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00:0720h, 21h, Les Informés, Paul Barcelone, Victor Mathey.
00:13Bonsoir à toutes et à tous, merci et bienvenue dans Les Informés,
00:17votre rendez-vous de décryptage de l'actualité sur France Info, la radio
00:21et à la télécanale 27 de la TNT.
00:24Bonsoir, Paul Barcelone.
00:25Bonsoir, Victor Mathey, bonsoir à tous.
00:26Quel est le menu ce soir ?
00:27On parle évidemment de l'heure du crash-test pour le gouvernement Barnier,
00:31c'est le début ce soir, de l'examen du budget.
00:33Le recours au 49.3 est-il inévitable après avoir dénoncé un enfer fiscal ?
00:38Quelles sont les marges de manœuvre du gouvernement ?
00:41Pour tout comprendre, tout savoir, nous serons en direct de l'Assemblée nationale
00:45dès le début de Ces Informés avec Elia Bergel du service politique de France Info.
00:49La fin du feuilleton d'Oliprane, le médicament le plus vendu en France,
00:53passe sous le pavillon américain.
00:54L'État a-t-il obtenu des garanties suffisantes ?
00:56Et puis, en fin d'émission, direction les Etats-Unis,
00:59le sprint final avant la présidentielle.
01:02Kamala Harris a fêté ce week-end ses 60 ans.
01:05Donald Trump, lui, s'est déguisé, s'est grimé en vendeur de fast-food chez McDonald's.
01:10Les deux sont au coude-à-coude.
01:11Et pour en parler, nos informés ce soir.
01:14Bonsoir, Stéphane Vernet.
01:15Bonsoir.
01:16Directeur de la rédaction parisienne de Ouest-France.
01:18À vos côtés, Alexandra Schwarzbrot.
01:20Bonsoir.
01:20Bonsoir.
01:21Directrice adjointe de la rédaction de Libération et Corinne Laïc.
01:24Bonsoir à vous.
01:25Bonsoir.
01:25Journaliste politique à l'opinion.
01:30Notre premier thème ce soir, c'est donc ce budget en débat à l'Assemblée nationale,
01:35à partir de 21h30.
01:36Je choisissais votre expression, Victor.
01:38L'épreuve du feu, le crash-test, un Everest ou une montagne à gravir.
01:42Que dis-je ? Une boucherie totale.
01:44Voilà ce que titrerait ce matin le journal le Parisien,
01:46aujourd'hui en France, le début de l'examen.
01:49Donc ce soir, dans une heure et demie, à 21h30, du budget,
01:53sans doute le budget le plus difficile depuis des décennies.
01:57C'est la version initiale du gouvernement qui va être étudiée,
02:00et pas donc la copie, on va en parler, totalement raturée,
02:03et finalement rejetée la semaine dernière en Commission des finances.
02:06Devant cette foire à l'impôt, cette furie fiscale, cet enfer fiscal,
02:10disait même le ministre des Comptes publics, Laurent Saint-Martin,
02:13Michel Barnier n'exclut pas le retour au 49.3 pour faire adopter son budget sans vote.
02:20Il y a donc de l'électricité dans l'air.
02:21Bonsoir, Elia Bergel.
02:23Bonsoir, Paul Barcelone.
02:24Service politique de France Info, évidemment.
02:26Des débats électriques en perspective, Elie.
02:29Faites-nous humer cette ambiance, cette atmosphère.
02:31Ça ressemble à quoi l'Assemblée nationale ce soir ?
02:34Eh bien, ça ressemble, Paul, à une ambiance de veillée d'armes, ambiance tendue.
02:37Les députés, ils le savent, la semaine va être éprouvante.
02:41Les débats vont s'étirer tard ce soir et tous les autres jours.
02:44Discussion nocturne et surtout discussion clivante.
02:48Les Insoumis déposent une motion de rejet du budget dès ce soir.
02:52En clair, LFI propose aux autres formations de recaler le texte d'entrée de jeu.
02:56Alors, cette motion, elle n'a aucune chance de passer parce que le RN ne va pas la voter.
03:00Mais c'est suffisant pour que les élus du camp présidentiel accusent les Insoumis d'obstruction.
03:06Voilà, le ton est donné.
03:07LFI peut en fait surtout profiter du temps de parole qu'offre cet outil pour critiquer le budget proposé.
03:13Les Insoumis vont défendre leur motion, mais sans la soumettre au vote.
03:17Tous les députés ici veulent débattre, modifier ce budget, cette V1.
03:22Chacun veut faire passer ses mesures.
03:24La gauche veut par exemple mettre davantage à contributions les plus aisées.
03:28Les macronistes, au contraire, ne veulent pas entendre parler de trop de hausse d'impôt.
03:33Reste à savoir ce que Michel Barnier fera des amendements adoptés.
03:36Près de 3500 ont été déposés sur ce budget.
03:40Au total, par une Assemblée nationale à la configuration inédite.
03:44Absolument, et en toile de fond de ce débat budgétaire, évidemment, Elia Bergel,
03:47dans l'ombre, pour le moment, on verra combien de temps ça peut durer, le recours au 49-3.
03:52Est-ce que le gouvernement pourra y échapper ?
03:54Ça paraît extrêmement compliqué, après un volet recette du budget très largement remanié
04:00en commission ce week-end avant d'être finalement rejeté.
04:02Michel Barnier a dit qu'il ne voulait pas de concours l'épine fiscale.
04:06Reste à savoir quand il aura recours au 49-3 et surtout si le chef du gouvernement conserve
04:12dans la version finale du budget des amendements votés dans l'hémicycle des amendements
04:17soutenus par l'opposition.
04:19En fait, le Premier ministre, Paul, il cherche un trou de souris pour passer.
04:22Il est contraint de ne pas se mettre à dos la gauche et l'extrême droite pour éviter une motion de censure
04:27tout en préservant l'équilibre dépense-recette de son budget
04:31auquel tient par-dessus tout le camp présidentiel.
04:34Michel Barnier se retrouve dans une situation qui paraît quasi inextricable sur le papier
04:39où les feux verts des uns sont les lignes rouges des autres.
04:42Elie Habergel depuis l'Assemblée nationale avec à vos côtés Julien Girard pour les moyens techniques.
04:49À les premiers tours de table sur le sujet, Stéphane Vernet, on l'entendait, le 49-3
04:53aujourd'hui semble la seule solution possible pour faire adopter ce budget.
04:56Oui, évidemment, de toute façon, il n'y a pas le choix.
04:58Quand vous n'avez pas la majorité à l'Assemblée, vous ne pouvez pas...
05:01Enfin, voilà, dans toute assemblée politique, qu'elle soit locale, régionale ou nationale,
05:05de toute façon, quand vous êtes dans l'opposition, vous ne votez pas le budget ou vous votez contre.
05:09Vous vous abstenez.
05:10Là, les deux années précédentes, il n'y avait pas de majorité absolue à l'Assemblée.
05:15On a eu deux budgets qui ont été adoptés par une série de 49-3 parce que vous ne pouvez pas faire autrement.
05:20Depuis la dissolution, c'est la même chose, en pire.
05:22Donc, il n'y a aucune chance que ça passe.
05:24Ce sera un 49-3. La question n'est pas là. C'est quel type de 49-3 va être utilisé ?
05:28Est-ce que ce sera un 49-3 sec ? C'est-à-dire ce que faisait Elisabeth Borne précédemment.
05:33C'est-à-dire j'arrête les débats, j'ai recours au 49-3, j'arrête les débats,
05:37je reviens à mon texte initial, je rajoute ce que je veux dedans.
05:40Donc là, finalement, ce n'est pas si il y a un 49-3, mais c'est quand ?
05:44Il y aura un 49-3.
05:45C'est-à-dire que je pense que l'intérêt de Michel Barnier, c'est d'aller au bout des débats
05:49et ensuite de reprendre une partie des amendements qui ont été débattus et votés
05:54pour les intégrer à son texte final qui sera adopté de toute façon par 49-3.
05:58Ce serait une manière de rendre ce 49-3 plus acceptable ?
06:01Il y a des 49-3 plus acceptables que d'autres, Corinne Lahi ?
06:04Ça dépend de leur nombre.
06:06Il y en aura forcément beaucoup sur le budget.
06:08Pas sûr, parce qu'il y a un scénario qui permettrait d'avoir uniquement un ultime 49-3
06:14en toute fin de course.
06:16C'est quoi ce scénario ?
06:18C'est le scénario qui consisterait, parce que le 49-3 a de très mauvaises réputations
06:22depuis la réforme des retraites, il est considéré comme une forme de déni
06:25ou de déficit démocratique.
06:26De passage en force.
06:27Surtout qu'à l'époque, il était impossible, ou quasiment impossible,
06:33techniquement ça l'était, politiquement non, de faire voter une motion de censure.
