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Le comédien Vincent Dedienne est l'invité de ce lundi 6 janvier. Il est à l'affiche de deux spectacles à Paris au théâtre de l'Atelier, dès le 15 janvier. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-interview-de-9h20/l-itw-de-9h20-du-lundi-06-janvier-2025-4628042

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00:00Et Léa ce matin vous recevez un comédien ! Et bonjour Vincent Dedienne ! Et bonjour
00:05Léa ! On est très heureux de débuter l'année avec vous, meilleurs voeux, bonne santé !
00:10Tout à fait, c'est important ! On ne perd pas les bonnes habitudes et je commence par
00:14mes questions.
00:15Rituel Vincent Dedienne, si vous étiez un personnage historique ? Une actrice ? Un endroit
00:21sur la terre ? Et une émotion ? Vous seriez qui ? Vous seriez quoi un personnage historique
00:25d'abord ? Léontine Léauty ! Les yeux de Léa, c'est
00:30inconnue au bataillon, mais c'est la dame qui est enterrée à côté de François Mitterrand
00:34à Jarnac.
00:35Et je me dis que c'est quand même une drôle de manière d'entrer dans l'histoire.
00:38C'est-à-dire que vraiment, elle est à côté d'un… Les gens se ruent sur la tombe de
00:42François Mitterrand et il y a cette pauvre Léontine Léauty qui est juste à côté.
00:45Une actrice ? Oh ben là ce matin, Demi Moore !
00:48Ah oui, qui a gagné le Golden Globe ! Vous avez regardé le Golden Globe ?
00:52Non mais j'ai vu ça ce matin, j'étais trop content ! Ça fait quand même 45 ans
00:55qu'elle fait ce métier, elle n'a jamais rien gagné.
00:56Tout Hollywood a regardé les films, soit Henri Canan, soit Paul Huchamp pendant 45 ans.
01:02Et là, elle a le monde à ses pieds ce matin et je suis bien content.
01:04Un endroit sur la Terre ? Les genoux de ma mère.
01:08Si ma mère est à Bora Bora, tant mieux.
01:11Si elle est au bric-au-dépôt de Salon sur Saône, ça va aussi.
01:14Ah c'est joli ça ! Les genoux de votre mère, c'est le meilleur endroit sur la Terre.
01:18Et une émotion ? Je ne sais pas si ça compte, mais l'admiration.
01:24Le fait d'être répaté par des gens qu'on aime et qu'on admire et de ne pas…
01:28Je vous l'aide toujours, parce que c'est vrai que vous avez souvent raconté que vous écriviez,
01:32vous étiez fan de la main que vous écriviez, aux actrices qui vous faisaient rêver, à Muriel Robin, etc.
01:37Aujourd'hui, après les avoir rencontrées, tous ces gens qui vous faisaient rêver, vous n'êtes pas un peu tombé…
01:41Ah non, je ne suis pas tombé, non…
01:43En déception ?
01:44Non, plutôt déçu en bien, comme disent les Suisses.
01:48Non, je trouve qu'il y a vraiment beaucoup plus de raisons d'admirer les gens que de les mépriser, globalement.
01:54Vincent Dedienne, après avoir triomphé toute l'année dernière sur les planches avec Un Soir de Gala,
01:57vous changez de salle et d'ambiance en cette rentrée pour réaliser un de vos rêves.
02:01Adapter, interpréter, incarner l'un de vos auteurs préférés pour la première fois, c'est Jean-Luc Lagarce,
02:07à l'occasion des 30 ans de sa disparition, avec deux créations en alternance au Théâtre de l'Atelier à partir du 15 janvier.
02:12Juste la Fin du Monde, qui est sa pièce la plus connue, qui avait été adaptée par Xavier Delanne avec Gaspard Ulliel.
02:17Et il ne met jamais rien à arriver, le journal intime de Jean-Luc Lagarce, que vous adaptez avec une mise en scène de Johanny Baer.
02:23Pourquoi Lagarce et pourquoi deux textes ?
