Journée de grève et manifestation dans la fonction publique ce jeudi 5 décembre. Les lycéens se mobilisent également. L'Union syndicale lycéenne appelle au blocage des lycées. Son président Manès Nadel, appelle à "se mobiliser contre la guerre sociale" en cours.
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00:00On se retrouve en direct sur BFM2. Une grève générale, une grève de la fonction publique se tient aujourd'hui
00:05partout en France. Elle est largement relayée dans l'éducation nationale et nous sommes avec Manes Nadel, le président de l'union syndicale lycéenne.
00:14Manes, vous êtes sur un lieu de blocage.
00:16La première question qu'on se pose, c'est pourquoi vous mobilisez-vous aujourd'hui alors qu'il n'y a plus de gouvernement ?
00:22Écoutez, c'est une mobilisation en cohérence avec celle de la fonction publique et de l'éducation nationale qui se déroulent aujourd'hui dans les lycées.
00:31150 lycées sont bloqués,
00:33principalement contre les mesures d'austérité budgétaire qu'on considère être une guerre sociale menée contre l'éducation nationale, avec ces suppressions de postes,
00:39avec le maintien de réformes qui sont pour nous
00:42inacceptables et le fait qu'on ait aujourd'hui plus de gouvernement qui soit en place, c'est tout simplement
00:46un moyen supplémentaire de faire entendre nos revendications puisque c'est dans ces périodes, dans ces périodes
00:51de crise, d'instabilité, où on sait qu'avec la grève, avec l'action, on peut gagner sur nos revendications et donc c'est ça l'objectif aujourd'hui.
00:58Maintenant qu'il n'y a plus de gouvernement, qu'est-ce que vous attendez d'Emmanuel Macron ?
01:03Écoutez, Emmanuel Macron a déjà nié une première fois le résultat des urnes il y a trois mois.
01:07On a dit à ce moment-là que la nomination de Michel Barnier n'avait pas de sens et qu'il ne passerait pas l'hiver, c'est effectivement ce
01:12qui s'est passé. Il n'a même pas passé l'automne. J'imagine mal aujourd'hui Emmanuel Macron se remettre à
01:17accepter le résultat des élections de juillet où le Nouveau Front Populaire était arrivé en tête. Donc je pense qu'on arrive dans une situation
01:23de chaos institutionnel, ça c'est sûr. Et la priorité maintenant, je pense que ce n'est pas celle
01:27de l'attente d'un gouvernement ou d'un autre, puisqu'on sait quelle politique il continuera à mener.
01:31Il n'y a pas de compromis possible. Il n'y a pas de compromis possible entre une politique sociale comme on la souhaite et une politique
01:37d'austérité budgétaire, de guerre sociale,
01:39qui demande effectivement à ce qu'on coupe dans l'argent public. Donc maintenant la priorité
01:43c'est de se mobiliser, quel que soit le gouvernement, quel que soit le pouvoir politique par ailleurs,
01:47contre les 200 000 suppressions d'emplois qui s'annoncent pour décembre, contre la guerre sociale menée
01:53à la fonction publique. Et donc il y a une nécessité d'unité et de revendications qui sont claires. Chez les lycéens, les revendications elles sont claires.
02:00La fin du choc des savoirs, l'ouverture de places à l'université comme le demandaient par ailleurs les universités
02:06mardi. Et donc il faut construire une mobilisation, un rapport de force dans la durée pour obtenir ces choses là, quel que soit le gouvernement.
02:12Et Manes, vous demandez également la suppression de Parcoursup. Pour mettre quoi à la place ?
02:20Écoutez, c'est ce qu'on disait tout à l'heure sur ce blocus du lycée Buffon où je me trouve.
02:24Parcoursup, c'est une plateforme sur internet, c'est un système de sélection.
02:27Le problème, ce n'est pas le nom qu'on lui donne, à savoir Parcoursup, c'est la sélection en elle-même.
02:31L'université, avant Emmanuel Macron, était un droit. Avec le bac, on avait le droit d'aller à l'université.
02:36Désormais c'est un privilège. Il y a un taux de pression de sélection qui est chaque année
02:39plus élevé. Et donc ce qu'il faut faire, c'est tout simplement ouvrir des places à l'université, créer une nouvelle plateforme,
02:45une plateforme où il y ait une hiérarchie des vœux, une hiérarchie notamment
02:48territorialement, puisque tout le monde ne peut pas se permettre d'aller étudier partout en France. Et il faut également faire le ménage avec toutes ces formations
02:54qui sont des formations privées, qui coûtent de l'argent et qui sont mises à égalité avec des formations
02:58universitaires. Donc c'est tout un système qui aujourd'hui a changé et ça demande de l'argent et des postes dans les universités.
03:04Bien sûr. Autre point de tension, vous demandez un changement dans le fonctionnement de l'enseignement dans le secondaire,
03:10mettre fin aux 8h-18h qu'on peut voir. Comment est-ce que, selon vous, on pourrait améliorer ça ?
