Depuis 2017, Emmanuel Macron n'a jamais eu autant de poids lourds politiques à ses côtés. Et pourtant, ce gouvernement est d'une grande fragilité.
Retrouvez toutes les chroniques de Maxence Lambrecq sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-edito-politique
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00:00Dans l'édito politique avec vous, Maxence Lambrecq, on revient évidemment sur la formation
00:08du gouvernement Bayrou, beaucoup de poids lourd, mais au fond, une grande fragilité.
00:13Oui, devant nous, plus d'un siècle d'expérience gouvernementale si on additionne chacun des
00:18CV.
00:19Aucun doute sur les capacités de ces femmes et de ces hommes à naviguer au sommet de
00:22l'État, Manuel Valls ne découvre pas la situation à Mamoudzou ou Nouméa, et tant
00:26mieux.
00:27L'environnement autour n'a pas changé, c'est presque pire qu'avec Michel Barnier,
00:31encore plus périlleux.
00:32D'abord à droite, la façon dont ce gouvernement a été constitué n'est pas sérieuse, se
00:37plaint Laurent Wauquiez, qui verra, texte par texte, s'il soutient ou non cette équipe.
00:41François Bayrou précisait déjà hier soir qu'il ne partageait pas toute la feuille
00:45de route de son ministre, Bruno Retailleau, et que dire de Xavier Bertrand, qui estime
00:50que ce casting a reçu l'aval de Marine Le Pen, petit cadeau de Noël.
00:54Et à gauche, quelle réaction ? « Ce n'est pas un gouvernement, c'est une provocation »,
00:57s'énerve le socialiste Olivier Faure, la droite extrême au pouvoir, dit-il, sous
01:02la surveillance de l'extrême droite.
01:03Ça a déjà un parfum de censure, lui qui avait tant rouvert la porte à un dialogue,
01:08a l'impression de se la prendre en pleine poire, avec dessus une pancarte Manuel Valls.
01:12ORN.
01:13Pour l'instant, Marine Le Pen remercie l'éviction de Xavier Bertrand, l'exécutif est ce soir
01:18en place, on a connu commentaires plus acides, mais Jordan Bardella, à Seine déjà, François
01:23Bahérou, a réuni la coalition de l'échec, prêts à bientôt brandir la menace de la
01:28censure.
01:29Faudrait quand même pas que le duo Retailleau-Darmanin réussisse sur le terrain régalien.
01:32On ne peut pas exclure l'hypothèse, Maxence, que tout cela ne soit que du théâtre, qu'à
01:37l'arrivée personne n'osera appuyer sur le bouton de la censure ?
01:39Bien sûr qu'il y a une part de posture, et que hors micro, le ton est moins péremptoire,
01:44mais la fragilité dont je parle ne tient pas qu'à l'environnement politique.
01:47Elle est inhérente, à cette équipe, autant de fortes têtes ensemble, ça va frotter,
01:52mais surtout, quelle est sa légitimité démocratique ? Où est passé le résultat de la dissolution,
01:57le vote de la censure ? La première ministre il y a un an devient deuxième ministre aujourd'hui,
02:03Elisabeth Borne.
02:04Ce gouvernement, c'est un best-of de la Macronie, même les battus aux législatives d'il
02:09y a deux ans reviennent dans la gloire, Amélie de Montchalin va piloter le budget en reprenant
02:13la copie de cet automne, si Jean-Michel Blanquer n'avait pas écrit un pavé au lance-flammes
02:18contre le président, il serait sûrement sur la photo.
02:20Est-ce que le vote a un sens ? Ce soir, s'il est question de politique autour de la table
02:24du Réveillon, et je ne vous le souhaite pas, qui pourra dire « j'ai été entendu ».
02:28On aura au mieux, c'est le bazar, je ne sais pas où on va, et au pire, il me dégoûte,
02:32c'est toujours pareil.
02:33Le fait que ce soit un best-of de la Macronie le fragilise d'emblée, puisqu'Emmanuel
02:37Macron est LA cible, faire tomber cette équipe, c'est le faire trébucher un genou à terre,
02:43car après, il restera qui ? Une fois que tous ces poids lourds seront dehors, François
02:47Bayrou a raison, c'est la dernière station avant la falaise, avec dans ce petit monde
02:51de moins en moins d'amis, la série d'articles que nos consoeurs du monde viennent de signer
02:56sur Emmanuel Macron démontrent à quel point les rancœurs sont tenaces, nombreuses, les
03:01langues se délient, reste l'impression d'un colosse aux pieds d'argile.