Dans Destins de Femmes, Judith Beller reçoit Sophie Rosenzweig, Journaliste et fondatrice de l’association "Voix sans frontières" et à l'origine du concert commémoratif "Symphonie pour la Vie" pour les 80 ans de la libération du camp d’Auschwitz Birkenau
"Destins de Femmes" nous raconte les parcours des femmes extraordinaires qui tissent le lien de notre République. Nous explorons des thèmes universels tels que la lutte pour l’Egalité des genres, la liberté d’expression, la diversité culturelle, le droit à disposer de son corps. Emission tirée du livre de Valérie Perez-Ennouchi, "Destins de Femmes", sorti chez Ramsay, prix Edgard Faure 2021.
Une émission de Judith Beller.
Retrouvez nos podcasts et articles : https://www.sudradio.fr/ Nous suivre sur les réseaux sociaux ▪ Facebook : / https://www.facebook.com/SudRadioOfficiel . ▪ Instagram : / https://www.instagram.com/sudradioofficiel/ . ▪ Twitter : / https://twitter.com/SudRadio ▪ TikTok : https://www.tiktok.com/@sudradio?lang=fr Et pour plus de vidéo du Grand Matin Sud Radio : • 🌞 Grand Matin Sud Radio
##DESTIN_DE_FEMMES-2024-12-07##
"Destins de Femmes" nous raconte les parcours des femmes extraordinaires qui tissent le lien de notre République. Nous explorons des thèmes universels tels que la lutte pour l’Egalité des genres, la liberté d’expression, la diversité culturelle, le droit à disposer de son corps. Emission tirée du livre de Valérie Perez-Ennouchi, "Destins de Femmes", sorti chez Ramsay, prix Edgard Faure 2021.
Une émission de Judith Beller.
Retrouvez nos podcasts et articles : https://www.sudradio.fr/ Nous suivre sur les réseaux sociaux ▪ Facebook : / https://www.facebook.com/SudRadioOfficiel . ▪ Instagram : / https://www.instagram.com/sudradioofficiel/ . ▪ Twitter : / https://twitter.com/SudRadio ▪ TikTok : https://www.tiktok.com/@sudradio?lang=fr Et pour plus de vidéo du Grand Matin Sud Radio : • 🌞 Grand Matin Sud Radio
##DESTIN_DE_FEMMES-2024-12-07##
Category
🗞
NewsTranscription
00:00Simplicicar, la vente de votre auto servie sur un plateau avec plus de 90 concessions
00:06près de chez vous. Simplicicar.com vous présente Sud Radio, Destin de Femmes, Judith Beller.
00:12Bienvenue à toutes et à tous dans Destin de Femmes, l'émission tirée du livre de
00:16Valérie Pérez qui ouvre la voie vers un féminisme différent, le féminisme autrement sur Sud
00:21Radio. Le destin que vous allez découvrir aujourd'hui est celui de Sophie Rosenzweig,
00:25journaliste et fondatrice de l'association Voix Sans Frontières. A l'origine du concept
00:29Le Chant des Possibles qui organise avec Peace People Planet un concert hommage très
00:33particulier, une symphonie pour la vie qui aura lieu le 27 janvier prochain avec Patrick
00:37Bruel, Lisbeth Macomb, les voix de Strasse, Michaëlle Chaam, je vais y arriver, Seta
00:42Auschwitz ou plus précisément au ICE Congress à Krakow à l'occasion des 80 ans de la
00:47libération des camps. Les voix qui résonnent j'ai envie de dire tout particulièrement
00:52en ce moment Sophie Rosenzweig, on va en parler évidemment, bienvenue sur Sud Radio.
00:55Merci Judith, merci de m'accueillir. Avec plaisir.
00:58Sud Radio, destin de femmes, Judith Beller.
01:01Alors Sophie Rosenzweig, les questions qui me permettent de mieux appréhender votre
01:05positionnement de femme déjà, on commence par là. Quelle est votre définition du féminisme
01:09à vous ?
