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00:00Europe 1 Soir Week-end, 19h21, Pascal Delatorre Dupin.
00:05Information de la soirée sur Europe 1, Bachar Al Assad et sa famille sont arrivés à Moscou.
00:12Ils ont obtenu l'asile en Russie pour des raisons humanitaires.
00:18Voilà pourquoi la Russie leur a accordé l'asile.
00:22Moscou estime nécessaire de reprendre les négociations pour résoudre la situation en Syrie, sous les auspices de l'ONU.
00:28Les dirigeants de l'opposition armée syrienne ont garanti la sécurité des bases militaires russes et des institutions diplomatiques en Syrie.
00:36Je voulais vous donner aussi cette information pour illustrer le fait qu'il est acté que le régime de Bachar Al Assad n'ait plus ce soir.
00:45Le drapeau syrien a été retiré d'un mât devant l'ambassade à Moscou.
00:49Moscou où se trouve en ce moment l'ex-président syrien.
00:54Bonsoir Claude Moniquet, vous êtes consultant pour Europe 1 et spécialiste du renseignement et des mouvements terroristes.
01:01On va évidemment revenir dans un instant sur les conséquences de la chute de Bachar Al Assad pour nous français.
01:08Mais d'abord peut-être en un mot, on a vu ce régime de Bachar Al Assad tomber en quelques jours.
01:15Comment pouvez-vous expliquer cette chute éclair qui était pourtant soutenue par la Russie où se trouve ce soir Bachar Al Assad et sa famille ?
01:25Oui effectivement il a fallu dix jours à peine pour faire tomber un régime qui maintenait une main de fer sur la Syrie depuis 54 ans.
01:32C'est un record je crois.
01:34Il y a trois explications ou deux explications si vous voulez.
01:38La première c'est manifestement l'épuisement de l'armée syrienne ou la démotivation de l'armée syrienne.
01:43L'armée s'est très peu battue.
01:45Elle s'est battue à certains endroits, à Alep, ce matin semble-t-il autour de Damas mais très peu.
01:52Et dans l'ensemble les troupes syriennes ont plutôt déserté le combat que le contraire.
01:56Et puis la deuxième chose qui a été fondamentale c'est que les russes, bien sûr,
02:00auraient pu par des opérations aériennes rétablir la situation ou en tout cas retarder l'issue fatale par le régime.
02:07Et ils ne l'ont pas fait.
02:09Il y a eu quelques bombardements à Alep, il y a eu quelques bombardements hier autour de Homs, mais rien de sérieux.
02:15Manifestement la Russie d'une part et l'Iran d'autre part qui étaient les deux grands soutiens de Bachar Al Assad
02:21ont décidé de laisser tomber le régime en comprenant que c'était trop tard, qu'il n'y avait plus rien à faire
02:27si ce n'est gagner un peu de temps mais que ça ne servait plus à rien.
02:30Peut-être que la Russie était trop concentrée, je parle sur votre contrôle, Claude Moniquet,
02:35sur sa guerre en Ukraine et qu'elle n'avait peut-être pas les moyens d'aider Bachar Al Assad
02:41ou selon vous c'est un autre motif ?
02:45Alors je pense que, il est évident que pour Moscou la guerre principale c'est la guerre en Ukraine,
02:52ça ça ne fait aucun doute, elle est stratégique pour la Russie.
02:58Cela étant le soutien à Bachar était stratégique aussi parce que les Russes avaient,
03:02ils ont encore aujourd'hui mais ça ne durera plus manifestement, des bases militaires en Syrie
03:09et entre autres à Tartus une base navale qui était la seule base de la Russie sur la Méditerranée.
03:15C'était un enjeu stratégique important, ils auraient pu choisir de le défendre mais ils ne l'ont pas fait.
03:20Alors, avaient-ils les moyens ? Honnêtement je pense que oui.
03:24Les Russes ne font pas dans le détail, ils auraient pu bombarder massivement les colonnes de rebelles.
