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00:00 (Générique)
00:07 - Bienvenue dans les informés de ce vendredi 10 mai avec Benjamin Sportouche.
00:11 Bonjour Benjamin. - Bonjour Jean-Rémi, bonjour à tous.
00:13 - Avec nous autour de la table Nathalie Moret, journaliste politique à Paris pour le groupe Ebra.
00:17 Merci beaucoup Nathalie, à vos côtés Lilian Alemania, rédacteur en chef adjoint à Libération.
00:23 Merci beaucoup tous les deux d'être nos informés du jour.
00:26 Je disais nous sommes le 10 mai, 10 mai 1984, mais souvenez-vous du 10 mai 1981 Benjamin.
00:33 Je ne sais pas quel âge vous aviez à l'époque. - Vous ne me direz pas.
00:35 - Je ne sais pas si vous votiez à l'époque, en tout cas François Mitterrand était élu le 10 mai 1981.
00:42 - Exactement, ça fait 43 ans que la France élisait son premier président socialiste à l'Elysée, François Mitterrand.
00:48 43 ans plus tard, le parti socialiste n'a rien prévu pour célébrer cet événement
00:52 et le pont de mai, il faut le dire, n'aide pas à entretenir le souvenir.
00:56 Mais cette absence de commémoration en dit peut-être aussi long sur l'état de la gauche aujourd'hui.
01:00 Elle ne se projette plus dans une victoire à la présidentielle.
01:03 Aujourd'hui elle est surtout agitée par des divisions très profondes.
01:07 Écoutez Raphaël Glucksmann, il était chez nos confrères de France Inter.
01:10 - Je sais que je suis leur cible principale aux Insoumis aujourd'hui.
01:13 La vérité c'est que nous notre cible c'est l'extrême droite.
01:16 Nous ce qu'on fait c'est qu'on réveille la gauche humaniste pro-européenne depuis le début de cette campagne.
01:20 Et qu'il y a un enthousiasme parce qu'enfin les gens peuvent respirer,
01:23 ils peuvent voter pour leurs convictions, en accord avec eux-mêmes.
01:27 Et cet enthousiasme-là c'est la renaissance de la gauche de Delors,
01:30 c'est la renaissance de la gauche de Badinter, d'une gauche pro-européenne
01:33 qui va être la grande surprise de cette élection
01:35 et qui est un antidote à la brutalisation du débat public qui a lieu actuellement.
01:39 - La brutalisation du débat public, il vise bien sûr les Insoumis à gauche.
01:43 La nuppes a donc explosé en vol et on n'en revoit pas pour l'instant de nouvelles unions.
01:48 Alors les européennes vont-elles redessiner la gauche ?
01:50 Si oui, comment ? Quel impact sur la suite la gauche peut-elle encore espérer une victoire en 2027 ?
01:56 - Nathalie Moret du groupe Ebra, selon vous qu'est-ce qu'il reste de la gauche de Mitterrand ?
02:03 - Il reste effectivement un certain nombre de mesures qui ont perduré dans le temps.
02:08 Je veux dire, 1980 marque une rupture dans la politique en France.
02:13 Il y a eu les retraites, il y a eu tous les acquis sociaux, tout ça, ça reste.
02:17 Mais le problème c'est que ça fait 43 ans, donc c'est intégré dans l'imaginaire collectif.
02:22 - Ça fait partie du package quoi.
02:24 - C'est ça, et du coup si vous voulez quand vous demandez aujourd'hui à des gens qui sont sur les listes de gauche,
02:30 Raphaël Luxmann par exemple, Manon Oubry ou même Marie Toussaint,
02:36 ils ne se réclament absolument pas de François Mitterrand.
02:39 C'est-à-dire qu'ils ne disent pas "les grandes avancées viennent de..."
02:42 C'est quelque chose, comment dire, c'est un package et c'est un dû.
02:44 J'en veux pour preuve, sur le message que vous avez passé là à l'instant,
02:48 Raphaël Luxmann il cite Badinter, il cite Delors, mais il ne cite pas François Mitterrand.
02:54 Et comme vous l'avez dit Benjamin, aujourd'hui on est le 10 mai, mais ça passe crème, ça passe à l'heure.
02:59 Donc effectivement c'est un espèce de non-dit, c'est quelque chose qui est intériorisé et qui n'est plus valorisé, c'est un constat.