03:17Écoutez, nous on ne veut pas être dans la démagogie. Il y a eu un mouvement de protestation contre la question des rythmes scolaires, qui est un vrai
03:24problème, avec 300.000 signatures sur une pétition, etc, etc.
03:30Aujourd'hui, il faut être clair, la cause du 8h-18h, de ce mal-être des lycéens, c'est principalement les réformes de Jean-Michel Blanquer qui ont détruit
03:37le système par classe et qui ont donc détruit les emplois du temps. C'est pour ça, nous, qu'on alerte.
03:41Et donc il faut sortir d'un système de spécialité qui est aujourd'hui
03:44mal ficelé et qui crée des problèmes. Et c'est par cela qu'on arrivera sans doute à réduire les emplois du temps et à permettre à
03:51chacun de trouver plus de temps
03:52pour s'éloisir, pour se reposer, parce que c'est aujourd'hui une priorité face à un taux de dépression qui est très élevé.
03:58Un lycéen sur quatre a déjà eu des pensées suicidaires.
04:01Je reviens juste sur l'actualité politique du moment. Est-ce que, comme certaines
04:04personnalités politiques, que ce soit à droite ou à gauche, vous appelez à la démission du président de la République ?
04:10Écoutez, comme je vous l'ai dit, la question du pouvoir politique, aujourd'hui, je pense qu'elle est bloquée et donc il n'y a rien à en attendre.
04:15Après, je ne vais pas vous mentir, j'étais sur ce blocus et je vais y retourner dès que j'aurai terminé cet appel.
04:20Et en l'occurrence, ce que les gens demandent, c'est que Macron parte.
04:23Macron a perdu les élections législatives qu'il avait lui-même provoquées.
04:27Macron s'entête à nommer un gouvernement qui n'est pas en accord avec ce résultat des urnes et qui va mettre une politique qui est, d'une part,
04:33inacceptée parce qu'on la trouve inacceptable et, en plus, inacceptable parce qu'elle est illégitime.
04:37Donc, évidemment que le départ de Macron est la question qui se pose dans toutes les têtes. Maintenant, moi, je ne veux pas être
04:42dans une solution de facilité. En tant que syndicaliste, je ne vais pas vous dire
04:45« Macron doit démissionner ». Je pense que la priorité, c'est que le pouvoir politique, quel qu'il soit, quel que soit le gouvernement,
04:50quel que le soit le président,
04:52cède aux revendications. Mais, évidemment, il y a une ambiance qu'on sent s'installer et c'est celle, effectivement,
04:57du fait que Macron s'en aille. Et comment dire le contraire quand on voit tout ce que cet homme, tout ce que son parti,
05:02tout ce que sa, soi-disant, majorité a infligé au pays.
05:05– Et, avant de conclure, Manes, vous nous disiez que la mobilisation,
05:09les grèves dans les lycées étaient largement suivies. En termes de chiffres, est-ce que vous savez un petit peu ce qu'il en est,
05:14là, pour l'instant ?
05:15– Oui, écoutez, nous, on a construit une mobilisation, on y a plan, il y a deux semaines. On imaginait à peu près
05:21une quarantaine, cinquantaine d'établissements bloqués en interne à l'Union syndicale lycéenne.
05:25On se réveille ce matin avec des remontées qui sont beaucoup plus fortes que celles qu'on pensait.
05:29Et donc, d'après le décompte qu'on a, on a environ 150 lycées mobilisés, bloqués aujourd'hui.
05:34Tous ne le sont pas totalement, bien sûr, mais c'est une mobilisation qui est surprenante,
05:37qui est inédite depuis deux ans, depuis le mouvement de contestation de la réforme des retraites.
05:41Et donc, pour nous, elle appelle, effectivement, une continuation.
05:44Nous soutenons les reproductions de blocus qui auront lieu demain
05:48et nous allons nous réunir en instance confédérale à l'Union syndicale lycéenne samedi
05:52pour décider d'une nouvelle mobilisation la semaine prochaine,
05:55en cohérence avec la fonction publique, en cohérence avec l'intersyndicale éducation.
05:59Et donc, aujourd'hui, on a une riposte lycéenne qui se met en place,
06:03qui est très puissante, qui reçoit un vrai soutien chez tous les lycéens,
06:06où que soient les blocus.
06:08Et donc, ça appelle évidemment à construire une suite dans la durée
06:10pour faire plier le gouvernement, quel qu'il soit d'ailleurs.
06:13Je vous remercie, Manes Nadel, président de l'Union syndicale lycéenne.
06:17On suivra forcément ces mouvements de grève de la fonction publique,
06:21que ce soit dans l'éducation ou dans d'autres secteurs, toute la journée.
06:24Et on revient très vite pour un nouveau direct sur BFM2.