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00:00Et nous sommes ravis de vous retrouver pour les Informer du matin, rendez-vous de décryptage de l'actualité tous les jours, tous les matins, 9h, 9h30, sur France Info Radio et France Info Télécanal 27, bonjour Renaud Delis.
00:13Bonjour Jérôme.
00:14Etienne Girard, rédacteur en chef à L'Express va nous rejoindre dans un instant et avec nous Alix Bouillaguet, éditorialiste politique à France Info Télé, l'interview politique chaque matin à 7h45.
00:24Premier sujet, premier débat, bonjour Alix. Premier sujet, premier débat, Renaud Delis était attendu, Anne Hidalgo confirme qu'elle ne se représentera pas aux municipales après deux mandats.
00:35Eh oui, dix ans ça suffit, ça c'était le slogan des manifestants anti-de Gaulle en mai 68 mais visiblement Anne Hidalgo le fait sien puisqu'au bout de dix ans de présence à la mairie de Paris, à l'hôtel de ville,
00:47elle annonce donc qu'elle ne se représentera pas aux prochaines élections municipales programmées en mars 2026, dans une quinzaine de mois.
00:53Anne Hidalgo donc tient une promesse puisqu'effectivement elle avait annoncé a priori qu'elle ne brillerait pas un troisième mandat.
01:00Elle a donc été élue pour la première fois, rappelons-le, en 2014 et dans cette interview qu'elle accorde à nos confrères du monde ce matin et où elle fait cette annonce,
01:08elle adoube l'un de ses fidèles adjoints, Rémy Féraud, président du groupe majoritaire au conseil de Paris, mais inconnu alors qu'il est des parisiens, comme étant son successeur, en tout cas elle souhaiterait que ce soit lui,
01:18et non pas un autre de ses anciens adjoints qui lui s'est émancipé, Emmanuel Grégoire, élu député de Paris en juillet dernier et qui a d'ores et déjà lui annoncé sa candidature à la municipale parisienne.
01:32Il était d'ailleurs l'invité il y a quelques jours de France Info, Emmanuel Grégoire, et il essaye de marquer une différence très clairement avec la maire sortante Anne Hidalgo et son bilan.
01:44En réalité je pense que la vraie question est celle du renouvellement. Je pense qu'il y a une attente de renouvellement auprès des parisiennes et des parisiens et je souhaite y répondre.
01:54Et je sais ce que je peux apporter aux parisiennes et aux parisiens, c'est d'abord être le maire de la réconciliation, en s'occupant du quotidien, vraiment obsessionnellement.
02:05Ensuite je veux pouvoir poursuivre les grandes transformations de la ville pour préparer les défis et puis lutter contre les inégalités.
02:13Et enfin je veux réconcilier les parisiens, apaiser cette ville. Je suis prêt.
02:17Alors un candidat socialiste déjà déclaré, Emmanuel Grégoire, qui très clairement prend ses distances avec Anne Hidalgo et son bilan et qui se veut donc, je le cite, maire de la réconciliation,
02:25comme si Anne Hidalgo avait été la maire de la division. Un autre successeur adoubé ce matin dans cette interview au Monde d'Anne Hidalgo, Rémi Féraud,
02:32pour prendre sa suite, en tout cas c'est le souhait de la maire de Paris. Alors pourquoi Anne Hidalgo a-t-elle décidé finalement de passer la main ?
02:39Et que change cette décision à la bataille municipale qui s'engage dans la capitale ?
02:44Une question que je vous pose, Alix Bouillaguet, est-ce qu'elle n'avait finalement aucune chance d'être réélue ?
02:48Oui, elle, elle dit que sa décision était prise depuis longtemps. Dans les faits, je pense que son score à la présidentielle à 1,7% a dû quand même...
02:551,75%
02:56Oui, merci Renaud Delis pour votre précision. Ça a dû quand même la travailler, c'est-à-dire que c'est le score le plus historiquement, enfin le plus bas historique pour les socialistes.
03:06Il y a eu aussi peut-être la réussite des Jeux Olympiques. Elle a pu se dire pourquoi pas partir aussi sur une bonne note.
03:14Et puis on avait quand même quelques indices. Beaucoup de ses proches, une dizaine de collaborateurs très proches quittaient, qui avaient des postes de premier plan,
03:23ont quitté au fur et à mesure la mairie de Paris. Le dernier en date, c'est son directeur de cabinet qui a travaillé avec elle pendant six ans.
