Kev Adams : "On est tous faits de nos blessures d'enfance"

  • il y a 8 mois
À 9h20, le comédien Kev Adams est l'invité de Léa Salamé. Il sera à l'affiche du film "Maison de retraite 2" de Claude Zidi Jr., en salle mercredi 14 février. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-interview-de-9h20/l-itw-de-9h20-du-mercredi-07-fevrier-2024-9291330

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Transcription
00:00 Et Léa, ce matin vous recevez un acteur !
00:02 Bonjour Kev Adams !
00:04 Bonjour !
00:04 Si vous étiez un âge, un livre et un pays, vous seriez quoi ?
00:08 C'est une très bonne question.
00:10 Alors si j'étais un âge, je serais le mien.
00:12 Je crois qu'il faut assumer son âge.
00:13 C'est d'ailleurs un peu le thème du film que je défends aujourd'hui.
00:16 J'ai 32 ans aujourd'hui.
00:18 32 ans, ce qui est très étrange d'ailleurs, parce que j'ai l'impression d'avoir un pied dans la nouvelle génération de l'humour
00:22 et un pied dans la génération qui me précède.
00:24 Mais on va en parler.
00:26 Donc 32 ans ressenti 32, pas 62.
00:28 32 ressenti 54 bien entendu.
00:30 Très fatigué mais très heureux de cet âge-là.
00:34 Puisque j'ai été longtemps considéré comme l'adolescent de l'humour.
00:37 Et aujourd'hui je suis heureux de continuer de faire ce métier, de proposer d'autres choses à 32 ans.
00:41 Si vous étiez un livre ?
00:43 Je serais "L'attrape-coeur" de Salinger.
00:45 C'est un livre qui m'a toujours bouleversé.
00:47 Parce qu'il parle de ce jeune mec qui est perdu dans une ville immense, plein de rêves.
00:53 J'ai l'impression que je serais toujours cet espèce de mec un peu perdu, plein de rêves.
00:57 Qui a envie de tout faire à la fois.
00:59 Mais qui a tendance parfois à se perdre.
01:01 Et si vous étiez un pays ?
01:03 Je serais la France tout simplement.
01:05 C'est la France qui m'a offert un pays, l'école, un public j'allais dire.
01:10 Qui m'a offert toutes les scènes, le cinéma.
01:16 Il n'y a rien de plus beau que tout ça, que tout ce métier.
01:20 On va parler de votre parcours qui à 32 ans est déjà bien chargé, bien lourd.
01:24 Vous avez un parcours que vous avez commencé très jeune, vous avez explosé très jeune.
01:27 Vous allez nous dire ce que vous gardez de ça.
01:29 Mais d'abord le film.
01:30 Dans chaque vieux, il y a un jeune qui se demande ce qui s'est passé, disait Groucho Marx.
01:35 Vous avez fait cette phrase, la punchline de "Maison de retraite" il y a deux ans.
01:39 Le film que vous avez co-écrit, joué et produit.
01:42 Qui a été un succès, une énorme surprise il y a deux ans.
01:45 Surprise, je le disais parce que bon...
01:47 Le succès est toujours surprise de toute façon.
01:49 Oui, mais là vraiment, plus de 2 millions de spectateurs.
01:52 Alors du coup, ce matin j'ai envie de vous citer une autre phrase de Groucho Marx.
01:55 "Si je devais recommencer ma vie, je referais les mêmes erreurs mais plus tôt".
02:00 Qu'est-ce que vous en pensez ?
02:01 J'adore, je trouve ça très juste.
02:03 Je trouve ça très bien parce que c'est vrai que de toute manière les erreurs sont inévitables.
02:07 Surtout dans ces métiers-là, où il y a plein de choses qu'on ne nous apprend pas.
02:09 Je le répète souvent, mais c'est vrai que tu peux faire des cours de théâtre pendant 10 ans.
02:13 Tu peux faire des super formations avec les meilleurs comédiens du monde.
02:16 Mais on ne va pas t'apprendre pour autant le rapport aux autres, le rapport aux réseaux sociaux,
02:20 le rapport à la notoriété. C'est des choses qui s'apprennent sur le tas et forcément on fait des erreurs.
02:24 Pourquoi un jeune de 30 ans comme vous a eu envie de parler des vieux ?
02:27 C'est étonnant, en général les jeunes quand ils écrivent un film, ils parlent de leurs problèmes à eux,
02:31 de leurs soucis et de leur vie personnelle.
02:34 Qu'est-ce qui vous a poussé à écrire sur les personnes âgées ?
02:36 J'ai été en partie élevé par mes grands-parents, je ne m'en suis jamais caché.
02:39 J'ai eu un rapport très très très fusionnel avec mes grands-parents.
02:42 Mes parents travaillaient beaucoup quand j'étais plus jeune.
02:44 Donc forcément, souvent ils venaient me chercher à l'école.
02:46 Les goûters, les dîners, c'était avec eux.
