• il y a 7 mois
Plusieurs eaux minérales du groupe Nestlé ( Vittel, Contrex ou encore Perrier) sont contaminées par des bactéries, pesticides et des PFAS selon l'Agence sanitaire Anses. D'où viennent ces polluants ? Y a-t-il un risque pour la santé ? Anaïs Le Bouffant, directrice des programmes du Réseau environnement santé, une association qui travaille sur l'exposition aux polluants et aux perturbateurs endocriniens, est l'invitée pour tout comprendre de RTL Bonsoir.
Regardez L'invité de RTL Soir avec Isabelle Choquet du 05 avril 2024

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Transcription
00:00 RTL bonsoir, Vincent Parizeau, Isabelle Choquet.
00:04 Place maintenant au deuxième invité d'RTL bonsoir, c'est l'invité pour tout comprendre.
00:09 Tout comprendre ce soir à l'eau minérale, car à nouveau le groupe Nestlé est mis en cause.
00:14 Nestlé c'est-à-dire Vitel, Contrex ou encore Perrier.
00:17 L'agence de sécurité sanitaire, l'ANSES, évoque un niveau de confiance insuffisant
00:23 pour assurer la qualité sanitaire des eaux minérales
00:26 et elle recommande une surveillance renforcée sur les sites de captage.
00:30 Alors on en parle ce soir avec Anaïs Le Bouffant, bonsoir.
00:34 Bonsoir.
00:34 Vous êtes la directrice des programmes du réseau Environnement Santé,
00:38 association qui travaille justement sur l'exposition aux polluants et aux perturbateurs endocriniens.
00:44 La première question qui vient à l'esprit, elle est finalement directe et simple,
00:48 est-ce qu'on peut continuer aujourd'hui à boire ces eaux minérales ?
00:52 Alors écoutez, cette question du rapport qui a été remis par l'ANSES en octobre dernier,
00:59 quand même il y a quelque temps, pose vraiment la question de ce qu'on appelle l'eau potable aujourd'hui.
01:06 On a évidemment des eaux minérales qui sont suspectées d'avoir eu des bactéries,
01:12 des contaminations chimiques, des contaminations microbiologiques
01:17 et qui ont été traitées ou au moins partiellement traitées.
01:20 Et il est clair que le flou règne sur la qualité sanitaire de ces eaux.
01:26 On ne peut pas dire que la situation des eaux en bouteilles de l'industriel
01:32 a été marquée par une grande transparence depuis le début de cette histoire.
01:36 Donc c'est vrai qu'on peut vraiment s'interroger sur la qualité sanitaire de ces eaux.
01:40 La présidente de Nestlé France affirme que son groupe a intensifié la surveillance des forages sous le contrôle des autorités
01:46 et elle précise "chaque bouteille qui sort de nos sites peut être bue par les consommateurs en toute sécurité".
01:51 Est-ce qu'on peut croire ça ?
01:52 Alors écoutez, j'imagine qu'elle croit sincèrement à ce qu'elle dit.
01:56 Effectivement, il y a des tests qui sont tout à fait possibles pour contrôler la qualité de l'eau.
02:01 Ce qui est sûr, c'est que l'eau qu'il pompe dans les nappes profondes est, elle, polluée,
02:06 à la fois par ces polluants microbiologiques, donc des bactéries, des virus et des polluants chimiques.
02:12 Polluants, en général, qui sont issus quand même de l'activité humaine, il faut le rappeler.
02:16 On a beaucoup parlé des PFAS ces dernières semaines, à raison, il y a également les pesticides, les métabolites de pesticides,
02:23 des contaminations qui sont liées à des activités d'élevage, potentiellement aussi à des traitements d'eau usée
02:31 qui ont été faits, pas forcément de façon très sécurisée.
02:35 Et donc, quand on vend de l'eau en bouteille, qui s'appelle eau minérale naturelle ou eau de source,
02:43 qui doit faire l'objet de multiples traitements complètement illégaux, certains sous dérogation,
02:50 pour pouvoir la vendre, ça pose quand même problème.
02:52 Et on peut même aller plus loin. On a eu, il y a quelques mois,
02:56 des études qui sont sorties sur la contamination au microplastique des eaux embouteillées.
03:01 Et donc, on a en plus une pollution eau nano et microplastique dans les eaux embouteilles,
03:08 où on a dans un litre d'eau, en moyenne, 240 000 particules de plastique,
03:13 dont la plupart des nanoplastiques qui franchissent les barrières biologiques s'accumulent dans les tissus.
