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00:00Emmanuel Macron justement est attendu demain à Mayotte, dévasté par le passage meurtrier du cyclone.
00:05Le premier ministre François Bayrou est sous le feu des critiques après avoir privilégié le conseil municipal de Pau.
00:11Il a tenté péniblement de se défendre hier à l'Assemblée nationale, et même maladroitement, Pau s'est enfance.
00:16Il n'est pas d'usage que le premier ministre et le président de la République quittent en même temps le territoire national, a-t-il dit.
00:21Alors bien sûr, c'est des querelles picrocolines par rapport à ce qui se passe réellement à Mayotte, qui est un drame absolu.
00:29Je voudrais qu'on écoute M. Bayrou hier.
00:31« Je suis obligé de vous dire que Pau, c'est en France.
00:35Il n'est pas d'usage que le premier ministre et le président de la République quittent en même temps le territoire national. »
00:42Donc évidemment, cette phrase a fait réagir.
00:45À l'Assemblée nationale, personne n'a réagi d'ailleurs immédiatement.
00:48Les gens, il a fallu un petit temps pour qu'ils comprennent que le territoire national, c'est aussi Mayotte.
00:56Sébastien Chenu, vice-président du Rassemblement national, il commentait ce matin le début d'entrée en fonction de François Bayrou.
01:06Le moins qu'on puisse dire, c'est que c'était poussif, pas très convaincant.
01:10J'allais dire, comme disent les jeunes, ça n'envoie pas du rêve.
01:13François Bayrou hier, moi j'avais l'impression d'être au croisement entre Raymond Barr et Édouard Balladur,
01:19c'est-à-dire quelqu'un de très décalé par rapport à la société d'aujourd'hui,
01:23quelqu'un de très décalé par rapport au rythme de la vie politique, au rythme de la vie de la nation.
01:30C'est marrant parce qu'il pense être désagréable en citant Raymond Barr et Édouard Balladur,
01:35ce sont deux premiers ministres de grande qualité.
01:38Alors bien sûr, ce ne sont pas des gens qui montent sur la table et qui vont danser la macarena,
01:45mais ce sont des gens sérieux, l'un et l'autre, qui ont laissé plutôt un bon souvenir sur les finances françaises
01:51et qui ont une stature d'hommes d'État tous les deux.
01:55En revanche, l'expression « envoie du rêve », les jeunes disent ça, ça envoie du rêve Géraldine ?
02:00Oui, on peut dire ça, exactement. On envoie du rêve.
02:02Ah bah oui, ça se dit.
02:03Ça se dit beaucoup, ça.
02:04On envoie du rêve.
02:05Ah oui ?
02:06Bon, on ne dit pas ça de tout le monde, mais oui, ça se dit.
02:08Vous pensez à quelqu'un alors ?
02:10Allez, c'est bon, on arrête.
02:11Non mais je ne sais pas si vous souhaitez être désagréable.
02:13Non mais Géraldine envoie du rêve avec ses petits pulls, par exemple, voilà.
02:16Vous voyez, ça se dit comme ça.
02:17Celui-là, il a rétréci au...
02:18Non !
02:19Il n'a plus de manches !
02:20C'est plutôt celle qui l'apporte qui a...
02:23Il n'a plus de manches !
02:24Il n'a plus qu'un raccourci aux manches qu'il a sur l'avant-bras.
02:28C'est un torchon !
02:29C'est un torchon !
02:30Ça ne va pas la tête !
02:34Mais il est très beau, il est vert comme Noël, voilà.
02:36Oui, je suis d'accord.
02:37Noël est vert, oui.
02:38Mais il n'a plus de manches, quoi.
02:39Les manches s'arrêtent...
02:40C'est un débardeur, toi.
02:41Je crois que tu aurais dû le laver à froid.
02:42Je l'ai lavé à 30 degrés.
02:43Ah, c'est vrai ?
02:44Oui, je crois, voilà.
02:45C'est mon lavage.
02:46Vous l'avez à froid, effectivement.
02:48Emmanuel Macron à Mayotte en 2019.
02:51Alors ça, c'est très intéressant, parce que c'est les fausses promesses.
02:54Et notre camarade Laurent Tessier, à 6h15, je rappelle, c'est une chronique absolument formidable
02:58que vous faites tous les matins, cher Laurent.
03:00Merci.
03:01Et j'invite tous les uns et les autres à écouter cette chronique, parce que vous avez mis bout à bout
03:05ce qu'avait dit Emmanuel Macron en octobre 2019.
03:08Et notamment, il parle d'un hôpital qui sera construit en 2025.
03:11Il n'est toujours pas construit, il sera peut-être construit en 2028.
