Rencontre avec la réalisatrice Rebecca Zlotowski, en présence de ses plus proches collaborateur·ices: Frédéric Jouve, producteur, Gaelle Macé, scénariste, et Rob, compositeur.
Animée par Fabien Gaffez, directeur artistique du Forum des images.
Enregistré le 6 décembre 2024 au Forum des images.
Dans le cadre de la thématique Elles sont là pour rester, 10 réalisatrices aujourd’hui en France, du 4 décembre 2024 au 6 avril 2025.
https://www.forumdesimages.fr/elles-sont-la-pour-rester
Animée par Fabien Gaffez, directeur artistique du Forum des images.
Enregistré le 6 décembre 2024 au Forum des images.
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Court métrageTranscription
00:00:00Bonsoir à tous, merci d'être là, bonsoir.
00:00:12On peut s'installer, je crois que tu vas pouvoir, on n'est pas seul ce soir, donc
00:00:17on peut appeler l'équipe que tu as voulu réunir autour de toi.
00:00:20J'ai le plaisir d'accueillir avec moi, c'est extrêmement rare et je vous demande
00:00:24de l'accueillir avec beaucoup de chaleur, Gaëlle Massé qui est ma scénariste chérie.
00:00:29Robin Coudert, aka Rob, qui est mon compositeur absolument de tous les films.
00:00:40Faites du bruit, j'entends rien, non ce ne sera pas du tout sur ce ton là.
00:00:48Et celui par qui tout a commencé puisque c'est mon producteur d'intégralité de
00:00:53mes films, Frédéric Jouve, des films Velvettes.
00:00:58Moins d'applaudissements, Susan.
00:01:05Alors je vous le disais, on est très heureux de commencer cette rencontre et ces quatre
00:01:11mois de programmation avec toi, Rébecca, et c'est vrai que l'un des premiers noms
00:01:16qui nous est venu comme ça, c'était important, que ce soit toi et qu'on commence en tout
00:01:24cas avec toi, parce que tu représentes beaucoup à nos yeux, tu es déjà venue au Forum,
00:01:29tu n'es pas une inconnue évidemment ici, et depuis ton premier film, il y a quelque
00:01:32chose qui nous touche particulièrement, c'est ton appétit de cinéma, que l'on voit vraiment
00:01:39dans tes films, mais c'est aussi ton appétit pour les films des autres, on en reparlera
00:01:42certainement.
00:01:43Ton questionnement perpétuel sur ton geste de réalisatrice et le statut de cinéaste,
00:01:48qu'est-ce que c'est que d'être une cinéaste ? Ton désir de changer de forme et de format,
00:01:54on va l'explorer un petit peu à travers cette rencontre, ton dialogue avec les fantômes
00:01:58du cinéma, ça aussi peut-être, on y arrivera, et ta manière directe de filmer les états
00:02:03du corps comme des états de l'âme.
00:02:05L'objectif de cette rencontre, en tout cas l'intention, ça va être détendu, rassurez-vous,
00:02:11ce n'est pas d'examiner la politique du notrice, mais la fabrique des films réalisés
00:02:15par Rebecca Zlotowski, et d'essayer de comprendre sa méthode de travail avec les différentes
00:02:21personnes ici, donc de manière aussi arbitraire que scolaire, peut-être on essaiera de traverser
00:02:28ce que c'est d'avoir une idée de film, d'écrire un film, de le produire ou de composer
00:02:34pour un film.
00:02:35Mais on va commencer par le tout début, c'est-à-dire Belle Épine, et je vais vous passer un premier
00:02:41extrait, et après on revient tout de suite ensemble.
00:02:52Allô ? Papa ?
00:02:56Ça va et toi ?
00:03:00Non, non, pas du tout.
00:03:03Ouais, tout le temps.
00:03:06Ouais, pour moi.
00:03:11Non, non, attends, je vais aller la chercher.
00:03:17Frédéric ! C'est papa !
00:03:21Elle est sous sa douche, elle ne peut pas te parler.
00:03:30Dis-lui de me rappeler.
00:03:32Ouais, mais elle est en retard.
00:03:33Elle peut te rappeler ce soir ?
00:03:34Dis-lui de me rappeler quand même, même si c'est important.
00:03:40Papa, tu rentres quand ?
00:03:42Tu verras la neige partout.
00:03:44Mais quand ?
00:03:45Justement, il faut que j'en parle à ta sœur.
00:03:50Le monde dans lequel nous allons vous faire pénétrer, c'est un monde que vous ne connaissez pas,
00:03:55c'est celui de la moto.
00:03:56Rungis, vous le savez, c'est là que sont implantées les nouvelles Halles de Paris.
00:04:00Le vendredi soir, elles sont désertes.
00:04:02Et sur ces longues pistes, la ronde internale des motards.
00:04:05Chaque vendredi soir, des centaines de jeunes se découlent sur deux roues.
00:04:10Ils appellent ça la défense.
00:04:12Le plaisir brut d'aller jusqu'au bout de ses possibilités, en comprenant si possible le danger.
00:04:17Et le danger, c'est parfois la mort.
00:04:20Il y a dix jours, ce fut le cas à Rungis.
00:04:23Deux morts, et depuis quatre ans, quatorze morts.
00:04:27Rungis, le centre-ville.
00:04:29Ce kilomètre de macadam, où chacun veut s'y mesurer, s'y défoncer.
00:04:33Les mecs, ils vont chercher la borne.
00:04:35Tu sais, la sensation, t'as beaucoup de frime.
00:04:38Ceux-là, les frimeurs en ont autour.
00:04:48La machine est la plus forte, et c'est l'accident.
00:04:51Ils le savent, mais ils pourront le défier.
00:04:54La sécurité, ils le pensent.
00:05:47Si je ne dis pas de bêtises, en dehors peut-être de Gaëlle, qui avait déjà travaillé avec Marion Vernoux,
00:06:14notamment, c'est votre premier film, votre premier long-métrage.
00:06:18En tout cas, à tous les trois.
00:06:21Je suis super émue de voir ce générique.
00:06:24D'abord, c'est très rare.
00:06:27Merci beaucoup de cette invitation.
00:06:29Merci d'être là.
00:06:31Merci à mon équipe d'être avec moi,
00:06:33parce que c'est rare que je puisse avoir le plaisir.
00:06:36C'est toujours un plaisir, un exercice d'admiration,
00:06:39mais c'est encore plus agréable en public,
00:06:41de leur dire combien je les aime.
00:06:43Je suis assez émue,
00:06:45d'abord parce que je suis dans le même état qu'elle au début du film.
00:06:48J'ai un petit rhume de saison,
00:06:49donc je pense que je vais être un peu émotive ce soir.
00:06:51Je viens de terminer le tournage d'un film,
00:06:53et je ne revois jamais les films que j'ai réalisés.
00:07:00Et quand je vois un extrait qui est vraiment le générique,
00:07:04j'ai la sensation qu'il y a beaucoup de choses qui me viennent en tête.
00:07:07La voix au téléphone, c'est la voix de mon père,
00:07:10qui est un interprète simultané à la radio,
00:07:12mais à qui j'ai assumé de plus en plus de lui donner des rôles visibles, vivants.
00:07:18Ce générique, je le trouve merveilleux.
00:07:20C'est un générique composé par Rob,
00:07:22qui n'en était pas à son tout premier film,
00:07:24mais c'est le premier film qui est sorti.
00:07:26C'est Teddy Lucie Modeste,
00:07:28qui est un réalisateur avec qui je travaille,
00:07:30et je travaillais encore plus à l'époque,
00:07:32qui avait déjà fait appel à Rob pour,
00:07:34je pense, le score de Jimmy Rivière.
00:07:36C'était concomitant.
00:07:38C'était concomitant.
00:07:40Frédéric Jouve, c'était absolument notre premier film,
00:07:42et non seulement mon premier long métrage,
00:07:44mais aussi, je crois, ton premier long métrage.
00:07:48Il est branché, il est branché.
00:07:50Du coup, il est débranché.
00:07:52C'était totalement mon premier long métrage aussi.
00:07:54C'était ton premier long métrage,
00:07:56donc on a vraiment fait ce film-là,
00:07:58et je suis encore plus contente.
00:08:00Après, je vais arrêter de...
00:08:02Mais bon, on est bien, ce soir, on peut se dire les choses...
00:08:04Prends le temps, prends le temps.
00:08:06On n'a pas filmé, en plus, c'est pas bien.
00:08:08Le film a été sélectionné à la Semaine de la Critique à Cannes,
00:08:10à qui je dois beaucoup,
00:08:12parce que je pense que la possibilité d'en faire un deuxième
00:08:14est née de ça.
00:08:16Et c'était toi, Fabien Gaffaise,
00:08:18qui présentait le film à la Semaine de la Critique
00:08:20et qui a déterminé, je trouve aussi,
00:08:22l'accueil, la réception critique de ce film.
00:08:24Parce qu'en parler
00:08:26avec les bons mots
00:08:28amène jusqu'aux pieds des spectateurs
00:08:30le film de la bonne manière.
00:08:32Donc voilà.
00:08:34Ça, c'est le contexte.
00:08:36Oui, c'était notre dépucelage.
00:08:40Est-ce que tu te souviens de...
00:08:42J'avais 30 ans.
00:08:44Enfin, 27, mais je dis 30.
00:08:46Alors, si on
00:08:48recontextualise un petit peu ce film,
00:08:50c'est très rare, mais tu n'avais pas réalisé
00:08:52de court-métrage avant.
00:08:54C'est ton premier film, je crois, un clip,
00:08:56mais en tout cas, en tant que film de fiction,
00:08:58c'était vraiment le premier.
00:09:00Et tu étais donc à la Fémis
00:09:02dans le département scénario,
00:09:04si j'ose dire,
00:09:06mais c'était ton projet de fin d'études.
00:09:08Alors, moi, je l'ai beaucoup raconté,
00:09:10mais Jouf, je ne l'ai pas souvent entendu le raconter.
00:09:12Il arrive à quel moment, Jouf, comme tu dis ?
00:09:14Frédéric Jouf, c'est vrai, je t'appelle Jouf,
00:09:16comme Jouf d'ailleurs dans...
00:09:18Non, sauf si c'est gênant.
00:09:20Elle est bien ? Bon, bah, vas-y.
00:09:22En fait, Rebecca avait développé
00:09:24Belle Epine en travail de fin d'études
00:09:26à la Fémis.
00:09:28Et moi, il y a un scénariste
00:09:30qui s'appelle Julien Boisselier.
00:09:32Non, Julien...
00:09:34C'est Julien qui m'avait...
00:09:36Julien Boisvent. Julien Boisselier, c'est un acteur.
00:09:38Julien Boisvent qui m'avait conseillé...
00:09:40À l'image de notre relation...
00:09:42On se complète.
00:09:44Qui m'avait conseillé de rencontrer Rebecca
00:09:46pour écrire sur un autre projet que je développais.
00:09:48Et donc, j'ai présenté Rebecca
00:09:50à ce réalisateur.
00:09:52Elle a écrit une version
00:09:54du scénario qu'on développait
00:09:56avec ce réalisateur.
00:09:58J'ai trouvé la version absolument géniale.
00:10:00Et le réalisateur m'a dit, moi, c'est pas du tout le film que je veux faire.
00:10:02Donc, je travaillerai pas avec elle.
00:10:04C'est les ch'tis, c'est ça ?
00:10:06Les tuches.
00:10:08J'aime bien parler.
00:10:10Et donc, j'ai adoré la façon dont elle avait écrit.
00:10:12Et je lui ai demandé si elle avait un autre scénario
00:10:14à me faire lire.
00:10:16Et elle m'a fait lire Belle Epine et elle me l'a envoyé en me disant,
00:10:18moi, je veux pas réaliser, mais si tu veux trouver quelqu'un
00:10:20pour réaliser le film,
00:10:22écoute, voilà, c'est mon histoire. Et j'ai lu l'histoire.
00:10:24Et il se trouve que moi, j'ai...
00:10:26Je crois que l'étincelle de ma rencontre
00:10:28avec Rebecca, c'est que... Et ça a été un peu compliqué
00:10:30au départ, je sais pas si tu te souviens.
00:10:32Mais en fait, c'est que j'ai trouvé... J'ai été hyper impressionné
00:10:34par Rebecca parce que c'était
00:10:36une intelligence et une femme
00:10:38qui m'impressionnait beaucoup.
00:10:40Je me souviens, c'est que tu traversais et tu changeais de trottoir
00:10:42quand on se croisait par hasard.
00:10:44Et je me dis, il est hyper chelou, ce producteur.
00:10:46Il a l'air d'avoir envie de me produire,
00:10:48en même temps, il me dit pas bonjour quand il me croise.
00:10:50J'étais impressionné. Et je suis toujours impressionné.
00:10:52Regarde, je suis un pot de fleurs à côté de toi.
00:10:54C'est faux, d'une.
00:10:56Ça va être intéressant ce soir, attendez.
00:10:58On va tout savoir.
00:11:00Je produis d'autres films parce que j'essaie d'en produire à côté,
00:11:02même s'ils sont pas grand-chose.
00:11:04Bonne technique manipulatrice de producteur.
00:11:06On a toujours l'impression qu'on est le seul
00:11:08auteur du producteur.
00:11:10Les bons producteurs...
00:11:12Question de méthode.
00:11:14Et...
00:11:16Je suis perdu.
00:11:18Comment déstabiliser un producteur.
00:11:20Pour obtenir ce qu'on veut aussi.
00:11:22Je lis ce scénario et je trouve ça extraordinaire.
00:11:24Et on est à Marseille à ce moment-là,
00:11:26dans mon souvenir, et je dis à Rebecca,
00:11:28j'arrive à lui parler pour une fois.
00:11:30Je lui dis en fait, moi je veux faire ce film
00:11:32mais il n'y a qu'une personne qui peut le réaliser, c'est toi.
00:11:34Et on a trinqué.
00:11:36Oui, je me souviens, on sortait du FIDE.
00:11:38On sortait du FIDE.
00:11:40Vous connaissez le FIDE ?
00:11:42C'est un magnifique festival à Marseille.
00:11:44Lui, il est marseillais.
00:11:46De naissance, de ville, de coeur, de tout.
00:11:48Et moi, j'étais au FIDE,
00:11:50pour sortir dans la chambre de Vanda,
00:11:52qui est quand même un film très hardcore,
00:11:54de Pedro Costa,
00:11:56qui est vraiment 4 heures dans la chambre d'une femme toxicomane.
00:11:58Et je sors dans la lumière brûlante
00:12:00de Marseille au mois de juillet.
00:12:02Et t'avais une petite enveloppe, effectivement.
00:12:04Si on raconte ça comme ça, c'est parce que, en effet,
00:12:06je n'avais pas le désir d'être réalisatrice.
