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00:00Europe 1 Soir. 19h21, Pierre de Villeneuve.
00:04Invité politique ce soir dans Europe 1 Soir, le député LFI de Seine-Saint-Denis.
00:09Bonsoir Thomas Porte. Merci d'être avec nous.
00:11Comment allez-vous dans cette période difficile, oppressante ?
00:15Je crois qu'elle est difficile pour beaucoup plus de Françaises et de Français que pour moi.
00:19Bien sûr, mais vous les représentez.
00:21Oui, mais on est au travail justement pour avoir une débauchée politique
00:25qui répande aux attentes des Françaises et des Français.
00:27Aujourd'hui, la situation est bloquée.
00:28Pour en dire un mot, je pense que le blocage vient d'Emmanuel Macron.
00:31Mais effectivement, il va falloir trouver une solution pour sortir de la crise politique
00:34et quelque part de la Ve République qui est à bout de souffle aujourd'hui.
00:37Est-ce que vous attendez encore quelque chose de François Bayrou
00:40qui va s'exprimer ce soir à la télévision ?
00:42Moi, je n'ai pas attendu grand-chose dès qu'il y a eu la nomination de François Bayrou.
00:46C'est le premier soutien d'Emmanuel Macron.
00:49François Bayrou s'est positionné en faveur de la réforme des retraites à 74 ans
00:52qui est quand même aujourd'hui une ligne rouge.
00:54Il dit qu'il rouvre le dossier.
00:56Il dit qu'il ouvre le dossier.
00:57Mais nous, on ne demande pas une ouverture du dossier.
00:59On voulait que le dossier soit mis au placard et que la réforme soit abrogée.
01:02Que va dire François Bayrou ? Je n'en sais rien.
01:05Mais on a vu que nos partenaires qui étaient allés aux discussions avec Emmanuel Macron.
01:09Vos partenaires, c'est-à-dire ?
01:10C'est-à-dire les socialistes, les écologistes et les communistes
01:12qui ont fait le choix d'avoir une stratégie différente.
01:15Ils sont allés discuter avec le Président de la République et le Premier ministre.
01:18Ils sont sortis ce soir finalement en disant qu'il n'y avait pas d'accord possible
01:21avec des gens avec qui on ne partage aucune valeur.
01:23Il n'y a pas de raison de ne pas censurer, a dit Olivier Faure.
01:25C'est ce qu'a dit Olivier Faure.
01:27Et j'espère, et moi je suis convaincu que le Nouveau Front Populaire se retrouvera
01:31sur soit la motion de censure, soit sur la question du vote de confiance.
01:35Parce qu'on est passé un peu sous silence sur ce point-là.
01:38Mais historiquement, dans la Ve République,
01:40le ou la Premier ministre, qui vient faire un discours de politique générale à l'Assemblée,
01:43demande un vote de confiance.
01:45Depuis 2017 et depuis l'arrivée au pouvoir d'Emmanuel Macron...
01:47Mais il va y avoir ça !
01:48Non ! François Bayrou a dit qu'il ne ferait pas de vote de confiance.
01:52François Bayrou change d'avis en 40 ans de vie politique.
01:56J'espère qu'il y aura un vote de confiance,
01:58parce que ça permettra de se placer soit du côté du gouvernement,
02:01soit dans l'opposition.
02:02Et s'il n'y a pas de vote de confiance,
02:04nous on déposera une motion de censure avec l'article 49-2.
02:06Et là aussi, ce sera un moment de vérité.
02:08On verra celles et ceux qui censurent le gouvernement
02:10et qui sont opposés à la politique qui va être menée par François Bayrou,
02:13qui est la continuité d'Emmanuel Macron,
02:15et celles et ceux qui soutiendront le gouvernement.
02:16Quand vous avez vu vos partenaires,
02:18comme vous dites, les socialistes, les écologistes,
02:20aller à cette réunion,
02:21qu'est-ce que vous leur dites ?
02:23Vous dites, c'était de toute façon pas la peine ?
02:25Oui, c'était pas la peine.
02:26Et finalement, je constate qu'aux sorties des réunions,
02:28ils font le même constat que nous.
02:30C'est-à-dire qu'on nous parle de compromis,
02:32d'accords, d'accords de non-censure
02:34au gouvernement de l'Union Nationale.
02:36Mais un compromis avec qui ?
02:38Avec des gens qui ont perdu les élections ?
02:40Un compromis avec des gens qui sont opposés ?
02:42Encore une fois, à l'abrogation de la réforme des retraites,
02:44je donne un élément.
