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00:00...
00:09Bonjour à tous, ravis de vous retrouver dans l'heure des pros,
00:12ce matin sur Europe 1 jusqu'à 9h30 et sur CNews jusqu'à 11h.
00:172024 s'achève ce soir, enfin, pourrions-nous dire enfin,
00:21car jamais une année sur le plan institutionnel n'aura été aussi chaotique.
00:25Quatre premiers ministres et autant de gouvernements,
00:26l'on retiendra que l'un, celui de Gabriel Attal, aura été démissionnaire,
00:30cet été, pendant 51 jours, cantonné à la gestion des affaires courantes,
00:34quand un autre, celui de Michel Barnier, aura été plus qu'éphémère,
00:37ne durant pas plus de 100 jours, renversé par une motion de censure,
00:40un fait inédit, depuis 1962.
00:43Anus horribilis pour Emmanuel Macron,
00:46englué dans ce qui s'apparente être l'une des plus graves crises politiques
00:50depuis le début de la Vème République
00:52et paradoxalement, le terme le plus utilisé lors de ses derniers voeux
00:57fut agir, agir, répéter, à huit reprises,
01:00nous sommes bien loin de l'impuissance qu'on nous disait, plastronait-il,
01:04il y a un an, les temps ont changé, la dissolution ratée est passée par la queue,
01:08dira-t-il, ce soir, il prendra de la hauteur, promet son entourage,
01:11au point d'admettre une erreur de jugement,
01:13fatale, politiquement comme économiquement,
01:15puisque la dissolution aura coûté 5 milliards d'euros,
01:18une bagatelle à l'économie française, il est fort à parier que non,
01:22et pourtant, avouer ses erreurs, c'est mettre la raison au présent
01:27et le tort au passé.
01:29Le rappel des titres avec vous, Sondra Tchombo.
01:42Bonjour à tous, à la Une de l'actualité,
01:44ce mardi, une trentaine d'individus ont été interpellés en trois jours à Strasbourg,
01:48c'est ce qu'a déclaré le préfet Dubarin ce matin sur nos trentaines,
01:51ils sont suspectés d'avoir semé le trouble dans la ville,
01:54dans la nuit de jeudi, à vendredi,
01:55des dizaines de voitures ont été incendiées,
01:58du mobilier urbain a été dégradé notamment.
02:01Un dispositif de sécurité sera déployé en France ce soir,
02:05pour le réveillon du nouvel an,
02:06100 000 forces de l'ordre seront mobilisées dans le pays,
02:0910 000 dans la capitale et en petite couronne,
02:11c'est un dispositif plus important que celui de l'année dernière.
02:15Et puis dépêchez-vous, faire ses courses avec des tickets resto,
02:17c'est bientôt terminé, dès demain, 1er janvier,
02:20ces titres devront être utilisés uniquement pour aller au restaurant,
02:23pour acheter des produits directement consommables.
02:25La chute du gouvernement Barnier a empêché le Sénat de voter
02:28la reconduction du dispositif.
02:31C'est parti pour l'heure des pros, avec vous Florian Tardif.
02:33Merci beaucoup, on vous retrouve d'ici une petite trentaine de minutes
02:36pour un nouveau point sur l'actualité.
02:38Quant à moi, j'accueille autour de ce plateau
02:40Olivier Vial, directeur du CERU,
02:44Céline Pina qui est à vos côtés,
02:46politologue et journaliste, Joachim Lefloch,
02:48IMAD, essayiste et enseignant, Philippe Guibert,
02:50ancien directeur du service d'information du gouvernement
02:53et bien évidemment Thomas Bonnet du service politique.
02:56On va commencer par la politique,
02:58justement avec ces voeux d'Emmanuel Macron.
03:00Ce qui est toujours intéressant,
03:02c'est de ressortir la boîte à archives dans de telles circonstances,
03:05par rapport à ce qu'a pu dire Emmanuel Macron
03:07lors de ses voeux pour l'année 2024.
03:10Ça paraît assez loin finalement de ce qui s'est passé.
03:13Alors je précisais dans mon édito
03:15que c'était notamment sur le plan institutionnel,
03:17puisqu'il parlait, le président de la République,
03:19si je ne m'amuse, de millésime français.
03:23Ça vous fait sourire Thomas Bonnet, il y a de quoi.
03:25Ça a été un millésime sur certains plans,
03:28sur la cathédrale Notre-Dame, sur les JO.
03:31Il y a eu des petites parenthèses enchantées, on va dire.
03:33C'est vrai que sur le plan institutionnel,
03:35c'est plus que chaotique.
03:36On va écouter peut-être ce que disait
03:37le président de la République l'année dernière.
