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Regardez L'invité événement avec Agnès Bonfillon du 03 janvier 2025.

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00:0010h45, 15h45, 5 heures de prise d'otage à la prison d'Arles aujourd'hui, on vous en parlait dans le journal.
00:10Le détenu a fini par se rendre, les 5 personnes retenues sont saines et sauves.
00:15Bonsoir Jesse Sagari.
00:17Bonsoir.
00:18Vous êtes délégué national FO justice, vous êtes toujours devant l'établissement.
00:22Ce soir tout d'abord, avez-vous des nouvelles des 5 personnes retenues en otage ?
00:27Ce que nous a transmis l'administration, c'est que moi je ne les ai pas vues personnellement,
00:31mais ils sont retournés sains et sauves auprès de leur famille.
00:34Ils vont évidemment bénéficier d'un suivi j'imagine bien ?
00:38C'est ce que nous espérons, qu'il y ait un suivi par rapport à cette situation
00:44et que l'administration ne les lâche pas, mais l'administration sera à leur côté
00:48et les psychologues seront mis à leur disposition.
00:51Jesse Sagari, quelles sont les informations que vous avez sur le déroulement de cette prise d'otage ?
00:56Comment cela a pu être possible tout simplement ?
00:59Certains sont étonnés qu'un détenu se trouve dans l'infirmerie,
01:04ce qu'on appelle l'unité sanitaire milieu pénitentiaire.
01:06Le détenu a été convoqué à l'USMP, donc à l'infirmerie.
01:11De là, il a créé une arme artisanale par rapport à une attelle qu'il avait à son bras,
01:17par rapport à un problème médical.
01:20Lorsqu'il est arrivé sur l'infirmerie, il a procédé à la prise d'otage tout simplement,
01:27sur lequel vous avez vu le dérouler, par rapport à la libération de ses cinq agents.
01:33Et lorsqu'un détenu est amené à l'infirmerie comme ça,
01:36est-ce qu'il y a un protocole particulier en termes de sécurité ?
01:39Non. Quand il quitte le bâtiment, il passe sous le portique de sécurité.
01:44C'est un détecteur de métal comme vous avez dans les aéroports.
01:47Mais comme le détenu portait sur lui une attelle, forcément, il sonnait à ce niveau-là.
01:52La fabrication d'une arme artisanale, c'est un risque impossible à éliminer en prison ?
01:58Oui, c'est impossible. Vu tout le matériel dont il bénéficie dans leurs cellules,
02:04que ce soit du matériel médical, des morceaux de verre, du plastique, etc.
02:10Oui, c'est quelque chose qui existe et qui existera.
02:13Pas de blessés, heureusement. Le détenu, lui, a fini par se rendre.
02:17Là aussi, est-ce que cela a été possible au terme d'une longue négociation avec leur aide ?
02:22La négociation a commencé avec l'ERIS. Il ne faut pas l'oublier.
02:26L'administration pénitentiaire bénéficie de ce genre d'équipe.
02:29C'est l'équipe régionale d'intervention de sécurité de Marseille qui est venue.
02:32Elle est venue très rapidement, vers midi, alors que la prise d'otages a commencé vers les 11 heures.
02:38Vous avez pu voir leur efficacité et leur rapidité.
02:41Eux-mêmes ont commencé les négociations et les ont continuées, après accompagnées par leur aide.
02:46Ils ont réussi à faire que le détenu se rende et libère d'abord les otages au fur et à mesure,
02:53et après libère totalement les otages et se rende.
02:56Vous avez pu assister à ces négociations ?
02:58Non, négatif. À ce niveau-là, quand il arrive ce genre de situation,
03:02l'établissement est totalement bloqué pour être sécurisé.
03:05Je n'ai pas accès à la cellule de crise ni aux négociations.
03:08Vous nous confirmez que ce détenu est connu pour des troubles psychiatriques importants,
03:12c'est ce qui se dit dans les informations qui nous remontent ?
03:15Oui, je vous confirme qu'il a un passé psychiatrique, qu'il a des troubles psychiatriques,
03:20et que sa place n'est pas dans un établissement pénitentiaire.
03:23Je sais qu'aujourd'hui, beaucoup de détenus ont ce genre de troubles,
03:27et c'est pour ça que FO Justice réclame des établissements spécialisés,
03:31de la classification des établissements.
