Le suspense va s’étirer encore quelques heures, voire quelques jours. C’est en tout cas l’horizon donné par Emmanuel Macron ce jeudi 5 décembre dans son allocution au lendemain de la censure du gouvernement. Quelques heures après que Michel Barnier lui a présenté sa démission dont il « a pris acte », le chef de l’État n’a pas souhaité précipiter la nomination de son successeur.
Mais il ne semble pas vouloir étirer la période de flottement très longtemps puisqu’il a annoncé devant des millions de téléspectateurs qu’il nommera un Premier ministre « dans les prochains jours ». Charge à cette personne dont aucun nom n’a filtré de cette allocution de préparer « un gouvernement d’intérêt général ».
Mais il ne semble pas vouloir étirer la période de flottement très longtemps puisqu’il a annoncé devant des millions de téléspectateurs qu’il nommera un Premier ministre « dans les prochains jours ». Charge à cette personne dont aucun nom n’a filtré de cette allocution de préparer « un gouvernement d’intérêt général ».
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00:20Française, Français, mes chers compatriotes,
00:23hier, l'Assemblée nationale a voté à la majorité absolue
00:26le rejet du budget de la Sécurité sociale
00:28et se faisant la censure du gouvernement de Michel Barnier.
00:32Aujourd'hui, le Premier ministre m'a remis sa démission
00:35et celle de son gouvernement, et j'en ai pris acte.
00:38Je veux ici remercier Michel Barnier
00:41pour le travail qu'il a accompli pour notre pays,
00:43pour son dévouement et pour sa pugnacité.
00:48Lui, comme ses ministres, se sont montrés à la hauteur du moment
00:51quand tant d'autres ne l'ont pas été.
00:55Le 9 juin dernier, je me suis adressé à vous
00:57pour annoncer la dissolution de l'Assemblée nationale.
01:00Cette décision était, à mes yeux, en effet inéluctable.
01:02D'abord, car le vote aux élections européennes
01:04avait donné une large avance au Rassemblement national
01:07et placé les extrêmes en tête.
01:09Ensuite, car de nombreux responsables politiques
01:12annonçaient déjà la censure pour cet automne.
01:15Cependant, je dois bien le reconnaître,
01:16cette décision n'a pas été comprise.
01:18Beaucoup me l'ont reproché,
01:20et je sais, beaucoup continuent de me le reprocher.
01:22C'est un fait, et c'est ma responsabilité.
01:26Cependant, nul ne peut dire qu'en faisant cela,
01:28je ne vous ai pas redonné la parole.
01:31Et je crois que c'était nécessaire.
01:33Vous avez pris vous-même votre responsabilité
01:35en allant massivement voter aux élections législatives
01:38en juin et juillet derniers.
01:40Et ce vote, ainsi que les désistements réciproques
01:43décidés par plusieurs partis,
01:45ont composé une Assemblée nationale sans majorité.
01:48Aucun parti, aucune coalition présentée aux électeurs,
01:52en effet, ne peut prétendre avoir seule la majorité.
01:55Et cette situation exige une nouvelle organisation politique.
01:59C'est inédit, mais c'est ainsi.
02:02Alors, durant cet été, j'ai largement consulté,
02:05d'abord pour tenter de convaincre les forces politiques
02:07de travailler ensemble,
02:08comme cela se fait chez beaucoup de nos voisins,
02:11puis pour choisir un Premier ministre
02:12qui ne soit pas censuré dès sa nomination.
02:16C'est pourquoi, en septembre, mon choix s'est porté
02:18sur Michel Barnier,
02:20un responsable d'expérience jusqu'alors dans l'opposition,
02:24parce qu'il était, en effet, susceptible de rassembler
02:26la majorité la plus large à l'Assemblée et au Sénat,
02:29de la droite républicaine au centre,
02:30en passant par les radicaux
02:32et les forces indépendantes et des territoires.
02:35J'ai laissé le Premier ministre gouverner,
02:38le Parlement légiférer.
02:40Et hier, donc, le gouvernement a été censuré.
02:43Et cela, malgré les concessions faites par Michel Barnier
02:47à l'ensemble des groupes parlementaires.
02:50Il a été censuré, ce qui est inédit depuis 60 ans,
02:53parce que l'extrême-droite et l'extrême-gauche
02:56se sont unis dans un front antirépublicain
03:00et parce que des forces qui, hier encore,
03:03gouvernaient la France ont choisi de les aider.