03:31Est-ce que ça aurait suffi à les stopper ? Ça c'est une autre affaire parce que manifestement
03:36cette opération n'était pas du tout une opération de petite taille.
03:40On parle de dizaines de milliers de combattants qui ont été engagés par des HTF
03:44et l'armée syrienne libre, on parle d'équipements lourds, de blindés, de véhicules,
03:50tout ça n'a pas été vu avant, en tout cas les Russes n'ont pas prévenu leurs alliés syriens
03:55et l'armée syrienne n'a rien vu mais voilà, c'était quelque chose de massif
04:04et le fait du reste que ça n'a pas été détecté avant pose d'autres questions.
04:08Alors évidemment on se pose beaucoup de questions maintenant sur le sort de la Syrie
04:13et le sort de la région. D'abord la Syrie parce qu'on a vu des scènes de liesse,
04:18évidemment en Syrie on a vu des scènes de liesse dans plusieurs grandes villes
04:22dans le monde, notamment à Paris. La question est de savoir maintenant
04:26que va-t-il se passer parce que c'est quand même un chef, un chef islamiste, djihadiste
04:32qu'on pourrait prendre la succession de Bachar Al-Assad, c'est-à-dire qu'on perd un dictateur
04:35pour retrouver un chef islamiste ?
04:37Alors effectivement Abou Mamad Al-Djoulani, le chef du HTS, c'est son nom de guerre,
04:44est un ancien dirigeant régional d'Al-Qaïda qui a rompu avec Al-Qaïda il y a quelques années
04:51au moment, pendant le début de la guerre civile, vers 2016, au moment où justement Al-Qaïda,
04:58il a compris qu'il fallait trouver une image plus lisse pour obtenir le soutien des occidentaux
05:04et s'allier à l'armée libre syrienne et donc il a à ce moment-là rompu, mais sans grosses tensions,
05:11c'était, je dirais, un divorce par consentement mutuel avec Al-Qaïda
05:16et aujourd'hui il se prétend modérer. Alors effectivement ce qu'on entend depuis ce matin,
05:20il y a eu des proclamations d'Al-Djoulani et de son entourage disant premièrement
05:26qu'il ne faut pas toucher aux soldats et aux officiers syriens qui mettent bas les armes,
05:30deuxièmement il y a interdiction pour les combattants de s'approcher des centres de pouvoir de l'ancien régime
05:37parce que la transition doit se faire de manière régulière et dans le calme,
05:41donc il est manifeste qu'Al-Djoulani, pour le moment, essaie de montrer une image modérée.
05:47Maintenant le problème évidemment c'est de savoir combien ça en a dure, parce que...
05:50Peut-on lui faire confiance surtout ? Claude Moniquet vous êtes d'accord ?
05:55Faire confiance à un chef islamiste qui a eu des liens avec Al-Qaïda parce qu'il n'a pas de turban,
06:00il ne se présente pas avec un turban, il se présente avec un habit militaire,
06:04on sait très bien que ça peut être de la communication Claude Moniquet.
06:09Bien entendu ça peut être de la communication, j'aurais tendance à dire que ça en est probablement
06:13parce que dans ma carrière qui commence à être longue, je n'ai jamais rencontré d'islamiste modéré,
06:20les islamistes modérés sont modérés jusqu'au moment où ils arrivent au pouvoir,
06:24et là on l'a vu en Afghanistan, on l'a vu partout, et là ils arrêtent d'être modérés,
06:29ils montrent leur vrai visage, et ce sera d'autant plus compliqué en Syrie que c'est un patchwork.
06:34La Syrie, il y a à peu près 2 millions de chrétiens, il y a des kurdes,
06:39contre lesquels apparemment, en tout cas il y avait une rumeur cet après-midi,
06:43disant que le HTS commençait des opérations contre les kurdes, ce qui n'est pas un très bon signe,
06:48et puis bien sûr il y a la minorité à laquelle appartenait le clan Assad, les alaouites,
06:53qui sont donc des chiites, c'est une branche du chiisme, qui explique le soutien de l'Iran au régime,
06:58et ces gens sont détestés par les djihadistes sunnites,
07:04donc là que va-t-il arriver des alaouites, que va-t-il en être ?