03:33Oui, parce qu'on est très étonné de se dire que ce type de profil n'a pas de suivi spécifique,
03:37en tout cas n'est pas isolé, ou en tout cas dans un établissement spécialisé.
03:43Tout à fait, alors qu'il existe des structures pas assez, comme l'UHSA sur Marseille,
03:48ou alors moi j'ai milité avec le directeur interrégional, M. Alves,
03:52pour ouvrir une troisième aile qui depuis 10 ans n'a pas été ouverte.
03:56Donc nous avons une aile qui a été construite,
03:58et le milieu hospitalier ne nous fournit pas les moyens nécessaires
04:01pour y mettre les détenus atteints de troubles psychiatriques.
04:03On en revient toujours à la question de moyens ?
04:07Oui, les moyens, c'est sur ça que nous comptons sur M. Darmanin,
04:11justement pour aller chercher un budget, un budget conséquent,
04:14parce que lui-même reconnaît que même si M. Dupond-Moretti
04:18a réussi à faire augmenter notre budget,
04:20aujourd'hui le budget du ministère de la Justice est en dessous
04:23de ce qu'il devrait être par rapport aux autres pays.
04:25On en revient justement à Gérald Darmanin,
04:27le garde des Sceaux était à Marseille hier soir,
04:29sur le fait que tous les prisonniers ne peuvent plus être détenus
04:32de la même façon dans les mêmes quartiers.
04:34Ça, il insiste, il semble être conscient de cette problématique.
04:38Alors, il en est conscient, et nous nous en satisfaisons,
04:41parce que nous le réclamons depuis 2018,
04:44des établissements spécialisés, et pas des quartiers spécifiques
04:46comme certains l'ont réclamé.
04:47Nous, on voulait vraiment des établissements
04:49où vous mettez un pack sécuritaire sur un établissement
04:51avec de gros profils, comme les terroristes,
04:54un autre établissement où vous mettez du gros banditisme,
04:57et un établissement, par exemple, où vous avez le pack de réinsertion
04:59avec des petits délits, et bien sûr des établissements
05:02adaptés aux cas psychiatriques,
05:04comme nous venons de le voir sur la maison centrale d'Arles,
05:06où beaucoup de détenus sont actuellement incarcérés
05:08et n'ont pas leur place dans ce genre d'établissement,
05:10parce qu'il n'y a pas de prise en charge spécifique
05:12avec des agents formés et du matériel approprié.
05:16Et pourtant, il s'y trouve donc,
05:18justement, vous parliez de formation,
05:20la formation des agents, est-ce qu'elle existe,
05:22puisqu'on ne peut pas faire autrement que de mettre
05:24ce type de détenus dans les établissements
05:27comme celui d'Arles ?
05:30Les formations au niveau psychiatrique peuvent exister,
05:33elles ne sont pas obligatoires,
05:35parce qu'il faut être formé par des médecins psychiatriques,
05:38mais aujourd'hui, il n'y a pas assez de formations,
05:40voire elles sont très éloignées,
05:42et déjà, au niveau des formations,
05:44on aimerait en avoir plus au niveau sécuritaire,
05:46ce que l'administration fait de sorte, au niveau régional,
05:48de faire aux agents.
05:50Ce serait quoi comme type de formation
05:52par rapport à un détenu qui souffre de troubles psychiatriques ?
05:55Déjà, prendre les agents qu'ils aillent voir,
05:57par exemple, dans les hôpitaux psychiatriques du coin,
06:00qui se mettent dans la peau d'un infirmier psychiatrique,
06:02qu'ils voient comment c'est géré,
06:04comment le personnel médical gère cette situation,
06:07en sachant que, bien sûr, il n'y a pas de traitement à donner,
06:09car c'est le personnel médical qui le donne,
06:11mais au moins, savoir gérer, discuter,
06:13vu qu'ils sont là, malheureusement,
06:15mais le principal, c'est de les mettre dans des structures
06:17comme Château-Thierry, qui est adapté aux cas psychiatriques.
06:20Et en termes de sécurité,
06:22quelle formation supplémentaire demandez-vous ?
06:26Aujourd'hui, avec l'intervention de M. Dupont-Moretti,
06:30nous avons obtenu du matériel de sécurité
06:33qui doit se mettre en place.
