• il y a 3 jours
Avec Arnaud Gouillon, ministre serbe de la Diplomatie publique et culturelle

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##LE_FAIT_DU_JOUR-2024-11-25##

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Transcription
00:00Radio. Les français parlent au français. Je n'aime pas la blanquette de veau, je n'aime pas la blanquette de veau.
00:12Sud Radio Berlin.
00:15La blanquette de veau, je n'aime pas la blanquette de veau.
00:19Sud Radio Berlin.
00:23Les Russies, vous parlez de l'Ukraine, vous parlez de tout ce qui se passe en ce moment, de l'envoi de missiles à longue portée, de l'envoi de soldats, peut-être français, anglais, de l'envoi de volontaires.
00:35Il faut en parler, c'est intéressant, parce qu'il est né le 26 août.
00:44Tout d'abord, bonjour André Bercoff et merci de me recevoir aujourd'hui. Évidemment que l'année 1999 marque un tournant dans la vie de la Serbie, dans la vie des Serbes qui ont été bombardés durant 78 jours par l'OTAN.
00:55Et à mon petit niveau, sans aval du conseil de sécurité de l'ONU, sans mandat du conseil de sécurité de l'ONU, je pense qu'on y reviendra après.
01:03Ce qui fait que cette intervention de l'OTAN était illégale, évidemment, et c'était 19 pays de l'OTAN contre la Serbie. Le rapport de force était 1 contre 900.
01:12Je pense que depuis les thermopiles, on n'a pas eu de telles différences en termes de capacité et de force en présence.
01:18Et vous étiez adolescent à ce moment-là ?
01:20J'avais 14 ans à cette époque, et je me souviens que mon père à la maison, mon grand-père aussi, qui a vivé avec l'amitié franco-serbe depuis longtemps,
01:31ils aimaient l'histoire, ils savaient que les Serbes et les Français étaient alliés durant la première guerre mondiale,
01:36ils savaient que le futur roi de Serbie, Pierre Karadjordje, s'était engagé volontairement en 1870 du côté de la France dans la guerre contre la Prusse,
01:45et ils savaient que c'était un vieux peuple allié des Français qui était bombardé de manière illégale, de manière inacceptable,
01:52dans une guerre que l'on a appelée « guerre humanitaire ». On ne comprenait pas comment on pouvait faire de l'humanitaire en lâchant des bombes sur un peuple allié.
02:02Et c'est vrai que très tôt j'avais conscience, grâce à ces discussions avec mes parents qui essayaient justement de nous expliquer ce qu'il se passait loin de la France,
02:12mais finalement ce n'était pas si loin que ça, c'est deux heures en avion de Paris, que c'est quelque chose d'anormal et qu'il faut être solidaire.
02:20Mon père décrivait les Serbes comme, vous savez, ce petit village d'astérix qui résiste face à un monde uni contre lui.
02:30Et c'est vrai que ces Serbes en 1999 nous ont épatés, baillis par leur courage de défendre leur culture, leur terre du Kosovo-Métochi, leur identité,
02:38malgré la terrible agression dont ils étaient victimes.
02:41– Et alors, donc il y a eu effectivement la création du Kosovo à ce moment-là, on va en parler,
02:46qui n'a pas été jusqu'ici, le Kosovo n'est pas reconnu par tout le monde, si j'ai bien compris.
02:51– Le Kosovo, pour expliquer brièvement à nos auditeurs, c'est la province sud de la Serbie, c'est environ 10 800 km²,
03:01c'est à la taille d'à peu près deux départements français, c'est le berceau historique de la nation serbe,
03:07le Kosovo c'est à la Serbie un petit peu ce que la Seine-Saint-Denis est à la France,
03:11avec les plus vieilles basiliques, avec les tombeaux des rois,
03:15c'est une terre d'Europe avec la plus grande densité d'édifices chrétiens.
03:20– D'accord, le Kosovo.
03:22– Au Kosovo, et en 1999, une guerre a éclaté entre les milices indépendantistes de l'Utcheka,
03:30organisation classée comme terroriste même par les États-Unis jusqu'en 1998,
03:35organisent des attentats contre les policiers mais aussi contre les civils.
03:39– Une initiative de cette guerre qui est venue des États-Unis ?
03:43– Vous voulez dire des bombardements de la Serbie ?
03:45– Des bombardements, bien sûr.