01:10Elle est complexe la définition du féminisme mais ce concert, comme vous le voyez, il
01:15y a beaucoup beaucoup de femmes. Pourquoi ? Parce qu'à Auschwitz, on ne sait pas mais
01:19il y avait deux orchestres. Un orchestre philharmonique de femmes qui était dirigé par Alma Rosé
01:24qui était une violoniste professionnelle, la nièce de Gustave Mahler, et qui avait
01:28décidé dans cet orchestre de prendre plein de femmes et de les faire travailler énormément
01:33ce qui leur a permis de leur sauver la vie. Ce qui était quand même extrêmement important.
01:37La seule qui soit morte, c'est elle, elle est morte du typhus juste à la fin, en 1944.
01:42Donc votre manière à vous d'être féministe finalement Sophie Rosenzweig, c'est de donner
01:45une voix à ces femmes.
01:46Absolument, de leur rendre hommage. C'est pour ça qu'on a voulu les voix de Strasse
01:49qui sont des chanteuses lyriques de Strasbourg, Lise McComb. Nous avons une seule exception
01:55en malaise de taille, elle fait très très plaisir, mais aussi nous avons Amanda Sters
01:59qui sera la narratrice du spectacle.
02:00Oui, tout à fait, bien sûr. Donc l'exception, on peut le redire pour les auditeurs, c'est
02:04Patrick Bruel. Bah tiens, puisqu'il y a un homme dans toutes ces femmes, est-ce que
02:08pour vous les hommes peuvent être féministes, Sophie Rosenzweig ?
02:10Bien sûr, bien évidemment. Bien évidemment, ils peuvent l'être. Ça ne les empêche
02:14pas d'aimer les femmes, de les respecter et de leur donner la parole, bien sûr.
02:18Et vous avez un exemple précis autour de vous d'hommes engagés pour le droit des femmes ?
02:22J'en connais beaucoup, mais qui ne sont pas forcément connus, mais qui tous les jours
02:27font des choses pour les femmes et qui les respectent.
02:30Il faudrait qu'on les entende un peu plus, non ?
02:32C'est vrai qu'en ce moment on ne les entend pas beaucoup, mais on n'entend personne
02:35beaucoup en ce moment.
02:36Pourquoi ? Parce qu'il y a trop de bruit ?
02:37Oui, il y a beaucoup trop de bruit, il y a beaucoup trop de guerre.
02:40Un obstacle selon vous à l'avancement du droit des femmes en France ?
02:47Je commencerais par le salaire, tout simplement.
02:50L'égalité salariale.
02:51Bien sûr.
02:52Je précise pour les auditrices et les auditeurs qu'on est toujours à moins 24%
02:56où les femmes cadrent, par exemple, que nos vieilles collègues.
03:00Il faut voir aussi que cette année, notre temps gratuit de travail a été plus tôt
03:05que l'année dernière. De quatre jours, c'est important.
03:08Oui, c'est vrai.
03:10Et alors, quelque chose qui avance, qui va bien, qui va mieux dans le droit des femmes, justement ?
03:16Ce qui, moi, me touche, c'est que les femmes prennent la parole autrement.
03:20Et ça, c'est extrêmement important.
03:22C'est-à-dire autrement ?
03:23C'est-à-dire qu'elles se positionnent, non pas comme féministes pures et dures,
03:27mais comme femmes, avec des droits, des devoirs.
03:30Des devoirs, des droits, et qui ont un respect de l'homme aussi.
03:34Ce qui n'était pas forcément le cas dans certains mouvements féministes.
03:37Mais ça, c'est toujours comme ça aujourd'hui, non ?
03:40Non.
03:41Non, ça bouge.
03:42Ça bouge ?
03:43Ça bouge.
03:44Vous voulez entendre la radicalité, c'est ça ?
03:46Absolument.
03:47L'extrémisme féminin n'apporte rien, à mon avis.
03:50Ou l'extrémisme en général, d'ailleurs.
03:52Absolument.
03:53Mais quand il est en plus féminin, ça fait encore plus mal quand on est femme.
03:56C'est-à-dire que le féminisme, ça doit être universaliste, pour vous ?
03:59Absolument.
04:01Alors, Simone de Beauvoir nous disait, on n'est pas femme, on le devient.
04:05Parle en vrai, sur Sud Radio, vous l'êtes devenue quand, vous, Sophie Rosenzweig ?