06:36Le 49-3 peut se consommer dans un équilibre
06:38où il y a un antidote qui est le vote de la motion de censure.
06:41Ce n'était pas possible sous Borne, en tout cas ça ne s'est jamais fait.
06:44Aujourd'hui c'est possible.
06:45Et je pense que Michel Barnier aura à cœur de dire justement
06:48je ne suis pas comme Borne, parce que Borne utilisait le 49-3
06:51à chaque étape de la discussion budgétaire.
06:53Donc il fallait recettes, dépenses, navettes entre les deux chambres.
06:56Il en fallait 10.
06:57Et Michel Barnier peut très bien faire le choix de laisser la discussion
07:01se poursuivre à l'Assemblée en disant
07:03vous voyez, je pratique la démocratie, je laisse tout le monde s'exprimer.
07:06Le texte qui en sortira ressemblera plutôt à un Picasso qu'à la Vénus de Botticelli.
07:11Mais après au Sénat, les sénateurs étant des LR comme lui,
07:15rétabliront un budget d'origine qui plaira à Michel Barnier
07:19après commission mixte paritaire où les LR et les centristes ont la majorité.
07:24Et après le texte passe...
07:26On rappelle la commission mixte paritaire à la fois des sénateurs et des députés.
07:30Et après le texte repasse à l'Assemblée.
07:32Et là, ils utilisent le 49-3 avec le risque de motion de censure.
07:36Et on en revient à la menace, c'est celle que le RN vote la motion de censure.
07:41Ça dépendra du contenu du budget.
07:43Il faudrait qu'à ce moment-là, il n'y ait pas de choses urtiquantes pour le RN
07:47et qu'il puisse justifier auprès de son électorat qu'il peut voter la motion de censure.
07:52Alors on va en parler dans un instant de ce qui peut être urtiquant pour le RN.
07:55Alexandra Schwarzbrand, il est inévitable ce 49-3.
07:58Vous rejoignez la thèse de Corinne.
08:01Peut-être que les choses pourraient se passer différemment avec un 49-3 à la fin.
08:06Il me paraît assez inévitable.
08:09Mais surtout, ce que ces discussions sur le budget montrent,
08:12c'est l'absence totale de projet, de colonne vertébrale de ce gouvernement.
08:17C'est quoi le budget tous les ans ?
08:19C'est un acte politique extrêmement fort.
08:21Le budget, ça doit venir en soutien d'une politique.
08:24Il doit venir appuyer une politique, le financer, donner les moyens au gouvernement d'une politique.
08:28Or, là, il n'y a pas de politique. Il n'y a pas de majorité.
08:31Il y a les 60 milliards d'économies. Il y a un objectif.
08:33Oui, mais un objectif chiffré.
08:35Mais vous faites quoi avec ça ? Après ça, vous faites quoi ?
08:38Et c'est ça l'énorme problème.
08:40Et c'est ça que c'est en train de montrer.
08:42Toutes ces discussions sont en train de montrer.
08:44Les députés vont tirer à eux et à Dia.
08:47Les discussions, ça va être une espèce de défouloir absolu.
08:51Chacun va y aller, soit pour se positionner, pour se montrer.
08:56Ça va être des batailles d'égos, de partis.
08:59Mais il n'y a pas de fond là-dedans.
09:01Ça, ça nuit à l'image de la politique.
09:03Qu'est-ce qui va rester de ce débat ? A quoi ça va servir ?
09:05Je pense que ça va servir de défouloir, simplement.
09:09Et à certains égos de se mettre davantage en avant.
09:12Peut-être certains partis de se positionner.
09:14Mais sur le fond...
09:16Et à des présidentielles pour 2027 de se révéler.
09:19Et éventuellement de se positionner en prévision des présidentielles.
09:22Donc c'est un peu un coup pour rien.
09:24Surtout pour se défouler.
09:27On se demande un peu, Stéphane Vernet, à quoi sert tout ce débat
09:30si à l'arrivée, tout le monde est d'accord pour dire qu'il faudra passer en force.
09:33Alors, vous avez un certain nombre de voix qui disent
09:36que ça ne sert à rien d'attendre, il faut déclencher le 49.3 tout de suite.
09:39Vous avez Laurent Wauquiez qui le demande.
09:40Vous avez Gabriel Attal qui le demande.
09:41Et ce n'est pas ce que fera Michel Barnier.
09:43Parce que dans son discours de politique générale,
09:45il a promis d'écouter, de dialoguer et de respecter le Parlement.
09:47Et il est connu aussi comme un fin négociateur lui-même.
09:49C'est son point fort.
09:51Donc il faut qu'il le fasse.
09:52Et en plus, il a un gros atout.
09:53C'est-à-dire, qu'est-ce qui va se passer ?
09:55Moi, je reprends l'hypothèse qui a été évoquée par Corine Laïc à l'instant.
09:57Il peut très bien laisser les débats se dérouler jusqu'au bout à l'Assemblée nationale.
10:02Or, les débats, ils sont très encadrés.
10:03C'est l'article 47 de la Constitution.
10:0549.1.
10:06Si ça dépasse 40 jours, c'est fini.
10:08Si l'Assemblée n'a pas voté au bout de 40 jours le budget, il part au Sénat.
10:13Et au Sénat, qui fait le Sénat aujourd'hui ?
10:16Au Sénat, vous n'avez pas de RN.
10:18Vous n'avez pas de LFI.
10:19Vous avez une écrasante majorité LR.
10:22Et vous avez en face un gouvernement qui est composé d'élus locaux
10:24et d'un quart de ministres qui sont des sénateurs.
10:26Bruno Rattaillot en est le meilleur exemple.
10:28Mais pas que !
10:29Il y en a une dizaine.
10:30Donc en fait, ils vont se mettre d'accord sur une...
10:33Et puis, alors, il y a un autre aspect des choses.
10:36C'est qu'autant l'Assemblée est composée de gens qui crient très fort
10:39et qui se roulent par terre, etc.
10:41et qui font de la politique.
10:42Autant le Sénat a une capacité à avoir un travail construit
10:46comme en transpartisant.
10:48Et eux seront proposés de vraies pistes d'économie,
10:51des recettes qui ne vont pas impacter la croissance,
10:54des choses qui seront calibrées, pensées, etc., compensées.
10:57Dans un état d'esprit aussi plus apaisé avec Michel Barnier ?
11:00Mais bien sûr !
11:01Et à l'arrivée, Michel Barnier, lui, pourra revenir à l'Assemblée
11:04après la commission mixte paritaire, etc.
11:06avec une copie dans laquelle il utilisera le 49-3
11:09et il mettra dans le budget final
11:13une majorité, à mon avis, d'amendements
11:17qui ont été proposés, discutés et débattus par le Sénat.
11:21Et c'est le Sénat qui va faire le budget cette année
11:23et c'est ce qui change radicalement avec les deux dernières années.
11:26On est en train de vous expliquer que tout le psychodrame
11:28que nous vivons apparemment...
11:30Et que Michel Barnier sera un tel inconquis au Sénat.
11:32Que d'une certaine manière, Barnier va jouer presque sur du velours.
11:37Mais soyons prudents parce que la discussion peut réserver énormément de surprises.
11:41La technique parlementaire budgétaire est extrêmement complexe.
11:45Et donc, ce qu'on dit est un scénario possible.
11:49On ne peut pas s'engager dessus de manière trop formelle.
11:51La discussion, justement, elle se poursuit dans un instant.
11:57Le temps de dérouler, le fil info de 20h15 avec vous, Emmanuel Langlois.
12:01Les débats s'annoncent donc très tendus.
12:03L'examen de la partie recette du budget de l'État pour l'an prochain
12:06commence ce soir, 21h30 à l'Assemblée.
12:09Le texte prévoit 60 milliards d'euros d'économies.
12:12Ce n'est pas la dette qui est insoutenable.
12:14C'est la dépense publique réagit avant ces débats.
12:17Sur France Info, Eric Woerth, le membre de la commission des finances
12:21et ancien ministre du budget sous Nicolas Sarkozy.
12:24Le doliprane va donc bien passer sous contrôle d'un fonds d'investissement américain.
12:28Entré en négociation exclusive, le groupe pharmaceutique français Sanofi
12:32a choisi de lui céder 50%, la moitié de sa filiale Opéra
12:37qui produit l'Antalgique, dans laquelle l'État français va entrer au capital
12:41à hauteur de 1 à 2%, dit-on à Bercy.
12:44L'étranger la Moldavie, où la présidente sortante Maya Sandou salue
12:49la victoire d'un cheveu du oui au référendum d'hier sur l'adhésion à l'Union européenne.
12:54Obtenu donc de justesse, le Kremlin dénonce des anomalies dans le comptage des voix.
12:58La Russie n'a pas réussi à saper les élections, juge pour sa part la Maison-Blanche.