02:26D'abord parce que quand on m'a proposé de faire juste la Fin du Monde,
02:30j'ai relu la pièce que j'avais envie de jouer depuis des années parce que c'est vraiment une pièce, je ne sais pas, qui est fondamentale pour moi.
02:36C'est une langue, en fait, c'est une langue très à part, la langue de Jean-Luc Lagarce,
02:39qui est devenue culte, qui est devenue même classique aujourd'hui,
02:42parce qu'il est joué dans le monde entier en France, qui est un auteur contemporain classique,
02:46qui est devenu classique après sa mort.
02:48Voilà, c'est ça qui est intéressant avec Lagarce, c'est qu'il est aujourd'hui un des auteurs français les plus joués,
02:52sauf qu'il était méconnu avant sa mort.
02:55Vraiment, il est mort en 1995.
02:56Voilà, il est mort du sida en 1995.
02:58Et le côté culte est arrivé ensuite, c'est-à-dire ce qui est assez cruel.
03:03Les météorologues s'en sont emparés d'un coup et la langue s'est mise à...
03:06On s'est rendu compte que la langue était une langue très vibrante et notamment pour la jeune génération.
03:10C'est pour ça qu'il était au programme, je crois, du bac pendant des années.
03:13Là, il ne l'est plus, mais c'est une langue qui est absolument charnelle, absolument sensible, sensuelle.
03:20C'est comme ça.
03:21En fait, c'est le seul auteur qui ne raye pas les erreurs.
03:24C'est-à-dire que tous les autres auteurs se corrigent, enlèvent, font supresupres sur leur MacBook.
03:29Et lui, il a laissé tous les égarments, toutes les erreurs.
03:33C'est une langue qui se précise, comme on fait là depuis qu'on se parle, par exemple.
03:37C'est une langue qui se précise et qui s'améliore au même temps qu'elle se dit.
03:41Donc, au théâtre, quand vous dites les textes, il y a des erreurs, il y a des...
03:45Oui, les personnages se plantent, exactement.
03:47Ils se plantent, ils précisent, ils disent c'est pas comme ça qu'on parle.
03:49Ils font des erreurs et ils notent qu'ils ont fait une erreur de conjugaison, de grammaire.
03:52Ils essayent de préciser et c'est ce qui fait que c'est bouleversant.
03:56Parce qu'au bout d'un moment, de spirale en spirale, comme ça, ils arrivent à nommer exactement la beauté, la justesse absolue de ce qu'ils ressentent.
04:04Mais donc, quand vous lisez le texte de Juste la fin du monde, quand on vous propose de jouer Louis,
04:07c'est ce garçon qui rentre chez lui, dans sa famille, après douze ans, ça fait douze ans qu'il ne les a pas vus et...
04:15Et il vient annoncer qu'il va mourir.
04:16Et il vient annoncer qu'il va mourir.
04:18Et tout le repas, il va repartir sans avoir annoncé qu'il va mourir, qu'il était malade.
04:25D'accord. Et ensuite, pourquoi vous avez eu envie d'adapter le journal intime ?
04:29En relisant le journal intime de Lagarde, ce qui sont deux tomes énormes de 600 pages chacun,
04:36qu'il a commencé à écrire à 17 ans, c'est vraiment un journal intime.
04:38C'est vraiment des notes jour après jour, où il note tout ce qu'il voit au cinéma, ce qu'il voit au théâtre,
04:42ce qu'il y a dans l'actualité, ce qui se passe avec sa famille, ses histoires de cul, ses histoires de...
04:46Beaucoup de cul.
04:47Beaucoup de cul. Il y a pas mal de cul, pas beaucoup d'argent et beaucoup de cul.
04:50Mais il dit tout.
04:52C'est vraiment un journal intime où l'auteur, à travers les pages, comme ça, se livre et dit absolument tout ce qu'il a dans la peau, dans la tête, dans le ventre.
