Au moins 35 personnes sont mortes et 67 ont été gravement blessées par le passage du cyclone Chido à Mayotte, selon un bilan actualisé du ministère de l'Intérieur. Sur place, Emmanuel Macron a promis une "loi spéciale" pour permettre la reconstruction. Le président de la République a aussi indiqué que l'objectif était d'acheminer de l'eau et de la nourriture dans toutes les communes touchées "d'ici dimanche au plus tard"
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00:00Une semaine après le cyclone, dans mon canton, dans ma commune, à Mtsamboro, ou à Akua, ou à Bandrawa au nord, on n'a encore rien vu.
00:11Donc le président de la République, hier, nous a annoncé à l'hémicycle Bamana que l'aide sera acheminée dans toutes les 17 communes de Mayotte d'ici dimanche.
00:27Mais à ce jour, moi personnellement, je n'ai vu aucune aide de l'État au niveau de la nourriture ou au niveau de l'eau en bouteille.
00:38Pour l'instant, il n'y a rien.
00:40– Il n'y a rien pour l'instant, juste comment vous l'expliquez, c'est-à-dire quoi ?
00:43C'est-à-dire que les axes ne sont pas encore déblayés, ne sont pas encore accessibles aux secours,
00:46ou c'est parce qu'il n'y a pas assez de secours pour accéder jusqu'à chez vous ?
00:51– Alors, les axes pour aller de Mamoudzou jusqu'au nord sont dégagés.
00:57J'avais demandé récemment à ceux qui ont eu une partie d'un axe qui n'avait pas été déblayé, tout a été déblayé.
01:04Il n'y a pas de difficultés pour circuler aujourd'hui sur l'axe est vers l'ouest de Mamoudzou à Amzambourou.
01:14Là, il n'y a aucun souci, mais je pense que c'est en termes d'organisation logistique,
01:19de la distribution de ces nourritures et des bouteilles d'eau qui n'est pas encore bien structurée,
01:26qui n'est pas encore bien organisée par les services compétents.
01:30Voilà ce que je pourrais dire par rapport à ce sujet.
01:34Mais aujourd'hui, notre principale préoccupation ici à Mayotte, c'est qu'après six jours après le cyclone,
01:40on a identifié les défaillances de notre territoire, les fragilités de notre territoire,
01:47c'est que nos infrastructures n'ont pas tenu, nous n'avons pas à ce jour de l'eau.
01:52Moi, depuis vendredi 13 décembre à 17 heures, je n'ai pas d'eau chez moi.
01:57Ce matin même, j'étais complètement en rupture de stock total de ma réserve,
02:05au point que je n'ai même pas eu de l'eau pour me doucher,
02:09pour venir au conseil départemental où les élus se réunissent désormais tous les matins
02:15pour faire un point de la situation.
02:19La situation est vraiment très chaotique.
02:21– Attendez, si je vous comprends, ça veut dire que depuis une semaine,
02:24depuis le passage du cyclone, non seulement la situation ne s'est pas améliorée,
02:27mais elle est de pire en pire ?
02:29– La situation s'améliore, mais lentement et difficilement, en tout état de cause.
02:37Les Mahorais ne voient pas de changement, ils ne retrouvent pas leur quotidien.
02:43Ils n'ont pas d'eau courante, ils n'ont pas d'électricité,
02:47ils n'ont pas de réseau téléphonique, ils ne retrouvent plus leur quotidien,
02:54et donc inutile de vous dire que tout va mal.
02:57Et si dans les prochains jours, les systèmes de réseau ne sont pas organisés
03:06de sorte à permettre aux Mahorais d'avoir au moins de l'eau,
03:09on craint le pire, la population est déjà à bout de souffle et ce n'est pas entendable.
03:16Il faut que tout soit fait pour qu'on puisse acheminer de l'eau,
03:21pour que l'eau courante revienne au robinet rapidement,
03:24pour que les Mahorais puissent lutter contre les maladies éventuelles
03:32qui pourraient ressurgir par rapport à cette situation que nous vivons actuellement.
03:36Effectivement, avec les risques sanitaires forcément qui sont liés à ce manque d'eau.
03:40Une dernière question sur le bilan, vous en êtes où chez vous du recensement des victimes ?
03:48Aujourd'hui, le dernier compte rendu que nous avons reçu de la préfecture fait état de 35 morts.
03:58Moi-même, vous l'avez rappelé, je suis le président du SDIS,
04:01je suis passé à l'état-major du SDIS aujourd'hui pour voir mes équipes qui m'ont fait état de 23 morts.
04:09Ce sont les personnes, bien évidemment, pour lesquelles soit ils ont succouru et qu'ils ont constaté le décès,
04:16ou en fait ce sont les statistiques qui sont passées sous leurs mains.
04:21Mais aujourd'hui, il est très difficile d'évaluer le nombre de victimes
04:30puisque les bidonvilles, vous avez mis dans votre reportage les bidonvilles de Kaoueni,
04:39mais il ne faut pas oublier le fait qu'il y a des bidonvilles dans pratiquement tous les villages de Mayotte
04:47et principalement au Congo, Némbény, Mamoudzou.
04:51Et aujourd'hui, les forces de sécurité civile et les forces de l'ordre n'ont pas encore sillonné ces zones
04:57pour pouvoir identifier la situation qu'il y a exactement.
05:02Donc il faut s'attendre nécessairement à des surprises.
05:05Mais moi personnellement, et ça n'engage que moi,
05:07je ne crois pas aux milliers de morts comme c'est annoncé par-ci, par-là,
05:13parce que depuis peu que nous avons le réseau ici à Mamoudzou,
05:16on a accès aux médias nationaux, on attend les informations.
05:20Je vais vous dire que dès l'instant que je vais vous quitter là pour aller au nord,
05:25dans à peine 10 kilomètres, je ferai 5 kilomètres, je n'aurai plus de réseau.
05:30Donc impossible de vous écouter, vos BFM, impossible pour vous aussi de me joindre.
05:35Donc je suis resté là aujourd'hui exprès sur le siège du conseil départemental dans le noir,
05:39comme vous le constatez.
05:41J'ai dû allumer mon portable pour que vous puissiez voir un peu mon visage,
05:44pour vous montrer que la situation est vraiment très chaotique ici à Mayotte.
05:48Il n'y a pas de lumière et nous sommes sur le chef-lieu de Mayotte.
05:51Et le président de la République hier a vécu en direct notre situation
05:54et on lui demande à ce que le nécessaire soit fait
05:57pour que la France soit la France ici dans cette partie du monde.