03:29Donc en général, c'est des petits signaux faibles, comme on dit. Et puis le deuxième indice assez fort pour le coup, c'était il y a quelques semaines, quelques jours,
03:39elle a adoublé de manière totale et pleine et entière son Rémi Ferraud, donc qui est sénateur socialiste, qui est à la tête du groupe socialiste et d'hiver gauche au Conseil de Paris.
03:51Là aussi, sans doute pour prendre un peu de cours, le deuxième, celui qui a été vraiment très très proche à Emmanuel Grégoire, qui était son premier adjoint,
04:00on sent qu'il va y avoir une guerre déjà annoncée entre Rémi Ferraud et Emmanuel Grégoire. Tout ça sera naturellement tranché par les socialistes.
04:10Étienne Girard nous a rejoint. On dirait que c'est un sujet de transport en commun à Paris, mais on ne va pas insister là-dessus. Vous êtes surpris, vous, par cette décision d'Anne Hidalgo, non ?
04:20Pour être sincère, très surpris. Oui, oui. Parce que ça ne correspond pas à ce que je connaissais d'Anne Hidalgo. Battante, survivante, toujours dans le combat,
04:30toujours dans l'idée qu'elle a perdu une bataille, mais qu'elle gagnera la suivante.
04:35Ces derniers jours, quand même, elle laissait dire partout.
04:38Ces derniers jours, oui, bien sûr. Sur l'ensemble de sa carrière politique, ça détonne. Sur ces quelques derniers mois, oui, on avait bien senti qu'il y avait une volonté de prendre du champ,
04:50d'être maîtresse de cette décision, sans doute à la fois pour pouvoir peser un peu sur la suite, sur le choix du candidat, et puis elle, sur ce qu'elle va faire plus tard,
05:00elle dit qu'elle va continuer la politique, c'est plus facile d'avoir deux ans, un peu moins, pour préparer ces échéances-là, que d'être pris de cour,
05:09et de devoir annoncer en fin d'année 2025 qu'elle ne se représentera pas. Ce qui me surprend beaucoup moins, c'est qu'elle choisisse son candidat,
05:18et qu'elle en adoube un contre un autre, avec quand même quelque chose qui est saisissant, c'est qu'elle prend fait et cause contre celui qui a été son premier adjoint pendant tant d'années,
05:33Emmanuel Grégoire, c'est le premier adjoint qu'elle a choisi en 2014, rappelez-vous.
05:38Et qui a mis en œuvre sa politique.
05:40Exactement, sachant qu'elle a pu être maire parce qu'elle a été première adjointe de Bertrand Delannoy pendant deux mandats.
05:47Pas tout à fait, elle en a usé quelques-uns, des adjoints et d'abord des premiers adjoints.
05:51Rappelez-vous, il y a eu Bruno Julliard, c'est-à-dire que c'est la méthode de gestion de ses équipes par Nidalgo,
05:59qui a suscité beaucoup de mécontentement, de division, d'aigreur au sein même de la majorité sortante et de départ,
06:05ou d'éviction de sa part, c'est-à-dire qu'elle a souvent monté les uns contre les autres.
06:11Après c'est assez classique dans la vie politique.
06:13Oui, mais là c'est vrai, bien sûr, c'est classique, il ne faut pas être naïf.
06:16Mais là c'est vrai que c'était un mode de gestion.
06:18D'ailleurs au passage, elle a doublé Rémi Féraud alors qu'il y a quelques semaines,
06:20on évoquait plutôt le nom de la présidente de la fédération du PS, Lamia Larrager, qui était potentiellement une candidate.
06:26Ce qui est clair, c'est qu'on a entendu d'ailleurs à travers l'extrait d'Emmanuel Grégoire qu'on a diffusé,
06:31il essaie lui d'incarner une forme de différence depuis déjà un certain temps.
06:34Ce qui explique d'ailleurs qu'il avait choisi en quelque sorte l'issue de ce cours en allant se faire élire aux élections législatives.
06:40Ce qui est intéressant, c'est comment est-ce qu'Anne Hidalgo va peser ou pas sur la campagne municipale à venir
06:45et est-ce que c'est vraiment un atout d'ailleurs pour Rémi Féraud ?
