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00:00Et ravi de vous retrouver pour les informer avec Renaud Delis, comme tous les jours.
00:06Bonjour Renaud, bonjour Jérôme, votre rendez-vous de décryptage de l'actualité, nous informer ce matin Aurélie Herbemont,
00:11bonjour, chef adjointe du service politique de France Info et à vos côtés Gilles Bormstein, bonjour Gilles,
00:16bonjour, éditorialiste politique à France Info.
00:18Nicolas Teilhard va nous rejoindre dans quelques minutes puisqu'on parlera du Liban,
00:22mais le premier thème des informer ce matin c'est bien sûr cette intervention du Premier Ministre Michel Barnier,
00:27hier soir sur le plateau TF1, Renaud, Michel Barnier, Premier Ministre de l'impossible ?
00:31Oui, parce que la menace de censure se précise d'heure en heure, menace d'adoption d'une motion de censure
00:38à l'occasion du débat budgétaire après le déclenchement inévitable du 49.3 par le Premier Ministre
00:43pour essayer de faire adopter ses projets de loi de finances,
00:47menace de censure parce que toute la gauche annonce qu'elle votera une motion de censure
00:51et parce que Marine Le Pen le répète aussi ces tout derniers jours.
00:54Michel Barnier s'est donc invité hier soir chez nos confrères de TF1 pour mettre en garde
00:58sur les conséquences selon lui de cette motion de censure,
01:02en particulier sur le plan économique et financier.
01:05Il y aura une tempête probablement assez grave et des turbulences graves sur les marchés financiers,
01:11nous empruntons déjà très haut nos taux d'intérêt,
01:14des taux d'intérêt que nous sommes obligés de respecter pour financer notre dette
01:19avec des investisseurs chinois ou américains,
01:22ils sont actuellement presque au niveau de la Grèce.
01:25Alors est-ce que les conséquences économiques et financières d'une chute du gouvernement Barnier
01:30en fin d'année seraient effectivement inquiétantes pour l'économie française ?
01:34On connaît aussi le niveau des déficits actuels.
01:37Et puis est-ce que cette stratégie du Premier Ministre qui consiste en quelque sorte
01:40à abattre sa dernière carte, c'est-à-dire à prendre à témoin les Français
01:44des conséquences éventuelles selon lui de la chute de son gouvernement,
01:48est-ce que cette stratégie peut être efficace ?
01:51On va poser la question à nos informés.
01:53Gilles Bornstein d'abord peut-être, notamment cette dramatisation, il fait bien.
01:57Il y a deux stratégies parfaitement parallèles,
02:00il y a celle de la gauche en général et de l'extrême droite,
02:03pour dire alors vraiment la censure même pas mal, ça ne changerait rien du tout,
02:06c'est la vie, la France est forte, ne vous inquiétez pas, vous serez payés à la fin du mois.
02:10En fait c'est un épisode classique de la vie politique française, ça ne l'est pas.
02:14Il y a eu je crois une censure adoptée dans toute l'histoire de la Vème République,
02:18donc non la censure n'est pas un épisode, ça existe, c'est dans la Constitution,
02:22mais enfin ce n'est pas classique.
02:23Et à l'inverse, totalement symétriquement, le gouvernement par la voie du Premier Ministre hier
02:27qui dit voilà ce serait absolument la catastrophe, ça n'irait pas bien,
02:31il y aurait des dommages à l'international sur l'image de la France,
02:34il y aura des dommages financiers sur l'augmentation des taux d'intérêt,
02:37donc sur la dette que mon budget veut réduire.
02:40Donc chacun prend à témoin l'opinion du fait que la solution qu'il préfère,
02:45et bien finalement est la plus pertinente.
02:50Est-ce que ça sera efficace ?
02:52C'est sûr que j'imagine qu'il y a dans l'opinion, en dépit de l'opposition
02:56que les uns et les autres peuvent avoir au gouvernement en général
02:58et à ce budget en particulier,
03:00le fait de s'interroger sur les conséquences de la censure
03:03doit exister quelque part dans l'opinion.
03:06Et ça peut peser ça Aurélie Herbemont au moment de voter la censure dans quelques jours,
03:10ce qu'a dit Michel Barnier hier soir ?