03:412024, année de la détermination,
03:44de l'efficacité des résultats.
03:48Et j'aurai l'occasion, dans les semaines qui viennent,
03:50de vous dire comment notre nation relèvera ses défis.
03:55Mes chers compatriotes,
03:56l'action n'est pas une option.
03:58L'action est notre devoir pour les générations futures.
04:01Voilà pourquoi je serai inlassablement du côté
04:04de ceux qui agissent au service du pays.
04:07Et jamais de ceux qui, refusant de vous dire la réalité
04:10pour justifier de ne rien faire,
04:12à la fin nous affaiblissent.
04:14Jamais du côté de ceux qui privilégient
04:17les calculs électoraux, les petits arrangements
04:20ou leurs intérêts personnels.
04:23Assez dur, assez dur comme archive.
04:25Notamment la fin sur les calculs électoraux,
04:27les petits arrangements, les intérêts personnels
04:29par rapport à ce qui s'est passé suite à la dissolution.
04:32Le début sur l'efficacité, pas triste non plus.
04:34Oui, c'est pas mal Thomas.
04:36Il dit agir, ou même il dit aussi dans cette allocution,
04:38choisir plutôt que de subir l'année où il a subi les événements.
04:42Jamais Emmanuel Macron n'avait autant perdu la main
04:44sur les événements.
04:45Il y a eu la dissolution manquée,
04:47une faute aujourd'hui que tout le monde reconnaît.
04:50Puis il y a eu la suite, il s'est fait dicter le tempo.
04:51C'est-à-dire que le barrage républicain,
04:53c'est pas la décision d'Emmanuel Macron,
04:54c'est la décision de Gabriel Attal.
04:56D'ailleurs la dissolution,
04:57c'est pas vraiment comme ça qu'on lui a vendu.
05:00On lui a plutôt vendu un Jordan Bardella
05:02potentiellement à l'hôtel de matinée.
05:04Et c'est vrai qu'il a été pris de court
05:05par une partie des personnes qui sont dans son camp pourtant.
05:09C'est pour ça que je disais ce matin
05:10que je pense que le fait politique majeur,
05:12plus que la dissolution,
05:13c'est le barrage républicain
05:14parce que c'est quelque chose que n'a pas souhaité
05:16au départ, en tout cas, Emmanuel Macron
05:18et qui a façonné le paysage politique
05:20que l'on connaît aujourd'hui.
05:21Quand il parle des petits arrangements,
05:23je pense que les Français,
05:24même s'ils ont suivi ce barrage républicain,
05:26il faut reconnaître ça,
05:27ils ont choisi de ne pas mettre
05:28le Rassemblement national à Matignon.
05:30Ils voient aussi ce barrage républicain,
05:32cette coalition des contraires,
05:34comme des petits arrangements
05:35que dénonçait l'an dernier Emmanuel Macron.
05:37Après, à sa décharge,
05:39à chaque allocution pour les Jeux,
05:41c'est toujours la même chose.
05:42L'année qui vient de s'écouler a été terrible.
05:43L'année prochaine nous apportera de l'espoir.
05:46C'est toujours la même histoire.
05:47On revient à une année qui ne se déroule
05:49pas forcément comme prévu.
05:50C'est Lupina.
05:51En même temps, c'est assez compliqué
05:52de terminer l'année en disant
05:54cette année a été catastrophique,
05:56la prochaine sera pire.
05:57Errer malgré tout.
05:58Non, il devrait quand même axer
06:00sur certaines réussites,
06:01sur cette année de fierté française,
06:03sur l'anniversaire du débarquement
06:05sur les Jeux olympiques.
06:06Après, c'est un tout petit peu les thèmes
06:07qu'il a déjà évoqués l'année précédente
06:10en disant que ce serait une année
06:12de fierté française,
06:13un grand millésime français.
06:14Le véritable problème,
06:15c'est que finalement,
06:16on a une France qui commence à se déterminer
06:18de plus en plus dans ses choix.
06:20C'est-à-dire qu'on voit des Français
06:22qui peuvent se déterminer à 70%, 80%
06:25sur de grands axes
06:26et qui n'arrivent pas à les voir
06:28traduire à un niveau politique
06:30et même pas à un niveau représentatif.
06:32Donc, il y a ce hiatus
06:33qui continue à grandir
06:36et qui crée non seulement un fossé énorme,
06:38mais en fait une incapacité à se projeter.
06:40Et c'est bien ce qui est intéressant finalement
06:43dans les vœux de fin d'année.
06:44Les vœux de fin d'année,
06:45c'est à la fois bilan-projet.
