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Les professionnels de la santé font partie des populations les plus sensibles aux risques socioprofessionnels. Pour les intérimaires du secteur, ces dangers liés à l’activité professionnelle sont accentués, ce qui implique une nécessité de suivi et de prévention poussés.

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00:00BISMART
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00:12Bien dans son job, on s'intéresse au secteur de la santé, sur lequel on a beaucoup parlé,
00:16beaucoup débattu depuis 2020 et la crise sanitaire.
00:20On a eu tendance à les oublier un petit peu, ces professionnels souvent en grande difficulté
00:24et un public en particulier est assez sensible à ces difficultés.
00:28Ce sont les jeunes étudiants et les intérimaires qui sont parfois sous les radars en termes de risques psychosociaux.
00:34On va parler du sujet avec Catherine Cornibère. Bonjour.
00:38Bonjour.
00:39Vous êtes directrice générale de l'association SPS.
00:42Est-ce que déjà vous pourriez en quelques secondes me présenter cette organisation qui est née en 2015 ?
00:48C'est ça. L'association SPS, Soins Professionnels de la Santé, est une association loi 1901 but non lucratif,
00:54reconnue d'intérêt général fin 2019, avec deux grandes missions.
00:58L'accompagnement de tous les professionnels de la santé et des étudiants,
01:02avec une plateforme d'écoute, un réseau national du risque psychosocial
01:06et des unités dédiées pour accueillir spécifiquement cette population
01:09et des actions de prévention pour leur mieux-être,
01:12de sensibilisation pour qu'ils essaient d'être mieux dans leur peau et mieux dans leur corps.
01:17Alors vous vous intéressez à l'ensemble du secteur, donc à l'ensemble des salariés,
01:21mais depuis septembre, il y a eu un partenariat signé avec Vitalis Médical
01:26pour se focaliser plus précisément sur les étudiants et les intérimaires.
01:30Pourquoi ces deux publics-là sont particulièrement à risque ?
01:34Alors effectivement, l'association s'occupe de tous les professionnels de la santé,
01:38que ce soit les soignants, les paramédicaux, les administratifs,
01:41mais aussi les personnes dans le médico-social et les étudiants, y compris les intérimaires.
01:45Pourquoi ? Parce qu'on sait que dans certaines structures de santé, il y a 20 à 25 % de taux d'absentisme.
01:50Donc pour nous, il était essentiel de s'occuper, de bien s'occuper,
01:53de soutenir en fait ces intérimaires et ces étudiants pour plusieurs raisons.
01:58La première, c'est en termes de conditions de travail.
02:01Effectivement, ça peut être compliqué quelquefois,
02:04même si les personnes peuvent se sentir plus libres par rapport à l'isolement.
02:09Le deuxième soutien, c'est par rapport à l'accès aux soins.
02:13Souvent, ces intérimaires n'ont pas, comme les autres salariés,
02:16accès aux soins facilement dans ce cadre-là.
02:19La troisième raison, c'est plutôt le stress.
02:22Une certaine liberté, certes, mais aussi un certain isolement
02:26par rapport à d'autres salariés dans des structures.
02:28Donc de ce fait, ils ont besoin d'être accompagnés, soutenus,
02:32parler à quelqu'un, c'est ce qu'offre la plateforme, pour pouvoir être bien accompagnés.
02:36Quand on parle des intérimaires, justement, les derniers articles de presse qu'on a pu voir
02:40parlaient surtout des rémunérations qui étaient plus élevées que les salariés à plein temps,
02:45à taux journalier, mais en fait, l'envers du décor,
02:48c'est que ces gens-là ne sont pas suivis.
02:50S'il y a un problème, qui peut le détecter ?
02:52Comme tout intérimaire, il y a une partie, effectivement,
02:55et quand même, c'est bien encadré sur la rémunération d'un intérimaire
02:58qui peut paraître plus important, mais le travail n'est pas toujours régulier
03:01et les perspectives aussi d'évolution de carrière ne sont pas toujours bien connues.
