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00:00Heureux Pinsoir, 19h21, Stéphanie Demuru.
00:04Ce sera dans 45 minutes précisément, Emmanuel Macron présentera donc ses voeux aux français
00:10pour 2025 dans cette traditionnelle allocution télévisée de la Saint-Sylvestre.
00:15Première prise de parole depuis la nomination de François Bayrou.
00:19Alors à quoi doit-on s'attendre ? On va en débattre tout à l'heure avec nos deux débatteurs de la première heure.
00:24Vincent Roy, écrivain et journaliste, bonsoir Vincent Roy.
00:27Bonsoir, bonsoir.
00:29Philippe Guybert, chroniqueur politique, bonsoir Philippe.
00:32Bonsoir Stéphanie.
00:33Mais avant on va poser la question à Thomas Porte, mon invité politique député LFI de Seine-Saint-Denis.
00:40On va lui demander à quoi il s'attend, bonsoir Thomas Porte.
00:43Bonsoir.
00:44Alors est-il nécessaire de vous poser la question, de savoir si vous attendez quelque chose encore
00:49de cette allocution du Président de la République ?
00:52Effectivement, j'attends rien de l'allocution du Président de la République, si ce n'est une chose,
00:55que ce soit les derniers voeux et qu'Emmanuel Macron prenne ses responsabilités et décide de démissionner.
01:00Nous sommes quand même sur un exercice politique qui est extrêmement difficile.
01:04Emmanuel Macron a mis en danger la démocratie de ce pays, a provoqué une dissolution,
01:09n'a pas respecté le résultat des élections.
01:11Son premier gouvernement a été censuré.
01:13Le deuxième qui est encore plus minoritaire sera très certainement censuré dans les prochaines semaines.
01:17On a aujourd'hui quasiment six Français sur dix qui demandent le départ du Président de la République.
01:22Moi, je n'attends rien de ces voeux, je pense simplement peut-être un éclair de lucidité du Président de la République
01:26qui reconnaisse qu'aujourd'hui le principal problème de la France, c'est lui,
01:29et qui quitte le pouvoir et qui rappelle le peuple aux urnes.
01:32Dans notre pays, le souverain, c'est le peuple.
01:33Je crois qu'il doit revenir aujourd'hui sur une élection présidentielle anticipée
01:36pour trancher et redonner enfin à ce pays un espace démocratique qui puisse fonctionner.
01:40Thomas Porte, vous savez bien qu'il ne le fera pas puisqu'il a déjà indiqué qu'il irait au bout de son mandat.
01:46Son entourage fait savoir que là, ça serait une allocution d'un autre genre,
01:51un Président qui gouvernait auparavant, qui sera maintenant plutôt un Président qui préside,
01:56qui est garant, qui est une sorte d'arbitre.
01:59Finalement, il ne prendra plus de décision, ça devrait vous rassurer ?
02:03Emmanuel Macron, garant des institutions, ce n'est pas sérieux.
02:07C'est Emmanuel Macron qui, aujourd'hui, met en difficulté les institutions.
02:10Si l'Assemblée nationale ne fonctionne pas, c'est parce qu'Emmanuel Macron n'a pas respecté le résultat des élections.
02:14Encore une fois, il faut partir de ce postulat-là.
02:16On a eu une élection législative anticipée qu'il a lui-même provoquée.
02:20C'était son choix et son droit en tant que Président de la République.
02:23Il n'a pas respecté le résultat des élections derrière.
02:25Alors que la participation a été massive, que des gens se sont mobilisés.
02:28Aujourd'hui, il va nous donner une espèce de...
02:30On a l'habitude des voeux du Président de la République et de ses discours d'auto-satisfaction.
02:34On a l'impression d'avoir un Président hors sol, dans un monde qui n'existe pas.
02:38Emmanuel Macron est aujourd'hui, je le redis, isolé.
02:40Un très grand nombre de personnalités politiques, y compris à droite, demandent son départ.
02:44C'est un dernier moment de souffrance pour les Français qui s'apprêtent à célébrer le Nouvel An.
02:49Et qui doivent encore se voir imposer quelques minutes d'un Président de la République qui, aujourd'hui, méprise le peuple français.
02:56Effectivement, vous l'avez dit, des personnalités de droite.
02:59En l'occurrence, Marine Le Pen, qui a souhaité aujourd'hui que ce soit une année décisive.
03:04Pour remettre la France dans la course de l'histoire.
03:07En gros, elle espère un dénouement heureux.