05:00Et ça m'a semblé intéressant de faire un parallèle, un diptyque entre ce personnage qui vient dire une nouvelle fondamentale,
05:09« je vais mourir », qui ne dit rien, dont les membres de la famille ignorent absolument tout de sa vie qui se passe à Paris, tout ça.
05:17Et de l'autre côté, il y a le journal où l'auteur dit tout.
05:20Je me suis dit, il faut absolument monter ces deux spectacles en même temps, c'est-à-dire un personnage qui dit rien à sa famille,
05:25à ses plus proches intimes et un autre personnage qui dit tout à des inconnus, qui seront les spectateurs.
05:30Vous pouvez nous faire un petit bout du journal intime ?
05:32Ah oui, bien sûr.
05:33Vous avez choisi le journal intime.
05:35Oui, parce que c'est assez bon. Vous allez voir, vous allez tout comprendre.
05:3815 mars 1992.
05:40Nouvelle du front, mais tes 4 sont à 80.
05:43La colonne vertébrale est en train de se déglinguer et une montée d'escalier me fait autant d'effet que l'Everest à main nue.
05:48On doit absolument poster ses selles du matin dans un emballage spécial, c'est pour le protocole Clavary.
05:54Donc on se traîne à la poste avec son bel emballage.
05:56Le coût de cet emballage, je vous nourris un village en Afrique pendant 8 jours.
05:59Et l'empoté derrière son guichet vous demande, ce sont des documents ou de la marchandise ?
06:03On rit. C'est vrai, on n'a pas si souvent des occasions de s'esclaffer.
06:07Et dimanche soir, nuit sexy, adorable, excitante et tout et tout avec le joli Ray,
06:11on fait des polaroïds de nos culs et de nos bites respectifs.
06:14C'est la grande rétrospective Andy Warhol, on voudra bien remettre tout ceci dans le contexte.
06:18Parce que je dis à un moment crucial que la capote s'impose et que j'ajoute assez bêtement
06:24pour vous, jeune homme, il demande pourquoi pour moi ?
06:27Je réponds, tu es trop jeune pour attraper des horreurs.
06:29Il reviendra là-dessus 5 minutes plus tard.
06:32Il est séropositif et il n'avait aucun doute sur le fait que je le sois.
06:3516 mars 1992, mort de Jean Poiret.
06:3810 mai 1992, mort de Marlène Dietrich.
06:41Je croyais qu'elle et moi, nous étions immortels, il faudra que j'y réfléchisse.
06:4515 mai 1992, mort de Jacqueline Maillon.
06:48Je ne note que les morts.
06:50Je ne sais pas, les naissances des gens célèbres, on ne me tient jamais au courant.
06:5416 mai 1993, un superbe type dans le train, la beauté, les muscles invraisemblables sous le t-shirt.
07:01Avoir un corps si magnifique et lire le Figaro magazine.
07:05Il y a tout en fait.
07:06Et ça dit beaucoup de l'époque, ça n'a pas vieilli.
07:08Ça c'est génial.
07:10Vous qui êtes tous les jours au cœur du réacteur de l'actualité, c'est passionnant le journal
07:14parce qu'on s'aperçoit que les motifs que vous abordez tous les matins en fait sont,
07:18je ne sais pas comment dire, tout est déjà agité depuis ces années 70, il y a tout déjà.
07:23Il y a un moment, il parle de Le Pen, il dit il est à souhaiter à mi-lecteur
07:27qu'à l'heure où vous lisez Céline, vous ne sachiez pas qui c'est.
07:30Il parle des attentats, de la montée de la xénophobie, ça c'est assez vertigineux.
07:37Vous, vous aimez particulièrement les journaux intimes d'écrivains.
07:40Vous dites j'aime celui de Calafert, celui de Rambart, même celui de Jane Birkin.
07:45Qu'est-ce que vous trouvez dans les journaux intimes de différents, de plus, de cachés ?
07:52C'est comme voir les coulisses, c'est connaître le spectacle et les coulisses en même temps.
08:00Comme c'est chronologique, comme c'est jour après jour,
08:02c'est comme si on refaisait le chemin bras-dessus-bras-dessous d'une vie.
