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00:00Heureux Pinsoir.
00:0119h21, Pierre de Villeneuve.
00:03Sont présents les chroniqueurs politiques Jean-Claude Dacier et Philippe Guibert.
00:07Bonsoir à vous deux.
00:08Bonsoir Pierre.
00:09Je voudrais qu'on commence par le procès Pellicot, ce procès pour l'exemple.
00:13Écoutez d'abord des militantes féministes devant le tribunal d'Avignon tout à l'heure.
00:17Honte à la justice ! Honte à la justice !
00:22Honte à la justice, car deux choses, d'abord Dominique Pellicot est certes condamnée
00:28à 20 ans de prison, mais avec une peine de sûreté des deux tiers.
00:32On pensait à une peine plus lourde pour l'exemple, et puis d'autre part les 51 accusés ont
00:39des peines très très différentes les uns les autres, à Philippe Guibert.
00:43Oui mais c'est le rôle de la justice et des juges d'individualiser les peines.
00:47Les juges s'en réclament tellement de ce principe et donc qu'ils prennent en compte
00:52les déclarations des différents accusés et qu'ils fassent évaluer les peines en fonction
00:58de cela n'est pas choquant, c'est le principe même de la justice.
01:03Et d'autre part si certains sont ressortis entre guillemets libres, c'est parce qu'ils
01:08avaient été en détention provisoire, ils ont été condamnés mais ils avaient déjà
01:13effectué leur peine de prison.
01:14Il y en a plus de 40 qui couchent ce soir en prison, 41 !
01:17Ce qui est quand même tout ce qui est ailleurs paralogique.
01:21Alors évidemment la condamnation semble-t-il était jugée insuffisante, notamment par
01:25les enfants de Mme Pénicaud, on pourra en dire un mot après ses propres déclarations,
01:30mais aussi par les manifestants auxquels vous faisiez allusion tout à l'heure, il y en
01:34a quelques secondes, je ne vais pas très nombreux, mais enfin c'étaient des militants
01:38actifs et ils pensent que les condamnations n'ont pas été suffisantes pour dissuader,
01:44je ne dirais pas définitivement, on ne sera jamais dans ce cas de figure, mais néanmoins
01:48pour renverser le patriarcat, faire oublier tous les viols criminels ou viols sexuels
01:57qui embarrassent en effet et qui couvrent de honte un pays comme le nôtre, et je dirais
02:03simplement que Mme Pénicaud a été extraordinaire pendant tout ce procès, pas un mot de trop,
02:12pas un mot de commentaire sur le jugement, elle aurait pu.
02:15Elle a été saluée par énormément de chefs d'état et de gouvernements étrangers, Pedro
02:25Sanchez en Espagne, Olaf Scholz qui lui dit merci, merci pour donner l'exemple, et M.
02:31Bayrou dit que son courage nous oblige, écoutez Gisèle Pélicaud.
02:35C'est avec une profonde émotion que je m'exprime aujourd'hui devant vous, ce procès a été
02:41une épreuve très difficile, et à cet instant je pense en premier lieu à mes trois enfants,
02:47je pense également à mes petits-enfants, parce qu'ils sont l'avenir, et c'est aussi
02:54pour eux que j'ai mené ce combat, je pense aussi à toutes les autres familles touchées
02:59par ce drame, je pense enfin aux victimes non reconnues, dont les histoires demeurent
03:05souvent dans l'ombre, je veux que vous sachiez que nous partageons le même combat.
03:11J'ai voulu, en ouvrant les portes de ce procès le 2 septembre dernier, que la société puisse
03:17saisir des débats qui s'y sont tenus, je n'ai jamais regretté cette décision.
03:24J'ai confiance à présent en notre capacité à saisir collectivement un avenir dans lequel
03:31chacun, femmes et hommes, puisse vivre en harmonie, dans le respect et la compréhension
03:38mutuelle.
03:39Très digne, elle a bien sûr la voix qui tremble, qu'est-ce que vous voulez ? C'est une femme
03:43qui a demandé qu'on lève le huis-clos sur ce procès.