03:06Je sais bien que certains sont tentés
03:08de me rendre responsable de cette situation.
03:10C'est beaucoup plus confortable.
03:12Mais si j'ai toujours assumé toutes mes responsabilités,
03:16les bonnes choses comme parfois les erreurs que j'ai pu faire,
03:19je n'assumerai jamais l'irresponsabilité des autres.
03:22Et notamment des parlementaires qui ont choisi en conscience
03:26de faire tomber le budget et le gouvernement de la France
03:28à quelques jours des fêtes de Noël.
03:31Les députés du Rassemblement national
03:33ont choisi de voter une motion de censure
03:36qui disait le contraire de leur programme,
03:38qui insultait leurs propres électeurs.
03:41Ce faisant, ils ont simplement choisi le désordre,
03:44qui est le seul projet qui les unit à l'extrême-gauche.
03:47Et cela avec la complicité du reste du Nouveau Front populaire.
03:52Non pas pour faire, mais pour défaire,
03:55pour créer le désordre.
03:57Pourquoi ces députés ont-ils agi ainsi ?
04:00Ils ne pensent pas à vous, à vos vies, à vos difficultés,
04:03à vos fins de mois, à vos projets, soyons honnêtes.
04:06Ils ne pensent qu'à une seule chose, à l'élection présidentielle.
04:11Pour la préparer, pour la provoquer, pour la précipiter.
04:14Et cela avec le cynisme, si c'est nécessaire,
04:18et un certain sens du chaos.
04:21Mais ce faisant, d'abord, il se garde bien de vous rappeler
04:25la réalité de notre Constitution.
04:27Quoi qu'il advienne, il ne peut pas y avoir
04:29de nouvelles élections législatives avant 10 mois.
04:33Et dans ces conditions, l'Assemblée a le devoir
04:36de faire ce pour quoi vous l'avez élue,
04:38travailler ensemble au service de la France et des Français.
04:42Ensuite, personne ne peut en fait se permettre d'attendre
04:46pour agir, pour être utile.
04:49Le monde, l'Europe avance et nous avons besoin
04:52d'un gouvernement qui puisse décider, trancher.
04:55Et enfin, le mandat que vous m'avez démocratiquement confié
05:00est un mandat de 5 ans et je l'exercerai pleinement
05:03jusqu'à son terme.
05:05Ma responsabilité exige de veiller à la continuité de l'Etat,
05:09au bon fonctionnement de nos institutions,
05:11à l'indépendance de notre pays et à votre protection à tous.
05:15Je le fais depuis le début, à vos côtés,
05:18à travers les crises sociales, l'épidémie de Covid-19,
05:22le retour de la guerre, l'inflation étant des preuves
05:25que nous avons partagées.
05:28A partir d'aujourd'hui, c'est une époque nouvelle
05:31qui doit commencer, où tous devront agir pour la France
05:35et où il faudra bâtir des compromis nouveaux.
05:38Parce que la planète avance, parce que les défis sont nombreux
05:41et parce que nous devons être ambitieux pour la France.
05:44Nous ne pouvons nous permettre ni les divisions,
05:47ni l'immobilisme.
05:50C'est pourquoi je nommerai dans les prochains jours
05:52un Premier ministre.
05:54Je le chargerai de former un gouvernement d'intérêt général,
05:57représentant toutes les forces politiques
05:59d'un arc de gouvernement qui puisse y participer
06:02ou à tout le moins qui s'engage à ne pas le censurer.
06:06Le Premier ministre aura à mener ses consultations
06:08et former un gouvernement resserré à votre service.
06:12Sa priorité sera le budget.
06:15Une loi spéciale sera à déposer avant la mi-décembre au Parlement
06:19et cette loi temporaire permettra,
06:20comme c'est prévu d'ailleurs par notre Constitution,
06:23la continuité des services publics et de la vie du pays.
06:27Elle appliquera pour 2025 les choix de 2024.
06:31Et je compte bien qu'une majorité puisse se dégager
06:33pour l'adopter au Parlement.
06:35Les services publics fonctionneront,
06:37les entreprises pourront travailler,
06:38nos obligations seront tenues,
06:40nos maires pourront évidemment là aussi continuer de fonctionner.
06:44Je les remercie encore de leur dévouement pour la nation.
06:49Puis, en début d'année,
06:51ce gouvernement préparera un nouveau budget.