07:09On le saura très vite, et si le masque, si c'est un masque, il va tomber très vite,
07:13c'est la seule chose qu'on peut dire à l'heure actuelle.
07:16Par exemple, on va donner un exemple peut-être pour les auditeurs d'Europe 1 qui nous écoutent,
07:20Claude Moniquet, je parle sous votre contrôle, l'assassin de Samuel Paty,
07:24était en contact, nous dit-on, avec HTS, donc le groupe djihadiste d'Al-Jolani,
07:30qui vient de prendre le pouvoir en Syrie, c'est quand même un peu surprenant,
07:33c'est-à-dire qu'effectivement Emmanuel Macron s'est félicité de la chute de Bachar Al-Assad,
07:40mais ce groupe HTS, il est dangereux ? C'est un groupe extrémiste ?
07:48C'est un groupe extrémiste, c'est un groupe qui a, même s'il le cache,
07:52ou qu'il essaie de le cacher, de le dissimuler depuis des années,
07:55reste sur des fondamentaux qui sont des fondamentaux islamistes,
07:59donc il veut construire un État qui est basé sur la charia,
08:02et qui laisse très peu de place, voire aucune place d'ailleurs,
08:06aux libertés individuelles et aux libertés des minorités religieuses.
08:11Il est évident qu'il faudrait...
08:17Je comprends bien les déclarations qui ont été faites par tous les chefs d'État,
08:21y compris le nôtre, qui se félicitent.
08:24Le régime de Bachar Al-Assad n'avait rien de sympathique, il faut être très clair,
08:27c'était un régime affreux, mais le problème c'est,
08:30si c'est pour le remplacer par quelque chose du même type,
08:33mais d'une orientation simplement différente, ça ne sert à rien.
08:37Ce serait quoi, un Émirat, un Califat ?
08:40Un Émirat, un Califat, ou simplement un État,
08:46une dictature islamiste, une théocratie comme l'Iran,
08:50même si du coup ce ne sont pas des chiites qui seront au pouvoir.
08:54Mais cet enthousiasme me rappelle quand même l'enthousiasme qu'il y a eu
08:59il y a un peu plus de dix ans, au moment du printemps arabe,
09:01où tout le monde se félicitait de l'arrivée de la démocratie dans le monde arabe,
09:04et puis on a vu le résultat.
09:06Les dictateurs ont été empassés par d'autres dictateurs,
09:09et pour le peuple, pour les gens dans la rue, rien n'a changé.
09:14Claude Moniquet, restez avec nous, on va parler effectivement
09:16des conséquences que ça pourrait avoir avec nous en France.
09:20J'indique aux éditeurs d'Europe 1 que Joe Biden est en train de s'exprimer
09:24à la télévision, en ce moment,
09:27première réaction du président américain depuis la chute de Bachar Al-Assad,
09:33Joe Biden qui parle d'un moment historique.
09:37Voilà comment le président américain parle de la chute de Bachar Al-Assad.
09:43Peut-être un mot, Nathan Endehover, sur la situation,
09:46et surtout de l'avenir de la Syrie, l'avenir de cette région
09:48qui est extrêmement inquiétante quand même ce soir.
09:50Je crois que d'abord, quand on est attaché à la liberté,
09:53on ne peut qu'avoir une émotion immense devant la chute
09:58d'une dictature aussi sanglante.
10:00On ne peut qu'avoir une pensée aussi forte pour les centaines
10:04de milliers de civils qui ont été méthodiquement assassinés
10:09depuis 2011 par le régime de Bachar Al-Assad,
10:12avec l'aide de la Russie notamment.
10:15On ne peut qu'avoir une pensée à tous les réfugiés syriens,
10:19notamment en Europe, en France il y en a, en Allemagne,
10:22qui depuis 2011 vivent avec une blessure au cœur
10:25qui est absolument indescriptible.