00:12:08Et c'est Frédéric Jouffre qui m'a
00:12:10convaincu, le mot est un peu...
00:12:12Ça lui donne
00:12:14beaucoup de responsabilité,
00:12:16alors que c'était vraiment plus comme
00:12:18une possibilité qu'il m'offrait,
00:12:20une confiance qu'il m'accordait. Et ça a fait vraiment,
00:12:22en tous les cas, de moi une réalisatrice.
00:12:24Donc, pas de court-métrage avant.
00:12:26Et après, j'ai commencé à le terroriser.
00:12:28Il m'a dit, on fait un court-métrage. Je lui ai dit, bah non, mais si tu veux...
00:12:30Si t'as besoin qu'on fasse un court-métrage
00:12:32pour la nature, c'est que c'est pas la bonne personne.
00:12:34Il y avait quand même des films de réalisées à la Fémis.
00:12:38Tu veux aller sur ce terrain-là.
00:12:40D'accord. Il y avait quand même des travaux.
00:12:42Ah oui, j'ai testé des trucs.
00:12:44On travaillait.
00:12:46Par exemple ?
00:12:48Il y avait surtout un documentaire qu'elle avait réalisé au Japon,
00:12:50qui était un documentaire
00:12:52de 40 minutes et qui était très beau visuellement.
00:12:54Il y avait déjà, je pense, beaucoup de choses qu'on retrouve ensuite
00:12:56dans le travail de Rebecca. Après, l'histoire, c'était
00:12:58un documentaire, donc
00:13:00peut-être moins importante. Et je me rappelle avoir vu le documentaire
00:13:02et je trouvais bien de dire un truc.
00:13:04C'est passionnant.
00:13:06On pourra la mettre sur l'affiche du prochain.
00:13:08C'est passionnant.
00:13:10Et il se trouve que j'aimais beaucoup le documentaire
00:13:12et je me souviens pour la...
00:13:14La petite histoire,
00:13:16on envoie le documentaire au premier distributeur
00:13:18qu'on va avoir, avec qui on veut travailler, qui s'appelle
00:13:20Éric Lagesse-Pyramide
00:13:22Films. Et donc,
00:13:24on développe un scénario. On en parlera peut-être après,
00:13:26mais en tout cas, après avoir développé le scénario,
00:13:28on fait le casting, on l'envoie au distributeur pour voir s'il veut travailler avec nous.
00:13:30Et on souhaitait travailler avec eux.
00:13:32Et il nous demande si Rebecca a déjà réalisé quelque chose.
00:13:34Enfin, il me demande si Rebecca a déjà réalisé quelque chose.
00:13:36Je dis oui. Elle a fait un documentaire. Tu devrais le voir.
00:13:38Il est hyper impressionnant visuellement.
00:13:40Regarde-le. Rebecca m'envoie
00:13:42un DVD à l'époque du documentaire.
00:13:44Tu te souviens ?
00:13:46Il se trouve que le documentaire durait 40 minutes,
00:13:48mais elle m'envoie une version de montage qui a un souci.
00:13:50Et en fait, le documentaire
00:13:52recommence au début à la moitié.
00:13:56Donc, je lui envoie un fichier sans le vérifier
00:13:58et ce qu'il voit, en fait, c'est pas
00:14:00un documentaire de 40 minutes, c'est un documentaire de 1h10
00:14:02avec un film
00:14:04qui recommence au début à la moitié du film.
00:14:06Il s'est dit,
00:14:08c'est la pichette Pong où Réze était cool.
00:14:10Et il regarde jusqu'au bout
00:14:12et me dit, c'est génial. Après, je dois t'avouer que je n'ai pas
00:14:14très bien compris pourquoi on recommence.
00:14:16Ah, je ne connais pas cette histoire.
00:14:18Donc, c'était mon scénario
00:14:20sur l'individu et c'est après, une fois que
00:14:22j'ouvre ma...
00:14:24Voilà, donner
00:14:26cette possibilité de rêver, de fantasmer, de faire le film
00:14:28parce qu'on était quand même, il faut se replacer,
00:14:30on était en 2008-2009, je pense, à l'époque.
00:14:32Et en effet, il n'y avait pas non plus
00:14:34cette génération de cinéastes, de femmes cinéastes
00:14:36qui me laissaient entendre
00:14:38que ce serait possible, que ce serait facile.
00:14:40Moi, j'étais du côté de l'écriture, donc du scénario
00:14:42et j'avais, je pense,
00:14:44un petit plafond de verre qui me laissait
00:14:46penser que j'allais, moi, écrire
00:14:48et puis peut-être enseigner
00:14:50à côté. J'avais une carrière d'universitaire,
00:14:52j'enseignais un peu. Et je me disais,
00:14:54tiens, ça ce serait super. Et le maximum du maximum
00:14:56c'est si un réalisateur tombait amoureux de moi
00:14:58et que je devenais sa scénariste,
00:15:00un peu l'éminence grise, etc.
00:15:02Ça en était...
00:15:04J'en étais là.
00:15:06Et donc voilà, je dois
00:15:08à cette conversation décisive
00:15:10avec Frédéric Jouve,
00:15:12l'autorisation,
00:15:14parce que j'en étais là de me dire, bah oui,
00:15:16effectivement, réalisons-le. Et très vite,
00:15:18j'ai rencontré Gaëlle Massé, parce qu'il fallait retravailler
00:15:20ce scénario. Et Gaëlle est entrée dans
00:15:22la danse quasiment tout de suite. Je t'avais rencontrée
00:15:24au... Avec Teddy Lucie Modeste aussi.
00:15:26Avec Teddy. Où tu étais scénariste
00:15:28du projet Jimmy Rivière. Exactement. Et j'étais en tant que scénariste.
00:15:30Et on s'était rencontré en écrivant,
00:15:32enfin, tu écrivais pour Teddy, moi je consultais
00:15:34un peu. Et on avait commencé
00:15:36à dialoguer. Et du coup, quand t'as voulu
00:15:38retravailler le scénario, tu m'as, t'as fait appel
00:15:40à moi. Et donc sur un premier film,
00:15:42le retravail du scénario, je sais pas s'il y a des scénaristes
00:15:44ou des réalisateurs
00:15:46ou... Mais le premier
00:15:48long, c'est genre, c'est infini d'écrire ce scénario.
00:15:50Après, ça va plus vite,
00:15:52heureusement. Enfin, parfois pas, mais bon.
00:15:54Le premier, je me souviens qu'on avait travaillé.
00:15:56J'ai des souvenirs, donc, de ces rendez-vous
00:15:58dans ta cuisine, à travailler longtemps
00:16:00et avec joie, avec plaisir.
00:16:02Et c'est aussi les fondations, voilà, d'un cinéma.
00:16:04Et donc, je me rends compte, tout ça,
00:16:06qu'on doit beaucoup à Teddy, lui, si modeste.
00:16:08Et je suis heureuse de le saluer, ce soir. Je sais pas si vous avez vu,
00:16:10il a fait aussi, lui-même, plusieurs
00:16:12films, ces derniers temps, dont le dernier, Pas de Vague,
00:16:14avec François Civil.
00:16:16Et lui aussi continue d'enseigner, continue d'enseigner.
00:16:18Et c'est donc grâce à lui que, et j'ai rencontré
00:16:20Gaël et Rob.
00:16:22D'accord. Et Rob arrive à ce moment-là,
00:16:24dans le... Rob arrivait assez tôt.
00:16:26C'était une manière de travailler.
00:16:28Après, tu me... Je sais plus
00:16:30quand je t'en ai parlé, mais assez tôt.
00:16:32Et c'était un moment un peu béni,
00:16:34où t'étais pas autant sollicité, ni par le groupe
00:16:36Phoenix, dont t'es le clavier en tournée,
00:16:38ni par tous ces scores,
00:16:40parce que t'en fais énormément, maintenant, quand même,
00:16:42du Bureau des Légendes,
00:16:44à, évidemment, toutes les séries. Beaucoup, beaucoup
00:16:46de séries, ce qui demande, je pense, beaucoup de temps.
00:16:48Et aussi, toutes les scores d'Alexandre Aja,
00:16:50beaucoup de films de genre, et aussi
00:16:52tous mes films, plus les films d'autres scénaristes,
00:16:54je les ai pas tous en tête, tu les rajouteras.
00:16:56Mais donc, à l'époque, t'étais plus dispo.
00:16:58Et donc, on se parlait
00:17:00beaucoup,
00:17:02comme à l'étape du scénario.
00:17:04C'est pas du tout un reproche, ça me fait plaisir que ça évolue.
00:17:06Mais c'est vrai que c'était différent,
00:17:08parce que j'avais la sensation qu'on se faisait des allers-retours.
00:17:10Je t'ai pas rappelé tout à l'heure, mais c'était...
00:17:12Je suis désolé.
00:17:14Voilà, fais chier.
00:17:16Donc voilà, c'était un...
00:17:18Ouais, tu venais tôt.
00:17:20Je me souviens d'avoir eu une conversation
00:17:22très tôt, avant l'existence du film.
00:17:24En tout cas, avant le tournage, il me semble.
00:17:26Et effectivement, c'est après une méthode
00:17:28qu'on a perpétuée
00:17:30de film en film, en fait.
00:17:32De très tôt parler du film, quand ça n'est
00:17:34qu'une idée, presque.
00:17:36Avant même, pardon,
00:17:38de commencer à composer avant même les
00:17:40prises de vue, si je dis pas de bêtises.
00:17:42Ça, c'est de l'ordre du fantasme, dans la relation
00:17:44réalisateur-compositeur.
00:17:46Moi, j'appelle ça
00:17:48le film idéal, à ce moment-là.
00:17:50C'est avant que le film n'existe, et avant qu'on se confronte
00:17:52aux réalités qui,
00:17:54je sais pas, en tout cas, transforment l'idée qu'on peut
00:17:56se faire d'un film au fur et à mesure. Et donc, à ce
00:17:58moment-là, on fait le film parfait.
00:18:00Pour moi, composer pour le film parfait, c'est vraiment génial.
00:18:02C'est ce score-là que je mets
00:18:04sur le plateau, souvent.
00:18:06Et ensuite, je mets des enceintes, je demande
00:18:08des enceintes, et on passe un peu de musique
00:18:10pour que les acteurs, l'équipe
00:18:12technique puissent avoir une espèce
00:18:14de couleur musicale du film
00:18:16qui, en général,
00:18:18n'est pas non plus complètement
00:18:20le score final,
00:18:22mais qui est pas si loin, parfois.
00:18:24Je me souviens, pour Balépine, c'était
00:18:26quand même électronique, métallique.
00:18:28Pour Balépine, comme c'était notre
00:18:30première expérience, c'était très
00:18:32particulier, en fait.
00:18:34Il me semble que le morceau
00:18:36qu'on vient d'entendre faisait partie
00:18:38des premiers envois, en fait.
00:18:40C'était très tôt, l'idée était
00:18:42apparue, et je pense
00:18:44que la musique a ça de génial.
00:18:46C'est extrêmement instinctif
00:18:48et, en fait, très
00:18:50fulgurant. C'est-à-dire que sur un mot
00:18:52clé qui pourrait être, dans le cas de Balépine,
00:18:54je me souviens, c'était par exemple
00:18:56« chrome » ou « cuir »,
00:18:58ça peut donner lieu instantanément
00:19:00à une musique. Et donc ça,
00:19:02on en profite, on utilise
00:19:04ce côté instantané
00:19:06de la création musicale comme
00:19:08un outil d'inspiration
00:19:10a priori même du
00:19:12tournage.
00:19:14Et est-ce que tu te souviens, Rebecca,
00:19:16de la première scène que tu as tournée, de Balépine ?
00:19:18Ah oui, très bien.
00:19:20Je me souviens que c'était de nuit,
00:19:22je me souviens que c'était à côté du...
00:19:24J'ai toujours voulu commencer les films
00:19:26dans leur vertu,
00:19:28dans ce qui,
00:19:30pour moi, était vertue
00:19:32au sens de leur force
00:19:34et pour donner une espèce
00:19:36de dynamique, en fait,
00:19:38autant à mon équipe
00:19:40qu'à mes acteurs, qu'à moi-même.
00:19:42Essayer de comprendre dans quoi on était.
00:19:44Donc là, Balépine, c'est un film qui se passe autour d'un circuit
00:19:46de moto.
00:19:48Et Léa Seydoux, qui démarrait à l'époque
00:19:50sa carrière aussi,
00:19:52elle est attirée par ce circuit-là,
00:19:54elle vient de perdre sa mère, son père est absent
00:19:56et elle va
00:19:58se frotter à cette bande
00:20:00un peu fantasmée, rêvée,
00:20:02cette famille dangereuse
00:20:04et un peu trompe-la-mort.
00:20:06Et la première scène, c'était en forêt
00:20:08à côté du Havre.
00:20:10De toute façon, on vient de terminer un film, donc j'ai encore terminé
00:20:12dans une forêt, en vêtements techniques.
00:20:14Donc le prochain film,
00:20:16c'est extérieur Hawaï,
00:20:18Capri, ça vous donne un indice.
00:20:20Mais donc, on a commencé
00:20:22comme ça au mois de novembre, à côté du Havre.
00:20:24C'était la première scène que je tournais avec Léa. Je me souviens
00:20:26même que je ne savais pas dire moteur, action.
00:20:28Je ne connaissais pas l'ordre. Donc c'était
00:20:30Jean-Baptiste Pouilloux qui m'a aidé.
00:20:32Il attendait que je dise moteur.
00:20:34Jean-Baptiste Pouilloux qui est...
00:20:36Mon premier assistant sur l'intégralité des films, jusqu'au dernier
00:20:38où il est
00:20:40plus chef opérateur
00:20:42et fait de la réalisation. Mais il a été quand même
00:20:44la caméra B de mon dernier film.
00:20:46Donc on travaille encore ensemble. Donc c'était ça.
00:20:48Et elle traverse la forêt
00:20:50pour rejoindre le circuit de moto.
00:20:52Et je me souviens qu'on a mis de la musique très fort.
00:20:54C'était Chromatix,
00:20:56In The City.
00:20:58Et ensuite, parce que j'étais vraiment sous inspiration
00:21:00de Philippe Grandrieux, j'étais à fond, je me la jouais.
00:21:02Je me disais, c'est génial, c'est comme ça
00:21:04que le cinéma doit se faire. Il y avait de la fumée.
00:21:06Il y avait cette actrice splendide
00:21:08dont je savais qu'elle allait être
00:21:10une immense star. Je le voyais tout de suite.
00:21:12Je voyais la peau de Léa Seydoux, je voyais son engagement.
00:21:14Et j'ai rajouté une chose
00:21:16dans le scénario qui n'était pas au scénario,
00:21:18qui était que dans l'excitation de ce moment
00:21:20où elle traversait la forêt, ça ne me semblait pas assez
00:21:22à filmer. Je me disais, bon, elle traverse.