08:06C'est comme se promener avec un fantôme qu'on aime parce qu'on le connaît à travers ses œuvres.
08:13Et là, c'est vraiment partager une promenade bras-dessus-bras-dessous.
08:16C'est approcher au plus près l'intimité.
08:18Et souvent les journaux, c'est l'inverse de la publicité.
08:26Ils ne se ménagent pas, ils sont brutaux avec eux-mêmes et on découvre le pire et le meilleur.
08:30Michel Foucault, en découvrant le journal intime d'Hervé Guibert, a déclaré cette phrase-là.
08:36« Hervé, il ne lui arrive que des choses fausses ».
08:39Vous avez noté cette phrase-là, ça veut dire quoi à votre avis ?
08:41Ça veut dire… Mais parce que c'est détruyant tout cela.
08:44En plus, Guibert, il a vraiment quasiment inventé l'autofiction.
08:48Mais c'est que tout est vrai et tout est faux à la fois.
08:51Il parle de la réalité vraiment, il parle de ce qui lui arrive.
08:56Et puis en fait, il ne peut pas s'empêcher de… La plume l'emmène.
09:01Il ne peut pas s'empêcher de tout travestir, de tout trahir, de tout réinventer.
09:04Ce qui fait que tout est faux et tout est vrai à la fois.
09:06Et j'adore ce pacte-là moi. J'adore qu'on me mente et qu'on me dise la vérité.
09:10Il y en a un autre qui adorait les journaux intimes, qui en écrivait, qui en a parlé.
09:13C'est Jacques Chancel. Écoutez-le, ce qu'il disait.
09:16Ça se fait encore aujourd'hui et ça s'est beaucoup fait hier.
09:19Le journal de Jules Renard, le journal de Gide, aujourd'hui le journal de Cioran.
09:23Il y a le bloc-notes de François Moria qui est le journal de Julien Green.
09:26Mais il y a écrire et publier.
09:29Alors c'est vrai que le journal entre dans un cercle narcissique pour beaucoup de gens.
09:34D'ailleurs si on regarde le journal de Julien Green, bravo, c'est Julien Green.
09:38C'est tout à fait extraordinaire d'avoir un peu les petites minutes de sa vie.
09:41Mais moi je dois dire que j'écris deux journaux.
09:43J'ai le journal intime que je n'oublierai jamais.
09:46Et puis j'ai le journal de mes jours.
09:49Et vous, vous écrivez un journal intime, Vincent Dedienne ?
09:51Plus, non. Et vous ?
09:53Non.
09:54Non, moi je l'ai fait beaucoup.
09:56Et puis j'ai arrêté. Quand la vie est devenue intéressante, j'ai arrêté, bizarrement.
10:00Il y a les journaux intimes et il y a le répertoire de la chanson française que vous adorez,
10:04que vous connaissez comme personne.
10:05D'ailleurs vous dites, je préfère Joe Dassin à David Bowie.
10:08Ah oui, je ne connais même pas David Bowie.
10:10Non, mais franchement, c'est vrai.
10:13Je trouve qu'il y a tout dans les chansons de variété.
10:15Je me demande si ce n'est pas...
10:17Non, c'est plus Guybert qui disait qu'il y avait tout.
10:20Oui, qu'on pouvait tout comprendre et qu'il y avait la vie entière dans les chansons de variété.
10:26Il y a tout.
10:27Je vous ai choisi une chanteuse pour ce matin que vous adorez, avec une chanson magnifique,
10:30« Les gens qui doutent ». Anne Sylvestre.
10:33J'aime les gens qui doutent, les gens qui trop écoutent, leurs cœurs se balancer.
10:40J'aime les gens qui disent et qui se contredisent et sans se dénoncer.
10:47J'aime les gens qui tremblent, que parfois ils ne semblent capables de juger.
10:53J'aime les gens qui passent moitié dans leur godasse et moitié à côté.
11:00J'aime leurs petites chansons, même s'ils passent pour des cons.
