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"Si le Niger s'effondre, c'est tout le Sahel qui s'effondre."

Un président tenu en "otage" par des militaires, des citoyens français évacués, un espace aérien fermé, une possible intervention par des forces armées : voici ce qu'il se passe pendant ce temps-là au Niger.

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Transcription
00:00Nous avons décidé de mettre fin au régime que vous connaissez.
00:04Ce coup d'État est parfaitement illégitime et profondément dangereux.
00:09Abattez le Niger, il n'y en a plus !
00:12Si le Niger s'effondre, c'est d'abord tout le Sahel qui s'effondre, qui sera déstabilisé.
00:19Alors le Niger est un pays d'Afrique de l'Ouest,
00:21mais il est plus particulièrement un pays de ce qu'on appelle la zone des trois frontières,
00:25c'est-à-dire un espace commun entre le Mali, le Niger et le Burkina Faso.
00:30Jusqu'à dernièrement, le Niger était l'un des pays en avant
00:36dans la lutte contre le terrorisme au Sahel.
00:38Le Niger, dans ce contexte-là, était un pays stable,
00:41un pays sur lequel la France s'est beaucoup appuyée, avec une base militaire.
00:46Depuis quelques jours, deux semaines maintenant,
00:49on vit ce qui est en train d'être un coup d'État.
00:51On n'est sûr de rien puisqu'il y a un traitement médiatique qui est compliqué,
00:55parce qu'on a un président maintenant qui est pris en otage par ces poutchistes.
00:58Je souhaite m'adresser directement à ceux qui le retiennent.
01:02Libérez président Basoum immédiatement et sans condition.
01:07On savait que le pouvoir du président Basoum était très fragile.
01:10Il y a eu au moins une voire plusieurs tentatives de poutch au Niger depuis son élection.
01:17Et on savait que dans l'armée, il y avait un certain nombre d'officiers
01:21qui étaient assez mécontents de la situation.
01:25Toutes les institutions ici de la 7ème République sont suspendues.
01:30Il est demandé à tous les partenaires extérieurs de ne pas s'ingérer.
01:34Les frontières terrestres et aériennes sont fermées
01:37jusqu'à la stabilisation de la situation.
01:40Le récit des poutchistes aujourd'hui, c'est de dire
01:42on indexe le président Basoum pour le manque de résultats sur le plan sécuritaire.
01:46On indexe le président sur la gouvernance intérieure,
01:50sur les problèmes de corruption, etc.
01:52L'action du CNSP est motivée par la seule volonté de préserver notre chère patrie face
02:01d'une part à la dégradation continue de la situation sécuritaire de notre pays,
02:06d'autre part la mauvaise gouvernance économique et sociale.
02:11Factuellement, il s'est passé quoi le 26 juillet au Niger ?
02:14Le 26 juillet, le général Cheni est arrivé avec des hommes,
02:19voire le président Basoum.
02:20Ils ont coupé l'axe routier autour de la présidence.
02:24Ils ont entamé cette négociation.
02:26On ne sait pas exactement encore ce qui s'est dit à l'intérieur du palais
02:30et de cette pièce où manifestement il a été ensuite pris en otage.
02:34Depuis ce matin, une tentative de coup d'état est en cours à Niamey.
02:38Alors très rapidement, on a des manifestations dans la rue pro-Basoum
02:43qui sont en quelques heures complètement dépassées par des manifestations pro-Putsch.
02:50Il y a aussi le fait qu'il y a une mauvaise redistribution de la richesse nationale.
02:54C'est devenu un pays pétrolier depuis 2011.
02:57Malgré tout ça, le taux de pauvreté est très élevé.
03:00La richesse est confisquée par une élite.
03:03Donc tout ça a créé les conditions favorables d'un coup d'état.
03:06Et c'est pour cette raison à mon avis, au-delà de la raison du coup d'état,
03:10qu'il faut regarder l'adhésion que ça a suscité.
03:13Les personnes qui sont rentrées dans la rue pour soutenir les Pouts.
03:16Nous avons l'inarion, nous avons le diamant, nous avons l'or, nous avons le pétrole.
03:20Et on vit comme des esclaves ? Pourquoi jusqu'à Caen ?