03:12C'est pas du tout gagné, parce que vous savez que la gauche est extrêmement mobilisée,
03:16de LFI jusqu'au Parti Socialiste, les socialistes d'ailleurs vont voir Michel Barnier,
03:20ils sont unis au sein du Nouveau Front Populaire pour dire
03:23on dépose une motion de censure au 1er 49.3,
03:26donc probablement dès la semaine prochaine.
03:28Et vous avez le Rassemblement National qui fait monter chaque jour,
03:31quasiment chaque heure un peu plus la pression sur Michel Barnier,
03:34ce matin encore Marine Le Pen met un message sur X
03:39pour redire qu'on n'augmente pas la taxe sur l'électricité,
03:43mais aussi qu'on ne dérembourse pas des médicaments,
03:46qu'on protège les entreprises, bref.
03:48Vraisemblablement, ce genre d'arguments,
03:51qu'on peut appeler des arguments rationnels sur attention ça va être catastrophique,
03:55n'a pas l'air de fonctionner pour l'instant.
03:57Après c'est vrai que Michel Barnier est dans son rôle d'alerter
04:00parce que le budget est déjà extrêmement compliqué à monter,
04:04mais si jamais la situation financière se dégrade,
04:07ça veut dire qu'il va falloir faire encore plus d'efforts en 2025,
04:10finalement par rapport à ce qui était prévu.
04:12Et là c'est compliqué parce qu'il y a une chose qui ne va pas changer, censure ou pas,
04:15c'est que l'Assemblée Nationale est bloquée dans sa composition actuelle
04:19jusqu'au mois de juillet prochain.
04:21C'est-à-dire que même si Michel Barnier est renversé,
04:23derrière c'est quoi, c'est qui, pour quelle politique,
04:26comment affronter une éventuelle tempête financière,
04:29le problème c'est ça, c'est que le jour d'après,
04:31on ne sait pas trop ce qui se passe
04:33et l'Assemblée est complètement paralysée pendant six mois
04:36et il n'y a pas de majorité alternative qu'on ne voit pas depuis le mois de juillet,
04:40donc c'est là la difficulté.
04:41Renaud ?
04:42Si j'ose dire, même si Michel Barnier est renversé,
04:44comme le dit Roli Herbemont,
04:45et même si Emmanuel Macron a été contraint à la démission en début d'année,
04:48de toute façon l'Assemblée Nationale ne peut pas changer avant le mois de juillet prochain.
04:50Et on voit bien qu'Emmanuel Macron c'est la prochaine cible sur la liste,
04:53cible conjuguée de Jean-Luc Mélenchon et de Marine Le Pen.
04:56C'est-à-dire qu'une fois qu'ils auront ensemble la gauche et l'extrême droite,
05:00fait tomber le gouvernement Barnier au cours du mois de décembre,
05:03la cible suivante sera Emmanuel Macron,
05:06qui va justement se défausser de ses responsabilités.
05:08On voit très bien que c'est là-dessus que je commence à jouer Marine Le Pen,
05:11en disant non, non, la responsable du désordre, du chaos, etc.,
05:14ce n'est pas moi, c'est le président de la République.
05:16Il faut bien, en ce qui concerne les conséquences économiques et financières de cette situation,
05:19distinguer deux choses.
05:20Il y a un faux débat et un vrai débat en quelque sorte.
05:22Il y a le fameux débat sur le shutdown,
05:24cette expression issue évidemment de l'administration américaine
05:26qui consisterait à ce que l'État soit de fait dans l'incapacité
05:30de payer par exemple les fonctionnaires au lendemain de la chute du gouvernement.
05:33Oui, parce que là-bas ça arrive relativement souvent,
05:35ce n'est pas possible en France.
05:36Ça, ce n'est pas possible en France parce qu'effectivement,
05:37il y a des dispositions législatives qui permettent que les fonctionnaires
05:40soient payés au début de l'année ou les médicaments remboursés, c'est vrai.
05:43En revanche, il y a les conséquences sur les marchés financiers,
05:46qui à priori seront immédiates et qui se font déjà sentir.
05:49Oui, parce que l'écart entre les deux intérêts allemands et français
05:52n'a jamais été aussi haut depuis 2012.
