• il y a 7 heures
Au moins 21 personnes ont été tuées et 45 blessées en urgence absolue par le passage du cyclone Chido à Mayotte, mais les autorités redoutent un bilan humain bien supérieur. Bruno Retailleau dit notamment craindre un bilan “lourd, trop lourd”. Une course contre la montre s'est engagée pour fournir de l'aide aux Mahorais, dont certains sont privés d'eau, de nourriture et d'électricité. Emmanuel Macron a annoncé qu'il se rendra sur place "dans les prochains jours" et qu'il y décrétera un "deuil national".

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Transcription
00:00Écoutez, comme vous pouvez le constater, je ne suis pas en plein jour, ce qui veut dire qu'aujourd'hui je n'ai pas d'électricité, je n'ai pas d'eau.
00:08Puisqu'on parle d'eau, j'ai extrêmement soif. Je n'ai pas du tout, du tout, du tout de bouteilles d'eau à disposition pour pouvoir avoir un moment de plaisir quelque part. On en est là.
00:24Mais attendez, Bruno Garcia, vous nous dites, je n'ai pas accès à l'eau, même pas à des bouteilles d'eau. Vous ne pouvez pas vous ravitailler en bouteilles d'eau, là ?
00:31Non, Madame, puisqu'il n'y en a plus, puisque les magasins sont pris de coups directement par un ensemble de personnes qui sont là, qui sont présentes.
00:42Aujourd'hui, notre problématique, ma problématique, c'est le côté sanitaire.
00:47Et puis, c'est aussi pouvoir prendre de la nourriture et pouvoir boire, surtout boire. J'ai très soif. Sachez que je n'ai pas réussi à avoir une bouteille d'eau depuis une journée.
00:58Attendez, vous êtes en train de nous dire que vous n'avez pas bu depuis une journée ?
01:05Non, je n'ai pas d'eau, Madame. Je n'ai pas d'eau potable. Il n'y a pas d'eau potable. L'eau potable, aujourd'hui, il n'y en a pas sur ma yacht.
01:12J'en ai pas, personnellement. Regardez, je suis avec une pile électrique en face de vous pour pouvoir vous parler ce soir, ce qui veut dire que je n'ai pas du tout d'électricité non plus.
01:21Je suis dans des conditions rudimentaires les plus dures. Voilà.
01:26Et il n'y a pas une entraide qui s'organise entre voisins pour essayer de distribuer de l'eau ou quelques aliments qui pourraient être échangés ?
01:38Ecoutez, l'entraide, elle fonctionne du moment où on peut apporter quelque chose à quelqu'un. Là, ce n'est pas le cas. On ne peut rien m'apporter puisque l'entraide entre voisins ne peut me satisfaire puisqu'eux-mêmes n'ont pas d'eau.
01:51Voilà. Donc, on en est réduit à ma yacht à essayer d'avoir de l'eau pour boire. Je ne pensais pas vivre ça un jour. Je ne vous le cache pas. Je le vis à l'heure actuelle.
02:02Garcia, autour de vous, vous êtes à quelle distance du centre de Bamoudzou ?
02:10Je suis en plein centre-ville, madame.
02:13Et en plein centre-ville, on ne peut pas venir vous aider ?
02:17Non. Écoutez, pour l'instant, au niveau sanitaire, on ne nous aide pas. Il faut dire les choses comme elles sont.
02:25Je pense que les services de l'État sont extrêmement pris. Ils vont être extrêmement pris vu cette catastrophe qu'il y a pu avoir. Je pense qu'aujourd'hui, on est plus en train de compter les morts.
02:37Et puis, je peux vous dire sans vouloir m'avancer qu'ils sont certainement par milliers connaissant ma yacht depuis 23 ans.
02:45Je voudrais dire toute ma sympathie à Bruno, que je connais bien, qui est à la tête d'un des plus beaux établissements de ma yacht.
02:52Malheureusement, j'ai vu les images. L'établissement a été très touché par la catastrophe.