03:07 - Léland et Lémanin, quelle est votre lecture finalement ? C'est de la gratitude ?
03:13 - Oui et non, c'est le dernier héritage commun de toute cette gauche qui se divise.
03:17 Jean-Luc Mélenchon a été un Mitterrandien quand il était au Parti Socialiste dans les années 80.
03:24 Et l'autre héritage c'est Jospin, dont on ne parle plus aussi.
03:28 C'est la dernière fois que la gauche unit, où il y avait les communistes gouvernés ensemble.
03:32 Jean-Luc Mélenchon a aussi été ministre pendant 2 ans, de 2000 à 2002,
03:36 du gouvernement, je le cite, le plus à gauche du monde à l'époque, avec Laurent Fabius et avec Dominique Strauss-Kahn.
03:42 Ils étaient partis du même gouvernement.
03:45 Donc il y a cet héritage qu'il faut mettre de côté, parce qu'aujourd'hui il y a une compétition à gauche qui s'organise
03:53 pour un peu redistribuer les cartes depuis la présidentielle de 2022.
03:59 - Lilian Allemagnat, Nathalie Moray et Benjamin Sportouch, on se retrouve dans un instant.
04:03 Nous informer, mais pour l'heure il est 9h10, lors du Fil-info de Sophie Hachenne.
04:08 A Grenoble, un homme de 24 ans a été gravement blessé par balle hier soir dans le quartier de l'Alma.
04:13 L'un des principaux points de deal, théâtre de plusieurs fusillades ces derniers mois.
04:17 Pour l'instant, son pronostic vital est engagé.
04:20 Israël s'est qualifié hier soir en finale de l'Eurovision en Suède.
04:23 Sa participation est décriée.
04:25 Des milliers de manifestants ont protesté hier contre la présence de l'Etat hébreu au concours annuel de la musique européenne.
04:31 Un autre rassemblement est prévu demain, jour de la finale.
04:34 La candidate israélienne a reçu le soutien de Benjamin Netanyahou.
04:37 En parallèle, les pourparlers, en vue d'un cessez-le-feu, se poursuivent au Caire, en Égypte, sans les délégations du Hamas et d'Israël.
04:44 Les deux camps ont quitté la table de négociation sans parvenir à un accord.
04:48 La balle est entièrement dans le camp d'Israël, estime le mouvement islamiste palestinien.
04:53 Ochad, le chef de l'agent au pouvoir depuis trois ans, Mahamat Déby, remporte l'élection présidentielle avec plus de 60% des voix,
05:00 selon les résultats de la commission qu'il avait lui-même nommé.
05:03 Résultat contesté par l'opposition.
05:06 [Musique]
05:08 France Info
05:10 Les informés
05:13 Benjamin Sportouche
05:15 Jean-Rémi Baudot
05:17 Que reste-t-il de François Mitterrand, 43 ans après son élection du 10 mai 1981, Benjamin Sportouche ?
05:25 Le seul fait de se poser la question, est-ce que c'est pas déjà répondre au fait qu'il n'y a plus d'ADN commun à la gauche ?
05:30 Exactement, c'est vrai que la gauche a du mal à se trouver une identité commune.
05:34 Il y a tellement de divergences sur des sujets profonds, on le voit sur l'Europe par exemple actuellement dans les élections européennes,
05:39 il n'y a pas du tout de convergence idéologique entre Manon Aubry, Raphaël Glucksmann ou les écologistes.
05:45 Il y en a certainement un peu plus entre Glucksmann et les écologistes, mais c'est pas aussi clair que ce le fut.
05:49 Ah, Lillian et Magnin, pas de problème.
05:50 Non, moi je suis pas d'accord. Je suis pas d'accord parce que il y a aussi...
05:54 Notamment sur la Russie, tout simplement.
05:55 Oui, sur la Russie, mais la gauche a gouverné ensemble, on parlait de 81, les communistes étaient alignés sur Moscou
06:02 et les socialistes étaient plutôt, même, pro-américains.
06:06 Donc les divergences à l'époque, même internationales, étaient très importantes.
06:10 Mais alors rappelons comment François Mitterrand, à l'époque, parce qu'il n'est pas arrivé au pouvoir comme ça en claquant des doigts,
06:15 il a quand même réussi à l'époque à rassembler la gauche derrière lui, et c'est un travail de longue haleine qui a duré des années.
06:21 Mais pas en 81. En 81, les communistes ont aussi un candidat.