05:53Les Français aujourd'hui empruntent à peu près au niveau de la Grèce.
05:55Aujourd'hui, on est dans la situation de la Grèce, clairement,
05:57et puis même plus haut que la Grèce.
05:59Et il y a, si vous voulez, ce serait une étape suivante,
06:02une marche suivante pour descendre vers le déclassement économique
06:04et financier de la France, qui a été engagée bien avant.
06:06Il ne s'agit pas de pointer uniquement la motion de censure,
06:10mais on voit la situation des déficits records, évidemment.
06:13Le fait que la France est dans le collimateur de l'Union européenne,
06:17de la Commission, justement, pour ce qui est des déficits.
06:19On voit très bien qu'on continuerait de descendre une marche dans ce cas-là.
06:22Donc, il y a des conséquences évidentes.
06:25Et pour s'en défausser, on voit que la cible suivante,
06:28après l'achat du gouvernement Barnier, c'est le chef de l'État.
06:30On a eu le sentiment aussi que Michel Barnier n'a pas d'autre carte
06:32que de prendre l'opinion à témoin, comme il l'a fait hier soir.
06:35Mais peut-être il donnait un peu l'impression de vouloir d'ores et déjà
06:38faire payer, justement, le coût politique de la censure à Marine Le Pen
06:41en essayant de la mettre en porte à feu avec son électorat.
06:43Comme si cette censure était de toute façon inéluctable,
06:46y compris aux yeux du Premier ministre.
06:47C'est vraiment la seule qu'il vise, hier soir, Michel Barnier,
06:50quand il parle du microcosme parisien qui spécule, Gilles Bernstein ?
06:54Non, je pense qu'il vise tout le monde.
06:56Il vise tous ceux qui sont susceptibles de voter la censure,
06:58c'est-à-dire la gauche et l'extrême droite.
07:00Mais on voit bien, celles avec qui il négocie,
07:03celles avec qui il essaye d'obtenir la non-censure,
07:06c'est l'extrême droite.
07:08Il sait, en tout cas, il a renoncé à toute idée
07:11de faire renoncer la gauche à la censure.
07:15Il s'est exprimé hier, avant même de recevoir la gauche.
07:18Il reçoit aujourd'hui, il reçoit cet après-midi,
07:21Boris Vallaud et Patrick Cannaire, les présidents de groupes socialistes
07:24au Sénat et à l'Assemblée nationale.
07:26Ça veut vraiment dire, comme dirait mes enfants,
07:28qu'il ne les calcule même pas.
07:29Les socialistes ont déjà dit hier qu'ils voteraient la censure.
07:31Les socialistes ont déjà dit hier qu'ils voteraient la censure
07:33et Michel Barnier intervient avant de les recevoir.
07:35Donc, on a bien compris que ce n'est pas de ce côté-là que ça se passe,
07:38c'est de l'autre côté.
07:39Et c'est avec Marine Le Pen qu'il engage ce jeu en lui disant
07:42faites attention, madame, vous prenez énormément de risques.
07:45Oui, tout en levant un petit sourcil sur la question de l'électricité,
07:47en disant qu'il est prêt encore à bouger un tout petit peu.
07:49Oui, il est prêt à bouger un petit peu, mais comme le Sénat.
07:51Mais on ne sait pas de combien.
07:52Il ne faut pas exclure que quand Michel Barnier aussi,
07:55hier, s'en prend au microcosme qui bavasse en gros,
08:00il ne faut pas exclure que ça cible aussi des gens dans son propre camp,
08:04dans sa coalition.
08:05Parce que Michel Barnier, certes, a l'opposition très remontée face à lui,
08:09des oppositions très dures,
08:10mais ce n'est quand même pas un long fleuve tranquille avec sa coalition.
08:13Et même Emmanuel Macron.
08:14Parce qu'il y a eu cet épisode quand même assez étonnant hier,
08:17le Parisien qui cite Emmanuel Macron,
08:20qui aurait fait des confidences sur la prochaine censure,
08:23et puis bon, démenti par l'Élysée.
08:25Démenti extrêmement formel, avec d'une manière assez inhabituelle.