03:15Et on se souvenait avec quelques-uns du moment où j'étais passé, quand j'étais alors candidat.
03:20Je disais, c'est l'endroit de France où j'ai reçu le plus de baisers.
03:27Nous sommes dans un territoire de la République, un département qui est assez contrainte,
03:30sismique, géographique, démographique, qui nous conduit à devoir investir.
03:36C'est comme ça que je vois les choses.
03:37C'est investir.
03:38La France, c'est d'abord la sécurité.
03:40Et donc la sécurité sera au rendez-vous en matière de lutte contre l'immigration protestine.
03:45Parce que c'est ce qui est dû à Mayotte.
03:48Je sais que vous voulez plus de médecins, de meilleurs soins.
03:52Et vous y avez droit.
03:54Et ce seront les travaux pour le deuxième hôpital qui seront commencés.
03:58Et donc on y met les moyens.
04:00Je n'ai pas fini.
04:02La France, c'est l'éducation.
04:04Et les jeunes.
04:06Avant la fin de ce quinquennat, ce sont 800 classes nouvelles qui seront ouvertes à Mayotte.
04:14C'est l'engagement pris.
04:16Et il sera tenu.
04:17Plus d'habitats.
04:18On va relancer des opérations ici, à Mayotte, pour rénover l'habitat.
04:23Et donc les engagements que j'ai pris devant vous, je viendrai en rendre compte.
04:30Merci à tous.
04:31Je vais venir vous embrasser.
04:33Vous savez ce que ça veut dire, d'ailleurs, cette dernière phrase ?
04:42Vous savez ce que ça veut dire ?
04:43Non.
04:44Vous avez répondu.
04:46Ça veut dire Mayotte et la France jusqu'au bout, à la vie, à la mort.
04:51Donc Mayotte et Mayotte.
04:55Ça veut dire France en maorais.
05:00Et ça veut dire jusqu'au bout, à la vie, à la mort.
05:03Vous êtes bilingue, ça y est.
05:04Bah non, je le lis.
05:05Et vous savez quelle est la langue que j'utilise ?
05:08Le maorais ?
05:09Non, c'est le shimi.
05:11Le shimaoré.
05:14On va rappeler Amina, peut-être.
05:16Ça va être intéressant, cette langue.
05:18Elle est belle, d'ailleurs.
05:19Elle est belle, elle est étonnante.
05:21Et elle est intéressante, comme toutes les langues.
05:24Bruno Retailleau, ministre de l'Intérieur, ce matin sur BFM, qui évoquait les dégâts.
05:29Une île qui est totalement dévastée.
05:31Des dégâts qui sont absolument colossaux.
05:34Ce qui m'a le plus frappé,
05:36puisqu'on a parcouru dans un premier temps l'île avec un hélicoptère
05:40pour nous rendre compte un peu des dégâts,
05:42c'est ce contraste qui est saisissant
05:44entre d'un côté ces paysages totalement désolés, cette désolation,
05:48et en même temps, lorsqu'on se pose, cette espèce de calme apparent,
05:51cette espèce de silence.
05:52J'ai vu finalement assez peu de personnes qui étaient au-delà de Mamoudzou.
05:58Ce sont les gens.
06:00Il est 11h02, on va marquer une page en couleur.
06:04Et nous revenons évidemment pour écouter notamment Bruno Retailleau,
06:07Éric Piolle également toujours sur ce sujet.
06:09On parlera aussi politique, parce que M. Retailleau explique,
06:13ou on croit comprendre, que les conditions ne sont pas réunies pour entrer au gouvernement.
06:17Ça, c'est ce qu'il a dit ce matin.
06:18Il a rencontré depuis François Bayot.
06:23Et ce sera bien peut-être d'avoir une expertise politique, Laurent Tessier.
06:26Exactement.
06:27Et nous serons peut-être avec un des journalistes du service politique d'Europe 1.
06:31Nous en parlerons dans quelques instants, vers 11h30.
06:33Eh bien, c'est parfait, je vous remercie.
06:35Et vous pouvez aussi vous réagir au 01-80-20-39-21 avec Pascal Praud sur Europe 1.
06:45Bruno Retailleau, je le disais par les délégués il y a une seconde,
06:47je vous propose de l'écouter sur ce qu'il faudra faire ces prochaines semaines et ces prochains mois.
06:53Il faut modifier notre législation.
06:55Pourquoi est-ce que je veux, moi, qu'on légifère sur l'immigration ?
06:58Parce qu'on a besoin de régler des problèmes pratiques.
07:01Et tous ces bien-pensants à gauche, tous ces bien-pensants à gauche et ailleurs, d'ailleurs,
07:06que j'entends depuis hier, je souhaite qu'ils aillent au contact des maorais.