13:04Et puis toujours des tensions en Martinique.
13:06La nuit de dimanche à lundi a été marquée par de nouvelles violences urbaines sur l'île.
13:11La préfecture signale une douzaine de barrages érigés,
13:14une station service pillée et un blessé parmi les forces de l'ordre.
13:17Depuis début septembre, la Martinique est le théâtre d'une mobilisation
13:22contre la vie chère sans précédent.
13:28Les informés, Paul Barcelone, Victor Mathey.
13:33Le début de l'examen du budget ce soir à l'Assemblée, on continue d'en parler
13:37dans les informés avec Stéphane Vernet de la rédaction parisienne de Ouest France,
13:42Alexandra Schwarzbrot de Libération et Corinne Laïc du journal Opinion.
13:46On parlait à l'instant du recours au 49.3 pour Michel Barnier,
13:49je vous posais cette question de savoir si le gouvernement pouvait rendre
13:54ce 49.3 plus acceptable et comment ? Quelles sont ses marges de manœuvre ?
13:58On va en débattre dans un instant mais d'abord je voudrais que vous écoutiez
14:01le ministre des Comptes publics, Laurent Saint-Martin,
14:04qui a peut-être trouvé une solution, une piste.
14:07Il était l'invité ce matin de BFM TV et des RMC.
14:10On l'écoute et on en parle juste après.
14:12Il faut qu'on discute et moi je l'ai dit, je suis prêt à ce qu'on ait une ouverture
14:15sur les petites retraites. Est-ce que les petites retraites c'est 1200 euros,
14:19c'est 1400 euros ? Il faudra trouver le bon curseur parce que vous créez
14:22des effets de seuil quand vous faites ça.
14:25Je veux qu'on protège les petites retraites et j'en profite pour vous dire ici
14:28que le minimum vieillesse, lui, est revalorisé au 1er janvier 2045.
14:32Il n'est pas concerné par cette question.
14:33Il n'est pas concerné par le décalage dans tous les cas.
14:35Stéphane Vernet, ça s'appelle une ouverture, c'est une bonne idée non ?
14:38Non mais en fait ils vont faire des propositions, ils vont essayer de négocier
14:41un certain nombre de points mais de toute façon ça ne change rien à l'équation.
14:45C'est pour faire avaler la pilule quand même.
14:48Moi je veux bien le 49-3, c'est antidémocratique, c'est scandaleux,
14:52c'est un détournement, c'est un contournement de la Constitution etc.
14:55Mais en fait le 49-3 il a été inventé, il est prévu dans la Constitution,
14:59il est fait pour ça. C'est pour éviter tout blocage institutionnel
15:02et c'est pour éviter que la France n'ait pas de budget parce que ce pays
15:05a besoin d'un budget pour fonctionner. C'est comme ça.
15:08Et donc le 49-3...
15:10Il est une forte symbolique aujourd'hui quand même ce 49-3.
15:12Non mais parce qu'on a créé un récit autour du 49-3.
15:16On va faire un peu de politique fiction.
15:18Imaginez que Lucie Castex aujourd'hui soit Première Ministre
15:20et qu'elle ait monté son gouvernement avec l'Assemblée qu'on a aujourd'hui.
15:23Il faudrait un 49-3 aussi.
15:24Evidemment !
15:25Donc franchement il faut être un petit peu...
15:28Soyons un peu concrets et réalistes.
15:31Donc le 49-3 ce n'est pas le problème.
15:33Le problème c'est l'acceptation du budget.
15:37On a besoin d'un budget.
15:38Si on n'a pas de budget, et derrière cette histoire,
15:41la vraie question c'est, de toute façon on sait que ça terminerait par un 49-3,
15:44est-ce que la motion de censure qui sera déposée sera adoptée ou pas ?
15:48C'est ça la vraie question.
15:49Et est-ce que le gouvernement tombe ?
15:50Si le gouvernement tombe, il n'y a pas de budget.
15:52S'il n'y a pas de budget, on rentre dans une crise politique institutionnelle
15:55et économique, financière, comme on n'en a pas vu dans ce pays depuis des décennies.
15:59Et c'est très compliqué.
16:01Et aujourd'hui, le calcul qui est fait par l'Elysée comme par Matignon,
16:04qui est un calcul un peu cynique, c'est de dire
16:06personne ne prendra le risque de faire tomber le gouvernement à cause de ça.
16:10Parce que celui qui sera identifié comme celui qui plonge le pays
16:13dans une crise majeure, existentielle, le paiera dans les urnes par la suite.
16:18Et je ne suis pas sûr, je comprends le raisonnement,
16:21je ne suis pas complètement sûr qu'il tienne quand on voit aujourd'hui
16:24l'état de notre Assemblée nationale et l'irresponsabilité
16:28ou le manque de sens commun d'un certain nombre de députés
16:32qui siègent aujourd'hui à l'Assemblée nationale.
16:34Vous avez vu les travaux en commission, ce que ça a donné,
16:36je ne sais pas si on y reviendra, mais c'est quand même très spectaculaire.
16:39Si, si, avec cette foire à l'impôt effectivement.
16:43Mais à partir de quel montant et comment se procurera-t-on ?
16:54C'était le calcul de toutes les façons de Michel Barnier et du gouvernement
16:57de prévoir en gros de pouvoir lâcher du lait sur certaines mesures.
17:00Mais surtout, si vous lui proposez une mesure de 8 milliards et demi
17:03qui remplace la surtaxe sur l'IS, il la prend.
17:06Mais il faut les trouver les mesures équivalentes, c'est ça la difficulté.
17:11Alexandra Schwarzbrot, cette histoire de petites retraites,
17:15ces propositions que va faire le gouvernement,
17:17évidemment par des amendements gouvernementaux,
17:19il n'y a pas de raison que ça se passe différemment qu'en commission des finances.
17:22Ça va être la même foire à l'impôt.
17:24Exactement, ça va être exactement la même chose.
17:26On va assister au même débat, aux mêmes empoignades.
17:30Il n'y a aucune raison que ce soit différent.
17:33Donc ça risque d'être assez pénible.
17:35Et manifestement, la coalition, l'alliance que porte aujourd'hui Michel Barnier,
17:40les républicains, les macronistes de tout poil,
17:44qui d'ailleurs se réunissent en ce moment même depuis 20h au ministère des Relations avec le Parlement
17:48pour la première fois depuis leur élection et depuis la nomination de Michel Barnier,
17:53elle est de toute évidence de briquet de broc pas assez solide ?
17:57Ou au contraire plutôt solide ?
17:59Comme le disait très bien Stéphane Vernet, on le sait depuis le début.
18:03Et finalement, c'était écrit à partir du moment où ce gouvernement a été composé,
18:08où on a appris la composition du gouvernement, où on a commencé à voir ses lunaires quand même.
18:13Quand on voit aujourd'hui notamment l'attitude de Gérald Darmanin et Gabriel Attal.
18:18Qui disent trop d'impôts, pas assez de réformes.
18:21Qui mettent des coups de pied dans les genoux.
18:23Qui sont totalement, qui jouent en contre.
18:26En oubliant qu'ils ont préparé eux-mêmes le budget.
18:29Absolument. C'est pour ça que là on est dans un théâtre en fait.
18:33C'est ça, on est dans un théâtre.
18:35Et on peut presque écrire à l'avance les répliques des uns et des autres.
18:41D'autant que le bloc, d'autant que les députés ex-macronistes,
18:45parce qu'ils ne veulent plus maintenant qu'on les appelle macronistes,
18:47ne peuvent pas voter la motion de censure.
18:52Donc ils sont pieds poings liés.
18:54Ça serait vraiment une espèce de révolte contre Macron s'il votait la motion de censure.
18:59Donc c'est impossible.
19:00On en parlait déjà hier soir dans les informés.
19:02Il y a ce numéro d'équilibriste effectivement pour tous les députés.
19:05De ne pas renverser ce gouvernement Michel Barnier.
19:07Puisque personne n'aurait vraiment intérêt à le faire.
19:09Et en même temps de soutenir du bout des lèvres.
19:11Parce que personne ne veut non plus trop le soutenir quand même.
19:13Oui, c'est exactement cette situation dans laquelle est Michel Barnier.
19:16Et il a une faiblesse et il est assez habile pour transformer cette faiblesse en force.
19:20Stéphane Vernet, est-ce que ça ne met pas tout ce qu'on dit là ?
19:23Le rassemblement national sur un pied d'estale.
19:26Le laisser arbitre des élégances.
19:28Et finalement avec le doigt sur le bouton.
19:31Vie ou mort, on ou off de ce gouvernement Barnier.
19:34Non, pas maintenant, pas dans cette séquence-là.
19:36Parce qu'il ne voudra pas prendre la responsabilité du chaos, c'est ça ?