08:30Il n'y avait pas le choix, il fallait bien démentir.
08:32Oui, mais il y a démentir et démentir.
08:34Il y a le comte X de l'Élysée qui a carrément fait une capture d'écran
08:38de ce passage de l'article du Parisien,
08:40donc en disant c'est totalement faux, on le dément.
08:43Mais donc en le démentant de cette manière,
08:45ils ont même donné de l'écho à cette phrase,
08:48puisqu'il y a la capture d'écran.
08:49C'est assez particulier.
08:50Ça veut dire qu'il y a quasiment 2,8 millions d'abonnés
08:53sur le compte Twitter de l'Élysée.
08:55S'il y en avait qui n'avaient pas vu cette petite phrase
08:57prêtée au président par le Parisien,
09:00maintenant tous les abonnés de l'Élysée l'ont vue.
09:02C'est quasiment un problème annexe Emmanuel Macron
09:04dans la situation politique.
09:05On voit bien qu'il n'a plus aucun pouvoir, il n'a plus aucune influence.
09:07Le problème c'est qu'il a encore la parole effectivement.
09:09On l'a vu d'ailleurs lorsqu'il a évoqué le sort du gouvernement haïtien.
09:12Un président ne devrait pas forcément dire ça.
09:16Quand il explique ce sont, je le cite,
09:19des cons qu'ont fait tomber le gouvernement haïtien,
09:21on a vu les conséquences.
09:22On a le sentiment d'ailleurs que comme il s'ennuie,
09:24il parle de plus en plus.
09:25Enfin, il a toujours beaucoup parlé.
09:26Et ça a ses conséquences là,
09:27parce qu'effectivement le Parisien maintient ses informations
09:29de son côté en disant qu'ils ont plusieurs témoins.
09:31Mais ça c'est quasiment anecdotique.
09:32Au regard d'un autre comportement, vous avez raison,
09:34au sein même de ce fameux socle commun,
09:36qui n'est pas vraiment un socle et où il n'y a pas grand-chose de commun.
09:38Il y a une incertitude sur la commission mixte paritaire
09:41qui se réunit aujourd'hui,
09:42où semble-t-il des macronistes seraient tentés
09:44de ne pas se mettre d'accord justement sur le projet de loi de finances.
09:48Ce qui serait quand même assez ahurissant,
09:49puisque ça, ça serait encore un formidable service
09:51à rendre à Marine Le Pen,
09:52qui n'aurait plus qu'à dire et à argumenter en disant
09:54vous voyez bien que la source du désordre et du chaos,
09:56ce n'est pas moi, regardez bien,
09:57c'est au sein même de ce fameux socle commun.
10:00Donc il y a aussi effectivement une capacité
10:03à se faire hara-kiri de la part des maigres soutiens de Michel Barnier.
10:10C'est ce que disent certains dans ce fameux socle commun.
10:13Même nous, on dit que le budget n'est pas bon.
10:16En même temps, pourquoi est-ce que les oppositions
10:19iraient sauver Michel Barnier ?
10:20Même nous, voilà, on n'aide pas du tout le Premier ministre.
10:23Voilà ce qu'on peut dire sur cette intervention du Premier ministère
10:26ce soir sur TF1.
10:27On va ouvrir un autre débat dans quelques secondes
10:29dans Les Informés.
10:30On va parler du Liban, de l'autre actualité de ce matin,
10:33l'entrée en vigueur de ce cessez-le-feu au Liban.
10:35C'est juste après le Fil info de Maureen Twinière à 9h17.
10:39Et le ministre français des Affaires étrangères se félicite
10:42d'ailleurs d'un succès pour la diplomatie française.
10:45Un cessez-le-feu est entré en vigueur pendant la nuit au Liban.
10:48Entre Israël et le Hezbollah, les Etats-Unis et la France
10:51ont œuvré ensemble pour cela.
10:52Emmanuel Macron appelle à faire de même à Gaza.
10:55Le Hamas affirme y être prêt.
10:57La gauche et le RN prendront la responsabilité
11:00d'envoyer la France dans le mur, indique sur France Info
11:02la porte-parole du gouvernement.
11:04Le Premier ministre a affirmé hier qu'il utiliserait assurément
11:07l'article 49.3 pour faire passer le budget sans vote.