07:11C'est très facile à Paris, à l'Assemblée nationale, ou ailleurs, ou dans les médias,
07:15de proférer un certain nombre d'oukaz vis-à-vis de telle ou telle position.
07:19Moi, je veux régler le problème.
07:20Il n'y a aucune société au monde, vous m'entendez bien,
07:23là-bas, la population à majorité, elle est musulmane.
07:26La peau, elle est brune.
07:28Ce sont des gens, des Français, je ne connais pas de territoire de France
07:32aussi attaché à la mère patrie, à la France, que Mayotte, que ce soit dit.
07:37Mais qu'ils aillent au contact de ces élus, au contact de la population,
07:41ils leur diront que c'est impossible.
07:43C'est comme si en France, on avait à peu près 20 millions de clandestins.
07:46Est-ce qu'une société, laissez-moi terminer,
07:49est-ce qu'une société peut vivre dans la concorde civile
07:53avec un tel déséquilibre démographique ?
07:55Eh bien, je dis non.
07:56Et son analyse est un placard.
07:58Bruno est avec nous, il est directeur d'un hôtel dévasté.
08:00Il est à Mayotte depuis 23 ans et je crois que nous l'avons en direct.
08:04C'est bien cela.
08:05Bonjour Bruno.
08:06Bonjour.
08:07Et merci d'être avec nous.
08:08Est-ce que vous pouvez nous raconter l'état dans lequel est votre hôtel ?
08:12Écoutez, il est complètement dévasté, comme s'il y avait, je veux dire,
08:16comme j'ai toujours dit, une bombe atomique était tombée dessus.
08:19Il n'y a plus rien, il n'y a plus de toit.
08:20Même des parties du mur, des murs se sont envolés,
08:23que j'ai retrouvés à 20-30 mètres.
08:25Cela vous dit un peu l'intensité des vents et cela vous dit un peu la puissance.
08:28Aujourd'hui, l'état en général de l'hôtel est dévasté.
08:32Le pire, c'est que nous n'avons pas d'eau, nous n'avons pas d'électricité.
08:36Il n'y a pas d'eau potable, donc cela devient extrêmement compliqué de vivre.
08:40C'est parce que l'eau, on ne vit pas sans eau.
08:43Nous avons de plus en plus de bandes organisées qui tournent
08:47et qui essayent de récupérer, tant bien que mal, de l'eau.
08:50Cela devient de l'or.
08:54C'est extrêmement compliqué de vivre à Mayotte à l'heure actuelle.
08:57Combien de chambres il y avait dans votre hôtel ?
09:00Il y avait 42 chambres, je n'en ai plus que 8.
09:038 qui sont viables, si j'ose dire ?
09:06Oui, c'est un bien grand mot.
09:10Qui sont logeables, et pas dans les conditions d'un hôtel normal.
09:14Vous êtes propriétaire de cet hôtel que vous aviez construit ?
09:18Je suis le gérant de l'hôtel, ça fait des années, depuis 23 ans.
09:24Combien de personnes travaillent dans cet hôtel ?
09:27Comment ?
09:28Combien de personnes travaillent dans cet hôtel ?
09:3037 personnes.
09:31Qui vont être évidemment sans doute au chômage chez Prochanger.
09:35Dans le Prochanger, vous allez retrouver près de 80 à 90%,
09:40parce qu'il faut que j'assure la sécurité de l'établissement,
09:43dû au pillage.
09:44Il faut savoir qu'il y a des bandes la nuit qui passent dans tous les établissements
09:47et qui essayent de récupérer tout ce qu'ils peuvent,
09:50pour pouvoir vivre déjà, attention c'est vital,
09:52et après ce qu'ils peuvent au niveau matériel, de le récupérer
09:55pour pouvoir avoir un maximum de choses.
09:58J'entends évidemment ce que vous dites,
10:01et on compatit, en tout cas on est avec vous,
10:05dans cette période qui peut être difficile,
10:07j'imagine quand même qu'il y a des assurances qui vont vous aider ?
10:10Alors les assurances, oui, il y a toujours des assurances,
10:12mais combien de temps la durée ?
10:14Quand est-ce qu'on va être indemnisé ?
10:17Donc ça va mettre énormément de temps,
10:19parce que là c'est quand même une catastrophe de toute une île.
10:23Nous sommes des milliers de personnes qui sont dans la même situation,
10:27et encore on est vivants.
10:29Il faut savoir une chose, c'est qu'aujourd'hui,
10:31et je tiens à le dire sur votre antenne,
10:32que le nombre de personnes décédées qui sont mentionnées et qui sont dites
10:36est très très loin de la réalité du terrain.
