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14 députés EELV ont annoncé qu'ils sont contaminés par des polluants dit "éternels". Mais qu'est-ce que c'est ? Ces polluants sont-ils dangereux pour la santé ? Réponse avec Pierre Labadie, chercheur en chimie environnementale au CNRS.
Transcription
00:00Nous sommes tous contaminés, on a tous ces substances toxiques dans nos corps.
00:06On a testé la présence de 12 fifas dans les cheveux des députés.
00:11Moi je suis jeune, j'ai un mode de vie sain, je fais du sport, je mange correctement, etc.
00:15Et pourtant sur les 14 députés qui ont été testés, je suis la députée la plus contaminée.
00:20Et donc c'est une manière de symboliser le fait que nous sommes pollués, nous sommes contaminés.
00:24Tous les députés, sans exception, les 14, sont contaminés par au moins un polluant éternel.
00:31On s'est demandé ce que voulait vraiment dire éternel, est-ce que c'est dangereux pour la santé ?
00:35On a posé la question à un chercheur au CNRS.
00:41On les appelle polluants éternels parce qu'un certain nombre de composés de cette très vaste famille
00:45sont extrêmement persistants dans l'environnement.
00:48Ce sont des composés fleurés qui se sont utilisés depuis les années 1950 à peu près
00:52parce qu'ils ont des propriétés un petit peu magiques.
00:54C'est-à-dire qu'ils sont des composés qui sont extrêmement stables,
00:57très résistants aux hautes températures, très résistants aux autres agents chimiques,
01:00qui repoussent l'eau et les graisses, qui ont des propriétés anti-adhésives également.
01:04L'ensemble de ces propriétés finalement a motivé leur utilisation dans de très nombreuses applications industrielles,
01:10par exemple des peintures, des pesticides, des mousses anti-incendies,
01:13et aussi des applications de la vie courante, par exemple les emballages anti-adhésifs,
01:19des poêles anti-adhésifs, des vêtements d'extérieur, etc.
01:27On peut avoir des émissions sous forme gazeuse pour les pyphates qui sont les plus volatiles,
01:32qui vont avoir la capacité la plus grande à passer dans l'atmosphère.
01:35On peut avoir également ce qu'on peut appeler du lessivage.
01:38Si vous avez des articles textiles qui contiennent des pyphates,
01:41il va y avoir un transfert vers l'eau de lavage, vers les stations d'épuration et vers les cours d'eau, par exemple.
01:46Si on prend par exemple l'exemple du réseau hydrographique français, c'est-à-dire l'ensemble des cours d'eau,
01:52on a une fréquence de détection des pyphates qui est supérieure à 90%.
01:55On les qualifie également de polluants globaux.
01:57On a une contamination qu'on retrouve à l'échelle de la planète, y compris dans les milieux polaires,
02:01alors qu'en milieu polaire, on n'a peu voire pas d'émissions de pyphates.
02:06Ce sont des transports qui se font par l'atmosphère ou par les courants océaniques de très grande distance.
02:16Dans quasiment tous les échantillons humains qu'on peut analyser,
02:19on retrouve un minimum de pyphates et parfois un certain nombre de pyphates.
02:23Les voies majoritaires d'exposition vont plutôt être la consommation d'eau contaminée ou d'aliments contaminés,
02:28puisque si on prend l'exemple des écosystèmes aquatiques,
02:31on peut avoir un transfert des pyphates de l'eau vers tous les organismes.
02:36Si on consomme typiquement des produits de la mer, on peut augmenter notre exposition aux pyphates.
02:42Ce qui est connu et que je peux résumer, c'est des effets de type perturbateur endocrinien,
02:47notamment la perturbation de la thyroïde et donc du développement des organismes,
02:51des effets cancérigènes qui ont également été mis en évidence,
02:54et peut-être le sujet le plus chaud actuellement, c'est l'impact de ces composés-là sur le système immunitaire,
02:59et notamment sur la réponse vaccinale.
03:01On a également mis en évidence des effets sur la fertilité et sur l'impact sur la reproduction.
03:12L'essentiel, c'est l'usage et la production des pyphates.
03:15Aujourd'hui, on a encore beaucoup de pyphates en circulation.
03:18Donc là, on a une source de pyphates qui va perdurer sur de longues échelles de temps, sur de longues périodes.
03:24Au-delà de ça, on a un stock de pyphates dans l'environnement,
03:27dans les sols, dans les sédiments des cours d'eau, dans les sédiments marins,
03:31et ces pyphates-là, ils vont rester.
03:33Donc en fait, c'est une question qu'on va devoir gérer sur des décennies, clairement sur plusieurs générations.
03:39Et le puits ultime des pyphates, ça va être les sédiments marins.
03:43Et là, en fait, on a un stock de pyphates qui va se constituer
03:46et qui sera là sur de très très longues échelles de temps.
03:54Pour un certain nombre d'usages, il existe des alternatives.
03:57Par exemple, pour les matériaux de cuisson anti-adhésifs, il existe des alternatives sans PFAS.
04:02Il existe également des alternatives pour tout ce qui est vêtements d'extérieur.
04:06Il existe d'autres domaines dans lesquels les alternatives sont plus difficiles à trouver.
04:11Je pense notamment au domaine biomédical,
04:13dans lequel on a des usages de pyphates qui, pour l'instant, n'ont pas d'alternatives.
04:17Un usage qui probablement va être très discuté
04:20dans le cadre d'une éventuelle interdiction des pyphates au niveau européen,
04:23c'est l'utilisation des pyphates dans les batteries électriques,
04:25puisqu'on a un mouvement en faveur de la promotion des véhicules électriques
04:30qui nécessite l'usage de batteries.
04:31Donc là, il y a des choix forts qui vont être faits par rapport à ça.
04:34L'agence européenne des produits chimiques a annoncé le 7 février 2023
04:38qu'elle allait évaluer une proposition de loi déposée par 5 pays du nord de l'Europe
04:42visant à interdire les pyphates.
04:44Si elle était adoptée, la nouvelle réglementation entrerait en vigueur en 2026 ou 2027.
04:50Le gouvernement français a annoncé de son côté le 27 juin 2023
04:54qu'environ 5000 sites industriels devraient mener une campagne d'identification et d'analyse
04:59de leur rejet de substances chimiques pyphates.
05:01Le groupe écologiste à l'Assemblée a déposé une proposition de loi
05:04visant à interdire les pyphates dès le 1er janvier 2025,
05:07à contrôler sur l'ensemble du territoire national leur niveau de présence dans l'eau potable
05:11et à inscrire dans la loi le principe de pollueur-payeur
05:14pour les entreprises responsables de ces pollutions.

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