06:23 Oui, mais ce que je veux dire c'est que finalement, il a quand même réussi à rassembler la gauche.
06:29 Mais après c'est une responsabilité des ans et des ans.
06:32 Et même sur l'Europe, aujourd'hui, j'ai écouté Raphaël Glucksmann la dernière fois à l'université qu'on a organisée, Libération à la Sorbonne,
06:40 entendre un socialiste qui aujourd'hui explique que la règle des 3% du déficit est une erreur fatale,
06:47 venant de quelqu'un qui se dit pro-européen et qui revendique Jacques Delors, c'est nouveau.
06:52 Vous entendez ces discours-là de pro-non au référendum sur la constitution européenne en 2005,
07:00 et pas du tout de quelqu'un qui se dit pro-européen.
07:04 Aujourd'hui, sur les règles européennes, les écologistes, en tout cas les règles budgétaires, les écologistes, les socialistes et les insoumis disent la même chose.
07:12 On n'est pas très loin en vrai sur le fond en termes de politique économique et sociale.
07:17 Sur la géopolitique, c'est différent.
07:19 C'est vraiment très important aujourd'hui, on se retrouve dans une crise, dans une guerre entre l'Ukraine et la Russie,
07:23 qui fait que toute prise de position et capital peut être perçue comme une division.
07:29 Et c'est le cas aujourd'hui, parce que c'est ça, aujourd'hui la géopolitique a pris un pas énorme sur les autres thèmes d'actualité.
07:35 Et puis vous le disiez Jean-Rémi, c'est vrai aussi, il faut une figure tutélaire qui peut rassembler.
07:39 Ce n'est pas le cas aujourd'hui, qu'il fasse une unité.
07:41 Juste sur la campagne européenne qu'on est en train de vivre, juste sur les institutions, puisqu'on vote sur l'Europe.
07:47 Vous avez quelqu'un comme Léon Desfontaines, qui est complètement communiste, qui est complètement opposé à tout élargissement.
07:53 Et à l'inverse, Raphaël Luxmann considère que l'élargissement peut être une chance pour relancer l'Europe.
07:58 Donc on a ici deux listes de gauche, certes qui ne sont peut-être pas le même point,
08:02 mais qui sont radicalement divisées sur le principe même de l'Union Européenne.
08:05 En même temps, souvenez-vous, il y a plusieurs mois, certains ont dit "il faudrait une liste commune".
08:09 Finalement, évidemment, ça n'était pas possible pour les divergences qu'on a mis en avant.
08:13 Mais qu'est-ce qui empêcherait, selon vous, qu'à l'issue des européennes, quels que soient les résultats,
08:19 la gauche ne se dise pas "on va quand même se rassembler en vue de 2027, en vue des prochaines législatives".
08:24 Juste Nathalie.
08:25 Moi je pense que c'est une obligation et qu'ils en sont tous conscients.
08:28 Alors après, il y a une volonté de se réunir, de proposer quelque chose de commun, en tous les cas de réfléchir.
08:35 Ça c'est, j'allais le dire, au niveau des appareils, et puis après il y a des histoires de personnes.
08:39 Donc c'est tout ce que la personne qui empêche la gauche de se reformer, c'est Jean-Luc Mélenchon.
08:46 Donc il y a deux problèmes.
08:48 Lui il n'en veut pas. Il veut faire la même stratégie que la dernière fois, c'est-à-dire,
08:52 s'il est en capacité de se présenter, se déclarer le plus tôt possible,
08:56 pour prendre tout le monde de court et être le plus rapide,
09:00 pendant que les autres vont dire "est-ce qu'on fait une primaire, est-ce qu'on ne fait pas une primaire, avec qui, comment ?"
09:04 François Ruffin va avoir une vraie difficulté dans ce moment-là stratégique.
09:10 Jean-Luc Mélenchon, il a sa colonne de fer, ses proches, son parti, son mouvement, l'argent, cette fois-ci,
09:17 parce qu'il ne l'avait pas la dernière fois, avec les législatives, c'est le parti à gauche qui a le plus de financement public,
09:22 donc il n'a pas ce problème-là, et s'il veut retourner à la présidentielle en 2027, il aura les coudes et franches.
09:28 - Donc vous êtes convaincu qu'il va y aller ? - Sauf qu'il y a des opposants internes.
09:30 - Vous êtes convaincu qu'il va y aller ? - Quasiment.