04:09La première fois où j'ai pris conscience que j'étais une femme
04:14et qu'il y avait une inégalité par rapport à un garçon.
04:16Ça vous est arrivé à quel âge, ça ?
04:18J'avais 6 ans, à l'école.
04:20Ah ouais ?
04:21C'est tôt, quand même.
04:22Oui, mais quand on vous dit, non, pas toi, pas la fille, mais le garçon,
04:26vous vous dites, mais pourquoi ?
04:28Qu'est-ce que ça a provoqué chez vous, alors ?
04:30La colère.
04:32Et ça vous a inscrit dans votre vie ? Vous pensez dans votre manière de prendre les choses ?
04:35Bien sûr.
04:36Après, on voit les femmes autrement.
04:37On les voit comment, alors ?
04:38On leur dit qu'elles ont la place.
04:40Et qu'elles ne doivent pas forcément se battre pour avoir une place.
04:42La place, elle doit être là.
04:44Il faut la prendre, quoi.
04:45Oui.
04:46Ça, c'est peut-être la chose difficile à faire.
04:48Prendre la place.
04:49C'est souvent difficile parce que la femme se sent souvent illégitime.
04:53Or, elle n'est pas illégitime du tout.
04:57Si vous enlevez la moitié de la planète, la moitié des femmes,
05:00il manque quand même une grosse partie.
05:02Regardez l'Afghanistan.
05:03On est un peu plus que la moitié.
05:04Oui, en plus.
05:05Mais regardez l'Afghanistan.
05:06Ils vont faire un retour en arrière de trois siècles.
05:10C'est déjà le cas, oui.
05:11Oui, c'est clair.
05:12Je rappelle aussi aux auditrices et aux auditeurs que nos sœurs afghanes
05:15n'ont plus le droit de se parler entre elles,
05:17n'ont plus le droit de rire, n'ont plus le droit de chanter.
05:20Pour bouger, elles ont besoin d'être accompagnées.
05:24Et elles n'ont même plus le droit de travailler.
05:27D'aller à l'école à partir de la sixième.
05:29Oui, à partir de douze ans.
05:31Et on ne bouge pas.
05:32Personne ne fait rien ?
05:33Non.
05:34Comment ça se fait, ça ?
05:35La lâcheté, je pense.
05:38C'est terrible parce que moi, j'ai été en Afghanistan,
05:40j'ai trouvé des femmes abstrement courageuses
05:43qui avaient une vraie parole
05:46et qui bougeaient.
05:50J'ai tourné à un moment une jeune fille qui avait 14 ans
05:53et qui demandait son divorce.
05:55Elle avait 14 ans.
05:57Elle avait été mariée de force à un oncle qui en avait 50
05:59et elle venait demander au gouvernement son divorce.
06:01Vous imaginez, une jeune fille de 14 ans en France,
06:02elle demandait un divorce.
06:03Bon d'abord, ce ne serait pas possible.
06:04Elle ne serait pas mariée après.
06:05Oui, elle ne serait pas mariée.
06:06Mais enfin, même une jeune fille de 16 ans,
06:07elle ne le ferait pas.
06:09Là-bas, une jeune fille de 14 ans de la province d'Erat,
06:11elle a été le faire.
06:13C'est extraordinaire.
06:14Aujourd'hui, elle ne peut plus parler.
06:17C'est assez désespérant quand on y pense, effectivement.
06:22Alors, on va passer au sujet de votre concert,
06:24cette symphonie pour la vie que vous organisez,
06:26donc le 27 janvier qui arrive,
06:29pour la commémoration des 80 ans de la libération
06:31du camp d'extermination d'Auschwitz-Birkenau.
06:34Alors, vous dites que c'est bien plus qu'un hommage,
06:37que c'est une mise en garde,
06:41un acte de mémoire pour créer de l'espoir,
06:44et pour que l'espoir subsiste.
06:46Absolument.
06:47On est dans une période particulière.
06:49On est à 80 ans de la libération du camp d'Auschwitz-Birkenau.
06:53Les derniers survivants vont disparaître
06:55dans les années qui viennent, malheureusement.
06:58Et il n'y aura plus de parole directe.
