Le Premier ministre, François Bayrou, et le ministre de l'Intérieur démissionnaire, Bruno Retailleau, se sont exprimés au sujet de la situation à Mayotte, après le passage du cyclone Chido, le plus violent jamais enregistré sur l'île depuis 1934. Une cellule de crise interministérielle s'est tenue en début de soirée place Beauvau.
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00:00Réunion de crise sur la situation de Mayotte, situation qui croise plusieurs facteurs de risque, immédiats et de moyen terme.
00:22Tout le monde a bien compris ce qui se passait, un cyclone d'une violence inattendue, des vents à plus de 200 km heure, des équipements publics très endommagés ou détruits,
00:44à la préfecture, à l'hôpital, à l'aéroport, rendant impossible un très grand nombre de liaisons aériennes,
00:56et des risques très graves, très violents encourus pour les habitations et aussi pour les habitations précaires, bidonvilles, notamment occupées par les irréguliers.
01:22Ce qui fait que le bilan, pour l'instant, n'est pas très facile à faire. Le ministre de l'Intérieur va vous communiquer ce que nous avons comme renseignements.
01:36Le souci, ce n'est pas seulement le court terme et les secours et l'aide que nous pouvons apporter, mais c'est aussi le moyen terme pour l'alimentation en eau, pour l'alimentation en nourriture,
01:51notamment des équipements les plus sensibles. Prisons, centres de rétention, et tout ça est évidemment un facteur de risque qui s'accumule.
02:06Comme les transports aériens ne sont pas immédiatement possibles, comme les transports maritimes prennent 4 jours à partir de la Réunion, et donc ces soucis à venir sont très préoccupants.
02:29Alors on est d'abord préoccupés pour la sécurité immédiate des personnes. Et M. le ministre, qui est originaire de Mayotte, partage évidemment ses soucis, y compris pour sa propre famille à laquelle nous pensons.
02:46Mais évidemment, l'éloignement, les difficultés d'équipement, les usines de retraitement de l'eau, l'assainissement, tout cela crée multiplication de crises. La seule chose qu'on a pu sentir dans cette Réunion,
03:08ou qu'on a senti à coup sûr, c'est que les services de l'Etat sont présents et organisés. Mais que les moyens techniques et logistiques, ce sont évidemment des investissements qui ne sont pas immédiatement disponibles.
03:24Et qu'on va mobiliser de toutes les manières possibles, surtout quand on aura le bilan que nous n'avons pas aujourd'hui. Alors le ministre de l'Intérieur va vous faire un point précis sur une situation dans laquelle il est très important qu'on mesure les réponses immédiates et de moyen terme.
03:49Merci Monsieur le Premier ministre. Je suis entouré au-delà des ministres compétents, mais autour de la table, puisque c'est le Premier ministre qui présidait cette cellule interministérielle de crise.
04:02Il y avait 13 ministres qui sont totalement mobilisés. Et avec la présence de Tani, je veux dire après ce que vient de dire le Premier ministre, notre totale solidarité avec nos compatriotes maorais qui sont vraiment durement éprouvés et qui le seront dans les jours et sans doute dans les semaines à venir.
04:22Je pense qu'il y a une mobilisation exceptionnelle de l'Etat. C'est une situation vraiment exceptionnelle. Depuis 1934, il n'y avait pas eu à Mayotte un tel événement climatique qui, comme le Premier ministre l'a indiqué, a conjugué à la fois du vent, plus de 226 km heure pour les rafales, ensuite de la pluie.
04:42Et vous savez qu'on a un habitat précaire qui est accroché à flanc de colline. Et avec le ruissellement, avec la déstabilisation du terrain, c'est bien entendu une catastrophe. Et l'entièreté de cet habitat précaire a été évidemment détruit.
04:56Et puis le troisième élément, c'était une forte houle qui a pu créer parfois des phénomènes de submersion marine. Donc un épisode climatique qui est absolument dramatique, tout l'Etat, tous les services, les ministères sont absolument mobilisés.
