« Une catastrophe », voilà les premiers mots de Jordan Bardella pour évoquer la chute du bourreau de Damas, hier sur France 3. La prise de la Syrie par des rebelles islamistes est selon le président du RN porteuse d’un « risque de déferlement migratoire » que l’Europe doit anticiper.
L'édito Politique dans le 7/9 par Patrick Cohen (7h43 - 9 Décembre 2024)
Retrouvez toutes les chroniques de Patrick Cohen sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-edito-politique
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00:00L'édito politique Patrick Cohen, les avocats français de Bachar Al-Assad.
00:06Une catastrophe ! Voilà les premiers mots de Jordane Bardella pour évoquer la chute
00:10du bourreau de Damas hier sur France 3, la prise de la Syrie par des rebelles islamistes
00:14et selon le président du RN, porteuse d'un risque de déferlement migratoire que l'Europe
00:19doit anticiper.
00:20Marine Le Pen n'a encore rien dit, mais elle s'est beaucoup singularisée depuis
00:24le début de la révolution syrienne de 2011.
00:26Par son soutien au régime.
00:28C'est effectible, quand le pouvoir syrien répond à des manifestations pacifiques en
00:31faisant tirer dans la foule, quand la répression sanglante s'intensifie et que les premières
00:36sanctions tombent contre la Syrie, elle déclare en 2012 « Laissons Bachar faire des réformes
00:41». Quand celui-ci recourt comme son père aux armes chimiques et fait gazer tout un
00:45quartier, hommes, femmes, enfants, Marine Le Pen dit qu'elle n'y croit pas, qu'elle
00:49n'a pas vu les preuves et elle va dénoncer l'ingérence étrangère à la télé du
00:53régime.
00:54L'état islamique entre en scène en 2013, après la libération par le pouvoir syrien
00:58de centaines de détenus islamistes dans l'intention cynique de « jidaïser » la
01:04rébellion, Damas y trouve la justification de ses atrocités et le FN les raisons de
01:09son soutien.
01:10Quand Marine Le Pen est reçue avec éclat en mars 2017 par Vladimir Poutine au Kremlin,
01:15elle félicite son hôte pour son intervention en Syrie qui, dit-elle, « a porté un coup
01:19sérieux au fondamentalisme », alors que les bombes russes n'ont visé Daesh qu'à
01:23la marge, le martyr d'Alep, au moins 8000 morts dans une ville en ruine, en est le
01:28triste symbole.
01:29Mais l'idée fausse d'un régime rempart et d'un choix binaire, c'est Bachar ou
01:33Daesh, continue de courir et peut paraître confortée par l'arrivée au pouvoir de
01:38rebelles islamistes.
01:39Il n'y a pas de quoi s'inquiéter ? Bien sûr que si, s'inquiéter de la nature
01:43du nouveau pouvoir, oui, mais en rappelant que la déferlante migratoire a déjà eu
01:47lieu, que si les Syriens ont quitté leur pays par millions, c'est justement parce
01:51que Poutine et Assad ont fait raser leur ville.
01:53Jean-Luc Mélenchon, Patrick, non plus, n'a pas beaucoup dénoncé le régime syrien.
01:58Il a beaucoup critiqué les Américains, comme en toute chose, et s'en est remis aux Russes.
02:02Poutine va régler le problème, c'était en 2016, avant de qualifier de « bavardage »
02:08les accusations de crimes de guerre contre la Russie.
02:10Pourquoi c'est troublant ou choquant, au-delà du tropisme pro-russe de ces deux leaders ?
02:15Parce qu'il est toujours étonnant de voir des mouvements qualifiés de populistes parler
02:19géopolitique comme si les peuples n'existaient pas.
02:22Parce qu'Assad n'est pas un dictateur ordinaire, un autocrate comme tant d'autres
02:26dont on pourrait s'accommoder, dont on dirait que c'est un moindre mal.
02:29C'est un criminel de masse qui a fait torturer et massacrer des pans entiers de sa population.
02:35Désormais, ils sont deux dans sa catégorie à Moscou, son hôte et lui.
02:40Et s'agissant du deuxième, avant de déchanter, peut-être, pour la Syrie, nous verrons qu'il
02:45soit permis ici de dire « enfin ».
02:47Patrick Cohen.