06:47Vous allez vous poser la question, c'est un coup de main ça qu'elle lui rend ou pas ?
06:50Forcément, parce que quand on regarde effectivement par exemple un sondage Ipsos qui a été publié par nos confrères du Parisien la semaine dernière,
06:55on constate qu'ils avaient testé un certain nombre de personnalités selon ce sondage.
06:59Gabriel Attal, qui n'est pas un officiellement candidat à Mairie de Paris, serait un bon maire selon les sondés pour 42% des personnes interrogées.
07:06Rachida Dati, qui elle est haut et fort candidate pour 38%, Anne Hidalgo pour 26% seulement.
07:12C'est vrai qu'avec le candidat portant le bilan d'Anne Hidalgo, les 9,3 milliards d'endettement de la ville,
07:18qui est un endettement record, les questions de propreté ou de sécurité qui posent problème, on le sait,
07:23ce n'est pas forcément un atout.
07:24Au passage, sur le rôle d'Anne Hidalgo, ce qui est intéressant aussi dans cette interview au Monde,
07:27c'est qu'elle dit qu'elle veut continuer évidemment à faire de la politique,
07:30elle veut continuer à jouer un rôle très clairement, mais elle a une formule qui est assez amusante.
07:34Elle dit, je ne suis pas du tout candidate à l'élection présidentielle.
07:37Pas du tout. Cette fois-ci, on ne la reprendra pas, elle l'a déjà fait une fois,
07:40et Alix Bouillaguet, vous la rappelez tout à l'heure, son résultat.
07:43Alors Alix, justement, c'est un coup de main ou pas, qu'elle rend à son premier adjoint Rémi Féraud ?
07:47Pas franchement, parce qu'en plus, Rémi Féraud, il est connu de pas grand monde,
07:53si ce n'est du micro-cosmolitique, mais en tout cas pas des Parisiens.
07:58Anne Hidalgo, elle-même, n'était pas forcément très connue quand elle a été...
08:00Il y a quand même un déficit, elle était quand même un peu plus connue que Rémi Féraud.
08:04Il y a un déficit évident de notoriété, et en plus, il va y avoir une guerre.
08:08Une guerre à gauche, Emmanuel Grégoire versus Rémi Féraud,
08:12avec effectivement le vote sanctionné par le vote des militants.
08:14Il va y avoir des envies à gauche. Yannick Jadot, il en a très envie.
08:19Yann Brossal, communiste, il en a très envie.
08:21Sophia Chikirou, l'insoumise, elle en a très envie.
08:24Donc il va y avoir cette espèce de frémissement à gauche.
08:29Et puis il va y avoir une guerre thermonucléaire dans le bloc central, comme on dit.
08:34Rachida Dati versus Gabrielle Attal.
08:37Si les intentions de Gabrielle Attal sont toujours d'avoir Paris,
08:40ça va être totalement explosif.
08:42Renaud a cité cette enquête d'opinion.
08:46C'est vrai qu'on sent que Gabrielle Attal est très bien placée.
08:49Mais Rachida Dati, on la connaît, elle est pugnace.
08:52Paris, c'est un trophée qu'elle lorgne depuis longtemps.
08:56Elle est au gouvernement sans doute aussi parce qu'elle a fait un deal avec Emmanuel Macron
09:01pour pouvoir être la représentante du bloc central et de la droite pour les prochaines municipales.
09:06Donc Rachida Dati ne fera pas de cadeau.
09:09Ça veut dire que dans un an et demi, on va se retrouver dans un cas de figure.
09:14C'est toujours croustille en Paris, mais là, je pense qu'il va y avoir du sport.
09:18Et c'est explosif. On va voir ça. On va continuer de voir ça.
09:20Juste après le fil info, il est déjà 9h15.
09:23Les ministres des Affaires étrangères des pays de l'OTAN
09:26se retrouvent à Bruxelles aujourd'hui pour rencontrer leur homologue ukrainien.
09:30Alors qu'il y a eu un regain de tension la semaine dernière
09:33avec le tir d'un missile balistique russe en Ukraine.
09:36Et Kev affirme que la Russie a aussi lancé la nuit dernière une attaque record avec 188 drones.
09:42Pas de troisième mandat pour Anne Hidalgo.
09:44La maire de Paris ne va pas se représenter en 2026.
