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NewsTranscription
00:00Le Grand Matin Sud Radio, 7h-9h, Jean-Jacques Bourdin.
00:04– Avant d'écouter Élisabeth Lévy à propos de la condamnation de Nicolas Sarkozy,
00:08je voudrais préciser certaines choses, 3 ans de prison dont condamnation,
00:13dont un an sous bracelet électronique, un an de prison ferme mais sous bracelet électronique.
00:21Il sera reçu avant fin janvier par un juge d'application des peines.
00:26Le juge déterminera l'adresse avec Nicolas Sarkozy,
00:31l'adresse où la détention s'exercera et les horaires de sortie en semaine et le week-end.
00:38La date de la pose du bracelet sera aussi fixée par le juge.
00:43L'ordre des avocats du barreau d'Agin a mis en ligne les précisions du ministère de la Justice.
00:49Nicolas Sarkozy peut continuer à travailler mais terminer pour lui
00:53toute responsabilité politique ou juridictionnelle pour 3 ans.
00:58Le jour prévu de la pose du bracelet, des agents de l'administration pénitentiaire
01:04se rendront chez lui, ils poseront l'appareil et régleront le système.
01:09Avec un bracelet électronique, si le condamné quitte son domicile,
01:13en dehors des heures fixées avec le juge, une alerte se déclenche automatiquement.
01:18Si Nicolas Sarkozy veut se déplacer à l'étranger, veut sortir le soir par exemple,
01:23ou je ne sais pas, aller à une dédicace, il devra demander une autorisation au juge.
01:30Il est privé de droits civils et civiques pendant 3 ans.
01:34Et puis, question, devra-t-il être écarté de toutes les cérémonies officielles ?
01:41Et puis autre question, va-t-on lui retirer sa légion d'honneur ?
01:45Ce sont des questions qui sont posées après cette condamnation.
01:49Elisabeth Lévy.
01:50– Bonjour Jean-Jacques, bonjour à tous.
01:52Alors moi je suis absolument sidérée, stupéfaite et pour tout vous dire, folle de rage.
01:58Et oui, on a le droit de critiquer des décisions de justice
02:02parce que je trouve que les juges se mettent aujourd'hui à juger les puissants
02:05beaucoup plus sévèrement que le délinquant Lambda.
02:10Et là, on est en train de changer de nom dans la cour de cassation,
02:13donc c'est des soi-disant sages, on nous dit que c'est des sages,
02:16c'est le haut de l'ordre juridique français.
02:19Et bien moi je trouve qu'il confirme une condamnation délirante.
02:22Pourquoi ? D'abord il est condamné pour des écoutes,
02:25enfin sur la base d'écoute de conversation avec ses avocats.
02:28Alors je sais qu'il y a des discussions là-dessus,
02:30mais ses écoutes, moi je les trouve scandaleuses
02:33parce qu'elles ont été faites suivant la méthode des filets dérivants.
02:37Vous savez, on ne sait pas ce qu'on cherche, mais on écoute et on verra bien.
02:40Écoutez quand même quelqu'un qui parle avec son avocat,
02:43ce n'est pas anodin, ça ne devrait se faire que vraiment
02:47quand on sait ce qu'on veut et quand c'est très grave.
02:50Ce qu'il lui est reproché, c'est qu'il aurait envisagé,
02:53donc toujours dans cette conversation,
02:56de pistonner un magistrat contre des infos.
02:59Bon, excusez-moi, ce genre de truc, si ça avait été vrai entre nous,
03:03qu'est-ce que c'est que le pouvoir ?
03:05Et bien c'est des gens qui passent leur temps à perdre.
03:07– Attention, ça peut être trafic d'influence, corruption.
03:10– Ok, mais là, excusez-moi, donner un coup de main à quelqu'un,
03:14donner un coup de main à quelqu'un, dans la vie d'un homme de pouvoir,
03:18ça se fait tous les jours, tous le font, tous, tous, tous.
03:22– Oui, mais un coup de main contre renseignement,
03:24ça se fait moins souvent quand même.