19:39Vous l'avez très bien dit.
19:40Personne n'a intérêt à faire tomber ce gouvernement.
19:42C'est extrêmement compliqué de composer un budget dans la période actuelle.
19:47Donc chacun est dans son théâtre.
19:49En disant moi je ne suis pas pour.
19:51Mais à l'arrivée ça arrangera tout le monde que ça passe par 49-3.
19:54Ça permettra à tout le monde de dire je suis dans l'opposition, je suis contre ce gouvernement, je ne suis pas complètement d'accord.
19:59Mais bon, il fallait bien arriver à un résultat.
20:01On a un budget.
20:02Et j'espère que personne ne fera tomber le gouvernement tout de suite.
20:07Le RN, à mon avis, n'a pas intérêt pour l'instant à trop bouger une oreille.
20:12Il y a aussi les problèmes judiciaires de Marine Le Pen, il ne faut pas les oublier.
20:16Qui est en procès en ce moment jusqu'à fin novembre.
20:18Absolument. Donc là, en ce moment, je ne pense pas que ce soit le moment pour le RN de trop torpiller le gouvernement.
20:25Je suis d'accord avec Alexandra Schwarzpott.
20:27Il y a la cravate.
20:29Ils sont parfaitement responsables, etc.
20:34Ils se comportent bien, ils respectent les institutions.
20:36Je ne pense pas que ce soit eux qui fassent tomber le gouvernement.
20:39Pas maintenant.
20:40La stratégie du RN, elle a été dite, elle a été écrite, elle a été diffusée, elle a été répétée, elle est très claire.
20:46Le but du jeu pour le RN, c'est de faire tomber le gouvernement l'année prochaine
20:49et de créer une crise parlementaire, institutionnelle l'an prochain,
20:53au moment où il sera possible de dissoudre à nouveau l'Assemblée nationale
20:57pour prendre le pouvoir par les urnes dans des législatives anticipées organisées en 2025.
21:04Cette situation, elle existe aussi parce que l'on considère d'emblée que le nouveau Front Populaire
21:08va, quoi qu'il arrive, toujours s'opposer au gouvernement.
21:11On fait du RN le groupe pivot dont la survie du gouvernement dépend,
21:16mais effectivement, c'est parce que le nouveau Front Populaire a décidé que, quoi qu'il arrive,
21:21il voterait la motion de censure.
21:23Le RN, lui, s'emploie à maintenir le suspense.
21:26Ce matin, Jordan Bardella a encore dit que ce budget était vraiment mauvais, etc.
21:32Donc, ils font semblant, a priori, comme le disait Stéphane Vernet,
21:37de se laisser la possibilité de voter la censure,
21:42alors qu'ils n'en ont pas l'intention parce que ce n'est pas à leur intérêt.
21:45Il faut se méfier, un accident est possible.
21:48Il suffit qu'il y ait des députés qui soient là, il faut faire attention.
21:53Il y a aussi une idée qui a germé ces dernières heures,
21:56à la faveur d'une tribune publiée dans le journal La Tribune Dimanche hier,
22:01qui émane d'ailleurs, et non des moindres, de certains députés,
22:04justement, de ce socle commun dont on parlait.
22:07Par exemple, Gérald Darmanin, l'ancien ministre de l'Intérieur,
22:10qui est de dire qu'on n'a qu'à vendre les bijoux de famille,
22:13notre participation à Stellantis, et on parlera tout à l'heure,
22:16en deuxième partie d'émission, du dossier d'Oliprane.
22:18C'est une bonne ou c'est une mauvaise idée, Stéphane Vernet ?
22:21– De vendre les fleurons… – Pour faire des économies ?
22:24– Pour faire des économies.
22:26Alors, il y a deux choses.
22:30D'abord, il y a la volonté de Gérald Darmanin de continuer à exister, etc.
22:33Je pense qu'il a une revanche à prendre contre cette non-majorité…
22:37– Le fait qu'il n'ait pas rentré au gouvernement ?
22:39– En fait, il voulait y rester, il voulait le quai d'Orsay,
22:42les affaires étrangères, il n'en a pas eu depuis,
22:44et il multiplie les sorties pour enquiquiner tout le monde.
22:47Bon, voilà, c'est de la politique, c'est de bonne guerre.
22:49Après, est-ce qu'il faut vendre les bijoux de famille, comme vous dites, etc.
22:54les grandes entreprises françaises à des intérêts étrangers ?
22:58Je ne suis pas convaincu que ce soit une très bonne idée.
23:01En plus, je pense, enfin, si vous voulez, là, je fais un pas de côté,
23:04mais on n'arrête pas de nous dire que depuis plusieurs années,
23:06en fait, les investissements en France atteignent des niveaux records.
23:10C'est formidable.
23:11Moi, je ne suis pas sûr que les investissements auxquels on assiste
23:14et qui atteignent des niveaux records ces dernières années
23:16concernent tous des entreprises, des usines qu'on crée
23:19ou des activités qu'on maintient.
23:21Je pense qu'il y a aussi beaucoup de choses qui sont déjà achetées
23:23sur le marché privé, entre guillemets, par des entreprises étrangères,
23:27en fait, qui se servent et qui vont chercher des boîtes intéressantes,
23:31certaines qui sont des concurrentes, qui démontent, etc.
23:34Je pense qu'il faudrait regarder ça un petit peu plus dans le détail.
23:36Donc, accélérer le mouvement en se séparant ou en...
23:41– En léguant, en abandonnant.
23:43– En sortant, en larguant, en fait, les participations publiques
23:46dans des entreprises stratégiques et majeures dans le pays,
23:50je suis désolé, je ne suis pas sûr que ce soit une bonne idée.
23:54– C'est surtout une politique de court terme, à courte vue,
23:57parce que certes, ça fait peut-être rentrer un peu d'argent dans l'immédiat,
24:02mais ensuite, ça veut dire qu'on s'assoit sur les possibles dividendes
24:06que l'État pourrait récupérer ensuite.
24:08Et en plus, ça veut dire que c'est des décisions purement financières
24:13avec aucune politique industrielle derrière.
24:16– Je disais d'ailleurs tout à l'heure, l'invité de Paul Barcelone,
24:19c'était Éric Woerth, le député et ancien ministre du Budget.
24:22On va l'écouter, tiens.
24:24– Ce n'est pas une bonne idée.
24:26Ou alors, il faut dire ce qu'on finance avec.
24:29C'est-à-dire que si on se sépare de bijoux de famille,
24:31c'est-à-dire d'investissements qui rapportent 4 ou 5 milliards par an de dividendes,
24:36il faut que ce soit pour financer d'autres investissements.
24:38Donc moi, j'attends de savoir pour financer quoi.
24:41– Alors si un jour, on avait imaginé mettre d'accord Alexandre Aschendron avec Éric Woerth…
24:45– Je suis très inquiète.
24:48Je pense que c'est un sujet qui s'examine, en fait.
24:51Je ne pense pas qu'il va y avoir d'option définitive.
24:54Est-ce que l'État a intérêt à rester dans certaines entreprises ?
24:57Est-ce que ça fait sens ?
24:58C'est vrai que c'est un fusil à un coup.
25:01Une fois qu'on a vendu, on n'a plus les dividendes mais on encaisse de l'argent.
25:05Et si, comme on nous le dit, il y a un besoin temporaire de recettes
25:09puisque certaines hausses d'impôts sont temporaires,
25:11ça correspond bien à l'esprit du moment.
25:13Donc ça s'examine au cas par cas, en fonction de la nature des entreprises.
25:17Est-ce qu'on a besoin ou pas, pour des raisons stratégiques,
25:20que l'État reste dedans ?
25:22– Mais il faut une réflexion derrière.
25:24– Voilà, il faut une réflexion.
25:25– Absolument.
25:26– Ce n'est pas le monopoli.
25:27– Allez, on va continuer à réfléchir tous ensemble.
25:29Mais un autre sujet dans un instant,
25:31ce sera le Doliprane qui passe sous pavillon américain.
25:36Ce sera dans un instant, juste après l'Info, puisqu'il est 20h30.
25:39– Générique –
25:46– A 20h30, l'Info, c'est avec vous, Claire Chescagline.
25:49Comme un tour de chauffe avant de rentrer dans le dur du sujet,
25:52première passe d'armes dès cet après-midi
25:54au sein de l'hémicycle de l'Assemblée nationale,
25:56lors du débat sur le plan budgétaire à moyen terme.
25:59Le ministre de l'Économie a annoncé le lancement d'une revue des dépenses publiques.
26:03Elle doit permettre de réduire, de les réduire au moins de 5 milliards d'ici 2027.
26:08Ce soir, dans une heure, débutera l'examen en séance des recettes du budget 2025.