09:47Elle l'annonce dans le journal Le Monde ce matin.
09:49Anne Hidalgo dit espérer que le sénateur PS Rémi Féraud lui succèdera.
09:54Après le gros coup de vent sur le centre-est de la France,
09:58hier, près de 7000 foyers sont privés d'électricité ce matin
10:01en Auvergne-Rhône-Alpes et en Bourgogne-Franche-Comté.
10:04Le président élu Donald Trump échappe pour le moment aux poursuites fédérales
10:08pour sa tentative de renverser le résultat de l'élection présidentielle américaine de 2020.
10:13Décision du procureur spécial puisque Donald Trump va bientôt bénéficier d'une immunité présidentielle.
10:18Les poursuites pourront reprendre après le second mandat de Donald Trump en 2028.
10:34Et nos informés aujourd'hui, Étienne Girard, L'Express, Alix Bouillaguet, France Info TV.
10:38Étienne, revenons sur ce sujet, sur cette annonce d'Anne Hidalgo.
10:42On voyait avec Alix justement que le paysage semblait se préciser
10:46parce que la bataille de Paris est lancée avec cette annonce du retrait d'Anne Hidalgo.
10:50Elle ne sera pas candidate en 2026 à sa propre succession.
10:54Cela dit, ce paysage est totalement éparpillé, atomisé.
10:58Il est assez atomisé avec quand même un point assez stable
11:02et qui jouera dans cette élection, c'est la droite.
11:05Aujourd'hui, on a une archi-favorite du fait du retrait d'Anne Hidalgo, c'est Rachida Dati.
11:12Archi-favorite ?
11:13Ah oui, parce que Rachida Dati dispose des réseaux d'élus, des républicains
11:19qui restent extrêmement forts dans l'ouest parisien.
11:22Quoi que vous fassiez, quand vous êtes les républicains,
11:25vous avez quand même d'énormes chances de gagner dans le 16e, dans le 17e, dans le 15e, dans le 6e,
11:31dans le 7e arrondissement de Paris, dans l'8e arrondissement de Paris.
11:34Bruno Rattaio qui était là tout à l'heure, il ne se prononce pas pour l'instant sur le cas Rachida Dati.
11:37Effectivement, mais qui pourrait aller contre Rachida Dati en termes de présence médiatique,
11:44de présence politique, de capacité ?
11:47Gabriel Attal.
11:48Parlons-en, c'est très intéressant.
11:50Gabriel Attal, c'est le mythe Chirac.
11:52Je suis d'abord connu sur la scène nationale et je vais prendre Paris
11:58pour en faire mon bastion en vue de gagner l'élection présidentielle.
12:02Tous ceux qui ont essayé de faire ça, qui ont même voulu faire ça depuis, se sont plantés.
12:07Il y a eu Jacques Langre, rappelez-vous, en 2001, il avait voulu être candidat à la mairie de Paris.
12:11Il avait renoncé.
12:12Nathalie Kosciusko-Morizet, elle a perdu.
12:15Benjamin Griveaux, il a renoncé dans les conditions qu'on sait.
12:19Agnès Buzyn a fait un très mauvais score.
12:22Pourquoi ? C'est intéressant de comprendre pourquoi.
12:24Parce que Paris, déjà, c'est le niveau expert de la politique politicienne.
12:30Il faut avoir des réseaux, prévoir les coups tordus.
12:34Et surtout, ce n'est pas une élection sur un nom.
12:37C'est une élection américaine.
12:39Exactement, c'est une élection par arrondissement.
12:41Il faut avoir des réseaux partout et vous avez de la perte en ligne.
12:44Les gens ne votent pas forcément sur votre nom.
12:46Ils votent pour ceux qui se présentent dans leur arrondissement.
12:48Il y a un mode de scrutin très compliqué, effectivement, par arrondissement,
12:51avec ensuite le conseil de Paris qui désigne le maire.
12:53Il y avait d'ailleurs des velléités du côté macroniste de changer cette loi
12:56et d'aboutir finalement à la désignation du maire par une forme de vote populaire.
13:01Mais a priori, ces tentatives, pour l'instant, en tout cas, n'émergent pas.
13:06Il n'est pas sûr que le dossier soit rouvert.
13:08Ce qui est vrai, c'est qu'il y a un paysage politique atomisé, comme à chaque fois.