11:11Mais le gouvernement pourra donc tomber
11:13si une motion de censure est adoptée.
11:15La CGT inquiète d'une dégradation rapide de la situation,
11:18principalement dans l'industrie.
11:20La secrétaire générale du syndicat estime que 250 plans sociaux
11:24sont en préparation et que 200 000 emplois sont menacés.
11:28Sophie Binet appelle notamment un retour des prix régulés
11:31de l'énergie pour l'industrie.
11:33Noël, c'est maintenant dans moins d'un mois,
11:35un marché dédié débute à Colmar et Strasbourg,
11:38notamment un marché de Noël dans la capitale alsacienne
11:41qui a attiré l'année dernière plus de 3 millions de visiteurs.
11:55Et Nicolas Teilhard a pris la place d'Aurélie Herbeumont
11:57pendant le Fil Info.
11:58Nicolas, journaliste à la rédaction internationale de Radio France,
12:01toujours à vos côtés, Gilles Bernstein, éditorialiste politique à France Info.
12:04Renaud Delis, notre deuxième débat dans les informés.
12:07Ce cessez-le-feu entre Israël et le Liban, très fragile ou durable ?
12:10Effectivement, un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah
12:12dans la guerre au Liban, qui a été donc accepté finalement
12:15par Benjamin Netanyahou hier, le Premier ministre israélien,
12:19qui s'en est d'ailleurs expliqué hier soir à la télévision.
12:26Le cessez-le-feu a trois raisons d'être.
12:28La première, se concentrer sur la menace iranienne
12:30et je ne m'étendrai pas sur le sujet.
12:33La deuxième raison est de permettre à nos forces
12:35de reprendre leur souffle et de reconstituer leurs réserves.
12:38La troisième raison d'avoir un cessez-le-feu
12:40est de séparer les fronts et d'isoler le Hamas.
12:45Alors, ce cessez-le-feu est entré en vigueur cette nuit
12:47à 3h du matin, heure de Paris.
12:48Sera-t-il durable ou éphémère ?
12:51Quand on entend l'argumentaire du Premier ministre israélien,
12:54on peut douter de la pérennité de cette trêve.
12:57Et puis, quel bilan peut-on tirer déjà des 70 jours de guerre
13:00qui se sont déroulés, en tout cas depuis qu'Israël
13:03a commencé à répliquer au Liban,
13:06après les tirs du Hezbollah qui avaient commencé
13:09sur le territoire du nord d'Israël ?
13:11Et peut-être une première question, Nicolas Teilhard,
13:13pourquoi, pourquoi maintenant, pourquoi Netanyahou
13:15accepte ce qu'il refusait jusqu'à présent ?
13:17Peut-être parce qu'il est en position de force
13:19et que les premiers objectifs,
13:21qui étaient ceux de l'armée israélienne,
13:23c'est-à-dire de faire reculer les positions du Hezbollah,
13:25ont été atteints et qu'aller plus loin,
13:28c'est aussi entrer dans un engrenage.
13:30Parce qu'aujourd'hui, l'armée israélienne
13:32n'occupe pas tout le territoire libanais,
13:35qu'il frappe pourtant massivement depuis deux mois.
13:38Et Benyamin Netanyahou l'a dit,
13:41la priorité, c'est la menace iranienne.
13:43Ce n'est pas aujourd'hui d'aller mener une occupation au Liban,
13:46dont l'armée israélienne ne saurait pas vraiment quoi faire.
13:50Il y a d'autres choses qui sont sur le feu.
13:52Il y a la question de Gaza, évidemment,
13:54avec le retour des otages qui pèsent dans la société israélienne.
13:57Il y a toujours des manifestations.
13:59A-t-elle à vivre régulièrement ?
14:00Il est aussi pris par cette logique-là.
14:02Et puis, il a une question politique intérieure,
14:05avec un gouvernement qui doit tenir.
14:08Il doit céder un petit peu, mais sans aller trop loin,
14:11par ce qu'il fait avec ses ministres d'extrême droite, notamment.
14:13Quel est le bilan, Gilles Bernstein,
14:15de ces trois mois de guerre pour Israël ?