00:21:24Donc moteur, action, de nuit.
00:21:26Elle y va, Léa Seydoux, super belle,
00:21:28qui avance, qui court vers le truc.
00:21:30Et je me dis, c'est peut-être pas assez. Je lui dis, là, en fait, t'es tellement excitée
00:21:32que tu t'assoies et tu pisses derrière le...
00:21:34Elle m'a dit, t'es sûre, c'était pas dans le scénario ?
00:21:36Je lui ai dit,
00:21:38ouais, enfin, on fait ce que tu veux,
00:21:40mais je pense que ça va avec ça.
00:21:42Elle m'a dit, allez hop, c'est parti.
00:21:44Et je me suis dit, c'est parti.
00:21:46Eh bien, voilà.
00:21:48Pardon pour ce détail scatologique,
00:21:50mais vous voyez ce que je veux dire.
00:21:52C'était comme un début très...
00:21:54de vessie.
00:21:56Début de vessie.
00:21:58Le plan de tournage, pour entrer
00:22:00de manière très prosaïque, c'est important.
00:22:02Je veux dire, de décider
00:22:04sur le premier jour de tournage,
00:22:06de comment on rencontre les acteurs, etc.
00:22:08Est-ce que, du coup, Frédéric, vous intervenez
00:22:10dans ça, ou comment ça se passe ?
00:22:14On intervient,
00:22:16je ne sais pas si c'est le mot, on discute...
00:22:18Comment vous calaborez là-dessus.
00:22:20Tout sur un premier film.
00:22:22Après, Rebecca dit élégamment, moi, je veux commencer
00:22:24par la vertu du film. En réalité, en production,
00:22:26on dit, elle commence par le truc le plus chiant à faire.
00:22:28Quand je voyais les premières images,
00:22:30je me dis que maintenant, je ne pourrais plus jamais produire un film comme ça.
00:22:32C'est-à-dire qu'on avait très peu d'argent à l'époque
00:22:34pour faire le film, et c'est un film d'époque,
00:22:36avec des motos, des cascadeurs,
00:22:38énormément de figurations.
00:22:40Enfin, c'était casse-gueule à tous les endroits, quand même.
00:22:42Et on est parti, la fleur au fusil.
00:22:44Je pourrais dire ça autrement,
00:22:46mais...
00:22:48Et en plus,
00:22:50le truc de Rebecca, mais je pense que c'était un peu pour
00:22:52tuer les... Enfin, pour rentrer tout de suite
00:22:54dans le dur, et pour dépasser sa peur,
00:22:56elle avait décidé de commencer par
00:22:58le circuit de moto, et le moment où
00:23:00les femmes comédiennes et comédiens doivent traverser
00:23:02le circuit de moto, donc des cascades,
00:23:04des cascadeurs, des figurants,
00:23:06de la fumée, c'était un enfer absolu.
00:23:08J'ai adoré.
00:23:10Mais c'était génial.
00:23:12Et donc,
00:23:14est-ce qu'on décide ça ensemble ?
00:23:18Non, mais ça se décide avec... Là, par exemple,
00:23:20sur le tout dernier film, on avait un décor qui était
00:23:22un décor... Pardon, là,
00:23:24j'en sors à peine, donc je vais peut-être y revenir
00:23:26sur un film qui n'existe pas, donc je m'excuse
00:23:28d'avance de vous parler de quelque chose
00:23:30qui est présent dans ma tête, mais qui n'est pas présent
00:23:32pour les autres. Mais il existe
00:23:34donc des contraintes matérielles très fortes.
00:23:36Par exemple, moi,
00:23:38je ne tourne pas dans la
00:23:40continuité du scénario, je tourne
00:23:42comme on fait, c'est-à-dire par décor.
00:23:44Et donc, vous avez un décor, on se dit au départ
00:23:46par lequel on commence. Est-ce qu'on commence
00:23:48par celui dans lequel on a deux semaines de tournage ?
00:23:50Est-ce qu'on commence par ceux avec lesquels
00:23:52on a... Qui risquent de partir ?
00:23:54Est-ce qu'on commence par l'extérieur parce qu'on a une continuité
00:23:56cette saison ? Donc il y a plein de choses, ça dépend.
00:23:58Moi, quand j'ai la possibilité, je commence en effet
00:24:00par ce qui est plus dur et de plus
00:24:02casse-gueule, pour dire à tout le monde
00:24:04voilà, venez, c'est
00:24:06comme ça que ça se passe, voilà quelle est
00:24:08la couleur de ce film, si ça vous
00:24:10plaît, c'est super, si ça vous plaît pas,
00:24:12on en parle. Donc, Grand Central,
00:24:14ça commençait dans la centrale nucléaire,
00:24:16pas dans les plans en extérieur, donc on a commencé
00:24:18à Svetendorf en...
00:24:20en Autriche, donc voilà, c'était un peu la thématique.
00:24:22Là, maintenant, je me calme un peu.
00:24:24J'ai envie de commencer plus... Et je vois uniquement
00:24:26en fonction des acteurs. Qu'est-ce qui va être le plus
00:24:28simple pour les acteurs ? Qu'est-ce qui va donner en fait aux
00:24:30acteurs le...
00:24:32la vibe du film ? Qu'est-ce qui va être
00:24:34le moins inquiétant pour les acteurs ?
00:24:36Qu'est-ce qui va être le moins inquiétant pour moi
00:24:38avec ces acteurs ? Est-ce que je les connais bien ?
00:24:40Est-ce que je les connais pas ?
00:24:42Donc voilà, de ne pas commencer avec
00:24:44150 figurants quand on fait... Là, le dernier film
00:24:46est avec Jodie Foster qui est une actrice
00:24:48qui me passionne, qui
00:24:50me fascine, qui m'impressionne
00:24:52beaucoup, et je me sentais
00:24:54un peu dans mes petits souliers avec elle
00:24:56et j'avais pas envie de commencer avec 150 figurants
00:24:58et les scènes les plus dures. J'avais envie de commencer
00:25:00en face-à-face avec elle et qu'on se parle
00:25:02et qu'on soit... et qu'on ait pas
00:25:04150 actions
00:25:06à faire, tout ça. Donc on a commencé dans un décor petit,
00:25:08maîtrisable,
00:25:10etc. Mais c'est très important
00:25:12et c'est une question qu'on nous pose pas souvent
00:25:14mais on peut complètement, je pense, niquer un film si on
00:25:16commence au mauvais endroit. Si on commence
00:25:18par quelque chose qui fait peur aux gens,
00:25:20quelque chose qui fait peur aux acteurs, ensuite les acteurs
00:25:22ça passe en... si on sait
00:25:24pas très bien, si on...
00:25:26Voilà. Ça t'est déjà arrivé ?
00:25:28Un mauvais début ?
00:25:30Oui, un mauvais début, oui.
00:25:32Un mauvais début... alors je dirais pas...
00:25:34Est-ce que c'est un mauvais début ? Un mauvais début avec un acteur ?
00:25:36Je suis même prête à lâcher son nom,
00:25:38mais je suis à ça de le faire !
00:25:40Un acteur que
00:25:42j'adore en plus, mais c'est vrai que c'était un film
00:25:44d'homme, de bande d'homme,
00:25:46dans une centrale nucléaire. Voilà, bon, on va avoir un extrait juste
00:25:48après, donc... Ça commence par quelles lettres ?
00:25:50Ouais...
00:25:52Tu veux passer l'extrait ? On va passer l'extrait.
00:25:54C'est un film qui est très important entre Gaël et moi,
00:25:56qui vient de l'idée de Gaël Massé.
00:25:58Donc, grand central. Là, on regarde la scène,
00:26:00que tu juges... c'est difficile, c'est ça ?
00:26:02Non, pas du tout. Je vous dirai après.
00:26:04C'est la première arrivée, en tout cas,
00:26:06de la bande d'homme. Il n'y aura que de la douceur là, je ne suis pas là pour...
00:26:08Je raconterai mon expérience.
00:26:10Alors, on y va.
00:26:18Là, il est content, il a son carnet !
00:26:22Ta gueule !
00:26:26Ah, salut toi !
00:26:38J'ouvre, monsieur Méduric !
00:26:40Rivière Grégory !
00:26:42Rivière Grégory !
00:26:44Rivière Grégory !
00:26:46Rivière Grégory !
00:26:58Manda, Gary !
00:27:00Mette ton masque !
00:27:02Mette pas le masque !
00:27:16Bonjour.
00:27:18Stanka, Gilles.
00:27:20Bonjour.
00:27:22Merci, bonne journée.
00:27:26Chacun une paire de mules.
00:27:28On enlève tout ce qu'il joue.
00:27:32Merci, on arrive là.
00:27:34Là, à droite.
00:27:4612 mètres.
00:27:48On tabule.
00:27:500,99.
00:27:58Mules.
00:28:00Chaussettes.
00:28:04Et là, on est en trois zones contrôlées.
00:28:06Ne tirez pas cette gueule, ça va aller.
00:28:08Tu te dépêches, on ne va pas y passer la journée.
00:28:10Tu fermes ta gueule, toi !
00:28:12Tu ne vois pas que c'est leur premier jour ?
00:28:14Allez, au suivant.
00:28:26Bon, les gars, approchez.
00:28:28Double protection.
00:28:30Une paire en latex, une paire en nylon.
00:28:32Ferme ça.
00:28:34Gamin, fais fonctionner ta caboche.
00:28:36Quand ça te gratte le nez, tu fais quoi ?
00:28:40Bon, c'est parti.
00:28:42On enlève comme ça ?
00:28:44Allez, un casque et on y va.
00:29:04Je suis là pour t'aider.
00:29:06Il y a le manchon.
00:29:08Collecteur.
00:29:10Lire.
00:29:12Siphons.
00:29:40Ça marche encore très bien.
00:29:42On est là dans quasiment un western.
00:29:44C'est les professionnels
00:29:46qui arrivent, qui se préparent.
00:29:50C'est ce qu'il y a de très beau dans Grand Central.
00:29:52Je ne l'ai pas précisé, c'est le deuxième film.
00:29:54On en arrive
00:29:56dans ce territoire de fiction
00:29:58de la centrale nucléaire
00:30:00qui est
00:30:02pas opposée
00:30:04mais en tout cas avec une histoire d'amour
00:30:06entre Léa Seydoux
00:30:08et Tahar Rahim.
00:30:10Ce dialogue entre ces deux
00:30:12univers qui est très beau
00:30:14dans le film et comment on filme des professionnels,
00:30:16comment on filme un autre territoire.
00:30:18Mais pour revenir justement au projet
00:30:20de Grand Central, je crois que c'est Gaëlle
00:30:22qui est venue
00:30:24avec l'idée de ça
00:30:26après la lecture d'un roman.
00:30:30Oui, c'était après Belle Epine
00:30:32on continuait notre conversation,
00:30:34notre dialogue et Rébecca pensait
00:30:36justement au film d'après.
