L'invité de RTL Soir du 03 janvier 2024

  • il y a 7 mois
Regardez L'invité de RTL Soir du 03 janvier 2024 avec Marion Calais et Julien Sellier.
Transcript
00:00 Vous êtes sur RTL.
00:02 Julia Selye, Marion Calais et Cyprien Séni.
00:08 RTL Bonsoir jusqu'à 20h.
00:11 RTL Bonsoir reprend au grand air.
00:14 Maintenant un pied ici en studio à Paris et une botte à Brest au bord de l'océan avec notre invité événement.
00:19 Maintenant c'est un skipper, l'une des stars de la voile.
00:22 Bonsoir Ramel Le Cleac'h.
00:24 Bonsoir.
00:25 Ce week-end vous ferez partie des 6 pionniers, des 6 aventuriers à prendre le départ de la course la plus excitante peut-être depuis des années.
00:33 Le premier tour du monde à la voile sur des ultimes, c'est-à-dire sur ces bateaux géants qui volent sur l'eau.
00:39 C'est l'Arkea Ultimate Challenge.
00:41 Départ de Brest, passage sous l'Afrique, sous l'Australie par le Cap Horn et puis retour à la maison.
00:46 C'est quand même un projet absolument fou Ramel Le Cleac'h.
00:50 Totalement inédit, extrêmement excitant, c'est sans doute une course qui va faire date.
00:55 On est à quelques jours du départ, qu'est-ce qui prédomine ?
00:57 C'est l'impatience ou c'est aussi la peur de l'inconnu ?
01:00 C'est d'abord profiter un petit peu des derniers moments à terre déjà.
01:04 Et puis oui, on part sur quelque chose d'inconnu, hors normes, même si moi je connais le parcours parce que j'ai déjà fait 3 fois le Vendée Globe.
01:11 C'est la même chose mais sur des monocoques.
01:13 Là on part sur des ultimes, ce sont des trimarans, des trimarans géants.
01:16 Ce sont les bateaux les plus grands, les plus difficiles à mener à la voile en solitaire.
01:20 En ce moment, on profite des derniers instants, de la famille.
01:25 Faut jeter, moi je commence à rentrer un peu dans ma course et un petit peu à quitter la terre tranquillement.
01:30 Vous parliez de bateaux géants, pour que nos auditeurs comprennent bien, parce qu'ils ne sont pas tous spécialistes de la voile comme Julien.
01:35 Vos bateaux, ils sont grands comme un terrain de handball avec un mât de la taille d'un immeuble, il faut imaginer 12 étages.
01:41 Et vous pouvez atteindre quasiment 80 km/h en volant sur l'eau.
01:46 C'est bon, j'ai tout bon ?
01:47 C'est ça, exactement. On peut mettre quasiment 3 terrains de tennis les uns à côté des autres.
01:51 Souvent, le public est très nombreux ici à Brest, depuis plusieurs jours.
01:55 La première question qui vient, c'est comment vous faites tout seul sur ces bateaux ?
01:59 Il y a toute une équipe derrière moi, une équipe de techniciens, de spécialistes.
02:02 Moi je suis un peu le pilote de la machine, un peu comme un pilote de Formule 1.
02:05 Et c'est vrai que ce sont des bateaux géants, c'est toujours impressionnant de les voir.
02:10 Et l'objectif, ou du moins la projection, c'est quoi ? C'est de boucler le Tour du Monde en combien de jours ?
02:15 Moi j'amène 50 jours de nourriture, donc j'espère que ce ne sera pas plus long.
02:18 Et des cannes à pêche aussi au cas où ?
02:21 Au cas où, mais on peut imaginer peut-être 45 jours, peut-être un peu moins, peut-être un peu plus.
02:27 On ne part pas pour un record, on part d'abord pour faire une course, d'essayer d'arriver avant les autres.
02:32 Ce sera l'objectif pour moi.
02:34 Et avant de viser une place dans le classement, il va falloir d'abord finir ce Tour du Monde-là, et ça c'est déjà le premier gros morceau.
02:41 Armel Le Cleac'h, est-ce que vous avez la sensation d'être des pionniers, d'être au commencement de quelque chose de grand avec ce Tour du Monde,
02:48 comme lors du premier Vendée Globe sur Monaco en 1989 ?
02:51 Oui, c'est exactement ça. Moi j'avais 12 ans lors du premier Vendée Globe, j'étais collégien, et donc je suivais les aventures de ces marins.
02:59 Ils étaient 13 au départ des Sables d'Olonne en 1989, on les prenait pour des fous, on se demandait combien allaient finir ce Tour du Monde qui n'avait jamais été fait sans escales, sans assistance.
03:07 Et puis voilà, le Vendée Globe est devenu une course incroyable depuis, moi je l'ai fait trois fois, je l'ai gagné en 2017.
03:12 Et cette année, on a l'opportunité de faire quelque chose d'encore plus incroyable.
03:17 Moi c'est comme ça que je le ressens, d'aller gravir une montagne encore plus haute que de le faire en monocoque, on va le faire en multicoque.