07:00Oui, parce que ces voix qu'on entendait
07:02sont en train de peu à peu s'éteindre.
07:04Bah oui, bien sûr.
07:05Parce qu'ils sont vieux, quoi.
07:06Tout simplement parce que c'était un camp dit de travail,
07:08ce qui n'était pas du tout un camp de travail,
07:10mais on ne gardait vivant que les gens à partir de 14 ans, 15 ans.
07:14Donc 80 plus 15, ça fait 95,
07:17on est en fin de vie, là.
07:20Donc effectivement, les voix s'éteignent,
07:22et la parole, ça va être un témoignage de deuxième génération.
07:27Donc ce n'est plus du tout de la même force.
07:29Et il est très très important de garder,
07:31alors même s'il y a des films, même s'il y a tout ça,
07:34ce n'est jamais pareil.
07:35Ce n'est jamais pareil.
07:36Il suffit de regarder les autres conflits
07:38et les autres témoignages.
07:40Donc il est important de mettre en place
07:44une sorte d'hommage commémoratif
07:47qui permette aux gens de prendre conscience
07:49de ce qui s'est passé réellement,
07:51parce que je crains que ça s'oublie
07:53ou que ça passe dans l'histoire comme un fait divers,
07:56plus ou moins grave,
07:58ce qui serait la pire des choses pour nous, quoi.
08:01Alors effectivement, quand même quelques chiffres
08:03du sondage Ipsos,
08:05qui est sorti le 21 novembre dernier
08:06sur l'antisémitisme en France.
08:09Il y a quand même 77% des Français
08:11qui estiment que le Hamas est une organisation terroriste,
08:13donc 33% qui subordent
08:15que c'est une organisation de résistance.
08:19Et il y a quand même seulement 3% des Français
08:21qui n'adhèrent à aucun des 16 préjugés antisémites testés.
08:26C'est terrible, hein ?
08:27Alors, une petite parole d'espoir quand même.
08:3089% des Français estiment que rien ne peut justifier
08:32un acte ou une parole antisémite.
08:34Mais ça veut dire que les gens sont antisémites
08:36sans se rendre compte ?
08:37C'est ça ?
08:38Je ne peux pas imaginer ça en France.
08:40Je suis française et je ne peux absolument pas imaginer
08:42que les Français...
08:43Mais 3% seulement de la population
08:44qui n'adhèrent à aucun des préjugés.
08:46Le chiffre est terrible.
08:48Le chiffre est terrible parce que ça implique
08:50d'envisager que quand vous allez dans une boulangerie,
08:54le 3 quart des gens qui sont dans la queue sont antisémites.
08:57Ce que je ne peux pas imaginer.
08:59Je ne peux vraiment pas l'imaginer
09:00et je ne veux pas l'imaginer.
09:01La France est un pays des droits de l'homme
09:03et je ne peux pas envisager cette réalité
09:07qui est peut-être virtuelle.
09:10Mais en tous les cas,
09:12il est vrai que l'antisémitisme monte.
09:14On ne peut pas le contester.
09:15Plus de 192% d'actes antisémites en une année,
09:19c'est incontestable.
09:22Ça veut dire qu'il faut faire attention.
09:24Très attention.
09:25D'où l'importance de la mémoire.
09:26C'est essentiel.
09:27C'est essentiel.
09:28Rappeler les choses.
09:29Dire ce qui s'est passé.
09:30Que c'était une mort industrielle.
09:32Qu'on a tué des gens parce qu'ils étaient
09:34juste entre guillemets juifs.
09:36C'est hallucinant.
09:37C'est comme si demain on disait
09:39on tue toutes les blondes.
09:41C'est hallucinant.
09:45Symphonie pour la vie, pourquoi ce titre ?
09:47Alors ce titre, il s'est imposé de manière presque obligatoire.
09:53On était dans les camps de la mort.
09:55J'étais avec mon associé Philippe Hussler
09:57dans les camps de la mort.
09:58On y est allés plusieurs fois.
10:00Et quand vous êtes à Auschwitz,
10:02la mort règne partout, même 80 ans après.
10:04C'est terrible.
10:05C'est absolument terrible.
