Tous les jours dans la matinale d’Europe 1, Olivier de Lagarde scrute et analyse la presse du jour. Aujourd’hui, l'Etrange défaite.
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00:00Olivier Delagarde, on commence ce matin avec l'étrange défaite.
00:03Oui, l'étrange défaite, c'est bien sûr le titre du livre de Marc Bloch, écrit quelques semaines après la défaite de 1940.
00:09Marc Bloch, historien et officier, tentait de comprendre comment un pays comme la France, qui semblait alors très puissant dans l'entre-deux-guerres,
00:17avait pu s'effondrer aussi rapidement, militairement, mais surtout moralement.
00:2384 ans plus tard, Emmanuel Macron a annoncé que Marc Bloch allait rentrer au Panthéon, et à la une de l'opinion,
00:28Rémi Godot y voit comme une parabole cruelle de la situation actuelle.
00:32Parce que peut-être qu'un jour, plus tard, un historien se penchera sur la période que nous sommes en train de vivre,
00:38pour tenter de comprendre comment un pays comme la France, qui semble béni des dieux,
00:43a pu, au début du XXe siècle, s'effondrer économiquement, mais surtout moralement.
00:49De manière symbolique, écrit Rémi Godot, alors que la France au bord de la banqueroute s'approche du tumulte de la censure,
00:54c'est aussi cette analyse acide de la médiocrité des élites françaises, avant la débâcle, qui s'installe en abyssale résonance.
01:02Un demi-siècle de déficit, une dette hors de contrôle, une représentation nationale incapable de sacrifice.
01:09Comment ne pas voir, comme le vit Marc Bloch, l'incapacité du commandement, la même faillite intellectuelle et administrative,
01:17la même machinerie des partis avec son parfum moisi de petit café.
01:20Oui, entre ici, conclut Godot, entre ici, parabole de l'affaissement français.
01:26Et nouvelle illustration du mal français, Olivier Delagarde, ce rapport parlementaire sur l'échec des politiques migratoires.
01:32C'est le Figaro qui se les procurait, la députée et ex-ministre Brigitte Klinkert a cherché à comprendre
01:38pourquoi les autorités françaises étaient incapables de faire appliquer la loi et d'expulser les clandestins.
01:43Et c'est très intéressant parce que, pour la première fois, écrit Jean-Marc Leclerc,
01:47un rapport parlementaire entre vraiment dans le détail de la mécanique de l'impuissance publique.
01:53La première cause, c'est l'obstruction sur la délivrance des laissés-passés consulaires,
01:57particulièrement de la part des pays du Maghreb.
01:59Ensuite, la libération massive des clandestins par l'autorité judiciaire.
02:03Et le rapport n'est pas très optimiste sur les effets de la nouvelle politique de restriction de la délivrance des visas.
02:09Mais est-ce que la situation est vraiment meilleure ailleurs, Olivier ?
02:12Eh bien, c'est une très bonne question, Dimitri.
02:14Et justement, après l'étrange défaite, la presse nous donne envie de lire un autre livre ce matin.
02:19Il s'agit des mémoires d'Angela Merkel qui sortent aujourd'hui en librairie dans 30 pays.
02:24Vous en lirez une recension notamment dans La Croix, sous la plume d'Alain Guimaule.
02:28Après avoir été porté au pinacle, le bilan de ses 16 années de pouvoir suscite aujourd'hui des débats en Allemagne.
02:33Merkel s'explique dans ce livre sur ses choix énergétiques, diplomatiques
02:37ou encore sa décision d'ouvrir ses frontières avant de vite les refermer.
02:41Elle lève aussi le voile sur la personnalité de Vladimir Poutine, un muff et un sadique.
02:48Elle confirme effectivement une anecdote.
02:49En 2006, pendant un entretien avec elle, le président russe fait entrer son gros chien dans la pièce,
02:55sachant bien que la chancelière en a peur.
02:57Elle tente de faire bonne figure devant les caméras.
03:00« Je crue déceler dans la mimique de Poutine », écrit Merkel.
03:03Le plaisir que lui procurait cette situation.
03:06Ajoutons cette info que l'on apprend incidemment dans les échos.
03:08Les Russes se rapprochent des talibans.
03:11Le ministre Cheigou, en visite à Kaboul, a affirmé son désir de renforcer les relations politiques
03:16et la coopération économique entre Moscou et l'Afghanistan.
03:20Voilà, après la Corée du Nord, une sorte de confrérie des chics-types.
03:23Mais on ne va pas rester sur des nouvelles aussi déprimantes.
03:26Non, pour vous faire plaisir, pour faire plaisir à Anissa, on va parler de Brest.
03:32Du club de foot qui joue ce soir en Ligue des champions face à Barcelone.
03:36Je ne sais pas si vous vous rendez compte de ce qui arrive à ce modeste club breton.
03:40Modeste par le budget, mais dont les résultats en Coupe d'Europe sont spectaculaires.
03:44En tout cas, l'équipe s'en rend compte.
03:46Et chose rare, le directeur adjoint de la rédaction, Jean-Philippe Leclerc,
03:50prend la plume ce matin pour faire un ment d'honorable.
03:52Parce qu'il y a un peu moins de deux ans, son journal prédisait au stade brestois la descente en Ligue 2.
03:58Quelques mois plus tard, il remettait ça en expliquant que le miracle observé en championnat de France
04:03ne pouvait pas se reproduire sur la scène européenne.
04:06Bref, tout faux, Brest n'en finit pas de nous étonner.
04:10Comme quoi, s'il y a d'étranges défaites, il y a aussi heureusement parfois de surprenantes victoires.
04:26Le stade brestois, ils sont nés aussi creux avec les brestois, l'équipe, qu'avec l'équipe de France en 1998.
04:34Ça va leur faire plaisir, les copains de l'équipe.
04:38Quand je pense qu'Anne de Bretagne a vendu la Bretagne à la France à chaque fois...
04:43Vous vous rendez compte, on serait...
04:47La Brest serait championne de Bretagne.
04:49Vous vous rendez compte, Brest serait championne de Bretagne et peut-être championne d'Europe.
04:54Il y a des blessures comme ça, qu'on a du mal à cicatriser.