06:54C'est nécessaire pour en effet protéger les Français
06:56des hausses d'impôts mécaniques liées à l'inflation
06:59parce que je refuse que les Français paient la facture de cette censure.
07:02Et c'est aussi nécessaire d'avoir ce budget
07:03en tout début d'année prochaine
07:05pour permettre aux pays d'investir,
07:07comme cela a été prévu,
07:09pour nos armées, notre justice, nos forces de l'ordre,
07:11mais aussi aider nos agriculteurs en difficulté
07:14qui attendaient le budget
07:16ou venir en soutien à la Nouvelle-Calédonie.
07:20Vous le savez, je ne pourrais pas me représenter en 2027.
07:24C'est pourquoi le seul calendrier qui m'importe
07:26n'est pas celui des ambitions, c'est celui de notre nation.
07:30Au fond, celui qui compte pour vous, pour nous.
07:34Nous avons devant nous 30 mois.
07:3730 mois jusqu'au terme du mandat que vous m'avez confié.
07:4030 mois pour que le gouvernement puisse agir.
07:44Agir pour faire de la France un pays plus fort et plus juste.
07:48Innover, produire,
07:50investir dans les transitions technologiques et environnementales,
07:54instruire nos enfants et nos jeunes,
07:56prévenir et soigner, protéger.
07:58Au moment où les guerres en Europe et au Moyen-Orient
08:00nous déstabilisent,
08:01continuer de préparer nos armées,
08:03mais aussi toute la société,
08:05et agir pour la paix.
08:07Avoir une France plus forte dans une Europe plus forte,
08:09plus indépendante,
08:11et prête peut-être à de nouveaux conflits,
08:15et à résister à toutes les pressions.
08:17Oui, les 30 mois que nous avons devant nous
08:20doivent être 30 mois d'action utile pour le pays.
08:24Et pour cela, le gouvernement devra partir du réel,
08:27et non pas des fantasmes ou des contre-vérités.
08:30Je ne crois pas pour ma part que l'avenir de la France
08:32puisse se faire avec plus d'impôts, plus de normes,
08:35ou avec quelques laxismes face au narcotrafic,
08:38ou dans la multiplication des divisions,
08:41ou dans l'abandon de notre ambition climatique.
08:44Il faudra que le gouvernement rassemble
08:46pour agir concrètement au cours de ces 30 mois
08:49pour nous et nos enfants.
08:52Regardez, samedi, devant le monde entier,
08:57nous allons célébrer la réouverture au public
08:59de Notre-Dame de Paris.
09:02La cathédrale sera rendue aux Parisiennes et aux Parisiens,
09:06à nous tous, aux catholiques du monde entier et aux cultes.
09:10Et ce chantier qu'on croyait impossible,
09:13rappelez-vous, nous tous, ce soir d'avril 2019,
09:18eh bien, nous l'avons fait,
09:21comme nous avons aussi réussi nos Jeux olympiques et paralympiques.
09:24Nous l'avons fait parce qu'il y a eu un cap clair,
09:26une volonté,
09:27et parce que chaque femme et chaque homme a travaillé dur,
09:32responsable public, fonctionnaire, salarié, compagnon, bénévole,
09:36chacun a eu un rôle essentiel pour une cause plus grande que nous tous.
09:41C'est la preuve que nous savons faire de grandes choses,
09:44que nous savons faire l'impossible.
09:46Et d'ailleurs, le monde entier, à deux reprises cette année,
09:50nous admire pour cela.
09:52Eh bien, c'est la même chose qu'il nous faut faire pour la nation,
09:55avoir un cap clair pour ces 30 mois.
09:58L'école, la santé, la sécurité, le travail, le progrès,
10:01le climat, l'Europe.
10:04Des actes clairs qu'un gouvernement devra prendre au service du pays,
10:08un Parlement qui saura trouver les compromis,
10:12un sens des responsabilités et du respect.
10:17Partout où elle est fragilisée, rebâtir la nation.
10:21Partout où il y a des emportements, de l'insulte,
10:25remettre de la sagesse.
10:27Et partout où il y a de la division, vouloir l'unité.
10:31Partout où les uns cèdent à l'angoisse,
10:34vouloir l'espérance.
10:37Nous l'avons fait.
10:38Nous allons le montrer au monde entier.
10:41Nous sommes donc capables.
10:44Nous allons donc le faire pour notre pays et notre République.
10:48Vive la République, vive la France.