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00:00L'édito politique sur Europe 1 avec Le Figaro, bonjour Alexis Brézé.
00:04Bonjour Dimitri, bonjour à tous.
00:06Alors voilà que huit jours que Michel Barnier a été renversé, nous n'avons toujours pas de Premier Ministre,
00:10j'ose à peine vous le demander Alexis, quand connaîtrons-nous le nom de son remplaçant ?
00:16J'ose à peine vous répondre Dimitri, à vrai dire j'ai honte de vous infliger
00:21et d'infliger à nos auditeurs qui n'en peuvent plus de cet interminable feuilleton,
00:27le récit de ces conclaves inutiles, de ces conciliabules stériles, de ces navrantes tractations.
00:35Honte de tenir ce matin encore la chronique de ce que Balzac appelait
00:39des sauts de puces attelés à des chars en carton.
00:44Enfin il le faut bien cependant puisque toute la vie politique est suspendue à cette seule question,
00:48de quoi parler d'autre ? Je vais donc tenter, je dis bien tenter, de reprendre le fil.
00:52Mardi donc, grâce à sa nouvelle méthode dont paraît-il le grand Raoult multipartisan à l'Elysée
00:59était la première illustration, Emmanuel Macron, nous disait-on,
01:03avait découvert avec son fameux pacte de non-censure la pierre philosophale qui allait tout changer.
01:11Miraculeusement, le pacte de non-censure devait mettre le gouvernement à l'abri
01:17des menées déstabilisatrices du Rassemblement National.
01:20Miraculeusement, le pacte de non-censure devait séparer la gauche réputée convenable
01:26des hordes vociférantes de LFI.
01:29Et grâce à cette invention géniale, sortie du cerveau fertile de notre président,
01:34la France allait enfin voguer sur les eaux tranquilles de la stabilité.
01:39Enfin ça, c'est la chanson qu'on nous serinait mardi.
01:43Il n'a pas fallu plus de 24 heures pour découvrir que tout cela n'était que du vent.
01:48Pourtant, cette idée poussée par l'Elysée d'un Premier ministre qui renoncerait au 49.3,
01:53tandis que les groupes de l'arc républicain renonceraient à le censurer,
01:57c'est une idée plutôt séduisante.
01:59En apparence peut-être, Dimitri.
02:01Mais si on y réfléchit bien, la non-censure, c'est un non-sens politique.
02:06Pourquoi le gouvernement Barnier a-t-il été censuré ?
02:09C'est simple, parce qu'il a tenté de faire passer au 49.3 son budget social.
02:14Effectivement, s'il n'avait pas utilisé le 49.3, il n'aurait pas été censuré, c'est l'évidence.
02:19Mais le budget n'aurait pas été voté, il aurait été rejeté.
02:23De ce point de vue, le pacte de non-censure est en réalité un pacte d'inaction,
02:27un pacte de non-gouvernement.
02:30Parce que pour qu'un texte passe sans 49.3,
02:33il ne suffit pas qu'il ne soit pas censuré,
02:36il faut en outre qu'il soit positivement voté par les deux camps.
02:40Ce qui, entre nous soit dit, est beaucoup plus engageant que de s'abstenir lors d'un vote de censure.
02:45Donc, le seul moyen de faire fonctionner un accord de non-censure,
02:49c'est d'aller au bout de la logique.
02:51C'est de passer, sur un programme ou sur quelques textes,
02:54un vrai accord de gouvernement.
02:57Et là, ça veut dire, par exemple,
02:59que la droite devrait renoncer à légiférer sur l'immigration,
03:02pour s'attirer les faveurs de la gauche.
03:04Et que la gauche devrait renoncer à geler la réforme des retraites
03:07pour obtenir le soutien de la droite.
03:09Ça veut dire aussi qu'il faudrait enlever du prochain budget
03:12les mesures d'économie, puisqu'elles mécontentent la gauche.
03:14Mais aussi les augmentations d'impôts, puisque ça déplaît à la droite.
03:17Explosion des déficits assurés.
03:20Alors, on peut baptiser ça compromis.
03:22Mais enfin, en réalité, cet accord de non-censure,
03:26c'est la garantie de l'immobilisme.
03:28En matière budgétaire, c'est la politique du chien crevé au fil de l'eau.
03:33Non, mais alors si ce n'est pas l'arc républicain,
03:35quel socle politique pour le prochain gouvernement ?
03:37Même cause, même conséquence, Dimitri.
03:39Depuis cet été, le pays n'est pas moins à droite.
03:42Sans doute l'est-il même un peu plus, si on en croit les récents sondages.
03:45L'Assemblée n'a pas changé.
03:47Donc la seule solution, si l'on veut que le pays soit un tant soit peu gouverné,
03:52est celle d'un gouvernement de droite, ou de centre droit,
03:55décider à obtenir la neutralité du RN,
03:58forcément fragile et provisoire,
04:00en l'échange d'un certain nombre de concessions.
04:02Au fond, c'est l'équation Barnier,
04:05mais avec un Premier ministre plus habile que Michel Barnier.
04:08Ce n'est pas impossible à trouver,
04:10mais encore faudrait-il commencer par le chercher.

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