Séverine : "J'ai voulu sauver mon mari, sans qu'il ne m'ait rien demandé."

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Transcript

00:00Céverine bonjour. Bonjour Brigitte et bonjour à votre invité Hélène Vickialy. Bonjour Céverine.

00:06Alors pour ma part, c'est un sujet qui me touche et qui me concerne je pense en tout cas

00:15particulièrement parce que j'ai mis un mot dessus il n'y a vraiment pas très longtemps,

00:20notamment le mot du sauveur, il n'y a pas très longtemps mais en réfléchissant bien toute ma

00:27vie je pense que j'ai voulu essayer de sauver beaucoup de monde je pense. Quand je dis beaucoup

00:32de monde ce n'est pas l'unanimité, c'est sauver vraiment mes proches en fait. Donc aujourd'hui

00:37je suis en couple depuis 11 ans et je me rends compte, je me suis rendu compte que j'ai tenté

00:43d'essayer encore de sauver mon mari qui ne m'a rien demandé. Effectivement par rapport à l'intro

00:50que vous disiez tout à l'heure, c'est exactement ça et le fait qu'il ne m'ait rien demandé c'est

00:58compliqué de ce fait pour moi puisque ce que vous dites tout à l'heure ça me parle vraiment. Dans

01:04la mesure où quand on veut sauver les personnes c'est qu'on est en quête de reconnaissance ou

01:09d'amour peut-être et vous les deux d'ailleurs même. Et comme il n'a rien demandé, je n'ai

01:15pas ce que j'attends, enfin ce que j'espère on va dire de mon côté. Mais vous voulez le sauver

01:20de quoi ? Il vit de façon, il est très très très introverti, c'est pour lui très compliqué

01:32la vie sociale, la vie avec du monde autour de lui on va dire. Et c'est là où j'aurais aimé

01:42peut-être l'aider à souffrir et le changer. Est-ce qu'il en souffre ? Est-ce qu'il souffre

01:51de cette introversion ? Non. Donc vous voulez le sauver d'un problème qu'il n'a pas ? C'est ça,

02:00voilà oui tout à fait. Vous faites une bonne analyse, bravo parce que c'est pas évident d'être

02:06aussi lucide sur ce que vous faites. Oui et donc la question que je me pose aujourd'hui c'est

02:13alors le pourquoi je veux sauver ? Alors j'ai voulu, comme vous l'avez vu tout à l'heure sur

02:17l'intro, c'est exactement, je me reconnaissais bien, je pense que déjà toute petite j'ai voulu

02:21sauver mes parents. J'ai peut-être pris le rôle de petite fille où j'étais là pour les sauver,

02:27sauver de, alors évidemment inconsciemment mais je sentais probablement qu'il y avait des choses

02:33qui n'allaient pas en eux et j'ai probablement voulu essayer de les sauver à ce niveau-là. Après

02:39j'ai eu aussi, j'ai vécu malheureusement un drame pour moi où j'ai perdu mon petit frère qui tombait

02:45malade et aujourd'hui je n'ai pas, souvent je dis je n'ai pas su le sauver, je n'ai pas réussi à le

02:51sauver. Et je me rends compte que dans mon quotidien voilà j'ai envie de sauver mes proches alors que

03:00effectivement ils ne m'ont rien demandé donc il faut que je comprenne que j'arrive à laisser tomber

03:04aujourd'hui le fait de vouloir sauver les autres. Vous êtes extraordinaire Séverine parce que vous

03:08nous le portez sur un plateau. Oui c'est, enfin je me redis bravo pour votre lucidité, votre capacité

03:16de remise en cause et c'est vrai qu'il y a une différence entre imposer et proposer. Imposer de

03:25sauver l'autre ou bien proposer son aide. Et là c'est l'autre qui décide s'il prend ou il ne prend

03:31pas. Et c'est vrai que c'est toute la différence entre aider et sauver. Oui tout à fait, effectivement

03:38pour ma part alors ça se fait j'ai envie de dire de façon non consciente au départ. Je ne rencontre

03:45pas une personne ou même mon entourage, ma famille proche qui me dit que ma mission aujourd'hui c'est

03:50je vais le sauver de cet état ou je vais le sauver de ce mal-être qu'il pourrait avoir.

03:56Ça se fait probablement... Oui vous repérez instinctivement parce que vous êtes habituée

04:01depuis que vous êtes toute petite, vous repérez instinctivement qu'il y a quelque chose qui ne va

04:05pas, qu'il y a un mal-être, un malaise et hop vous arrivez et tel Zorro vous essayez de les sauver.

04:14Vous aviez quel âge quand votre petit frère... Alors il est d'abord tombé fort malade, gravement

04:24malade. Il avait 8 ans, moi j'en avais 7. Donc j'étais très très jeune. Très consciente quand même. Oui

04:30oui complètement. Oui je me souviens de beaucoup de choses et effectivement tout à fait consciente.