26:13Le réseau Bouygues Télécom en panne dans plusieurs départements du centre-est,
26:17dans la Loire, le Cantal, la Haute-Loire, l'Allier et le Puy-de-Dôme.
26:21Les préfectures rappellent que même en cas de panne,
26:24le 112, numéro d'urgence, reste accessible.
26:27Un bunker du Hezbollah contenant des dizaines de millions de dollars
26:31touchés par des frappes israéliennes.
26:33L'armée de l'État hébreu affirme ce soir
26:35avoir atteint trois sensibles de la milice chiite en 24h.
26:39Les obsèques de Lina, célébrés vendredi à Pleine, dans le Barin.
26:42L'autopsie de l'adolescente a été pratiquée aujourd'hui.
26:45Son corps avait été retrouvé dans la Nièvre mercredi dernier.
26:48Le principal suspect s'est donné la mort.
26:51Deux femmes font appel du classement sans suite contre PPDA.
26:58Au total, une quarantaine de potentielles victimes
27:01ont témoigné contre l'ex-journaliste Vedette.
27:03Une première plainte pour viol avait été déposée dès 2005 contre lui.
27:07Mais la justice n'avait pas poursuivi celui qui présentait alors,
27:10le 20h de TF1, faute de preuve.
27:13Football Louis-Henri Quay, rempli pour deux ans.
27:16L'entraîneur espagnol restera au Paris Saint-Germain jusqu'en juin 2027.
27:21L'ancien coach du Barça avait été appelé par le PSG en juillet de l'année dernière.
27:36Les informés toujours dans le studio de France Info ce soir avec nous.
27:41Stéphane Vernet, directeur de la rédaction parisienne de Ouest France,
27:44Alexandre Achevard-Droite, directrice adjointe de la rédaction de Libération,
27:47et Corinne Laïc, journaliste politique.
27:50A l'Opinion, on ouvre maintenant le deuxième dossier de ces informés
27:54avec un symbole, le médicament le plus consommé en France
27:57qui va passer sous pavillon américain.
27:59Absolument, le Doliprane, puisque Sanofi cède la majorité de ses parts
28:03à sa filiale Opéra.
28:08L'État va rester dont actionnaire ce fonds d'investissement américain,
28:12actionnaire très minoritaire via BPI France,
28:15la banque publique d'investissement à hauteur de 2%
28:18pour une vente qui coûte, on va en parler, environ 16 milliards d'euros.
28:21Alors le gouvernement a-t-il fait le bon choix
28:24dans ce premier vrai dossier industriel pour l'équipe Barnier ?
28:28Le ministre de l'Industrie, Marc Ferracci,
28:31affirme avoir obtenu des garanties et des engagements
28:34notamment pour préserver les emplois en France.
28:37Il est en conférence de presse ce matin.
28:39Le premier engagement concerne le maintien de la production
28:42sur les sites de Lisieux et de Compiègne.
28:45Ce maintien de la production, et je vais le préciser à chaque engagement,
28:48est assorti d'une sanction qui peut aller jusqu'à 40 millions d'euros
28:52si d'aventure la production devait s'arrêter.
28:55Le deuxième engagement concerne l'emploi.
28:58L'engagement qui a été inscrit dans l'accord
29:01est que des licenciements économiques contraints
29:04ne doivent pas intervenir sur les sites de Lisieux et de Compiègne.
29:07Des engagements, des garanties, on va mettre tout cela au débat.
29:10Juste avant, je voudrais qu'on entende des salariés.
29:13Tous ne sont pas forcément rassurés, à l'image de Julien Bével par exemple.
29:17Il est à 39 ans, technicien à la fabrication du Doliprane
29:20à l'usine de Lisieux, dans le Calvados. Marc Ferracci en parlait.
29:23Ça ne rassure absolument personne.
29:26Ils vont entrer au capital, mais à hauteur d'à peine 1 ou 2%.
29:29Donc clairement, c'est comme s'ils n'étaient pas là.
29:32Ils vont être là, ils vont observer ce qui se passe,
29:35mais ils ne pourront décider de rien, ils ne pourront rien empêcher du tout.
29:38Le fonds américain va pouvoir faire tout ce qu'il veut.
29:41Peut-être supprimer les emplois, réorganiser.
29:44Il va falloir qu'on négocie tous nos accords, donc on va perdre énormément de salaire.
29:47Après, l'État nous garantit qu'il s'engage sur 5 ans.
29:50Après, libre à eux.
29:53Déjà, est-ce que ça va tenir 5 ans ? On ne sait pas.
29:56Après, qu'est-ce que ça va devenir ? Est-ce qu'on va être délocalisé ?
29:59On ne sait pas du tout. Ça va vraiment être ce que les Américains vont avoir envie de faire.
30:02Et ce soir, la grève est reconduite sur ce site de l'ISIEU,
30:05mais suspendue à Compiègne.
30:08Beaucoup de choses, dans ce que l'on vient d'entendre, que ce soit de la part du ministre de l'Industrie,
30:11Marc Ferracci, ou bien de la part de ce salarié de Sanofi,
30:14Alexandre Rajparlebrot, qu'est-ce que vous retenez ?
30:17C'est passionnant. Ce dossier est absolument passionnant.
30:20Et en effet, il y a plein de choses.
30:23D'abord, le Doliprane, ça ne fait pas partie des actifs stratégiques.
30:26Si Thalès voulait vendre...
30:29C'est plus symbolique qu'autre chose.
30:32C'est plus symbolique qu'autre chose.
30:35Mais ça veut dire que l'État n'avait pas le pouvoir de mettre son veto à cette vente.
30:38Tout ça, c'est une affaire de gros sous.
30:41Le sanitaire, la santé, tout ça, ça ne rentre absolument pas en ligne de compte.
30:44Là où je comprends la colère des salariés,
30:47c'est qu'on nous l'a déjà fait à l'envers.
30:50Souvenez-vous, quand l'américain General Electric a acheté
30:53une partie d'Alstom,
30:56pour les turbines,
30:59il avait donné des garanties,
31:02il s'était engagé, la main sur le cœur,
31:05jamais de licenciement, etc.
31:08Et en fait, il s'est assis sur ses engagements.
31:11Vous l'avez dit vous-même, on touche au sanitaire.
31:14La question, justement, c'est la conséquence pour les consommateurs,
31:17pour tous les Français qui prennent du Doliprane.
31:20Oui, mais là,
31:23l'actif,
31:26le principe actif,
31:29on va le rapatrier,
31:32le principe actif.
31:35Le Doliprane, lui, ne faisait que fabriquer.
31:38Depuis 2008, il n'est plus fabriqué en France et en Europe, en l'occurrence.
31:41On va le rapatrier, il n'est plus fabriqué en France.
31:44Il y a une usine à Toulouse qui va commencer à le fabriquer en 2025.
31:47Corine, justement, je voulais vous entendre là-dessus.
31:50Vous qui connaissez ça par cœur, qui suivez Emmanuel Macron,
31:53le président de la République, quasiment au quotidien.
31:56On nous a rabâché la souveraineté industrielle,
31:59la souveraineté économique de la France, etc.
32:02Qu'est-ce qu'on fait de ce dossier ?
32:05La question est de savoir si c'est vraiment, comme le souligne Alexandra,
32:08une question de souveraineté dans le cas d'espèce.
32:11Il s'agit de savoir si on protège des emplois et des investissements.
32:14Parce qu'il y a déjà eu des tas d'engagements qui ont été pris
32:17et qui n'ont pas été respectés.
32:18Ou est-ce qu'il s'agit de l'approvisionnement des Français
32:21dans un médicament qui est extrêmement précieux ?
32:23C'est ça la vraie question.
32:25C'est plus le principe actif que le packaging,
32:28l'enrobage des gélules qui est posé.
32:31Les mesures qui ont été annoncées ce matin sont des mesures
32:34qui sont assez inédites, c'est très sévère, il y a des sanctions.
32:37En même temps, il n'est pas sûr qu'elles soient respectées.
32:41C'est ça toute la question ?
32:42La durée d'application est incertaine,
32:45parce qu'Antoine Armand ce matin a eu des propos un peu ambigus sur la durée.
32:50On peut comprendre légitimement l'inquiétude.
32:53Les pénalités ne sont pas très élevées quand même.
32:55Pour un deal à 15 milliards d'euros,
32:59un capitaliste peut avoir intérêt à payer et à partir.
33:03C'est souvent ce qui arrive dans ce genre d'affaires.
33:06Stéphane Vernet fait la boue.
33:07Les vieux de la Normandie, ce sont vos lecteurs à Ouest France.
33:10Je pense que les salariés de Lisieux et de Compiègne ont raison de s'inquiéter.
33:15Après, le doliprane, le paracétamol, il y a un risque de délocalisation assez faible.
33:21C'est une molécule qui est très consommée par les Français,
33:24ce qui n'est pas le cas de nos voisins.
