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Regardez L'invité événement avec Agnès Bonfillon du 31 décembre 2024.

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00:00Anis Bonfillon et Antoine Cavallero, RTL Soir.
00:04Moins 5% les ventes de voitures neuves ont encore baissé cette année.
00:08Encore, car cela fait 5 ans que ça dure, c'est du jamais vu depuis 20 ans.
00:13Bonsoir Flavien Neuville.
00:14Bonsoir.
00:15Vous êtes le directeur de l'observatoire automobile CTLM.
00:18Avec ces chiffres, peut-on dire que 2024 a été une année noire pour le secteur automobile ou on exagère ?
00:24Non, c'est vraiment une année difficile et comme vous venez de le dire,
00:27c'est une année qui s'inscrit dans une tendance baissière depuis 2020 en réalité.
00:32Quand on compare les chiffres de 2024 avec ceux de 2019, la dernière année avant la crise sanitaire,
00:37on fait à peu près 500 000 matriculations de moins qu'en 2019, c'est énorme.
00:41Cela fait maintenant 4 ans que ça dure.
00:44C'est une période difficile pour l'industrie de l'automobile.
00:46Il faut bien comprendre que le marché européen, lui aussi, est plutôt en panne.
00:50Pour les constructeurs, c'est compliqué, pour les équipementiers, c'est compliqué.
00:53Mais il ne faut pas non plus oublier les concessionnaires automobiles,
00:56parce qu'il y a beaucoup d'emplois sur notre territoire.
00:58Vraiment, le contexte est difficile.
01:00Les véhicules électriques sont particulièrement concernés par ces baisses.
01:03Pourtant, c'est un gros enjeu pour les constructeurs, obligés d'en produire.
01:07Ce qui est assez paradoxal finalement.
01:09Disons que les voitures électriques, effectivement, il était prévu initialement une trajectoire haussière jusqu'en 2035.
01:15Puisqu'en 2035, normalement, c'est 100% de voitures neuves électriques.
01:19Mais quand on regarde les chiffres de 2024, on voit qu'on est plutôt sur un plateau.
01:23Et même sur cette fin d'année, les ventes reculent.
01:25Et donc, on voit bien qu'il y a l'ombre d'un doute autour de la voiture électrique,
01:27notamment du côté des automobilistes qui s'interrogent sur la pertinence d'acheter une voiture électrique.
01:31Il ne faut pas non plus oublier qu'elles sont beaucoup plus chères que les voitures thermiques.
01:34Évidemment, dans une période d'incertitude économique et aussi politique, parce que c'est un ensemble,
01:39ça incite plutôt les automobilistes à attendre avant de changer de voiture.
01:43Et la vente de voitures neuves en baisse ?
01:45Effectivement, on ne peut pas ne pas parler du prix et pas seulement de l'électrique.
01:49C'est un énorme poste de dépense pour un ménage.
01:51En moyenne, on le rappelle, pour acquérir un véhicule neuf, il faut débourser 32 000 euros.
01:56On peut comprendre que les gens hésitent.
01:58En fait, c'est très simple.
02:00Quand on regarde l'évolution des prix des voitures neuves sur ces 20 dernières années,
02:03les prix ont augmenté deux fois plus vite que l'inflation.
02:05Et donc, aujourd'hui, pour beaucoup de ménages, acheter une voiture neuve, c'est juste impossible financièrement.
02:10Et même pour les ménages qui en ont les moyens ou qui en auraient les moyens,
02:13ils préfèrent plutôt se tourner vers le marché de l'occasion parce que ce sont des sommes qui sont très importantes.
02:18Et quand on regarde en parallèle, par exemple, le taux d'épargne des ménages, il est à un niveau très élevé.
02:21Donc, on voit bien qu'il y a de l'attentisme et qu'on a des consommateurs, des automobilistes
02:25qui sont plutôt dans une situation d'attente plutôt que de se précipiter pour changer de voiture.
02:29Les constructeurs doivent faire attention par rapport à l'évolution des prix parce qu'effectivement,
02:33aujourd'hui, je crois qu'on arrive à un point de rupture qui fait qu'on a un nombre de ménages
02:38qui achètent une voiture neuve qui est extrêmement faible.
02:40Je vous donne juste ce chiffre très rapidement.
02:42Au milieu des années 90, il y a 30 ans, on avait chaque année 8 % des ménages qui achetaient une voiture neuve.
