Dans l’interview d’actualité de Télématin, Flavie Flament reçoit Caroline Pigozzi, écrivaine et vaticaniste.
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00:00Allez, c'est un nouveau rendez-vous qu'on vous propose et que vous nous proposez, Flavie, ce matin, dans Télématin.
00:05Rendez-vous avec notre grand témoin du jour, chaque matin, les invités au cœur d'événements qui font l'actualité.
00:09Et on va commencer ce matin avec la venue très attendue du Pape.
00:13Ce sera ce week-end en Corse, à Ajaccio, le Pape François.
00:16– Bonjour Caroline Pigozzi. – Bonjour.
00:18– Merci d'être avec nous ce matin. Vous êtes journaliste, vous êtes vaticaniste,
00:22vous êtes également écrivaine et vous êtes dans les petits papiers du Pape François.
00:26Il vous appelle même Carolina.
00:28Il parait même que vous êtes sa journaliste préférée, c'est vrai ?
00:32– Écoutez, c'est ce qu'il dit, on est deux en fait.
00:34Il y a une italienne et moi, on est deux femmes.
00:36– Vous partagez ? – Nous partageons.
00:38Et puis on est très complices en plus.
00:41Donc une commence à poser une question, l'autre finit et on relance.
00:45– Et lui, il est aux anges.
00:46Vous, vous avez connu, vous avez fréquenté trois souverains pontifs.
00:49Il y avait Jean-Paul II, il y avait Benoît XVI, il y avait François.
00:54François, c'est votre prèf ?
00:55– Oui, parce que vous savez, on est toujours un peu subjectifs.
00:57Il me dit qu'il m'aime, alors qu'est-ce que je lui disais ?
01:00– Donc c'est réciproque.
01:01– Évidemment.
01:02Et puis j'avais lu dans un livre qu'il aimait les femmes qui portaient des perles
01:06parce que sa grand-mère portait des perles
01:08et qu'il avait appris à compter avec un collier de perles.
01:11– C'est pour ça que vous avez cette coquetterie ?
01:13– Toujours.
01:14Et un jour, j'avais deux rangs, il m'a dit, la fois d'avant, tu en avais trois.
01:18– Ah, ça veut dire qu'il vous a repéré quand même, le Pape François.
01:21Qu'est-ce qu'il a de si singulier ?
01:23Qu'est-ce qui fait que vous l'aimez particulièrement ?
01:25Vous en avez même fait la coque de votre téléphone portable.
01:27– Oui, parce qu'il m'a mis sur la couverture d'un de ses livres, c'est pour ça.
01:30Donc c'est Vanitas Vanitatis, j'ose le dire.
01:32– Évidemment.
01:33– J'étais assez fier quand même.
01:34– Qu'est-ce qu'il a de si singulier ?
01:35– Et il est très direct, il est très spontané
01:38et puis on lit son humeur sur son visage et ça, c'est pratique.
01:41Parce que les hommes politiques, d'habitude, ils font sourire Gips.
01:44Lui, quand il n'est pas content, ça se voit, donc on se méfie,
01:47on dit, oh là là, on ne lui pose pas de questions.
01:49– Et vous parlez d'un homme politique, parce qu'effectivement,
01:51c'est un homme politique.
01:52– C'est un grand homme politique.
01:53– On peut être pape et on peut également être homme politique.
01:55– Il est chef d'État dans un pays où il y a plus de 180…
01:59Le Vatican a des relations diplomatiques avec 185 pays, il faut le savoir quand même.
02:04– Pardon, mais ça veut dire quoi être proche du pape ?
02:06Ça veut dire que vous avez un accès direct à lui ?
02:08Ça veut dire que vous lui tapez sur l'épaule quand vous le voyez ?
02:11– Non, ça veut dire que j'ai un canal et que quand je lui écris,
02:14il me répond toujours.
02:16Ce qui est amusant, c'est qu'il est extrêmement méfiant,
02:19donc il écrit à la main, il passe ses mails lui-même,
02:22souvent il les scanne, il les passe au petit matin à la main.
02:25– Il envoie même son courrier par un ami qui travaille sur Alitalia
02:29pour être sûr que ça n'a pas passé par le Vatican.