03:46C'est une décision considérable, Pierre, c'est extraordinaire, c'est extraordinaire
03:52parce que quand même les vidéos, que moi personnellement je n'ai pas vues, j'imagine
03:56qu'on est peu nombreux à les avoir vues, ceux du procès les ont vues, il fallait avoir
03:59un sacré courage pour accepter de se montrer.
04:02C'est là où sa décision est, entre guillemets, j'emploie le mot révolutionnaire, c'est-à-dire
04:08qu'elle a décidé que la honte devait changer de camp, c'est-à-dire que les victimes de
04:11violences sexuelles ont honte, elle, elle a décidé de surmonter cette réaction humaine
04:18pour dire voilà la violence sexuelle, voilà ce que c'est.
04:21C'est les violeurs qui se sont planqués, qui arrivent au tribunal, bloqués, couchés,
04:24ils se mettent quelque chose sur la tête.
04:25Exactement, la honte a changé de camp et de ce point de vue-là, son geste est un peu
04:29historique.
04:30Je ne dis pas que ce procès va changer définitivement et transformer notre monde en paradis, mais
04:36je pense que ça a, il y avait 180 demandes d'accréditation, je ne dirais pas le monde
04:41entier, mais presque le monde entier, est venu assister au procès, j'imagine l'a popularisé
04:48et je pense que ça va faire réfléchir, je l'espère en tout cas, beaucoup les violeurs.
04:52Il y a un sujet qu'on n'a peut-être pas assez traité, qui est celui du profil des accusés
04:58pas de Dominique Pellicot, la dimension psychiatrique et de perversion sexuelle, c'était des hommes
05:04ordinaires sur le plan social, Monsieur Tout-le-Monde, mais sur le plan psychiatrique, ce n'était
05:10pas du tout Monsieur Tout-le-Monde.
05:11Alors, Monsieur Christophe Bruchy est l'avocat de l'un de ces accusés, accusé qui a été
05:17filmé à l'issue du procès lors d'une altercation avec des militantes féministes.
05:21Il y a un message de la part de mon client à toutes ces hystériques et ces mal-embouchés,
05:27le message c'est merde, je vais avec eux sourire, allez les tricoteuses.
05:34Les tricoteuses, vous savez qui c'est les tricoteuses, je vous l'explique, pendant
05:37la révolution, c'est des femmes qui étaient assises en face de la guillotine, qui se tricotaient
05:41et qui n'attendaient qu'une chose, que la guillotine tombe sur la tête des révolutionnaires.
05:44Vous trouvez ça normal que ces gens-là demandent 20 ans pour tout le monde, alors que la plupart
05:49des gens, à part le mari, sont pour moi des pauvres personnes.
05:53Des pauvres personnes, il y va un peu fort cet avocat, non ?
05:56Non, quand même, il y a eu des expertises.
05:58C'est l'avocat de l'un des accusés.
06:00Mon Dieu.
06:01C'est en réalité profondément choquant, parce qu'il y a des expertises faites par
06:05des gens très sérieux, qui montrent que la plupart des accusés avaient un passé de
06:09perversion sexuelle.
06:11C'est peut-être ça qui veut dire, quand on dit une pauvre personne, c'est peut-être
06:15un pauvre type.
06:16Il y a des gens qui sont vraiment au bord de ce sujet.
06:18Je ne suis pas l'avocat de l'avocat, je n'ai pas envie d'avoir le conseil de l'ordre sur
06:21le sujet.
06:22Le sujet des ados.
06:23Elles sont intéressées, hélas.
06:24Moi je veux croire, je suis sûrement trop naïf, mais je veux croire que même jugée
06:30insuffisamment élevée par un certain nombre de militants, je veux croire tout de même
06:34que ça va faire réfléchir beaucoup, je ne dirais pas de violeurs potentiels, mais tous
06:39ceux qui considèrent la femme, encore aujourd'hui, comme un objet à disposition.