09:32 Aujourd'hui, je pense que s'il n'a pas de pépins, je pense qu'il ira.
09:37 En tout cas, il a mis les conditions qu'il faut pour y aller.
09:40 Maintenant, en politique, rien ne se passe jamais comme prévu.
09:43 - C'est vrai que tout va dépendre aussi du score de Glucksmann, c'est pas rien,
09:46 s'il fait 14 ou 15% qu'il talonne vraiment la liste de la majorité.
09:49 - Mais Jadot avait fait 13-14% l'an dernier.
09:51 - Oui, mais en tout cas, ça peut redonner une sorte de prépondérance à une forme de social-démocratie.
09:55 Je dis juste que sur le fond idéologique, c'est-à-dire que Glucksmann, il pourrait recentrer le PS.
09:59 Quel impact ça peut avoir derrière sur les autres alliés ?
10:01 Ça, ça m'interroge.
10:02 Est-ce qu'en effet, les communistes, les écologistes peuvent se retrouver dans cette centralité-là au lieu d'une radicalité ?
10:10 C'est une question.
10:12 Aujourd'hui, non, la radicalité, elle ne fait pas succès, elle ne fait pas floresse.
10:15 À gauche, pour l'ensemble de la gauche, on le voit puisqu'il s'éloigne de Mélenchon,
10:18 mais est-ce que pour autant, cette centralité de Glucksmann va être davantage prospère ?
10:24 Je m'interroge.
10:25 En même temps, je regardais, vous savez, les chiffres des européennes de 2009.
10:28 La gauche part des Unis, elle fait des scores de 16% pour les écologistes, 16% pour les socialistes,
10:34 derrière l'UMP, largement derrière Nicolas Sarkozy, et en 2012, François Hollande l'emporte.
10:39 Ce qui est vrai, c'est que là, le niveau, en tout cas si on regarde les sondages, on verra à la fin,
10:42 le bloc de gauche est très bas.
10:44 C'est-à-dire que même en 2009, donc qui précède la victoire de 2012, le bloc de gauche est quasiment à 35%.
10:53 Le bloc de gauche très bas, alors même qu'il y a eu partie de l'électorat macroniste,
10:57 en gros ceux qui venaient de la gauche, qui ont depuis, en partie, requitté Emmanuel Macron
11:02 pour revenir vers la gauche.
11:04 Donc ça veut dire que finalement, le cheptel de gauche, c'était pas si gros.
11:07 Non mais là, vous parlez de 2012, c'est vrai, vous avez tout à fait raison,
11:11 mais en 2012, il y avait quelque chose quand même, une grande différence par rapport à aujourd'hui,
11:15 c'est l'équation Rassemblement National.
11:18 Le Rassemblement National n'était pas au second tour en 2012.
11:22 Et je vous rappelle en deux mots le programme du Rassemblement National en 2002,
11:27 la hausse des salaires de 10%, la fin de l'imposition des jeunes de 30 ans,
11:31 la hausse des petites retraites, c'est quoi ça ?
11:34 A l'aveugle, c'est quasiment un programme de gauche.
11:37 Donc vous voyez qu'il y a toute une partie de l'électorat, notamment l'électorat populaire, etc.,
11:41 qui est aujourd'hui plus attiré par le programme du Rassemblement National
11:47 que vers la France Insoumise ou même les communistes.
11:50 - Très bonne transition, ma chère Nathalie,
11:52 puisque là on est en train de parler de tambouille à gauche et de tambouille un petit peu politique,
11:57 mais est-ce que la question, ce n'est pas au fond de savoir pourquoi la gauche ne parle plus
12:01 à son électorat et aux Français qui, initialement, historiquement, sociologiquement,
12:06 devraient voter à gauche ?
12:08 - Parce qu'ils ont été au pouvoir deux fois et que François Hollande,
12:11 notamment entre 2012 et 2017, a, selon eux, trahi les catégories populaires.
12:17 Avec le pacte de responsabilité, avec, disent-ils, les cadeaux qui ont été faits aux entreprises
12:23 et les baisses de cotisations pour relancer la compétitivité,
12:30 ces gens-là se sont sentis trahis par François Hollande,
12:33 comme une partie de leurs parents s'étaient sentis trahis par François Mitterrand.
12:37 Donc il y a une question de retrouver la confiance des catégories populaires.
12:43 - C'est aussi un électorat de gauche qui a changé.