10:27On ne peut qu'avoir été bouleversé par les images
10:30de l'ouverture des prisons syriennes.
10:32On a vu des femmes prisonnières, on a vu des bébés de deux ans,
10:35c'est-à-dire des bébés qui ont été faits par des viols dans ces prisons.
10:39On connaît les tortures qu'il y a eues.
10:40Tout ça est évidemment bouleversant.
10:42Il y a quand même trois motifs d'inquiétude et de grand questionnement.
10:45Le premier, c'est évidemment celui que vous avez dit, l'islamisme.
10:48Est-ce que l'islamisme va s'emparer demain de la Syrie ?
10:50Le deuxième, c'est la question de la coexistence
10:52des différentes communautés dans ces pays.
10:54On a une pensée pour les chrétiens d'Orient,
10:56pour les kurdes et pour les alawites.
10:58Est-ce qu'il va y avoir, si vous voulez,
11:00aujourd'hui les sunnites qui vont prendre le pouvoir
11:04sous influence islamiste ?
11:06Comment vont-ils se comporter vis-à-vis des minorités ?
11:09Et la troisième source d'inquiétude,
11:11c'est la question d'un effondrement possible de l'État syrien.
11:14Parce qu'une des hypothèses, c'est d'imaginer non pas
11:17un califat ou un émirat qui s'installe en Syrie,
11:21mais c'est d'imaginer une bipartition
11:23ou une tripartition de la Syrie, avec peut-être une autonomie,
11:26une indépendance d'ailleurs du kurdistan.
11:28Ce serait intéressant de voir aussi la situation
11:30de ce kurdistan demain.
11:31On va aborder la question des conséquences pour nous en France.
11:34Joe Biden, qui s'exprime en ce moment
11:36et qui confirme lui aussi que Bachar al-Assad
11:39est à Moscou.
11:41Il a obtenu l'asile avec sa famille.
11:4319h43, le journal permanent.
11:46Europe 1, soir, week-end.
11:4819h21, sur Europe 1, le journal permanent.
11:53Il est 19h45, le journal permanent.
11:56La chute de Bachar al-Assad est une chance historique
11:59pour les Syriens.
12:00Les mots ce soir du président américain Joe Biden,
12:03qui confirme que le président syrien est bien en Russie, à Moscou.
12:08Il ajoute que l'atroce régime syrien est tombée.
12:11L'Iran a perdu son principal allié
12:13avec le Hezbollah.
12:15Le drapeau syrien, qui a été retiré d'un mât
12:18devant l'ambassade à Moscou,
12:20annonce de son côté les agences de presse russes.
12:23Le drapeau avait été hissé devant l'ambassade plus tôt ce dimanche.
12:27La Russie, qui demande ce soir une réunion d'urgence
12:30du conseil de sécurité de l'ONU pour demain
12:32sur cette situation en Syrie.
12:34Le président Bachar al-Assad,
12:36qui a été renversé par des groupes de rebelles,
12:38aidé par les islamistes radicaux.
12:41Le président syrien a obtenu l'asile politique en Russie.
12:45Il a donc été renversé.
12:47Les rebelles ont pris la capitale syrienne Damas ce dimanche.
12:50Une nouvelle messe se déroule en ce moment à Notre-Dame-de-Paris.
12:54Une messe ouverte à tous.
12:56Toutes les places ont été réservées en quelques minutes.
12:58Ce matin, la cathédrale a accueilli sa première messe depuis 5 ans
13:02en présence d'Emmanuel Macron
13:04et de nombreux chefs d'Etat et de gouvernement.
13:06Qui et pourquoi faire ?
13:08Ce sont les deux questions auxquelles doit désormais répondre Emmanuel Macron
13:12qui cherche toujours son nouveau chef de gouvernement.
13:14Les consultations se poursuivent ce lundi à l'Elysée.
13:18Les communistes puis les écologistes seront au rendez-vous.
13:2132 000 foyers sont toujours privés d'électricité ce dimanche soir
13:25après le passage de la tempête d'Arage en Bretagne et en Normandie.