03:23 Donc des bateaux deux fois plus rapides, deux fois plus grands, et partir faire un Tour du Monde ça reste quand même quelque chose d'assez extraordinaire.
03:29 Un petit peu comme les spationautes qui vont aller dans l'espace, ça reste, voilà, on est quelques-uns à pouvoir le faire, ou en tout cas essayer de tenter de le faire.
03:37 On comprend qu'il y a donc de l'excitation, de l'impatience, mais est-ce qu'il n'y a pas quand même un petit peu de peur aussi, parce que ces mers que vous connaissez,
03:45 ces passages mythiques que vous allez affronter, les mers australes, le Cap Horn, là c'est avec un géant des mers, et seul en plus que vous allez les affronter.
03:55 Ça ne suscite pas un peu d'appréhension chez vous ?
03:57 Si, il y a de l'appréhension bien sûr, parce que moi je ne suis jamais allé en multicoque autour de la planète, je l'ai fait trois fois en monocoque,
04:04 mais c'est vrai que là on est sur un autre type de bateau, beaucoup plus grand, plus difficile à mener, et on sait que dans les mers du Sud, l'océan Indien, l'océan Pacifique,
04:11 on est vite éloigné des premiers secours, quand on se retrouvera au milieu du Pacifique, ce qu'on appelle le point Némo, on est à une semaine des premiers secours
04:21 qui peuvent intervenir autour de nous, donc il y a toujours des risques, et on le sait, il peut y avoir de la case majeure, on peut se blesser,
04:29 alors on vient d'avoir une formation médicale il y a quelques jours, et j'espère que tout se passera bien, et qu'il n'y aura pas trop de soucis.
04:34 Mais genre la formation médicale c'est quoi ? Si vous avez une carie, vous apprenez à vous arracher une dent, des trucs comme ça ?
04:39 Alors, on a un kit dentaire, on peut faire un petit pansement rapide en mélangeant deux petits produits, ça permet d'éviter d'avoir mal aux dents pendant 4 ou 5 semaines,
04:53 pour la fin de la course, on peut se recoudre, alors on a appris que si on a une blessure importante, une grosse coupure, on va utiliser une agrafose médicale,
05:01 c'est un peu barbare, mais ça permet d'arrêter le saignement, on va plutôt faire du bricolage, on est un peu MacGyver nous avec nos pharmacies,
05:09 on a droit à une assistance médicale, c'est-à-dire qu'on aura le médecin en ligne, voire par messagerie, ou éventuellement par vidéo, pour nous guider,
05:17 comment réaliser telle ou telle intervention, après effectivement s'il y a des problèmes plus graves, là il faudra penser éventuellement à intervenir de l'extérieur,
05:25 et donc être secouru, ou rallier un port le plus proche possible.
05:30 - On vous le souhaite pas en tout cas, évidemment, et alors le Cap Horn, si je ne dis pas de bêtises, la dernière fois que vous l'avez franchi,
05:34 c'était pendant le Vendée Globe en monocoque en 2017, même moi qui ne connais rien à la voile, c'est un nom qui me fait rêver le Cap Horn,
05:40 qu'est-ce qu'on ressent en le franchissant, pourquoi c'est mythique ?
05:44 - Il est mythique parce que déjà il a une histoire maritime de dingue, parce que c'était là où les premiers voiliers traditionnels à l'époque
05:50 avaient essayé de franchir le Cap pour passer par le fameux passage de l'Ouest, il y a eu pas mal de naufrages, pas mal de marins qui ont disparu,
05:56 puis après c'est devenu un passage obligatoire quand on fait les tours du monde à la voile, c'est la fin des mers du Sud,
06:02 c'est-à-dire qu'on termine l'océan Indien puis l'océan Pacifique par le passage de ce Cap Horn qui se situe au sud de l'Amérique du Sud,
06:09 donc c'est un endroit assez magique parce que c'est le premier morceau de terre qu'on voit finalement après plusieurs semaines de mer,
06:15 où on a l'impression de retrouver la civilisation même s'il n'y a pas grand monde là, au bout de ce caillou il y a un petit phare avec un gardien,
06:23 on peut l'appeler à la VHF mais il faut parler un peu espagnol, et c'est assez impressionnant, et puis surtout on se dit que même si c'est pas encore fini,
06:30 on va enfin pouvoir remonter vers le nord et retrouver quelques conditions un peu plus clémentes.
06:35 Oui parce que vous l'avez dit, les mers du Sud, elles peuvent être terribles, c'est le froid, c'est les creux, c'est les icebergs, c'est 50 nuances de gris,
06:43 c'est le plus dur sur un tour du monde les mers du Sud ?