06:46Or là, on voit bien que le bilan
06:49est assez effrayant
06:50et le projet, on ne le voit pas.
06:52C'est-à-dire quel est l'avenir
06:53qui se dessine pour la France,
06:55mais même quel serait le leader
06:58parce que tout le monde a fait le deuil
06:59d'Emmanuel Macron.
07:00Ça doit être assez dur à vivre.
07:02C'est-à-dire que vous êtes là,
07:04mais en fait, on vous a déjà effacé du tableau.
07:06Sauf que finalement,
07:07la figure de remplacement, elle, n'est pas là.
07:09Vous n'avez pas de cristallisation possible.
07:12Donc, vous avez un immense désir
07:14des Français de se projeter
07:16à la fois dans un avenir
07:17et dans une personnalité.
07:19Et en fait, un tableau politique
07:21qui lui est marqué par le vide,
07:23l'absence, la soustraction.
07:25C'est assez effrayant, je trouve.
07:27Philippe Guybert ?
07:28Oui, moi, ce qui m'a frappé cette année
07:30et qu'elle a dit solution à révéler,
07:32c'est la tripolarisation.
07:34C'est-à-dire qu'on a quand même
07:36un paysage politique
07:37où on a trois blocs irréconciliables
07:41qui n'arrivent pas à faire alliance ensemble.
07:44Enfin, il en faudrait que deux fassent alliance
07:45pour trouver une majorité.
07:47Et que tout ça...
07:50C'est d'ailleurs paradoxalement
07:51la force aujourd'hui du président de la République.
07:54C'est-à-dire qu'il a une opposition face à lui
07:57qui est une opposition des contraires.
07:59Force et faiblesse, peut-être.
08:01Oui, force et faiblesse
08:02parce que, du coup, Emmanuel Macron ne gouverne plus.
08:05Il peut essayer...
08:06C'est ce que dit, d'ailleurs, son entourage avant.
08:08Il gouvernait.
08:09C'était un président qui gouvernait.
08:10Aujourd'hui, il sera dans un rôle de garant
08:12par rapport à ses vœux de ce soir.
08:14Mais pendant sept ans,
08:15il a été l'homme qui décidait,
08:17avec son secrétaire général,
08:18d'arbitrages multiples,
08:20parfois de détails de la politique gouvernementale.
08:23Et aujourd'hui, il est dans un rôle de président.
08:27Donc, qu'est-ce qu'on peut attendre de l'année 2025
08:29et qu'est-ce qu'on peut attendre de ce qu'il va dire ce soir ?
08:32Peut-être acter ça.
08:34Déjà, ce serait beaucoup de l'acter
08:35parce qu'il ne l'a jamais acté.
08:36Et je trouve que de commencer par accepter...
08:39Parce que de rendre la parole au peuple,
08:40comme il l'a fait,
08:41je pense qu'il l'a fait dans de mauvaises conditions,
08:43dans un mauvais calendrier.
08:45Mais de rendre la parole au peuple n'est jamais une faute.
08:48Moi, de mon point de vue,
08:50surtout dans une situation politique
08:52qui devenait déjà chaotique.
08:55Mais le problème, c'est qu'il faut qu'il acte
08:57et qu'il en tire des conséquences
08:59quant à son rôle à lui.
09:00C'est-à-dire qu'il ne gouverne plus
09:02et qu'il ne faut pas qu'il fasse mine
09:04d'être resté dans la même situation
09:06alors qu'il a changé de statut.
09:08Et puis, de trouver quand même quelques éléments
09:11qui puissent donner un minimum de cohérence
09:15à l'action publique pendant l'année 2025.
09:18Parce qu'il va bien falloir qu'on trouve des compromis,
09:20qu'on trouve des coalitions,
09:22ce que, jusqu'à présent, on n'a pas trouvé.
09:24Il devrait être facilitateur de coalition.
09:26Je veux dire par là qu'un président de la République
09:29où il n'y a plus de majorité à l'Assemblée nationale,
09:31il doit être celui qui favorise des rapprochements
09:34plutôt que de faire comme s'il avait toujours tout le pouvoir
09:37alors qu'il ne l'a plus.
09:38Olivier Vial ?
09:39Juste, moi, cette tripartition du paysage politique,
09:43je ne pense pas qu'on doit l'acter
09:44comme si c'était une réalité naturelle.
09:47En réalité, c'est lui qui l'a imposée.
09:50C'est la stratégie politique d'Emmanuel Macron
09:54qui a voulu dépasser en même temps
09:56le vieux clivage soi-disant droite-gauche
09:59qui, à mon avis, reste un clivage qui est fécond
10:02et qui est le seul clivage qui permet la politique
10:04et qui permet des alternances.