02:31– Oui, absolument.
02:32Et il écrit ses enveloppes lui-même, ce qui est assez chic.
02:35Jacques Chirac disait toujours, on voit la différence
02:37entre ceux qui écrivent les enveloppes et les autres.
02:40– Samuel, il a raison, comment est-ce que vous avez accès, vous, à ce pape ?
02:45Parce que ce n'est pas rien quand même, un souverain pontife,
02:47c'est la personne la plus connue du monde.
02:49– Parce que j'ai compris très tôt, comme quelques confrères,
02:51qu'il ne fallait jamais passer par les circuits officiels
02:53de services de presse et tout ça, c'est mort.
02:55– Mais vous passez par qui alors ?
02:57– Je passe par lui directement.
02:59– Mais alors vous passez par lui, c'est-à-dire que vous avez le numéro du pape ?
03:02– J'ai son mail et je lui envoie des mails tard le soir et il répond tôt le matin.
03:06– Et qu'est-ce que vous lui écrivez, votre éminence ?
03:08– Très sympa, et puis je pose des questions précises,
03:11et puis à la fin, je suis toujours très respectueuse,
03:14parce que c'est le pape, on ne lui tape pas sur l'épaule,
03:16ce n'est pas un copain quand même, donc je fais très attention à ça.
03:19Et contrairement à quelques confrères, ce sont surtout des journalistes politiques
03:24qui pensent qu'il y a une respectueuse complicité,
03:27mais le pape ça reste quelqu'un de tout à fait à part.
03:30– Est-ce qu'il accède à vos demandes, Caroline Pigozy,
03:32quand vous cherchez à le rencontrer, quand vous l'accompagnez ?
03:34– Assez souvent, il m'a donné sa première interview en France
03:37et il a fait une chose exceptionnelle pour les 70 ans de Paris Matchs,
03:42il avait accepté de signer toutes les couvertures de Paris Matchs
03:47qu'on lui avait apportées, il avait un poids comme ça,
03:49il avait un de ses secrétaires qui portait ça.
03:51– Qu'est-ce qu'il faisait samedi à 19h au moment de la réouverture de Notre-Dame ?
03:55Il était devant la télévision en train de regarder l'événement ?
03:57– Non, je ne crois pas, il n'aime pas tellement la télévision,
03:59il était avec les cardinaux parce qu'il a eu le consistoire, les nouveaux cardinaux,
04:03donc il était avec eux, enfin, il n'était plus avec eux
04:06parce qu'il y avait les visites de chaleur après,
04:10mais il les a vues, il y a eu la messe,
04:12c'était une journée un peu éprouvante avec les nouveaux cardinaux.
04:15– Il a fait lire une lettre justement, dans laquelle il demande l'accès à Notre-Dame,
04:21l'accès gratuit à Notre-Dame, car ça, ça a été aussi l'une des questions,
04:25ça lui ressemble ça ?
04:26– Mais c'est tellement symbolique, parce qu'il est pragmatique,
04:29s'il parle ce n'est pas pour ne rien dire, et il plaide, il martèle toujours,
04:34il avait quelque chose à gagner, le reste il n'a pas pris là-dessus,
04:37mais là il peut se dire quand même, la preuve c'est que vous en parlez ce matin.
04:40– Oui.
04:41– Expliquez-nous, caroline Picotti, ils se font la tête avec Emmanuel Macron ?
04:44Il y a un problème qui nous échappe ou pas ?
04:46– Non, ce n'est pas exactement comme ça, c'est qu'il a tout de suite compris,
04:49c'est quand même un vieux loup politique,
04:51il a tout de suite compris qu'il serait au milieu de tous les chefs d'État,
04:54on va l'asseoir où ? Sur un trône, le pape, devant,
04:57ensuite il est sur une petite chaise, il est sur une chaise roulante,
05:00c'est très désagréable humainement d'entrer, même s'il aime,
05:03d'entrer dans une église poussée avec une chaise roulante, ça ne fait pas un grand effet,
05:07et ensuite comme il est très instinctif et qu'il sait tout,
05:10parce que le nonce à Washington qui s'appelle Christophe Pierre,
05:13qui est français, avait sans doute imaginé que finalement Trump allait venir,
05:19enfin il est hautement resseigné comme on dit au Vatican,
05:22donc il est prudent dans ces cas-là.