10:06Et il y a une chose,
10:07je ne sais pas si les gens connaissent cette histoire,
10:09mais devant le portail,
10:10où il y a la fameuse inscription
10:12Arbeit macht frei,
10:14il y a une lettre qui est soudée à l'envers.
10:17Et cette lettre soudée à l'envers, c'est le B.
10:19Et c'est le premier polonais arrêté
10:21qui, en ce geste de résistance
10:23contre les nazis, a soudé le B à l'envers
10:26en disant il marche sur la tête.
10:28Ces nazis sont fous,
10:29ils marchent sur la tête
10:30et ils vont marcher sous ma lettre
10:33qui sera inversée.
10:35Un acte de résistance incroyable.
10:37Le premier acte de résistance en 1941.
10:39C'était le premier, il était polonais.
10:41Et je me suis dit, c'est quand même dingue
10:43qu'un type qui se trouve enfermé là,
10:45qui va écrire la phrase la plus connue du camp d'Auschwitz
10:49ait réussi à marquer sa résistance comme ça
10:52et de dire
10:54ils vont marcher tous les jours dessous,
10:57ils ne vont pas le voir.
10:59Et c'est ce qui s'est passé.
11:00Les nazis n'ont jamais remarqué que le B était à l'envers.
11:02La vie a eu le dernier mot de ce côté-là.
11:04Allez-vous rester avec nous sur Sud Radio.
11:06On est, c'est Destins de Femmes, évidemment,
11:08on est avec Sophie Rosenzweig,
11:10journaliste et organisatrice de Symphonie pour la vie,
11:12un concert à l'occasion des 80 ans de la libération du camp d'Auschwitz.
11:15Et c'est le 27 janvier prochain.
11:17Notez bien cette date.
11:18Restez avec nous sur ton environ tout de suite.
11:20Simplicicar, la vente de votre auto servi sur un plateau
11:23avec plus de 90 concessions près de chez vous.
11:26Simplicicar.com vous présente
11:28Sud Radio, Destins de Femmes, Judith Beller.
11:31Destins de Femmes sur Sud Radio, c'est l'émission du féminisme autrement femmes et hommes
11:35ensemble pour le droit des femmes.
11:37Aujourd'hui pour vous avec Sophie Rosenzweig,
11:39journaliste et organisatrice de Symphonie pour la vie,
11:42un concert à l'occasion des 80 ans de la libération du camp d'Auschwitz.
11:45Ça sera au ICE Congress à Cracovie le 27 janvier prochain
11:49et ça sera avec Patrick Bruel, Lise Macombe, les voix de Strasse et Mickaël Chaham.
11:54Et puis il y a une histoire avec un violon.
11:56Alors l'histoire du violon,
11:59Mickaël Chaham va jouer avec un violon assez exceptionnel.
12:04C'est le violon des violons de l'espoir.
12:06Alors les violons de l'espoir, c'est un luthier qui s'appelait à l'époque Moshe Weinstein
12:12qui est un luthier qui dans les années 40 en Israël au moment de la création de l'État
12:18Comment dire ?
12:20Il a collectionné, c'est un terme un peu bizarre,
12:22mais il a récupéré des violons qui venaient des camps et des ghettos
12:25et qui étaient complètement abîmés
12:27parce que bon évidemment en 45 vous imaginez bien l'état des violons.
12:31Il les a posés dans un coin et il les a laissés à son fils.
12:34Et Amnon Weinstein les avait dans un coin de son atelier et il n'y touchait pas.
12:38C'était quelque chose d'à la fois symbolique, tragique
12:42et porteur tellement de sens qu'il n'arrivait pas à y toucher.
12:46Et il a eu un jour un stagiaire allemand
12:48qui dit mais c'est quoi ces violons ?
12:50Est-ce que je peux pas, moi je suis là, je fais rien,
12:52est-ce que je peux pas retracer l'histoire de ces violons ?
12:54Et il a commencé à rechercher l'histoire des violonistes qui jouaient sur ces violons.
12:58Alors c'était pas des Stradivarius, c'était des violons d'études,
13:01des violons de musiciens de klezmer,
13:04mais ils avaient tous une particularité.
13:06Un milieu de gamme quoi.
