Retrouvez la chronique de Elisabeth Lévy tous les mardis et jeudis à 8h10
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00:00— Le Grand Matin Sud Radio, 7h-9h, Jean-Jacques Bourdin. — Il est 8h13. Elisabeth Lévy, bonjour. — Bonjour, Jean-Jacques. Bonjour à tous.
00:08— Vous avez souhaité revenir sur le cas de cet homme... C'est un jugement, hein, de cet homme qui a été jugé... Il a 27 ans.
00:18Pour avoir appelé à brûler vif, à tuer, donc, le proviseur du lycée Ravel, condamné... Cet homme a été condamné à stage de citoyenneté.
00:27— Le rappel de... — C'était en février 24. Vous vous rappelez ? Le proviseur Philippe Leguillou demande à une élève... En fait, à 3.
00:36Bon, il demande à des élèves d'enlever leur voile. Il y en a une qui rouspète, refus, altercation... Enfin, je vous la raconte.
00:41Mais bon, on l'a entendue tellement de fois. Elle rameute les frères, les cousins et l'islamosphère.
00:46Et bien sûr, le proviseur prend des torrents de boue, de menaces, tout ce que vous voulez. Et il finit par jeter l'éponge
00:53et par partir quelques mois avant son départ prévu à la retraite. Alors, Ibni Akram A... On connaît pas son nom. C'est marrant, parce que la justice, c'est public.
01:01Mais enfin, c'est pas grave. Donc, il a 27 ans, qui est frère d'une élève de Ravel, fait ce tweet. « Ma sœur m'a raconté. C'est une dinguerie. Faut le brûler vif, ce chien ».
01:10Bon, il a été jugé, donc, le 2 octobre. Alors là, il faut écouter l'incrimination. C'est intéressant.
01:14Pour provocation publique non suivie des faits à commettre, une atteinte volontaire à la vie.
01:20Bon, en gros, il a appelé quelqu'un à tuer, mais personne ne l'a fait. Alors, il est cope aussi de 600 euros d'amende.
01:26Donc, de ce fameux stage de citoyenneté, le parquet demandait un an avec sursis, je crois. Et en prime, comme il travaille.
01:32Oui, il est inséré. C'est pas du tout... C'est pas une racaille. Et il travaille. Et bien, il n'aura pas d'inscription au casier judiciaire.
01:41Donc, oui, il s'en sort franchement bien. Et l'avocat du proviseur dénonce un jugement stupéfiant qui banalise les discours de même.
01:49D'ailleurs, le parquet fait appel. Mais le 11 septembre, c'était déjà en appel. Dans la même affaire, l'auteur d'un message similaire a été condamné à des travaux d'intérêt général.
01:59Où ça doit faire peur, ça. Bon. Et en plus, ce qui m'a frappé, pourquoi j'ai voulu en parler ? Parce que ce jugement intervient au moment où,
02:08à côté de la Seine, au palais de justice de Paris, sont jugés 8 prévus qui comparaissent pour des agissements similaires à ce tweet.
02:16Seulement, ces agissements, eux, ont été suivis des faits. Pour reprendre le terme juridique, puisque Samuel Paty a malheureusement été assassiné.
02:25Cette coïncidence, quand même, elle aurait dû frapper les magistrats. Et bien, non, non, non. Aucun sens du symbole.
02:30Puisqu'aucun tueur n'a entendu l'appel du jeune homme dont on parlait. Et bien, ils n'ont pas voulu l'accabler.
02:37Donc, pendant que l'exécutif et tout le monde, toute la classe politique, enfin presque, proclame que plus jamais ça, que nous ne céderons pas,
02:44que toucher à l'école, c'est attaquer la République et blabli blabla, comme dit Françoise. Et bien, les juges se couchent.
02:51– Alors certains juges... – Des juges se couchent. Vous avez raison, Jean-Jacques. Des juges se couchent.
02:56– Parce que je remarque que le parquet avait demandé une vraie peine. Je le remarque. Le parquet avait demandé une vraie peine.
03:01– Bien sûr. Des juges. Des juges. – Alors, critiquer les décisions de justice, oui ou non ?
03:07– Il paraît que c'est populiste. Mais moi, je ne vois pas pourquoi les magistrats seraient la seule corporation immunisée contre la critique.
03:14Pardon. Alors c'est vrai. Après, on prend des globalités. Je ne dis pas du tout qu'ils sont tous condamnables.
03:20Mais par exemple, ils assignent Nicolas Bedot sa résidence, pardon, pendant 6 mois, et donnent une tape sur les doigts
03:28à l'auteur de menaces de mort, puisqu'elles n'ont pas été suivies d'effet. Alors on me dira...
03:32En général, je suis plutôt favorable au fait qu'on fasse attention. On ne condamne pas les actes et les propos de la même façon.
03:39La liberté d'expression, c'est que vous pouvez dire un certain nombre d'âneries. C'est moins grave que si vous frappez quelqu'un.
03:45Mais on a vu... Il y a deux raisons qui font que ça change un peu en l'espèce. D'abord, parce que des propos de ce genre ont déjà tué.
03:55D'ailleurs, ce monsieur a dit à l'audience qu'il avait compris la gravité de son acte. Eh bien moi, je crois qu'il aurait compris une peine plus lourde,
04:02et il aurait servi d'exemple, peut-être, et d'issuader les candidats au lynchage dans d'autres affaires.