03:46Ça a été initié par les États-Unis, ça a été suivi par 19 pays de l'OTAN,
03:51de manière totalement inacceptable et surtout ce qu'il faut bien avoir conscience,
03:57c'est que le bombardement officiellement avait lieu pour bloquer la guerre qui se déroulait au Kosovo.
04:04Mais les cibles de ce bombardement étaient des cibles civiles,
04:07et pas au Kosovo, dans tout le reste de la Serbie.
04:10On a détruit les ponts à Belgrade, les ponts à Novi Sad,
04:12on a détruit par exemple le 30 mai 1999, pour illustrer, il est 13h25 ce jour-là,
04:18c'est le jour de la Sainte Trinité, c'est une fête de la ville de Varvarine,
04:22c'est un jour où il y a énormément de monde autour du marché.
04:25Le pont est visé en pleine journée par des missiles et une frappe aérienne terrible
04:31qui détruit le pont, qui tue sur place 10 personnes, qui en blessent 30 autres.
04:36Le prêtre Milivoje qui sortait de son église après la liturgie
04:39a été décapité par un éclat d'obus.
04:41Et aujourd'hui encore, les villages aux alentours et les rues
04:45qui sont situées à proximité de ce pont bombardé,
04:48puisqu'il a été bombardé à l'uranium appauvri,
04:50il y a des cas de cancer qui se répandent comme la grippe en hiver.
04:54Donc c'est absolument effroyable,
04:56et on ne voit pas vraiment ce qu'il y avait d'humanitaire dans ce bombardement.
05:00– Et alors c'est ça qui a créé le Kosovo ?
05:03– Et c'est ça qui a entraîné ensuite, en réalité, suite à ces bombardements,
05:09il y a eu les accords de Koumanovo en 1999.
05:13Et selon ces accords et selon la résolution 1244 du Conseil de sécurité de l'ONU
05:20qui a mis fin au combat et qui a permis aux troupes de la CAFOR de l'OTAN
05:23de rentrer au Kosovo officiellement,
05:26le Kosovo est toujours partie intégrante de la République de Serbie.
05:30Au regard d'ITRO International, et aujourd'hui moins de 100 pays,
05:32essentiellement des pays occidentaux, reconnaissent l'indépendance du Kosovo.
05:36Parmi les pays de l'Union européenne,
05:38cinq pays ne reconnaissent pas l'indépendance du Kosovo,
05:40c'est la Roumanie, c'est l'Espagne, c'est Chypre, c'est la Slovaquie et c'est la Grèce.
05:46– La France l'a reconnue ?
05:47– La France l'a reconnue parmi les premiers pays en 2008.
05:50Je crois que c'était Bernard Kouchner qui était à l'époque ministre des affaires étrangères.
05:53– D'accord, justement on va parler de cela parce qu'on a beaucoup dit,
05:58depuis l'offensive russe sur l'Ukraine en mars 2022,
06:08ça fait presque deux ans et demi et plus,
06:12on a beaucoup dit que l'acte premier c'était justement ce bombardement
06:17qui n'avait pas l'aval des Nations Unies, qui a eu lieu etc.
06:21A votre avis pourquoi ? Est-ce qu'il y a une espèce non pas d'homothésie
06:26entre ce qui se passe aujourd'hui depuis deux ans et demi entre l'Ukraine et la Russie
06:30et ce qui s'est passé en Serbie ?
06:32Comparaison n'est pas raison, mais pourquoi on dit que c'est vraiment l'acte,
06:36je ne dirais pas fondateur, mais ce qui permet de comprendre le reste ?
06:40– Je crois que la boîte de Pandore,
06:43et c'est ce qu'a dit le président de la Serbie Vucic, Aleksandar,
06:47la boîte de Pandore n'a pas été ouverte en février 2022
06:52lors du début de la guerre en Ukraine,
06:54elle a été ouverte en 1999 avec ces bombardements illégaux
06:57et malheureusement en 2008 lorsque les Albanais du Kosovo
07:01qui font ces sessions ont proclamé de manière unilatérale leur indépendance.
07:05Et cette indépendance au mépris du droit international,
07:08au mépris de la Charte des Nations Unies
07:10et au mépris de l'acte final d'Helsinki sur l'inviolabilité des frontières
07:14a été reconnue par la majorité des pays occidentaux.
