Les basketteuses ont-elles le droit d'avoir des enfants ? Sont-elles aussi bien rémunérées que les hommes ? À l’occasion de l’africa game organisé par Paris Basketball, notre journaliste Shawna a rencontré Diana Gandega, ancienne basketteuse internationale du Mali. Elle nous dévoile la vérité sur l'univers du basket féminin.
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00:00Il ne faut pas absolument être grande pour faire du basket, moi-même je fais 1m70 et j'ai réussi à faire carrière au plus haut niveau.
00:05Je m'appelle Diana Gandega, je suis ancienne basketteuse internationale pour le Mali et général manager au comité de basketball du Val d'Oise.
00:11Les basketteuses sont toutes des garçons manqués ?
00:14Alors non, les basketteuses ne sont pas des garçons manqués, on sait être féminine et ça a bien changé.
00:20C'est vrai que moi je suis ici du streetball, donc j'ai joué dans la rue et c'est vrai qu'à l'époque quand j'étais assez jeune,
00:25c'était beaucoup de basket, bad jogging, etc.
00:29Mais ça a bien changé et l'image féminine de la femme dans le sport se développe et ça c'est top.
00:34Les basketteuses ne datent que des basketteurs ?
00:37Ce n'est pas évident d'avoir une vie sociale quand on est juste de haut niveau.
00:41La vie tourne essentiellement autour des entraînements, des matchs, des déplacements.
00:45Donc oui, la facilité c'est d'être avec des gens qu'on côtoie au quotidien.
00:50Le microcosme fait qu'on est souvent avec des basketteurs et donc ça a été mon cas.
00:55Quand on date, on date des basketteurs.
00:57Les basketteuses ont toutes voulu faire ce sport après avoir vu Love & Basketball ?
01:01Alors Love & Basketball, c'est un classique.
01:04Personnellement, je n'ai pas commencé le basket comme ça, mais c'est vrai qu'une fois qu'on a vu le film, ça peut susciter des vocations.
01:10Il n'y a pas d'avenir pour les femmes dans le basket en Afrique ?
01:13Il y a un avenir pour les basketteuses africaines en Afrique,
01:16parce que ces jeunes-là aujourd'hui ont l'opportunité de pouvoir quitter le territoire,
01:20d'aller se former en France, en Europe, vraiment partout et surtout aux Etats-Unis.
01:24Et ça leur permet aussi derrière d'être autonomes financièrement et d'avoir des longues carrières.
01:29Le basket, c'est un sport d'hommes ?
01:30Le basket n'est pas un sport d'hommes, le basket est juste un sport qui est pratiqué par un humain,
01:35qu'il soit un homme ou une femme et on le montre aujourd'hui que sur le terrain,
01:38on sait être forte, qu'on sait avoir des résultats autant que les hommes.
01:42Pour moi, c'est la même chose, c'est compétitif l'un comme l'autre.
01:45C'est juste un basket qui est un peu différent, peut-être un peu moins rapide chez les filles,
01:49mais qui peut être tout aussi spectaculaire.
01:51Les basketteuses ne peuvent pas avoir de longue carrière ?
01:53Les basketteuses peuvent avoir des longues carrières.
01:56On le voit à haut niveau, on a eu, c'est du mercreux en France, on a eu au Mali Amchitou Maïga,
02:01des joueuses qui ont joué après leurs 35 ans.
02:03Donc oui, on peut jouer longtemps.
02:05Après, ce sont des choix de vie, c'est clair, pour être maman ou autre.
02:08Dès qu'une basketteuse tombe enceinte, sa carrière est terminée ?
02:10Dès qu'une basketteuse tombe enceinte, sa carrière n'est pas terminée.
02:13Ça dépend simplement de l'accompagnement qu'elle peut avoir dans son club.
02:16Après, c'est toujours la même chose, si on tombe sur des personnes qui sont clairement inhumaines,
02:21il y a beaucoup de contrats qui se sont terminés comme ça.
02:23Cette année, on l'a vu dans les médias, il y a une jeune fille qui a joué dans le Nord
02:27et parce qu'elle a annoncé qu'elle était enceinte, le club lui a tourné le dos.
02:31Donc ça peut terminer des carrières, mais après, c'est l'humain et la chance qu'on a
02:35d'être dans le bon club avec des personnes qui sont là pour soi et on peut continuer à jouer.
02:40Alors moi, j'ai fini mes études.
02:43Après, j'ai enchaîné avec le haut niveau et une fois que j'ai décidé d'arrêter de jouer,
02:47donc en 2015, je me suis mariée, j'ai eu un petit garçon
02:51et j'ai repris après le basket, mais au niveau amateur.
02:54Donc tout était bien compartimenté.
02:55Les basketteuses sont mal payées.
02:57Ça va dépendre du niveau de jeu.
02:59Quand on est en ligue féminine, on peut avoir des salaires qui nous permettent de vivre que du basket,
03:03mais c'est vrai que lorsqu'on descend en 3e voire 4e division,
03:06on est obligé de travailler, ce qui n'est pas le cas chez les garçons.
03:08Alors oui, ça a été mon cas.
03:10Quand j'ai été joueuse de 3e division, j'étais à Charlons-sur-Saône,
03:14donc je commençais à jouer un peu à haut niveau, à ces bons niveaux,
03:17mais j'ai dû travailler à côté parce que le salaire était vraiment faible
03:20et c'est simplement quand je suis montée du niveau 3e à 2e division
03:24que j'ai pu vivre de ma passion.
03:25Les basketteuses africaines n'ont pas de visibilité internationale.
03:28Les basketteuses africaines ont de la visibilité
03:31parce qu'aujourd'hui, on compte dans le paysage mondial au niveau du basket.
03:36On le voit sur les championnats du monde,
03:37on les a vus récemment sur les Jeux olympiques avec l'Angola
03:40qui a battu des équipes européennes.
03:43Il y a beaucoup de préjugés sur ces équipes-là,
03:45mais on fait du bruit, on prend de la place, donc l'Afrique est là.
03:47Les ligues féminines n'ont pas de légende.
03:49On a cité Amchitou Maïga, on peut citer Syka Koné
03:52qui est actuellement une jeuse malienne qui prend de la place
03:55et qui va devenir une légende, ça j'en suis sûre.
03:57Mais il y a encore beaucoup de noms de joueuses.
03:59Donc si, si, on est là, on est présentes, on a des légendes.