03:09On comprend clairement que, comme vous, à l'instar des LFI, elle souhaite le départ d'Emmanuel Macron.
03:14Ça vous fait un autre point commun avec le Rassemblement national ?
03:18Mais je crois qu'il n'y a pas que Marine Le Pen qui, d'ailleurs, n'a pas demandé le départ d'Emmanuel Macron.
03:23Elle ne le demande pas explicitement.
03:25Si on est Président de la République, elle a même bloqué la procédure de destitution que nous avons déposée à l'Assemblée nationale.
03:31Et lors de ce qu'on appelle le bureau de l'Assemblée, où les présidents de chaque groupe sont présents,
03:36si vous voulez parler des personnalités de droite, Hervé Morin, Président de la région de Normandie,
03:40dont des députés horizons sont dans la majorité d'Emmanuel Macron, a dit que Macron devait partir.
03:44David Lissnard, qui n'est quand même pas l'ami politique de la France insoumise,
03:48qui est le Président de l'Association des maires de France, qui est de droite,
03:50a demandé le départ d'Emmanuel Macron.
03:53Un certain nombre de responsables, Charles de Courson, Jean-François Copé,
03:57ont dit aujourd'hui que Macron était un député démocratique pour le pays.
04:00En attendant, vous avez quand même voté cette motion de censure avec le Rassemblement national,
04:06ce qui a conduit au départ de Michel Barnier.
04:08Il y a un nouveau gouvernement, celui de François Bayrou.
04:11Alors on sait d'ores et déjà que Jean-Luc Mélenchon, le patron de votre parti,
04:14prophétise qu'il sera parti le 16 janvier.
04:17Est-ce que c'est votre avis aussi ?
04:20Le plus tôt sera le mieux.
04:22Parce qu'on est sur un gouvernement qui est, je le redis encore une fois,
04:25qui n'est pas au-delà des personnes qui composent ce gouvernement
04:28avec qui j'ai des désaccords profonds
04:30et que je considère qu'ils ne doivent plus être en responsabilité.
04:33On parle quand même de Manuel Valls, par exemple,
04:35un homme qui a été balayé aux élections en France,
04:37qui est parti en Espagne, qui a été battu aux élections en Espagne
04:39et qui revient et qui est nommé ministre.
04:41Au-delà des noms qui composent ce gouvernement,
04:43c'est pour mener quelle politique ?
04:45Pour mener la même politique que le gouvernement de Michel Barnier ?
04:48Pour mener la politique d'Emmanuel Macron ?
04:50Une politique qui a été battue à trois reprises,
04:52deux fois aux élections législatives, aux élections européennes,
04:54et la censure du gouvernement Barnier,
04:56les nouveaux fronts populaires n'ont pas voulu participer au gouvernement.
05:00Vos collègues n'ont pas voulu.
05:02Effectivement, François Bayrou a essayé de tendre une main vers la gauche.
05:05C'est tombé sur François Reepsamen, sur Juliette Méadel et sur Manuel Valls.
05:10Bon, j'imagine qu'effectivement, ça ne vous satisfait pas, loin de là.
05:14Non, mais nous, on assume de dire qu'on n'allait pas entrer dans un gouvernement
05:17d'union nationale où on a un accord de non-censure qui n'existe pas.
05:20Nous, on a été élus sur un programme.
05:22Gouverner avec qui ?
05:23Avec des gens qui refusent d'abroger la réforme des retraites à 64 ans,
05:26alors que c'est majoritaire dans le pays.
05:28Des gens qui refusent d'augmenter les salaires.
05:30Des gens qui refusent de poser la question du partage des richesses.
05:33Il y a une question de conviction politique et de programme.
05:36Et encore une fois, la responsabilité, elle n'est pas sur Michel Barnier,
05:39j'ai envie de dire, ou sur François Bayrou,
05:41qui sont des personnalités politiques qui ont leurs idées politiques,
05:44qui ont des convictions que je respecte, qui ne sont pas les miennes,
05:46mais qui sont aujourd'hui nommées alors qu'elles sont minoritaires dans le pays.
05:50Michel Barnier a fini quatrième sur la force politique aux élections législatives.
05:54François Bayrou, personne n'a voté pour lui aux élections législatives.
05:57Donc il y a aujourd'hui un déni démocratique,
05:59et c'est ça qui fragilise la question et l'aspiration du peuple français
06:02à participer aux élections.