05:14C'est la raison d'être d'ailleurs de cette cellule de crise qui, à partir de maintenant, va se réunir deux fois par jour, deux fois par jour, qui va mobiliser l'ensemble des services de l'Etat pour apporter vraiment une aide, d'abord de secours pour nos compatriotes maorais.
05:31Dans un premier temps, il a fallu assurer l'ordre public avec les 1600 gendarmes et policiers qui sont présents parce qu'il y a eu un début de pillage. Mais très très vite, on a réagi avec le préfet de Mayotte pour faire en sorte que nos gendarmes, nos policiers soient sur le terrain et qu'ils empêchent justement ce genre d'exaction.
05:51Et ça, c'est important. Désormais, place aux opérations de secours, bien évidemment, qui sont aujourd'hui retardées, par exemple en matière routière, parce qu'on a beaucoup d'arbres qui sont en travers des routes. Mais les équipes aujourd'hui, notamment de sauveteurs, de sapeurs-pompiers, de gendarmes, de policiers, tout le monde est très très mobilisé, ainsi que les services techniques des différentes villes.
06:16Ce que je veux dire, c'est qu'en matière d'infrastructures essentielles, on a un aéroport dont la tour est détruite, malheureusement. Et heureusement, en revanche, je parle sous le contrôle de Catherine Vautrin, la piste est pratiquable.
06:30Mais ça veut dire qu'on pourra l'emprunter pour des avions militaires. Pas question d'avoir des atterrissages, notamment d'avions commerciaux. Mais le pont aérien qu'on va pouvoir mettre en place à partir de la Réunion, ça va nous permettre, en tout cas de jour, d'atterrir.
06:46On va avoir deux DASH, on en a un et un autre qui va être en renfort, deux avions de type CASA et un gros avion militaire de type 400M qui vont assurer chacun leur tour et en permanence ce pont aérien pour transporter un certain nombre de choses.
07:06Donc le terminal aéroportuaire va malgré tout être utilisable pour les transports, pour acheminer par exemple l'eau, la nourriture, etc. Ensuite, le terminal portuaire semble ne pas avoir été trop affecté. Là aussi, la marine nationale va mobiliser des navires, notamment le Champlain et le Marion Dufresne.
07:27À partir du Champlain, qui a une grosse capacité d'emport, on aura des containers, par exemple des rations de combat, etc. Et ça, c'est important. Je dois dire qu'on compte beaucoup aussi sur l'armée en matière de tentes, de bâches. Et le ministre de la Défense était aussi dans la Réunion pour nous assurer de la mobilisation de ses troupes.
07:49Pour ce qui concerne l'hôpital, Madame la ministre de la Santé, l'hôpital a été endommagé et des services importants, cruciaux de l'hôpital, réanimation, etc. ne pouvaient plus fonctionner. Au moment où je vous parle, a priori, l'électricité est revenue, comme l'électricité est revenue dans la capitale Mamoudzou.
08:08Mais là aussi, on va, dans les prochains jours, amener sur place un hôpital de campagne. Bien sûr que l'hôpital va être conforté, réparé, autant que faire se pourra. Mais un hôpital de campagne sera amené dans les tout prochains jours.
08:22Ce que je veux dire aussi, c'est que jusqu'à mercredi, d'aujourd'hui, demain, jusqu'à mercredi, il va y avoir cinq vagues successives de renforts pour la sécurité civile.
08:33Ça fait à peu près 800 personnes. Et parmi ces 800 personnes, nous aurons évidemment le matériel qui va avec, tout le matériel qui va avec, les équipements aussi, mais aussi du personnel médical.
08:45210 personnels médicaux dans un premier temps. Bien entendu, il fera renforcer ensuite progressivement les personnels médicaux qui seront envoyés dans un premier temps.
08:57Pour ce qui concerne les réseaux, les routes, j'en dis un mot, l'électricité a été coupée. On a un problème d'assainissement et un problème d'eau. Par conséquent, il va y avoir un certain nombre d'enjeux dans les prochaines heures.