11:11J'aime ceux qui paniquent, ceux qui s'encrochent.
11:14C'est trop bien d'entendre ça ici.
11:16Vous devez voir défiler à ce micro des gens qui ne doutent pas ou qui font semblant de ne pas douter,
11:21qui sont plein de certitudes.
11:22On fait tous un peu nos crâneurs à ce micro.
11:24C'est trop bien d'entendre.
11:25C'est pour ça que je l'ai choisi.
11:26Je trouve que ça correspond bien à ce début d'année 2025.
11:28C'est pas mal les gens qui doutent aussi.
11:30Vous avez commencé avec vos chroniques dans les médias, sur Inter, sur Quotidien.
11:34On vous a vu au cinéma, mais c'est vrai que ces dernières années, c'est la scène,
11:38c'est le théâtre qui vous donne la plus grande joie.
11:41Depuis que j'en fais.
11:43Depuis que j'ai appris ce métier à l'école.
11:48Pourquoi ?
11:49D'abord parce que ça a vraiment du sens, des journées de théâtre par rapport à des journées de cinéma.
11:54C'est Louis Guérel qui disait ça à Cannes.
11:56J'avais été trop content de l'entendre dire.
11:58Si vous voulez que votre vie ait du sens, faites du théâtre et pas du cinéma.
12:01Parce que du cinéma, on s'emmerde.
12:03Oui, on passe notre temps à attendre.
12:04On joue très peu.
12:05On peut rentrer chez soi après une journée de tournage et on a claqué une portière et dit bonjour madame.
12:11Et c'est vrai que quand je repense à mes années d'études à Saint-Etienne,
12:14où je compulsais frénétiquement tout Hugo, tout Chekhov, tout Shakespeare,
12:18et que j'avais envie de tout jouer.
12:19Ce n'était pas tout à fait ça dont je rêvais.
12:21Alors que le théâtre, c'est difficile.
12:23C'est du labeur permanent.
12:24C'est du doute.
12:25Pour le coup, c'est vraiment de l'inquiétude.
12:27On passe notre vie.
12:29Une journée de répète, elle dure 8-9 heures.
12:31Et c'est 9 heures de jeu total.
12:33Et la garce, vous dites, j'ai galéré.
12:35J'avais peur de ne pas y arriver.
12:36La garce, déjà, c'est hyper dur à apprendre.
12:38C'est vraiment des heures et des heures d'apprentissage vraiment très forcenés.
12:42Et puis, en plus, c'est une langue qui ne supporte pas qu'on fasse le malin.
12:48Si on ne comprend pas ce qu'on a dit, ça se voit tout de suite.
12:51Le goût des mots, du théâtre, de la scène et des textes,
12:55c'est vraiment vos profs de français qui vous les ont donnés.
12:57Ah oui, ça, c'est vraiment merci l'école publique.
13:00Je suis tombé sur des...
13:01Oui, parce que franchement, à l'adolescence,
13:03quand tu n'as qu'une envie, c'est de rouler des pelles sous l'abribus.
13:06Réussir à te passionner sur Chrétien de Troyes,
13:09sur le supplément en voyage de Bougainville, de Diderot.
13:12Vraiment faire en sorte qu'on...
13:14Je ne sais pas, on arrivait...
13:15J'ai eu des profs, mais là, je dis leur nom.
13:17Madame Truc, Madame Cadoux, Madame Lambolaise.
13:20Elles nous transformaient en explorateurs.
13:23On avait l'impression de faire des chasses au trésor.
13:24On avait l'impression de faire des expéditions à travers les livres.
13:28Et c'était...
13:29Pour des adolescents, je ne sais pas, c'était...
13:31Elles nous ont sauvé la vie.
13:32Vous avez déjà reçu trois Molières à même pas 40 ans, Vincent Deliene.
13:35Même pas 40 ans, ça fait mal.
13:36Même pas 40 ans.
13:37Qu'est-ce que ça change de recevoir des Molières ?
13:40Ça fait trop plaisir.