02:57Et lui dire toute ma sympathie et toute mon amitié et que, bien sûr, il peut compter sur notre organisation Mlesi-Mahoré.
03:04Et Bruno, si tu as la moindre difficulté à trouver de l'alimentation ou de l'eau, n'hésite pas à nous appeler.
03:09Tu as mon numéro et tu peux appeler le directeur général, Hugues Macango, qui viendra, bien sûr, t'apporter tout ce dont tu pourrais avoir besoin.
03:16Mais ne reste pas isolé, surtout, si jamais c'était tout à fait le cas aujourd'hui.
03:21Un très, très grand merci parce que je sais que je peux compter sur vous.
03:26Bruno Gartien, est-ce que vous avez des échos de l'aide, du ravitaillement qui doit arriver là, dans les heures, les jours à venir ? Vous êtes informé ?
03:37Non, on n'est pas du tout informé. On est informé comme quoi il va y avoir des aides.
03:43Certains, maintenant, côté visuel, je ne vois rien du tout.
03:48Pourquoi ? Parce qu'il faut rester avec beaucoup d'humilité. Je ne pense pas que je sois le point central de Mayotte.
03:55Il y a une certaine gravité. Il y a beaucoup, beaucoup de morts, je ne vous le cache pas.
04:02On le sait parce qu'en habitant sur place, je vois ce qui a été détruit.
04:07Et je peux vous dire qu'il y avait des milliers de personnes qui dogeaient là. Il n'y en avait pas que 10 ou 15.
04:14Et est-ce que là, aujourd'hui, comment vous appréhendez, vous, les prochaines heures ? Qu'est-ce que vous allez faire ?
04:22Écoutez, je ne sais pas. Je suis pris dans la tourmente un peu d'une catastrophe.
04:27Ma crainte, c'est un risque sanitaire. Beaucoup de corps ont été ensevelis. Beaucoup de corps ont été mis sous terre rapidement.
04:37Et la crainte, elle est des épidémies dans les jours à venir.
04:42Et est-ce que vous sortez de chez vous ? Parce qu'on a entendu certains Mahorais nous dire qu'ils avaient des problèmes d'insécurité,
04:51qu'ils ne se sentaient pas forcément en sécurité. Est-ce que c'est votre cas ?
04:55Est-ce que c'est une problématique qui s'ajoute déjà aux conditions de survie dans lesquelles vous êtes ?
05:01Écoutez, sortir de chez soi pour pouvoir voir quelque chose, encore, ça va.
05:06Aujourd'hui, il n'y a rien à voir qu'un phénomène de désolation et des gens dans la rue.
05:11Oui.
05:12Par suivi, c'est des boutons. Il n'y a vraiment pas grand-chose.
05:15Bruno Garcia, écoutez, je vais vous souhaiter bon courage.
05:19Et c'est vrai qu'on se sent très impuissants face à votre témoignage.
05:25Vous avez le contact, en tout cas, de Maxime Zénon qui propose l'aide de votre association.
05:30Oui, oui, que je connais carrément.
05:31Et donc j'espère que les membres de l'association qui sont présents sur place pourront vous aider,
05:38pourront vous apporter au moins le strict minimum.
05:40Je dois dire, l'image que renvoie Bruno est extrêmement triste ce soir.
05:44Mais je dois dire que c'est un des personnages tout à fait centraux de la ville de Mamoudzou
05:49chez qui on va volontiers pour faire la fête.
05:52Et donc je souhaite qu'on puisse très vite, Bruno, refaire la fête à Mayotte.
05:57Et je crois bien que tu pourras compter sur toute notre énergie pour faire en sorte que ton établissement se redresse
06:03et qu'on retrouve ensemble le chemin de la joie et le chemin de la fête.
06:07Un très, très grand merci parce que je sais que ça sera fait.
06:10Je connais très bien ton association.
06:13C'est quelqu'un qui est extrêmement fort dans l'aide humanitaire.
06:17Merci parce que ça me donne un petit rayon de soleil ce soir.
06:21Et puis j'en ai besoin et je le répète encore, j'ai soif, j'ai pas d'eau.

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