04:08Et la deuxième raison pour laquelle ce jugement ne va pas, c'est qu'on nous dit toute la journée, et nous devrions l'être,
04:14que nous sommes en guerre contre l'islamisme. Et pourtant, il ne cesse d'étendre son emprise. On a entendu l'affaire de Bruxelles tout à l'heure.
04:21La jeunesse musulmane, une grande partie de la jeunesse musulmane, ou une partie croissante, est sous l'emprise de cet islam plutôt mortifère.
04:31Dans cette guerre qu'on mène si mollement, certains juges ne nous protègent pas. Ils nous désarment.
04:40Eh bien moi, je dis qu'il y a des islamistes qui ont dû sabler le jus d'orange hier soir.
04:45— Oui, je suis assez révolté contre ce jugement. D'ailleurs, je partage complètement le point de vue d'Elisabeth.
04:51Bien sûr que ça ne se fait pas de commenter des décisions de justice. Mais enfin commentons-les. On le fait toute la journée.
04:56Ça, depuis 20 ans. — On dit toujours qu'il ne faut pas commenter des décisions de justice. Et tout le monde commente.
05:00— Non mais c'est une prétérition. C'est une prétérition. C'est-à-dire que je ne vais pas commenter une décision de justice.
05:05Mais moi, je commente. Je trouve ça dingue. Et là où je partage, je suis pas tout à fait... Je mêle pas absolument tout.
05:12Elisabeth a raison sur le parallélisme des formes. C'est absolument dingue. Je veux dire on aurait voulu l'imaginer.
05:18On n'aurait pas osé imaginer d'un côté le procès des gens qui ont amené à l'assassinat de Samuel Paty et de l'autre...
05:25Mais je partage tout à fait ce que dit Elisabeth sur l'exemplarité de la peine. Moi, j'ai un truc. Par exemple, je vous explique.
05:33Je fais pas d'excès de vitesse parfois parce que j'ai peur du gendarme. Vous voyez ce que je veux dire ?
05:38C'est pas parce que j'aime pas conduire vite. — Ah bon ? C'est pas parce que t'as pas ton permis ?
05:41— Non. Ce que je veux dire, c'est qu'à un moment donné, la valeur de l'exemplarité de la peine, évidemment, ça frappe les esprits.
05:48Il est impossible que ce monsieur qui appelle carrément à brûler... En plus, c'est même pas « mettez-lui des claques » ou « tabassez-le ».
05:55Vous vous rendez compte ? En plus, la violence de l'image. La violence du propos. Donc, je suis pour qu'on tabasse vraiment.
06:02— Ce qui est intéressant, justement, dans le cas, c'est qu'on est dans une société où les gens n'ont absolument plus conscience de ce qu'ils disent.
06:09C'est-à-dire que vous vous rendez compte que quelqu'un dans la rue peut vous dire « je vais buter ta mère » parce que vous lui avez refusé une clope.
06:16Donc il y a une espèce de montée aux extrêmes où les mots ne veulent plus rien dire. Encore une fois, il a eu de la chance, ce jeune homme.
06:23Supposer que quelqu'un ait entendu qu'un dingue, qu'un djihadiste ait entendu son appel et soit allé s'attaquer directement au proviseur.
06:32Donc là, il n'était pas en correctionnel avec un stade de citoyenneté. Il était aux assises pour complicité.
06:39— Moi, je suis d'accord avec ce que vous dites. — Juste un mot. Le problème, c'est pas seulement l'exemplarité.
06:44C'est est-ce que notre pays est capable aujourd'hui... Moi, j'aime pas le mot « guerre ». Ça n'a pas de sens. Mais je me fiche du mot.
06:51Est-ce que notre pays est capable de se mobiliser de toutes les façons possibles, je veux dire politiques, judiciaires, culturelles, contre ce qui est en train de se passer,
07:00qui avance et qui avance et qui avance ? On va célébrer les 10 ans de Charlie. Et la situation est dramatiquement pire.
07:08— Élisabeth, moi, je ferais pas le parallélisme que vous faites avec cette jeunesse musulmane qui aurait le cerveau grignoté par l'islamisme.
07:15Parce que je ne pense pas du tout qu'on en soit à ce degré-là. Mais là où vous avez raison, c'est le combat profond qu'on doit absolument mener, je suis d'accord.
07:24Et puis l'exemple vient d'en haut. Je le redis. Il y a des comportements politiques désormais. Il y a des mots qui sont employés dans le débat public,
07:31qui sont des mots qui sont de toute façon des mots qui perdent en eux la haine. — Il y a des lois qui défendent la laïcité. Autant les appliquer.
07:39Il est 8 h 21. — Quelle sagesse, Jean-Jacques Bourdin. Sagesse. — Comment ? — Sagesse. Non, mais sagesse, Jean-Jacques Bourdin.
07:45— Non, mais appliquer la loi, vous n'y pensez pas, mon cher Jean-Jacques. — Non, mais il a raison. Mais en fait, ça devrait être ça, le combat.
07:49— Si on appliquait la loi, il n'y aurait pas d'OQTF. Bref, tout irait très bien si on appliquait les lois. — Ah non. Ah non. Ça y est, on commence...
07:55— 8 h 21. 8 h 21.