00:30:38Et je lis
00:30:40un livre effectivement
00:30:42d'Elisabeth Filliol sur la centrale nucléaire
00:30:44et ce qui m'intéressait,
00:30:46dont on ne va finalement pas
00:30:48adapter, mais
00:30:50ce qui était intéressant, c'est que je voyais
00:30:52que j'avais travaillé avec Rebecca
00:30:54qui avait montré Prudence Friedman
00:30:56qui est le personnage interprété par Léa Seydoux
00:30:58s'approcher
00:31:00d'une zone dangereuse
00:31:02et d'un territoire de fiction
00:31:04et aussi
00:31:08de s'aventurer en fait, d'aventure
00:31:10et que j'avais constaté le circuit
00:31:12c'est aussi un peu un circuit fermé
00:31:14ou les appartements que Rebecca aimait bien
00:31:16au fond, même dans les films dont elle me parlait je crois
00:31:18des univers un peu clos
00:31:20des univers
00:31:22et là il y avait le fait que personne n'avait jamais
00:31:24c'était avant Fukushima, c'est très important
00:31:26c'était en février
00:31:282010 je crois
00:31:30ou 2011
00:31:322011 sûrement
00:31:34et
00:31:36personne n'avait mis
00:31:38de la caméra à l'intérieur de la centrale
00:31:40et ça c'était susceptible de l'intéresser
00:31:42et en plus elle avait quand même
00:31:44on voyait, j'avais vu Belle Épine
00:31:46j'étais pas la seule à l'avoir vue
00:31:48mais on avait vu de quoi elle était capable
00:31:50et effectivement elle a aimé l'idée immédiatement
00:31:52de l'endroit
00:31:54de cette centrale, avec l'idée
00:31:56on avait toutes les deux envie d'écrire un film d'amour
00:31:58ça c'est la vérité, il y avait une phrase
00:32:00de François Truffaut qui nous a beaucoup guidé
00:32:02qui était de ne pas écrire un film sur l'amour physique
00:32:04mais un film physique sur l'amour
00:32:06et un peu avec l'idée de se dire que parfois
00:32:08certaines histoires d'amour pouvaient être dangereuses
00:32:10là c'est une histoire adultère
00:32:12il tombe amoureux de la femme d'un autre
00:32:14Léa Seydoux est mariée avec
00:32:16Denis Ménochet, le personnage interprété par Denis Ménochet
00:32:18lui il veut
00:32:20c'est un
00:32:22quelqu'un
00:32:24qui n'est pas un orphelin
00:32:26qui a beaucoup de mal, on s'était beaucoup inspiré aussi de
00:32:28un casque d'or qui s'appelle Mandar
00:32:30parce que c'était le nom de famille
00:32:32de Serge Reggiani dans Casque d'or
00:32:34donc un ouvrier qui galère
00:32:36et qui voit le nucléaire
00:32:38et la possibilité de travailler dans une centrale nucléaire
00:32:40comme certains des travailleurs qu'on avait rencontré
00:32:42comme une chance immense et très prestigieuse
00:32:44et il va essayer de faire quelque chose de sa vie
00:32:46en se disant qu'il va aller travailler pour la fée électricité
00:32:48pour quel que soit le danger
00:32:50et voilà
00:32:52on y part un peu
00:32:54et en fait on a commencé à travailler
00:32:56Frédéric a aussi tout de suite
00:32:58été partant
00:33:00on s'est beaucoup beaucoup documenté
00:33:02sur les travailleurs du nucléaire
00:33:04qui étaient en fait avec une autre idée
00:33:06qui nous passionnait et qui était très choquante
00:33:08c'était qu'il y avait finalement le début
00:33:10il y avait des
00:33:12comment on peut dire, des intérimaires
00:33:14sous-traitants en fait
00:33:16et que eux pouvaient prendre plus de doses que l'employé
00:33:18c'est à dire qu'il y avait des pots qui valaient moins que les autres
00:33:20des pots qui étaient moins protégés que les autres
00:33:22on trouvait ça tellement révoltant
00:33:24et puis Fukushima, ça faisait quelques semaines
00:33:26qu'on travaillait seulement
00:33:28Fukushima arrive au moment où on travaille
00:33:30sur les centrales nucléaires et le monde entier
00:33:32se met à parler de ce nuage
00:33:34de ce danger
00:33:36de ces hommes et ces femmes qui sont pot de balle
00:33:38qui vont nettoyer les centrales
00:33:40qui prennent des risques et je me souviens
00:33:42de Frédéric, très bon conseil, qui dit il faut aller très vite
00:33:44et qu'on a travaillé
00:33:46avec une vitesse pour éviter
00:33:48parce que Rebecca n'avait fait qu'un film
00:33:50et qu'après tout le sujet pouvait être
00:33:52il n'y avait pas fait 250 millions d'entrées
00:33:54non plus
00:33:56mais qu'il y avait une vraie visibilité et reconnaissance
00:33:58avec quelques prix quand même
00:34:00grâce à la semaine de la critique on va continuer
00:34:02le prix Louis Deluc
00:34:04mais très peu vu
00:34:06et très peu vu
00:34:08la réalité de l'industrie c'était que
00:34:10c'était un film qui n'avait pas marché
00:34:12en salle du tout du tout
00:34:14on nous l'avait dit à un moment donné
00:34:16quelqu'un nous avait dit qu'est-ce qu'elle va faire
00:34:18dans les centrales nucléaires, un film glamour sur le nucléaire
00:34:20je me souviens qu'il avait été dit ça
00:34:22donc il fallait aller vite
00:34:24j'aime bien ce pitch cela dit
00:34:26et voilà
00:34:28donc on a écrit finalement assez vite
00:34:30en se documentant énormément
00:34:32d'ailleurs on avait rencontré
00:34:34il joue dans le film, il fait l'instructeur
00:34:36Claude Dubou
00:34:38un travailleur du nucléaire qui avait écrit un texte
00:34:40à compte d'auteur
00:34:42parce que ce qu'il faut dire c'est qu'une fois que
00:34:44Gaël Massé vient me parler de cette zone
00:34:46qui devient
00:34:48je m'éprends tout de suite
00:34:50on a un travail
00:34:52de j'allais dire quasiment
00:34:54de journaliste, de reporter
00:34:56et ou d'universitaire
00:34:58et comme on est assez exhaustif l'une et l'autre
00:35:00et qu'on a une manière de travailler
00:35:02et puis c'est un monde qui n'est pas le mien
00:35:04comme le monde
00:35:06des motards de Belle Epine
00:35:08n'était pas le mien
00:35:10et c'est bien la raison pour laquelle
00:35:12on déplaise ceux qui veulent absolument
00:35:14qu'on travaille que sur la matière qui est la nôtre
00:35:16de l'intérieur
00:35:18mais c'est une chance formidable de pouvoir
00:35:20ouvrir une porte interdite sur un monde
00:35:22qu'on ne connait pas et qui ne nous accepterait pas
00:35:24mais pour ce faire il faut être assez loyal
00:35:26avec la matière, il faut vraiment se renseigner
00:35:28se documenter, travailler je pense
00:35:30écouter et ça c'est vraiment
00:35:32je pense la grande leçon pour moi d'avoir travaillé
00:35:34d'avoir eu la chance de travailler et de travailler avec Gaël Massé
00:35:36c'est que c'est quelque chose que tu fais
00:35:38profondément en tant que scénariste
00:35:40on est pas uniquement mais après peut-être
00:35:42qu'on pourra regarder comment on travaille parce qu'on a
00:35:44une manière de travailler
00:35:46avec Gaël en tous les cas à l'époque qui était
00:35:48de s'échanger
00:35:50sur un blog privé, on avance
00:35:52en fait une scène après l'autre
00:35:54on se commente etc et si on regarde
00:35:56un petit peu les moodboards, j'ai un peu honte de les montrer
00:35:58parce que c'est des tumblers
00:36:00pour les personnes qui sont nées donc après
00:36:021960 vous ne savez plus ce que c'est
00:36:04c'est les années 2000 ça va
00:36:06mais j'ai commencé au moment de Belle Épine et après j'ai continué à les faire dessus
00:36:08mais il y a tous mes films en fait qui ont des moodboards
00:36:10sur ce tumbler et j'essaye de faire migrer
00:36:12sur une autre plateforme mais bon
00:36:14voilà et donc ça me date
00:36:16mais en tous les cas c'est comme ça qu'on
00:36:18travaille, c'est des moodboards auxquels je donne accès
00:36:20ensuite Rob
00:36:22peut les voir, surtout en général le chef opérateur
00:36:24Voilà à quoi ça ressemble, on bouge
00:36:26un petit peu le...
00:36:28C'est un acte d'amour quand même de montrer ça
00:36:30parce que franchement c'est un peu là
00:36:32Donc là ce sont des captures d'écran
00:36:34et voilà on va voir un petit peu
00:36:36là on est sur Belle Épine
00:36:38Alors intéressant parce que c'est Thomas
00:36:40de Phoenix, la première image
00:36:42tu vois Rob ? Ça ce sont des
00:36:44des photos
00:36:46qui ont dû être
00:36:48voilà, qui ont dû me traverser
00:36:50dans la conversation avec Jean-René Etienne à l'époque
00:36:52le directeur artistique du film
00:36:54J'aimais bien l'idée de travailler avec un directeur artistique
00:36:56ça arrivait peu à l'époque
00:36:58et puis il apparaît par hasard
00:37:00vraiment une image du film
00:37:02Foxes, ça plane les filles
00:37:04d'Adrienne Line avec Joseph Foster
00:37:06qui apparaît, je pense que c'est la première image que je poste
00:37:08de ce film
00:37:10c'est pour vous dire un peu le degré de fan
00:37:12dans lequel j'étais, là il y a quelques mois
00:37:14et puis voilà, c'est un ensemble
00:37:16mais pas seulement, si tu montres par exemple
00:37:18la conversation sur Grand Central qui est plus intéressante
00:37:20là vous voyez en fait on s'envoie
00:37:22donc je l'avais appelé à l'époque Toxic Jumpers
00:37:24je sais pas, toxique, il y avait un truc autour de la toxicité
00:37:26vous voyez des images qui sont des références
00:37:28d'un film de Jean-Charles Hu
00:37:30La BM du Seigneur je crois
00:37:32un monde en fait traversé par les voyageurs
00:37:34le monde des gens du voyage
00:37:36beaucoup d'enquêtes, beaucoup de docs
00:37:38qu'on s'envoie avec Gaëlle, ça c'est ce qu'on s'envoyait
00:37:40un peu tous les jours
00:37:42et quelques images
00:37:44là à droite c'est un truc émo, bizarre, qui n'existe pas
00:37:46qui n'est pas moi
00:37:48ça c'est des images
00:37:50mais beaucoup
00:37:52beaucoup, beaucoup, beaucoup, presque un peu trop
00:37:54et puis ensuite arrive
00:37:56des Bobby Dore
00:37:58et puis là c'est une scène que Gaëlle
00:38:00écrit ou encore
00:38:02cet alien, cet orage
00:38:04et moi je lui dis ah c'est super, il faudrait effectivement
00:38:06un orage explosif électrique
00:38:08et pourtant, arrêt de tranche
00:38:10la centrale
00:38:12est exigeante, elle pompe tout, l'air, le temps, l'énergie
00:38:14elle crée l'énergie à partir de la leur
00:38:16et pourtant il faut entretenir dans le film un flou sur cet arrêt là
00:38:18c'est ce genre de conversation
00:38:20qui à partir d'un
00:38:22ça c'est vraiment
00:38:24j'ai parfois un peu honte de les montrer mais c'est très
00:38:26utile en fait de travailler comme ça avec son équipe
00:38:28qui est une manière de collaborer
00:38:30l'un sous l'autre
00:38:32de travailler des textes
00:38:34qui a accès à ce tumblr
00:38:36à ce micro-blog
00:38:38qui a accès à ce moment là
00:38:40eux, juste Gaëlle et moi
00:38:42et puis ensuite
00:38:44c'est quasiment que moi et ou le ou la
00:38:46co-scénariste avec qui je travaille
00:38:48pour Planetarium ça a été avec Rob
00:38:50Gaëlle a travaillé sur l'intégralité de mes films
00:38:52autant en co-scénariste qu'en relectrice
00:38:54en collaboratrice
00:38:56et après avec certains films
00:38:58j'allais chercher en invitant un autre scénariste
00:39:00donc Planetarium c'était Robin Campiot
00:39:02là le dernier film que j'ai fait c'était
00:39:04avec Anne Bérest la romancière
00:39:06et donc de temps en temps il y a un scénario
00:39:08qui est apporté
00:39:10travaillé au quotidien
00:39:12avec un autre scénariste ou une autre scénariste
00:39:14mais Gaëlle les lit et donc
00:39:16en général c'est ce ou cette scénariste
00:39:18co-scénariste qui a accès au blog
00:39:20en train de se faire à ce moment là
00:39:22Tout ce que l'on voit apparaître ici pour en tout cas les recherches
00:39:24même plastiques, est-ce qu'on peut parler aussi de
00:39:26Georges Le Chapetois, ton chef opérateur
00:39:28depuis, enfin ton directeur de photos depuis
00:39:30est-ce que c'est des choses que tu lui montres ce
00:39:32tome-blanc ? Bien sûr, je montre à ma chef
00:39:34décoratrice, souvent Katia Vizhkov
00:39:36depuis quelques films, je montre
00:39:38à mon directeur
00:39:40de production et à mon, enfin
00:39:42et au chef opérateur oui
00:39:44à ceux qui vont fabriquer, parfois aux acteurs aussi
00:39:46quand ils se demandent à quoi ça va ressembler
00:39:48ça ressemble en fait à ces moodboards
00:39:50les directrices de la déco
00:39:52les chefs déco en tous les cas, Katia le fait comme ça
00:39:54elle fait un vrai moodboard à l'ancienne
00:39:56avec vraiment du matos
00:39:58des petites, peut-être changer
00:40:00le truc, qu'est-ce que j'ai l'impression que c'est ?
00:40:02On voit que t'as 306 textos non lus
00:40:04Oui c'est ça, parce qu'on a
00:40:06c'est gênant ce truc
00:40:08ça c'est vrai
00:40:10C'est peut-être pas le mien, c'est peut-être celui de Fabien
00:40:12Oui c'est le mien
00:40:14Fabien n'a pas répondu à tout le monde, moi j'en ai plus
00:40:16moi j'en ai plus
00:40:18et le
00:40:20ouais donc voilà, on se montre
00:40:22ça et ça nous aide évidemment considérablement
00:40:24je connais pas un réalisateur qui travaille pas comme ça quand même
00:40:26Même pour les
00:40:28scénarios qu'on dépose aux
00:40:30aides sélectives, c'est souvent ce que l'on peut voir
00:40:32quand on lit un scénario, à quoi ressemble le film
00:40:34il y a aussi des moodboards
00:40:36en tout cas de, non jamais
00:40:38On montre le moins possible pour braquer personne
00:40:40J'ai déjà vu ça, mais ouais
00:40:42jamais avec vous
00:40:44Moi je montrerais pas très visuel
00:40:46Non c'est vrai
00:40:48Non mais on pourrait parfois de savoir
00:40:50dans quelle humeur va être le film
00:40:52Les gens en fait ne veulent pas élire, ils veulent sélectionner les trucs
00:40:54Tout ce qui peut vous faire tomber
00:40:56faut pas le montrer
00:40:58du genre, ouais le scénario avait l'air bien, mais vous avez vu le moodboard
00:41:00il est atroce, dégueulasse
00:41:02Donc là, hop, non, on y va
00:41:04hop, frontal, juste un scénario
00:41:06et une note d'intention quoi, au max
00:41:08Je trouve qu'il faut en donner le moins possible
00:41:10aux financiers
00:41:12Si on revient à la méthode d'écriture, à quoi ça ressemble Gaël ?
00:41:14Une session d'écriture
00:41:16avec Rebecca, donc il y a ce moment là
00:41:18et ensuite on passe
00:41:20Comment ça se passe ? Concrètement, l'écriture du scénario
00:41:22vous vous partagez les tâches
00:41:24il y a des allers-retours perpétuels, il y a une première version
00:41:26C'est vrai que c'est une conversation
00:41:28permanente, Rebecca écrit
00:41:30beaucoup, elle écrit vite
00:41:32donc elle peut
00:41:34on va se mettre chez elle ou chez moi
00:41:36au café, on a beaucoup travaillé au café
00:41:38pour Planetarium en particulier
00:41:40On a rencontré des acteurs et des actrices
00:41:42Camille Lelouch elle est née
00:41:44elle était serveuse dans le café
00:41:46dans lequel on travaillait, c'est comme ça
00:41:48qu'on l'a rencontrée, qu'elle est venue chez toi
00:41:50jouer du piano, à l'époque elle n'était pas dans
00:41:52Voyez qui c'est Camille Lelouch
00:41:56Surréaliste, c'était vraiment
00:41:58le fantasme des gens
00:42:00qui habitent à Los Angeles, on est serveur
00:42:02dans un café, hop un réalisateur est là
00:42:04s'inspire de vous, et puis
00:42:06un café crème et un rôle
00:42:08enfin un café crème, un verre de vin blanc
00:42:10on buvait beaucoup, faut parler de l'alcool
00:42:12On peut parler de l'alcool ou pas ?