03:25– Attendez, d'accord, mais supposons, il l'aurait fait,
03:31il l'aurait fait, que ça aurait été en tous les cas condamnable,
03:35peut-être pas autant, mais condamnable, sauf qu'il n'y a pas eu,
03:38on n'a pas de preuves qu'il y ait eu ce piston,
03:41puisque le juge Aziber n'a jamais finalement été nommé à ce poste à Monaco,
03:47ni donc de commencement supposé d'exécution de ce soi-disant pacte de corruption.
03:52Donc Nicolas Sarkozy est condamné pourquoi ?
03:54Pour une intention, et pourquoi pas pour une pensée.
03:57Alors moi maintenant, je vais vous dire les gars,
03:59moi je cambriolerai bien la Banque de France,
04:00bon c'est stupide parce qu'il n'y a rien à cambrioler,
04:03mais je cambriolerai bien la Banque de France.
04:06Je vais être condamné là pour ça, parce que j'ai émis une intention,
04:08non mais, excusez-moi, il a émis une intention, une éventualité,
04:12si dans une discussion…
04:14– Elisabeth, Elisabeth, un ancien président n'est-il pas justiciable comme les autres ?
04:19– Eh bien si, justement, tous les jours, des délinquants qui ont frappé un prof,
04:24un flic, un pompier, qui pourrissent la vie des gens,
04:28qui mettent des filles en danger, etc.,
04:31tous les jours, il y en a qui sortent libres de nos tribunaux.
04:33Et Nicolas Sarkozy, ancien président de la République,
04:36on veut l'empêcher de circuler, non mais…
04:38– Non, mais ce n'est pas parce qu'il est ancien président de la République,
04:40ça on s'en fout, il est justiciable, c'est un citoyen comme les autres.
04:44– Eh bien moi je crois que s'il n'était pas ancien président de la République,
04:47si ça n'était pas Nicolas Sarkozy,
04:49je ne crois pas qu'il y aurait eu une telle condamnation.
04:52Je crois au contraire que les juges veulent se le payer
04:55parce que Mediapart dit qu'il est coupable,
04:57que Mediapart et d'autres médias mènent depuis des années
05:00une sorte de guérilla judiciaire,
05:02je vous rappelle que pour l'instant, à part cette condamnation
05:05qui me paraît quand même assez escabrouille,
05:07il n'y en a pas eu, on verra, Françoise en a parlé,
05:10ce qui se passe pour le procès libyen du malheur aussi,
05:13excusez-moi, ça fait 15 ans qu'ils cherchent cet argent libyen,
05:15donc j'attends toujours de le voir,
05:18et on a des magistrats qui en fait ne répondent eux jamais de rien,
05:22qui se prennent pour des chevaliers blancs,
05:23qui rêvent de Watergay, qui rêvent de se faire des puissants,
05:28eh bien moi pour moi, le gouvernement des juges,
05:29c'est la fin de la démocratie,
05:31il paraît qu'on juge au nom du peuple français,
05:34eh bien, not in my name, pas en mon nom, s'il vous plaît.
05:38– Bon, Elisabeth est très engagée,
05:40– Oui mais… – Elisabeth est furieuse, Françoise.
05:43– J'entends tout à fait… – Tu n'es pas d'accord, alors allez-y.
05:45– Non, je ne suis pas d'accord, parce que la réalité,
05:47sur la question des écoutes dérivantes,
05:51c'est un vrai sujet démocratique,
05:52mais ça ne concerne pas que Nicolas Sarkozy,
05:54après la question est, j'entends ce que vous dites…
05:56– C'est très discutable, c'est vrai, écouter les conversations
05:59entre un avocat et son client, c'est très discutable.
06:01– En l'occurrence, c'est… – Et en plus, en se disant,
06:03on ne sait pas ce qu'on fait, c'est un pardon, pardon, pardon.
06:05– Je veux juste dire, qu'en plus de ça, le client en question
06:07s'appelle Paul Bismuth, et à la base,
06:09il ne savait absolument pas que c'est Nicolas Sarkozy.