06:03Quel message on envoie à des gens si on leur dit
06:05venez voter, vous votez, vous exprimez un vote dans l'urne,
06:09et il n'est pas respecté derrière ?
06:11Thomas Porte, c'est vrai que c'est l'éternel débat,
06:13vous auriez voulu que Lucie Castex soit élue Premier ministre,
06:17ça n'a pas été le cas, enfin soit nommée, pardon.
06:19Premier ministre, ça n'a pas été le cas.
06:21Parlons juste quelques instants du budget
06:24qui plonge quand même le pays dans l'instabilité,
06:26qui met les entreprises en difficulté,
06:28et notamment l'emploi que vous défendez.
06:31Éric Lombard, proche des thèses de Thomas Piketty,
06:34plutôt économiste de gauche, était nommé à Bercy.
06:37Est-ce que, d'ailleurs ami d'Olivier Faure,
06:40avec lequel vous êtes en alliance sur le Nouveau Front Populaire,
06:43est-ce que vous êtes quand même prêt à laisser une chance
06:45à Éric Lombard et éventuellement à son futur budget ?
06:49Ce n'est pas question de laisser une chance ou pas,
06:51c'est qu'est-ce que va mettre Éric Lombard sur la table.
06:54Si Éric Lombard dit qu'il est pour indexer les salaires
06:57et les pensions sur l'inflation,
06:59s'il est pour revaloriser les petites retraites,
07:01s'il est pour augmenter le salaire et mettre le SMIC à 1 600 euros,
07:05s'il est pour poser la question du partage des richesses,
07:07on discutera, mais aujourd'hui, en vérité,
07:10Éric Lombard n'a aucun point politique,
07:12n'a aucune marge de manœuvre,
07:14y compris sur la question budgétaire,
07:16celui qui décide de tout,
07:18même s'il va essayer de montrer le contraire, apparemment, ce soir,
07:20c'est Emmanuel Macron.
07:21Le budget qui sera porté par le nouveau gouvernement de François Bayrou
07:25sera quasiment un copier-coller de celui de Michel Barnier,
07:28donc ce n'est pas la question de la personnalité d'Éric Lombard,
07:31c'est la question de quelle politique va être menée.
07:33Et je crois que le budget qui va nous être présenté,
07:35on jugera quelque part avec les pièces qui nous seront présentées,
07:38mais il y a un passage important qui est un peu passé sous les radars politiques,
07:41c'est la question du discours de politique générale
07:43de François Bayrou qui va venir à l'Assemblée nationale
07:45présenter ses grandes lignes de son programme.
07:47Nous, on demande qu'il y ait un vote de confiance,
07:49comme ça s'est toujours fait en Ve République,
07:51avant qu'Emmanuel Macron arrive.
07:52Effectivement, s'il n'y a pas de vote de confiance,
07:54il y aura une motion de censure qui sera déposée par la France Insoumise.
07:57Et il faudra que le RN la vote avec vous pour faire tomber ce gouvernement.
08:01Thomas Porte, on vous retrouve après l'allocution d'Emmanuel Macron
08:05à partir de 20h15,
08:07vous nous donnerez votre réaction après ce discours.
08:11On sera également avec Alexis de La Fontaine,
08:13un service politique d'Europe 1,
08:15qui viendra analyser cette allocution,
08:17et nos deux débatteurs, bien sûr,
08:19Vincent Roy, oui, je vais vous donner la parole.
08:21Non, mais j'ai une question pour Thomas Porte.
08:23Ah, il est parti. Il faudra patienter tout à l'heure.
08:26Non, mais c'est une question d'ordre plutôt philosophique.
08:29Qu'est-ce que vous vouliez lui demander ?
08:31Non, je voulais lui demander, moi, je pense que la France,
08:34et je pense qu'il aurait souscrit à mon analyse,
08:36que la France est un pays vraiment révolutionnaire
08:40et qu'on ne peut rien comprendre à ce qui se passe dans la France d'aujourd'hui
08:43si l'on n'a pas un oeil sur ce qui s'est passé jadis,
08:47c'est-à-dire sur la Révolution.
08:49Et je pense que la Révolution est un conflit de légitimité.
08:52Aujourd'hui, on voit bien que toutes les difficultés du gouvernement,
08:55qui est le nôtre,
08:57portent justement sur une question de légitimité.
09:01Or, il y a deux légitimités qui s'affrontent dans un esprit français.