00:42:14Et ensuite
00:42:16Rebecca dit je vais jeter quelques
00:42:18scènes, je crois que c'est un peu
00:42:20ton expression, et puis on reprend
00:42:22immédiatement en fait, c'est à dire que
00:42:24moi je vais prendre en couleur
00:42:26ou je vais
00:42:28ajouter, changer un mot, une virgule
00:42:30on se revoit le lendemain
00:42:32on discute et on construit, ça se construit un petit peu
00:42:34comme ça, après Rebecca peut partir
00:42:36quelques jours et tomber
00:42:38une version, cette fois c'est pas une scène
00:42:40et puis moi j'essaye de repérer
00:42:44ce qui va pas
00:42:46et on parle en fait pour
00:42:48c'était un peu moins vrai pour Prudence
00:42:50pour Belle Epine puisque les personnages étaient déjà
00:42:52là, moi donc j'ai beaucoup questionné
00:42:54Rebecca sur ces personnages, pourquoi
00:42:56ah bon ça lui fait rien de perdre sa mère
00:42:58non non
00:43:00ah bon, quel genre de film
00:43:02elle voulait faire, après
00:43:04pour Grand Central on a beaucoup cherché
00:43:06beaucoup cherché les personnages
00:43:08c'est à dire qu'ils étaient l'histoire
00:43:10en ayant conscience, et c'est un peu
00:43:12le cas que l'histoire d'amour
00:43:14c'était un terme de Rebecca qui était très juste
00:43:16et qui s'avère vrai
00:43:18dix ans après
00:43:20sur tous les scénarios que j'ai écrit, c'est que les histoires d'amour
00:43:22cannibalisent les films
00:43:24et qu'à partir du moment donné on voulait faire
00:43:26une histoire d'amour et
00:43:28qu'est-ce qu'on allait faire de
00:43:30La Centrale, comment, ça a été ça
00:43:32l'énorme travail avec
00:43:34on peut le définir en se disant, en t'écoutant en parler
00:43:36d'ailleurs en plus il faudrait qu'on s'en parle
00:43:38plus souvent, mais j'ai la sensation
00:43:40que quand on
00:43:42écrit on cherche le sujet du film
00:43:44qui comme vous le savez est différent de l'histoire
00:43:46et une fois qu'on a le sujet
00:43:48ça peut prendre plein de formes, est-ce que c'est des conversations
00:43:50sous forme de scènes qu'on s'envoie
00:43:52de situations, de moments
00:43:54voilà tel personnage, à quel moment il est dans le loisir
00:43:56à quel moment il est dans l'attente
00:43:58quels sont les grands sentiments
00:44:00qui traversent le film, quel est le
00:44:02coeur vraiment du réacteur
00:44:04de ce film là, et une fois qu'on a le sujet
00:44:06l'histoire elle tombe, si l'histoire met
00:44:08plus de temps à s'écrire
00:44:10c'est qu'on n'a pas trouvé le sujet
00:44:12ça m'est arrivé sur des films sur lesquels j'ai galéré
00:44:14où je mets très longtemps à me dire le personnage pourrait être ça
00:44:16et si elle était comme ça
00:44:18et finalement en fait elle sera pas chirurgienne
00:44:20mais elle sera machin
00:44:22c'est qu'en fait on n'a pas le sujet, on n'a pas compris le film
00:44:24encore et donc on peut passer des années
00:44:26mais en général si le sujet
00:44:28à l'issue de la conversation avec Gaëlle
00:44:30on a compris le sujet du film
00:44:32et donc l'histoire peut s'écrire
00:44:34et elle est presque, j'allais dire pas anecdotique
00:44:36mais ça doit être celle qui moi me tient à coeur
00:44:38à filmer, souvent quelque chose
00:44:40que je vis dans ma vie civile
00:44:44Et quel genre de réalisatrice es-tu
00:44:46ou se sens ? Tu disais tout à l'heure
00:44:48il y a quelque chose qui n'était pas dans le scénario
00:44:50je le tourne, ça tu respectes à la lettre
00:44:52le scénario ou il y a des choses
00:44:54qui sont réécrites pendant le tournage
00:44:56après comment ça se passe ?
00:44:58Moi j'oublie ce qui était dans le scénario après
00:45:00sur le tournage, je me souviens Claire Denis qui disait
00:45:02une phrase qui m'avait beaucoup marquée
00:45:04sur le tournage, le scénario c'est ma maison
00:45:06et c'est vrai c'est ma maison, je suis pas du tout
00:45:08moi je suis pas une instinctive
00:45:10super créative à tout moment
00:45:12j'ai besoin du scénario, j'ai besoin
00:45:14d'un contrat même avec les gens aussi
00:45:16quand on a embarqué, je suis pas folle
00:45:18d'improvisation, je me fais pas
00:45:20j'ai pas la sensation que
00:45:22hé les gars suivez moi, ça va être génial
00:45:24non, on est tombé d'accord sur quelque chose
00:45:26vous y allez, c'est super, je vais pas
00:45:28révolutionner au moment du tournage
00:45:30ce que les gens ont
00:45:32consenti à faire, ont accepté de faire avec moi
00:45:34au début, que ce soit les producteurs
00:45:36en termes de financement par exemple, j'ai jamais
00:45:38explosé un budget
00:45:40Regarde
00:45:42dubitatif, on sait pas ce que...
00:45:44Je comprends pas le rapport avec le reste
00:45:46Ce qui fait partie de ça, c'est que ce qu'on s'est dit, on le fait
00:45:48et c'est rarement en fait très différent
00:45:50sur le tournage, la question c'était
00:45:52Est-ce que sur le plateau...
00:45:54Si jamais tu dormais avant
00:45:56c'était pour te comprendre
00:45:58là où on était à flot
00:46:00C'est respectueuse, voire même respectueuse des dialogues
00:46:02c'est-à-dire qu'il y a très peu de...
00:46:04Il y a pas énormément d'impro
00:46:06Après il y a toujours des choses qui sont trouvées sur le plateau
00:46:08parce qu'elle est extrêmement humble
00:46:10et évidemment qu'elle invente des choses au fur et à mesure de la fabrication
00:46:12mais finalement c'est...
00:46:14Quand il s'est réveillé il se dit, je vais partir sur un compliment
00:46:16genre, et comme elle a maigri ces derniers temps
00:46:18Non, non
00:46:20il y a des inventions mais la base est là
00:46:22et puis de toute façon c'est une manière de travailler
00:46:24Je suis réactive mais je
00:46:26modifie, c'est très rare d'avoir
00:46:28un bloc entier qui naît
00:46:30Là les choses différentes c'est quand la monteuse
00:46:32et j'aurais adoré qu'il y ait deux personnes très importantes aussi
00:46:34qui sont la script
00:46:36Cécile Rodolakis qui est la script depuis Grand Central
00:46:38et ma monteuse Géraldine Mangenot
00:46:40parce que
00:46:42oui, elle commence maintenant
00:46:44elle monte au moment où moi je fabrique le film en tournage
00:46:46si bien qu'on a des coups de fil
00:46:48en tournage où elle me dit, tiens
00:46:50je pense que cette scène-là tu pensais pas que c'était la dernière
00:46:52mais ce sera la dernière du film peut-être
00:46:54donc fais en sorte que
00:46:56la séquence d'avant
00:46:58de changer des fins de séquence
00:47:00pour laisser la possibilité de monter différemment
00:47:02de faire attention à un costume qui nous piège pas
00:47:04qu'on se dise pas mince, attends, si jamais cette séquence
00:47:06elle peut être là ou là
00:47:08et ça c'est une réactivité
00:47:10une souplesse
00:47:12que je me souhaite avoir de plus en plus
00:47:14Et au-delà de la question d'improvisation
00:47:16par rapport au texte, la grande qualité
00:47:18de Rebecca sur un tournage
00:47:20c'est qu'elle est très réactive
00:47:22et en fait Rebecca elle a une particularité, c'est qu'elle tourne
00:47:24plus de 20 plans par jour
00:47:26je sais pas si ça raconte quelque chose
00:47:28c'est énorme
00:47:30c'est à dire que c'est un rythme de télé
00:47:32à deux ou trois caméras
00:47:34et elle le fait en cinéma avec une
00:47:36voire deux caméras sur le dernier film
00:47:38mais en cinéma on peut tourner
00:47:40entre 8 et 12 plans par jour
00:47:42et Rebecca elle tourne plus de 20 plans par jour
00:47:44c'est à dire que les équipes au bout de 35 jours
00:47:46ils sont rincés
00:47:48heureux mais rincés
00:47:50parce que ça va très très vite
00:47:52elle est aussi dans la manière de filmer, de faire des plans
00:47:54elle réinvente les séquences
00:47:56elle filme dans beaucoup de manières
00:47:58il y a beaucoup d'inventivité graphique
00:48:00et visuelle pendant le tournage
00:48:02Je savais pas que
00:48:04normalement le nombre de plans par réalisateur
00:48:06c'est plutôt autour de 10
00:48:08non mais on sait pas nous
00:48:10c'est 10-12 mais après c'est une façon de faire
00:48:12il y a des réalisateurs qui...
00:48:14ça dépend des chefs opérateurs surtout
00:48:16parce que c'est là que Georges Le Chape toi le chef opérateur
00:48:18je sais que Claire Maton qui travaille avec Céline
00:48:20elle met longtemps avant d'installer un plan
00:48:22qui sont tous des splendeurs mais c'est très long
00:48:24donc je pense qu'elle pourrait pas travailler de la même manière
00:48:26alors que
00:48:28Georges Le Chape toi
00:48:30il installe en fait une lumière pour l'intégralité du décor
00:48:32et ensuite on navigue
00:48:34dedans. Eh bien je ne suis pas d'accord avec toi
00:48:36non je suis pas d'accord parce que Claire Maton
00:48:38on travaille ensemble avec Thierry Leperetti
00:48:40elle est plus rapide ?
00:48:42comme elle éclaire pas c'est extrêmement rapide
00:48:44non mais parce que
00:48:46c'est une demande du réalisateur
00:48:48Céline Sciamma doit lui demander
00:48:50certaines choses qui lui prennent du temps
00:48:52tandis que Leperetti lui dit moi je veux juste filmer les comédiens
00:48:54et elle était rapide donc avec Thierry ?
00:48:56du coup il y a peu de lumière et du coup c'est très rapide
00:48:58et je pense que c'est ta demande qui fait
00:49:00c'est ta demande qui fait
00:49:02la manière dont travaillent tes collaborateurs
00:49:04évidemment
00:49:06quel type de
00:49:08dialogue vous avez justement là
00:49:10on voit une complicité
00:49:12entre Frédéric et toi
00:49:14à quel moment, alors c'est pas intervenir
00:49:16mais voilà, quelles sont les étapes
00:49:18dans lesquelles Frédéric
00:49:20tu interviens, est-ce que tu es sur tournage
00:49:22à quel moment ?
00:49:24c'est ce que je voulais dire tout à l'heure
00:49:26quand tu me posais la question de savoir si on décidait
00:49:28ensemble le premier plan, en fait je crois qu'un
00:49:30tournage de film et une collaboration
00:49:32entre un réalisateur et un producteur, des scénaristes
00:49:34des compositeurs de musique
00:49:36en fait je crois que c'est très collectif
00:49:38et après dans tous les collectifs
00:49:40c'est bien quand il y a quelqu'un qui décide, il se trouve que
00:49:42sur la question artistique
00:49:44et technique, c'est le réalisateur
00:49:46la réalisatrice, Rebecca
00:49:48et après le producteur, il prend peut-être plus de décisions
00:49:50sur les questions financières et juridiques
00:49:52donc moi je suis garant de la bonne marche
00:49:54financière et juridique
00:49:56et garant de la bonne fin, juridiquement
00:49:58et Rebecca, elle garantit
00:50:00toute la partie artistique
00:50:02et technique
00:50:04du film, mais
00:50:06on a tous des collaborations
00:50:08transversales, on parle avec les directeurs de production
00:50:10les chefs opérateurs, les chefs décorateurs
00:50:12c'est des discussions ouvertes
00:50:14et en fait les choix, même s'ils sont au final tranchés
00:50:16par la réalisatrice
00:50:18par Rebecca, c'est des choix qui sont collectifs
00:50:20Rob pour
00:50:22venir à toi, quel moment
00:50:24on a compris que pour Belle Epine
00:50:26c'était dès l'étape du scénario
00:50:28ça c'est un grand luxe, c'est le film parfait
00:50:30je dirais avant même le scénario
00:50:32avant même le scénario
00:50:34l'idée même du film
00:50:36et je pense que Rebecca
00:50:38qui est à la fois humble, ponctuelle
00:50:40respectueuse
00:50:42assez sympa
00:50:44généreuse aussi, on ne l'a pas dit encore
00:50:46elle sait très bien éveiller
00:50:48chez ses collaborateurs
00:50:50chez moi en tout cas
00:50:52une forme
00:50:54de désir
00:50:56un désir de création
00:50:58un désir artistique
00:51:00et ça passe parfois
00:51:02par simplement une idée
00:51:04un mot clé
00:51:06et je sais que parfois
00:51:08on ne fait que se croiser
00:51:10et elle me dit
00:51:12ça va être cuir
00:51:14par exemple, dans le cas de Belle Epine
00:51:18de la mauvaise interprétation
00:51:20tout un champ lexical
00:51:22extrêmement
00:51:24je fais confiance à mon auditoire
00:51:26pour être suffisamment ouvert pour comprendre
00:51:28qu'on parle ici de musique
00:51:30essayer de trouver des mots qui vont éveiller
00:51:32un désir de création
00:51:34donc tout d'un coup
00:51:36j'adore ça
00:51:38comment font les autres
00:51:40quand on ne se voit qu'au moment du travail
00:51:42ça m'est arrivé plus récemment
00:51:44de ne voir les gens que dans le cadre du travail
00:51:46et c'est en même temps
00:51:48la zone dans laquelle on est
00:51:50le rapport qu'on a
00:51:52c'est un rapport professionnel
00:51:54et je grandis aussi de comprendre
00:51:56que ça n'est pas une colonie de vacances
00:51:58faire un film
00:52:00on n'est pas là que pour se faire des copains
00:52:02faire un film
00:52:04on n'est pas là que pour se faire des copains
00:52:06et on peut même avoir un rapport
00:52:08épudique
00:52:10et distant avec quelqu'un
00:52:12et pourtant faire les choses les plus intenses
00:52:14peut-être qu'on est faites
00:52:16et inversement s'entendre extrêmement bien avec quelqu'un
00:52:18comme avec eux et finalement ne faire que
00:52:20non pas du tout
00:52:22ça peut être conflictuel aussi dans le travail
00:52:24t'es conflictuel toi dans le travail ?
00:52:26ça t'est arrivé de t'engueuler
00:52:28avec un réalisateur et une réalisatrice ?
00:52:30ouais
00:52:32sérieusement
00:52:34la musique je pense
00:52:36est très tôt partenaire
00:52:38d'inspiration, de création
00:52:40et je pense accompagne même
00:52:42je sais que beaucoup de scénaristes
00:52:44et Rebecca notamment, travaillent en musique
00:52:46et donc je sais que très tôt il y a par exemple
00:52:48une playlist qui se crée
00:52:50donc une playlist de morceaux existants
00:52:52qui alimentent notre conversation
00:52:54et en fait
00:52:56oui mais ça parce que je trouve que c'est passionnant
00:52:58justement quand je dis qu'on travaille dans le conflit
00:53:00on n'est pas forcément d'accord
00:53:02mais qu'en fait toute forme de conversation est bonne à prendre
00:53:04et d'ailleurs je pense, je suis sûr même
00:53:06que c'est le cas pour tous tes collaborateurs
00:53:08nous on travaille ensemble depuis
00:53:104, 5 films et c'est pareil pour tout le monde
00:53:12c'est une très longue conversation en fait
00:53:14et moi j'ai l'impression que depuis Belle Epine
00:53:16notre conversation n'a jamais cessé
00:53:18et d'un film à l'autre c'est la même
00:53:206 films et une série
00:53:22incroyable c'est vrai déjà
00:53:24et je comprends aujourd'hui que d'un film à l'autre
00:53:26c'est toujours en fait le même travail
00:53:28qui s'alimente
00:53:30et donc cette playlist, même si on ne partage pas toujours
00:53:32les mêmes centres d'intérêt
00:53:34pour tel ou tel compositeur
00:53:36en tout cas sert à alimenter cette conversation, à comprendre
00:53:38et alors je t'entendais, c'était intéressant de parler
00:53:40de la différence entre l'histoire et le sujet
00:53:42et je pense qu'en musique il y a un petit peu la même chose
00:53:44qui pourrait être la différence
00:53:46entre la fonction et la nature par exemple
00:53:48comme en grammaire
00:53:50pour la musique, parfois on va discuter
00:53:52de la nature, tu vas me dire
00:53:54je sens de la flûte, je sens un violoncelle
00:53:56je sens de la musique électronique
00:53:58oui mais dans quel but ? Dans quel sens ?