06:35Maintenant, nous attendons qu'ils arrivent,
06:37comme les chaînes d'appui qui sont actuellement
06:39à l'essai sur la 60e pénitentiaire d'Aix-Suine,
06:42ou les brigades motorisées sur la dispe de Paris.
06:45Nous avons aussi les caméras portatives,
06:47les PIE, les pistoles à impulsion électrique,
06:50que nous attendons vraiment leur généralisation sur les établissements.
06:53Cette prise d'otage, on le disait,
06:55heureusement, on n'a fait aucun blessé,
06:57tout s'est bien fini, entre guillemets.
07:00On apprend que ces détenus, finalement,
07:02avaient pour mobile de changer de prison.
07:05Ça semble dérisoire par rapport à ce qu'il a fait.
07:09Oui, est-ce qu'il n'y avait que ça comme argument qu'il a donné ?
07:13Enfin, il les a donné officiellement.
07:15Est-ce qu'il n'y a pas d'autre argument ?
07:17Ça, on le saura avec l'enquête qui sera en cours.
07:19Mais là, le détenu, déjà, change de statut
07:21et sera forcément incarcéré sur un autre établissement,
07:24mais par rapport au fait qu'il va avoir une affaire supplémentaire.
07:28Oui, il sera jugé pour cela aussi ?
07:30Exactement.
07:32Pour l'instant, il va être mis sur un établissement,
07:34peut-être sûrement retourné en maison d'arrêt,
07:36parce qu'il y a le statut de prévenu
07:38qui prime sur le statut de condamné.
07:40Est-ce que, selon vous, c'est une fois de plus
07:42l'illustration d'un manque de moyens
07:44que tout le monde dénonce au sein des prisons ?
07:47Ou, finalement, cela fait partie des risques du métier ?
07:51C'est vrai que l'actualité sur la pénitentiaire,
07:53c'est impressionnant,
07:55parce que depuis ces dernières années,
07:57on entend beaucoup plus parler de la pénitentiaire qu'avant.
08:00Pour moi, il y a beaucoup de choses qu'on ne peut pas éviter,
08:03mais il y a beaucoup de situations graves
08:05qui peuvent être évitées, comme celle-ci, d'ailleurs,
08:08ou d'autres, comme ce qui s'est passé sur Marseille,
08:11avec les menaces de mort et les contrats
08:13qu'il y a eu sur les deux agents pénitentiaires
08:15qui sont la directrice et le chef détention adjoint.
08:18Oui, tout à fait, on rappelle que la directrice des Bomet
08:20a été mise au vert,
08:23éloignée temporairement de ses fonctions
08:26pour avoir subi des menaces, tout comme un adjoint à elle.
08:29Tout à fait.
08:31Ce qui semble quand même... Pardon,
08:33nous, quand on le voit ça de l'extérieur,
08:35on dit que c'est dingue que cela puisse arriver aujourd'hui.
08:39Oui, c'est quelque chose qu'on n'envisageait pas,
08:42qu'on n'avait jamais vu,
08:44et maintenant, on va devoir s'adapter,
08:46et faire qu'on donnera plus de pouvoir aux judiciaires
08:49et aux magistrats,
08:51et des établissements spécialisés
08:53pour incarcérer ce genre de personnes,
08:55car on ne doit pas faillir devant la criminalité,
08:57au contraire, on doit être présent,
08:59et on ne doit pas reculer,
09:01et là, je rejoins M. Darmanin,
09:03lorsqu'il a dit qu'on doit toucher au portefeuille
09:05de ces personnes.
09:07Les narcotraficants, oui.
09:09Exactement, oui, bien sûr qu'il faut toucher.
09:11Là, le problème de l'administration,
09:13c'est que c'est très lent,
09:15alors je ne mets pas en cause
09:17les magistrats, ou le personnel qui travaille,
09:19ni le judiciaire,
09:21mais actuellement, ça va trop lentement,
09:23et des sommes astronomiques
09:25dorment, alors qu'on pourrait les utiliser,
09:27ou les confisquer, tout simplement.
09:29Mais pour ça, il faut refaire la loi,
09:31ou appliquer strictement la loi.
09:33Merci beaucoup, Jesse Zagari,
09:35d'avoir été en direct sur RTL.
09:37Je rappelle que vous êtes délégué national FO Justice,
09:39et merci à Étienne Baudu, qui est à vos côtés,
09:41qui nous a permis cette liaison technique.
09:43Dans un instant, le journal de 18h30.