09:05Il y a la légitimité de la loi, du suffrage, du vote,
09:10qui n'était pas, lors de la Révolution, universel, loin, sans faux,
09:14mais qui est la légitimité du jeu de paume,
09:16et la légitimité de la rue,
09:18dont M. Mélenchon est le chantre, d'une certaine manière,
09:22et qui est, ce que moi j'appelle, la légitimité de la Bastille.
09:25Vous lui poserez la question, mais c'est l'éternel débat,
09:27je n'ai même pas voulu rentrer là-dedans,
09:29parce que c'est vrai que c'est la rhétorique.
09:31Le débat a été tranché depuis pas mal de temps,
09:33depuis qu'on est en République.
09:35C'est tellement évident qu'on ne va pas le rappeler à chaque fois.
09:37La légitimité, c'est celle du suffrage universel.
09:40La légitimité de la rue, elle a une certaine portée,
09:44mais qui n'est pas supérieure, qui ne peut pas être mise en rapport.
09:47Même si elle existe.
09:49Sauf que justement, j'aurais bien voulu entendre Thomas Porte sur cette question,
09:52car elle me semble essentielle, et il me semble bien,
09:54et je dis ça sans ironie,
09:56que pour lui, la légitimité de la rue a un sens.
09:59C'est bien possible.
10:01C'est bien possible qu'il pense que la rue a une légitimité.
10:04Mais enfin, ce qu'il nous a expliqué,
10:06on peut se permettre un mot de commentaire ?
10:08Oui, tout à fait, Philippe.
10:10Ce qu'il nous a expliqué, c'est que tous les problèmes venaient d'Emmanuel Macron.
10:13Alors, première remarque, en admettant que ce soit vrai,
10:16je fais une hypothèse d'école,
10:18si Emmanuel Macron démissionnait,
10:20ce qui est un cas de fiction politique,
10:22le prochain Président de la République,
10:24ou la prochaine, dans le cas de Marine Le Pen,
10:27serait soumis au même problème, celui de l'absence de majorité,
10:30et alors à quel moment on demande au futur Président de la République
10:33de démissionner en cas de blocage ?
10:35Est-ce que Thomas Porte et les mélenchonistes
10:38ont réfléchi à cette question ?
10:40Si Mélenchon est élu dans six mois à la présidence de la République,
10:43il n'aura pas de majorité,
10:45et si, après les nouvelles législatives,
10:47il n'a pas non plus de majorité, qu'est-ce qu'il fait ?
10:49Il démissionne.
10:51Jean-Luc Mélenchon, qui d'ailleurs se prépare,
10:53il l'avait dit, à l'encontre car du parisien,
10:55à un duel avec Marine Le Pen,
10:58qu'il perdrait probablement Vincent Roy.
11:01Mais qu'il pense gagner.
11:03Il ne faut pas se tromper, la question que pose Thomas Porte,
11:06n'est pas la question de la République,
11:08mais bien la question de la démocratie.
11:10Oui, c'est surtout un calcul politicien,
11:12au service de la candidature de Jean-Luc Mélenchon,
11:15qui est convaincu qu'il est appelé à devenir Président de la République.
11:18Mais vous pensez qu'il est vraiment convaincu
11:20de gagner face à Marine Le Pen,
11:22qui a quand même engrangé 11 millions de voix au premier tour ?
11:25Vous avez raison, mais certains leaders politiques
11:27ont une capacité d'auto-intoxication,
11:29et d'être convaincus d'avoir un destin.
11:31Je m'absente du débat,
11:33parce que c'est de loin, entre nous deux,
11:36c'est de loin Philippe qui les connaît le mieux.
11:39Je les ai un peu plus pratiqués que toi Vincent,
11:42mais certains sont convaincus que la Providence va les désigner,
11:47pour Jean-Luc Mélenchon c'est un peu surprenant,
11:49mais au-delà de la Providence,
11:53Jean-Luc Mélenchon fait aussi le pari,
11:55s'il se retrouve face à Marine Le Pen,
11:56que le barrage républicain fonctionnera toujours,
11:58mais cette fois-ci dans son sens,
12:00et on l'a bien vu aussi lors des législatives,
12:02pourquoi il a retiré toutes ses candidatures
12:05du Nouveau Front Populaire,
12:07pour faire élire des députés
12:09Ensemble pour la République ou Horizon ou autre,
12:12c'est parce qu'il espère, en retour,
12:14s'il y a une présidentielle et qu'il se retrouve face à Marine Le Pen,
12:17que le barrage républicain fonctionnera,
12:19et que ce sera à son avantage.