05:24– Mais ce n'était pas sa valace quand même ?
05:26– Et puis il aurait éclipsé tout le monde, il aurait éclipsé les présents,
05:28il aurait éclipsé les autres.
05:29Le pape, il est en blanc, il faut voir que lui, et il est le plus important,
05:33ce n'est pas de la vanité, et puis il ne contrôlait pas la situation,
05:36et c'est insupportable, c'est un homme autoritaire.
05:38– Et il faut préciser aussi qu'il aime beaucoup Emmanuel Macron
05:42parce qu'il l'aime s'entourer de jeunes,
05:44et ça fait partie des chefs d'État qui lui plaisent le plus.
05:47– Ancienne élève des jésuites, pape jésuite.
05:49– Comme Emmanuel Macron, absolument.
05:51– Et puis les présidents de la République, ils ont un certain âge,
05:54donc ils racontent des histoires de vieux, ils ont mal au genou comme lui,
05:57Emmanuel Macron, il ne raconte pas, c'est ça.
05:59– Et ça, ça le saoule, à un moment donné, ça le fatigue le pape.
06:01Je voudrais qu'on vienne sur son arrivée en Corse,
06:03parce que c'est quand même l'événement, c'est la première fois qu'il vient en Corse,
06:06ce sera donc le week-end prochain.
06:07Vous, vous avez souvent voyagé avec François en avion,
06:10alors le pape François est devant, et les journalistes sont derrière.
06:14Est-ce que vous pouvez nous expliquer comment il voyage ?
06:16Est-ce qu'il voyage léger, ou est-ce qu'il voyage avec énormément de bagages ?
06:19– Non mais un pape, ça ne porte jamais rien,
06:21mais il a quand même une serviette noire dans laquelle il met les choses importantes,
06:26ce qui est amusant, c'est que quand on décolle, on est vraiment avec lui,
06:30parce qu'on ne ferme pas les petits rideaux, donc on voit une calotte blanche,
06:33on se dit, on voyage, on est tout près de lui.
06:36Après ça, ce n'est pas du tout luxueux,
06:38on mange une ragoniasse qui met les journalistes de très mauvais humeur,
06:42on mange tous la même chose, quand ce sont des vols qui durent 18 heures,
06:45les gens trouvent ça…
06:47– Oui, ce n'est pas un pape, c'est très frugal avec le pape François.
06:50– Non, il veut être comme tout le monde, il ne veut pas du tout…
06:53Il n'y a pas le président de la compagnie qui est là, déférent, enfin…
06:57– Et quand il prend le micro comme ici,
06:59que dit-il, est-ce qu'il s'adresse aux journalistes ?
07:02– D'abord il s'adresse à nous, et il nous dit bon voyage,
07:05il nous dit qu'on lui posera évidemment des questions au retour,
07:11et il a quelquefois des mots particuliers pour certaines personnes,
07:15pour un journaliste dont c'est le dernier vol,
07:17pour un journaliste qui fête son anniversaire,
07:19enfin ça reste une chose respectueusement…
07:21– Mais c'est un vol, c'est une ligne régulière vous dites,
07:23il n'y a pas le PDG de la compagnie, c'est une ligne régulière ou c'est un avion papal ?
07:26– Non, ce n'est pas du tout un avion papal, c'est un avion de ITA,
07:29de la compagnie italienne, quand on part, qui est affrété,
07:33et tout le monde paye son voyage, on est invité à payer,
07:36et il rentre généralement par un avion de la compagnie du pays,
07:41et l'autre fois, je ne dirais pas par charité chrétienne pour le pays,
07:44on a même voyagé à l'intérieur d'un pays en low cost,
07:47et on était vraiment très très serrés.
07:49– Merci beaucoup Caroline Thiergaudie en tout cas d'avoir accepté notre invitation,
07:52mon invitation, je rappelle, votre dernier livre,
07:55« Pourquoi eux ? » publié chez Plonk, merci à vous.