02:45Le système a aujourd'hui un député qui s'appelle Philippe Vigier,
02:48qui est celui qui a déposé quasiment le plus d'amendements
02:50le jour de la niche parlementaire de la France Insoumise
02:52pour s'opposer à l'abrogation de la réforme des retraites.
02:54Donc on n'a aucun compromis à passer avec ces gens-là.
02:57Et je crois qu'il fallait respecter le résultat des élections législatives.
03:00Nous sommes arrivés en tête, certes, avec une majorité relative.
03:03Ça ne nous a pas échappé.
03:04Mais l'ordre des choses fait qu'on aurait dû être nommé au gouvernement
03:06et aller discuter texte par texte,
03:08pas faire l'inverse.
03:09On ne fait pas de compromis avant sur la nomination du gouvernement.
03:11On le fait sur un gouvernement qui a gagné les élections
03:13et qui doit après aller se battre dans l'hémicycle.
03:15Olivier Faure a appelé à la censure, on l'a vu tout à l'heure
03:18quand il est sorti de Matignon.
03:20Est-ce que c'est le retour à la maison auquel appelait
03:23d'ailleurs Manon Aubry sur Europe 1 ?
03:25C'est surtout le respect du mandat qui nous a été confié
03:28par les électrices et les électeurs du Nouveau Front Européen.
03:30Parce qu'on a tellement dit ces derniers temps
03:32que le NFP était fracturé,
03:34que certains socialistes allaient peut-être rejoindre
03:36le fameux socle central.
03:38Est-ce que c'est aujourd'hui, ce soir peut-être,
03:40pour la première fois depuis plusieurs semaines,
03:42une façon de comprendre qu'en tout cas,
03:44la gauche, celle d'Olivier Faure,
03:46parce que si après on s'amuse à décomposer dans le PS,
03:49peut-être qu'il y a aussi d'autres courants,
03:51mais en tout cas celle portée par Olivier Faure,
03:53c'est un retour quand même au NFP
03:55et donc avec le partenariat avec la France Insoumise.
03:57Je crois qu'il n'y a pas d'unité possible à gauche
03:59si ce n'est pas sur un programme de rupture.
04:01Et ça s'est fait aux élections législatives,
04:03ça s'est fait aux élections présidentielles autour de la candidature
04:05de Jean-Luc Mélenchon qui a fait 22%.
04:07Et ce qui rassemble aujourd'hui le peuple de gauche,
04:09c'est un programme de rupture avec les politiques
04:11soutenues par Emmanuel Macron.
04:13Et effectivement, le NFP existe toujours,
04:15il est toujours vivant, contrairement à toutes celles et ceux
04:17qui ont voulu le voir éclater, le voir inexistant.
04:19Il existe parce qu'il y a un désir d'unité dans le pays,
04:21mais qu'il y a un désir d'unité sur un programme.
04:23Et il y a des gens partout sur les marchés
04:25qui nous ont interpellés, qui m'ont interpellé
04:27en me disant qu'on avait raison de ne pas aller discuter
04:29avec Emmanuel Macron ou François Bayrou
04:31parce qu'on savait déjà ce qui allait en sortir.
04:33Si c'est pour faire un tour de table
04:35et dire qu'on n'est pas d'accord, ça sert à quoi
04:37d'aller discuter avec ces gens-là ?
04:39Si vous êtes plusieurs, et le NFP
04:41n'est pour l'instant pas dans la capacité
04:43de faire une censure tout seul,
04:45alors la dernière censure qui a marché, c'est avec le RN.
04:47Alors comment on fait, sachant que
04:49pour l'instant, le RN
04:51et le NFP, corrigez-moi,
04:53c'est l'huile et l'eau. Donc normalement, on ne s'entend pas,
04:55on ne se parle pas, et pourtant, on vote des censures ensemble.
04:57C'est effectivement des gens avec qui on ne partage
04:59aucune valeur et qui sont pour moi des ennemis politiques
05:01et que je les combats, j'ai aucun souci à assumer cela.
05:03La motion de censure,
05:05tout seul le NFP, ne peut pas faire tomber
05:07le gouvernement. Nous, on la dépose
05:09parce que c'est l'arme politique à disposition
05:11à disposition d'une opposition
05:13pour contrer le 49-3,
05:15pour contrer le fait qu'il n'y ait pas
05:17de vote de confiance
05:19après le discours
05:21de politique générale.