12:45 C'est très intéressant de regarder les enquêtes Cevipov, par exemple, au fil du temps,
12:49 qui, tous les ans, nous donne une photographie de l'opinion.
12:52 Et la gauche, les électeurs de gauche, ils se droitisent aussi.
12:55 Pourquoi ? Ils vont aussi chez Emmanuel Macron, assez massivement, aux deux élections présidentielles.
13:00 Alors là, ils s'en éloignent parce qu'il y a eu la loi sur l'immigration et tout ça.
13:03 Mais quand même, tout de même, il y a des thématiques sécuritaires, par exemple.
13:06 Aujourd'hui, les électeurs de gauche se retrouvent davantage dans des propositions d'Emmanuel Macron
13:11 que dans celles qui sont faites par les socialistes habituels.
13:14 Vous voyez, il y a aussi une évolution de cet électeur.
13:17 - Mais la faute à qui ? La faute à la gauche ?
13:18 - Oui, parce qu'il y a aussi des gens qui changent et qui estiment, aujourd'hui, au regard de la situation,
13:24 que leurs opinions ne sont plus les mêmes et qu'ils ont une aspiration plus sécuritaire que libertaire.
13:28 - Oui, mais est-ce que la gauche a échoué ?
13:32 Ou est-ce que, comme le dit Nathalie, finalement, l'extrême droite récupère une teinte un peu sociale aussi ?
13:39 - Les deux.
13:40 Les deux. D'un côté, il y a l'usure du pouvoir qui, effectivement, est quelque chose que subit la gauche,
13:46 puisque la gauche, vous l'avez dit Lilian, a été en responsabilité.
13:50 Le Rassemblement National, jamais.
13:52 Donc, effectivement, dans une période de grande défiance des partis politiques,
13:56 le seul parti politique qui, aujourd'hui, bénéficie d'une certaine virginité,
14:01 pardon, j'ai que ce mot-là, c'est le Rassemblement National.
14:04 Donc, on ne les a pas essayés.
14:05 - Le Rassemblement National, on les a essayés dans plusieurs villes,
14:07 ils n'ont absolument pas des politiques sociales.
14:09 Pour le coup, on a fait plusieurs enquêtes, notamment dans l'Est, ou à Perpignan, ou à Fréjus,
14:15 les politiques sociales du Front National n'existent pas.
14:18 - Lilian Allemagna de Libération, Nathalie Moret du groupe Ébra, Benjamin Sportouchaud,
14:22 on se retrouve dans un instant, juste après le Fil Info, il est 9h20, et le Fil Info, c'est Sophie Echêne.
14:26 - Un policier parisien, toujours entre la vie et la mort,
14:30 il a été gravement blessé par balle avec l'un de ses collègues,
14:33 hier soir, dans un commissariat, visé par un homme qui venait d'être interpellé.
14:37 Celui-ci a réussi à s'emparer de l'arme d'un des agents.
14:40 Il a lui aussi été blessé, neutralisé par un tir de riposte.
14:44 Le ministre de la Santé, Frédéric Valtout, affirme que l'épi de choléra,
14:47 qui sévit en ce moment à Mayotte, est contenu.
14:50 Elle a causé un premier décès cette semaine, une enfant de 3 ans.
14:53 La réponse du gouvernement n'est pas suffisante, selon Médecins du Monde.
14:56 L'ONG pointe notamment le manque d'accès à l'eau potable.
14:59 L'économie britannique reprend des couleurs.
15:01 Le Royaume-Uni est sorti de la récession au premier trimestre.
15:04 Son PIB, son produit intérieur brut, a progressé de 0,6% lors des 3 premiers mois de l'année.
15:09 C'est plus que ce que prévoyaient les économistes.
15:12 Après une première journée à Marseille,
15:14 la flamme olympique poursuit son parcours aujourd'hui dans le Var, partie de Saint-Raphaël.
15:18 Il y a un peu plus d'une heure, elle arrivera à Toulon en début de soirée.
15:21 - Mon début de soirée.
15:22 - France Info
15:26 - Les informés
15:29 Benjamin Sportouche
15:31 Jean-Rémi Baudot
15:33 - En retour sur le plateau des informés avec Benjamin Sportouche, Lilian Alemania de Libération
15:38 et Nathalie Moret du groupe Ebra.
15:40 On va parler de l'Eurovision parce qu'on ne l'avait pas trop vu venir.