02:47Là, on est à 2,5 %. Donc, vous voyez, en fait, on a un effondrement des ventes aux particuliers.
02:51Et ça, c'est lié, bien sûr, au prix. Pas seulement, mais quand même, les prix jouent un rôle important.
02:56Mais pourquoi les prix ont autant augmenté ?
02:59Il y a plein de raisons. Il y a la réglementation parce qu'on demande aux constructeurs, effectivement,
03:02de dépolluer les voitures. Donc, ils investissent beaucoup dans des équipements électroniques.
03:06Ils investissent beaucoup en recherche et développement et ça, ça leur coûte très cher
03:09et ça se répercute sur les prix. Il y a également le fait que les constructeurs ont plutôt tendance
03:13à privilégier les véhicules haut de gamme, les crossover, les SUV, qui sont des plus gros véhicules,
03:17qui sont très équipés. Quelquefois, on pourrait même dire trop équipés pour certains automobilistes
03:21parce que sur les gros véhicules, ils font des marches plus importantes.
03:24Simplement, c'est que s'ils ne vendent plus de voitures ou plus beaucoup de voitures,
03:27les grosses voitures, évidemment, ça devient contre-productif parce qu'ils ont quand même besoin
03:31de faire tourner les usines. Et aujourd'hui, on a un taux d'utilisation des usines
03:34dans l'industrie automobile qui est relativement faible, en tout cas pas suffisant
03:37pour l'industrie automobile dans son ensemble.
03:40Flavien Neuville, des voitures trop chères, cela explique le succès du leasing social.
03:44Je rappelle le concept. On paye une sorte de loyer, 100 euros par mois si on est éligible
03:48pour bénéficier d'un véhicule électrique. Ça a été un vrai succès cette année.
03:5250 000 foyers en ont bénéficié et ça va être renouvelé d'ailleurs.
03:56Oui, on attend de savoir précisément les modalités du renouvellement du leasing social.
03:59Mais comme vous le dites, ça a été un grand succès, ce qui montre que quand la voiture électrique
04:03est financièrement accessible, elle remporte un certain succès.
04:06Donc la question du prix est vraiment une question centrale.
04:10Et on le voit aussi sur d'autres indicateurs. Si on regarde par exemple un autre sujet,
04:14les voitures sans permis sont des petites voitures qui sont moins chères que les autres.
04:17Elles marchent très bien, mieux que prévues, d'ailleurs mieux qu'anticipées.
04:20Les constructeurs s'interrogent pour savoir s'il ne faut pas aller sur ce segment-là.
04:23C'est vrai qu'au fil du temps, les constructeurs ont eu tendance à abandonner un petit peu
04:26le secteur des petites voitures, des mini citadines. C'était les Twingo, c'était les 106,
04:30toutes ces voitures-là qui étaient moins chères, mais évidemment moins rentables pour eux.
04:34Mais on se rend compte qu'il y a quand même une demande. Donc la question, c'est de savoir
04:37si dans l'avenir, effectivement, on ne va pas de nouveau avoir des modèles sur ce segment
04:40qui est un segment, à mon avis, qui a un potentiel assez significatif.
04:43Alors, il y a une catégorie qui tire quand même son épingle du jeu, c'est l'hybride
04:47qui est passé devant l'essence. Ça, c'est historique. Il est là, l'avenir de la voiture ?
04:51En tout cas, c'est une technologie, une motorisation qui rassure les automobilistes.
04:55Tout à l'heure, je vous disais qu'on avait des automobilistes qui étaient un peu dans le flou.
04:59Le titre dont on est rétudiant l'année dernière, c'était l'automobiliste dans le brouillard.
05:02C'est bien ça, c'est-à-dire qu'il est un peu perdu, il ne sait plus ce qu'il faut acheter.
05:05La voiture électrique est très chère et puis l'autonomie, la recherche l'interroge beaucoup.
05:10Et c'est vrai que l'hybride répond un peu à ces questions.
05:12Et donc, effectivement, on a vu une explosion des ventes de ces véhicules-là.
05:16Je rappelle quand même qu'en l'état actuel, la réglementation européenne est claire.
05:20En 2035, il n'y aura plus d'hybride non plus. Donc, on se dirige vers le 100 % électrique
05:24si la réglementation ne change pas. Or, elle a quand même beaucoup changé
05:27sur ces dix dernières années. Donc, on verra ce qu'il advient.
05:29Et c'est vrai que l'hybride, finalement, semble séduire beaucoup les automobilistes.