33:26On est un peu une exception.
33:27On est très accro au doliprane, au paracétamol surtout.
33:30Il y a un marché intérieur qui fait que les chances de délocalisation existent.
33:38Les malchances de délocalisation existent, mais peut-être pas tant que ça.
33:42Après, la question, c'est pourquoi un fonds d'investissement américain
33:46décide de mettre à peu près 8 milliards ?
33:4816 milliards, c'est la valorisation totale de la filiale de Sanofi qui s'appelle Opéra.
33:53S'ils en achètent la moitié, on peut se dire qu'ils vont mettre 8 milliards sur la table.
33:57Pourquoi est-ce qu'ils mettent de l'argent dans cette filiale de Sanofi ?
34:02Sanofi a besoin d'argent.
34:04En disant « Nous, on prend l'argent pour l'utiliser, pour investir, pour innover dans des médicaments
34:09et des principes actifs à découvrir qui seront beaucoup plus intéressants
34:13et beaucoup plus rentables que le paracétamol. »
34:15Et là, je pense qu'ils n'ont pas tort.
34:16Mais la question, c'est une boîte américaine, un fonds de pension américain
34:20qui met 8 milliards d'euros dans une entreprise française,
34:22c'est pour maximiser ses profits, point barre.
34:25Donc, ils vont faire en sorte qu'en fait, les sites rapportent en coûtant le moins possible.
34:32Et s'il faut délocaliser pour maximiser leurs profits, ils le feront.
34:35Moi, la semaine dernière, on a déjà parlé du sujet.
34:37J'ai donné un exemple que je connais bien, qui est celui de l'entreprise,
34:41l'usine de téléphone Alcatel qui existait à Laval.
34:44Elle est vendue à des Américains en 1999 ou 2000 et elle ferme en 2006.
34:48La demande de l'État, c'était « Vous maintenez l'entreprise sur site. »
34:52Et la production, pendant 5 ans, ils sont restés 7 ans.
34:55Et il y avait toutes sortes de garde-fous.
34:57Donc, ils ont tenu leurs engagements.
34:58Donc là, c'est pareil.
34:59C'est 5 ans, c'est le même principe.
35:01Et en fait, qu'est-ce qu'ils ont fait ?
35:02En fait, ils ont transféré les savoir-faire, les machines dans les pays de l'Est, en Chine, etc.
35:06Et à la fin, comme il y avait des pénalités s'il procédait à des licenciements secs,
35:11qu'est-ce qu'ils font ?
35:12Ils disent « Nous, on est un groupe international.
35:14Donc, on propose des offres de reclassement à tous nos salariés de Laval.
35:18Donc, on leur propose des jobs partout dans le monde. »
35:21En Indonésie, par exemple.
35:22Ou en Chine, aux conditions salariales chinoises.
35:26Donc, vous êtes payé comme un Chinois, vous n'avez pas de sécu.
35:29Eh bien, bizarrement, les gens refusent.
35:31Ils ne partent pas.
35:32Et donc, après, ça permet aussi au groupe de dire « Nous, on a rempli notre part du contrat.
35:37On a proposé des reclassements.
35:38C'est eux qui n'en veulent pas.
35:39Terminé.
35:40Pas de pénalité. »
35:41Donc, ce risque-là, il existe.
35:43Et ce n'est pas les 100 à 150 millions.
35:46Ce n'est quand même pas une paille.
35:48C'est quand même beaucoup d'argent que la BPI va mettre dans le capital d'Opéra
35:52qui leur permettra de contrôler tout.
35:54Moi, j'ai entendu Nicolas Ducour.
35:55Qu'est-ce que ça dit pour RIMLAIC, justement, sur le poids de l'État dans ce genre de dossier ?
35:58L'État ne peut pas tout.
36:00Comme l'avait dit, je crois que c'était Lionel Jospin qui avait dit ça.
36:04Ça veut dire qu'on est là aussi dans une forme de théâtre d'ombre
36:07et dans une sorte d'habillage politique d'une situation économique.
36:11On est dans un système capitaliste avec des règles.
36:15Et c'est vrai que les entreprises n'échappent pas à ces règles-là
36:19et qu'elles peuvent parfaitement s'asseoir sur des accords
36:22ou les respecter à minima, de manière très formelle.
36:25Et c'est vrai qu'une fois de plus, les salariés peuvent être inquiets.
36:28Sauf qu'on a effectivement besoin de Doliprane si on en consomme beaucoup.
36:34Et c'est vrai qu'il y a quelque chose d'un petit peu étonnant
36:37qu'on parle autant du Doliprane à un moment où on vit un tel casse-tête à l'Assemblée nationale.
36:43Par ailleurs, est-ce que c'est la vocation de la BPI d'investir, de mettre son argent là-dedans ?
36:49C'est de l'argent public.
36:51Est-ce que c'est la vocation au Conseil d'administration de financer les jeunes ?
36:55Non, ils sont présents au Conseil d'administration.
36:57Avec une golden share qui leur permettrait de mettre un veto.
36:59Il y en a un qui a une solution.
37:00Non, pas un veto.
37:01D'avoir une voix, de pouvoir s'exprimer fortement.
37:04C'est ce qu'a défendu Nicolas Dufour sur votre antenne en disant
37:07que quand on siège au sein du Conseil d'administration de ce type d'entreprise,
37:11c'est un droit de regard, on peut parler, on est hyperactif, on est écouté.
37:15Mais il n'y a aucun droit de veto.
37:16Le seul droit de veto, il faut avoir plus de la moitié des actifs de l'entreprise.
37:20En l'occurrence, ce sera le fonds de pension américain, pas l'État français.
37:25Une personnalité politique propose une solution pour résoudre ce dossier-là.
37:30C'est Manuel Bompard avec, dit-il, une idée de génie,
37:33le député de la France Insoumise des Bouches-du-Rhône,
37:36coordinateur de la France Insoumise qui était l'invité de la matinale de TF1 ce matin.
37:39Il faut bloquer la vente.
37:41On a une possibilité, ça s'appelle le décrément de bourse.
37:44On refuse que des secteurs stratégiques passent sous pavillon américain,
37:49puisque là, en l'occurrence, c'est un fonds de pension américain.
37:51Et il faut ouvrir, je crois, le chantier d'un pôle public du médicament,
37:54parce que les médicaments qui sont indispensables pour soigner les Françaises et les Français,
37:58ça ne doit pas être tout simplement des marchandises sur lesquelles on se fait des profits.
38:01Est-ce qu'il n'y a pas une part de paradoxe au moment où on dit aux Français de se serrer la ceinture,
38:05on va aller investir 2 % dans cette entreprise ?
38:09Justement, je pense que ce n'est pas de l'argent forcément bien employé,
38:14puisque de toute façon, la BPI n'aura aucun pouvoir.
38:18Elle pourra en effet discuter, échanger, mais enfin, so what ?
38:22Ça veut dire quoi que c'est une solution d'urgence qui a été prise parce qu'il fallait bien faire quelque chose ?
38:26C'est pour rassurer les gens, pour donner l'impression que l'État fait quelque chose,
38:30est à la manœuvre et aura toujours un droit de regard et un droit de parole.
38:36Or, la réalité, c'est que non, il n'aura absolument aucun droit, il ne pourra rien décider.
38:44Donc c'est dommage, parce que normalement, la BPI est là pour aider des jeunes pousses,
38:48elle est là pour aider des jeunes entreprises qui ont un projet, qui veulent se lancer,
38:53et pas tellement pour faire acte de présence de cette façon.
38:58D'autant que les caisses de l'État sont en jambes de vide, Stéphane Bernay.
39:02C'est pas dans le budget de l'État que l'État va puiser, et puis c'est de l'investissement,
39:06c'est pas une dépense, donc c'est un petit peu différent.
39:08Mais on peut penser que cet argent serait mieux utilisé ailleurs,
39:11là c'est juste une espèce de police d'assurance politique que le gouvernement s'achète pour rassurer les syndicats.
39:17Stéphane Bernay.
39:18Non, moi je suis d'accord avec tout ce qui a été dit, et je pense qu'en fait,
39:21toutes ces sanctions et ces mesures sont très illusoires, ça tient pas.
39:25Quand vous dites 40 millions d'euros de pénalités si vous fermez un site sur un deal à 8 milliards,
39:31c'est que dalle, ça pèse rien du tout.
39:34Donc tout ça me paraît...
39:38Encore une fois, je pense que la meilleure garantie,
39:41pour les gens aujourd'hui qui travaillent chez Opéra, etc.,
39:44et pour que les sites restent...
39:45C'est qu'on consomme tous du Doliprane.
39:47Voilà.
39:48Allez faire des réserves en pharmacie.
39:50On va redonner le dosage.