07:17Ces mêmes pays occidentaux qui aujourd'hui
07:20appellent au respect du droit international et à la souveraineté de l'Ukraine,
07:25ils ont peut-être raison de le faire,
07:27et la Serbie reconnaît évidemment l'intégrité territoriale.
07:30– Mais en quoi vous dites, alors justement je reviens,
07:32pourquoi vous dites que le lien est là, en quoi le lien est là ?
07:35– Vous savez, même Vladimir Poutine,
07:37lorsqu'on lui a reproché d'avoir pris la Crimée à la Russie,
07:42a dit, oui mais vous les occidentaux, vous ne pouvez pas donner de leçons
07:45parce que vous avez pris le Kosovo à la Serbie.
07:48Et la Serbie a une position,
07:50puisque je parle au nom du gouvernement de Serbie aujourd'hui,
07:52a une position très claire,
07:54et quelques jours après le début de la guerre,
07:56notre Conseil de Sécurité Nationale s'est réuni
07:59et a établi un plan en 15 points.
08:02Le premier de ces points, c'est condamnation de l'acte unilatéral d'envahir l'Ukraine.
08:08Le deuxième point, c'est…
08:10– L'acte unilatéral russe envers l'Ukraine, d'accord.
08:13– Respect de l'intégrité territoriale de l'Ukraine,
08:16tout en rappelant à ceux qui appellent à travers la planète à ce respect,
08:21à respecter également l'intégrité territoriale de la Serbie.
08:24Il ne peut pas y avoir deux poids, deux mesures.
08:26Les principes et les valeurs internationales doivent être respectés de partout,
08:29sinon c'est la loi du plus fort.
08:30Et c'est malheureusement ce dont on témoigne aujourd'hui.
08:33Et troisième chose, c'est que la politique de Serbie
08:35sera une politique souveraine, indépendante,
08:37qui ne respectera que nos intérêts nationaux.
08:41Et c'est la raison pour laquelle la Serbie est le seul pays européen
08:44à ne pas avoir pris de sanctions à l'encontre de la Fédération de Russie,
08:48parce que nous estimons que ce n'est pas dans notre intérêt national de le faire.
08:51– La Hongrie aussi non, je crois ?
08:53– Non, la Hongrie en tant que membre de l'Union Européenne…
08:55– Ah oui, elle avait pris quelques sanctions.
08:57La Serbie n'a pas pris de sanctions.
08:59– Non, sur les 2000 paquets de sanctions qui ont été appliqués à la Russie,
09:03la République serbienne n'en a pris aucune.
09:06– Alors on va en parler juste après cette petite pause,
09:09on va parler un peu de cela, du climat qui règne là,
09:12et justement des problèmes d'indépendance, de souveraineté,
09:16parce qu'ils sont au cœur de ce qui se passe aujourd'hui en Europe et ailleurs.
09:20– André Bercoff reçoit aujourd'hui Arnaud Gouillon,
09:23ministre serbe de la diplomatie publique et culturelle.
09:26Et si vous avez une question ou si vous voulez réagir,
09:28n'hésitez pas à nous appeler au 0 826 300 300.
09:33Sud Radio.
09:36Sud Radio, Bercoff dans tous ses états.
09:41– Et nous sommes toujours et plus que jamais avec Arnaud Gouillon,
09:44ministre de la diplomatie publique et culturelle de Serbie.
09:48Justement Arnaud Gouillon, je vais vous faire écouter,
09:50parce qu'on a parlé de ce qui s'est passé en Serbie en 99,
09:54on va parler de la Serbie d'aujourd'hui et du Kosovo où ça en est,
09:59parce que tout ça est encore extrêmement conflictuel.
10:03Mais on va parler de cela, on va parler de, écoutez,
10:06Jean-Noël Barraud, ministre des Affaires étrangères de France,
10:09qui a donné, on va l'entendre rapidement,
10:12qui a donné une interview à la BBC et voici ce qu'il disait.
10:15– Ukraine as intensely and as long as necessary.
10:19Why ? Because it is our security that is at stake.
10:22Each time the Russian army progresses by one square kilometer,
10:28the threat gets one square kilometer closer to Europe.
10:32– Alors voilà, c'était très intéressant ce qu'il dit,
10:34il dit, vous comprenez, nous allons soutenir l'Ukraine à fond
10:37parce que c'est notre sécurité.
10:39Et il dit, très intéressant ce que dit Barraud,
10:41il dit, chaque fois que l'armée russe prend un kilomètre carré en Ukraine,
10:47c'est un kilomètre carré d'avance en Europe.