13:07Mais ils avaient tous une particularité,
13:09c'est qu'ils avaient vécu une histoire tout à fait étonnante
13:12et qu'il n'y avait plus de propriétaires.
13:13Les propriétaires étaient morts, gazés pour la plupart.
13:16Et en retrouvant l'histoire des violons,
13:19Amnon Weinstein les a restaurés
13:22pour leur donner un son.
13:24Et c'est pas que le son du tragique,
13:26c'est le son d'une âme
13:28qui revit à travers un instrument.
13:30Donc c'est aussi le son de la beauté quoi, de l'espoir.
13:32Ah c'est magnifique.
13:33Et donc Miraël Shaham a la chance d'en avoir un.
13:38Et pour la première fois, dans ce concert,
13:41le rescapé de la Shoah, ce sera le violon.
13:44Incroyable.
13:45C'est incroyable ce que vous nous racontez quand même.
13:48C'est beau.
13:49Et on est extrêmement honoré de recevoir ce violon
13:52qui évidemment a vécu des choses, s'il pouvait parler,
13:56mais il chante.
13:58Et Miraël Shaham le fait merveilleusement chanter.
14:01Alors ces artistes qui ont décidé de participer à ce concert,
14:06Patrick Borel, Ysma Combe par exemple,
14:08racontez-nous un peu pourquoi ils s'engagent comme ça.
14:11Patrick on l'imagine déjà, il est déjà très engagé.
14:14C'est une très très belle surprise parce qu'il nous a appelé,
14:18Amanda Sters viendra, elle fera la narration,
14:22et Patrick Borel m'a appelé en me disant
14:24voilà j'aimerais bien venir et j'aimerais bien chanter les choses vides.
14:27Et il se trouve qu'à Cracovie, l'une des grandes places,
14:31la place des grands héros,
14:33il y a 70 choses vides pour les familles des juifs déportés de Cracovie
14:40qui ont sont morts à Auschwitz.
14:42Et c'est 70 choses vides.
14:44Il ne le savait pas ça.
14:45Alors il l'a appris quand il est allé à Auschwitz il y a 15 jours je crois.
14:48Il ne le savait pas au moment où il a écrit la chanson quoi.
14:50Bah non, on lui a envoyé une photo et il a découvert cette place des choses vides.
14:55C'est extraordinaire.
14:56Alors on a envie de se dire mais pourquoi vous faites ça ?
15:00Parce que quand même vous conjuguez l'idée de célébrer la vie
15:05dans un lieu qui est marqué par la mort,
15:08et puis c'est quand même une sacrée organisation,
15:11et c'est quand même beaucoup sur nos épaules.
15:13C'est l'enfer, c'est l'enfer à organiser.
15:15Pourquoi ?
15:16C'est une nécessité pour vous ?
15:18C'est plus qu'une nécessité, c'est vital.
15:21Je pense qu'on n'a pas le droit de ne pas le faire.
15:23Moi il se trouve que j'ai découvert il n'y a pas très très longtemps
15:26que ma famille était de Cracovie,
15:28que mon arrière-grand-père était le rabbin de Cracovie.
15:30D'accord.
15:31Je ne le savais pas.
15:32C'est mon frère, enfin mes deux frères.
15:34Ce sont tes œufs les familles ?
15:36Oui, et j'ai découvert par hasard que mon arrière-grand-père
15:41était l'un des rabbins de Cracovie.
15:43J'ai découvert ça il n'y a pas très très longtemps,
15:47et j'ai ce besoin de faire les choses.
15:50Est-ce que c'est un devoir de mémoire ?
15:53Je ne dirais pas un devoir de mémoire,
15:55c'est un devoir de...
15:57Transmission ?
15:58Plus que ça, on est vivant nous.
16:01On est vivant, on est français, on a la joie de vivre,
16:03on a le droit de vivre,
16:05de dire qui on est.
16:07On se doit de rendre ça un touché-moi.
16:09Donc finalement préserver la mémoire, c'est préserver la joie ?
16:11Absolument.
16:12Et ça c'est important de le dire, pas dans la tristesse quoi.
16:15Ah bah les Ashkenaz pleurent beaucoup mais...