39:51Tant qu'il y aura un marché domestique fort,
39:56il n'y a pas de raison de délocaliser, comme ça tu viens de dire quoi.
40:00Et je reviens à la question que posait Victor tout à l'heure.
40:02Est-ce que ce n'est pas le gouvernement qui au final là-dedans perd des plumes
40:05et démontre un peu son impuissance ou sa très faible marge de manœuvre ?
40:08Je pense que c'est surtout les politiques.
40:10Justement, j'étais en train de penser aux malheureux et aux malheureuses qui nous écoutent,
40:16et tout ce qu'on dit sur les politiques, le côté théâtre, le côté impuissance...
40:22Vous additionnez ça, le budget dont on parlait en début d'émission,
40:26et plus personne ne va voter.
40:27Et je me disais, c'est terrible de donner cette image de la politique.
40:31Malheureusement, ces derniers temps, c'est ce que donnent à voir les politiques.
40:36Je pense quand même qu'il y a des politiques qui croient vraiment en ce qu'ils font
40:41et qui s'investissent et qui donnent le meilleur.
40:44Mais là, c'est vrai qu'on va avoir besoin de l'IPRAN.
40:48Et on verra si eux donnent une meilleure image de la politique.
40:50Donald Trump, Kamala Harris est aux Etats-Unis,
40:53la dernière ligne droite avant la présidentielle du 5 novembre.
40:56On en parle dans la dernière partie.
40:58Désinformé juste après, le fil info d'Emmanuel Langlois, 20h45.
41:03Il prévoit au total 60 milliards d'euros d'économies.
41:05L'examen de la partie recette du projet de budget de l'État pour l'an prochain
41:09débute tout à l'heure, 21h30 à l'Assemblée.
41:12D'après le rapporteur général Charles de Courson,
41:14le gouvernement a prévu un plan d'économie trop important à ses yeux.
41:18Et bien, invité tout à l'heure du 20h de France 2 ce soir,
41:21le ministre du Budget lui se dit favorable à l'instauration d'un seuil
41:25sous lequel les retraités ne seront pas touchés
41:28par le report de 6 mois de la revalorisation de leurs pensions.
41:31Laurent Saint-Martin qui estime que cette mesure ne doit pas
41:34empêcher de protéger les petites retraites.
41:37À l'étranger, 6 personnes dont un enfant sont mortes
41:40dans une nouvelle frappe israélienne sur la ville de Balbek au Liban.
41:44Lors d'un entretien par téléphone avec Benjamin Netanyahou tout à l'heure,
41:47Emmanuel Macron a à nouveau appelé à un cessez-le-feu dans la région.
41:52Elle avait débuté au cinéma dans Emmanuel.
41:54L'actrice Christine Boisson est morte à l'âge de 68 ans à Paris.
41:58Elle a tourné au total dans une cinquantaine de films
42:01sous la direction notamment d'Alain Robb-Grillet, d'Yves Boisset
42:04ou encore de Claude Lelouch.
42:06Et puis à 15 jours tout juste de l'élection présidentielle américaine,
42:10la course est plus que jamais serrée entre Kamala Harris et Donald Trump.
42:15Elon Musk offre par exemple 100 dollars à chaque électeur
42:19pour signer une pétition pour Trump.
42:21Samedi dernier, le patron de SpaceX avait même remis
42:24un chèque d'un million de dollars à l'un de ses signataires.
42:37Avec nos informés de ce lundi soir,
42:39Corinne Laïc, journaliste politique à l'Opinion,
42:42Alexandra Schwarzbrot de Libération et Stéphane Vernet de West France.
42:46On appelle ça le sprint final aux Etats-Unis.
42:48Les deux candidats à la présidentielle
42:50entament leurs 15 derniers jours de campagne avant le vote décisif.
42:53Vous savez, ce sera le 5 novembre.
42:55Et ça ne vous surprendra pas.
42:57Il y a aux Etats-Unis une bataille des images.
43:00Donald Trump s'est filmé en employé de McDonald's,
43:03le fast-food américain,
43:05servant même des clients au drive en Pennsylvanie.
43:08Tandis que sa rivale démocrate Kamala Harris
43:11a elle fêté ses 60 ans ce week-end en grande pompe avec Stevie Wonder
43:15dans une église de Géorgie.
43:17Mais le match n'est pas joué.
43:19Les deux camps se tiennent au coude à coude dans un mouchoir de poche.
43:23C'est ce qu'expliquait ce matin, sur ce plateau,
43:26Corentin Célin, universitaire spécialiste des Etats-Unis,
43:29invité de France Info.
43:31Depuis 2000, et la fameuse élection Bush-Gore,
43:34dont on se souvient comment elle a terminé devant la Cour suprême,
43:37c'est sans doute l'élection qui s'annonce la plus serrée,
43:40la présidentielle la plus serrée depuis au moins un quart de siècle.
43:43Tous les sondages dans les Etats-clés
43:46sont à moins d'un point de différence entre les deux candidats en moyenne.
43:50Donc en fait, aujourd'hui, on est complètement aveugle,
43:54d'autant plus que les sondages n'ont pas toujours été fiables
43:57dans certains Etats-clés, Michigan, Pennsylvanie, Wisconsin.
44:01Donc on est vraiment aveugle et il faut vraiment se garder de tout pronostic.
44:04Alors est-ce que ce coude à coude est surprenant ?
44:07Où est-ce que l'élection américaine va se jouer pour en parler ?
44:10Nous sommes en ligne ce soir avec Sophie Stuber, en ligne depuis le Colorado.
44:14Bonsoir à vous.
44:16Bonsoir, merci.
44:18Vous êtes journaliste franco-américaine.
44:20Vous travaillez habituellement à Paris, entre autres,
44:23pour l'AFP, l'agence France Presse.
44:25Mais là, je le disais, vous êtes aux Etats-Unis, dans le Colorado,
44:28où vous avez vécu ces derniers jours de campagne.
44:31Racontez-nous, elle a quelle saveur cette campagne américaine ?
44:34On parlait à l'instant d'un Donald Trump au coude à coude avec Kamala Harris.
44:39Comment disent les électeurs américains, Sophie ?
44:42Oui, c'est très incertain.
44:45Moi, je n'ai jamais vu une élection pour laquelle si peu de personnes
44:49sont prêtes à faire des pronostics sur les résultats.
44:52Donc c'est plus serré dans plus d'États que jamais.
44:55Mais je voudrais aussi dire que les sondages sont très compliqués et incertains.
45:00Aucun sondage n'éprouvait la victoire de Trump en 2016
45:04et pourtant, vous connaissez bien les résultats.
45:07C'est vrai que Harris a réalisé sa meilleure performance dans les sondages en septembre
45:14après une bonne performance lors du débat
45:17et pourtant beaucoup d'enthousiasme ou de hype sur sa nomination.
45:21Mais il est difficile de dire si les changements dans les sondages
45:25se situent dans la marge d'erreur ou si les choses ont vraiment basculé
45:30parce que l'élection est si proche.
45:33Pour moi, la grande question est de savoir
45:36combien de personnes interrogées dans ces sondages iront effectivement voter.
45:56Pour moi, les images représentent un débat au centre des préoccupations des deux candidats
46:02et je pense que Trump a l'impression que Harris en quelque sorte a coopté son amour pour McDo.
46:08Donc Trump n'a jamais caché qu'il était un homme d'affaires qui aimait encore le fast-food
46:13et Harris a utilisé son emploi chez McDo, entre autres,
46:17pour montrer qu'il comprend la classe ouvrière et qu'il a occupé des emplois.
46:22Mais pour Trump, cette visite à McDo a été un coup contre Harris
46:27car il est obsédé par l'idée fausse qu'Harris n'a jamais travaillé chez McDo.
46:32Mais pour moi, les images les plus frappantes sont des bagarres à l'extérieur du resto
46:38avec des partisans pro-Harris et pro-Trump qui s'affrontent
46:42et qui montrent à quel point la situation est tendue aux Etats-Unis.
46:46On rappelle un simplement Sophie Stuber qu'effectivement Kamala Harris,
46:50elle avait affirmé avoir travaillé comme étudiante au McDonald's
46:55et puis on peut rappeler aussi que Donald Trump avait été le premier président américain
46:58à faire rentrer à la malbouffe, si l'on peut dire, du McDo lors d'une réception à la Maison Blanche
47:02lorsqu'il était président, c'était en 2019, Paul Barcelone.
47:05Sophie Stuber, Kamala Harris, et on parlait à l'instant des images de Donald Trump,
47:10Kamala Harris, elle, dans les prochaines heures, elle va se rendre dans trois Etats
47:13qui avaient été touchés par les ouragans, Hélène et Milton, ces derniers jours,
47:17en Pennsylvanie, dans le Michigan, dans le Wisconsin.
47:20Est-ce qu'elle est aussi attendue qu'on veut bien le dire, Kamala Harris ?