10:51Et donc voilà, il parle effectivement d'une Russie
10:55qui veut aller de plus en plus avant.
10:58Et puis on écoute aussi un ancien ministre des Affaires étrangères,
11:01Bernard Kouchner, voici ce qu'il disait sur LCI.
11:05– Il y a des troupes au sol.
11:08Il y a des troupes qui défendraient fermement,
11:12oui, les troupes au sol, peut-être à la frontière,
11:15mais montrer que nous sommes prêts à défendre cette démocratie naissante,
11:21cette démocratie affirmée.
11:23Et en temps de guerre, c'est encore plus difficile.
11:26Oui, je pense que c'est pas facile à dire,
11:30de déclencher la guerre pour son propre pays.
11:32C'est pas facile, ça veut dire que ça va coûter des sacrifices.
11:36– Alors, ça va coûter des sacrifices.
11:38D'ailleurs c'est intéressant, il parle de démocratie naissante
11:40et puis affirmée dans la même phrase.
11:42Mais justement, Arnaud Gouillon, comment la Serbie,
11:48vous parlez au nom du gouvernement serbe, bien sûr,
11:51mais comment on considère cela ?
11:53Parce qu'aujourd'hui, il y a un certain nombre de gens qui disent
11:56oui, écoutez, il ne faut pas provoquer,
11:58d'ailleurs Stoltz, le chancelier allemand l'a dit il y a encore deux jours,
12:02pas beaucoup aider la guerre entre la Russie et l'OTAN,
12:05il faut faire tout pour arrêter.
12:06On sait que les discussions que Donald Trump,
12:10président des États-Unis à partir du 20 janvier,
12:13dit qu'il faut absolument arrêter les hostilités,
12:16il faut arrêter ces morts, etc.
12:19Comment vous considérez-vous la chose ?
12:22Comment s'est vécu en Serbie ?
12:25– Vous savez, le président Vucic était justement hier sur la BBC
12:29et une question similaire lui a été posée.
12:31Et sa réponse était claire, et c'est la même réponse
12:33que nous avons depuis maintenant deux ans,
12:35c'est que nous souhaitons la paix.
12:37Alors je sais qu'en Occident, notamment,
12:40parler de paix c'est parfois être un dissident.
12:42Mais nous pensons que la paix c'est mieux que la guerre.
12:44Et que pour obtenir la paix, nous avons besoin de négocier.
12:47Et que le principe de base des négociations,
12:49c'est qu'aucune des deux parties en conflit
12:52ne gagne tout ou ne perde tout.
12:54Il faut un compromis.
12:55Et tant que l'on n'aura pas compris ça, la guerre continuera.
12:58Et cette guerre est problématique évidemment
13:01pour ces centaines de milliers de victimes
13:03du côté ukrainien, du côté russe.
13:05C'est mauvais pour l'Europe également.
13:06Nous nous le sentons au niveau de la Serbie,
13:08cette guerre nous pose des problèmes également.
13:10– Quel problème, parlons à votre niveau ?
13:13– Évidemment que la guerre entraîne une récession économique.
13:16La guerre entraîne des problèmes.
13:17La guerre entraîne des pressions politiques.
13:20Nous, la Serbie, nous sommes un des rares pays
13:23à pouvoir discuter avec tout le monde.
13:25A discuter avec Washington,
13:26à discuter avec Moscou, avec Bruxelles ou avec Pékin.
13:29Et je crois que c'est important aujourd'hui
13:31d'avoir des personnalités publiques,
13:33comme le Président Vucic,
13:34qui ont justement tous ces contacts,
13:36il est respecté de la part de tous,
13:38et qui sont des faiseurs de paix.
13:39Et il faudrait un peu plus les écouter,
13:41parce que je crois que le monde ne va pas
13:42dans la bonne direction à l'heure actuelle.
13:44– Oui, en tout cas, on a l'impression que pour le moment,
13:46les votes en guerre l'emportent sur les votes en paix,
13:48en tout cas aujourd'hui.
13:49– Oui, mais les choses évoluent très vite, je crois que,
13:51et j'espère, j'ose espérer,
13:53que ceux qui sont pour la promotion de la paix
13:57parviendront à imposer leur voix et leur vision.
14:00En tout cas, c'est la position du gouvernement de Serbie,
14:02et c'est celle que nous défendons
14:04dans les organismes multilatéraux qui existent.