05:33Je pense aux plans sociaux que l'on a vécu ces derniers mois, ces dernières semaines chez Valeo,
05:39Michelin notamment. C'est toute la filière qui trinque, vous le disiez tout à l'heure.
05:42Que peut-on espérer pour 2025 ? Doit-on encore s'attendre à un effet domino ?
05:48Il faut vraiment que les marchés repartent de l'avant.
05:51La clé, c'est que l'industrie automobile retrouve des volumes de ventes suffisants.
05:54Ce qu'il faut bien comprendre, c'est que l'industrie automobile,
05:57ce ne sont pas des petites startups, ce sont des grosses entreprises,
06:00y compris chez les équipementiers. Ça nécessite beaucoup de capitaux.
06:04Et donc, il faut que ça tourne. Et pour que ça tourne, il faut que derrière,
06:07ils vendent des voitures en nombre suffisant. Et donc, il faut que les marchés repartent de l'avant.
06:10Pour qu'ils repartent de l'avant, les marchés, il y a la question du prix.
06:13Et là, la balle est dans le camp des constructeurs, si je puis dire.
06:15Et peut-être que l'année prochaine, ils vont se livrer à une concurrence un peu plus forte
06:18avec des promotions. Et donc, peut-être qu'il y aura plus de bonnes affaires à réaliser.
06:21Il faudra que ceux qui veulent changer de voiture soient très attentifs aux opportunités.
06:25Et puis, le deuxième élément, c'est le contexte économique.
06:28On sait qu'il y a une corrélation très forte entre la croissance économique et les ventes.
06:32À la fois du côté des particuliers, mais n'oublions pas non plus les entreprises
06:35qui achètent beaucoup de voitures. Et quand vous avez une PME qui a 5 véhicules,
06:39par exemple, et qui envisage de changer de véhicule, ça flotte de voitures.
06:43Évidemment, s'il a un carnet de commandes qui est bien rempli, s'il a un peu de visibilité,
06:46ça va l'inciter à investir. Et donc, la croissance économique est un élément clé.
06:51Mais vraiment, il faut que les ventes repartent de l'avant.
06:53Sinon, effectivement, le secteur connaîtra encore des difficultés au cours des prochains mois,
06:57au cours des prochaines années.
06:58Et puis, du concret pour terminer, pour tous les automobilistes qui nous écoutent,
07:01quels sont les changements qui vont s'opérer à partir de demain, 1er janvier ?
07:06Alors, il y a déjà des changements qui ont été effectués, notamment sur tous les bonus écologiques,
07:11malus pour éviter les effets d'open. On attend maintenant de connaître les modalités du désigne social.
07:17On en parlait tout à l'heure. Là, normalement, ce sera publié, j'espère, en début d'année.
07:21Ça dépendra aussi de la loi de finances. Ce que l'on voit au fil du temps, quand même,
07:24c'est que les montants des bonus se réduisent, y compris sur les voitures électriques,
07:28ce qui pénalise d'ailleurs les ventes de voitures électriques,
07:30parce que ça a plutôt tendance à tirer les prix vers le haut.
07:32S'il y a moins d'aide, évidemment, les prix sont plus élevés.
07:35Et puis, une augmentation aussi des malus. Alors là aussi, il faut faire attention,
07:38parce que si on augmente beaucoup les malus sur les voitures thermiques,
07:41ça peut dissuader les automobilistes d'acheter des voitures parce qu'elles sont trop chères.
07:44Et là, ça devient contre-productif parce que ce sera un élément qu'il faut vraiment avoir en tête.
07:48C'est que le parc automobile français, il y a à peu près 38 millions de voitures qui circulent sur nos routes.
07:52Il est de plus en plus vieux, en moyenne, bientôt 12 ans de moyenne d'âge.
07:55Et des vieilles voitures sur nos routes, ce sont des voitures qui sont plus polluantes.
07:58Donc, ce n'est pas bon pour l'environnement.
08:00Et puis, ce sont aussi des voitures qui sont moins sûres pour la sécurité routière.
08:03Merci infiniment, Flavien Neuville, d'avoir été l'invité de RTL le soir.
08:07Dans un instant, le journal de 18h30, puis dans RTL Inside.
08:10Direction les cuisines en restaurant de Sauternes.
08:13À quelques heures du réveillon, on retrouvera notre reporter Denis Grangelot.
08:17À tout de suite.