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Serge Letchimy : "Nous devons, de manière très déterminée, aller vers un autre modèle de développement pour cette année 2025."

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00:00Mes chers compatriotes, chères martiniquaises et martiniquais, permettez-moi d'avoir d'abord
00:16une pensée très émue et très forte pour le peuple maorais.
00:22Mayotte vient de subir un drame, c'est peut-être un des drames les plus puissants de ce siècle,
00:31conduisant le pays au sol, dans la misère, dans la difficulté.
00:34J'ai eu le président Benissa, président du conseil départemental, et je lui ai fait
00:40part de notre solidarité, solidarité du peuple martiniquais.
00:45Cette année a été une année aussi, 2004 notamment, pour le premier semestre, de conquête
00:54d'une réorganisation de la collectivité territoriale.
00:56Cet effort d'organisation, d'optimisation est essentiel et nous avons fini par sortir
01:02un organigramme pour répondre aux besoins de la population.
01:05Nous avons quand même réalisé quelques performances, l'ouverture par exemple, la préparation
01:11et l'ouverture du centre territorial d'expérimentation biologique, ce qu'on appelle le CETIBIOM,
01:19pour nous permettre de nous occuper nous-mêmes de notre geste biologique.
01:24Nous avons aussi beaucoup travaillé pour que ce qu'on appelle la médecine nucléaire,
01:32ce grand laboratoire qui a été créé à la Ménard pour nous permettre de détecter
01:36nos cancers, c'est l'Institut caribéen sous l'énergie de la médecine nucléaire,
01:41et bien ça, ça devient une réalité, c'est très important, c'est le dixième au monde,
01:46ce centre d'expérimentation, de traitement concernant le cancer, et c'est le troisième
01:54dans la zone caribéen-amérique.
01:56Nous avons mis aussi en place un dispositif de lutte contre la chute démographique.
02:00Vous vous rappelez, nous sommes dans une situation très difficile puisque nous perdons 3 à
02:053500 personnes par an et il fallait absolument réagir.
02:09Je considère clairement qu'il faut faire quelque chose sur la politique de la famille,
02:12et si nous voulons maintenir nos jeunes, ne pas les laisser partir, il faut leur offrir
02:16des possibilités d'épanouissement et de progrès localement.
02:19J'ai donné quelques exemples parce que l'année 2024 a été une année difficile,
02:24notamment pendant cette deuxième partie où nous devons répondre de manière déterminée,
02:31claire et obligatoire à un drame que nous vivons, et c'est la chérité de la vie,
02:38avec une mobilisation légitime, il n'y a pas de débat sur ce genre de choses-là,
02:43il y a un vrai problème de maldéveloppement structurel de la Martinique qui conduit à
02:48faire de nous une société de consommation, et de consommation principalement de ce qui
02:53vient de l'extérieur.
02:54Je rappelle aux Martiniquais et aux Martiniquaises que 80% de ce que nous consommons vient de
03:00l'extérieur, donc nous sommes dépendants du bateau, nous sommes dépendants du conteneur,
03:06et à ce titre-là, le système économique crée ce qu'on appelle des monopoles voire
03:11des illégopoles, et à ce titre-là, il fallait absolument se battre pour pouvoir réduire
03:19les prix.
03:20Ce travail, malheureusement, je le dis comme je le pense, la collectivité territoriale,
03:27et c'est dramatique de le dire, j'en souffre d'en parler comme ça, n'a aucune compétence.
03:32L'organisation institutionnelle de l'État aujourd'hui fait qu'on ne donne aucune compétence
03:37à la collectivité territoriale, ni pour juguler les prix, ni pour faire contrôler
03:42les comptes des distributeurs, ni pour travailler sur les illégopoles et monopoles, donc ça
03:48c'est extrêmement important, et encore pire, nous n'avons pas les moyens et les compétences
03:54réglementaires, les moyens financiers, les moyens législatifs pour relancer la production
03:59locale, tant par la maîtrise foncière que les politiques de distribution, etc.
04:04À partir du moment où vous parlez de l'ensemble des produits alimentaires, se pose la question
04:09du développement local, parce que s'il faut financer la réduction des prix sur l'ensemble
04:15de l'alimentaire, cela pose un problème à la production locale, puisque le niveau
04:19de concurrence, on le sait, dans la mondialisation que nous connaissons aujourd'hui, n'est
04:22pas en faveur de la production locale.
04:24Nous devons, de manière très déterminée, aller vers un autre modèle de développement.
04:30Je pense qu'on peut réussir assez clairement la question de l'autonomie alimentaire,
04:37de telle sorte qu'on se réconcilie avec notre système culinaire, nos traditions,
04:42nos légumes, etc., qu'on ne soit pas étrangers à notre propre histoire.
04:47Ce n'est pas normal que sous les 110 millions d'euros de poséid, qui est un fonds européen,
04:52la diversification agroalimentaire ne récupère que 4 à 5 millions d'euros.