14:07– Alors, parlons un peu du Kosovo, justement.
14:10Où ça en est aujourd'hui ?
14:11Je parle à l'intérieur, je ne parle pas de la reconnaissance
14:13par les pays étrangers, etc.
14:15Où ça en est ?
14:17Vous dites, parce que vous avez dit en début d'entretien,
14:19que les principales églises,
14:21les principales cultes chrétiens sont au Kosovo.
14:25Est-ce qu'aujourd'hui, il y a une coexistence
14:29plus ou moins pacifique,
14:31pas dire pacifique, mais plus ou moins,
14:33entre les différentes communautés,
14:34ou c'est plus compliqué que cela ?
14:36– Je vais vous donner un chiffre.
14:37Depuis le début de l'année,
14:39il y a eu plus de 130 attaques
14:41contre les serbes chrétiens du Kosovo,
14:43de la part d'extrémistes allemands.
14:45– Depuis janvier dernier ?
14:46– Depuis janvier dernier.
14:4714% de la population serbe du nord Kosovo,
14:50qui est une zone attachée,
14:52qui est accolée à la Serbie centrale,
14:5414% des familles ont fui sur ces deux dernières années,
14:58depuis que le soi-disant Premier ministre du Kosovo,
15:00Albin Kurti, a pris le pouvoir.
15:04Il y a des discriminations à l'emploi,
15:07il y a une absence de liberté,
15:09liberté de parole, liberté de circuler.
15:11Il y a des agressions, il y a des vols.
15:13Et tout cela, ce n'est pas la Serbie qui le dit,
15:15c'est le rapport de l'ONU,
15:17qui a été présenté dernièrement,
15:19sur le rapport de l'UNNIC,
15:22donc la mission de l'ONU au Kosovo,
15:24et qui fait état de toutes ces choses.
15:26Et cela se passe en Europe.
15:27Cela se passe au début du XXIème siècle,
15:29et nous, nous appelons…
15:31– On les organise comme si c'était en Arménie, pardon.
15:33Il n'y a pas, hélas…
15:35– Bien sûr, sauf que le Kosovo est une création occidentale.
15:38Donc il y a une responsabilité encore plus grande.
15:40Ceux qui bombardaient en 1999,
15:43au nom des idées humanitaires,
15:45et pour arrêter un soi-disant nettoyage ethnique,
15:49qui en réalité n'a pas eu lieu au Kosovo…
15:51– Oui, parce qu'on a accusé la Serbie de nettoyage ethnique.
15:53– Bien sûr, il y a eu une propagande terrible.
15:55C'était des journaux comme Libération ou Le Monde,
15:57qui parlaient de 100 000 à 500 000 victimes albanaises.
16:01La réalité, c'est qu'à la fin du conflit,
16:03toutes nationalités confondues,
16:05c'est-à-dire Serbes, Albanais, Roms, Ashkali, Gorani,
16:08il y a eu environ 10 000 victimes.
16:10Ce qui est énorme, mais on est bien loin des 500 000.
16:12Donc cette diabolisation du peuple serbe
16:14pour justifier le bombardement humanitaire,
16:16en tuant le mal, on ferait le bien,
16:18en réalité a fait qu'aujourd'hui encore,
16:21il y a des préjugés qui existent sur le peuple serbe.
16:24Et c'est mon rôle en tant que dirigeant
16:27de la diplomatie publique et culturelle
16:29de changer ces préjugés
16:31et de montrer le peuple serbe tel qu'il est.
16:33Je vais vous donner une anecdote.
16:35Les Serbes, on les a présentés comme des barbares,
16:37comme des gens incultes.
16:39Le peuple serbe a une histoire
16:41et une culture incroyable.
16:43Le principal événement qui a lieu chaque année à Belgrade,
16:46ce n'est pas le salon automobile
16:48ou le salon des jeux vidéo,
16:50c'est le salon du livre.
16:52Ce sont des bus qui viennent de toute la Serbie.
16:54Là-bas, les rock stars, ce sont des poètes
16:57avec lesquels les gens font des selfies.
16:59J'ai discuté et débattu de Dostoevsky
17:02avec un chauffeur de taxi.
17:04Et ce n'est pas une anecdote.
17:05Ce sont des gens qui lisent, qui aiment la culture,
17:07qui ont un rapport à l'histoire.