10:40C'est-à-dire que parmi les 37 personnes avec lesquelles vous travaillez,
10:44est-ce qu'il y a des gens dont vous n'avez plus de nouvelles aujourd'hui ?
10:47Il y a 70% de mon personnel, je n'ai pas de nouvelles.
10:51Ah oui, ça c'est très important, et vous pouvez imaginer,
10:54vous n'avez pas de nouvelles parce que ce personnel habite loin,
10:57parce qu'il n'y a pas de téléphone peut-être, mais vous ne savez pas ?
11:00On ne savait pas, on a essayé avec ma responsable des ressources humaines
11:04de pouvoir les contacter afin de leur dire de rester chez eux,
11:06il n'y a aucune réponse, rien, rien, on n'a rien du tout.
11:10Donc on se fait quand même des soucis,
11:11parce que quand on habite depuis 23 ans sur l'île,
11:15on sait pertinemment que ce qui est parti, ce qui a été dévasté,
11:17il y avait des milliers de personnes qui étaient là.
11:18Où elles sont passées ? On ne les voit même pas dans la rue.
11:20Où elles sont passées toutes ces personnes-là ?
11:22Elles sont bien quelque part.
11:25La construction de votre hôtel, est-ce qu'elle est en cause selon vous ?
11:32Ou est-ce que la nature a parfois des effets que rien n'aurait pu arrêter ?
11:41Écoutez, là, quand vous avez une construction qui est en béton,
11:44avec des tolls qui sont fixés par des sociétés viables,
11:50et que tout s'emporte du béton, ça devient compliqué.
11:53C'est-à-dire que je pense que même en métropole,
11:55avec un vent pareil, on aurait eu...
11:57Voilà, c'est important de lire ça quand même,
11:59parce que c'est une forme de fatalité.
12:01C'est-à-dire qu'en l'espèce, il n'y avait pas d'autre solution.
12:06L'homme est impuissant face à des vents
12:08qui n'ont jamais soufflé comme ça sur l'île depuis la nuit des temps.
12:13Écoutez, pour l'avoir vécu avec Louis à Saint-Martin en 1995
12:18et Hugo sur la Martinique,
12:20donc j'ai une vision des choses et une expérience des Antilles
12:25et surtout des cyclones.
12:27Je n'avais jamais vu ça.
12:28Je suis parti à un moment donné,
12:29il faut savoir que j'ai rapatrié les clients,
12:31le peu de clients qui étaient à l'intérieur,
12:32les uns derrière les autres,
12:33et j'ai bien fait puisqu'un quart d'heure après,
12:35on perdait les toits et imaginez ce qui serait arrivé
12:37aux personnes qui étaient à l'intérieur.
12:39L'expérience que vous avez vécue est unique,
12:41d'être dans l'œil du cyclone.
12:44Ça dure combien de temps ?
12:47Des milliers d'heures et deux heures générales.
12:50Voilà, je pense avoir répondu à votre question.
12:52Deux heures et on a l'impression que c'est une éternité.
12:54Une éternité, que ça ne s'arrête pas.
12:56Les minutes sont des heures.
12:57Et là, vous étiez où ?
12:59J'étais dans l'enceinte de l'hôtel.
13:01J'allais chercher les clients.
13:02Il faut savoir qu'il y a des espaces libres
13:04et qui sont à aérer.
13:06Et là, je peux vous dire que c'était un véritable gouffre.
13:08J'allais chercher les clients et les rapatrier
13:10dans un lieu protégé en sous-sol,
13:12les uns derrière les autres.
13:14Et je pense que la réaction a été bonne
13:16d'un responsable, de tout responsable,
13:18d'aller les récupérer, puisqu'après,
13:20je perdais la quasi-totalité de l'hôtel.
13:22Donc, imaginez ce qui se serait passé
13:24si on n'avait pas déclenché
13:26le système d'alarme de l'hôtel
13:28pour que les gens incendient,
13:30pour que les gens reviennent directement sur la réception
13:32et viennent au point de rassemblement.
13:34Et lorsque le cyclone
13:36se met en place ou démarre,
13:38je ne sais pas exactement comment dire,
13:40ça démarre
13:42ça démarre en quelques secondes
13:44ou il y a une sorte de montée en puissance ?
13:46Alors, la montée en puissance
13:48ce ne se fait pas, c'est une montée en puissance
13:50c'est-à-dire que ça démarre, c'est-à-dire qu'il y a
13:52un calme, mais
13:54on a l'impression, on se demande
13:56ce qui va arriver, il n'y a pas d'oiseau,
13:58il n'y a pas un bruit, rien du tout,
14:00et d'un coup, on voit le vent arriver
14:02de plus en plus
14:04et de plus en plus puissant.