13:12Il faut rappeler le rôle des Insoumis.
13:14Les Insoumis ne peuvent pas gagner la mairie de Paris, mais ils peuvent peser très fort,
13:17notamment parce qu'ils sont très forts dans l'Est parisien.
13:20Ils ont gagné plusieurs circonscriptions, on est le premier tour.
13:22Après, il faut signer un dernier point, c'est quand même la spécificité parisienne
13:25qui, en fait, la capitale est une forme de sécession sociale et électorale
13:29par rapport au reste du pays.
13:30Il y a un gouffre qui s'est creusé.
13:32C'est d'ailleurs assez édifiant comme bilan au bout de quatre mandats de maire socialiste.
13:37On sait que les classes populaires ont fui Paris,
13:40qu'aujourd'hui, Paris est une ville de cadres supérieurs, de professions intellectuelles.
13:45Cette sociologie, elle sert d'ailleurs le Parti Socialiste,
13:47qui illustre aussi ce qu'est devenu le Parti Socialiste,
13:49qui est devenu un parti, effectivement, plutôt soutenu par des catégories favorisées,
13:53par des professions intellectuelles ou par ce qu'on appelle la boboïsation,
13:56pour prendre un cliché.
13:57Et donc, c'est pour ça qu'il y a aussi un aspect très particulier de la politique à Paris
14:01qui ne ressemble absolument pas au reste du pays,
14:03et même de moins en moins.
14:05Et un dernier point, c'est peut-être pour ça qu'effectivement,
14:07le profil de Rajdhelati, même si elle risque d'avoir un agenda judiciaire compliqué,
14:11très compliqué,
14:12mais le profil de Rajdhelati pour la droite colle assez bien à cette évolution sociologique
14:17parce qu'entre guillemets, c'est une, j'allais dire, une bobo de droite Rajdhelati.
14:20En tout cas, ce n'est pas la bourgeoisie classique et traditionnelle
14:23qui est ancrée, effectivement, dans une bonne partie de l'Ouest parisien,
14:27mais qui est incapable de progresser dans l'Est parisien.
14:30Ce n'est pas forcément le cas de Rajdhelati qui a d'autres atouts.
14:32– Voilà, le décor est planté, après cette annonce ce matin d'Anne Hidalgo
14:36sur les municipales dans 18 mois maintenant à Paris et ailleurs, bien sûr.
14:41Et on va parler maintenant d'un autre sujet qu'on évoquait tout à l'heure,
14:44ici même dans ce studio avec Bruno Retailleau,
14:47une nouvelle loi sur l'immigration.
14:49– Oui, le ministre de l'Intérieur le répète depuis plusieurs semaines,
14:51il y tient, il en veut, il veut une nouvelle loi sur l'immigration.
14:54Rappelons que la précédente loi a été adoptée à peine en décembre 2023,
14:59que la plupart des décrets, d'ailleurs, d'application n'ont pas encore été publiés
15:02concernant ce texte adopté sous le gouvernement,
15:05à l'époque d'Elisabeth Borne d'ailleurs,
15:07c'était avant même le bref gouvernement Attal.
15:09Pourquoi faut-il une nouvelle loi sur l'immigration d'après Bruno Retailleau ?
15:12S'agit-il d'un clin d'œil à l'endroit du Rassemblement national ?
15:15Est-ce que c'est vraiment indispensable ?
15:16Voici ce qu'en disait le ministre de l'Intérieur,
15:17il y a quelques minutes sur ce plateau.
15:19– Des États membres de l'Europe sont en train de durcir leur législation
15:23et moi je ne veux pas qu'en France il y ait des dispositifs,
15:26que ce soit pour le soin, pour le regroupement familial,
15:29pour le délit de séjour irrégulier,
15:31qui soient plus avantageux que la moyenne européenne,
15:34parce que si nous sommes dans des positions plus attractives,
15:36alors on crée des appels d'air.
15:38Mon dernier Conseil européen, où il y avait l'ensemble des ministres de l'Intérieur,
15:41tous se sont exprimés, les 27, vous étiez incapables de reconnaître
15:45si un ministre de l'Intérieur appartenait à un gouvernement de droite ou de gauche,
15:49parce que nous avons tous le même discours sur l'immigration.
