Emmanuel Macron envisage-t-il un Premier ministre de gauche ? L'édito politique de Matthieu Croissandeau, éditorialiste politique BFMTV.
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00:00L'option Bernard Cazeneuve, est-ce que ça peut être le tour de la gauche ?
00:03Il y aurait une forme de logique, d'abord parce que ça correspondrait au résultat des législatives que la gauche n'a pas gagné,
00:08mais où elle était arrivée en tête.
00:09Ensuite parce que ça correspondrait au moment politique.
00:11Depuis huit jours, une partie de la gauche a bougé, les socialistes ont commencé à s'affranchir des insoumis
00:17en acceptant de discuter avec les autres formations politiques à l'invitation d'Emmanuel Macron.
00:20On sait que les communistes, les écolos leur ont emboîté le pas, alors tout ça reste fragile.
00:24Mais si l'idée d'Emmanuel Macron, c'est de marginaliser les extrêmes et de fédérer au fond tous les partis capables de passer des compromis,
00:29ça aurait du sens.
00:30Enfin, un premier ministre de droite, Emmanuel Macron a déjà tenté, on sait que ça n'a pas marché, avec Michel Barnier.
00:36La droite, elle est toujours tentée de lorgner vers l'extrême droite et les mêmes causes risqueraient de produire les mêmes effets.
00:40Puis j'ajoute que cette solution ne paraîtrait pas illogique aux yeux des Français.
00:44Selon notre partenaire Elabe, lorsqu'on demande aux Français de quelle sensibilité devrait être le prochain premier ministre,
00:50ils répondront premier, regardez, à politique, ce qui quand même rendit long,
00:53mais en second, de gauche, devant le Rassemblement national, loin devant la droite et très loin devant le camp présidentiel.
01:01Le camp présidentiel, ça c'est François Bayrou, on est d'accord.
01:03Exactement.
01:04Bon, mais Emmanuel Macron aurait pu le faire dès l'été dernier.
01:06Oui, et il s'y est toujours refusé.
01:08Alors maintenant que je vous ai donné les arguments qui plaident pour cette hypothèse, je vais vous faire la liste de tout ce qui plaide contre.
01:13Primo, c'est pas le penchant du président.
01:15Vous savez ce que François Mitterrand disait des gens qui se disent ni de gauche, ni de gauche, ni de gauche, ni de droite ?
01:20C'est qu'ils se disent toujours ni de gauche, ni de gauche.
01:22Et de fait, Emmanuel Macron, sa politique, son gouvernement, sa ligne, ça a toujours penché à droite,
01:28et puis on sait qu'il tient mordicus à son bilan, qu'il a des totems, bref, s'il nomme quelqu'un de gauche, ça serait compliqué.
01:32Deuxièmement, si le nouveau front populaire est arrivé en tête en raflant un tiers des sièges à l'Assemblée,
01:37ça ne veut pas dire pour autant que le pays est à gauche, parce que si vous ajoutez les deux autres tiers, vous comprenez, évidemment.
01:42Et puis, Tertio, Bernard Cazeneuve, si c'était lui, est désormais soutenu par les socialistes, ce qui n'était pas le cas cet été,
01:49mais il ne fait pas l'unanimité dans le reste de la gauche, notamment chez les écologistes.
01:52Quant à ses relations avec Emmanuel Macron, elles sont compliquées.
01:55Vraiment, d'un mot, si les autres profils dont on parle, François Bayrou, Sébastien Lecornu, Catherine Vautrin,
02:00seraient plus confortables pour le président de la République ?
02:02Oui, car ils sont tous macronistes, plus ou moins récents, plus ou moins proches, plus ou moins indépendants, mais tous macronistes.
02:07Mais ce serait une solution incompréhensible pour les Français qui ont sanctionné la politique du président.
02:12La solution, c'est le confort ou c'est l'effort ?
02:14Peut-être encore un effort, Monsieur le Président.