16:17Ah bon ? Je vois pas du tout ce que vous voulez dire.
16:19Non non mais je crois que la joie et l'humour
16:21c'est la chose la plus importante au monde.
16:22Bien sûr.
16:24Est-ce que la musique elle peut transmettre des messages universels
16:26là où les mots échouent ?
16:27Absolument, tout le temps.
16:28C'est pour ça que vous faites ça aussi ?
16:30La musique c'est que ça.
16:31La musique c'est une émotion pure, forte et universelle.
16:34Il n'y a pas de couleur de peau, il n'y a pas de religion.
16:37Il n'y a que de l'émotion dans la musique.
16:41Et le rôle de l'art aussi évidemment dans la transmission,
16:44la musique en faisant partie ?
16:47C'est ce qu'il y a de plus fort.
16:48Voilà.
16:49Il n'y a rien d'au-dessus de l'art.
16:50En réalité quand vous réfléchissez, qu'est-ce qui est beau aujourd'hui ?
16:53Certainement pas la politique, certainement pas l'humain,
16:56mais l'art oui.
16:58L'humain il peut être beau quand même parfois non ?
17:00Oui, mais pas en ce moment.
17:01Il y a des choses bizarres en ce moment qui se passent dans le monde.
17:04Donc non, l'art c'est ce qui domine.
17:07Mais finalement est-ce que ce n'est pas,
17:09c'est très basique ce que je vais vous dire Sophie Rosenzweig,
17:11mais ce n'est pas la beauté qui sauve le monde quand même ?
17:14Ça a toujours sauvé le monde.
17:16Et la musique va directement au cœur.
17:18C'est l'émotion la plus directe.
17:20Donc faire résonner d'abord le violon à Cracovie,
17:24c'est essentiel pour moi.
17:26Faire chanter des voix tellement différentes.
17:28Et puis toucher un public polonais.
17:30C'est extrêmement important,
17:32parce que cette génération n'a pas connu les camps,
17:34ne sait pas, le sait parce qu'elle habite à côté,
17:37mais ne sait pas exactement ce qui s'est passé clairement.
17:40Et je pense que c'est extrêmement important de passer le message,
17:42pour dire plus jamais ça.
17:44Cette phrase elle a tellement été utilisée,
17:46elle ne veut plus dire grand chose aujourd'hui.
17:48Surtout que c'est moins vrai.
17:50Autant avoir des actes en disant voilà,
17:52il s'est passé ça, maintenant on fait quoi avec ça ?
17:54Qu'est-ce que ça signifie pour vous d'être une femme juive
17:56à Schkenaz en France en 2024, Sophie Rosenzweig ?
18:00Eh bien je me suis jamais considérée comme juive,
18:04mais je suis juive dans le regard des autres.
18:06Du coup vous l'êtes devenue quoi ?
18:08Voilà. La phrase de Sartre est très juste en fait.
18:11Et moi je me suis jamais vraiment considérée comme juive,
18:14pour plein de raisons.
18:16Et là effectivement...
18:18C'est devenu un sujet parce que c'en est un pour les autres.
18:20Voilà.
18:21Si vous aviez un souhait là tout de suite, qu'est-ce que ça serait ?
18:24Devenir séfarade ? Non, je rigole.
18:26La chouchouka ?
18:28Manger de la chouchouka ? Non, non.
18:30Si j'avais un souhait ce serait de dire arrêtons tout ça.
18:33Arrêtons. Posons les armes.
18:36Vous êtes pour la paix quoi.
18:38Étonnée, il n'y a que ça qui compte.
18:40On ne peut pas vivre éternellement.
18:42Comment faire pour faire la paix
18:44avec des gens qui se détestent autant des deux côtés ?
18:48Mais il y a un moment,
18:50je pense qu'il faut arriver à un moment pour penser que
18:52finalement après les guerres il y a toujours des paix.
18:54Alors est-ce qu'on ne peut pas...
18:56On ne peut pas avancer un peu à ce moment-là ?
18:58Voilà. Passer tout de suite à la paix, ça ne sert à rien de tout.
19:00Qu'est-ce que ça crée ?
19:02Ça crée des morts, ça crée des...
19:04On est dans une situation de...