14:18Le bilan, enfin la question qu'Israël doit se poser,
14:20c'est la destruction du Hezbollah.
14:22C'est pour nous très compliqué à dire.
14:24Je suppose que si Benyamin Netanyahou,
14:26qui n'est pas à proprement parler un poète,
14:28a accepté cette trêve, c'est qu'il estime
14:30que les coups portés au Hezbollah sont suffisants,
14:33à l'inverse de ce qu'il fait avec le Hamas,
14:35dont il estime qu'il a encore...
14:37à Gaza, dont il estime qu'il a encore une capacité de nuire.
14:39C'est qu'il estime qu'il a fait suffisamment de mal au Hezbollah,
14:42qu'il a détruit suffisamment de missiles,
14:44suffisamment de tunnels, pour que la menace
14:46sur le nord d'Israël ne soit pas si forte,
14:49et que les 60 000 réfugiés qui ont été déplacés
14:52depuis le début des tirs du Hezbollah
14:54puissent revenir en Israël.
14:57Et puis Nicolas, il l'a dit,
14:59il accepte cette paix, mais pour mieux se concentrer
15:01sur le front sud, il l'a dit lui-même.
15:04Maintenant, ça lui permet de libérer des soldats,
15:06de faire reposer des soldats,
15:08pour qu'ils puissent mieux se concentrer sur Gaza.
15:10Alors on a vu toutes les diplomaties dire
15:12très bien, il y a un cessez-feu au Liban,
15:14maintenant il faut un cessez-feu à Gaza.
15:16Quand on écoute Benyamin Netanyahou,
15:18on n'a pas l'impression qu'on se dirige vers là,
15:20parce que justement, il dit ça va me permettre
15:22de mieux m'occuper de Gaza.
15:24Parce qu'il garde le contrôle de la situation.
15:26Juste après l'intervention qu'on vient d'écouter,
15:28il posait des conditions extrêmement fermes
15:30au maintien de la trêve et d'un cessez-le-feu,
15:32avec des choses qui sont plus entre les lignes,
15:35qui ne sont pas forcément les clauses officielles
15:37de l'accord qui a été signé hier,
15:39qui prévoit un retrait des troupes du sud Liban
15:41des deux côtés. L'idée, c'est de dire
15:43au moindre doute sur les intentions du Hezbollah,
15:45on a les mains libres et on a le feu vert
15:47de Washington pour intervenir.
15:49On peut continuer durant ces 60 jours
15:51à viser les tunnels et les installations
15:53du Hezbollah dans la région.
15:55Et surtout, il y a la question du retour des habitants
15:57chez eux. Parce que la première image,
15:59ce matin, aux premières heures du jour,
16:01j'allais dire, au Liban, une fois l'accord signé,
16:03ce sont des milliers de voitures
16:05qui reprennent la route du sud,
16:07parce qu'il y a plus d'un million de déplacés
16:09dans un pays de 4 millions d'habitants.
16:11C'est colossal qu'ils tentent de revenir chez eux.
16:13Et le même sujet se pose pour les habitants du Nord d'Israël.
16:15Evidemment, sauf que les 60 000,
16:17ils sont loin d'être revenus chez eux
16:19dans le Nord d'Israël pour l'instant.
16:21Mais ces centaines de milliers de Libanais
16:23qui vont tenter de revenir chez eux,
16:25Israël dit, nous, on veut,
16:27d'une certaine manière, contrôler qui revient
16:29et qui ne revient pas. Parce qu'il peut y avoir
16:31des partisans, des militaires,
16:33des troupes du Hezbollah à l'intérieur.
16:35Et ça, ça risque d'être les premières,
16:37très grandes difficultés des premiers jours
16:39de cette trêve.
16:41C'est vrai que l'objectif du retour des 60 000 Israéliens
16:43dans le Nord d'Israël, ceux qui avaient fui
16:45depuis déjà un certain temps les tirs du Hezbollah,
16:47c'est cette figure parmi les objectifs affichés
16:49de Benjamin Netanyahou.
