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Alors que le gouvernement de Michel Barnier a été renversé ce mercredi, la question d'une nouvelle coalition occupe les esprits des députés. La tâche n'est pas simple mais notre éditorialiste y voit un échappatoire.

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00:00Ce sera qui, Mathieu Croissando ? Comment éviter que le nouveau Premier ministre subisse le même sort que Michel Barnier ?
00:07Alors je vais vous dire, c'est moins une affaire de personne ou de casting, parce que ce n'était pas Michel Barnier en tant que tel qui était mis en cause,
00:12qu'une question d'équation politique. Pour s'assurer que le prochain Premier ministre ne soit pas renversé, c'est simple, il faut qu'il soit soutenu ou au moins toléré
00:20par une majorité de députés. Alors attention, je ne parle pas d'une majorité soudée, cohérente autour d'un projet, non, je parle d'une majorité de députés
00:28qui s'engageraient dans un accord de non-censure, autrement dit un pacte de non-agression, ils s'engageraient à ne pas faire chuter le prochain locataire de Matignon.
00:35Alors vous allez me dire, mais qui peut signer un truc pareil ? Je vais vous dire, il y a du monde sur le papier. Si vous mettez hors-jeu ceux qui ne jouent pas le jeu,
00:42d'une certaine manière, les 140 députés du RN et de ses alliés avec lesquels personne ne veut s'allier et qui ont montré ces dernières semaines leur imprévisibilité
00:52et leur manque de fiabilité. Si vous mettez de l'autre côté de l'hémicycle, hors-jeu, les 72 députés de la France Insoumise qui ne veulent s'allier avec personne,
00:59eux, ils sont dans une logique jusqueboutiste, ils ne veulent pas de compromis. Eh bien, il reste 366 députés. Ça fait quand même du monde sur le papier.
01:08366 députés qui vont du Parti communiste au LR en passant par les écolos, les socialistes, ce qu'on appelait les macronistes, Ensemble, Modem, Horizon,
01:17et puis les indépendants. Si tout ce monde-là se mettait d'accord sur un pacte de non-agression, on va dire, ça serait d'une certaine façon la traduction concrète
01:26de ce qui s'est passé dans les élus du Rhum en juillet dernier, c'est-à-dire le front républicain. Encore une fois, 366, c'est large, vous pouvez même en perdre quelques-uns en route.
01:33Si les LR ne veulent pas y aller, ça fait 47 en moins, vous avez toujours la majorité. Si les écologistes ne veulent pas y aller, vous avez encore la majorité.
01:39On se met d'accord sur un pacte de non-censure, mais après, il faut se mettre d'accord sur une ligne politique.
01:42Alors, c'est évidemment là où ça se complique. Il y a une version haute où chacun arriverait avec ses propres positions pour bâtir une coalition, il ne faut pas rêver,
01:49ce n'est pas ça qui pourrait se passer. Il y a une version basse, chacun arrive avec ses lignes rouges, c'est-à-dire ça, jamais, ou ça, oui, on y tient absolument,
01:58mais il ne faut pas non plus que la liste de courses soit rallongée et puis voilà, avec énormément de demandes. Quand on regarde cette idée de non-censure,
02:07elle a été en fait lancée en juillet dernier par un député socialiste de l'heure, il faut lui rendre la paternité de cette idée, il s'appelle Philippe Brun,
02:13mais à l'époque, quand il en a parlé, personne ne voulait en entendre parler, y compris dans son propre parti. Mais hier, attention, vous avez écouté la petite musique,
02:21Gabriel Attal, pour les macronistes, Olivier Faure, pour les socialistes, Yannick Jadot, l'écologiste, tous ont repris avec des termes plus ou moins différents cette même idée.
02:31Alors il y a plusieurs conditions. D'abord, que tous ces gens-là soient capables d'un sursaut collectif, c'est-à-dire de hisser leur niveau de jeu, de laisser de côté leur petite boutique,
02:39leur sectarisme, leur haine recuite, de jeter la rancune à la rivière, comme on dit, et puis de laisser aussi surtout leurs ambitions individuelles, entre parenthèses,
02:47pour un moment, en gros, de penser au pays plutôt qu'au parti. Vous avez entendu cette ritournelle ? Faites-le, allez-y, c'est maintenant qu'il faut le faire.
02:54On a peine à y croire, mais si on est dans une situation terrible, au bord du gouffre, comme le dit Édouard Philippe, c'est peut-être que ça vaut le coup d'essayer.
03:01Ensuite, il ne faut pas que ça se fasse par des débauchages individuels, c'est pas ça. Il faut que ça se fasse par un accord politique, dans la clarté, et même, pourquoi pas, borné dans le temps.
03:07D'accord pour six mois, d'accord pour un an. Ensuite, il faut que le président de la République accepte de s'effacer, que ça ne se fasse pas par des débauchages, je le disais,
03:15mais que ce soit le Parlement qui décide, les partis qui le fassent, et puis dans le détail, ça demande que les macronistes acceptent enfin d'avoir perdu les élections,
03:22que la droite ne se voit pas plus belle qu'elle ne l'est, et puis ça demande aussi et surtout que la gauche choisisse et assume, entre l'esprit de responsabilité et la radicalité,
03:31les deux sont aussi respectables, mais elles ne sont plus compatibles. Alors je reconnais que ça fait beaucoup de si, c'est pour ça, mais on a le droit de rêver.
03:37Encore une fois, souvenez-vous de ce chiffre, 366 députés, là-dedans, si on n'en trouve pas 289 pour la stabilité, c'est vraiment, il n'y a plus rien à espérer.

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