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00:00Il est 7h45. Jusqu'où peut-on aller dans les coupes budgétaires notamment pour réduire les dépenses de l'école et de l'université ?
00:06Appelez-nous 0476 46 45 45, l'université de Grenoble est en danger.
00:11C'est en tout cas ce que dit le président de l'université qui lance l'alerte.
00:15Bonjour Yacine Lachneche.
00:16Bonjour.
00:17Merci d'être en studio avec nous ce matin alors qu'avec plusieurs de vos collègues vous appelez à une journée de mobilisation
00:23aujourd'hui, mardi, contre les choix budgétaires du gouvernement et ses conséquences sur les facultés.
00:29Vous écrivez même dans votre communiqué, je vous cite, les universités ne pourront plus absorber les coûts
00:34et seront pour certaines en incapacité de payer les salaires de leur personnel.
00:39Est-ce qu'on en est là, monsieur Lachneche ? Vous n'allez plus pouvoir payer les personnels de l'université ?
00:44Non, ce n'est pas le cas pour l'université Grenoble Alpes parce que c'est une université qui est,
00:48bon, je dirais bien gérée jusque-là mais avec des difficultés financières quand même.
00:53Donc nous, on ne sera pas en difficulté de payer les salaires, en tout cas pas en 2025.
00:56Mais par contre, si la situation perdure d'ici deux ans, trois ans, ça peut être très grave.
01:02C'est le cas d'autres universités qui ont déjà dit qu'elles ne pourront pas payer des salaires et des factures au dernier trimestre 2025.
01:09L'année 2025 justement pour l'université de Grenoble, elle va se terminer en déficit ou pas ?
01:14Alors, on se projette sur un déficit qui correspond exactement à la part de mesure Guérini.
01:19Donc l'augmentation des salaires des fonctionnaires non compensés, nous sommes pour l'augmentation.
01:24Par contre, nous sommes pour que l'État prenne la responsabilité de ses décisions.
01:29Et puis l'autre part qui correspond exactement aux 4% de la casse, enfin voilà,
01:34c'est-à-dire que l'augmentation en lien avec la retraite qu'encore une fois l'État ne compte pas compenser pour les universités.
01:40Donc c'est exactement ce montant-là qui est le déficit qui correspond au déficit de l'université.
01:45On parle de combien ?
01:466 millions.
01:476 millions d'euros de déficit, d'accord.
01:49Comment on l'explique ? Vous avez commencé à en parler.
01:52Il y a des mesures budgétaires qui ont été décidées par le gouvernement pour augmenter les salaires des fonctionnaires
01:56ou en tout cas les retraites participées aux retraits des fonctionnaires.
02:00C'est principalement ça la raison du déficit ?
02:03Ça c'est l'explication ponctuelle de ce qui se passe actuellement.
02:06Mais ça aggrave une situation qui a déjà commencé depuis un moment.
02:11Donc les universités françaises se sont transformées, ont fait beaucoup d'efforts et c'était nécessaire.
02:16Donc aujourd'hui on est beaucoup plus visible à l'international, beaucoup plus rayonnant, on est attractif.
02:21Le nombre d'étudiants a augmenté et heureusement parce que justement les deux piliers d'une société saine
02:27c'est l'éducation et la santé. Donc l'université prend sa part dans la part de l'éducation.
02:32Donc c'est très important.
02:33Donc sans augmentation des dotations des universités, ça a duré depuis des années.
02:39Donc le glissement, le glissement technicité, on ne va pas être très technique, en tout cas l'augmentation du coût salarial
02:45n'est pas compensée par l'État.
02:47Il y a des mesures récentes, les mesures que je disais tout à l'heure Guérini,
02:50maintenant la CASE, d'autres mesures qui ne sont pas compensées.
02:53C'est compensé pour d'autres opérateurs de l'État, pour d'autres ministères,
02:56ça ne l'est pas pour l'enseignement supérieur à la recherche et notamment les universités.
03:00Et il n'y a pas de raison que le soit.
03:01Donc il y a un discours qui est porté par le gouvernement, en tout cas par certains concernant le fonds de roulement
03:08et la trésorerie, mais ça je peux l'expliquer.
03:11En disant que vous avez des réserves.
03:12Absolument, mais ce n'est pas le cas.
