"C’est pas obligatoire qu’on arrive au bout, mais au moins on a fait les trois quarts du sentier avec une vue de ouf."
Traverser la Nouvelle-Zélande en tandem, visiter le Machu Picchu, faire le marathon des Sables au Maroc… Et tout ça en fauteuil roulant !
Après à l’attentat du Bataclan, Pierre est devenu paraplégique. Mais sa passion pour le voyage, qu’il partage avec sa femme Myriam, n’a jamais disparu. Depuis 5 ans, ils parcourent le monde, non sans difficultés. Ils racontent.
Traverser la Nouvelle-Zélande en tandem, visiter le Machu Picchu, faire le marathon des Sables au Maroc… Et tout ça en fauteuil roulant !
Après à l’attentat du Bataclan, Pierre est devenu paraplégique. Mais sa passion pour le voyage, qu’il partage avec sa femme Myriam, n’a jamais disparu. Depuis 5 ans, ils parcourent le monde, non sans difficultés. Ils racontent.
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00:00Nous, on a toujours été passionnés de voyage et notamment nature, grands espaces, etc.
00:04Et quand Pierre est passé en fauteuil, on a eu l'impression que tout ça,
00:07ça nous était un peu interdit, que ce n'était plus possible
00:09parce que ce n'est pas balisé, accessible, etc.
00:11Et en fait, on a recommencé à voyager et on s'est rendu compte que c'était possible.
00:15Et on a commencé par partir en tour du monde qui devait durer 14 mois.
00:19Ça n'a duré que 7 parce que la Covid oblige.
00:22Mais du coup, on a quand même passé trois mois et demi en Amérique du Sud
00:24et trois mois et demi en Océanie.
00:25Moi, c'est Myriam.
00:26Moi, c'est Pierre et ça fait cinq ans qu'on voyage à plein temps.
00:29Et on a fait 25 pays.
00:31Ça fait neuf ans que je suis en fauteuil.
00:33Je suis paraplégique.
00:34C'est suite aux attentats du Bataclan.
00:36J'ai reçu une balle dans la moelle épinière et depuis ce moment-là,
00:38du coup, je ne peux plus marcher.
00:39Ou quand on est parti en voyage du Nord sur les US,
00:42on a découvert que le voyage était finalement accessible à tous.
00:44Et du coup, on a fait le Machu Picchu avec énormément de marches.
00:48Donc, il fallait trouver des solutions pour les contourner.
00:49On a traversé la Nouvelle-Zélande en tandem.
00:51Donc, on a fait 700 kilomètres à travers le pays avec 5 000 mètres de dénivelé positif.
00:55On se dit un peu explorateur parce qu'en fait, quand on est à notre niveau,
00:58on va sur des sentiers qui sont balisés pour des valides,
01:01mais pas pour des personnes en fauteuil.
01:02Et du coup, c'est la première fois potentiellement sur chaque sentier
01:05qu'une personne en fauteuil se pointe.
01:06Et donc, nous, on est là un peu pour dire voilà jusqu'où tu peux aller.
01:09Ce n'est pas obligatoire qu'on arrive au bout,
01:12mais au moins, on a fait peut-être les trois quarts du sentier
01:14avec une vue de ouf, on partage les bons spots.
01:17Notre première priorité, c'est déjà de trouver un logement.
01:19Le problème, c'est que si tu n'as pas de logement quand tu es en D,
01:22il y a suffisamment peu d'offres pour que tu passes un peu tes journées
01:24à chercher le bon endroit où tu vas pouvoir atterrir le soir.
01:27Et quand on est parti en Amérique du Sud, par exemple,
01:29on est parti trois mois et demi.
01:30Pierre, il a passé trois mois à réserver tous les logements
01:33en écrivant à chaque fois aux hôtels, sur WhatsApp,
01:36en essayant de demander des photos, des vidéos, etc.
01:39Parce que les normes ne sont pas pareilles partout dans le monde.
01:42C'est très difficile à trouver dans certains pays,
01:44parce que par exemple, quand tu arrives au Pérou,
01:47la norme d'accessibilité, c'est la porte d'entrée doit faire 90 cm de large.
01:52Ça s'arrête là.
01:53Donc après, la pièce peut faire un mètre carré,
01:55mais la porte fait la bonne taille.
01:58Let's go !
02:01Sur le côté aventure, c'est forcément un peu plus compliqué
02:03parce qu'en fait, il n'y a zéro info sur ce que tu vas trouver.