00:54:00Comment ça va être utilisé ? Et ça c'est une conversation
00:54:02qu'on a de film en film
00:54:04et j'ai l'impression qu'on affine
00:54:06à chaque fois notre façon de travailler
00:54:08Il répondait quoi Catherine Corsini quand tu lui disais ça ?
00:54:12Alors je vais enchaîner avec
00:54:14Bisous Catherine Corsini
00:54:16Oui c'est vrai, en plus il est génial le film
00:54:18Bisous oui
00:54:22Pardon du coup c'est moi qui suis déstabilisé
00:54:24il n'y a aucune raison, on ne connait pas
00:54:26Catherine Corsini
00:54:28Je vais juste rajouter une chose, c'est que je crois que la grande force
00:54:30de Rebecca et elle partage ça avec d'autres réalisateurs
00:54:32mais c'est pas le cas de tous les réalisateurs
00:54:34et de toutes les réalisatrices, n'aie pas peur
00:54:36c'est qu'en fait elle est extrêmement
00:54:38généreuse avec tous les gens qui l'entourent
00:54:40J'avais dit d'abord
00:54:42Je pense que ça a été dit quand même
00:54:44Tu l'as dit mais je vais rajouter un truc
00:54:46C'est pas encore signé mon contrat c'est ça ?
00:54:48Non c'est qu'en fait
00:54:50elle a pas peur d'accepter les idées des autres
00:54:52après elle les fait siennes quand elles sont bonnes
00:54:54et ça c'est une grande qualité en fait
00:54:56c'est une grande qualité de savoir s'entourer, de savoir accepter
00:54:58que les gens qui sont autour de soi
00:55:00peuvent avoir des idées, peuvent avoir des idées valables
00:55:02et donc elle travaille pas dans la peur, contrairement à des réalisateurs
00:55:04qui sont très paranoïaques, qui ont peur que
00:55:06le chef opérateur fasse pas l'image qu'il veut
00:55:08qui ont peur que les scénaristes ramènent
00:55:10des idées qui sont pas les leurs, en fait Rebecca
00:55:12elle accepte les idées des gens
00:55:14qui l'entourent et en fait ça rend tout le monde meilleur
00:55:16Je suis paranoïaque sur d'autres trucs
00:55:18c'est pas mon grand trait de personnalité
00:55:20et après il y a aussi quelque chose
00:55:22Frédéric Jouve est un producteur
00:55:24moi je viens d'une génération où les producteurs sont nos alliés
00:55:26parce qu'eux aussi c'est pas l'argent qui sort
00:55:28exclusivement de leur poche
00:55:30quand on discute avec des réalisateurs
00:55:32qui ont 75, entre 70 et 80 ans
00:55:34enfin ceux qui sont pas en prison
00:55:36c'est...
00:55:38C'est parti ce soir là, on y est
00:55:40On y va, on y va, allez, tu penses à qui ?
00:55:42Mais non !
00:55:44Mais non mais je pense justement à l'un de ceux là
00:55:46et je me souviens que j'avais été choquée parce que
00:55:48il y a un conflit souvent avec les producteurs
00:55:50et nous on vient d'une génération où c'est très rare
00:55:52si vous interrogez des réalisateurs ou des cinéastes
00:55:54qui ont une quarantaine d'années
00:55:56c'est très rare de se détester
00:55:58avec son producteur, de se méfier
00:56:00de son producteur qui est pourtant
00:56:02j'allais dire un trope, très nouvelle vague
00:56:04les producteurs sont là pour nous
00:56:06piéger, pour nous...
00:56:08méfions-nous, attention, peut-être les contrats, les relire
00:56:10beaucoup, etc.
00:56:12Sauf erreur, il me semble que
00:56:14ça m'est arrivé très souvent de commencer un film
00:56:16avec Frédéric et de
00:56:18signer mon contrat à la fin du montage
00:56:20du film, parce qu'entre temps
00:56:22les choses avancent, j'ai la certitude qu'il me donne
00:56:24le plus qu'il puisse me donner
00:56:26et moi j'essaie de demander le moins que je puisse demander
00:56:28pour que le reste soit dans le film
00:56:30donc il y a une espèce de simplicité là-dessus
00:56:32et donc ça crée des rapports d'une différence, je pense que c'est lié au fait
00:56:34qu'on a un système très vertueux en France
00:56:36qui fait que c'est cool, l'argent
00:56:38peut exister, même si on a fait des films
00:56:40qui ont fait 20 000 entrées au début
00:56:42c'est juste que je le redis parce que
00:56:44il faudra le défendre dans les mois à venir
00:56:46je pense
00:56:48que c'est la bataille
00:56:50de Solferino qui donne l'anatomie d'une chute quand même
00:56:52et donc il faut pas oublier
00:56:54et moi j'avais fait un premier film à 20 000 entrées
00:56:56le dernier en a fait plus de 400
00:56:58donc c'est vraiment ces films-là qui font
00:57:00qu'on peut faire des films ensuite, après
00:57:02mais ça crée des rapports aussi plus sereins avec les producteurs
00:57:04et Jouvy me dit
00:57:06peu de choses, mais du coup quand il me les dit
00:57:08je me dis, il a raison, il a aucune raison
00:57:10de vouloir me piéger, me contraindre
00:57:12m'entraver, il est là pour que le film soit meilleur
00:57:14donc c'est vrai
00:57:16qu'on s'écoute pas mal
00:57:18maintenant tu changes plus de trottoir
00:57:20quand tu me vois
00:57:22Pourquoi tu l'appelles Jouv ?
00:57:24C'est son nom
00:57:26C'est Madame Jouv dans La Femme d'à côté
00:57:28Ah d'accord
00:57:30Enfin il ressemble pas à Madame Jouv dans La Femme d'à côté
00:57:32Il y a une femme qui est handicapée dans La Femme d'à côté
00:57:34la directrice du
00:57:36Racing Club de tennis, ça n'a rien à voir
00:57:38C'est beau ce nom
00:57:40D'ailleurs tu parlais d'amitié tout à l'heure, je crois qu'on a un rapport qui est très
00:57:42on n'est pas amis avec Rebecca
00:57:44On a...
00:57:46Mais c'est vrai, on n'est pas amis
00:57:48On est au-delà d'amis, ça fait 20 ans
00:57:50qu'on travaille et qu'on s'appelle tous les jours
00:57:52et qu'on s'envoie 100 textos par jour, donc on est
00:57:54autre chose. Et on est intimes
00:57:56306 c'est les noms répandus
00:57:58On part pas en vacances ensemble
00:58:00Pardon ils sont encore à l'écran
00:58:02Plus des textos de Frédéric Jouv en pari
00:58:04On part pas en vacances ensemble, on passe pas nos week-ends ensemble
00:58:06On s'invite de temps en temps
00:58:08pour un anniversaire
00:58:10J'ai jamais vu chez toi
00:58:12Et on a une vraie relation professionnelle
00:58:14Tu sais les producteurs, ils invitent plus trop les...
00:58:16Bref
00:58:18Waouh
00:58:20Vraiment beauf en plus
00:58:22Non mais c'est vrai, c'est pas un lien
00:58:24amical, mais c'est un lien
00:58:26familial, intime
00:58:28et de travail au très long cours, c'est vrai
00:58:30Et donc Jouv, c'est de la pudeur
00:58:32C'est beau
00:58:34Voilà, on applaudit pas, les producteurs sont toujours
00:58:36applaudis, il y a quelqu'un, une personne
00:58:38qui a applaudi
00:58:40qui a osé applaudir
00:58:42Bravo monsieur, déposez votre scénario
00:58:44C'est vrai ?
00:58:46Oh pardon
00:58:48Ah non
00:58:50Voilà
00:58:52Bon mais on continue
00:58:58On va passer aux enfants
00:59:02Comme par hasard
00:59:04Par hasard
00:59:06J'étais chez eux hier, ils me disent mais alors tu fais un truc au forme des images, tu nous dis pas
00:59:08Bah non, on est pas obligés de...
00:59:12Mais bon, mon père et ma belle-mère, Sylvia Ramir
00:59:14et mon père qui est effectivement
00:59:16maintenant l'un des personnages principaux
00:59:18de beaucoup de mes films
00:59:20Les enfants des autres
00:59:22dont on voit le petit tumbler
00:59:24pour les inspirations
00:59:26c'était surtout pour voir ce calendrier
00:59:28Ce calendrier en fait, qui est un calendrier des jeunes prêtres
00:59:30sexys qui est vendu à Rome
00:59:32Il me semblait être très important
00:59:34en caractérisation du personnage
00:59:36je voulais qu'elle l'ait sur son frigo
00:59:38Qu'est-ce qu'il y a au-dessus ?
00:59:40Là c'est pas non plus le coeur du personnage
00:59:42Mais ça fait partie du genre de rêve
00:59:44qu'on s'envoie
00:59:46Et dans les enfants
00:59:48des autres, c'était plus facile
00:59:50ce moodboard était plus rapide
00:59:52parce que c'était vraiment prendre des photos de chez moi
00:59:54Donc la beauté de cette femme
00:59:56Virginie Firache
00:59:58Ah tu connais déjà le casting à ce moment-là
01:00:00Je l'écris pour eux quasiment en même temps
01:00:02On voit qu'il y a des images de The Nest
01:00:04qui est un film qui m'avait impressionné
01:00:06Et puis
01:00:08la course-poursuite de We Own The Night
01:00:10de James Gray
01:00:12Et puis une histoire simple de sauter
01:00:14donc il y a de temps en temps
01:00:16un peu comme un truc de musique, de mélodie
01:00:18Une histoire simple que tu as programmée dans ce cycle
01:00:20en face justement des enfants des autres
01:00:22Vous l'avez vu ?
01:00:24Une histoire simple de sauter ?
01:00:26Je trouve que c'est un film
01:00:28que j'ai pas aimé de sauter
01:00:30alors qu'autour de moi les gens trouvent que c'est son film
01:00:32de trop, avec Romy Schneider
01:00:34C'est vraiment un film qui m'a
01:00:36beaucoup beaucoup émue. La fin du film
01:00:38si vous avez l'occasion de le revoir
01:00:40vous penserez à moi
01:00:42La fin du film
01:00:44m'a mise à terre
01:00:46Il faut l'entendre parce que c'est du montage son
01:00:48C'est la dernière phrase que dit Romy Schneider
01:00:50Juste un mot
01:00:52Elle dit juste ça
01:00:54Revoyez-le
01:00:56Il y a aussi dans ce tumblr
01:00:58des moments où il y a
01:01:00des extraits de films
01:01:02Par exemple, on va revoir ça
01:01:04Je vais parler par dessus
01:01:06Malheureusement vous verrez
01:01:08Fred Astaire danser derrière nous
01:01:10dans Bandwagon
01:01:14Donc tous en scène, c'est plus facile
01:01:16Donc ça c'est des choses qui
01:01:18Je me foule pas beaucoup
01:01:20Il tombe amoureux en marchant, c'est vraiment une scène
01:01:22On est à l'os
01:01:24Mais en même temps c'est très littéral
01:01:26Donc ça, ça inspire et ça se retrouve
01:01:28Alors je vais malheureusement
01:01:30devoir couper
01:01:32C'est le film en plus, ils s'aiment pas spécialement
01:01:34juste avant, ils vont traverser Central Park
01:01:36de nuit, ils dansent
01:01:38et ensuite on considère
01:01:40qu'ils sont tombés amoureux, ils retombent en calèche
01:01:42Et leur pacte est scellé
01:01:44C'est fait. Et j'ai toujours adoré
01:01:46C'est toi qui me l'avais fait voir
01:01:48On voulait le faire sur Planetarium
01:01:50Il tombe amoureux en marchant
01:01:52C'est toi qui m'envoie ça
01:01:54On va voir tout de suite un extrait des Enfants des autres
01:01:56et vous allez comprendre comment les fantômes
01:01:58habitent le film des uns des autres
01:02:22Je vais vers là où tu vas
01:02:24Et toi ?
01:02:26Ben moi c'est fou
01:02:28parce que c'est exactement
01:02:30là que je vais
01:02:32C'est formidable
01:02:34Allons-y ensemble
01:02:36Tu veux aller boire un verre ?
01:02:38Ouais
01:02:42Un coca rouge avec un café allongé
01:02:44Non pas rouge pardon
01:02:46Un coca zéro plutôt
01:02:48Non, vous là
01:02:50Non pas zéro
01:02:52T'es toujours comme ça ?
01:02:54Non, là par exemple
01:02:56je suis juste un petit peu nerveux
01:03:00Je vais vous prendre un coca zéro
01:03:02avec un allongé
01:03:04et en même temps
01:03:06Et en même temps
01:03:08D'accord
01:03:10J'ai décidé de faire péter les mailles de mes dents ce soir
01:03:18Merci
01:03:48J'ai décidé de faire péter les mailles de mes dents ce soir
01:04:18...
01:04:38Papa ne regarde pas
01:04:42Ils sont beaux
01:04:44Je les adore
01:04:46Donc là, comment on est ? C'est une scène comme ça, on a vu tout sans scène,
01:04:51mais le Tumblr, ce n'était même pas une référence.
01:04:53Non, alors pour l'anecdote, c'est drôle parce que c'est la première scène
01:04:56qu'on a tournée du film, du tournage, le premier soir de tournage.
01:05:01On a tourné, d'ailleurs, il y avait Virginie Fiera,
01:05:03elle me disait, ouais, ouais, on joue de la guitare.
01:05:05Parce qu'il y a un cours de guitare, normalement, que j'ai escamoté.
01:05:08Parce qu'il commençait à jouer de la guitare.
01:05:09J'ai dit bon, on va passer directement à la scène suivante.
01:05:12Je ne sais pas, c'était...
01:05:13J'ai dit, mais je ne comprends pas, tu m'avais dit que tu jouais de la guitare.
01:05:15Elle m'a dit oui, enfin bon.
01:05:18Voilà, et en fait, on est à côté, on est au métro Europe,
01:05:23à côté de la rue de Rome, et on a tourné ça le premier soir.