03:23Avec l'autorisation quand même des autorités, la France affrète des avions avec les armées,
03:29mais en particulier avec l'armée de l'air.
03:31Et il décide d'évacuer des Français.
03:32Ceux qui le veulent, on ne les oblige pas.
03:34Ça, c'est la première chose.
03:35Le deuxième élément qui est important, c'est qu'aujourd'hui,
03:38il y a un risque d'intervention militaire.
03:39Dans l'événement, les demandes des autorités ne sont pas retenues en une semaine.
03:46Prenez toutes les mesures nécessaires pour restaurer l'ordre constitutionnel
03:52dans la République du Niger.
03:55Ces mesures peuvent inclure l'utilisation de force.
03:58Ce risque d'intervention militaire fait peser, quoi qu'il arrive,
04:00une menace sur les communautés, sur les populations.
04:03Et si ça tournait mal, on pourrait s'en prendre aux intérêts
04:08de ceux qui y ont soutenu d'une manière ou d'une autre,
04:09puisque la France soutient pas l'idée d'une intervention par elle-même,
04:12mais l'idée d'une intervention des troupes africaines,
04:15puisque c'est d'abord un problème nigéro-nigérien.
04:17Et donc, c'est l'Union africaine, à travers son bloc régional, la CDAO,
04:21qui pourrait intervenir au moment où on parle, dans les heures ou dans les jours à venir.
04:25Donc, c'est aussi une précaution.
04:27En cas d'intervention, on met nos ressortissants à l'abri.
04:30Et en l'occurrence, on les rapatrie en France.
04:32Pour notre part, nous estimons que la vie humaine est sacrée.
04:37La vie des Nigériens, aussi bien que celle de tous nos frères et amis résidant au Niger,
04:43ils n'ont donc aucune raison objective de quitter le Niger.
04:48Les poutchistes, ils attendent quoi en fait ? Qu'est-ce qu'ils demandent ?
04:52Alors là, c'est même pas très clair.
04:54Ils demandent juste à repenser la coopération avec un certain nombre de partenaires.
04:58On filigrane un rapprochement avec des pays comme la Russie,
05:01et on n'a aucune visibilité,
05:04parce qu'on n'a pour l'instant parlé d'aucune échéance électorale
05:07ou de période de transition, et c'est là où le bas blesse.
05:09Aujourd'hui, c'est le statu quo.
05:11Les conséquences, c'est une aggravation de la situation si les poutchistes restent.
05:16Pourquoi nos soldats doivent y aller ?
05:17La conviction du Sénégal, c'est qu'il faut arrêter ces coups d'État.
05:21La CDAO ne devrait pas du tout laisser faire,
05:25et c'est en tout cas se laisser faire,
05:27parce que sinon, ça montre que finalement,
05:31les élections sont tout à fait insignifiantes.
05:33C'est même plus la peine d'aller en élection,
05:35parce que si c'est les militaires qui débarquent un président,
05:38quand ils veulent et selon leurs humeurs,
05:40si ce sont les contre-pouvoirs,
05:42si c'est l'armée qui est le lieu par excellence du pouvoir,
05:45dans ce cas, laissons l'Afrique de l'Ouest être gouvernée par des régimes militaires.
05:49Je pense aussi que c'est le coup d'État de trop,
05:53parce qu'il faut comprendre qu'il y a eu deux coups d'État au Mali.
05:59Il y a eu deux coups d'État au Burkina Faso aussi.
06:02Il y a une sorte de contagion dont personne ne peut prévoir
06:06là où elle va s'arrêter, et à mon avis,
06:09c'est aussi ce qui explique la fermeté et la promptitude de la réaction de la CDAO,
06:15parce qu'il y a une inquiétude qu'après le Niger aussi, qu'il y ait un prochain.
06:21On peut aussi dire que c'est un coup d'État de trop,
06:23compte tenu de la dégradation du contexte sécuritaire.
06:27Ce qu'on avait redouté est en train d'arriver,
06:29c'est-à-dire que l'instabilité politique en Afrique de l'Ouest
06:32vient s'ajouter à une insécurité chronique, endémique, multiforme.
06:37À mon avis, c'est la sécurité de l'ensemble du continent
06:40et sa stabilité qui se joue dans cette partie de l'Afrique de l'Ouest.

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