14:06Le signe avant-coureur,
14:08c'est un calme, mais un calme,
14:10mais reposant, j'aurais tendance à vous dire.
14:12On a l'impression d'être quasiment
14:14dans ces films catastrophes qu'on a vu
14:16de nombreuses fois à la télévision.
14:18C'est exactement ce que j'ai pensé,
14:20c'est exactement l'idée qu'on se fait
14:22alors catastrophe pendant le passage
14:24et surtout catastrophe quand on regarde autour
14:26de soi lorsque le cyclone
14:28est passé. Je me suis dit
14:30mais ce n'est pas possible, ce n'est pas un cyclone qui est passé,
14:32on nous a balancé une bombe dessus.
14:34Et quand ces deux heures
14:36s'achèvent, on retrouve
14:38quasiment immédiatement
14:40une sorte de calme où il y a
14:42une descente progressive.
14:44Il y a une descente progressive
14:46suivie d'un calme énorme
14:48et suivie d'un soleil magnifique.
14:50Voilà ce qui s'est passé
14:52de suite après. On avait l'impression
14:54qu'il ne s'était jamais, jamais
14:56rien passé. C'est-à-dire
14:58qu'un soleil radieux, et puis je vous assure
15:00hier soir une nuit étoilée, avant-hier soir
15:02une nuit étoilée magnifique
15:04avec des millions d'étoiles.
15:06Oui, c'est tout à fait fascinant.
15:08Lorsque vous étiez, pendant l'oeil
15:10du cyclone, pendant ces deux heures,
15:12vous étiez donc à l'abri, si j'ai bien compris,
15:14et là, à ce moment-là, vous étiez quand même en sécurité
15:16ou vous avez à un moment pensé
15:18que vous-même n'étiez plus
15:20en sécurité ?
15:22Alors, vous savez, quand on est responsable, c'est d'abord la sécurité de ses clients.
15:24À un moment donné, oui, oui,
15:26il faut le reconnaître, j'ai eu
15:28un doute parce que la montée des eaux
15:30faisait en sorte qu'on a eu tous
15:32au pied entre 20 et 30 cm d'eau,
15:34même en sous-sol,
15:36mais par rapport à ce qui
15:38aurait pu arriver s'ils étaient restés dans les chambres,
15:40heureusement,
15:42ils étaient en toute sécurité.
15:44Dans les chambres, ils ne seraient pas restés, il y aurait eu
15:46des dizaines de morts dans l'hôtel.
15:48Il y a un témoignage pour ceux qui arrivent
15:50à l'instant sur l'antenne d'Europe 1
15:52que je trouve tout à fait extraordinaire,
15:54celui de Bruno, qui est directeur d'un hôtel
15:56dévasté, qui nous parle
15:58depuis plus d'une dizaine de minutes
16:00et nous sommes suspendus à vos lèvres.
16:02Alors, au-delà
16:04de cet incident,
16:06de cette catastrophe,
16:08le mot est plus juste,
16:10il y a ce rapport de la Cour des comptes
16:12qui date je crois de 2022, et vous qui vivez à
16:14Mayotte depuis 23 ans, vous allez pouvoir
16:16nous dire ce que vous en pensez.
16:18Il y a eu un plan Mayotte en 2025,
16:20qui avait été annoncé en 2015.
16:22Aucune mesure ne visait la sécurité
16:24et l'immigration sont suivies à durer un an.
16:26En 2018, il y a un second plan,
16:28plus d'un milliard de débloqués,
16:30rien n'a changé. La Cour des comptes a demandé
16:32des documents à la préfecture, on ne sait même pas
16:34ce qui est advenu
16:36de ce qu'on avait décidé. Rien,
16:38rien n'existe à ce jour pour éclairer
16:40la stratégie de développement de Mayotte.
16:42Si vous y êtes depuis 12 ans, vous avez vu
16:44la délinquance atteindre un... depuis 23 ans,
16:46pardon, vous avez vu la délinquance
16:48atteindre un niveau record, la sécurité
16:50en première préoccupation
16:52des habitants, la moitié de la population
16:54qui ne parle pas français. Je disais
16:56à Mayotte, il y a 30 médecins généralistes
16:58libéraux, il y a 12 dentistes
17:00simplement, il y a moins de 10 000 élèves qui sont
17:02scolarisés. On a l'impression
17:04que Mayotte est une catastrophe
17:06nationale, Bruno, et malgré tout
17:08vous vous y êtes et vous y êtes depuis
17:1023 ans. Donc je voulais votre avis.
17:12Écoutez, là-dessus,
17:14vous avez tout à fait raison, vous avez bien résumé
17:16la situation à Mayotte.