02:06C'est-à-dire que quand tu décides de partir faire une rando,
02:09il y a très peu d'endroits où on va te dire la rando est accessible,
02:13il n'y a pas beaucoup de pentes, il n'y a pas de cailloux, etc.
02:16Ça, ça n'arrive quasiment pas.
02:18On ne part jamais du principe qu'il y a quelque chose qui n'est pas possible.
02:20Par contre, c'est qu'est-ce qu'on met en place pour que ça le devienne ?
02:23Et c'est comme ça qu'on s'est retrouvés à faire l'ascension du Kilimanjaro,
02:26la traversée de la Nouvelle-Zélande.
02:33On a pas mal de matos, mais finalement, on utilise toujours le même.
02:37Pour les terrains un peu accidentés,
02:39Pierre, il a des roues cross qui sont plus larges et un petit peu plus résistantes,
02:42on va dire que résistantes que les roues de ville.
02:44Ça, c'est la petite roue avant que je mets à l'avant du fauteuil.
02:51En fait, je la clipse.
02:53Ça soulève celle-ci, donc celle-ci ne touche plus le sol
02:55parce que comme elles sont en gomme, ça peut être compliqué avec les cailloux, etc.
02:59Quand tu as un pneu à l'avant, tu deviens un peu un tricycle
03:02qui roule beaucoup plus facilement dans les rues ou sur les sentiers, quel qu'il soit.
03:06Et après, le dernier truc dont on se passe plus clairement aujourd'hui
03:09dès qu'on fait des destinations un peu engagées avec de la rando,
03:12c'est ce harnais-là.
03:14En fait, c'est un harnais qui est un harnais d'expédition polaire à la base.
03:17Donc l'objectif, c'est de pouvoir tirer des pulkas,
03:19donc les luges avec toute la bouffe et tout le matos
03:22pour les gens qui partent faire des expés dans le grand froid.
03:25Et donc du coup, en gros, moi, j'enfile le harnais.
03:28Et Pierre devient ma pulka.
03:30Et ensuite, derrière, on a juste un petit mousqueton
03:32qu'on va accrocher à cet endroit-là.
03:34Et ensuite, je vais pouvoir accrocher du coup à cet endroit-là, en gros.
03:39Et ça permet derrière d'avoir un effort qui est vraiment commun.
03:42Nous, l'objectif, ce n'est pas que moi, j'accompagne Pierre faire des trucs.
03:45C'est plutôt de dire, Pierre, il fait son effort.
03:47Et moi, ensuite, je peux accompagner cet effort
03:49en l'aidant à tirer dans les moments où c'est vraiment trop compliqué.
03:52En fait, on devient une équipe, on devient un seul organisme
03:54et ça permet de vraiment avancer comme ça.
03:56Souvent, les gens partent du principe que si tu veux un hôtel accessible,
03:58il faut que tu tapes dans du luxe ou du 5 étoiles ou du 4 étoiles.
04:02Ce n'est pas toujours vrai.
04:02Il y a quand même de plus en plus d'hôtels,
04:05entrées de gamme, au milieu de gamme ou d'hébergement autre,
04:07auberge de jeunesse, parfois même de la location entre particuliers, etc.,
04:12qui sont accessibles.
04:13L'équipement peut coûter très cher.
04:15Donc, si on veut partir faire du fauteuil tout terrain, par exemple,
04:18déjà, c'est beaucoup moins facile à trouver.
04:19Et puis, ça peut coûter un petit peu plus cher de réussir à le louer, etc.,
04:23parce que, justement, il y en a moins.
04:24En revanche, il y a aussi beaucoup de choses qui sont gratuites
04:26ou à tarifs réduits quand on est en fauteuil.
04:29Par exemple, le train en France, l'accompagnant paye très peu.
04:33Il y a énormément de musées, par exemple,
04:34qui sont gratuits pour la personne en fauteuil et son accompagnant.
04:37Il y a plein d'activités qui sont faisables à des coûts
04:40qui sont parfois moins importants parce qu'il y a des tarifs réduits, etc.
04:43Dire qu'on peut tout faire, ce n'est pas forcément vrai
04:46parce qu'il y a des gens qui ont des contraintes super différentes.
04:48En revanche, je pense que quand on a un objectif qui nous tient suffisamment à cœur,
04:53on peut toujours réfléchir à des solutions créatives
04:55qui nous permettent d'essayer de l'atteindre.
04:57Nous, effectivement, il y a plein de fois, on fait demi-tour.
05:00On n'arrive pas forcément à notre objectif.
05:01En attendant, on a essayé et c'est ça qui nous rend super heureux.