutter en cas d'incendie.
01:47Donc, complètement libre, 100% ?
01:49Oui. Moi, ça me posait une question, est-ce que c'est bien ou pas de faire du logiciel libre militaire ?
01:54Est-ce qu'on va aider des gens à s'entretuer ou pas ?
01:56Et là, c'est complètement libre. Ce genre de logiciel, d'habitude en France, c'est Atos qui vend ça avec SICS,
02:02ou Leonardo, ou Elbit en Israël.
02:04Donc, généralement, ce sont des très gros logiciels, très chers, compliqués à intégrer,
02:07parce que les armées ont toutes des systèmes informatiques différentes, des doctrines différentes, des standards différents.
02:12Donc, un petit État, généralement, aura beaucoup de mal, en fait, à acheter ce type de logiciel à un prix raisonnable.
02:18Ça va mettre du temps.
02:20Et là, ce qu'on voit, c'est qu'avec un logiciel de BMS libre,
02:23n'importe quel petit pays peut acheter quelque chose, finalement, plus innovant,
02:27moins lourd que les standards OTAN ou SGI, ou ce genre de choses.
02:30Et donc, on voit que, finalement, un petit pays va se retrouver un peu au même niveau qu'un grand pays,
02:35en termes d'organisation de sa défense.
02:37Et est-ce qu'on sait qui est précisément derrière cette solution, ce logiciel, et s'il y a un modèle économique ?
02:42Alors, il y a Harry Wipperfurth, qui est un ancien du ministère de la Défense fédérale autrichien.
02:47Ensuite, le logiciel est en licence AGPL.
02:49Ça veut dire que, théoriquement, l'ennemi qui s'y connecterait pourrait télécharger les extensions secrètes.
02:55Donc, bien entendu, on va prendre une autre licence pour garder secrètes les extensions.
03:00Et donc, ça, ça crée un bon modèle économique.
03:02Des sources de revenus. OK.
03:04Existe-t-il aussi du matériel militaire libre ?
03:09Alors, c'est quelque chose qui, dans le sens de l'histoire,
03:12ça fait à peu près 10 ans que l'agence de défense européenne cherche à mettre en commun les achats militaires en Europe
03:18pour éviter que tout le monde aille acheter, en gros, aux Etats-Unis son truc dans son coin.
03:22Donc, on essaye de faire une DGA européenne qui fait des achats communs.
03:25Et le 14 novembre, pour la première fois, 300 millions ont été mis sur la table
03:29pour acheter en commun des missiles, des munitions et des véhicules.
03:33Donc, c'est le sens de l'histoire.
03:35Mais souvent, dans les programmes européens, ce qui se passe,
03:37c'est que les industries nationales ne veulent pas, en fait, céder une partie de leurs propriétés intellectuelles à une autre.
03:42Donc, les projets ont tendance à échouer dans des discussions interminables.
03:46Et donc, l'idée, c'est que certains composants, en fait, dans un système de défense,
03:50on peut dire des sous-systèmes comme, par exemple, la communication 5G ou le serveur de Edge
03:55ou, par exemple, un matélescopique, un autopilote de drone, tout ça, c'est très générique.
04:00Et ça peut être disponible sous forme de matériel libre conçu en commun,
04:04mais ensuite potentiellement produit localement par les industries nationales,
04:08avec lesquelles on ne rentrera pas en conflit.
04:10Et en plus, en allant dans cette voie de mettre en commun du matériel libre conçu en commun,
04:16on favorise aussi l'interopérabilité entre les armées.
04:19Très bien. Donc, finalement, Jean-Paul, vous militez pour le logiciel et le matériel libre dans le militaire.
04:25Voilà, par la force des choses.
04:27OK, merci beaucoup pour ces découvertes.
04:30Jean-Paul Smet, je rappelle que vous êtes le PDG de Rapid Space.
04:33Et merci à tous de nous avoir suivis.
04:34On a beaucoup parlé open source aujourd'hui dans Smartech.
04:37On a aussi parlé télécom.
04:38Je vous dis à très bientôt pour de nouvelles discussions sur la tech.
04:49Sous-titrage Société Radio-Canada

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