17:18Moi j'y suis, c'est vrai qu'on a
17:20tendance à s'attacher à ce qu'on a
17:22et pas partir ailleurs,
17:24c'est ça, c'est exactement ce qui est compliqué,
17:26c'est extrêmement compliqué de vivre à Mayotte
17:28en temps général. On vit
17:30dans des prisons dorées,
17:32donc personnellement, ma maison, il y a des
17:34barbelés et puis des barreaux de partout,
17:36comme dans une prison, je crois que je suis plus sécurisé
17:38encore que la prison locale
17:40de Majicavo. On sort très peu
17:42parce qu'on a peur des caillassages, on sort très peu
17:44parce qu'on a peur des pillages, on sort très peu parce qu'on a peur
17:46que lorsqu'on rentre chez soi, il n'y ait plus rien.
17:48Ce sont des conditions
17:50qui ne sont pas vivables.
17:52Et c'est vrai que pour un département français, c'est très rare.
17:54J'ai fait la Martigny-Guadeloupe-Saint-Martin-Saint-Barthes,
17:56je n'ai jamais vu ça.
17:58J'ai vécu à La Réunion aussi.
18:00On vit, les portes sont ouvertes,
18:02les fenêtres sont ouvertes. Nous, ce n'est pas le cas
18:04ici à Mayotte. On vit avec
18:06un taux de délinquance impressionnant,
18:08on vit avec beaucoup de
18:10clandestins qui ont faim, qui ont soif,
18:12et je vous laisse deviner où c'est qu'ils vont récupérer l'argent
18:14pour pouvoir manger.
18:16Vous avez dit que votre maison est cernée par des
18:18barbelés, c'est ce que vous avez dit ?
18:20Oui, ma maison est entourée de barbelés
18:22pour pas que les gens viennent à ma maison. Il y a des barreaux
18:24aux fenêtres, dignes
18:26de barreaux de prison,
18:28et j'ai une porte blindée pour
18:30que les gens ne rentrent pas.
18:32Je dirais que c'est
18:3460-70% des habitations à Mayotte.
18:36Or, bien sûr, les
18:38bidonvilles, on s'entend bien.
18:40Bruno, restez avec nous, parce que je pense qu'on a encore
18:422-3 petites questions à vous poser.
18:44Je suis passionné par tout ce que vous nous dites,
18:46et il n'est évidemment, comme toujours,
18:48rien de mieux que d'entendre un
18:50témoignage de quelqu'un
18:52qui vit à Mayotte et qui
18:54parle de son quotidien.
18:5611h28, à tout de suite.
19:02Il y a des témoignages parfois qui sont saisissants
19:04à la fois de simplicité,
19:06parce que Bruno est
19:08un habitant de Mayotte, donc il raconte
19:10ce qu'il a vécu, et puis de force,
19:12de puissance, parce que vous avez vécu
19:14quelque chose de tout à fait exceptionnel.
19:16Je voulais vous faire écouter, rappeler d'abord
19:18aux auditeurs, évidemment que nous sommes sur Europe 1,
19:20que vous êtes propriétaire,
19:22gérant d'un hôtel, que cet hôtel
19:24a été dévasté, qu'il
19:26reste simplement 8 chambres,
19:28que vous avez sauvé, manifestement,
19:30certains Français
19:32qui étaient là, et c'était des touristes.
19:34D'ailleurs, c'est des touristes qui viennent de Métropole,
19:36Bruno ?
19:38Non, c'était essentiellement des docteurs,
19:40des médecins qui étaient sur place pour
19:42venir de la réserve,
19:44pour venir en aide
19:46au CHM à l'heure actuelle.
19:48Et je voulais vous faire écouter ce que
19:50dit Éric Piolle, qui est le maire
19:52de Grenoble, parce qu'évidemment, il y a toujours
19:54des positions idéologiques,
19:56vous, vous savez de quoi vous parlez, vous êtes sur place,
19:58et puis il y a des gens qui parlent d'une situation qu'ils ne connaissent
20:00rien, et qui plaquent simplement
20:02leur idéologie sur
20:04le terrain.
20:06Et voilà ce que ça donne, M. Piolle.
20:08Les plus vulnérables, en fait, sont en train de dérouiller.
20:10C'est eux qui ont le moins contribué au réchauffement
20:12climatique, et pourtant, c'est les premières victimes.
20:14En France comme ailleurs.
20:16Et nous, on dit, oh là là, le problème,
20:18c'est les migrants. Non, le problème, en fait,
20:20c'est les problèmes climatiques que
20:22nous avons générés, nous, et
20:24les problèmes aujourd'hui, c'est les problèmes sanitaires majeurs
20:26sur la plus grande catastrophe
20:28qui ait touché la France
20:30depuis un siècle. C'est majeur.