04:35Et après il est décédé, j'en avais 33. Donc il a vécu 27 ans mon petit frère après. Donc

04:45j'ai quand même des souvenirs. Mais voilà l'idée c'est que je n'ai pas su le sauver à l'âge de 27

04:49ans. Pourquoi vous pensez que vous êtes responsable ? Parce que j'aurais aimé pouvoir... En fait il

05:00avait nécessité d'avoir une greffe en fait et puis la maladie était beaucoup trop importante

05:05pour que la greffe puisse se faire en fait. Mais je m'impose on va dire. Vous voyez bien

05:14vous êtes responsable de rien. Oui alors j'en ai conscience. J'ai conscience que je n'y suis

05:19pour rien. On avait fait les démarches nécessaires peut-être pour le faire. A l'époque j'avais été

05:23voir les chirurgiens avec lui. On avait fait ce qu'il fallait. Les chirurgiens avaient refusé. Mais

05:29malgré tout ça reste quand même dans un coin de la tête. Mais je crois que ce serait bien que vous

05:35avanciez là-dessus. Parce que finalement le jour où vous accepterez que vous ne pouviez rien faire

05:41et que c'est bien c'est la vie. La vie avec ses épreuves. Je crois que ça va libérer quelque

05:46chose chez vous. Oui c'est sûr que peut-être le fait que déjà toute petite vous ayez eu cette

05:55propension à sauver vos parents et ce qui a fait de vous une sauveuse à l'âge adulte. Peut-être que

06:03votre culpabilité de ne pas avoir sauvé votre frère augmente ce rôle de sauveuse. C'est à dire

06:11qu'il était déjà là toute petite et le fait de penser que vous êtes coupable de ne pas avoir

06:17sauvé votre frère rajoute une dose et de sauveuse vous êtes passé à super sauveuse. Donc c'est vrai

06:24que ça doit être compliqué ensuite de changer de personnalité. Oui oui alors j'ai pris conscience

06:31il y a deux trois ans seulement mais bon mieux tard que jamais. Je ne pourrai jamais sauver mes

06:39parents parce qu'ils ne le veulent pas. Voilà ça j'ai bien compris maintenant. Et même s'ils le

06:43voulaient quand on est enfant malheureusement on n'a pas les capacités pour. Oui je pense

06:50qu'effectivement et je me suis acharnée en étant enfant de pouvoir essayer inconsciemment de vouloir

06:56les sauver probablement. Aujourd'hui je suis dans cette ambivalence où je comprends les choses mais

07:07il y a quelque chose qui me bloque encore malgré tout pour passer j'ai envie de dire à autre chose

07:11parce que quelque part ça me rend parfois malheureuse dans la mesure où je n'arrive pas

07:19à récupérer la reconnaissance et l'amour que j'attends. Et si je vous pose cette fameuse question

07:24quelle est la personne la plus importante pour vous ? C'est mon fils. Bon et bien il va falloir

07:31que ce soit vous et à ce moment là je crois que vous serez sauvé. Oui et je pense que ce que la

07:35remarque de Brigitte tout à l'heure était vraiment pertinente comme d'habitude. Votre

07:42culpabilité envers votre frère qui est toujours présente peut-être est un frein à sortir de ce

07:50sauvetage parce que tant que vous vous sentirez coupable de ne pas avoir sauvé alors que vous

07:54ne pouviez rien y faire, vous tournez en rond dans une espèce de cercle vicieux de culpabilité

08:01et de je vais encore être plus sauveuse puisque j'ai pas réussi là donc je vais réussir ailleurs

08:07et même si vous réussissez ailleurs comme pour vous le médicament ça serait de sauver votre

08:12frère vous voyez que c'est impossible c'est une tâche impossible. Oui tout à fait effectivement

08:17et oui ça me parle vraiment beaucoup. Il y a plusieurs mois ou même un an ou deux encore

08:24je me faisais la réflexion et je suis accompagnée par une thérapeute déjà sur d'autres sur ces

08:29points là notamment mais pas spécialement sur le syndrome. C'est elle qui m'a mis la puce à

08:33l'oreille en me disant mais qu'est ce que vous cherchez j'ai dit bah sauver et là j'ai dit

08:37mais d'où vient ça ? Ce mot est apparu à ce moment là depuis à peu près un an mais je sens

08:42qu'effectivement j'avais déjà évoqué le fait que je n'avais pas travaillé totalement sur le deuil

08:47de mon frère donc qui est encore très présent alors que j'ai envie de dire même si ça paraît

08:53loin pour moi c'est encore fort présent dans la mesure où il est décédé il y a 17 ans déjà.

08:58Bien sûr mais je crois qu'il faut apprendre à ce que vous soyez la personne la plus importante

09:03pour vous, vous aimer plus et vous serez déjà moins en recherche d'amour auprès de votre compagnon

09:09et puis je pense que tout ça va s'apaiser. C'est votre cadeau pour Noël c'est vrai. Vous avez bien

09:20commencé déjà, vous êtes sur la bonne voie. Oui il faut que je poursuis effectivement mais j'ai

09:26l'impression que c'est long en fait voilà c'est ça donc c'est la vie. Ce qui est important comme

09:34je dis souvent c'est d'avoir commencé à marcher sur le chemin. Oui merci bien alors. Non merci

09:39à vous c'est vrai merci beaucoup. Et puis jusqu'au 27 on continue à jouer avec notre grand sapin de

09:46Noël sur Sud Radio vous allez peut-être gagner un coffret de la marque Maricor qui contient

09:51donc des produits de beauté d'une valeur de 120 euros pourquoi pas un baptême de saut en parachute

09:57ça ce serait sympa ça avec le centre de parachutisme chute extrême en tout cas vous appelez le 0 826

10:04300 300 et c'est le 16e appel qui sera le gagnant bonne chance à tous et nous on se retrouve pour

10:09le Love Conseil dans un instant.

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