15:53Alors, une nouvelle loi pour très bientôt, pourquoi tant de hâte, Alix Bouillaguet ?
15:57– Parce que c'est un marqueur, parce qu'aujourd'hui,
16:01Bruno Retailleau parle plus à l'opinion publique
16:05qu'au fait de savoir s'il faut réellement ou pas une loi,
16:08c'est vrai qu'on peut se dire qu'il y en a une l'année dernière
16:11que les décrets n'ont pas tous été en place, qu'on n'a pas vraiment de bilan,
16:14mais je vais vous dire, peu importe, il suit ce mouvement de l'opinion publique
16:17et il suit, au-delà du cas de la France, un mouvement européen
16:22où il y a un durcissement de l'opinion publique sur ce sujet-là.
16:26Donc oui, Bruno Retailleau, il veut sa loi et il veut notamment,
16:30il a beaucoup de frustration parce qu'il a été un des rédacteurs de la loi de 2023,
16:35or, tous les points qu'il a avancés, toutes les mesures,
16:38la caution pour les étudiants étrangers, les quotas migratoires,
16:43la réforme des prestations sociales,
16:45toutes ces mesures-là ont été retoquées par le Rassemblement national.
16:49Il se trouve que ça tombe bien pour Michel Barnier qui est en train de négocier avec l'ERN.
16:53L'ERN veut justement également avoir ces mesures.
16:57Et Bruno Retailleau veut même encore aller plus loin puisqu'il veut...
17:00Ils ont été retoqués par le Conseil Constitutionnel.
17:03Vous avez dit retoqués par l'ERN, ils ont été retoqués par le Conseil Constitutionnel.
17:07J'anticipais sur ma question et Bruno Retailleau ne veut pas s'arrêter là
17:11puisqu'il veut aussi déroger aux droits européens en matière d'immigration.
17:15Il veut un fameux référendum, enfin voilà, il veut un signal et un marqueur extrêmement fort.
17:20Alors c'est un marqueur évidemment pour un ministre en sursis comme tout le gouvernement Étienne Girard.
17:24C'est aussi pour ça cette précipitation ?
17:26Oui et d'ailleurs on parle avec beaucoup, beaucoup d'hypothèses
17:31ces lois immigration si le gouvernement existe encore en début d'année prochaine
17:36pour proposer ce texte à l'ordre du jour.
17:39Ça ne surprend pas de Bruno Retailleau. Bruno Retailleau fait du Bruno Retailleau.
17:43Il propose ce à quoi il a toujours cru, c'est-à-dire un tour de vie supplémentaire
17:49sur la question d'immigration.
17:51Là où ça surprend plus ou en tout cas ça questionne ou ça raconte des choses,
17:55c'est si ce texte-là est soutenu par le Bloc Central
18:00parce que là on est sur un positionnement qui va s'inscrire encore un peu plus en décalage
18:07de ce qu'était l'ambition initiale d'Emmanuel Macron sur les questions d'immigration.
18:13Rappelez-vous, un programme équilibré qui a été un peu simplifié par Gérald Darmanin
18:21mais je le rappelle à chaque fois parce que c'est très parlant.
18:23Gentil avec les gentils, ceux qui veulent travailler, etc.
18:26Et méchant avec les méchants, ceux qui ne respectent pas les règles de droit.
18:31Eh bien Bruno Retailleau, il n'est pas du tout là-dedans.
18:34Lui, il est sur une vision politique qui s'inscrira, disons, un peu plus en résonance
18:40avec ce que propose depuis toujours le Rassemblement national.
18:44Fermeté avec tout le monde, est-ce qu'il peut reprendre les dispositions
18:46qui ont été retoquées par le Conseil constitutionnel ?
18:48Ça il le peut bien sûr, il peut bien entendu le faire.
18:50Avec un risque de censure alors ?
18:51C'est plutôt dans ses intentions, oui, et avec évidemment un risque de censure
18:54même s'il faut souvenir que dans la loi Immigration de décembre 2023,
18:57nombre de mesures ont été censurées, non pas sur le fond
19:02mais parce qu'elles étaient considérées par le Conseil comme étant des cavaliers législatifs,
19:05c'est-à-dire des dispositions qui avaient été rajoutées de façon, entre guillemets,
19:08artificielle, on va dire, au texte, en tout cas selon la vision du Conseil constitutionnel.