16:51Et le fait que ce ne soit pas effectif,
16:53et on va voir si ça se passe, dans quelles conditions,
16:55etc., et à quelle échéance, ça peut aussi lui poser
16:57un problème de politique intérieure, y compris avec
16:59sa coalition, évidemment, et en particulier avec
17:01le flanc de l'extrême droite
17:03qui était pour le moins réticent, voire hostile
17:05à cette trêve. Donc là, il y a un enjeu pour lui
17:07en termes de politique intérieure. Ensuite,
17:09il y a aussi une dimension diplomatique.
17:11Évidemment, il y a eu une intervention des Etats-Unis
17:13et de la France aussi, qui ont poussé dans cette solution.
17:15C'est vrai que si cette décision d'accepter
17:17une trêve aussi fragile soit-elle,
17:19elle survient quelques jours
17:21après les fameuses réquisitions de la CPI
17:23à l'endroit de Benjamin Netanyahou.
17:25Alors, on a vu la réaction...
17:27Avec ce mandat d'arrêt.
17:29Ce mandat d'arrêt déclenché contre Benjamin Netanyahou
17:31et son ancien ami de la défense. On a vu, évidemment,
17:33les réactions du Premier ministre israélien et d'un certain
17:35nombre de ses soutiens, et d'ailleurs y compris des Etats-Unis.
17:37Mais en même temps, c'est aussi une dimension...
17:39Il ne s'agit pas, pour lui,
17:41de se plier à ce mandat d'arrêt, bien sûr,
17:43ou de le valider, ou de le légitimer.
17:45Mais disons que c'est une forme aussi
17:47d'assouplissement qui intervient dans un contexte
17:49diplomatique et judiciaire compliqué
17:51pour lui.
17:53On sent que le nœud du problème, c'est le réarmement
17:55ou pas du Hezbollah. Est-ce que le Hezbollah va jouer
17:57le jeu ou pas ? Et de ce point de vue-là,
17:59j'ai le sentiment, mais sous le contrôle de Nicolas,
18:01que le rôle de l'Iran va être énorme. Soit l'Iran
18:03accepte que son proxy, le Hezbollah,
18:05se désarme, soit il ne l'accepte pas.
18:07J'entends et je lis
18:09qu'en ce moment, le régime a du mal
18:11pour sa propre survie à l'intérieur
18:13et qu'il pourrait lâcher du lest
18:15et lâcher un petit peu ses proxys.
18:17Et donc, de facto, autoriser le non-réarmement
18:19du Hezbollah. Mais enfin, c'est là
18:21que ça va jouer à la moindre
18:23incartate du Hezbollah,
18:25au moindre signe de réarmement du Hezbollah.
18:27Il n'y a pas beaucoup de doute sur le fait que
18:29Netanyahou, qui a obtenu le feu vert
18:31de Biden et qui l'obtiendra vraisemblablement
18:33de Trump, rompra le cessez-le-feu.
18:35Donc, la balle est quand même beaucoup,
18:37à mon sens, à Téhéran.
18:39C'est une rengaine aujourd'hui,
18:41mais on a parlé de Trump.
18:43Pour tous les sujets internationaux et l'Ukraine,
18:45notamment, on en a beaucoup parlé ces derniers jours.
18:47L'arrivée de Trump, elle fait aussi bouger ses lignes.
18:49Oui, parce qu'on parle de deux mois, mais deux mois,
18:51ça nous emmène aux 26 ans.
18:53Ça nous emmène exactement à l'arrivée de Trump au pouvoir.
18:55Et ça, ça crée aussi de l'incertitude à Téhéran.
18:57Il y a une réunion vendredi sur les questions nucléaires
18:59avec les Européens,
19:01qui est crucial pour le régime iranien.
19:03Il y a deux choses quand même importantes.
19:05D'abord, sur l'arsenal du Hezbollah,
19:07qui a été profondément touché,
19:09beaucoup plus que lors de la guerre de 2006,
19:11parce que là, on parle de milliers de missiles
19:13de moyenne ou longue portée
19:15qui pouvaient toucher les villes israéliennes
19:17qui ont été détruits dans la zone frontalière.
19:19On parle d'effectifs qui ont été touchés,
19:21mais surtout de toute la chaîne de commandement.
19:23On n'oublie pas l'opération Bipper
19:25et tout ce qui a suivi avec la mort d'Assad Nasrallah.