17:09Pourquoi est-ce que j'ai pu avoir ce parcours-là en Serbie ?
17:11C'est aussi parce que je suis français
17:13et parce que les Serbes aiment la France et les Français.
17:15Et pourquoi ils aiment la France et les Français ?
17:17Parce que durant la Première Guerre mondiale,
17:19les Français ont laissé leur zoo
17:21en libérant le Front d'Orient
17:23de Thessalonique jusqu'à Belgrade.
17:25Et le 11 novembre dernier,
17:27où nous commémorions l'armistice,
17:29il y avait énormément de Serbes
17:31au cimetière français de Belgrade.
17:33Les Serbes n'oublient pas l'histoire.
17:35Et ce qui nous paraît loin,
17:37quand on parle de la Première Guerre mondiale,
17:38130 ans,
17:39même les générations de Serbes le vivent
17:41comme si ça venait de se passer tout récemment.
17:43Vous défendez très bien votre pays.
17:45Je n'allais pas dire votre nouveau pays,
17:47mais oui, votre pays, vous le défendez bien.
17:49Maintenant, ce qui est terrible,
17:52c'est que, encore une fois,
17:55je vais dire des phrases clichés,
17:57mais quand même que tous ces gens
17:59n'arrivent pas à s'entendre.
18:00Il y a de la place pour tout le monde.
18:02Et que, en raison d'intérêt,
18:04on sait très très bien.
18:05Vous savez, c'était Valéry qui disait
18:06la guerre se fait au nom de peuples
18:09qui ne se connaissent pas,
18:10par des gens qui, eux, ne se battent pas,
18:12mais se connaissent.
18:13Vous connaissez la phrase.
18:15Et à votre avis, tous,
18:17est-ce qu'on va arriver,
18:19en tout cas en ce qui concerne la Serbie,
18:22est-ce qu'il peut y avoir
18:25une pacification,
18:27au bon sens du terme,
18:28mais pas au mauvais sens du terme,
18:30de l'état des choses dans votre pays ?
18:33En tout cas, les initiatives du gouvernement serbe
18:36vont dans ce sens.
18:38Nous nous considérons qu'aujourd'hui,
18:40il faut coopérer,
18:42économiquement, politiquement, avec tous.
18:44Le président Vucic a lancé l'initiative
18:46d'Open Balkan, les Balkans ouverts,
18:48qui réunissent l'Albanie, la Serbie,
18:51la Macédoine du Nord,
18:53peut-être demain le Monténégro,
18:54pour communiquer, pour nous développer.
18:56Je crois qu'il faut laisser,
18:58comme vous l'avez dit,
18:59les guerres du passé au passé
19:01se tourner vers l'avenir,
19:02mais en respectant des principes.
19:04Ce sont les principes du droit international
19:06et c'est la raison pour laquelle,
19:07en ce qui concerne la province sud du Kosovo-Métochi,
19:10nous demandons de nous concentrer
19:12sur le droit international du Kosovo-Métochi
19:14et de faire attention à ce qu'il soit cohérent
19:19au fond dans tout ça.
19:28Évidemment, la Serbie était la Yougoslavie,
19:31le Monténégro, enfin le Kosovo, tout cela.
19:33Est-ce qu'il y a un regret,
19:35parce que là aussi ça a été fait,
19:37une espèce de sorbie éclatée,
19:39on ne va pas revenir à l'histoire,
19:40mais est-ce que quelque part,
19:42il y a un regret, une nostalgie de la Yougoslavie ?
19:44Il y a une nostalgie qui peut exister
19:46chez les personnes d'un certain âge
19:47qui se rappellent de leur jeunesse.
19:49Maintenant, au niveau des jeunes populations
19:53qui n'ont pas connu cette période,
19:54qui n'ont pas connu la Yougoslavie,
19:55au niveau politique, non, il n'y a pas de regret.
19:57Nous sommes tournés vers l'avenir
19:59en respectant la culture et l'identité et le passé.
20:02Mais je crois que c'est ça,
20:04il faut avoir des racines
20:06sans lesquelles rien n'a de sens,
20:08mais il faut aussi avoir des ailes
20:09pour pouvoir dépasser les conflits du présent.
20:11Très juste et vous avez bien fait de nous le rappeler
20:14et vous avez, encore une fois,
20:16été l'éloquent avocat de votre pays.
20:19Merci.
20:20Merci à vous.

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