01:05:27Et pareil, donc c'était...
01:05:29Non, non, non, c'est pas...
01:05:30Le moodboard, en fait, infuse parce qu'il y a des idées qui persistent et qui infusent.
01:05:36Mais le...
01:05:37Et puis, musicalement, c'était très lié à ce thème de Shostakovich,
01:05:42qui était...
01:05:43Là, pour le coup, c'était vraiment étrange avec ce film.
01:05:46C'est que j'ai écrit le film en écoutant ma playlist Spotify,
01:05:51qui me présentait, qui est une playlist géniale,
01:05:54qui vous donne avec un algorithme, en fait, tous les lundis,
01:05:57un peu des nouvelles de vous-même.
01:05:59Voilà, une espèce d'horoscope un peu, un peu surprenant, mais pas trop.
01:06:04Parce que c'est quand même un peu ce que vous aimez déjà.
01:06:06Mais bon, voilà, vous connaissez le truc.
01:06:08Et moi, j'adore parce que ça donne vraiment juste quelques...
01:06:12Et souvent, et donc, voilà, j'avais commencé à écrire avec ça
01:06:15et je ne m'en suis jamais sorti, en fait, de ce thème.
01:06:17Et c'est devenu vraiment le thème principal de ce film.
01:06:20C'était quasi obsessionnel.
01:06:21Et c'était un prolongement d'un travail qu'on avait démarré dans Les Sauvages.
01:06:25Ce qu'on n'a pas assez dit à côté de humble et généreuse, l'obsession quand même.
01:06:28Quelqu'un d'obsessionnel au bon sens du terme.
01:06:31Je suis trop ponctuelle.
01:06:33Non, mais en tout cas, c'était l'idée de partir d'un morceau du répertoire.
01:06:36Donc, dans Les Sauvages, c'était Rameau, la danse des sauvages.
01:06:40Et de voir comment ça peut être un point de départ.
01:06:43Et donc, en sachant que l'inspiration,
01:06:45tu as écrit avec ce morceau, Shostakovich, là, pour les enfants des autres.
01:06:48Et qu'est-ce qu'on en fait?
01:06:49Sachant que tu es obsédé par ce thème,
01:06:51que c'est vraiment le thème du film qui a aucun doute là-dessus, aucun doute possible.
01:06:55Et toi, tu n'en tu n'en démordras pas.
01:06:57Qu'est-ce que moi, je peux tirer de cette idée?
01:06:59Et donc, il faut que je comprenne pourquoi c'est le thème du film.
01:07:03Qu'est-ce qui est sensiblement...
01:07:05A quel endroit ça vient se placer?
01:07:07Et qu'est-ce que moi, je peux exploiter de la mélodie,
01:07:09de l'arrangement ou juste d'une vague idée?
01:07:12Et dans le cas des Sauvages, qui était la série réalisée par Rebecca,
01:07:15on était vraiment parti.
01:07:16On avait déconstruit, j'ai envie de dire, à outrance Rameau,
01:07:20en ralentissant, en changeant, en transposant,
01:07:23dénaturant complètement la musique pour vraiment exploiter cette idée
01:07:26de comment la musique baroque peut aujourd'hui infuser un thème
01:07:29criminel, attentat, terroriste, quelque chose de moderne.
01:07:33Et là, au contraire, comment un romantisme à la Shostak,
01:07:37c'est comme ça qu'on l'appelait entre nous,
01:07:39peut aujourd'hui résonner dans cette histoire d'amour?
01:07:44Donc, il a toujours été la question de garder le thème ou à un moment,
01:07:48c'était genre, inspire-toi de ça.
01:07:50Cet endroit, il est tel quel, interprété vraiment tel quel.
01:07:53Et puis, il y a d'autres endroits où moi,
01:07:54j'ai travaillé sur des réinterprétations pour une chorale, pour un piano.
01:07:58On l'a fait en trio jazz.
01:08:00On a vraiment cherché à, comment dire, se laisser...
01:08:05A étoffer les couleurs, la chaleur de ce thème.
01:08:07Et puis, les tirer comme si c'était une matière vivante et le transformer
01:08:12pour voir où il pouvait se placer dans le film.
01:08:15La réinterprétation en chorale est magnifique.
01:08:17Je tiens à le dire.
01:08:18C'est magnifique.
01:08:19J'aime bien aussi.
01:08:20Grande idée.
01:08:22Alors, le temps passe.
01:08:23On doit avancer.
01:08:24On ne pourra pas voir tous les extraits que j'avais prévus,
01:08:26mais on va en voir encore un ou deux.
01:08:29En tout cas, un, c'est Linky Pit, l'ouverture d'Une fille facile.
01:08:36Pour qu'on parle aussi après de comment c'est un film et comment
01:08:40on choisit le commencement du film.
01:08:43En tout cas, vous voyez, Une fille facile.
01:09:29C'est un film qui a été réalisé par une équipe d'auteurs.
01:09:32C'est un film qui a été réalisé par une équipe d'auteurs.
01:09:34C'est un film qui a été réalisé par une équipe d'auteurs.
01:09:36C'est un film qui a été réalisé par une équipe d'auteurs.
01:09:39C'est un film qui a été réalisé par une équipe d'auteurs.
01:09:41C'est un film qui a été réalisé par une équipe d'auteurs.
01:09:43C'est un film qui a été réalisé par une équipe d'auteurs.
01:09:45C'est un film qui a été réalisé par une équipe d'auteurs.
01:09:47C'est un film qui a été réalisé par une équipe d'auteurs.
01:09:50C'est un film qui a été réalisé par une équipe d'auteurs.
01:09:52intervenante 1 LDL
01:10:13intervenant 1 LDL
01:10:15Ça donne envie d'être en été, un peu.
01:10:18J'aime bien ce début de film, c'est une vraie plongée.
01:10:20D'ailleurs, c'est littéralement la valeur du cadre et ensuite, d'ailleurs, ces plongées
01:10:29sont retrouvées dans tout le film, donc ça donnait aussi, comment dire, la couleur du
01:10:35film.
01:10:36Et puis, la présentation de cette actrice qui était le sujet, en fait, c'était en
01:10:40même temps l'héroïne, l'actrice principale, le personnage principal et le sujet du film.
01:10:47Zahia Dehaar, qui est une actrice que j'ai adoré rencontrer, filmer et pour qui j'ai
01:10:52adoré écrire ce film, qui était fait très rapidement, au moment où on faisait Les
01:10:55sauvages arrière.
01:10:56Donc, il y avait cette série qui se faisait et puis ce film s'est fait très rapidement.
01:10:59Et donc, Linky Pits, on en parlait quand on préparait un peu cette rencontre, le début
01:11:05des films, moi, je trouve que c'est toujours et inquiétant et passionnant parce qu'on
01:11:09n'a pas longtemps pour capter l'attention, comme les grammariens disent, c'est quand
01:11:12on capte la bienveillance.
01:11:15Et puis, en fait, on a quand même 15 minutes de joker, on peut faire un peu n'importe
01:11:23quoi pendant 15 minutes.
01:11:24Les gens vous suivent.
01:11:25Puis après, au bout de 7, 8 minutes, ça commence déjà.
01:11:27Je pense que si vous regardez les Netflix, il doit y avoir un truc autour de 7 minutes,
01:11:31ensuite autour de 15 minutes.
01:11:32Et là, ça tombe.
01:11:33Et je ne sais pas, je suis passionnée par ces débuts.
01:11:36Sur Netflix, c'est trois.
01:11:39Trois secondes.
01:11:40Trois secondes.
01:11:41Moi, je m'endors avant de trouver le film que je vais voir, mais bon, ça peut prendre
01:11:47ça.
01:11:48Et puis, le début est très important.
01:11:50Il doit être aussi, pour moi, dans ce cas là, il était frontal, par exemple, mais
01:11:56je suis en train de réfléchir sur les autres films.
01:12:00Je n'ai pas de règle, mais j'en ai une, c'est que ça doit séduire.
01:12:02Ça doit capter, ça doit appeler, ça doit.
01:12:06Et je n'ai pas peur de dire là, il se trouve qu'en plus, c'est une femme nue que je montre,
01:12:10donc je ne veux pas qu'il y ait de malentendus, on ne séduit pas plus avec la poitrine spectaculaire
01:12:15en plus de Zahia Dehar, que c'est l'idée de présenter le sujet de cette manière frontale
01:12:20que je trouve séduisante, moi, plus que son corps nu, que j'ai plaisir à filmer, qui
01:12:26fait partie du sujet aussi du film, d'un érotisme qui traverse le film, de son rapport
01:12:30à son corps qui est si assumé, spectaculaire, dont elle a fait un outil de production aussi
01:12:34parce qu'elle s'est fait connaître dans la prostitution.
01:12:36Tout ça a été lié.
01:12:37Et puis, c'est vraiment une citation directe du prologue de la collectionneuse de Romère.
01:12:42Donc, quand on revoit la collectionneuse de Romère, qui est l'un des contes, qui est
01:12:45son conte le plus kinky, j'allais dire, ce n'est pas difficile vu que ce n'était pas
01:12:49non plus le réalisateur le plus sulfureux, enfin, sulfureux sans doute pour les...
01:12:55En tous les cas, c'est son film le plus cul, pour le formuler comme ça.
01:12:57Et le, enfin, parce que d'autres vous diront que c'est l'Amour de l'après-midi ou
01:13:04Manu Chemaud, mais ça, c'est vraiment vrai qu'il est très cul, quoi.
01:13:09En fait, il est obsédé par ça.
01:13:13Intéressant, d'ailleurs, il faudrait voir autour de nous qui pense, quel est le Romère
01:13:16préféré de chacun, ça en dit l'on sur soi.
01:13:17Moi, c'est la collectionneuse et c'est vraiment un film qui m'avait beaucoup, beaucoup marqué.
01:13:23Je me souviens, mon père me disait Heide Politoff, il l'a trouvée mignonne, intéressant,
01:13:28psychanalyse. Il me disait Heide Politoff, qui est le personnage principal de la
01:13:31collectionneuse, parce que je me disais, qu'est ce qui est devenu cette actrice qui est
01:13:34une actrice super? Et le prologue, c'est littéralement ça.
01:13:38On voit l'actrice, l'arrière des genoux, des endroits vraiment, donc c'est une pure
01:13:43citation directe de ça.
01:13:45Frédéric, je crois que tu voulais intervenir, non?
01:13:47Je t'avais vu saisir le micro, mais sur la question du début.
01:13:50Oui, oui, non, mais pas sur la question.
01:13:53Non, mais c'est un truc intéressant au cinéma.
01:13:54C'est que quand je disais le Netflix et trois minutes, c'est qu'on est maintenant
01:13:56confronté à un nouveau truc que la consommation se fait sur les téléphones, sur les
01:14:00ordis et tout ça. Et que vraiment, les consignes des plateformes, on travaille
01:14:05régulièrement avec des plateformes.
01:14:06Moi, je produis des films pour les plateformes.
01:14:07C'est vraiment si en trois minutes, on n'a pas réussi à convaincre l'auditoire,
01:14:11il s'en va. L'avantage du cinéma, en fait, c'est qu'à partir du moment où on a fait
01:14:14venir les gens sur une affiche, une bande annonce, ils sont un peu coincés.
01:14:17Ils ont payé une place et on peut les tenir 15, 20, 30 minutes.
01:14:20C'est quand même assez rare de sortir d'une salle quand on a payé.
01:14:24Dans les cinq premières minutes, non, non, il y a vraiment un avantage sur le début.
01:14:27Et après, je crois que c'est Pialat qui disait.
01:14:28Vous êtes restés tous. J'en profite pour vous dire.
01:14:31Et c'est Pialat qui disait un film, c'est un bon début, une bonne fin et un peu ce
01:14:34qu'on peut au milieu.
01:14:35Qui disait ça ?
01:14:36Pialat.
01:14:39Pialat, oui, Française canadienne.
01:14:42On se Pialate.
01:14:43À Marseille, on dit Pialat. À Marseille, on dit Pialat.
01:14:45Excuse-moi, on vient d'en parler.
01:14:47C'est la première fois que tu dis le...
01:14:49Incroyable. On dit Pialat à Marseille.
01:14:52D'accord.
01:14:53J'ai jamais entendu ça, mais...
01:14:54Maoris Pialat.
01:14:55Maoris Pialat.
01:14:57Excusez-moi, vous avez déjà entendu ça ?
01:14:59Non, non, non.
01:15:01Pardon d'avoir un accent.
01:15:02C'est un problème que j'ai un accent ?
01:15:03Non, non, mais j'ai aucun problème avec le régionalisme, ton régionalisme, au contraire.
01:15:10On parle du début, mais de les titres.
01:15:12Comment on choisit les titres ?
01:15:13Je balance des questions comme ça.
01:15:15Mais c'est amusant.
01:15:16C'est important, c'est long.
01:15:17Parce que c'est long.
01:15:18Ça dépend vraiment de chacun.
01:15:19Mais là, je peux vous dire, par exemple, le dernier film, c'est vraiment le titre qui
01:15:22m'a obsédé.
01:15:23Vie privée.
01:15:24On peut le citer.
01:15:25C'est un film qui s'appelle Vie privée et j'ai écrit un film, j'ai cherché le film
01:15:29qui irait avec ce titre.
01:15:32Vous êtes tous, vous me connaissez depuis longtemps, mais ça fait dix ans que le prochain
01:15:37film s'appelle Vie privée.
01:15:38A chaque fois, ça passe.
01:15:39C'est un rapport avec le Louis Mal ou pas, avec le film de Louis Mal ?
01:15:41Oui, c'est un rapport.
01:15:42C'est un film que j'aime beaucoup.
01:15:43Et en plus, c'est le Vie privée de Louis Mal, c'est un film de 62, 63 de Louis Mal,
01:15:49qui en plus, il se trouve qu'il a le bon goût d'avoir raté quelques films et c'est l'un
01:15:53de ses films qui n'est pas le plus réussi.
01:15:55Ce qui nous autorise à fantasmer, d'utiliser le titre.
01:15:58Ce n'est pas le chef d'oeuvre définitif de Louis Mal, alors que moi, j'adore Louis Mal.
01:16:01Je suis vraiment folle de Louis Mal, d'ailleurs.
01:16:03C'est vraiment un cinéaste qui compte beaucoup pour moi.
01:16:05Et Vie privée, un film important sur Louis Smalé, en Marseille, Louis Smalé, tu le
01:16:10prononces mal.
01:16:12Merci, Rob, de reprendre.
01:16:15Et voilà.
01:16:19Et oui, j'aime beaucoup, j'aimais beaucoup le titre, mais c'est sans rapport avec le
01:16:22film. C'est juste, le titre m'évoquait quelque chose de passionnant, qui était
01:16:28vraiment le sujet qui m'intéressait.