47:23Est-ce qu'elle doit montrer finalement que l'État fédéral est à leur côté
47:26et en faire, si j'ose dire, un argument de campagne,
47:30à un moment où elle ne décolle pas dans les intentions de vote ?
47:34Oui, c'est très important parce que la campagne des Trumps s'était circulée
47:39à beaucoup de faux-sans-faux, de la façon dont l'administration Biden
47:44avait dépensé les fonds destinés aux catastrophes pour les migrants
47:48et négligé les régions qui avaient voté pour les républicains,
47:52ce qui est complètement faux.
47:54Mais Kamala Harris veut montrer qu'elle a une réponse compétente et forte
47:59de l'administration Biden parce qu'elle est encore vice-présidente.
48:03Et contre d'autres, il s'agit d'attaquer des champs de bataille,
48:08des « battlegrounds » comme on dit, qui sont essentiels à la victoire de Harris,
48:12qui doit donc être sur le terrain pour faire campagne.
48:16Merci beaucoup, Sophie Stuber, en direct, on le rappelle,
48:19du Colorado aux Etats-Unis, cette campagne présidentielle américaine
48:23dans sa dernière ligne droite, l'élection entre Kamala Harris et Donald Trump
48:27aura lieu le 5 novembre.
48:29Alexandra Schwarzbrot, sur cet écart, cette indécision
48:33et cette dernière ligne droite, il peut se passer encore énormément de choses
48:36en 15 jours aux Etats-Unis ?
48:38Tout peut se passer d'ici là et après.
48:42Parce qu'imaginons que Kamala Harris l'emporte d'un cheveu,
48:47ensuite Donald Trump vraisemblablement contestera,
48:52fera peut-être sortir des partisans dans la rue, on a vu qu'il en était capable.
48:56Ça s'était passé le 6 janvier 2021 au Capitole.
48:59C'était même devenu très violent.
49:01Et là, comme il sait que c'est sa dernière chance,
49:04il est peu probable qu'il se représente dans 4 ans,
49:06c'est vraiment sa dernière chance, il a tout donné ces derniers temps.
49:10S'il perd un cheveu, ça risque d'être très très violent.
49:14Tout reste possible.
49:16Mais c'est vrai que ce qui est intéressant, c'est que Kamala Harris
49:19peut compter sur le vote des femmes, pour beaucoup,
49:23et notamment des jeunes femmes.
49:25On en a fait la une de Libé ce matin.
49:27Un super dossier ce matin, effectivement.
49:29Parce que c'est très intéressant, tous les sondages, tous les experts
49:32montrent que les jeunes femmes, la fameuse génération Z...
49:35On dit que ce sera l'élection la plus genrée de l'histoire américaine.
49:37Absolument. Parce que toutes les femmes nées, si vous voulez,
49:41qui ont grandi à l'ère MeToo, où les femmes reprennent la parole,
49:46réaffirment leurs droits,
49:49évidemment, elles ne peuvent pas voter Trump.
49:52C'est absolument impossible.
49:53Trump, qui est d'une vulgarité crasse,
49:56qui dit des choses horribles sur les femmes...
49:58À longueur de meeting.
49:59Mais à longueur de meeting.
50:00Et d'ailleurs, plus ça va, plus il est vulgaire.
50:02Vraiment, il est sans filtre, maintenant.
50:05Il n'a plus aucun filtre.
50:07Et donc, les jeunes américaines, c'est peut-être elles qui feront la différence.
50:12Si elles se déplacent, moi, ce qui me fait très peur,
50:15surtout dans cette dernière ligne droite...
50:17Et de l'autre côté, il y a ce phénomène de jeunes garçons nés à peu près à la même époque
50:20qui, eux, s'identifient à Donald Trump,
50:22qui s'interrogent sur leur masculinité, etc.
50:24Et puis, surtout, sont attirés par le côté business.
50:26Ils veulent faire du business.
50:27Donc, il y a un vrai gap entre les deux.
50:30Non, ce qui me fait le plus peur, moi, c'est le Proche-Orient.
50:33Parce que, et c'est peut-être, s'il se passe quelque chose d'énorme
50:36dans les 15 jours au Proche-Orient,
50:38Kamala Harris, les jeunes démocrates,
50:41en veulent beaucoup à Kamala Harris,
50:43et surtout à l'administration Biden,
50:45de ne pas avoir assez fait pour Gaza.
50:47Et ça, ça peut faire en sorte que des jeunes démocrates
50:52restent chez eux,
50:54plutôt que d'aller voter pour Kamala Harris.
50:56Et ça, ça pourrait faire le jeu de Trump.
50:58Stéphane Vernet, il est surprenant,
51:00ce coup de coude, au vu du constat un peu implacable
51:03que dresse Alexandra.
51:05Moi, je ne sais pas.
51:06Je ne suis pas un spécialiste des États-Unis.
51:08Mais ce que je retiens, c'est qu'effectivement,
51:11le risque, c'est que si la victoire ou la défaite
51:14est apparemment disputée,
51:16on peut avoir une Amérique qui s'entre-déchire.
51:19C'est déjà arrivé.
51:21Je vous rappelle qu'en fait, c'est un système compliqué
51:23dans lequel vous pouvez très bien avoir la majorité
51:27des voix sur l'ensemble du territoire
51:29et ne pas être perdant.
51:31C'est arrivé deux fois.
51:3352 élections différentes dans chaque État.
51:35Avec ces fameux états clés.
51:37C'est arrivé à Al Gore.
51:39C'est arrivé à comment ?
51:41Hillary Clinton.
51:43Et la différence, c'est qu'Al Gore, en 2000,
51:45les résultats étaient contestés.
51:48C'était parti en justice.
51:50Et Al Gore lui-même avait fini par dire
51:52que pour le bien de la nation,
51:54il arrêtait les procédures.
51:56Il reconnaissait sa défaite.
51:59Vraisemblablement, il avait gagné.
52:01Et c'est typiquement ce que ne fera pas Donald Trump.
52:05Et donc on peut avoir un pays
52:07qui bascule à nouveau
52:09dans quelque chose de plus que compliqué.
52:12Alexandra, pour bien comprendre
52:14et terminer cette émission,
52:16pourquoi elle ne décolle pas Kamala Harris ?
52:18Pourquoi elle ne fait pas largement la course en tête
52:20au vu de l'élection américaine
52:22et de ces ingrédients dont vous nous parlez,
52:24cette vulgarité de Donald Trump ?
52:27On dirait que ça ne prend même pas.
52:29Oui, ça ne prend pas.
52:31Mais c'est surtout parce que lui, il imprime.
52:33Elle a rattrapé tout de même le retard qu'avait Joe Biden.
52:35Oui, bien sûr.
52:37De toute façon, Joe Biden s'était plié.
52:39Joe Biden, Trump passé.
52:41Est-ce qu'il ne s'est pas même retiré trop tard presque Joe Biden ?
52:43Ce qui ne fait pas un cadeau à Kamala Harris.
52:45Je ne sais pas.
52:47On a vu que ça a déstabilisé Donald Trump
52:49dans un premier temps
52:51qui n'a pas su comment adapter sa campagne
52:53par rapport à Kamala Harris
52:55et à la stabilité de Joe Biden.
52:57Et là, d'un coup, il s'est retrouvé
52:59sans savoir par quel bout prendre
53:01cette nouvelle candidate.
53:03Non, je pense que c'est surtout Donald Trump
53:05qui remonte parce qu'il imprime,
53:07parce qu'il a une...
53:09Enfin, ça plaît.
53:11A la limite, c'est presque ça qui fait le plus peur.
53:13Il est capable de soulever des foules.
53:15C'est ça qui fait le plus peur.
53:17C'est que la moitié des Américains soient enthousiasmés
53:19par Donald Trump et par cette vulgarité
53:21et cette absence de projet
53:23pour les Etats-Unis.
53:25Et du coup, le problème,
53:27c'est que cette élection
53:29va avoir un impact sur l'ensemble de la planète.
53:31Je ne parle même pas
53:33des deux conflits énormes
53:35qu'on a eu.
53:37C'est terrible.
53:39Et ce sera le mois de la fin.
53:41Nous aurons l'occasion, bien évidemment,
53:43d'y revenir très largement d'ici le 5 novembre
53:45et cette présidentielle américaine.
53:47Merci à tous les trois d'être venus.
53:49Stéphane Vernet, à la Une de Ouest-France,
53:51du reportage au cœur d'une Amérique
53:53fracturée par l'élection.
53:55Alexandra Schwarzbrot, pour Libération.
53:57Vélo ou voiture, des pistes
53:59pour mieux cohabiter.
54:01Et enfin, l'opinion avec vous, Corinne Laïc.
54:03Retraite le coup faramineux de la brogation.
54:05COU.