15:43 Quoique, mais l'Eurovision est devenue un sujet extrêmement politique.
15:47 - Exactement, le concours européen de la chanson qui aura lieu donc samedi en Suède.
15:50 Il est en train de prendre un tour politique, vous le disiez, sur fond de guerre persistante à Gaza
15:54 en cause de la participation d'Israël.
15:56 La chef de file des députés de la France Insoumise, Mathilde Panot, a appelé hier à exclure,
16:00 je cite la chanteuse israélienne Eden Golan, qui s'est qualifiée hier soir.
16:05 "Des voix du monde entier", dit-elle, "s'élèvent pour exiger le cessez-le-feu".
16:09 Pourtant l'Eurovision reste silencieuse.
16:11 A Malmeux aussi, où a lieu le concours, des manifestations importantes ont eu lieu
16:15 pour protester contre la participation de l'État hébreu,
16:18 de l'antisémitisme pur et simple pour le Premier ministre Benjamin Netanyahou,
16:22 qui a adressé un message de soutien à la chanteuse.
16:44 Voilà, de l'antisémitisme dit bénédicte d'État Netanyahou, ce conflit qui s'invite donc partout,
16:48 y compris, Jean-Rémi, là où on ne l'attendait pas forcément.
16:52 Cette importation du conflit, je sais que vous avez regardé hier soir à Nathalie Morin,
16:56 cette Eurovision, cette importation du conflit, en fait,
17:00 elle était, je dirais, inéluctable ?
17:04 C'est toujours un peu le cas pour l'Eurovision.
17:06 L'Eurovision est assez perméable et aux conflits, et aux tensions géopolitiques.
17:12 Il n'y a qu'à le voir dans les votes du public qui vote à la fin,
17:16 où effectivement chacun vote un peu pour ses alliés politiques et contre ses ennemis politiques.
17:21 Donc, c'était à prévoir.
17:23 Après, quand même, très honnêtement, les bras peuvent nous en tomber de voir une artiste,
17:29 on en pense qu'on en veut, cette artiste,
17:31 mais qui est obligée d'aller chanter, de faire son métier,
17:36 entourée par douze voitures, des drones, un hélicoptère.
17:40 C'est quand même quelqu'un qui chante.
17:43 Mais, effectivement, je ne suis pas étonnée,
17:45 parce qu'on est dans une période où le conflit est tellement exacerbé,
17:49 où les nuances sont impossibles à exprimer,
17:53 qu'effectivement, cette pauvre jeune femme se retrouve dans une situation d'extrême pauvreté.
17:57 Conflit exacerbé ou récupération politique, ou exploitation politique,
18:01 notamment de la part des insoumis lilliens-allemagnens ?
18:03 Oui, c'est de l'exploitation politique, mais comme ça l'est,
18:06 c'est de, j'allais dire, je vais utiliser une expression qui n'est pas politiquement correcte,
18:11 mais c'est de bonne guerre pour les insoumis.
18:14 Donc, oui, et je suis persuadée que dans quelques mois,
18:18 on aura les mêmes polémiques au sujet de la délégation israélienne au J.O. de Paris,
18:22 et que les insoumis vont utiliser aussi ce mouvement-là.
18:26 Et vous justifiez cette méthode politique ?
18:28 Non, je ne justifie pas, ils l'utilisent, pour le coup,
18:30 et je trouve ça détestable, parce que ça devrait être une fête,
18:34 ça devrait être un mouvement aussi de rassemblement, de messages à passer,
18:38 et pas d'exclusion d'une candidate à l'Eurovision sur des critères artistiques.
18:44 Après, ce qui est vrai, c'est que l'Eurovision est politique.
18:47 Il y a quelques années, je ne sais plus si c'est l'année dernière,
18:49 je ne suis pas un spécialiste de la question, ou il y a deux ans,
18:51 c'est les artistes ukrainiens qui l'ont emportée,
18:54 on savait avant même qu'ils chantent qu'ils allaient le gagner,
18:56 parce que ça donnait un message, ça portait un message,
18:59 et la Russie, à l'époque, avait été exclue de la compétition.
19:03 - Politiquement, c'est vrai que de la part des Insoumis, jusqu'au boutisme,
19:07 c'est leur axe de campagne principale pour les Européennes,
19:10 et bien ils se servent aussi du concours de l'Eurovision,
19:13 et c'est vrai d'ailleurs que c'est Mathilde Panot qui s'en en parle,
19:16 et pas Manon Aubry, on en revient aux Européennes aussi.