10:05Parce qu'aujourd'hui, on a remplacé ce clivage-là,
10:07en réalité, par un clivage d'un bloc
10:10qui serait celui de ceux qui ont le droit de parler
10:13et de ceux qui sont exclus de la majorité.
10:17Et ça donne quand même ce fameux bloc républicain
10:19qui, aujourd'hui, au fur et à mesure qu'on joue ce jeu-là,
10:23est de plus en plus fragile et de plus en plus faible.
10:25Ce bloc républicain, aujourd'hui,
10:27il représente moins de la majorité des Français.
10:29Quand on regarde les derniers sondages,
10:3152% des Français se retrouvent
10:35soit au Rassemblement national,
10:36soit dans ce qu'on appelle les mouvements d'extrême,
10:38LFI, Parti communiste, etc.
10:40Donc on a quand même, effectivement,
10:42aujourd'hui, un bloc républicain qui est,
10:45soi-disant, ce fameux pacte républicain
10:48qui est devenu minoritaire.
10:49Et tout ça, c'est parce qu'on a imposé
10:53une politique qui n'est plus de la politique,
10:55qui est de la morale.
10:56Et en considérant qu'il y a des gens qui pensent bien
10:59et des gens qui pensent mal.
11:00Dès lors que cette répartition,
11:02elle est liée à ce calcul politique
11:04qui est laissant même dur en même temps.
11:06– Je crois qu'il y a aussi une radicalité à gauche
11:09qui tient à des nouveaux clivages
11:11qui fait que la gauche d'aujourd'hui
11:12ne ressemble pas exactement à la gauche
11:13qu'on a connue avec Céline il y a 15 ou 20 ans.
11:17Et que la droite, elle-même,
11:18aussi est tirée vers une radicalité.
11:19Et ça, ce n'est pas Emmanuel Macron qui l'a créée.
11:22– Si, c'est en créant le bloc central
11:24et en créant des radicalités à gauche.
11:26– Je ne crois pas.
11:26Je crois qu'il y a des attentes et des colères
11:28et des attentes qui existent dans la société
11:31qui sont radicales aujourd'hui.
11:33Et Mélenchon et Le Pen
11:34n'ont pas été inventés par Emmanuel Macron.
11:36Peut-être qu'on peut dire qu'ils ont été favorisés,
11:39mais ils n'ont pas été inventés par Emmanuel Macron.
11:41– Non, ce qui a été inventé, c'est la suppression du clivage.
11:43– Et comme le disait Céline, la vraie difficulté,
11:44c'est qu'on n'a pas un président qui aujourd'hui rassemble,
11:47mais qu'on n'a pas de leader en capacité de rassembler.
11:50– Et à ce sujet, on va peut-être écouter un autre extrait
11:52du président de la République lors de ses voeux l'année passée.
11:57– Oui, 2024 sera, vous l'avez compris, un millésime français.
12:03Parce que c'est une fois par décennie
12:05que l'on commémore avec cette ampleur notre libération.
12:08C'est une fois par siècle
12:09que l'on accueille les Jeux olympiques et paralympiques.
12:12Et c'est une fois par millénaire que l'on rebâtit une cathédrale.
12:18C'est une fois par génération que le destin de la suivante se joue,
12:23comme sans doute il se joue maintenant.
12:26– Joachim Le Floquiman, ce qui m'a le plus marqué
12:29dans ce second extrait qu'on diffuse ce matin,
12:31c'est la dernière phrase,
12:33c'est une fois par génération que le destin de la suivante se joue,
12:35comme sans doute il se joue maintenant.
12:37Je pense qu'il a raison sur le diagnostic.
12:38Le problème, c'est que c'est exactement ce qu'on décrivait juste avant cela.
12:43Il y a une forme d'immobilisme
12:45qu'il a lui-même alimenté avec la dissolution, dissolution ratée.
12:49Ensuite, certes, il n'est pas forcément à l'origine de ce front républicain,
12:54mais ça a créé cette tripartition
12:56qui conduit aujourd'hui à cette instabilité politique.
12:59Et on ne sait pas trop ce qu'il peut faire aujourd'hui,
13:02ce que même pourra faire le gouvernement de François Bayrou.
13:06C'est d'ailleurs ce qui fait dire à son entourage
13:08que ce soir, il devrait s'en tenir aux grands enjeux,
13:11s'en dicter de solutions, comme il a pu faire par le passé.
13:14C'est quand même un avis d'échec.
13:15Mais il y a de toute évidence un hiatus, en effet,
13:17entre la grandiloquence du propos et l'immobilisme
13:21qui sévit aujourd'hui au sommet de l'État.