19:06J'ai toujours l'impression qu'on tourne en rond
19:08sur des guerres qui finalement
19:12vont donner à un moment ou à un autre une paix.
19:14Est-ce qu'on est obligé de passer par ce sang ?
19:16Est-ce que le sang est vraiment obligatoire ?
19:18Moi j'en suis pas sûre.
19:20C'est la histoire de l'humanité, oui, en tout cas.
19:22C'est tout le temps comme ça.
19:24Mais parce qu'il y a beaucoup d'hommes.
19:26Ça s'appelle l'éternel recommencement.
19:28C'est terrible qu'on en soit là.
19:30On n'a pas grandi par rapport à ça.
19:32Si on faisait plus de musique, ça irait mieux, je pense.
19:34Est-ce qu'il va être retransmis, ce concert ?
19:36Pour l'instant non, mais on est en train de faire l'élevé de fond.
19:38Donc on est en train de voir qui va participer à ce concert.
19:40Donc c'est un appel aussi ?
19:42Oui, bien sûr.
19:44Si les gens veulent nous aider, ils sont les bienvenus.
19:46Comment ils doivent procéder alors ?
19:48Il y a un bon de souscription.
19:50Il suffit de remplir le bon de souscription.
19:52Il y a une défiscalisation, ce qui est toujours utile.
19:54Et puis voilà.
19:56Les gens, je vous le donnerai.
19:58Vous ferez le nécessaire.
20:00Bien sûr, évidemment.
20:02Et par rapport au déroulé lui-même et à ce que vous, vous avez envie d'en retenir à la fin ?
20:10Qu'est-ce que vous avez envie qu'on en garde ?
20:12Ce que je souhaiterais profondément laisser comme citrace il y a,
20:18c'est de dire que d'une tragédie terrifiante dont personne ne peut se remettre,
20:24on peut arriver à une forme de joie par la musique.
20:28C'est-à-dire qu'on peut transformer une tragédie aussi terrible soit-elle,
20:32par de l'espoir et de la joie.
20:34Ce que vous faites, alors je le dis en quelques instants quand même,
20:38depuis plusieurs années, par exemple avec les enfants en Afrique,
20:40vous avez sauvé des enfants soldats par les chorales que vous avez organisées avec eux.
20:46Vous êtes très très active là-dedans.
20:48Parce qu'effectivement ça donne une colonne vertébrale et ça permet de voir la vie autrement.
20:52Bien sûr, mais la musique change la vie des gens.
20:54Toujours. Enfin l'art change la vie des gens.
20:56Moi je parle de musique parce que c'est ce qui me porte.
21:00Mais la musique change la vie des gens, c'est évident.
21:02Et faire résonner dans cet endroit de silence,
21:06parce qu'Auschwitz c'est un endroit de silence et de mort,
21:08faire résonner du son, c'est extrêmement important.
21:12C'est des vibrations et des vibrations positives.
21:14Je vous remercie Sophie Rosenzweig.
21:16Merci d'être venue dans Destins de Femmes.
21:18Merci Judith.
21:20Alors chères auditrices, chers auditeurs,
21:22pour suivre Symphonie pour la vie,
21:24restez bien plugged in,
21:26parce qu'on n'a pas encore les infos de transmission,
21:28mais ça ne serait tardé.
21:30C'est un concert hommage, comme vous l'aurez compris,
21:32qui aura lieu le 27 janvier prochain à Krakow,
21:34à l'occasion des 80 ans de la libération du camp d'Auschwitz-Birkenau.
21:38Il y aura notamment Patrick Bruel, Lise Macombe,
21:40il y a Amanda Sters qui fait la narration,
21:42des très beaux violons, les voix de Strasse.
21:46Bref, il faut suivre l'histoire.
21:48Je vous le recommande.
21:50Et puis nous on se retrouve demain à 19h pour cet excellent.
21:52Puis la semaine prochaine pour un nouveau Destins de Femmes,
21:54samedi 13h30.
21:56Merci à Daisy qui réalise pour vous.
21:58Aux équipes de Sud Radio, je vous fais des bisous. Bye.
22:04Avec plus de 90 concessions près de chez vous.
22:06Simplicicar.com vous a présenté...