06:45 Oui c'est ça, c'est l'endroit le plus hostile, on est dans les 40e rugissances, ou les 50e hurlants c'est ce qu'on dit,
06:51 c'est là où finalement les dépressions s'enchaînent pendant plusieurs jours, plusieurs semaines, où effectivement il fait froid, c'est très humide, c'est souvent gris,
06:59 alors on a quelques présences de vie, ce sont ces oiseaux qui nous suivent, les albatros notamment, qui nous accompagnent autour des bateaux,
07:06 et ça ça fait un petit peu, ça réchauffe un peu le cœur, mais c'est assez difficile comme endroit, il y a beaucoup d'icebergs,
07:13 pour comparer avec le Tour de France Vélo, c'est un peu les cols hors catégorie, ou la haute montagne qu'on va traverser pendant ce tour du monde.
07:20 Et d'ailleurs pour la nourriture, parce que je suis très technico-pratique, vous emmenez quoi à manger, comment ça se passe, c'est comme pour les astronautes, c'est de la nourriture yophilisée ?
07:27 Alors j'ai fait ça pendant pas mal d'années, puis j'ai un peu évolué, parce que...
07:30 Parce que c'est pas bon ? C'est la déprime !
07:32 C'est un peu la déprime, et puis c'est pas forcément toujours très digeste, donc aujourd'hui on a des plats qui sont un peu meilleurs, on va dire sous vide,
07:40 donc c'est des plats sceptisés qu'on emmène, qu'on réchauffe au bain-marie, dans une petite cocotte, sur un petit réchaud.
07:46 Vous avez déjà le menu des premiers jours ?
07:48 Ouais, j'ai quelques plats pour les premiers jours, je crois que le premier soir, dimanche soir, normalement c'est une petite blanquette de veau avec des petites pommes de terre.
07:56 C'est pas mal !
07:57 C'est pas mal, c'est pas mal !
07:59 Et puis le lendemain ce sera pâte bolognaise, voilà, bon un classique.
08:03 Quand vous vous lancez dans une telle aventure, vous repensez parfois aux gamins que vous étiez, qui découvraient le plaisir de la course, tout seul, sur un optimiste, à l'école primaire en baie de Morlaix ?
08:13 Oui, parce que je croise là depuis plusieurs jours, et même à Lorient aussi, quand on se prépare, pas mal de jeunes, d'enfants qui font de l'optimiste, qui se lancent dans la voile,
08:22 et je les vois avec leurs yeux brillants, quand ils me regardent, ils veulent une dédicace, ou je leur signe leur brassière ou leur casquette, et j'étais à leur place il y a quelques années,
08:32 donc c'est vrai que moi je me revois effectivement gamin, ici à Brest, à faire mes régates d'optimiste,
08:37 voilà, c'était des grands moments, j'ai appris beaucoup de choses quand j'étais petit, et depuis, voilà, j'ai tracé ma route en bateau plutôt que sur la route,
08:45 mais plutôt en mer, mais ça s'est plutôt bien passé.
08:48 Vous avez prévu 50 jours de nourriture, il ne faut pas trop dépasser parce qu'il paraît, Armel Le Cleac'h, que vous avez une autre course au printemps,
08:54 c'est bouclé à mémoire pour terminer les études d'ingénieur que vous avez laissé en plan il y a 25 ans, ça c'est vrai ?
09:00 Je vois que vous avez de bonnes informations !
09:03 Effectivement, j'avais commencé les études à l'INSA AREN, l'école d'ingénieurs, en sportif de haut niveau,
09:10 et puis je me suis lancé dans la course au large, j'avais gagné une sélection, et du coup j'ai mis entre parenthèses ces études,
09:16 et là depuis quelques mois, je suis en train de préparer ce qu'on appelle un VAE, un diplôme par équivalence,
09:23 et en rentrant, j'irai soutenir mon mémoire que j'ai terminé là, et donc en avril, si tout va bien, je serai diplômé ingénieur.
09:32 Ce serait un beau cadeau pour votre maman qui ne vous laissait pas aller faire du bateau si vous n'aviez pas de bons résultats à l'école.
09:37 Exactement, c'est ça, alors elle était un petit peu inquiète quand j'ai dit que j'allais faire de la voile,
09:41 depuis elle a été plutôt rassurée, mais voilà, ce serait sympa de terminer la boucle.
09:46 Merci beaucoup Armel Le Cleac'h, merci d'avoir passé un chouette moment avec nous dans RTL,
09:50 bonsoir, bon vent, on vous souhaite le meilleur pour cette nouvelle aventure,
09:53 cette course inédite, ce tour du monde, des géants des mers, l'Arkea, ultime challenge, départ dimanche à Brest,
09:58 nous remercions Frédéric Weill, notre spécialiste voile qui était ce soir à vos côtés dans le Finistère, merci à tous les deux.
10:03 Merci beaucoup !
10:04 RTL, bonsoir !
10:06 Et la suite c'est dans quelques secondes avec RTL Inside.
10:09 RTL dans la tête d'Emmanuel Macron avant un possible remaniement,
10:13 comment le président joue aux chaises musicales avec ses ministres ?
10:16 Et puis une nouvelle visoconférence, le menu Alex ?
10:19 Eh bien, les mois de mai, juin, juillet et août 2023 passaient au peigne fort.
10:25 On poursuit la rétrospective juste après ça.
10:27 RTL, bonsoir, jusqu'à 20h.
10:30 Gavanteur.