13:42Ça change...
13:43Qu'est-ce que ça change ?
13:44Vous dites que je n'ai pas pété les plombs.
13:46Non, c'est vrai que je n'ai pas pété les plombs.
13:48Mais globalement, je n'ai pas pété les plombs.
13:50Vous êtes sûr ?
13:51Des fois, je me trouve même tristounet de ne pas les avoir plus pétés.
13:54Franchement, c'est un peu...
13:55J'aurais pu un peu plus, mais non.
13:57C'est dû encore à votre famille, non ?
13:59Vous dites, c'est ma famille qui m'empêche.
14:02Oui, la famille et l'entourage.
14:05Souvent, c'est l'entourage qui devient malade, non ?
14:08C'est les névroses.
14:10Tu te fais contaminer par ton entourage qui pète un peu un plomb à ta place.
14:13Moi, mes amis, ils vivent entre Saint-Etienne et Lyon.
14:17Ils font du théâtre.
14:18Ils sont intermittents du spectacle.
14:19Ils ont du mal à boucler leurs heures.
14:21Je ne sais pas comment dire.
14:22Ils sont très normaux.
14:23Ils ne sont pas malades.
14:24Ce n'est pas des malades.
14:25Et cette famille qui est quand même très loin de celle de Jean-Luc Lagarce dans juste la fin du monde.
14:28Quand on pense à votre famille, je relis.
14:30Vous savez, ça a tellement été une péripétie l'histoire de l'adoption.
14:33Parce que vous avez été adopté.
14:34Vous l'avez raconté à votre premier spectacle.
14:36Votre homosexualité, vous dites, ça a très bien été reçu.
14:39Cette manière que vous avez de traverser ce qui est pour d'autres des obstacles impossibles chez vous.
14:44Il y a une forme de...
14:46Voilà.
14:47L'adoption, vos parents vous l'ont dit à 6 ans.
14:48Oui, tu as été adopté.
14:49Et puis voilà, vous n'avez plus jamais reparlé.
14:50Vous n'avez jamais eu envie d'aller retrouver vos parents biologiques.
14:53Plus tard, l'homosexualité, vous leur avez dit, ça s'est passé.
14:56Tout passe en fait, j'avoue.
14:58Non mais c'est...
14:59Oui, oui.
15:00Mais tout passe ou en tout cas, fait semblant de passer.
15:04Parce qu'en fait, je viens aussi d'une famille où on ne se dit pas...
15:07Je me souviens que ma mère disait, quand quelqu'un avait des problèmes un peu psychiques,
15:12elle disait, il n'a qu'à aller couper du bois et il nous emmerde.
15:15On ne dit pas trop les trucs.
15:17En tout cas, on a la politesse de ne pas encombrer les gens.
15:20Mais c'est vrai que ça va plutôt bien.
15:23Mais même la psychanalyse, vous avez essayé.
15:25Le psy vous a dit, vous êtes décevant.
15:27Je n'ai jamais lu autant de déceptions dans les yeux de quelqu'un que dans les yeux de cette pauvre dame.
15:31Vincent Dedienne, les impromptus, vous répondez rapidement.
15:33Sans tout réfléchir, quelles sont vos résolutions pour 2025 ?
15:36Oh pfff, non, j'en ai même pas pris.
15:38Arrêtez de dire des conneries en interview.
15:40Voilà.
15:41Ne pas faire du sport.
15:42Vous détestez toujours le sport ?
15:43C'est horreur.
15:44Je ne comprends pas ça, franchement.
15:45Ça, je ne sais pas.
15:46La comédie française, ça vous fait rêver ?
15:48Rêver, non.
15:49Mais je serais bien emmerdé si on me le proposait.
15:51Parce que je pense que je pourrais dire oui.
15:53Présenter à nouveau le Maillon Faible.
15:55Vous l'avez fait il y a trois mois.
15:56Ça a été un carton d'audience.
15:58Non, pas à nouveau.
15:59Non, c'est bien de le faire qu'une fois.