19:27Avec une désorganisation totale.
19:29Notamment, ce qui fait douter,
19:31et on parlait de justice internationale
19:33avec la CPI il y a quelques instants,
19:35ce qui sont chargés de veiller au respect
19:37de cette trêve, c'est l'armée libanaise
19:39qui a des effectifs et des moyens
19:41particulièrement limités, en tout cas
19:43beaucoup plus que ceux de l'armée israélienne.
19:45On l'a vu d'ailleurs lors des deux derniers
19:47mois de guerre. Et puis c'est la finule.
19:49C'est les casques bleus des Nations Unies.
19:51On a vu que le respect israélien des institutions
19:53internationales était loin d'être convaincant
19:55ces dernières semaines et on a du mal à imaginer
19:57des casques bleus des Nations Unies
19:59qui ont parfois été visés, imposés
20:01dans les prochains jours à des chars israéliens
20:03de se déplacer par exemple.
20:05Et c'est vrai qu'on mesure à quel point on est effectivement
20:07d'ores et déjà, alors que Donald Trump n'est pas encore revenu
20:09à la Maison-Blanche, dans ce calendrier-là.
20:11On voit à quel point l'élection de Donald Trump
20:13et cette période
20:15de tuilage en quelque sorte en attendant son
20:17retour à la Maison-Blanche, bousculent
20:19la scène diplomatique et militaire
20:21internationale, sur en tout cas les deux
20:23conflits majeurs en cours,
20:25l'Ukraine et le conflit aux Proches-Orients,
20:27sans qu'on sache très clairement ce que fera d'ailleurs
20:29Donald Trump. Dans un cas, il a dit
20:31qu'il établirait la paix en 24 heures sur le front ukrainien
20:33mais on ne sait pas comment, etc.
20:35Et dans le cas du conflit aux Proches-Orients,
20:37très clairement, il soutient Israël et Benyamin Netanyahou
20:39mais en même temps, on voit que son
20:41retour annoncé et imminent
20:43au pouvoir, déclenche, fait bouger
20:45les forces.
20:46Parce que là pour le moment, c'est Joe Biden qui reste à la manœuvre.
20:48C'est toujours Biden et son administration qui sont
20:50à la manœuvre, c'est son envoyé spécial
20:52qui a négocié, parce qu'on parlait de l'impact
20:54de la décision du mandat d'arrêt de la CPI,
20:56ça fait quand même des semaines que cet accord
20:58il est discuté en coulisses par l'administration.
21:00Biden, il y a quand même un élément
21:02qu'il ne faut pas oublier dans toutes nos discussions,
21:04c'est la population libanaise
21:06et c'est la situation de ce pays qui est
21:08éreintée par les deux
21:10derniers mois qui étaient une guerre ouverte avec
21:12des bombardements qu'on n'avait pas vus depuis très longtemps
21:14et jusqu'aux dernières heures. La journée d'hier
21:16a été la plus violente des deux derniers mois
21:18sur la capitale Beyrouth avec des quartiers entiers
21:20qui ont été détruits dans un pays qui est déjà
21:22à genoux économiquement et de ce point de vue-là,
21:24le Hezbollah, il a une importance
21:26qui n'est pas celle
21:28de ses combattants et de la question
21:30uniquement militaire,
21:32c'est un parti politique qui est présent au gouvernement,
21:34c'est une organisation
21:36qui a une dimension sociale, c'est-à-dire qui finance
21:38une partie de la société libanaise aussi
21:40et dont les banques ont été détruites.
21:42Savoir comment le Liban et sa population
21:44va pouvoir sortir
21:46de cette situation, il y aura besoin
21:48de milliards d'euros qui va les
21:50financer, ça c'est les questions
21:52qui se poseront aussi.
21:54Nicolas Teilleur de la rédaction internationale de Radio France,
21:56Gilles Bornstein, éditeur d'Elyse France Info TV,
21:58merci à vous, nos informés du matin,
22:00merci à Renaud Delis, je vous remercie Jérôme,
22:02avec plaisir, et les informés du soir, c'est ce soir
22:04avec Jean-Rémi Baudot, Agathe Lambret,
22:06à tout de suite.

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