05:23Après, libre à chacune et chacun
05:25de le voter. Nous, ce qu'on dit, c'est qu'on
05:27ne votera pas une motion de censure
05:29qui est déposée par l'extrême droite,
05:31qui, dedans, reprendrait des motifs
05:33identitaires, des motifs sur les questions migratoires,
05:35des motifs qui sont pour nous.
05:37Mais est-ce qu'il y a toujours ça dans une motion de censure du RN ?
05:39Une motion de censure, c'est un texte avec des objectifs politiques.
05:41Oui, ça c'est bien, mais est-ce qu'il y a toujours
05:43systématiquement ?
05:45Il y a toujours des propositions qui sont pour nous
05:47indignes, et encore une fois, on ne partage rien
05:49avec ces gens-là. Moi, j'ai assumé de dire
05:51que je ne voterai jamais une motion de censure déposée
05:53par le Rassemblement National.
05:55Mais est-ce que ça vous étonne que le Rassemblement National
05:57vote une censure ? Et d'ailleurs,
05:59sur la dernière, il y avait bien quelques textes
06:01qui ont été repris, d'ailleurs, dans la bouche de Michel Barnier
06:03lors d'une interlocution télévisée.
06:05C'était un peu paradoxal,
06:07parce que Marine Le Pen
06:09votait d'une certaine manière contre elle-même,
06:11puisque vous dénonciez plusieurs choses du RN.
06:13D'abord, c'est l'avis parlementaire que sur des textes,
06:15il y ait des votes communs
06:17de différents bancs, et si on regarde dans le détail
06:19quels sont les partis politiques qui votent le plus ensemble
06:21sur la dernière législature,
06:23celle avant la dissolution,
06:25c'est le Rassemblement National, LR et les macronistes
06:27qui votent le plus souvent ensemble. On a étudié
06:29les chiffres. Mais je ne voudrais pas qu'on oublie que
06:31le RN, qui a voté la motion de censure,
06:33nous a fait perdre 3 mois de temps.
06:35Nous avions déposé une motion...
06:37Vous comptiez sur le RN avant ?
06:39Toutes celles et ceux qui se sont dit qu'on était dans l'opposition,
06:41qu'on était contre Emmanuel Macron, qu'on voulait le faire tomber,
06:43lui ont donné 3 mois de sursis.
06:45C'est jamais aussi binaire, vous le savez très bien.
06:47Ces gens sont allés négocier jusqu'au bout avec François Bayrou,
06:49ils ont essayé de le sauver. François Bayrou a fait un discours lamentable
06:51à la télé pour dire
06:53« Députés du RN, ne votez pas la censure,
06:55respectez vos électeurs,
06:57venez me sauver. » C'est ça qui s'est passé jusqu'au dernier moment.
06:59Marine Le Pen a essayé d'éviter de voter la censure.
07:01Vous parlez de Michel Barnier alors ?
07:03Jusqu'au dernier moment, il a essayé de sauver sa tête avec l'aide du RN.
07:05Ces gens se sont
07:07opposés quasiment jusqu'au bout à la censure.
07:09Nous, on avait déposé une motion de destitution.
07:11Marine Le Pen a bloqué la motion de destitution
07:13en conférence des présidents de l'Assemblée nationale
07:15pour dire qu'on ne s'attaque pas au chef de l'État.
07:17Voilà la réalité de l'extrême droite.
07:19Est-ce qu'elle est légitimiste de la Constitution
07:21et du mandat présidentiel ?
07:23Et parce que peut-être le président de la République
07:25est accessoirement élu par l'ensemble des Français ?
07:27Je ne sais pas. Mais une motion de destitution,
07:29c'est un processus politique permis
07:31par les instances et les institutions
07:33de la Ve République.
07:35Et aujourd'hui, je constate quand même que
07:37Jean-Luc Mélenchon ou la France Insoumise sont loin d'être les seuls
07:39à dire que le problème est Emmanuel Macron.
07:41Ça va largement au-delà de nos rangs.
07:43Un mot de Mayotte. Le président est sur place.
07:45Reconstruction, rebâtir Mayotte,
07:47mais aussi raccompagner,
07:49il l'a dit, 35 à 40 000
07:51personnes à la frontière mahoraise tous les ans.
07:53Comment est-ce que vous réagissez ?
07:55C'est une forme d'indignité
07:57à cibler ces personnes-là.
07:59Et ça s'inscrit dans les obsessions racistes
08:01du ministre de l'Intérieur Bruno Rotailleau
08:03qui a fait plusieurs sorties ces derniers jours.
