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🇬🇳 Direction Fougoumba, en Guinée, pour découvrir une case historique vieille de 532 ans. Cette bâtisse majestueuse servait autrefois de lieu de couronnement pour les Almamy, les rois de la région. Au micro de Brut, El Hadj Ali Barry nous conte l'histoire de ce joyau culturel guinéen.

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Transcription
00:00Cette case, on vous l'a dit, elle fait 532 ans, elle existe.
00:04Cette case, si vous la regardez très bien, le sol n'a jamais été changé,
00:08les murs n'ont jamais été changés, la toiture aussi n'a pas été tentée.
00:12Elle est faite à base de matériel de terre,
00:14mais tout le crépissage est fait à partir de la bousse de vache.
00:25La case qui se trouve derrière nous est la case de couronnement des almamis de Futa-Dyalo.
00:29L'almami, c'est le premier chef, comme si vous disiez un empereur.
00:35Le Futa théocratique était réparti en neuf divées.
00:39Les neuf divées, c'est neuf provinces.
00:41La première province, c'est Timbo, c'est la capitale administrative,
00:45et Fugumba est la capitale religieuse.
00:48C'est-à-dire que celui qui était choisi pour être almami était couronné à Fugumba.
00:53Le couronnement se passait dans cette case que vous voyez derrière moi.
00:57Et le couronnement, dans le détail, ça se faisait comment ?
01:00Quand l'almami qui devait être couronné était choisi, il venait d'abord à Bouria.
01:04Donc le rôle de la province de Bouria, c'était d'enregistrer la candidature du futur almami.
01:11Maintenant, pendant le couronnement, ces chefs de neuf divées envoyaient chacun un turban.
01:16Le turban la servait comme un élément d'allégeance au pouvoir central qui est l'almami.
01:23Et l'office du chef de Fugumba, c'était de faire l'investiture des almamis.
01:29Donc c'est lui qui donne le premier turban.
01:32Le premier turban qu'on met pendant le couronnement.
01:36Les huit autres, si on met les huit autres, ils restent ici pendant neuf jours.
01:42Et chaque matin, on enlève un turban.
01:45Au neuvième jour, le seul qui reste, on ne l'enlève pas, c'est le turban de Fugumba.
01:51On forme une délégation, c'est avec ce turban qu'il va à Timbo pour exercer son pouvoir.
01:57C'est les neuf chefs de divées qui étaient là.
02:00C'est eux qui représentaient les divées.
02:01Pendant trois mois, ils travaillaient sur tout le programme de l'année.
02:09C'est-à-dire, tout ce qu'on devait faire dans l'année, dans le Futat théocratique,
02:13c'était discuter, écrire, à partir de trois mois là.
02:18Pendant ces trois mois, quand ils rentrent, chacun rentre sur ce programme-là.
02:22Ils faisaient aussi l'office du Parlement et de la justice.
02:26C'est-à-dire que chaque divée désignait des vieux qui étaient là,
02:30qui faisaient l'office du Parlement parce que, non seulement tout ce qu'on s'est dit,
02:34il fallait surveiller ce qu'on a dit de faire pendant l'année.
02:38Et puis, ça permettait au Parlement de contrôler le pouvoir pour ne pas qu'il y ait excès.
02:44Moi, je suis né à Fugumba. Je suis né ici.
02:47Et mon grand-père a été le dernier chef de canton de Fugumba.
02:51L'avant-dernier aussi, c'est mon grand-père.
02:54Et les deux grands-pères forment la famille de Maudimaca.
02:58Et c'est à cette famille qu'on a confié cette case.
03:01Dieu merci avec le ministère de la Culture.
03:03La case de couronnement de Fugumba a été un des cinq sites
03:07candidats au patrimoine mondial de l'UNESCO.
03:11Le message qu'ils nous donnent à la jeunesse africaine,
03:14c'est d'essayer de revenir au village.
03:17D'essayer de côtoyer nos vieux.
03:19Parce que nous, on dit en Afrique, quand un vieil art meurt, c'est une bibliothèque qui brûle.
03:22On va perdre.
03:23Parce qu'une jeunesse qui connaît son histoire,
03:26une jeunesse qui suit sa tradition,
03:28c'est une jeunesse qui peut réussir dans la vie.

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