19:11Donc il n'y a pas eu forcément de jugement au fond,
19:13notamment d'ailleurs sur la question des prestations sociales,
19:16mais aussi, si je ne me trompe pas, du rétablissement du délit de séjour irrégulier,
19:19enfin de plusieurs mesures de cet ordre.
19:22Donc il peut tout à fait le faire, y compris d'ailleurs pour avoir un jugement au fond
19:25de la part du Conseil constitutionnel, mais je pense que cette annonce répétée
19:28par Bruno Retailleau de la nécessité d'un nouveau texte
19:31et du renforcement de l'arsenal législatif sur l'immigration,
19:34c'est d'abord un problème pour Marine Le Pen, évidemment.
19:37Pourquoi ? Et on peut imaginer que dans les jours qui viennent,
19:40Bruno Retailleau va continuer d'enfoncer le clou, parce que ça complique la tâche
19:43de Marine Le Pen, dont on sait qu'elle fait,
19:46elle cultive, elle met en scène sa lente montée du désir
19:49de censurer le gouvernement.
19:51Censurer le gouvernement au moment où le même gouvernement annonce
19:54qu'il va renforcer la législation sur l'immigration,
19:57elle explique ça à son électorat.
20:00C'est aussi pour ça que Bruno Retailleau le fait, évidemment.
20:03C'est aussi une façon d'essayer de gagner un délai pour le gouvernement
20:06et de compliquer la tâche de Marine Le Pen.
20:09Encore une fois, si Marine Le Pen censure le 20 décembre
20:12le gouvernement et fait tomber le gouvernement Barney,
20:15à condition que toute la gauche vote de la même façon, bien entendu,
20:18il faudra qu'elle ait, si Bruno Retailleau d'ici là a un peu plus
20:21encore détaillé son projet et en a encore plus fait la promotion,
20:24il faudra qu'elle explique à son électorat qu'elle censure
20:27un gouvernement qui veut justement, précisément, reprendre
20:30ou s'inspirer grandement, disons, l'ensemble des mesures du RN
20:33sur l'immigration.
20:34Après, on peut le voir à l'envers, c'est-à-dire qu'en ce moment,
20:36Marine Le Pen, qu'est-ce qu'elle fait, qu'est-ce qu'elle dit ?
20:39Qu'est-ce qu'elle a dit hier à Michel Barnier ?
20:41Elle veut des avancées sur le budget, sur le pouvoir d'achat,
20:44elle veut l'instauration de la proportionnelle
20:46et elle veut une loi immigration qui soit au niveau.
20:49Pour Michel Barnier, c'est l'occasion de cocher une case
20:52en sachant que quand on entend Bruno Retailleau dire,
20:59je crois juste avant le discours de politique générale,
21:01que l'immigration n'est pas une chance,
21:03donc en clair dire que c'est la fermeté prévaut sur l'humanité,
21:08Marine Le Pen, elle ne peut pas aller beaucoup plus loin que ça,
21:11en tout cas dans l'intention.
21:13Donc voilà, Bruno Retailleau, il affiche la couleur.
21:16Etienne Girard, Assurance Vie, c'est un projet qui est susceptible
21:19d'acheter la paix avec le RN ?
21:21Non, ça ne suffira pas.
21:23Dans la mesure où les arguments, les éléments de langage du RN,
21:27on les connaît sur la question, c'est de dire,
21:29c'est des mots, c'est des textes et dans la vraie vie,
21:33tout continuera comme avant, il faut voter pour nous
21:36parce qu'on est les seuls à pouvoir renverser la table sur cette question.
21:39On connaît ça par cœur et il faut bien dire que la grande chance du RN
21:44sur toutes ces questions-là, c'est de n'avoir jamais gouverné
21:47et donc de pouvoir montrer une forme de virginité bien pratique
21:52sur ces questions et de dire, nous on fera autrement.
21:55Même si le RN a voté la dernière loi, celle de décembre 2023, il l'a votée.
21:58Ce serait intéressant de voir son attitude dans les prochaines semaines.
22:01Merci beaucoup Etienne Girard, L'Express, Alix Bouillaguet, France Info TV.
22:05Merci à vous, Renaud Dely.
22:07Demain, Les Informés du soir, c'est à partir de 20h
22:10avec Agathe Lambret et Jean-Rémi Baudot.