12:20Vous avez raison sur le calcul stratégique qu'il a fait,
12:22mais je pense que les électeurs ne suivront pas.
12:24Ils ont suivi en juin dernier,
12:27parce qu'ils ne souhaitaient pas
12:29que le RN accède au pouvoir.
12:30Il y a eu une majorité de Français,
12:32on peut s'en féliciter ou le regretter,
12:35mais c'est comme ça,
12:36il y a eu une majorité de Français qui a dit non au RN.
12:39Mais dans le cas d'un duel entre Mélenchon et Le Pen,
12:42il me semble qu'il y a une bonne partie des Français
12:44qui seraient plus qu'embarqués,
12:46et le caractère repoussoir de Jean-Luc Mélenchon
12:49est devenu supérieur à celui de Marine Le Pen.
12:51Évidemment, et aussi pourquoi ça a si bien marché en Juillet,
12:54c'est parce que ce n'était pas forcément la figure de Jean-Luc Mélenchon
12:57qui était mise en avant,
12:59c'était plus celle du nouveau Front Populaire,
13:01dans lequel il y avait François Hollande, Raphaël Lutzmann,
13:03qui sont des personnalités qui ont peut-être plus rassuré
13:06les électeurs centristes ou de centre-gauche,
13:08et donc qui ont permis que ce barrage marche.
13:11Si c'est uniquement la candidature de Jean-Luc Mélenchon,
13:13là c'est sûr que sa personnalité fera peut-être repoussoir.
13:17Vous avez complètement raison.
13:18Elle peut aussi attirer pour une part.
13:20Il y a une erreur que fait à mon sens Jean-Luc Mélenchon,
13:23mais je peux me tromper,
13:25c'est qu'il veut attirer à lui ce que moi j'appellerais,
13:30et notamment les quartiers,
13:32ce que moi j'appellerais le nouveau Lumpen Proletariat.
13:35Or, Marx a très bien prophétisé ça,
13:38en disant, attention,
13:40le Lumpen Proletariat peut à tout moment se retourner contre nous,
13:43il faut donc s'en méfier comme de la peste.
13:45Je traduis Marx très mal,
13:47mais grosso modo, en tous les cas, c'est l'esprit.
13:50C'est l'idée.
13:51C'est l'idée.
13:52Et Jean-Luc Mélenchon fait le pari contraire.
13:55Dans le même temps, il faut lui reconnaître que,
13:57la dernière fois, il lui a manqué pour accéder au deuxième tour,
14:00les voix...
14:01300 000 voix.
14:02Et qui sont celles de qui ?
14:03De Fabien Roussel.
14:04Oui, mais alors...
14:05Messieurs, on va vous retrouver dans quelques instants.
14:08Mon cher Alix, c'est très content.
14:09J'ai profité d'une petite latence,
14:11et c'est rare avec vous, chers messieurs.
14:13Merci, chère Stéphane.
14:14Oui, c'est agréable.
14:15C'est un petit moment.
14:16Vincent Roy, Philippe,
14:19on vous retrouve dans quelques instants,
14:21Alexis de La Fontaine,
14:23et on continuera à parler, évidemment,
14:25d'Emmanuel Macron et de ce qu'on peut en attendre de cette allocution.
14:33Et on se retrouve avec nos débatteurs de la première heure,
14:36Vincent Roy et Philippe Guybert.
14:38Bonsoir, messieurs.
14:40Bonsoir, madame.
14:41Alexis de...
14:42Madame, c'est quoi ce madame ?
14:43Philippe Guybert...
14:44Enfin, voyons.
14:45Vous pouvez m'appeler...
14:46Stéphanie.
14:47Tout à fait.
14:48Alors, Alexis de La Fontaine,
14:49service politique d'Europe 1.
14:51On s'en souvient, il y a un an,
14:53Emmanuel Macron annonçait une année de fierté française
14:57avec le 4ème...
14:584ème...
14:59Pardon.
15:0080ème anniversaire du débarquement allié en Normandie,
15:03les JO, la réouverture de Notre-Dame.
15:06Le moins qu'on puisse dire,
15:07c'est que ça ne s'est pas exactement passé comme ça, Alexis.
15:10Oui, vous l'avez dit, Emmanuel Macron,
15:11il y a un an, jour pour jour,
15:12promettait fierté et détermination aux Français,
15:15mais tout ne s'est pas passé comme prévu.