09:10Ça sera d'abord l'habitat. L'habitat précaire a été entièrement détruit. Entièrement détruit. Évidemment, les bâtiments publics, les écoles et autres seront réquisitionnés pour protéger les personnes, qu'elles soient d'ailleurs en situation régulière ou irrégulière.
09:24Aujourd'hui, il faut sauver des vies humaines. Il faut héberger les hommes, les femmes, les enfants, quelle que soit leur situation qui se trouve à Mayotte dans ces locaux.
09:35Pour ce qui concerne l'habitat qui est l'habitat en dur, il a beaucoup souffert. Il a beaucoup souffert aussi. Donc il faudra sans doute que les habitants puissent là encore se réfugier dans des bâtiments publics.
09:48Dans les heures, dans les jours à venir, il faudra sûrement étudier des solutions de campement. De même que nous allons envoyer des renforts de gendarmerie militaire aussi.
10:00Et il faudra bien entendu pouvoir les loger, pouvoir les nourrir. Mais les besoins essentiels aujourd'hui, au-delà des secours... Les secours, c'est maintenant, c'est l'urgence.
10:08Mais les besoins dans quelques heures, dans quelques jours, ce sera bien entendu les besoins en nourriture, ce sera les besoins en eau potable et c'est les besoins notamment en logement.
10:18Et ça, on y accorde vraiment beaucoup beaucoup d'importance. Voilà ce que je voulais vous dire. Il y a beaucoup d'autres choses qui ont été discutées parce que ça concerne vraiment encore une fois tous les ministères.
10:30Mais sous l'autorité du Premier ministre, je veux dire qu'on a une entière mobilisation. C'est une situation qui est dramatique, qui est absolument exceptionnelle.
10:39Mais l'ensemble des services de l'Etat se tient pour porter secours à nos compatriotes maorais. J'ai eu, et je pense le Premier ministre aussi à plusieurs reprises, le Président de la République
10:51qui se tient heure par heure aussi informé de la situation. Je vais laisser le ministre de l'Intérieur répondre à vos questions si vous voulez bien.
11:01Voilà. Pour répondre à vos questions, les ministres sont avec moi et puis les policiers, militaires, directeur général de la Sécurité civile, de la gestion de crise, M. Marion.
11:20Donc la première question.
11:22Monsieur le ministre de l'Intérieur, on entendait la difficulté à consolider un bilan. Quels sont en tout cas les premiers éléments que vous avez en termes de blessés et de mortalité de cette catastrophe naturelle ?
11:32Aucun bilan pour l'instant. Ce sont des bilans très très provisoires de quelques morts, vous l'avez annoncé. Hors de question aujourd'hui de prononcer des chiffres dans la mesure où pour faire un bilan,
11:43on doit être en mesure d'aller sur le terrain, d'inspecter les gravats, d'inspecter cet habitat précaire qui a été totalement détruit. Ce sera que dans quelques jours, dans quelques heures.
11:54Mais ce bilan, il faudra sûrement des jours pour pouvoir l'affiner. Nous craignons qu'il soit lourd, mais pour l'instant, je ne prononcerai aucun chiffre parce que personne
12:04est capable de savoir évidemment ce qu'il en est exactement. Donc ça ne sert à rien d'affoler aujourd'hui soit la population. Et j'ai aussi une pensée pour notre collègue Tani,
12:15qui ne sait pas ce qu'est devenu sa famille, ses amis et ses proches, mais Tani comme bien d'autres compatriotes marocains. Est-ce que vous avez d'autres questions ?
12:28Madame, vous vouliez poser une question ? C'était la même. Il y aura un bilan humain, il y a un bilan matériel qui est lourd. L'île semble dévastée, vraiment dévastée.
12:40Et donc il faudra aussi sans doute soutenir la population en matière médicale, sans doute en matière de cellules psychologiques parce qu'après de tels événements,
12:53il y a toujours une situation traumatique qu'il faut prendre en compte.