13:23Quand je vois le gouffre chaque année entre les annonces qui sont faites
13:26et la réalité lors des douze mois qui suivent,
13:29je comprends que les Français en viennent à se désintéresser
13:31de manière aussi massive de ce genre d'exercice.
13:35Je n'ai pas envie de tirer sur l'ambulance,
13:37le pays va suffisamment mal comme ça.
13:38Maintenant, beaucoup de gens ont le sentiment
13:40que la parole d'Emmanuel Macron est extrêmement démonétisée.
13:42Il a porté depuis sept ans tous les masques,
13:44dit tout et son contraire, fait des promesses
13:46qui n'ont pas été tenues sur la grande majorité des sujets.
13:50Ils sont d'un popularité record,
13:5121 % de taux de confiance selon les labs,
13:53soit trois points de moins qu'au moment de la crise des gilets jaunes,
13:56c'est-à-dire le pire moment pour Emmanuel Macron
13:58dans les sept dernières années, en effet.
14:01Donc moi, je n'attends pas grand-chose, si vous voulez,
14:03en matière d'annonce de politique publique d'Emmanuel Macron ce soir.
14:06J'attendrais plutôt deux choses,
14:07qu'il fasse preuve d'un peu plus d'empathie
14:10à l'égard des Français et de la réalité ordinaire
14:12qu'ils subissent chaque jour, un peu plus d'empathie,
14:14notamment qu'au cours de son déplacement à Mayotte,
14:17et peut-être une esquisse de retour
14:19à la vieille notion gaullienne de responsabilité,
14:22arrêter systématiquement de se défausser,
14:24faire peut-être un début de mea culpa sur certains sujets,
14:26plutôt que de dire que la dissolution n'a pas été comprise,
14:29comme si c'était simplement un problème de pédagogie
14:31et que les Français étaient trop ignorants, trop limités.
14:33Un politique peut-il admettre ses erreurs dans notre pays ?
14:35Ça arrive parfois, c'est de plus en plus rare,
14:38mais à fût un temps, c'était plus courant.
14:39Thomas Bonnet ?
14:40Il y a une chose qui illustre
14:44à quel point le président de la République
14:45est empêtré dans cette impopularité,
14:47c'est qu'il n'est pas totalement fou de dire
14:51qu'il pourrait s'agir ce soir des derniers voeux
14:53d'Emmanuel Macron à l'Élysée.
14:54Il ne va pas quitter son poste,
14:55son entourage a balayé cette hypothèse,
14:57mais le fait même que cette hypothèse existe...
14:59On ne peut rien contre la volonté d'un homme, souvenez-vous-en.
15:01Non mais le fait même que cette hypothèse existe...
15:03Il écoutera un ancien président de la République.
15:05...envisagée par des représentants politiques,
15:07ça témoigne quand même
15:09à quel point Emmanuel Macron s'est mis
15:10dans la panade avec cette dissolution,
15:12avec cette instabilité politique.
15:14Jamais on n'aurait pu dire ça il y a encore un an.
15:17Et qu'ils ne sont pas tous issus du même parti.
15:19Il y a un spectre très large de politiques
15:21qui parlent de démission.
15:23C'est cassé.
15:23Il y a quelque chose qui a été brisé,
15:25c'est que, rappelez-vous,
15:27Emmanuel Macron, quand il arrive,
15:28c'est aussi le Mozart de la finance.
15:30Derrière, il y a une idée
15:32de quelqu'un qui maîtrise l'économie,
15:34qui est un bon économiste et qui va relancer
15:37peut-être la croissance.
15:38D'ailleurs, ses premières positions,
15:40il va beaucoup parler de réindustrialisation.
15:42Or là, ce à quoi on assiste,
15:44c'est aussi un échec économique patant.
15:46Et à tel point patant qu'on a
15:48les grands patrons du CAC 40
15:51qui, par la voix d'Alain Minc,
15:52ont quand même tiré des coups de semence
15:55qu'Emmanuel Macron devrait entendre.
15:57Parce qu'aujourd'hui, ce sont en partie
15:59ceux qui l'ont porté au pouvoir,
16:01qui sont en train de payer un prix,
16:03un prix économique lourd.
16:05La dévalorisation de leur puissance
16:08et de leur argent,
16:09et ça, ça va créer aussi
16:11des tensions extrêmement fortes.
16:13Pas de celles que l'on expose,
16:15mais de celles qui, en fait,
16:17dans le fond des actions,
16:19peuvent avoir des conséquences
16:20extrêmement importantes.