03:14La mobilisation, ça va aller jusqu'où ? À Lille par exemple aujourd'hui, l'université de Lille,
03:19il n'y a pas de cours, il y a des bâtiments fermés, ça va aller jusque-là à Grenoble ou pas ?
03:22Non, on ne compte pas aller jusque-là.
03:24Donc il y a une journée de mobilisation appelée par les ordonnances syndicales le 5 décembre.
03:29Côté gouvernance d'université, on ne va pas jusque-là,
03:31parce qu'il y a aussi une question de l'image de l'université au prix de la population.
03:35Et puis on s'occupe des jeunes aussi et on ne va pas fermer l'université pendant un jour comme ça.
03:40Jusqu'où faut-il aller pour préserver le budget de l'État ?
03:43Peut-on couper dans les dépenses de l'école et de l'université ? On vous pose la question.
03:47Exactement, et on la pose à Alexandre qui nous appelle de Saint-Martin-de-Vinou. Bonjour Alexandre.
03:51Oui, bonjour à toute l'équipe et bonjour à votre invité.
03:54Il a pratiquement très bien parlé.
03:56Là où il faut couper, un petit peu réduire et même très réduire,
04:03c'est les dépenses justement des ministres, des députés qui sont tout payés pratiquement.
04:08Ils ont des salaires, là ils ne touchent pas.
04:11Donc c'est là qu'il faut faire des économies et le travail du Président de la République.
04:16Ça vous révolte plutôt qu'on coupe dans les dépenses de l'éducation et qu'on ne touche pas à autre chose ?
04:20Ah oui, il ne faut pas y toucher, c'est zéro, il ne faut rien toucher.
04:23Il y a beaucoup plus d'étudiants à l'heure actuelle,
04:27donc si on commence à réduire les dépenses, ça veut dire que ce n'est pas là qu'il faut faire des économies.
04:33Et au contraire, justement, il faut prendre là où, je ne sais pas,
04:37moi les ministres ils ont un train de vie, le Président a un train de vie,
04:41quelles que soient les étiquettes, les députés pareil,
04:44il ne faut pas oublier que les députés ont été augmentés de 300,
04:47l'année dernière de 300 et quelque chose d'euros,
04:49395, ça a été les premiers qui ont eu l'augmentation.
04:53Donc il faut, voilà.
04:55Il me semble que ça n'a été finalement pas voté au final.
05:00La fille a très bien parlé, le monsieur là, franchement, très très bien.
05:03Je veux voir cette réaction très rapide.
05:06Je dirais même que non seulement il ne faut pas réduire les budgets de l'éducation et de l'université,
05:12donc de la recherche, il faut au contraire investir,
05:14et surtout investir dans le moment difficile,
05:16parce que c'est là où il faut investir sur l'avenir.
05:19Et on a aussi des commentaires en ce sens sur notre page Facebook.
05:22Oui, c'est un peu la même ambiance sur la page Facebook de France Bleu Isère,
05:26pareil, faire des économies là où il faut faire des économies,
05:30effectivement sur le train de vie des députés, des ministres,
05:33pas sur l'éducation.
05:35En tout cas, c'est ce que nous disent un peu tout le monde.
05:37Sandrine, Gislaine, Nadine, Eliane,
05:40non aux restrictions pour l'école et l'université, c'est trop important.
05:44Est-ce que vous partagez tout cela, ces avis 04-76-46-45-45,
05:48cette inquiétude aussi que l'on perçoit dans les commentaires ?
05:50Appelez-nous, vous avez encore quelques minutes pour pouvoir échanger avec nous et donner votre point de vue.
05:54Et échanger avec notre invité, le président de l'université de Grenoble, Yassine Lachnech.
05:58En même temps, je vais me faire un peu l'avocat du diable.
06:00Monsieur Lachnech, la France est en déficit, tout le monde doit faire des efforts.
06:04Pourquoi pas l'université, d'autant plus que l'université,
06:07elle n'est pas forcément fréquentée par les populations les plus populaires.
06:11Il y a 12% à peu près des étudiants de licence qui sont fils d'ouvriers.
06:14Au fond, pourquoi les universités ne seraient pas également
06:18mises à contribution dans cet effort budgétaire ?
06:20Alors, les universités ne sont pas contre faire des efforts.
06:23Ce qu'on dit, c'est que nous faisons déjà des efforts depuis des années
06:27et que la situation, elle est telle que les efforts qui sont demandés ne sont pas soutenables.