03:08Donc, il est essentiel aussi que ces rémunérations soient un peu plus fortes
03:11quand les personnes sont au travail.
03:13Parallèlement, quand elles ne sont pas au travail,
03:15effectivement, il n'y a pas de rémunération.
03:18Donc, c'est quelque chose qui, quand même encadré, est normal.
03:21Et c'est ce que les personnes recherchent.
03:22À l'instant, vous parliez notamment de problèmes d'absentéisme.
03:25Il y a visiblement beaucoup plus grave dans les chiffres que vous évoquiez avant l'interview.
03:29Il y a des problèmes de dépression, des problèmes de burn-out
03:32et même des problèmes de pensée suicidaire, j'ai lu,
03:35pour quasiment, par exemple, un quart des étudiants infirmiers.
03:39C'est exactement ça.
03:40Les derniers chiffres du rapport ministériel sur la santé des soignants de 2023
03:45montrent que 20 à 25% des professionnels de la santé
03:49se jugent en mauvais état de santé, voire très mauvais état de santé.
03:52Deux tiers des infirmiers et des médecins ont déjà été confrontés au burn-out.
03:57Je parlerai aussi d'autres éléments, comme la fatigue.
04:01Deux tiers se sentent fatigués.
04:03Les trois quarts manquent de sommeil.
04:05Et tous les éléments fondamentaux, comme l'activité physique,
04:08le sommeil et l'alimentation, sont très dégradés.
04:10De ce fait, ça fait des soignants en plus ou moins mauvais état de santé.
04:16Ce sont des chiffres très alarmants,
04:18qui ont été aussi complétés par des chiffres récents
04:21que nous avons réalisés avec Réussi Tonifcier,
04:24un retour de 6000 questionnaires
04:26qui montrait effectivement 27% d'idées suicidaires chez les étudiants infirmiers.
04:32C'est un chiffre qui est vraiment...
04:33Un quart des cohortes.
04:34Exactement.
04:35Et avec déjà trois quarts qui avaient pensé à abandonner leur métier.
04:40Donc on parle d'attractivité des métiers du soin.
04:42Effectivement, c'est un chiffre qui est alarmant.
04:45Pour finir, vous concrètement, SPS, comment vous les aidez ?
04:48Déjà, je pense qu'il y a de la prévention, de l'accompagnement.
04:51Peut-être qu'aussi, à un moment, il faut renvoyer les dossiers
04:54sur des structures compétentes pour aider.
04:57Oui, l'association est une solution
04:59avec une plateforme qui accompagne jour et nuit,
05:01avec 100% des crochets, par des psychologues qui sont formés,
05:04qui réorientent vers une structure médicalisée.
05:07Mais c'est aussi des ateliers de prévention.
05:09C'est de la formation autour des risques psychosociaux.
05:12C'est des fiches repères.
05:13C'est des autotests.
05:14C'est des groupes de parole.
05:16Mais c'est aussi la gestion de crise.
05:18Les chiffres sur la plateforme montrent que 15% effectivement sont alarmants.
05:22Alors nous, effectivement, au niveau de l'association,
05:25on est partie prenant dans le rapport ministériel sur la santé des soignants.
05:28On attend, comme beaucoup d'autres actions en ce moment,
05:31une feuille de route pour que ce sujet,
05:34sur la santé des soignants, soit un sujet majoritaire.
05:37Parce que si les soignants ne sont plus là,
05:40qui nous soignera demain ?
05:42Donc avant de parler de l'organisation du soin en France,
05:44il faut parler effectivement de la santé des soignants,
05:46qui est très alarmante et sur laquelle on peut apporter
05:49plusieurs solutions individuelles ou collectives.
05:52Catherine Corniber, merci beaucoup.
05:54Je rappelle, vous êtes directrice générale de l'association SPS.
05:57Le mot de la fin, ce sera peut-être « prenons soin de nos soignants ».
06:00Voilà.
06:01Smart Jobs, ça continue tout de suite, c'est l'heure du débat.
06:03On va parler parité dans les plus hautes sphères des entreprises.
06:06J'accueille mes invités.

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