15:178 jours plus tard,
15:18Elisabeth Borne est poussée vers la sortie
15:20et Gabriel Attal fait son entrée à Matignon.
15:22Le plus jeune président de la République de l'Histoire
15:24nomme le plus jeune Premier ministre de l'Histoire.
15:27Je ne veux y voir qu'un seul symbole,
15:30celui de l'audace et du mouvement.
15:33Le jeune loup n'a qu'un seul objectif,
15:35battre Jordan Bardella 5 mois plus tard
15:37lors des élections européennes.
15:38Mais Gabriel Attal et Valérie Ayé échouent totalement.
15:41La liste présidentielle a réuni 2 fois moins d'électeurs
15:43que celle du Rassemblement national.
15:45C'est le début de la crise politique
15:47et Jordan Bardella s'engouffre.
15:49Emmanuel Macron est ce soir un président affaibli.
15:52Jusqu'ici privé de majorité absolue à l'Assemblée
15:55et désormais rétréci dans ses moyens d'action
15:58au sein du Parlement européen.
16:00Sous peine de persévérer dans une impasse démocratique,
16:04le président de la République doit choisir
16:06de s'en remettre à l'esprit des institutions.
16:09Nous lui demandons solennellement
16:11de prendre acte de cette nouvelle donne politique,
16:13d'en revenir au peuple français
16:15et d'organiser de nouvelles élections législatives.
16:20À peine demandé, déjà servi,
16:22Emmanuel Macron cède sous la pression.
16:24J'ai décidé de vous redonner
16:26le choix de notre avenir parlementaire par le vote.
16:30Je dissous donc ce soir l'Assemblée nationale.
16:33Ni une ni deux, les ennemis d'hier
16:35deviennent les amis de demain.
16:37Éric Ciotti, le patron des Républicains,
16:39franchit le Rubicon et s'allie avec Marine Le Pen.
16:41La gauche, éclatée en mille morceaux,
16:43se rassemble immédiatement sous la bannière
16:45du nouveau Front populaire.
16:47Un accord purement électoral, finalement très payant.
16:49Il est 20h.
16:51D'après les premières estimations
16:53de notre partenaire OpinionWay,
16:55c'est le nouveau Front populaire
16:57qui obtient le plus de sièges
16:59dans nos projections.
17:01La gauche en tête, mais sans majorité,
17:03car l'Assemblée nationale est partagée
17:05en trois blocs politiques totalement opposés.
17:07Pas de quoi freiner Jean-Luc Mélenchon
17:09qui se voit déjà à Matignon.
17:11Le nouveau Front populaire
17:13appliquera son programme.
17:15Rien que son programme,
17:17mais tout son programme.
17:19Alors, face à l'intransigeance
17:21de la gauche, Emmanuel Macron se tourne
17:23vers la droite. Après 51 jours
17:25sans gouvernement, le président nomme
17:27Michel Barnier comme Premier ministre
17:29avec une seule mission, ne pas être censuré.
17:31Mais après plusieurs maladresses
17:33et un budget trop dépensier,
17:35Marine Le Pen fait tomber le coup près.
17:37Nous faisons une motion de censure
17:39et nous voterons la censure du gouvernement.
17:41C'est une première depuis 40 ans.
17:43Michel Barnier est renversé.
17:45Emmanuel Macron est face au mur.
17:47Une crise politique s'installe
17:49et aucune solution ne pointe le bout de son nez.
17:51Affaibli, le président est contraint
17:53à nommer François Bayrou à Matignon.
17:55Alors 2025 sera-t-elle l'année
17:57de l'apaisement et de la stabilité
17:59ou bien signera-t-elle l'implosion
18:01de notre système politique avec la condamnation
18:03potentielle de Marine Le Pen, ou pire,
18:05la démission d'Emmanuel Macron ?
18:07Alexis de La Fontaine du service politique d'Europe 1.
18:09Remarquable récapitulatif parce qu'il fallait
18:11franchement se rappeler de tous ces points
18:13qui donnent le tournis quand même.
18:15J'ai une question pour Alexis de La Fontaine
18:17parce que vous dites,
18:19vous mettez le son Bardella
18:21qui dit
18:23qu'il faut qu'Emmanuel Macron
18:25dissolve l'Assemblée
18:27et vous dites sous la pression
18:29Macron dissout.
18:31C'est dans votre texte, je l'ai lu.
18:33Pas sous la pression de Bardella.
18:35Il dissout sous quelle pression ?
18:37La pression d'Attal peut-être ? La pression de qui ?