06:11Donc, il y a 12 ans d'enquête, il y a 12 ans de procédure judiciaire,
06:15vous dites, effectivement, Elisabeth, il n'y a rien qui prouve que,
06:18vous savez très bien qu'en matière de justice,
06:21il y a des faisceaux de concordance,
06:23par ailleurs, la Cour de cassation, elle ne juge pas le fond du dossier,
06:25elle juge juste le droit. J'entends ce que vous dites,
06:28j'entends que vous dites, on veut se faire Nicolas Sarkozy,
06:31moi, je prends le truc inverse, je trouve que c'est très sain,
06:34moi, je trouve que c'est très sain qu'il n'y ait aucune exception,
06:37justement, parce que c'est Nicolas Sarkozy.
06:40Vous dites, si ça avait été quelqu'un d'autre,
06:42mais d'abord, on n'en sait strictement rien,
06:44parce que c'est extrêmement grave, bien sûr,
06:46vous avez raison de dire, le coup de main contre Méla,
06:49en l'occurrence, c'est une affaire, comment dirais-je, judiciaire,
06:53donc, ce n'est pas simplement un coup de main
06:55qui est demandé en recherche d'informations,
06:57c'est un coup de main qui est demandé en recherche d'informations
07:00pour sauver sa propre peau, c'est ça, l'histoire du juge Aziber,
07:03qui, d'ailleurs, est condamné, tout comme Thierry Herzog,
07:06le premier avocat de Nicolas Sarkozy, l'avocat historique.
07:09Donc, je trouve ça, moi, à l'inverse, très sain
07:11que personne ne puisse passer à travers les mailles,
07:14il y a une petite erreur, parce qu'il y a déjà un ancien président
07:16qui a été condamné, c'est Jacques Chirac, je le rappelle quand même,
07:19mais, ce que je veux dire par là, c'est que,
07:21et je trouve que les juges envoient un message, au contraire, très démocratique,
07:25ils n'ont pas hésité à avoir la main très lourde sur Jérôme Cahuzac,
07:29tout le monde en a pris, la gauche comme la droite,
07:32ils n'ont pas hésité sur Patrick Balkany et son épouse,
07:35ils n'ont pas hésité sur Claude Guéant, qui a dormi en prison, je vous rappelle,
07:38pour des amendes fiscales non payées,
07:41ils n'hésitent pas sur Nicolas Sarkozy, et ça me va très bien,
07:44je n'ai pas le sentiment… – Mais vous n'avez pas répondu sur un point,
07:46– Ma chère Françoise, sur un point, c'est qu'on entend parler assez régulièrement
07:52de délinquants qui commettent des choses graves, qui commettent des choses violentes,
07:56et qui, eux, sortent du tribunal, on dit, ah non, quand même,
07:59je veux dire, le type qui est dans l'affaire du lycée Rabel,
08:03rappelez-vous, rappelez-vous ce qu'on dit les juges,
08:06ah non, il faut qu'il puisse travailler, pourquoi Nicolas Sarkozy, lui, il n'a aucun…
08:10– C'est d'ailleurs pour ça que… – Moi, je vous dis qu'il n'est pas jugé comme les autres,
08:13vous dites qu'il est jugé comme les autres, mais non.
08:15– Et d'ailleurs, sa peine est aménagée, et d'ailleurs, il va essayer de la faire tomber,
08:18puisque quand on a 70 ans, il les aura sur un janvier,
08:21mais c'est la décision du juge d'application d'indemnité.
08:24– Et pour la France, ça ne vous gêne pas ?
08:27Pour l'image de la France, c'est un ancien président, Jean-Jacques.
08:29– Excusez-moi, Elisabeth, pour l'image de la France, ça ne me gêne pas du tout,
08:35pour la bonne et sainte raison que, en plus de ça, Nicolas Sarkozy
08:37a construit toute son ascension sur cette forme d'autorité,
08:40je me souviens, le quartier, etc., – Bon, on ne va pas en faire tout,
08:44on ne voit pas le rapport avec le quartier.
08:46– Je dis juste que, quand on est président, on a un devoir d'exemplarité,
08:50et donc, ça ne me gêne pas que les juges confrontent ce devoir d'exemplarité.
08:54– Bien, merci, il est 8h20. – J'adore.