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Des manifestations, des conférences, des déclarations chocs, des commémorations... L'attaque du 7 octobre 2023 semble avoir divisé la ville de Nice depuis plus d'un an. Pourquoi de telles tensions ? Est-il possible de pouvoir parler de paix aujourd'hui ?

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Transcription
00:00Plus d'un an après, le massacre du 7 octobre par le Hamas
00:03et la réplique meurtrière sur Gaza et désormais le Liban par Tsaïl
00:06semblent avoir scindé le monde en deux, et ce jusqu'à notre région.
00:10On ne veut que marcher et manifester pour la paix, pour la Palestine.
00:14Nous sommes dans une guerre d'images.
00:15Comment arriver à parler de paix dans un climat aussi tendu ?
00:18Est-ce encore possible aujourd'hui ?
00:20L'image où on voit des mamans qui pleurent avec un bébé en plastique.
00:24Poupées en plastique.
00:25Aïe, aïe, aïe, aïe, aïe, aïe.
00:2840 000 morts, des 7 000 enfants, des 7 000 jouets en plastique.
00:32Comment cette session s'est illustrée à Nice et ses alentours ?
00:35C'est ce que nous allons voir ici.
00:36Avant même la réponse israélienne,
00:38dès le lendemain du 7 octobre, il y a eu une explosion des actes anti-juifs en France.
00:42Les juifs représentent 0,6% de la population française
00:46et totalisent 57% des agressions racistes.
00:49Ça veut dire de manière assez simple, il n'y a globalement pas un juif
00:51qui n'a pas subi ou dont les proches n'ont pas subi une agression anti-juive cette année
00:55et se pose la question d'un avenir apaisé pour les citoyens français de confession juive.
00:59Dès le 7 octobre 2023, la mairie de Nice a manifesté son soutien
01:03vers les victimes, les otages et Israël.
01:05Outre l'affichage des otages dans toute la ville au cours de l'année écoulée,
01:08il y a eu des rassemblements contre l'insémitisme,
01:10des hommages aux victimes et aux otages, des conférences,
01:13une soirée avec des proches d'otages
01:15ou encore le vissage des drapeaux israéliens sur la mairie.
01:18Je suis fier que Nice soit la seule ville de France
01:22à témoigner comme cela de son soutien.
01:24Une décision qui fait encore polémique.
01:27Je me souviens des critiques, même pas très loin de moi,
01:32que j'ai reçues quand j'ai accroché cette merveilleuse étoile de David.
01:40Le 31 mai 2024, le tribunal administratif a rejeté un recours
01:43déposé par des résidents niçois demandant le retrait des drapeaux.
01:46Ce qui a motivé cette décision d'après le tribunal,
01:48c'est le caractère non urgent de la demande.
01:51J'ai eu l'occasion d'ailleurs de saisir le préfet de cette question.
01:57Il avait une possibilité d'intervenir
02:00puisqu'il n'y a pas de décision du conseil municipal
02:04sur l'affichage de ces drapeaux.
02:06Donc on est dans la possibilité d'une critique d'une décision
02:11qui a été prise sans vote et qui plus est,
02:14met au pavoie de la mairie un affichage
02:18qui ne peut l'être sur un bâtiment public.
02:23Pour autant, cette décision continue de provoquer des tensions,
02:26notamment pour des personnes comme Nadine, niçois et palestinien.
02:29J'ai 76 ans, ce qui signifie que j'avais trois mois
02:33quand il y a eu la Nakba en Palestine.
02:35Je dis toujours aux gens qu'on m'a obligé de quitter,
02:38j'ai essayé de résister, je n'ai pas pu.
02:40J'ai eu de la chance dans la vie, mon père a pu trouver du travail au Liban,
02:44j'ai terminé mes études au Liban et aux États-Unis.
02:46J'ai été dans les camps pendant le début de ma jeunesse,
02:49quand on était étudiants, j'ai aidé les familles sinistrées.
02:54C'est un camp qui s'appelle Sabra.
02:55Ça fait partie d'un camp de réfugiés de 48, Sabra et Chatila,
03:01qui a subi une grosse attaque meurtrière
03:04de la part des phalanges chrétiens libanais.
03:06Je reste palestinien dans le cœur, je suis français,
03:10binational si vous voulez utiliser le mot qui est à la mode maintenant.
03:14J'aime autant Baudelaire, que Verlaine, que Sartre,
03:18que les grands poètes arabes comme Al-Boutalabi, Al-Jahez, Al-Akhtar.
03:23On dénie aux Palestiniens l'attachement à leur terre.
03:26Et de là où le maire antagonise une bonne moitié de son peuple,
03:32en mettant le drapeau israélien, je ne vois pas pourquoi.
03:34Alors Nice est-elle particulière sur ce terrain géopolitique
03:37par rapport au reste de la France ?
03:39Je crois qu'il y a un sentiment particulier à Nice
03:41par rapport au Proche-Orient et par rapport à la communauté juive.
03:44Mais également par rapport à tout le Proche-Orient.
03:46Moi j'ai grandi dans une ville de Nice où mes amis étaient libanais, iraniens,
03:50il y a beaucoup d'israéliens aussi.
03:51Donc on a un Proche-Orient le plus petit
03:54parmi tous les exilés qui ont grandi à Nice.