19:18 - On n'est pas très visibles. - Oui, mais c'est parce que...
19:20 - Elle n'est pas d'accord, surtout. - Exactement, c'est-à-dire que je pense aussi...
19:23 - Elle ne peut pas le dire, mais... - Voilà, elle préférait, la candidate,
19:26 il faut le rappeler, qui est en tête, qui mène la campagne européenne pour les Insoumis,
19:30 d'être sur d'autres sujets plus sociétaux et économiques, socio-économiques.
19:34 - Elle a prévu une séquence économique et sociale à partir de lundi,
19:37 puisqu'elle est en meeting avec François Ruffin.
19:39 - Voilà, et c'est vrai qu'on peut regretter quand même,
19:41 on se dit toujours qu'il peut y avoir des moments de trêve,
19:43 et là c'est vrai qu'on se dit que dans ce genre d'événement,
19:45 il peut y avoir une trêve musicale, mais vous avez raison Lillian,
19:47 je pense que pour les Jeux Olympiques, on risque d'avoir les mêmes polémiques,
19:50 tout dépendra aussi de comment évoluera le conflit,
19:53 c'est vrai que là, il y a des pourparlers actuellement,
19:55 ils ont toujours lieu, même si le Hamas et Israël se sont retirés du Caire,
19:59 mais ça continue de discuter, il faudra voir quelle tournure ça prend,
20:02 et bien évidemment que ça va continuer à venir s'inviter dans le débat politique en France,
20:07 et on le voit aussi en Europe, il faut dire aussi,
20:09 et là je lisais ce matin, qu'à Malmö en Suède,
20:12 des Juifs ont décidé quand même de tout de même de quitter la ville aujourd'hui,
20:15 de peur, de peur d'avoir des actes en Suède.
20:17 - Ça veut dire que c'est pas juste une polémique marginale politique,
20:19 ça veut dire que c'est pas juste, ça a des influences,
20:22 comme vous le disiez, elle est obligée, cette petite Israélienne, d'être sous protection,
20:26 ça a des conséquences quand même très concrètes.
20:28 - Oui, oui, ça a des conséquences très concrètes, et c'est grave, pour le coup, que ce soit...
20:33 - Mais c'est pour ça, je mets en balance cette bonne guerre,
20:36 et à la fois les conséquences de ce que ça a.
20:38 - C'est une bonne guerre politique pour les insoumis,
20:41 eux sont en campagne électorale,
20:43 et une partie des insoumis et les protes, Jean-Luc Mélenchon,
20:46 ont décidé de faire du conflit israélo-palestinien,
20:49 un axe de campagne pour des raisons électorales.
20:52 À partir de ce moment-là, ils exploitent toute situation,
20:56 pour qu'on reparle matin, midi et soir de ce sujet à Gaza,
21:01 et montrer à une partie de l'électorat qui, traditionnellement, ne vote pas aux européennes,
21:05 que c'est eux qui défendent les Palestiniens,
21:08 et que si ces gens-là ne vont pas voter aux européennes,
21:11 ils se souviendront au moment, et si les candidats que Jean-Luc Mélenchon se présente en 2027,
21:16 qu'il a été le seul à ce moment-là, à parler des Palestiniens.
21:21 - On en revient à la gauche, bouclé bouclé, mais c'est vrai,
21:24 c'est-à-dire que là, est-ce que la gauche va pouvoir se reconstituer et se refaire,
21:27 quand il y aura eu tant aussi de désaccords, notamment sur le conflit israélien ?
21:31 Les plaies restent profondes, on va voir s'ils arrivent à les dépasser.
21:34 - Et rappelons qu'il y a 50 ans, c'était Abba qui gagnait l'Eurovision,
21:36 et je ne sais pas si on était sur les mêmes thématiques.
21:38 Merci beaucoup Lilian Alemannia, rédacteur en chef adjoint à Libération,
21:43 Nathalie Morais, journaliste politique à Paris pour le groupe Ebras et le Progrès,
21:47 L'Est Républicain, ou encore les dernières nouvelles d'Alsace.
21:50 Merci beaucoup d'avoir été nos informés du jour, merci.
21:52 Benjamin me fera compagnie en partenariat cette semaine.
21:55 À très bientôt, les informés reviennent ce soir à 20h.
21:57 [Musique]