13:29Des rafales de vent qui ont provoqué des chutes d'arbres
13:32sur les lignes électriques selon l'Elyse
13:34qui a déployé de nombreuses équipes sur le terrain
13:36pour tenter de rétablir l'alimentation chez tous les sinistrés.
13:40Merci beaucoup Brandon à tout à l'heure, 19h47.
13:48Nous sommes toujours avec Claude Moniquet, consultant pour Europe 1,
13:51spécialiste du renseignement et des mouvements terroristes.
13:53Claude Moniquet, question maintenant sur les conséquences
13:56que la chute du régime de Bachar Al-Assad
13:58pourrait avoir chez nous en France.
14:01Les prisons ont été ouvertes.
14:03Claude Moniquet, faut-il craindre, peut-on craindre
14:06que les djihadistes qui étaient partis rejoindre Daech
14:10et sont traînés, qui étaient détenus dans les prisons syriennes
14:13puissent revenir en Europe et notamment en France ?
14:17Alors les djihadistes européens qui avaient été,
14:22qui avaient rejoint Daech pour participer aux djihads en Syrie
14:26sont quand même pour l'essentiel, ceux qui ont survécu,
14:30sont pour l'essentiel détenus soit dans les camps kurdes du nord-est,
14:34soit en Irak.
14:36Il y en a dans les prisons syriennes,
14:39mais étant donné les méthodes utilisées dans les prisons syriennes,
14:43objectivement il ne peut y en avoir beaucoup.
14:45Cela étant, il est certain qu'il y a dans les prisons syriennes
14:49des djihadistes locaux, des extrémistes locaux,
14:52et la manière dont ils pourront agir,
14:56s'ils ont encore la volonté et la force d'agir après leur détention,
14:59va défendre de la nature de l'État qui va se mettre en place.
15:03Effectivement, si comme Nathan Devers le disait à raison,
15:06nous assistons à une libisation de la Syrie,
15:11c'est-à-dire à une disparition du pouvoir central,
15:14à une espèce de cantonéisation entre les différentes communautés,
15:18à ce moment-là on verra certainement dans le nord-ouest
15:21renaître un petit État islamique lié à Daech
15:26qui pourrait bénéficier de l'apport de ces djihadistes
15:29et qui pourrait de nouveau peut-être attirer des Européens
15:32ou projeter des djihadistes vers l'Europe.
15:35Donc le risque existe, le risque est incontestable,
15:38mais il est encore difficile à quantifier.
15:41Cela étant, si vous me permettez, je voudrais revenir sur un point.
15:44Il y a quand même un aspect positif dans ce qui s'est passé cette nuit à Damas
15:49et ça concerne l'Hezbollah.
15:51Avec la chute de régime, l'Hezbollah a perdu son lien territorial avec l'Iran
15:57qui permettait d'acheminer des armements via l'Irak et la Syrie
16:03vers le Liban pour l'Hezbollah
16:05et a perdu bien entendu le soutien du gouvernement syrien.
16:08Donc ça va encore affaiblir davantage l'Hezbollah
16:11qui est déjà fortement affaiblie par les opérations israéliennes
16:14et ça peut faire diminuer, se desserrer son emprise sur les talibanais
16:18et ça pour le moment c'est une bonne nouvelle quand même.
16:20Et l'Iran a perdu son principal allié également ce soir avec la chute de Bachar al-Assad.
16:26Alors l'Iran a perdu un allié important,
16:29mais il y avait quand même des divergences entre les iraniens et les syriens
16:32parce que les alaouites, les chiites eux-mêmes les considèrent comme une secte un peu déviante.
16:36Donc ils aimaient bien Bachar, mais avec des limites.
16:39Le principal allié étatique de l'Iran dans la région, ça reste l'Irak.
16:45Et de ce côté-là, l'Irak reste très clairement, quoi qu'en dise son gouvernement,
16:50fortement, pour ne pas le dire exclusivement, aligné sur les positions de Téhéran.