03:18 Donc, on voit que cette question, elle soulève, en fait, énormément d'interrogations
03:22 et nous incite à réfléchir à la façon dont on peut éviter cette pollution à la source,
03:29 parce que c'est quand même anormal qu'on constate qu'on a des nappes phréatiques profondes,
03:34 polluées à ce point et là ne cesse à l'air sur des pollutions régulières.
03:38 Donc, il faut vraiment s'interroger sur cela.
03:40 - Parce que l'eau utilisée par le groupe Nestlé, elle vient d'où exactement ?
03:44 Ce sont des sources ? Ou vous parlez de nappes ?
03:47 - L'eau, généralement, qui est utilisée par les vendeurs d'eau embouteillée,
03:50 c'est de l'eau qui est pompée dans des nappes souterraines.
03:54 C'est de l'eau, du coup, qui est censée être extrêmement pure, en fait,
03:58 qui est très profonde sous la terre et qui est censée, du coup, par sa situation en profondeur,
04:03 échapper à un certain nombre de pollutions de surface.
04:06 - Mais justement, l'eau de source, normalement, c'est l'eau de source et uniquement l'eau de source,
04:12 sans aucun traitement. C'est ça, à la base, non ?
04:14 - Absolument. Donc, il y a une réglementation qui encadre ces appellations-là.
04:18 L'eau qu'on a au robinet, c'est une eau qui peut être traitée, filtrée,
04:23 il y a un certain nombre de techniques qui permettent, justement, de la rendre plus pure.
04:26 L'eau de source, l'eau minérale naturelle, théoriquement, n'a pas à subir de traitement.
04:31 Donc, Nestlé avait fait ces traitements de façon illégale parce que l'eau était de mauvaise qualité,
04:38 il ne pouvait pas la vendre. Donc, heureusement qu'il y a eu ces traitements,
04:40 sinon l'eau n'aurait pas pu être consommée.
04:42 En revanche, du point de vue de l'appellation, on est dans une situation où, effectivement,
04:47 théoriquement, il ne devrait pas y avoir ces traitements.
04:49 Et ce qu'il semble là être le cas, c'est que la dérogation n'a finalement été accordée
04:54 que pour une partie des traitements et que cette partie des traitements de micro-filtration
04:59 ne permettrait peut-être pas complètement d'éliminer les polluants.
05:03 - Mais, Annelies Le Bouffant, comment on peut éviter, empêcher cette contamination des eaux ?
05:10 - Cette contamination, et notamment la contamination chimique
05:13 et la contamination par des bactéries fécales, donc H. yerifia coli et les enterococques,
05:18 elle est quand même liée à l'activité humaine.
05:20 Donc, on a une réflexion à avoir sur la façon dont on produit,
05:25 la façon dont on contrôle les effluents des industries, etc.
05:29 Le type de substances qu'on autorise aussi, le débat sur l'EPFAS l'a montré,
05:33 pour qu'on puisse, à la source, éviter de produire des substances
05:37 dont, après, on ne peut pas se débarrasser, qui finissent dans nos ressources en eau,
05:41 ressources quand même vitales, donc on a intérêt à les protéger.
05:45 - L'alternative, c'est l'eau du robinet ?
05:47 - Absolument. - Et elle est plus sûre ?
05:49 - Alors, l'eau du robinet, elle est déjà beaucoup moins chère,
05:53 et ensuite, elle est traitée, c'est-à-dire qu'elle a l'autorisation,
05:57 comme elle n'est pas soumise à une appellation, si vous voulez,
06:00 ou à une catégorie particulière qui justifierait d'une grande pureté,
06:03 - Oui, ce n'est pas de l'eau minérale. - Elle est de toute façon traitée, voilà.
06:06 Donc, elle est soumise à des contrôles, elle est soumise à des traitements,
06:09 elle est soumise à des filtrations, qui sont tout à fait légales,
06:14 elle est très contrôlée, les résultats sont publics,
06:17 il y a quand même une transparence un peu plus grande
06:21 qui entoure cette eau du robinet,
06:23 donc de façon générale, l'eau du robinet en France,
06:26 elle est de bonne qualité.
06:27 - Merci d'être intervenue ce soir sur RTL,
06:30 Annelies Le Bouffant, directrice des programmes du réseau Environnement.

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