08:05Oui, mais ça reprend cette focale-là comme si le problème
08:07c'était la question migratoire à Mayotte.
08:09Le problème, ce n'est pas ça.
08:11Je veux qu'on s'arrête sur ce qui se passe.
08:13C'est la plus grande carte à saufre climatique
08:15depuis 90 ans.
08:17Je sais bien, mais c'est les élus de Mamoudzou,
08:19les élus mahorais qui demandent justement cela
08:21face aux Comores.
08:23Je suis en désaccord avec ça.
08:25Mais ils sont sur place, c'est eux qui le demandent.
08:27Je suis en désaccord avec ça. Est-ce que ça va régler le problème ?
08:29Parce qu'on nous parle beaucoup par exemple de l'opération Montbouchou.
08:31On nous dit, la France Insoumise,
08:33c'est opposé à l'opération Montbouchou,
08:35c'est à cause de vous qu'il y a des gens
08:37qui sont morts par exemple
08:39sous l'habitat
08:41qui est imparfait avec des tols.
08:43D'abord, l'opération Montbouchou, elle a eu lieu.
08:45Nous, on était opposé à ça, mais elle s'est quand même déroulée.
08:47Est-ce que ça empêchait aujourd'hui d'avoir des dizaines, des centaines
08:49de morts ? Non, parce qu'on parle aujourd'hui
08:51de plusieurs milliers de morts. C'est ce qui va se passer.
08:53J'ai écouté une collègue députée qui était sur place tout à l'heure
08:55qui racontait les corps amputés fraction,
08:57l'impact. Mais vous savez, quand
08:59vous avez des gens qui habitent aujourd'hui aux Comores
09:01et qui voient qu'à Mayotte, on est
09:03huit fois le produit par habitant
09:05et huit fois supérieur à celui
09:07des habitants des Comores. Vous pouvez dresser les barbelés que vous voulez,
09:09les murs, fermer les frontières,
09:11vous allez faire quoi, jeter les gens à la mer ? Les gens cherchent
09:13à vivre dignement. Donc il y a une question de l'accueil.
09:15Comment on accueille ces gens ?
09:17Vous dites aux élus maorais qu'ils veulent justement
09:19moins d'immigration sur l'île de Mayotte.
09:21Mais je crois qu'il faut d'abord plus de moyens
09:23de l'État. Aujourd'hui, Mayotte est le département
09:25le plus pauvre de France. Et pourtant, l'État
09:27par habitant investit 200 euros
09:29de moins que sur chaque
09:31autre département français.
09:33Donc, il faut plus de moyens.
09:35Nous, on est bien sûr favorable
09:37à ce qu'on détruise les bidonvilles, mais pour
09:39proposer des solutions de relogement.
09:41Et puis, il y a une question de l'anticipation.
09:43Parce qu'on est sur un cyclone qui n'est pas venu de nulle part.
09:45C'est la question du réchauffement climatique.
09:47C'est la question de la préparation. Emmanuel Macron
09:49avait promis une loi en 2018
09:51sur la question des risques et des catastrophes
09:53naturelles à l'Outre-mer. Elle n'est jamais venue.
09:55Et pour ça, il faut des moyens.
09:57On n'arrive même pas à voter un budget. Comment est-ce que vous voulez faire
09:59une réforme structurelle ?
10:01Il a dissous ce qu'on appelle la délégation interministérielle
10:03au risque d'Outre-mer. Ils ont saboté
10:05notre commission d'enquête avec Jean-Philippe Nilor.
10:07Donc tout ça nécessite des moyens et de l'argent.
10:09Et je crois que quand on est aux affaires et qu'on gouverne,
10:11c'est aussi se préparer.
10:13Il faut anticiper les futures crises climatiques.
10:15Il va y en avoir. Les experts le disent et alertent.
10:17Donc demain, comment on crée les conditions ?
10:19Qu'on n'ait pas des gens qui soient aujourd'hui
10:21entièrement décédés. Et je veux juste dire un mot sur la situation des enfants.
10:23Si vous me permettez. En 10 secondes.
10:25La moitié des habitants de Mayotte sont des enfants.
10:27Et moi, je demande à ce que le gouvernement réponde
10:29à l'appel de l'UNICEF qui a demandé
10:31de pouvoir venir sur place pour aider les enfants.
10:33C'est extrêmement important. Merci beaucoup.
10:35Merci à vous.
10:37Avec nous, 19h27, la suite de l'actualité dans une poignée de secondes.
10:39A tout de suite.

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