16:56Mais il est clair que cela affaiblit, le Hezbollah est affaibli
17:00et si le Hezbollah est affaibli, ça veut dire que régionalement,
17:03l'Iran est également fortement affaibli depuis ce matin.
17:08Véronique Jacquet, vous voulez réagir ?
17:11Oui, parce que par rapport à Nathan Devers qui se réjouissait quand même,
17:17plus ou moins, de la situation en disant que Bachar el-Assad était un atroce sanguinaire,
17:23bien entendu nous sommes tous d'accord là-dessus,
17:25mais je crois que ce soir, vraiment, on ne peut pas choisir entre la peste et le choléra,
17:30même si les mots ne sont pas à propos.
17:32Enfin franchement, je pense que la Syrie va vivre une période catastrophique.
17:36On voit dans quel état est l'Irak, on voit dans quel état est la Libye.
17:40Je ne vois pas comment ça peut aller mieux avec un islamiste comme Joulani
17:46qui se donne un visage modéré et un aspect d'homme politique modéré.
17:51On a l'impression, moi, ce qui me met frais ce soir, quand j'entends même les réactions politiques,
17:55même quand on entend Joe Biden se réjouir, c'est qu'on a affaire à des gens qui sont capables d'appeler...
18:00Oui, il appelle à des élections en Syrie, des élections démocratiques.
18:05Mais non, mais on a l'impression qu'on a affaire à des gens qui sont capables quand même d'appliquer la charia.
18:09On a affaire à des gens où, évidemment, on va avoir une libéralisation de la violence,
18:16puisqu'il va y avoir des sunnites qui vont vouloir se venger sur les alaouites,
18:21puisque Bachar el-Assad n'est plus là pour le servir de rempart.
18:24Et puis alors quid des chrétiens d'Orient ?
18:26Très sincèrement, ils ne sont déjà plus que 2% ! 2% !
18:30Il y a plus de 10 ans, ils étaient 2 millions, maintenant ils sont 500 000.
18:34Tous ceux qui sont partis, qui ont quitté le pays, ne reviendront pas.
18:37Donc vous avez un champ de ruines pour bon nombre d'années.
18:41Et comme l'a dit Claude Maudit, qui est non seulement un champ de ruines,
18:44mais avec un petit Etat islamique au milieu.
18:46Je vous laisse présager ce que ça a de bon.
18:49Non, mais vous avez raison.
18:50Et même pour l'Europe !
18:52C'est très très inquiétant.
18:54Nathan Devers.
18:55Moi j'aimerais préciser, je me réjouis évidemment de voir tomber une dictature,
18:59et les conditions extrêmement lâches dans lesquelles Bachar Al-Assad a fui son pays,
19:04après avoir tué des centaines de milliers de gens.
19:06Tout est dit.
19:08En revanche, je pense qu'il faut voir qu'il y a 2 grandes erreurs
19:12qui ont pu être faites par l'Occident dans la région.
19:14Il y a un premier type d'erreur,
19:16c'est l'erreur des néo-conservateurs américains,
19:18qui pensaient qu'on pouvait exporter la démocratie dans des tanks.
19:22C'est ce qui a été fait pendant la guerre en Irak en 2003.
19:25Et ça, je suis parfaitement d'accord avec vous là-dessus,
19:27ça ne marche pas.
19:29C'est une forme de néo-colonialisme,
19:31que de croire qu'on arrive avec des armes,
19:34on renverse une dictature,
19:36et la démocratie advient.
19:37Ça ne marche pas comme ça.
19:38Non seulement ça ne marche pas du tout, mais en plus ça fout une instabilité.
19:43Mais après George Bush,
19:45l'Occident a fait l'erreur inverse.
19:47Barack Obama a eu l'école absolument contraire,
19:50par rapport à la Syrie,
19:52et par rapport à l'Irak dont on parlait tout à l'heure,
19:54c'est de laisser faire.
19:56Maliki, le chef d'état irakien,
19:58a commencé à réprimer, en 2011, le printemps arabe.