16:22Donc quand vous n'avez pas de soutien populaire
16:25et pas de soutien oligarchique,
16:27ça commence à faire beaucoup.
16:29Et qu'en plus, dans la petite musique
16:31de la démission court,
16:33en ayant l'air de dire que de toute façon,
16:35sans vous, ça ne serait pas pire qu'avec vous,
16:37quoi qu'il en soit,
16:39pour un président, c'est quand même
16:41une situation d'abord exceptionnelle
16:43sous la cinquième,
16:44et quand même extrêmement délicate.
16:46C'est la une du Figaro ce matin.
16:48Pourquoi Paris a décroché
16:50face aux bourses mondiales ?
16:53C'est notamment dû à la dissolution.
16:55Ça a été terrible,
16:57et on en a assez peu finalement parlé.
16:59Je montre cette une du Figaro.
17:01Pourquoi Paris a décroché face aux bourses mondiales
17:04pour les auditeurs d'Europe 1 ?
17:05On va peut-être écouter.
17:05C'est toujours également intéressant
17:07de comparer la situation actuellement
17:09avec ce qui se passait.
17:10On va faire cela à plusieurs reprises
17:12dans le courant de cette émission
17:13par rapport à la situation
17:14il y a une petite quarantaine d'années.
17:15Et je vous donne la parole
17:17dans quelques instants.
17:19On va écouter Valéry Giscard d'Estaing
17:21lors de ses voeux
17:23et lors du passage à l'année 1980.
17:26Écoutez.
17:27La France compte parmi les meilleurs.
17:32C'est pourquoi la France est respectée
17:36et estimée dans le monde.
17:40De ce rôle et de ce rang
17:44de la France dans le monde,
17:46nous sommes solidairement responsables.
17:50Il faut peu de choses
17:52pour détruire l'image d'une nation.
17:55Le relâchement,
17:58l'impatience,
18:00la désunion.
18:02L'année 1981
18:04sera encore une année difficile.
18:08Conservons ce qui fait notre force.
18:12Faisons le nécessaire
18:14pour que la France continue d'être un grand pays.
18:19Et c'est peut-être cela le pire
18:21avec tout ce qui s'est passé cette année.
18:22C'est l'image qu'on a donnée de notre pays,
18:26de la faiblesse, de l'impuissance
18:28qu'on décrit depuis le début de cette émission
18:30vis-à-vis de nos interlocuteurs réguliers.
18:33Mais tout ça est très paradoxal.
18:35Parce que décrochage économique,
18:37il faudra nuancer.
18:38Parce que par exemple,
18:38nos voisins allemands
18:40sont plus dans la panade que nous
18:41en termes de croissance, par exemple.
18:44Donc aussitôt qu'on regarde un petit peu ailleurs...
18:46Non, nous, notre décrochage...
18:48Quand on se regarde, on se désole.
18:50Quand on se compare, on se console.
18:51Exactement.
18:52Mais sur le plan économique,
18:53strictement économique,
18:54ce n'est pas brillant, on est tous d'accord.
18:56Mais l'Allemagne, par exemple,
18:58qui a longtemps été le moteur de l'Europe,
19:00en ce moment, elle est complètement en panne.
19:02Et son modèle est profondément remis en cause,
19:04beaucoup plus que le nôtre.
19:06Parce que là où il y a un décrochage,
19:07c'est sur le plan des finances publiques.
19:09C'est-à-dire qu'on a...
19:11D'ailleurs, c'est ce qu'il y avait derrière la dissolution.
19:13C'est-à-dire que c'est notre incapacité
19:15à regarder une réalité en face
19:17qu'on a vécue sur du quoi qu'il en coûte
19:19pendant plusieurs années du Covid
19:21obligé contre l'inflation.
19:23Et qu'aujourd'hui, on nous présente la note.
19:26Parce qu'en fait, en réalité,
19:27c'est quand même ça le fond du sujet.
19:29Et cette réalité-là,
19:30personne ne veut en parler,
19:31personne ne veut l'assumer.
19:34Et on se retrouve...
19:35C'est ça la difficulté du pays.
19:37Avec un énorme parallèle,
19:38c'est qu'on n'arrive pas à faire face à nos finances publiques.
19:41En même temps, l'année où on a,
19:42pour l'image de la France,
19:43puisque vous en parliez,
19:44on a quand même fait les Jeux olympiques
19:46et la réouverture de Notre-Dame,
19:47qui sont des succès mondiaux.
19:50Il faut quand même...
19:50On retournerait bien en juillet dernier.
19:52Ça, je vous l'accorde.
19:53L'économie qui est en partie socialisée.