20:32Mais là, c'est pas un problème
20:34climatique, c'est pas le réchauffement
20:36climatique qui avait le cyclone,
20:38je pense, et il oublie,
20:40et c'est intéressant de vous entendre,
20:42le problème de l'immigration à
20:44Mayotte. Est-ce qu'on peut en parler
20:46sans sortir
20:48une clé de lecture,
20:50une grille de lecture idéologique, Bruno ?
20:52Écoutez,
20:54d'abord,
20:56je vais vous répondre calmement à ce que
20:58vient de dire M. Éric Piolle,
21:00qui est complètement
21:02faux, c'est complètement faux
21:04par rapport à la situation de Mayotte.
21:06Aujourd'hui, Mayotte,
21:08c'est pas
21:10le climat, c'est pas le truc,
21:12c'est simplement qu'aujourd'hui,
21:14c'est l'ensemble de la population.
21:16Il faut laisser la part
21:18des choses. Moi, je vis
21:20sur place, je l'ai vécu, le cyclone.
21:22La politique, il faut la laisser de côté.
21:24À un moment donné, il faut être respectueux vis-à-vis de toutes les personnes
21:26dans l'ensemble, dans l'intégralité des
21:28100 personnes qui sont
21:30présentes.
21:32Je préfère
21:34en sourire, excusez-moi, parce que je n'ai pas les mots
21:36à répondre à ce genre de trucs.
21:38Terminé. Quelle est votre vie à Mayotte ?
21:40Comment vous êtes arrivé ? J'ai compris que vous étiez à
21:42Saint-Barthes, que vous étiez dans les Antilles.
21:44Qu'est-ce qui a fait que vous avez
21:46atterri à Mayotte ? Est-ce que vous êtes en famille ?
21:48Est-ce que vous avez des enfants sur place
21:50qui sont à l'école ? Comment s'organise votre vie ?
21:52Écoutez, oui,
21:54j'ai un fils qui est sur la métropole
21:56et mon épouse vit à l'île de la Réunion
21:58depuis quelques années. Alors, oui,
22:00ça s'organise de façon assez spéciale.
22:02C'est-à-dire que beaucoup font envoyer
22:04des personnes pour leurs études sur
22:06la métropole ou sur l'île de la Réunion.
22:08Beaucoup
22:10protègent, on va dire les choses comme elles sont,
22:12leur famille à la Réunion, puisque c'est proche,
22:14c'est 1h40 de vol, et
22:16viennent travailler à Mayotte.
22:18Voilà, c'est un peu la périphérie,
22:20excusez-moi, de la région parisienne.
22:22Mais pourquoi vous, vous avez atterri à Mayotte ?
22:24Alors moi, je venais du groupe Accor,
22:26j'étais venu pour faire un audit
22:28pour l'hôtel, et je suis
22:30resté et je l'ai repris en gérance pour moi.
22:32Et malgré tout, malgré ces
22:34difficultés, j'imagine que vous aimez
22:36Mayotte et vous êtes
22:38heureux, si j'ose dire, à Mayotte,
22:40comme on peut l'être lorsqu'on
22:42reste longtemps dans
22:44un endroit qui a beaucoup aussi
22:46d'attrait.
22:48Écoutez, une vingtaine
22:50d'années, si on n'aime pas,
22:52on serait paressé. Donc, ça répond
22:54à votre question, et puis je pense que, oui,
22:56il y a l'attrait, que c'est sympa,
22:58que les gens sont très gentils, les Maorais sont très
23:00gentils dans l'ensemble. Moi, quand je parle
23:02dans l'ensemble, je parle des Maorais, je parle des
23:04Comoriens, je parle des Malgaches, je parle des
23:06Africains qui vivent ensemble, on vit tous en communauté.
23:08Voilà, on vit tous
23:10et on s'entend tous très bien, il n'y a pas de soucis,
23:12il n'y a pas d'inquiétude là-dessus.
23:14Mayotte, il faut l'aimer, voilà, il faut l'aimer.
23:16C'est compliqué au début, parce que c'est complètement
23:18paradoxal par rapport
23:20à la métropole, c'est complètement différent,
23:22il y a tout de... Et après, on s'adapte.
23:24Voilà, aujourd'hui, je me suis adapté,
23:26je pense m'être adapté à Mayotte.
23:28C'est vrai que venir, c'est extrêmement compliqué,
23:30c'est pour ça qu'il y a beaucoup de gens qui y viennent de façon
23:32très courte,
23:34sur des délais assez
23:36courts, dans les administrations,
23:38parce que ça représente quand même
23:4070% des personnes qui y viennent.