03:56En France j'ai arrêté de discuter politique
03:59parce que je remarquais qu'il y a une animosité au moins classée d'antisémites
04:03parce que je leur ai dit que je crois qu'Israël doit s'asseoir
04:07avec les Palestiniens et Hamas et faire de la paix avec eux.
04:11Parce qu'ils n'ont pas d'autres alternatives.
04:12Ils sont obligés de créer un pays de 8 à 12 millions d'habitants,
04:16multi-confessionnels, sans religion,
04:19un pays qui a une base de religion.
04:21Moi je m'imagine la France en train de faire les guerres
04:24contre les protestants du 15e siècle.
04:26Nous vivons une situation qui est plus complexe d'abord
04:29parce qu'il y a une communauté importante qui est ici
04:35et on a aussi une défense inconditionnelle de la mairie de Nice
04:41en la personne de son maire M. Estrosi.
04:44Le combat que mène aujourd'hui Israël, c'est notre combat.
04:48Ce sont deux visions du monde qui s'affrontent.
04:51Il faut le dire, c'est un conflit de civilisation qui se joue aujourd'hui.
04:55Ne pas appeler ça de guerre de civilisation, jamais de la vie.
04:59Les Palestiniens sont éduqués, scientifiques.
05:02Va visiter la Cisjordanie et Gaza aussi,
05:04dans ce sens Gaza est une très belle ville, détruite.
05:07Ces positions pro-israéliennes au niveau politique et institutionnel sur le territoire
05:11vont de pair avec une certaine répression des mobilisations dites pro-palestiniennes.
05:15Depuis le 28 octobre, des manifestations sont organisées tous les samedis.
05:19Pendant plus de deux mois, la préfecture des Alpes-Maritimes a tenté de les faire interdire.
05:23Nous avons été, je crois, la ville dans laquelle il y a eu
05:27le plus d'interdictions de manifester en France.
05:31Il y a eu 11 décisions administratives entre le 28 octobre et le 30 décembre 2023.
05:36Et à chaque fois, il nous était reproché que sous couvert de défense de la paix,
05:43nous étions en réalité des porteurs de haine à l'encontre de la communauté juive.
05:50Or, nous avons démontré que notre propos est celui de porter une parole de paix
05:55et une parole de justice.
05:57Pourtant, comme le rappelle l'avocate,
05:59cela fait des années qu'une fois par mois place Garibaldi
06:01deux activistes cherchaient à mettre en avant les injustices
06:03subies par la population palestinienne.
06:05Depuis le 7 octobre 2023, le collectif 06 pour une paix juste et durable
06:09entre Israéliens et Palestiniens s'est constitué.
06:12Il regroupe plusieurs associations, partis et syndicats.
06:15Il y a dans ce cadre les manifestations toutes les semaines,
06:17mais aussi eu le passage du drapeau palestinien
06:20ou encore un festival de cinéma cet été, des actions BDS, etc.
06:23Nous crions haut et fort stop au génocide,
06:27mais on parle aussi d'urbanicide, on parle aussi d'écocide.
06:32Nous sommes extrêmement vigilants sur les mots d'ordre
06:36qui sont portés par le collectif et surtout le fait
06:39qu'il n'y ait aucune espèce de confusion entre ce que nous disons
06:44de ce que fait l'État d'Israël et que nous critiquons
06:48et ce que l'on voudrait faire passer pour de l'antisémitisme.
06:53En dehors du collectif, il y a eu bien sûr les actions dans les lycées
06:56ou encore à Sciences Po-Monton qui ont eu de la visibilité,
06:59bien que certaines aient provoqué leur lot de polémiques.
07:01Ce qui pose aussi la question d'un dialogue apaisé.
07:04Est-ce encore possible aujourd'hui dans ce contexte local ?
07:07Il me semble que s'il y a un point commun entre les Israéliens et les Palestiniens,
07:10c'est qu'ils sont pris dans une guerre de survie.
07:14L'identité palestinienne est évidemment menacée,
07:16on le voit quand on voit la tragédie de Gaza,
07:19et Israël fait juste face à cet ennemi le plus puissant étant l'Iran.
07:23Donc ce sont des identités modernes,
07:26les Israéliens comme les Palestiniens,
07:28qui ignorent où ils seront dans dix ans,
07:30et cette angoisse-là détermine sans doute une incapacité à faire la paix.
07:34Il faut comprendre que la Palestine avant 1948 était un pays prospère,
07:40qui marchait bien, les gens vivaient bien,
07:43que ce soit juifs, musulmans, chrétiens,
07:47que ce soit les Bédouins.
07:48Maman disait toujours « ça me manque leur lait, leur fromage ».
07:52On ne peut pas foutre à la porte 6 millions d'Israéliens
07:55et 6 millions de Palestiniens, on ne peut pas les foutre à la porte.
07:57On ne peut pas continuellement prendre des terrains
08:02qui ne sont pas à nous, je parle des Israéliens.
08:04On ne peut pas continuellement massacrer des pauvres Israéliens
08:09qui étaient là en train de chanter et tout ça.
08:11Guterres a dit le meilleur mot « it did not happen in a vacuum ».
08:15Alors aujourd'hui, est-ce vraiment impossible de prononcer le mot de paix ?
08:19C'est révoltant comme guerre.
08:20Le premier mois de la guerre, je me suis dit « non ça va se faire,
08:23ça ne peut pas continuer, c'est inouï, c'est inhumain, ahumain »
08:26comme disait un journaliste à un moment.
08:29Ça doit s'arrêter, ça doit s'arrêter.

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