Abou Mohammad al-Jolani, le chef islamiste de la coalition rebelle à l'origine d'une offensive fulgurante en Syrie qui a provoqué selon ses combattants la chute dimanche du président Bachar al-Assad, est passé d'un vocabulaire fondamentaliste à une parole qui se veut modérée pour parvenir à ses fins. Le leader de Hayat Tahrir al-Sham (HTS), ex-branche d'al-Qaïda en Syrie, s'était fixé comme objectif de renverser le président Assad, au pouvoir depuis 2000.
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00:00Proche d'Al-Qaïda, chef de guerre opportuniste, qui est Abou Mohamed Al-Jolani.
00:04A la tête de la coalition rebelle qui a poussé Bachar Al-Assad hors du pouvoir,
00:08Abou Mohamed Al-Jolani tente depuis plusieurs années de modérer son discours.
00:12Dès 2003, alors âgé d'une vingtaine d'années, il part combattre dans les rangs d'Al-Qaïda en Irak,
00:17pays voisin de sa Syrie natale.
00:19Puis, en 2011, lors du début de la guerre civile en Syrie,
00:23il arbore un turban caractéristique des groupes djihadistes
00:25et revient dans son pays pour y fonder le front Al-Nusra.
00:28Il refuse d'être adoubé par Abou Bachar Al-Baghdadi, alors chef de l'État islamique,
00:33et préfère s'allier à Al-Qaïda.
00:35En 2015, il affirme ne pas avoir l'intention de lancer des attaques contre l'Occident,
00:39contrairement à l'État islamique.
00:41Puis, l'année suivante, il rompt avec Al-Qaïda
00:43pour ôter les prétextes avancés par la communauté internationale pour attaquer son organisation.
00:48C'est en 2017 qu'il fonde Aïa Taïr Al-Châm,
00:51fusionnant Al-Nusra avec des rebelles radicaux qui contrôlent alors le nord de la Syrie.
00:55Depuis, Abou Mohamed Al-Jolani tente d'apparaître comme modéré.
00:59Par exemple, dans la ville d'Idleb, contrôlée par son organisation depuis plusieurs années,
01:03il prétend protéger les chrétiens.
01:05C'est vrai qu'il y a quelques dizaines de personnes âgées
01:08qui vivent toujours dans un village chrétien à côté d'Idleb.
01:11Il les protège un peu comme une réserve indienne pour montrer qu'il est tolérant.
01:15Mais il a éradiqué les chiites, les alaouites qui se trouvaient dans la province d'Idleb.
01:21Il a éliminé tous les opposants laïcs qui étaient à Idleb.
01:24Depuis le lancement de l'offensive vers Damas le 27 novembre dernier,
01:27le leader rebelle multiplie les signes rassurants.
01:30Il a taillé sa barbe et ne souhaite plus être appelé par son nom de guerre,
01:33Abou Mohamed Al-Jolani.
01:35Il a également publié un texte pour préserver la sécurité dans les régions libérées.
01:39Parmi les interdictions, tirer des balles en l'air car cela provoque la panique,
01:43s'en prendre aux institutions et aux biens publics et empiéter sur la propriété privée.
01:47Il s'est même exprimé lors d'une interview à la chaîne américaine CNN il y a quelques jours.
01:51Il doit y avoir un cadre juridique qui protège et garantisse les droits de tous
01:56et non un système qui ne sert qu'à un seul mouvement, comme l'a fait le régime d'Assad.
02:02Hayat Tahrir al-Sham est l'une des factions de la région, comme toutes les autres.
02:07Maintenant, nous parlons d'un projet plus vaste, nous parlons de construire la Syrie.
02:11Mais son arrivée au pouvoir ne veut pas dire le début d'une démocratie dans le pays,
02:15selon Frédéric Ancel.
02:16Je pense qu'il peut très bien être réellement converti au pragmatisme.
02:21Mais je répète que le pragmatisme, c'est une forme de prudence,
02:23c'est une forme de compréhension très fine des rapports de force.
02:27Mais ça ne signifie pas que sur le plan idéologique, on ait affaire à des gens modérés.
02:31Ça, pour le coup, je ne le crois pas.
02:32Une démocratie sous la férule, sous le pouvoir d'islamistes,
02:36même lorsqu'ils sont pragmatiques, ça ne s'est jamais vu nulle part.
02:39Aboumohamed Al-Jolani a salué ce dimanche une victoire historique qui a purifié la Syrie.