06:32Donc, il faudrait être raisonnable à un moment donné, donc ça c'est un aspect.
06:35Le deuxième aspect, c'est ce que je disais tout à l'heure,
06:37je pense vraiment que le pays doit investir dans l'avenir.
06:40L'avenir, c'est la jeunesse, l'éducation de manière plus générale et c'est la recherche.
06:45Pour donner des exemples, un euro qui est de moins donné à l'UGA,
06:50c'est quatre euros de moins pour l'économie du territoire.
06:53Un emploi de moins, c'est trois emplois de moins.
06:55Parce qu'il y a un rayonnement, parce que ça fait vivre d'autres gens.
06:57Parce qu'il y a un impact sociétal et économique et il y a un rayonnement.
07:00Et quand vous dites ça aux autorités, aux ministères,
07:02vous avez été vous-même reçu au ministère de l'enseignement supérieur,
07:05vous avez quelle réponse ?
07:06Alors, il y a eu une délégation de dix présidents et présidents d'universités
07:11qui ont rencontré le ministre, donc où les sujets ont été mis sur la place.
07:14Ça a été discuté, il y a eu un échange cordial,
07:18mais finalement le ministre n'a pas entendu la position des universités.
07:24D'ailleurs, c'est pour ça que c'est inédit qu'il y a un appel des présidents et des présidentes
07:31à une mobilisation.
07:32Je trouve que c'est assez grave et assez rare
07:35que les présidents et présidents d'universités se trouvent face à face avec leur ministre
07:41qui doit protéger en tout cas l'enseignement supérieur et la recherche.
07:44Peut-être trop rare d'ailleurs, c'est ce que disent en tout cas un certain nombre d'étudiants
07:48qui estiment que vous avez peut-être tardé à alerter.
07:52C'est en tout cas l'avis de Léonce Doulat, étudiant en communication à l'UGA, président de l'UNEF.
07:57Je vous vois rire à l'instant, écoutez et puis je vous laisse répondre juste après.
08:02Ces présidents d'universités, ils se mobilisent soit aujourd'hui,
08:04mais en fait depuis des années ils mènent cette politique-là, ils la partagent et ils la portent localement.
08:08Monsieur Lachnèche, qui est en poste depuis plusieurs années,
08:10a mis en place chaque année des budgets, des trajectoires financières
08:13qui ont visé à économiser des dizaines de millions d'euros sur le dos des étudiants
08:16en supprimant des places chaque année en licence, en master, dans les IUT,
08:19en dégradant les conditions d'études, en multipliant les contrats vacataires.
08:22Et aujourd'hui en fait ils dénoncent cette politique-là,
08:25mais en fait c'est la politique qu'ils ont menée aussi avec le gouvernement.
08:27Est-ce que vous n'avez pas, monsieur Lachnèche, accepté cette situation trop longtemps au fond ?
08:32Alors déjà d'abord il faut rétablir la vérité, nous n'avons pas diminué les capacités d'accueil des étudiants,
08:38tout au contraire, et puis nous avons fait des efforts tout en préservant tous les emplois de l'université.
08:45C'était tout à fait normal qu'il fallait rétablir une trajectoire financière qui n'était pas saine.
08:52Donc c'est différent, c'est autre chose que l'austérité,
08:56ou en tout cas des coups budgétaires comme ça qui sont annoncés par le gouvernement.
08:59Je pense qu'un universitaire, en particulier un étudiant,
09:02l'honnêteté intellectuelle et la vérité doit primer surtout.
09:05Au fond le rejet du budget qui est en discussion actuellement à l'Assemblée,
09:10il va sans doute y avoir censure et chute du gouvernement, est-ce que ça fait vos affaires ?
09:15Non, on ne peut pas raisonner comme ça.
09:18Je pense que le pays soit plongé d'une incertitude et dans l'inconnu,
09:22ce n'est pas nécessairement ce qui est attendu, ce qui est voulu, ce que nous attendons.
09:26C'est un soutien inconditionnel de l'État, du gouvernement, peu importe qui y est,
09:33de l'éducation et de la recherche et des universités.
09:36Le message est passé, merci beaucoup Yacine Lacneige, présidente de l'université de Grenoble de l'UGR,
09:41d'avoir été notre invitée ce matin, belle journée.

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