L’ancien ministre Philippe de Villiers était l’invité de Face à De Villiers, ce vendredi 20 décembre, sur CNEWS. Il s’est exprimé sur les conséquences des promesses non tenues d’Emmanuel Macron : «La parole n’est plus connectée au réel. Emmanuel Macron pense que la parole suffit, c’est le défaut d’un homme de théâtre».
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00:00Est-ce que vous pensez que la politique est en train de mourir de la différence, le différentiel entre le verbe et l'action ?
00:06Ah oui, exactement. C'est ce que je pensais en regardant ces images.
00:10Et pour deux raisons qui sont distinctes l'une de l'autre, mais toutes aussi importantes l'une que l'autre.
00:22La première c'est que, en fait, la parole n'est plus connectée au réel.
00:35Moi j'appelle pas ça la parole, j'appelle ça la jactance. C'est une dégénérescence de discours qui s'adresse au peuple.
00:46Vous savez, Paul Valéry disait, les mots, dans la société moderne, les mots perdent leur sens quand ils prennent du volume.
00:57On est devant ce cas-là. Et il y a quelque chose qui me frappe beaucoup en écoutant cette rétrospective.
01:06J'ai un sourire, vous allez comprendre pourquoi. C'est qu'en fait, Emmanuel Macron pense que la parole suffit.
01:15Il pense que quand il parle, c'est réglé. C'est le défaut d'un homme de théâtre.
01:22Oui, je vous l'ai dit, le théâtre, c'est le verbe. Au théâtre, le verbe est action.
01:28Et quand on est un homme de théâtre, on est déformé par ça. On croit qu'il suffit de parler pour que le verbe s'incarne.
01:39Et si je souris, c'est parce qu'en fait, il y a un chassis croisé en ce moment. Emmanuel Macron vient du théâtre.
01:47C'est d'ailleurs là qu'il a connu une souffleuse qui, depuis la trappe, le regardait avec des yeux énamourés.
01:55Et elle a emporté le petit, la souffleuse. Le théâtre lui a réussi de ce point de vue-là, du point de vue des relations amoureuses.
02:06Donc, il a quitté le théâtre pour faire de la politique et il y en a un autre qui quitte la politique pour faire du théâtre.
02:11C'est M. Dupond-Moretti, qui va maintenant raconter sa vie sur les planches au théâtre Marigny.
02:20Voilà. Oui, c'est sympa que Ben ait pensé à mettre cette affiche qui est magnifique.
02:29Voilà. Et donc, il va raconter sa vie de garde des Sceaux. Extraordinaire, on n'a jamais vu ça.
02:37Donc, il a commencé par le théâtre et d'ailleurs, c'est au théâtre, c'est Vincent Trémolet du Lair qui a dit ça ce matin, un détail qui m'avait échappé.
02:47Effectivement, c'est en allant à une pièce de théâtre où il y avait Dupond-Moretti qui jouait.
02:51L'avocat Dupond-Moretti jouait une pièce. Et c'est là que Brigitte et Emmanuel l'ont repéré.
02:58Ils sont allés le voir dans sa loge et lui ont dit pour jouer comme ça, mon mec, on te prend avec nous.
03:05Il a dit d'accord. Et maintenant, il fait commerce de sa vie ministérielle.
03:14C'est le garde des Sceaux qui devient garde des Sceaux. Et donc, on va le retrouver sur les planches.
03:21Qu'est ce que ça veut dire ? C'est une allégorie, en fait.
03:25Ça veut dire qu'en fait, ces gens-là passent du théâtre à la politique et que pour eux, c'est exactement la même chose.
03:30Le verbe, le verbe. Il fut un temps dans l'histoire, dans l'histoire de France, dans l'histoire des hommes où le verbe était anticipation immédiate.
03:44Quand Caton s'adresse au Sénat romain et qu'il s'égosille en disant Délène d'Aeste, Carthago, quelques minutes après, quelques secondes après, Carthage est détruite.
03:58C'est-à-dire que le verbe est action. Mais il y a un exemple qui me venait à l'esprit en regardant ces images qui est encore plus frappant.
04:06C'est Churchill qui s'adresse à la Chambre des communes le 10 mai 1940 et qui dit je n'ai rien d'autre à vous offrir que de la sueur, du labeur, du sang et des larmes.
04:20Et là, il y a Neville Chamberlain, son prédécesseur, qui se penche vers son voisin et qui murmure à l'oreille du voisin.
04:27Tu vois, il a pris les mots et les a mis en ordre de bataille. Et il ajoute, il a mobilisé la langue anglaise et il l'a envoyé au combat.
04:42Donc, il n'y a pas de séparation, il n'y a pas d'espace pour répondre à votre question, Geoffroy, entre le moment où on parle, le moment où on agit.