01:16:29Qu'est ce qui est de l'intimité?
01:16:30Qu'est ce qui est extime? Qu'est ce qui est obscène?
01:16:33Qu'est ce qu'on peut filmer? Qu'est ce qu'on ne peut pas filmer?
01:16:34Je ne dis pas que le film, et c'est ça en l'occurrence, mais en tous les cas, j'ai
01:16:37trouvé le film qui allait avec ce titre.
01:16:39Un titre, bel et pigne, il existait quasiment aussi avant, souvent quand il y a une fille
01:16:44facile. Je me souviens que jusqu'au dernier moment, vous vouliez que je change de
01:16:46titre, alors que pour moi, c'était vraiment le titre.
01:16:50Mais tu te rends compte que les trois premiers films étaient presque une
01:16:52trilogie topographique.
01:16:54Chaque fois, c'est un lieu, bel et pigne, Grand Central, Planétarium.
01:16:59Vous ne vous rendez pas compte? Je suis au début d'une psychanalyse, vous savez, je
01:17:03suis, je suis dans les trois premières années.
01:17:05Et ça, avec Gaël, vous avez eu des discussions sur les titres ou pas?
01:17:08Ou c'est toi là qui...
01:17:08Ouais, sur le Grand Central, beaucoup.
01:17:10Et en plus, c'était le deuxième film et le premier titre était si bon, bel et pigne,
01:17:14qu'il y ait en fait un centre commercial, voilà, qui était le...
01:17:17Il y a toujours un double sens.
01:17:18Et il y avait le goût de Rebecca pour des titres courts.
01:17:25L'idée d'aller vers deux mots, deux mots qui frappent, elle accorde une très,
01:17:29très grande importance à peu près à tout.
01:17:31Mais le titre, on faisait complètement partie.
01:17:35Et Grand Central, on a eu du mal.
01:17:37Et je me souviens du jour où elle avait trouvé le titre et où quelque chose
01:17:41s'est profondément détendu.
01:17:43Non, mais elle m'a porté moi, m'a informé moi sur quelque chose du film.
01:17:52C'est à dire qu'on pouvait voir grand, on allait voir avec beaucoup d'ambition.
01:18:00C'est presque comme le titre d'une chanson, quoi.
01:18:02Dans ces cas là, on se disait, il faut les prendre comme les titres d'une chanson.
01:18:05Et puis surtout, c'est mauvais signe quand on trouve pas le titre.
01:18:07Ça m'angoisse, moi, quand je trouve pas le titre.
01:18:08Tu vois, c'est comme une chanson.
01:18:09Grand Central, c'est des heures de discussion avec le distributeur.
01:18:12Des heures, ah oui, j'ai oublié.
01:18:15Parce que c'est central au masculin et que la centrale, c'est féminin.
01:18:18Et ils comprenaient pas, moi non plus, d'ailleurs.
01:18:19J'étais plutôt dans ce camp là.
01:18:22Mais ça marche, moi, je pense.
01:18:25Si, ça marche bien.
01:18:26Ça marche, c'est sûr.
01:18:28Le dernier, donc, à vie privée, Une fille facile, voilà.
01:18:33Planetarium, c'était plus compliqué.
01:18:35Il y a du Nathalie, je pense qu'il y a du Nathalie Sarraute là dedans.
01:18:38Il y avait l'idée d'un ciel étoilé.
01:18:39C'était plus complexe aussi.
01:18:41C'était plus abstrait.
01:18:42Le film l'est aussi.
01:18:44Donc, d'une certaine manière, un titre a un bon reflet quand même.
01:18:47Et Les Sauvages, c'était le titre de Sabri Lwata, qui est le roman que j'ai adapté avec lui.
01:18:52Mais très intéressant, magnifique roman de Sabri Lwata.
01:18:57C'était cool de commencer par quelque chose qui existait.
01:19:00Ça me détend beaucoup quand il existe déjà un titre, par exemple.
01:19:03Et puisqu'on parle des Sauvages, on n'aura pas le temps de voir l'extrait qu'on avait préparé.
01:19:07Mais qu'est ce que ça a changé, justement, dans ta manière de travailler,
01:19:11d'attaquer une mini-série qui change beaucoup de choses en termes de narration,
01:19:15j'imagine, même de composition.
01:19:17Pour la musique, toi, tu fais beaucoup des deux.
01:19:19Moi, personnellement, je peux le dire en un mot, ça a défétichisé un peu le plateau.
01:19:23C'est-à-dire que quand on tourne des films de cinéma,
01:19:27on en tourne, dans le meilleur des cas, quand on a beaucoup de chance comme moi,
01:19:30c'est un tous les trois ans.
01:19:31Enfin, dans le meilleur des cas, il y en a quand même tous les ans.
01:19:33Mais j'estime que ce rythme de un tous les trois ans, c'est déjà...
01:19:37Je suis fière, je suis contente.
01:19:39Je me dis, là, il y a 14 ans, on se voyait pour Belle Epine.
01:19:43On a fait, entre temps, six films.
01:19:45C'est beau, c'est bien, on travaille bien tous ensemble.
01:19:48Je nous félicite, on va prendre un verre.
01:19:51Non, mais c'est un bon rythme qui nous permet et de vivre,
01:19:54et de faire ces films-là de manière cohérente,
01:19:57de se poser, de ne pas les faire trop hâtivement, mais voilà.
01:20:00Mais donc, c'est une fois tous les trois ans, c'est rien.
01:20:03C'est deux mois de ma vie, une fois tous les trois ans.
01:20:05Alors que le plateau d'une série,
01:20:07je crois qu'on avait trois, quatre mois de tournage.
01:20:09Et c'était, il fallait rentrer six minutes utiles tous les jours.
01:20:13Ce qu'on ratait, on pouvait le refaire le lendemain.
01:20:15J'avais la sensation que c'était moins...
01:20:17En fait, que c'était moins...
01:20:19Ça allait moins être dans la postérité.
01:20:20Donc, ça m'a décontractée.
01:20:22Et d'une certaine manière, j'ai travaillé au fond de la même manière,
01:20:26avec la même équipe, la même exigence de mon équipe,
01:20:30la même exigence sur les acteurs, mais j'étais plus détendue.
01:20:34C'est ce que je ressens aussi, c'est que du fait,
01:20:35il y a une forme de désacralisation presque de l'objet cinématographique
01:20:39à travers la série.
01:20:40Et je crois que le fait qu'il y ait un appétit si grand du public
01:20:44pour les séries aujourd'hui et autant de production,
01:20:47ça fait qu'en fait, on aborde un peu plus relax,
01:20:49comme si en fait, ça va aller.
01:20:53Et je crois aussi que le fait qu'on se dise qu'on bosse pour la télé,
01:20:56étrangement, on se détend parce qu'on a dans l'idée
01:20:59que ça doit être moins pour la postérité.
01:21:01Et donc, en fait, quelque part, est-ce qu'on ne travaille pas mieux,
01:21:04c'est-à-dire plus proche d'une envie, d'une fulgurance, d'un désir,
01:21:07d'une façon de travailler plus rapide.
01:21:09Et donc, en fait, on n'est plus libre, étrangement.
01:21:11Et moi, je le vois à toutes les étapes.
01:21:15Il y a de tout dans les séries.
01:21:17Non, mais je veux dire, une fois qu'on est sur le plateau
01:21:19et qu'on fabrique l'objet, ouais, on peut se sentir...
01:21:20Moi, je vois dans les séries quand même des objets,
01:21:23on va dire de fiction qui ont l'air, qui dégagent
01:21:26une forme de liberté de ton, d'inventivité qu'on ose moins au cinéma.
01:21:31Je le vois. Et en tout cas, musicalement, c'est évident.
01:21:34C'est-à-dire que je peux me permettre plus de choses musicalement
01:21:37aujourd'hui sur une série qu'au cinéma, où le distributeur te fait flipper.
01:21:43Même pour le thème, on va dire, de générique,
01:21:45le thème qui revient tout le temps, il n'y a pas...
01:21:47On a envie, c'est-à-dire que dans la masse,
01:21:48on a envie d'aller essayer de chercher une originalité.
01:21:51Mais c'est là que t'as des distributeurs qui te disent
01:21:53change la musique pour un film ?
01:21:54Ah bah ouais.
01:21:55Ah ouais ?
01:21:56Ah ouais.
01:21:57Frédéric, sur les séries, tu voulais...
01:21:58Alors, tu n'as pas produit, pour le coup, Les Sauvages, parce que c'était...
01:22:02Tu remercies de me le rappeler.
01:22:03Non, mais c'est...
01:22:04Non, pas parce que...
01:22:05Ma soirée ce soir, c'est génial.
01:22:06Non, mais tu as produit d'autres séries magnifiques.
01:22:09Tout à fait, pas encore, mais...
01:22:11Comme quoi ?
01:22:13Je plaisante.
01:22:14Non, on est en train de développer deux séries avec Rebecca,
01:22:16qu'on va faire, j'espère, l'année prochaine.
01:22:19Et moi, après, je travaille pas Netflix, mais c'est des unitaires.
01:22:21Je fais des films de Kerry James, dans les arts.
01:22:24Mais non, ce sera ma première série.
01:22:27Donc, je n'aurai pas l'expérience de Rebecca.
01:22:29Mais elle m'accompagnera.
01:22:31Oui, déjà, comme ça commence, c'est genre...
01:22:33Désolé de ne pas avoir ton expérience, c'est genre...
01:22:36Pour la petite histoire, Frédéric n'a pas produit Les Sauvages,
01:22:38parce que c'est un projet qu'on t'a...
01:22:39Qu'on m'a apporté, que Marco Cherky et Sabri Lwatam ont apporté, voilà.
01:22:43Et moi, j'ai trouvé ça génial qu'elle fasse ça.
01:22:44Parce que vraiment, pour le coup, pour en parler,
01:22:46je trouve qu'il y a un avant et après Les Sauvages,
01:22:48même dans notre relation de travail et dans sa façon de travailler.
01:22:51Et en effet, où il y a une efficacité, elle est...
01:22:55Le rapport au genre, c'est pas mal aussi.
01:22:57C'est-à-dire qu'on décomplexe le rapport au genre.
01:22:59On fait plus de thrillers, plus facilement.
01:23:01Faire mourir quelqu'un.
01:23:02Moi, je n'avais jamais fait mourir quelqu'un d'un accident, d'un attentat, en flingue.
01:23:08Enfin, oui, oui.
01:23:09Et là, maintenant, j'ai carrément des morts dans les films.
01:23:11Oui, grâce aux Sauvages.
01:23:13Un peu, ça m'a libérée de...
01:23:16On est beaucoup plus proche de la fille.
01:23:19D'un saut dans la fiction, c'est bien.
01:23:21Et puis, je ne sais pas si je peux le dire,
01:23:21mais je crois que Les Sauvages, c'était une série qui a été très populaire,
01:23:24qui a été beaucoup vue et tu m'as raconté ça une fois, tu sais...
01:23:29Tu montes dans un Uber et le mec te dit, tu finis par parler.
01:23:31Et puis, c'est le mec qui dit, c'est toi qui as fait Les Sauvages,
01:23:33c'est génial, j'adore et tout ça.
01:23:34Et tout à coup...
01:23:34C'est sûr que, belle épine, j'avais vraiment des courses dans le silence, quoi.
01:23:37C'était... C'est super et vous en vivez.
01:23:40Et Les Sauvages, oui, c'est génial.
01:23:41C'est génial, en fait, de toucher les gens, bien sûr.
01:23:43Je pense qu'il y a un truc au rapport avec la possibilité de toucher les gens
01:23:46qui s'est ouvert à travers la série.
01:23:48Les films derrière ont plus touché les gens.
01:23:51En tout cas, on peut faire l'expérience un dimanche, ici même.
01:23:54Vous pourrez voir Les Sauvages en mini marathon,
01:23:56les six épisodes, si vous voulez le voir ou le revoir.
01:24:02Avant de vous passer la parole pour un petit échange,
01:24:04je voulais qu'on termine sur un extrait de Planétarium,
01:24:08un extrait que j'aime beaucoup, pardon.
01:24:11Vous allez comprendre pourquoi et comme ça,
01:24:12ça terminera cette conversation avant que vous puissiez prendre le micro.
01:24:17Bonjour.
01:24:18Ah, Laura.
01:24:20Vous êtes à l'heure.
01:24:21Vous n'avez plus l'habitude par ici.
01:24:24C'est Lomar.
01:24:26Pas bien.
01:24:27Hop là.
01:24:28N'ayez pas peur.
01:24:29Cette fois-ci, je vous les enlèverai.
01:24:30Vous verrez très bien, pardon.
01:24:32Laissez-la dire.
01:24:33Laissez-la dire, s'il vous plaît.
01:24:34J'ai déjà enlevé la chaussure.
01:24:38Et c'est Laura Barlow, un sur un.
01:24:40Oubliez le texte.
01:24:43Comment vous appelez-vous ?
01:24:44Mon nom est Laura Barlow.
01:24:46Laura Barlow.
01:24:47D'où venez-vous ?
01:24:49D'où vous venez ?
01:24:51D'où vous venez ?
01:24:56Je viens de Rochester, New York.
01:25:00Rochester.
01:25:01C'est une ville ?
01:25:02Oui, c'est juste au nord de la ville de New York.
01:25:06C'est du fromage, c'est du fromage.
01:25:09Ce n'est pas une ville.
01:25:11Alors, lisons un peu.
01:25:13Laissez-moi le texte.
01:25:16La communauté de leur existence avait établi
01:25:19entre ces zones des amitiés profondes.
01:25:47Donc, il y aurait beaucoup, beaucoup de choses à dire sur ce film et cet extrême.
01:26:11Mais on va s'arrêter là.
01:26:13Plan volé à Louis Malle dans Vies privées.
01:26:16Incroyable.
01:26:17C'est littéralement, c'est un plan de Brigitte Bardot-Géant.
01:26:22C'est vraiment volé.
01:26:23Vous irez voir.
01:26:24Je l'ai cité dans le générique de fin.
01:26:26C'est un plan.
01:26:27Et à ce moment-là, la voix off de Louis Malle dit entre cette femme et la caméra,
01:26:31quelque chose s'est passé.
01:26:32Et ensuite, il y a tout un tir.
01:26:34Enfin, c'est très loin ni en costume en tout, mais c'est un plan volé.
01:26:39En même temps, c'est le fantôme du film, à l'intérieur de ce film de fantôme.
01:26:42Enfin, voilà, tout ça est très logique.
01:26:44Nous sommes tous les fantômes de demain.
01:26:46Les films sont les fantômes de demain.
01:26:47C'est ce qui est dit aussi dans le film.
01:26:49Nous sommes tous, vous et moi, les fantômes de demain.
01:26:52Merci infiniment à tous les quatre.
01:26:54En tout cas, merci à vous.