18:39Ah non, la pression des électeurs.
18:41Je ne suis pas sûr.
18:43Je pense qu'il y a des gens dans l'entourage de Macron
18:45qui font précisément pression de manière
18:47à ce qu'il dissolve.
18:49C'est notre réponse à la question.
18:51Moi je pense qu'il
18:53dissout sous
18:55la pression des difficultés des finances publiques.
18:57Donc il se dit qu'il n'arrivera
18:59jamais à faire passer un budget
19:01à la rentrée, vu son impopularité.
19:03Et que ça ne passera pas.
19:05Et que pour contourner cet obstacle
19:07il décide de dissoudre.
19:09Le paradoxe
19:11et l'échec
19:13de cette démarche
19:15c'est qu'on a bien eu effectivement
19:17un autre gouvernement qui a présenté un budget
19:19lequel a été effectivement
19:21repoussé après
19:23censure.
19:25Pour l'instant, la seule explication qu'a donnée
19:27Emmanuel Macron à cette dissolution, c'est qu'il ne
19:29voulait pas, après les résultats
19:31du 9 juin qui ont donné une large majorité
19:33une large victoire au
19:35Rassemblement National avec 32%
19:37des voix, contre seulement 14%
19:39pour la liste présidentielle. Il dit
19:41qu'il ne pouvait pas avoir une assemblée aussi décalée
19:43par rapport au vote des Français.
19:45Et donc il était obligé de dissoudre
19:47l'Assemblée Nationale. C'était pas tout à fait
19:49faux. Et d'ailleurs
19:51ce qui n'avait pas marché entre
19:532022 et 2024, c'était une alliance
19:55entre les macronistes
19:57et puis la droite, pour aller vite,
19:59ne se serait pas produit après
20:01les résultats des élections européennes.
20:03Le problème d'Emmanuel Macron,
20:05c'est que son diagnostic n'était pas tout à fait faux.
20:07Il était même en bonne partie juste.
20:09Le problème est qu'il a utilisé
20:11un calendrier de précipité
20:13en brutalisant un peu
20:15les électeurs et tout le monde
20:17et s'est retrouvé un peu
20:19éberlué devant cette décision
20:21qui pourtant était réclamée par le
20:23Rassemblement National et que ça a
20:25donné dans la précipitation
20:27un jeu d'alliance d'entre-deux tours
20:29qui n'a pas produit de majorité.
20:31Voilà, c'est ça la réalité.
20:33Allez Philippe, soyons sérieux.
20:35Je suis
20:37ta thèse.
20:39Donc, si
20:41tu es président de la République, élu au
20:43suffrage universel,
20:45tu es désavoué. Souviens-toi
20:47d'un son de Macron qui nous explique tout ça.
20:49Tu es désavoué, tu sens que le peuple n'est plus...
20:51Et tu es désavoué absolument
20:53politiquement.
20:55Tu vois où je veux t'emmener, évidemment.
20:57Tu as compris.
20:59Et donc je te pousse
21:01dans tes derniers tranchements
21:03puisque je t'ai entendu dire qu'il n'a pas pu faire autrement
21:05puisque finalement, si l'Assemblée
21:07puisque là
21:09il dissout parce qu'il sent que
21:11l'Assemblée ne correspond plus à ce que pensent les Français
21:13mais les Français en majorité ne pensent
21:15plus non plus que finalement...
21:17Comment ça se passe ?
21:19Il a perdu
21:21et personne ne gagne, c'est ça la difficulté.
21:23C'est vrai qu'il ne pouvait pas le prévoir.
21:25S'il avait eu une victoire nette
21:27du RN par exemple,
21:29il aurait pu se mettre en situation de cohabitation
21:31comme l'ont fait avant lui.
21:33La victoire du RN, c'est eux qui ont le plus...
21:35Non, pas en termes de sièges justement, parce qu'ils n'ont que 123 sièges.
21:37Non, parce que
21:39le NFP est composite.
21:41Oui.
21:43Il y a ça aussi, c'est quand même un vrai problème.
21:45Ce n'est pas avec 123 sièges que tu peux diriger
21:47le pays.
21:49Pour moi, c'est ça l'événement
21:51de 2024 politique,
21:53c'est la tripolarisation.
21:55Et on n'en est pas sortis parce que
21:57il y a un électorat, il y a une poussée très forte
21:59du côté du RN sur des thématiques
22:01de la sécurité et de l'immigration
22:03qu'on voit venir depuis longtemps
22:05et qui en 2024 s'est vraiment confirmée.