19:55C'est-à-dire que la chute de nos services publics,
19:58chez nous, c'est pas rien.
20:01Et ce à quoi on est en train d'assister aujourd'hui,
20:04je prends l'hôpital.
20:05L'hôpital va très mal
20:06et est en train de mourir littéralement sous nos yeux.
20:09Et personne ne fait rien.
20:11Sauf qu'il était déjà mourant
20:12avant le quoi qu'il en coûte.
20:14La question, c'est aussi,
20:16comment est-ce qu'on fait sur ces socles supports
20:19qui sont aussi un facteur d'unité ?
20:22Parce que la sécurité sociale chez nous,
20:24ce n'est pas qu'un problème financier et économique,
20:27c'est un facteur d'unité,
20:28c'est les solidarités concrètes.
20:30La fraternité, elle est là.
20:32Et c'est la fraternité qu'on est en train de détruire
20:35en détruisant l'hôpital,
20:36en détruisant l'éducation nationale,
20:39en détruisant les facteurs supports.
20:41Le vrai décrochage français, il est là ?
20:42Il est là aussi.
20:43Non, non, bien sûr.
20:44Mais justement, il y a un moment
20:45où, quand vous parlez de dérive budgétaire,
20:48c'était intéressant d'avoir les vœux de Valéry Giscard d'Estaing,
20:51parce qu'en fait, on a, depuis 1974,
20:54une longue descente, plus ou moins rapide, mais...
20:58C'est le début du déficit progressif et des dettes qu'on accumule.
21:01Son ministre de l'Économie est le dernier à avoir un budget à l'équilibre.
21:04Après, ça n'a fait que chuter.
21:06Et malgré tout, aujourd'hui,
21:08oui, il y a des solidarités,
21:09mais l'hôpital public, tous ces services-là,
21:13le problème que voient les Français,
21:15c'est qu'on a quand même des budgets importants,
21:18les plus importants consacrés à ces questions-là,
21:20et on a pourtant un système qui ne marche pas.
21:22Donc il y a la question qui se pose,
21:24c'est où va l'argent ?
21:25C'est une question qu'on retrouve de plus en plus.
21:27Et donc, la question de l'efficacité de nos services publics,
21:30la question de l'efficacité de la solidarité nationale,
21:33elle se pose, parce qu'on ne peut pas continuer...
21:35– Ce n'est pas la solidarité nationale,
21:37parce qu'en soi, nos pensions de retraite sont élevées
21:39par rapport à nos voisins,
21:41notre remboursement de Sécu,
21:43ils sont plutôt élevés par rapport à nos voisins.
21:44– Oui, mais...
21:45– Mais c'est les services publics qui ne marchent pas.
21:47– C'est aussi la question de savoir
21:49si toutes ces dépenses-là vont vraiment aux bonnes personnes.
21:51C'est aussi une des questions qui se posent.
21:53Donc aujourd'hui, ces questions-là, il faut les mettre sur la table,
21:56et on a souvent tendance à dire qu'il faut...
21:59– Ce sont des questions qui se posent,
22:00il y a des solutions qui sont parfois apportées
22:02par énormément de personnes,
22:03mais personne n'ose s'attaquer aux racines du problème.
22:06– Si on ne s'attaque qu'aux questions de fonctionnement,
22:08la bureaucratie, c'est important,
22:11mais il y a aussi quand même, à un moment donné,
22:13une part importante de l'argent qui vient,
22:15notamment de ce qu'on distribue.
22:17– Concernant l'hôpital, c'est une personne sur trois,
22:20on l'a souvent répété, qui ne voit pas un patient.
22:24À un moment donné, on dit souvent,
22:28et d'ailleurs j'aime assez peu ce terme-là,
22:31il y a des lits qui ferment en France.
22:32Non, il n'y a pas des lits qui ferment,
22:33c'est juste qu'il n'y a personne pour encadrer les malades
22:35qui sont sur ces mêmes lits.
22:37– D'ailleurs, si on regarde les deux réussites que vous citiez cette année,
22:39et c'est indéniable,
22:40l'Olympique et la restauration de Notre-Dame.
22:42Quelle leçon on peut tirer de ces deux événements ?
22:44D'abord, la restauration de Notre-Dame,
22:46ça veut dire qu'il faut lever les normes administratives,
22:50le poids de l'administration qui croule sous toutes nos institutions.
22:54– Ce qu'on va faire avec Mayotte.
22:55– Voilà, donc premier renseignement,
22:56voilà quelque chose sur lequel travailler,
22:58ça nous a bien montré ça.
22:59Et puis les Jeux Olympiques,
23:00pourquoi ça a été une réussite ?