20:02Quand Bachar el-Assad a réprimé aussi le printemps arabe,
20:04dans les deux cas, pas au même moment, avec deux ans d'intervalle,
20:07Barack Obama a laissé faire.
20:09Dans les deux cas, ces répressions violentes,
20:11aidées, enfin pas aidées, mais en tout cas avec la complicité,
20:14enfin pas la complicité, mais avec le ponspilatisme de l'Occident
20:17qui se lavait les mains de la situation,
20:19ont engendré l'hydre islamiste,
20:21et ont permis à Daesh de s'emparer du territoire.
20:24Ce que je veux dire par là, c'est que je ne suis pas,
20:26si vous voulez, favorable au fait de dire
20:28arrivons comme ça, installons une démocratie, ça ne marche pas,
20:30mais que l'attentisme ou la solution consistant à croire
20:33que Bachar el-Assad était quelqu'un
20:35qui luttait contre l'islamisme,
20:37c'était un, une vue de l'esprit,
20:39deux, c'était dégueulasse parce qu'il y avait des centaines de milliers de morts
20:41dans la population civile,
20:43et trois, c'était contre-productif.
20:45Alors maintenant, quelle est la solution ?
20:47Je ne sais pas, je ne suis pas devin,
20:49je ne sais pas quelle est la troisième voie,
20:51elle est sans doute extrêmement difficile,
20:53mais la troisième voie, me semble-t-il, mérite d'être renvoyée d'Osaddo.
20:55Et puis là, ce soir, effectivement,
20:57ce chef islamiste
20:59qui va certainement prendre le contrôle du pays,
21:01on va rappeler deux, trois choses sur ce personnage,
21:03qu'il faisait partie de Daesh,
21:06qu'il a violé des dizaines de femmes en Syrie,
21:08de 2012 à 2016,
21:10il a fait partie du front Al-Nostra,
21:12et il a fait massacrer des dizaines
21:14de milliers de civils.
21:16Il a fait massacrer des dizaines de milliers
21:18de civils.
21:20Claude Moniquet, on a de quoi
21:22être inquiets quand même ce soir.
21:24Bien sûr,
21:26on a de quoi être inquiets,
21:28et le problème fondamental,
21:30je rejoins à partie
21:32Nathan Devers sur son analyse
21:34sur les deux horaires fondamentales
21:36que nous avons commises,
21:38mais la question, c'est avec qui travailler ?
21:40Moi, il y a 20 ans,
21:42j'ai participé à l'organisation
21:44d'une réunion de l'opposition syrienne,
21:46donc bien avant le printemps arabe,
21:48qui s'est tenue en Europe.
21:50Alors, j'ai vu des tas de gens magnifiques,
21:52des vrais démocrates syriens
21:54qui voulaient une démocratie parlementaire,
21:56un système bicaméral, l'indépendance de la justice,
21:58les trois pouvoirs, tout ce que vous voulez.
22:00Ils vivaient tous en Occident,
22:02et ils se déplaçaient d'hôtel en hôtel,
22:04d'ailleurs plutôt hôtels luxueux, payés par les Américains
22:06la plupart du temps, pour discuter
22:08entre eux. Mais ils ne représentent rien
22:10sur le terrain. C'est ça le problème.
22:12Il n'y a pas dans le monde arabe aujourd'hui,
22:14et ça dépasse la Syrie, il n'y a pas dans le monde
22:16arabe aujourd'hui,
22:18de ferments démocratiques
22:20en dehors d'une très fine
22:22couche d'intellectuels
22:24occidentalisés, dont la plupart ont fait leurs
22:26études en Occident, souvent en France,
22:28mais pas seulement, en Grande-Bretagne aussi,
22:30et qui sont acquis à nos idées.
22:32Mais ces gens-là ne représentent malheureusement rien.
22:34L'idéologie qui monte
22:36depuis 20 ans dans le monde arabe,
22:38c'est le djihadisme, c'est l'islamisme.
22:40Ce n'est pas le combat pour la démocratie parlementaire.