22:07Il y a quand même un bloc de gauche
22:09qui est loin de ce qu'il était il y a 20 ans
22:11mais enfin quand même qui représente
22:1325-30% du pays
22:15et puis au milieu il y a des tas de gens
22:17qui ne se reconnaissent ni dans l'un ni dans l'autre
22:19mais qui existent. Le bloc central
22:21il existe, même s'il a perdu les élections.
22:23Et il y a un moteur qui est celui de la
22:25Vème République
22:27Oui, mais il faut qu'elle change la Vème République.
22:29C'est une vraie question.
22:31Moi c'est là-dessus que j'attends Macron ce soir.
22:33Vous vous attendez à des annonces...
22:35Il y a un moteur qui brique
22:37avec la tripartition.
22:39Avec la tripartition, il y a un moteur qui brique.
22:41La Vème République
22:43ne peut pas supporter
22:45pour fonctionner, pour tourner rond
22:47puisque je prenais la métaphore du moteur
22:49pour tourner rond, elle ne peut pas supporter
22:51la tripartition.
22:53En faisant évoluer quelques règles,
22:55il faut qu'elle s'adapte à la Vème République.
22:57Ça passe par la question de la proportionnelle.
22:59Oui, j'allais y venir, mais enfin
23:01doit-on s'attendre à des annonces de ce point de vue-là ?
23:03Je trouve qu'un président
23:05de la République qui ne gouverne plus
23:07Emmanuel Macron
23:09c'était Barnier, maintenant c'est Bérou.
23:11Et qui doit,
23:13qui justement est dans son rôle
23:15de président, moi j'aimerais qu'il fasse
23:17une ouverture ce soir en disant
23:19compte tenu de la composition politique du pays
23:21il faut qu'on change une règle
23:23qui est notre mode de scrutin parce que sinon ça ne marchera pas.
23:25On ne peut pas marcher.
23:27Est-ce qu'on doit s'y attendre Alexis de la Fontaine ?
23:29Visiblement il ne faut pas trop s'attendre à cette annonce.
23:31Des informations qu'on a
23:33en tous les cas, Emmanuel Macron veut plutôt
23:35se présenter au-dessus de la mêlée
23:37et donc il ne devrait pas faire d'annonce ni sur la proportionnelle
23:39ni sur des mesures de son gouvernement.
23:41C'est dommage.
23:43Il devrait plutôt donner un cap
23:45à long terme.
23:47Peut-être va-t-il aborder la question
23:49d'une nouvelle dissolution en juin, peut-être va-t-il
23:51dire que... C'est dangereux ça.
23:53Non mais dans le sens où dire
23:55peut-être s'engager à ne pas dissoudre
23:57en juin prochain si François Bayrou
23:59est en tout cas
24:01maintenu et n'est pas renversé
24:03ça c'est plutôt une hypothèse sur laquelle
24:05il pourrait se tourner. Vincent Roy, vous pensez
24:07qu'il y ait une seule chance, il y en a une
24:09qui relance une forme de
24:11quinquennat ? Non je pense que si ce soir
24:13alors là je serais plutôt, pour le coup
24:15je suis plutôt d'accord
24:17avec Philippe, si
24:19ce soir il ne met pas les mains dans le cambouis
24:21et qu'il reste en hauteur
24:23comme il a l'habitude de le faire
24:25on aura l'impression
24:27qu'il a parlé pour ne rien dire.
24:29Exactement. Ça ne va servir à rien.
24:31Ce soir il doit annoncer...
24:33Mais qu'est-ce que vous voulez qu'il annonce pour
24:35justement...
24:37Peut-être un changement de scrutin, il a raison Philippe.
24:39Mais s'il n'est plus le chef
24:41de l'exécutif, enfin du gouvernement
24:43de la politique quotidienne
24:45il doit prendre de la hauteur
24:47d'accord ? Donc il est arbitre
24:49garant du bon fonctionnement des institutions.
24:51Or pour que ces institutions fonctionnent
24:53bien, on doit, à mon avis
24:55et pas qu'à mon avis, se poser
24:57la question de la proportionnelle. Donc il me semble
24:59qu'il est dans son rôle de président
25:01qui préside en lançant
25:03cette idée. Après ce n'est pas à lui de décider
25:05ce sera à l'Assemblée nationale.
25:07Je trouve qu'il peut ouvrir un débat.

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