23:01En partie parce qu'on a mis les moyens en matière de sécurité,
23:05demande des Français depuis des années.
23:07Là aussi, on en a passé des leçons.
23:08– Et là aussi, il y a eu certaines freins administratives
23:11qui ont été élevées pour les Jeux Olympiques.
23:12– Aussi.
23:12– Donc la question, et vous le dites pour Mayotte,
23:14la question est de savoir si justement,
23:15il ne faut pas sortir de ce régime d'exception
23:18où pour quelques grands projets,
23:19on s'affranchit de règles qui nous entravent
23:21pour que ça soit la règle spéciale.
23:24– La loi spéciale devient la loi normale.
23:25– La leçon c'est aussi l'importance du volontarisme,
23:28du pilotage politique et le besoin de retrouver foi en nous-mêmes
23:31plutôt que de battre notre coup,
23:32ça a été essentiel je crois.
23:33Je suis tout à fait d'accord avec ce que tu dis Philippe
23:35sur la remise en question profonde du mercantilisme allemand
23:38et du modèle économique sur lequel l'Allemagne s'était bâtie,
23:41d'autant plus que tout ça se double d'une crise identitaire
23:43et d'une crise politique
23:44puisque Olaf Scholz doit quitter le pouvoir en Allemagne
23:46de manière anticipée.
23:47Maintenant il y a quand même un décrochage
23:49non pas de la France mais de toute l'Europe de l'Ouest
23:51notamment par rapport à ses concurrents
23:53que sont les Etats-Unis et la Chine.
23:55Etats-Unis où le coût d'électricité par exemple
23:57est quatre fois inférieur à celui de la France
24:00alors même qu'on a un modèle qui prend des années
24:03à faire notre fierté avec le nucléaire.
24:05Maintenant je serais un peu plus sévère
24:07sur les fondamentaux économiques
24:08qui sont cataclysmiques en ce moment.
24:10Le chômage qui remonte, la productivité qui baisse,
24:1299 milliards de déficit commercial annuel,
24:1556 000 entreprises qui ferment ces années
24:17et à la fin ce sont toujours les classes populaires
24:19et moyennes qui en payent l'addition.
24:21Oui c'est vrai que c'est un triste constat
24:23malheureusement qu'on partage tous.
24:25Un souci c'est-à-dire que parfois
24:27vous pouvez dire le contexte extérieur
24:29c'est sûr que le contexte extérieur
24:31ne nous a pas favorisé
24:33mais on paye aussi des choix particulièrement stupides
24:36de nos dirigeants.
24:37La question énergétique aujourd'hui,
24:39la situation dans laquelle l'Europe s'est mise
24:42ça fait partie de choix politiques
24:45donc ce n'est pas évident
24:48de pouvoir justement tout rejeter vers l'extérieur.
24:52Vous avez entendu le carillon d'Europe 1 ?
24:54Non, il ne faut pas que ça vous perturbe
24:56seulement nous allons laisser
24:58nos auditeurs d'Europe 1
25:01pour le rendez-vous de cette fin d'année
25:04le Club de Noël avec vous Joe Youm.
25:07Quel est le programme justement ce matin sur Europe 1 ?
25:10Bonjour Florent Rotardi,
25:12comme vous le disiez, beau programme ce matin
25:14on va faire rêver les petits et les grands
25:16en allant faire un tour sur la piste du cirque d'hiver
25:18avec notre invité Joseph Bouglione jusqu'à 11h.
25:21Très sympa, très sympa comme programme
25:24nous on va retourner du côté de Mayotte
25:27vous allez aller...
25:29Non, restez sur CNews aussi !
25:31On a bien évidemment une pensée
25:34pour nos éditeurs d'Europe 1
25:36qui ont un très très joli programme
25:38mais restez avec nous sur CNews
25:40parce qu'on a aussi un joli programme.
25:42C'est un autre cirque commenté.
25:44Je vous laisse ce commentaire.
25:46Effectivement, il y a quelques clowns.
25:49Très très beau programme
25:51on va aborder cette question
25:53la reconstruction
25:55et peut-être le terme que je préfère
25:57au terme reconstruction
25:59la restructuration de Mayotte
26:01puisqu'il faut donner, on parlait tout à l'heure
26:03de l'espoir au Marorais
26:05il ne faut pas que reconstruire
26:07il faut repenser tout ce qui est fait
26:09concernant cette île
26:11il y a énormément de sujets
26:13qu'on aura l'occasion d'aborder
26:15durant cette partie.
26:17On reviendra également sur la sécurité
26:19autour des festivités du Nouvel An
26:21donc restez bien avec nous sur CNews.

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