04:57Pendant les trois années, il fallait se préparer et préparer des chantiers, ce que nous avons
05:01fait, et demain nous serons en possibilité, dès 2025, de lancer des chantiers très
05:06très importants, comme le carrefour de Montgouvulsin, chantier qui débute au premier trimestre
05:11de 2025.
05:12Nous travaillons à la liaison Carré-Bois-Sylorène, là je parle d'infrastructure, nous travaillons
05:18sur la rivière des Pères, du côté de Saint-Pierre-Précheur, pour éviter que Précheur s'accoupe
05:23complètement du monde lorsqu'il y a une pluie importante.
05:26Nous avons terminé, en partie, les travaux pour mettre en sécurité le sud de la Martinique
05:32par rapport à la plaine de Rivière-Salée.
05:34Nous travaillons à l'ouverture, très bientôt au lycée Churchill, du premier conservatoire
05:40de la musique, de l'art et de la culture.
05:42Nous devons continuer à améliorer nos réponses vis-à-vis des personnes fragiles, des personnes
05:50âgées, des personnes handicapées, les jeunes boursiers, les enfants, les personnes en situation
05:59de difficultés graves sociales.
06:02Nous sommes face à un paradoxe, un pays qui évolue, qui exprime sa richesse, et puis
06:10une catastrophe sociale qui crée un terreau fragile à tout.
06:15Il faut mettre le paquet sur ce qu'on appelle la solidarité, il faut mettre le paquet sur
06:21ce qu'on appelle la cohésion.
06:22Malheureusement, les moyens nous manquent, sur ce qu'on appelle les AIS, les Aides individuelles
06:28sociales, c'est-à-dire l'APA, PCH, RSA, le décalage entre les recettes que l'État
06:36me donne et ce que je paye, ce que nous payons, c'est 150 millions d'euros.
06:39Je m'excuse auprès de tous ceux qui n'ont pas encore leurs réponses, c'est parce qu'on
06:43travaille au corps d'eau pour éviter les déficits, pour pouvoir mieux organiser la
06:49performance de l'emprunt et de l'investissement.
06:52Je pense qu'il faut projeter ce pays et dire clairement à la France que nous voulons rester
06:58dans la République, c'est mon intention, je n'ai pas d'autre intention.
07:02Mais par contre, nous revendiquons un développement économique qui soit à la hauteur et une
07:07prise en compte de nos différences dans le bassin maritime transfrontalier qu'est
07:12la Caraïbe et aussi dans le contexte géographique, géostratégique que nous connaissons aujourd'hui,
07:19que sont les Amériques.
07:20En février, nous serons à la Caricom, en gros nous serons dans deux marchés, le marché
07:26européen et en même temps le marché caribéen.
07:28C'est une position géostratégique unique, il faut en profiter.
07:34L'année 2025 sera une année très importante, nous allons réaliser un congrès, certains
07:42ont souhaité que ce soit un congrès de la rupture, je suis prêt.
07:46Quand on dit rupture, ce n'est pas l'indépendance ou une déclaration de quoi que ce soit d'autre,
07:50c'est exiger d'exister pour nous-mêmes, par nous-mêmes, dans une République beaucoup
07:56plus ouverte.
07:57Nous devons absolument être extrêmement unis par rapport à ce qu'on appelle les
08:04dérives qui sont liées au narcotrafic.
08:07Je veux tout d'abord remercier les Martiniquaises et les Martiniquais de leur force, de leur
08:17capacité de mobiliser, de se parler, de dialoguer, dans le respect.
08:25C'est très important pour moi la question du respect, dans l'éthique même et dans
08:29le comportement, dans l'attitude.
08:31Et il n'y a rien de pire d'un pays divisé.
08:34Je ne combats pas les individus, quels que soient leurs couleurs de peau, je combats
08:38les systèmes.
08:39Je suis français, je suis européen, oui, d'abord martiniquais et caribéen, c'est
08:45ça qu'il faut.
08:46C'est pour cela que j'appelle à l'unité de tous et de toutes, c'est dans ce cadre
08:51que je vous invite à passer une très bonne année 2025.
08:55Nous donnons le plus possible, on ne pourra jamais donner la totalité, ce n'est pas
08:59vrai.
09:00Celui qui vous dit que tout problème est réglé, c'est faux, il y aura toujours des
09:04choses à régler.
09:05Mais restez extrêmement forts parce que ce n'est pas l'argent seulement que nous
09:12devons conquérir, c'est la dignité et la capacité de rester soi-même et de s'enrichir
09:17en toute conscience, de la nouvelle conscience qu'il va falloir mettre en œuvre pour pouvoir
09:21se pérenniser dans l'avenir.
09:22Tenez bon, ne lâchez pas, bonne et heureuse année 2025.

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