16:01Vraiment ?
16:02Vous avez failli le faire d'ailleurs.
16:03Vous m'avez proposé.
16:04Je regrette de ne pas l'avoir fait.
16:05C'était tellement méchant.
16:06Je l'aurais adoré.
16:07Je l'aurais bien aimé.
16:08Bien vicieux.
16:09Vous dites que Paris est une ville méchante.
16:10Pourquoi ?
16:11Bon, parce que les Parisiens sont des tarés.
16:14Ils sont tous…
16:15Je ne sais pas comment dire.
16:16On court après notre perte.
16:20On est mal poli.
16:21On est brutaux.
16:22Non, je ne sais pas.
16:23J'adore cette ville.
16:24Mais je la trouve vraiment de plus en plus terrifiante.
16:26Nostalgie ou Chérie FM ?
16:28Nostalgie.
16:29Michel Delpêche ou Michel Fuguin ?
16:31Michel…
16:32J'allais dire Fuguin.
16:33Mais il y a Le Chasseur qui vient de me venir en tête.
16:36Par-dessus les temps.
16:37Donc, Delpêche.
16:38Marguerite Duras ou Françoise Sagan ?
16:42Non, c'est horrible.
16:44Ça ne va être qu'horrible.
16:46Vous allez voir.
16:47Françoise Sagan.
16:48Catherine Deneuve ou Fanny Ardant ?
16:49Catherine Deneuve.
16:50Jérôme Commander ou Jonathan Cohen ?
16:52Oh, mais quelle horreur !
16:54Il y a encore pire qui arrive.
16:56Il y a encore pire qui arrive.
16:57Ton père ou ta mère ?
16:58Jérôme…
16:59Jonathan Cohen.
17:00Jonathan Cohen.
17:02Laurent Ruquier ou Yann Barthez ?
17:05Laurent Ruquier, c'est mon producteur.
17:07C'est grâce à lui, tout.
17:08Donc, Laurent Ruquier.
17:09Le temps qui passe, ça vous angoisse ?
17:12Ce n'est plus une question à se multiplier.
17:14Non.
17:15Ou pas.
17:16Ça vous angoisse ?
17:17Le temps qui passe, ça vous angoisse ?
17:19Ça vous angoisse ?
17:20Ça m'angoisse à fond les ballons.
17:22Liberté, égalité, fraternité, vous choisissez quoi ?
17:25C'est des belles conneries tout ça.
17:28Liberté, égalité, fraternité ?
17:29Fraternité.
17:30Vous votez ?
17:31Oui.
17:32La question de la paternité, d'avoir un enfant, vous vous la posez ?
17:34Non, je n'en veux pas.
17:35Je trouverais ça affreux d'en avoir.
17:37Je déteste les enfants.
17:39Je déteste les enfants des autres et je ne vois pas pourquoi j'aimerais les miens a priori.
17:43Et Dieu dans tout ça ?
17:44Et Dieu dans tout ça, je l'embrasse.
17:46Et non, je n'y crois pas.
17:48A mon avis, on se porterait mieux sans cette invention.
17:52En tout cas, on va venir vous voir au théâtre.
17:54Ça commence le 15 janvier à l'Atelier.
17:56D'abord, c'est juste la fin du monde.
17:58Mise en scène de Johann Hibbert avec...
18:00Christiane Millet, Loïc River, Céleste Brunkel qui fait ses débuts au théâtre et qui est extraordinaire.
18:06Astrid Baillat.
18:07Et une marionnettiste en alternance.
18:10Et à partir du 23 janvier, toujours au théâtre de l'Atelier, il ne met jamais rien d'arrivé.
18:14C'est le journal de Jean-Luc Lagarce.
18:16Et moi, je vais venir voir le journal de Jean-Luc Lagarce.
18:18Ça me donne envie.
18:19Très belle journée à vous.
18:21Merci d'avoir commencé l'année avec nous.
18:22A bientôt à la prochaine.
18:23Au revoir M. Le Dien.
18:24Merci Léa.

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