22:42Nathan Devers,
22:44vous vouliez répondre.
22:46La question que soulève Claude Moniquet est absolument
22:48centrale.
22:50C'est la question de savoir
22:52quelle doit être
22:54notre conception de l'universalisme
22:56des libertés et des droits de l'homme.
22:58Il est évident, comme Claude Moniquet le soulignait,
23:00qu'on ne peut pas, si vous voulez,
23:02attendre des pays arabes,
23:04qu'ils répliquent à l'identique
23:06un modèle politique qui
23:08a été inventé par l'Europe
23:10pour un certain nombre de pays
23:12occidentaux. Ensuite,
23:14je pense qu'une des questions,
23:16c'est d'essayer, dans ces pays-là,
23:18avec des intellectuels qui ne sont pas des intellectuels
23:20mimétiques de l'Occident, qui passent leur vie
23:22dans des hôtels de luxe en Europe, etc.,
23:24qui le font depuis
23:26le leg de leur propre culture,
23:28de leur propre expérience, de leur propre héritage,
23:30qui inventent un modèle
23:32de liberté, de coexistence,
23:34de coexistence entre les peuples, qui ne soit pas forcément,
23:36si vous voulez,
23:38le clone
23:40du fonctionnement précis de nos institutions.
23:42Et j'aimerais juste dire une chose,
23:44le grand drame de cette région, il est double.
23:46Il est que les frontières de ces pays ont été définies
23:48par les colons. C'est les accords Sykes-Picot
23:50qui sont des accords, qui sont
23:52colonialistes, où on a projeté,
23:54si vous voulez, nos propres intérêts pour définir
23:56des États. Donc ce sont des États qui ne sont pas définis
23:58par eux-mêmes. Et évidemment, leur modèle
24:00politique, ça va être d'inventer
24:02encore une fois, cette liberté-là
24:04depuis leurs propres paramètres
24:06et leurs propres critères.
24:08Merci beaucoup. Merci beaucoup Claude Moniquet.
24:10C'est passionnant. Consultant européen, spécialiste
24:12du renseignement et des mouvements terroristes.
24:14Merci d'avoir été avec nous en direct
24:16sur Europe 1. Merci beaucoup Nathan Devers.
24:18Merci beaucoup Pascale. C'est un plaisir.
24:20Moi aussi, c'est un plaisir partagé. Merci Véronique Jacquet
24:22qui a dû quitter ce studio
24:24parce qu'elle avait des engagements
24:26ailleurs.
24:28Il est 19h57, juste avant
24:30le journal de 20h, une annonce
24:32Europe 1. Il y a 5 ans, Notre-Dame de Paris
24:34sombrée, terrassée par les flammes,
24:36soutenue par les fidèles du monde entier. Notre-Dame
24:38est aujourd'hui plus belle que jamais. Pascal Praud
24:40vous raconte le défi de la restauration
24:42dans un podcast inédit
24:44illustré par les archives d'Europe 1.
24:46Le bois utilisé pour reconstruire
24:48la charpente est du chêne
24:50soigneusement sélectionné dans les forêts
24:52de France. Europe 1
24:54avait pu assister à la sélection
24:56des arbres en Normandie.
24:58On a là-bas un arbre qui est gros, qui est bien droit.
25:00Ça a l'air d'être un bon candidat.
25:02Le grand défi de Notre-Dame, le podcast
25:04a retrouvé sur le site et l'application
25:06Europe 1. Il est 19h58. On revient dans un instant
25:08avec le journal de 20h.
25:10Sachez que Régis Le Sommier,
25:12journaliste, grand reporter, sera avec nous
25:14dans la deuxième partie de l'émission. On a encore beaucoup de choses
25:16à dire sur l'actualité de cette journée
25:18et l'actualité de cette soirée qui concerne la Syrie.
25:20Bachar al-Assad est tombé.
25:22Il l'a trouvé asile
25:24à Moscou en ce moment.
25:26La Russie qui lui a accordé l'asile
25:28avec sa famille. A tout de suite.

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