23:42Y vivre, c'est
23:44compliqué. Alors, heureux,
23:46je dirais pas non, pas heureux,
23:48mais j'aime bien, voilà, on y vit
23:50heureux, c'est pas ça la vie,
23:52être heureux.
23:53Merci en tout cas Bruno, vraiment
23:55merci, c'est assez rare qu'on
23:57prolonge comme ça un témoignage ou une discussion,
23:59je pense que vous êtes avec nous depuis 11h10,
24:01mais c'était passionnant de vous écouter,
24:03et puis on va prendre de vos nouvelles. Bon courage à vous,
24:05parce que ça va pas être simple, bien sûr,
24:07bon courage vraiment.
24:09Un très grand merci, parce que vous faites relayer
24:11l'information telle qu'elle est,
24:13la véritable information.
24:15Merci, merci beaucoup de la parvenance de la population d'Anorès.
24:17Vous êtes sur un téléphone
24:19portable, là, ou sur un téléphone fixe ?
24:21Oui, je suis sur un téléphone portable
24:23que j'ai réussi à charger ce matin, parce que
24:25vos collaborateurs n'arrivaient pas à me contacter,
24:27parce que c'est très dur, c'est très compliqué,
24:29il n'y a pas d'eau, il n'y a pas d'électricité, et encore moins
24:31de l'eau potable. De l'eau potable, surtout, surtout,
24:33s'il vous plaît. Ce sera mon dernier mot.
24:35Merci, vraiment merci grandement
24:37Bruno. Un petit point, et puis
24:39une page en couleur,
24:41monsieur
24:43Olivier Guénac.
24:45C'est grâce à vous qu'on a eu ce témoignage, je le dis pour
24:47les auditeurs, parce qu'il y a tout un travail,
24:49on pense qu'il suffit
24:51que je m'assoie derrière un micro
24:53pour faire une émission. Non,
24:55il y a une équipe. Cette équipe, c'est
24:57Géraldine, cette équipe, c'est Laurent Tessier,
24:59cette équipe, c'est le réalisateur,
25:01cette équipe, c'est Alexandre, et cette équipe, c'est vous.
25:03Ça me touche beaucoup, merci.
25:05Mais non, mais c'est vrai, parce que
25:07d'ailleurs, l'auditeur qui nous écoute,
25:09les auditeurs qui nous écoutent, ils se disent
25:11comment Olivier Guénac
25:13arrive-t-il à trouver ce témoignage ?
25:15Et ça fait partie de votre job.
25:17Mais vous me touchez, merci beaucoup.
25:19C'est vous qui faites vivre le témoignage.
25:21Mais comment vous l'avez trouvé, par exemple,
25:23ce témoignage ? J'ai demandé à Assez News.
25:29J'ai monté deux étages, en fait.
25:31J'étais en régie, j'ai dit
25:33« Il est super, votre Bruno ! »
25:35Ah oui, bon, d'accord. C'est le témoignage de Bruno.
25:37Oui, je suis honnête.
25:39Il faut toujours être honnête. Mais alors Assez News,
25:41évidemment, les témoignages avec quelqu'un
25:43de la même manière. Les services
25:45de programmation, les auditeurs ne savent pas ce que sont
25:47que les services de programmation,
25:49ce qu'on appelle un service de programmation. C'est trois, quatre personnes
25:51qui trouvent des intervenants
25:53pour éclairer l'actualité,
25:55pour faire témoigner
25:57des gens sur le terrain. Et c'est un travail
25:59journalistique,
26:01c'est un travail à temps plein, bien sûr,
26:03et c'est un travail parfois ingrat,
26:05parce qu'on n'est pas dans la vitrine.
26:07Ce témoignage-là,
26:09c'est pour ça que je parle de vous précisément à ce moment-là.
26:13Et je vous dois ce témoignage.
26:15Je voulais vous le dire, Olivier.
26:17Des petits messages sur la page Facebook ?
26:19C'est parti !
26:21Pardon ?
26:23Des petits messages !
26:25Anne nous dit, le pire dans tout ça,
26:27c'est que j'ai l'impression que rien n'est fait
26:29depuis plusieurs jours à Mayotte.
26:31Frédéric nous écrit également sur la page
26:33le gérant d'hôtel Bruno est très
26:35courageux. Moi, j'aurais déjà abandonné
26:37à sa place. On finit avec Yann.
26:39Mayotte est délaissée, certes, mais
26:41comme beaucoup de départements ici,
26:43en métropole. Oui, alors,
26:45sans doute, mais moins, évidemment, les ultramarins
26:47sont en très grande difficulté.
26:49Il est 11h40.
26:51A tout de suite !

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