02:48 Daddy Roger, Mickey d'un côté, et puis Papy Sylvain et Mamie Claudine de l'autre côté.
02:54 Mes grands-pères ne sont malheureusement plus de ce monde, mais j'ai été très proche d'eux.
02:59 Je pense que mon grand-père maternel a été le premier à me montrer des vieux films.
03:03 Des films comme ceux de Charlie Chaplin, de Louis de Funès.
03:06 J'ai découvert en tout cas ce cinéma-là grâce à lui.
03:09 Et donc voilà, j'avais un rapport privilégié.
03:12 Et ce rapport privilégié, j'ai réalisé petit à petit qu'il se délitait au fur et à mesure des générations.
03:17 J'ai un petit frère qui a 17 ans, qui n'a pas la même génération avec mes grands-mères que j'ai aujourd'hui.
03:22 C'est-à-dire que moi je ne peux pas passer une semaine sans appeler mes grands-mères.
03:25 Mais c'est pas, je ne sais pas comment expliquer, c'est pas une corvée.
03:28 C'est un bonheur pour moi.
03:29 Alors que pour votre petit frère, c'est plus compliqué.
03:31 Je sens que c'est plus expéditif, effectivement.
03:33 Il y a un côté "bah oui super mamie, je t'embrasse, je t'embrasse, bisous, joyeux Noël, bye".
03:37 Et donc je me suis posé la question, je ne pense pas que mon petit frère soit quelqu'un de mauvais.
03:40 Je ne pense pas que ma grand-mère ait fait mal les choses avec lui.
03:42 Mais je pense qu'il y a quelque chose de générationnel qui se crée depuis quelques années.
03:45 Et particulièrement d'ailleurs depuis le Covid, il y a une espèce de scission entre ces deux générations.
03:50 Et je voulais parler de ça et je me disais quelle est la meilleure manière de parler de ça.
03:53 Et je me suis dit, c'était l'histoire de Maison de Retraite 1, l'histoire d'un mec qui n'a pas eu de grands-parents.
03:57 Puisqu'il est orphelin, il a grandi en foyer, va découvrir d'un coup des personnes âgées.
04:02 Et si vous n'avez pas eu de grands-parents, c'est difficile d'aimer des personnes âgées que vous ne connaissez pas.
04:06 Parce qu'on n'a pas justement ce rapport de comparaison.
04:09 Et donc il va devoir au début s'adapter à eux et puis petit à petit s'attacher.
04:14 Au début il vient d'en faire parce qu'il est condamné à aller faire 100 heures de travaux généraux dans une maison de retraite.
04:20 Je me disais mais quelle horreur !
04:21 Évidemment il va tellement s'attacher que dans le volet 2, vous avez créé votre propre maison de retraite.
04:27 Vous dirigez avec cette idée assez géniale d'accueillir à la fois les personnes âgées et les enfants orphelins.
04:34 Et c'est le mélange entre les deux.
04:36 C'est donc un super endroit.
04:38 Sauf qu'évidemment ça ne va pas se passer très bien.
04:40 Puisqu'il y a les huissiers qui arrivent, qui vous disent "vous ne respectez pas les normes, il va falloir fermer cette maison de retraite".
04:45 Et du coup vous emmenez toute votre tribu, les vieux et les enfants, dans le sud, dans une autre maison de retraite qui vous accueille.
04:53 Sauf que ça va être la guerre entre les personnes âgées de la maison de retraite 1 et les personnes âgées de la maison de retraite 2.
05:00 Et là c'est hyper drôle parce qu'ils vont se faire des crasses pendant la moitié du film.
05:03 Léa, je ne savais pas que vous étiez si douée en pitch. Est-ce que vous voulez bien faire toute cette promo avec moi ?
05:07 Parce que franchement c'est exactement ça.
05:09 Quand le premier volet est sorti il y a deux ans, éclatait le scandale hors PA après la publication du livre de Victor Castaner.
05:15 Il en est aussi question dans ce deuxième volet.
05:17 Ce n'est pas que drôle, c'est très drôle, mais ce n'est pas que drôle votre film.
05:20 Où vous parlez de la maltraitance des personnes âgées, de ces grands groupes obsédés par le rendement.
05:26 D'ailleurs quand les huissiers viennent vous voir au tout début du film, vous lui répondez
05:29 "On déplace les vieux comme des meubles d'un endroit à un autre juste parce qu'ils sont âgés et parce que c'est la loi."
05:34 Vous voulez les mettre dans une autre maison de retraite et les laisser crever, c'est ça ?
05:38 Bah oui, évidemment que ça fait écho à cette affaire qui a fait beaucoup de bruit il y a deux ans
05:42 et qui a eu lieu pile-poil au moment de la sortie du premier film.
05:46 Je trouve qu'il y a eu certains moments assez choquants pendant cette affaire hors PA.
05:50 Donc on voulait aussi mettre le point dessus.
05:53 Je pense que dans le premier film c'était vraiment plus local, on va dire.
05:55 C'était vraiment des résidents d'une maison de retraite qui n'étaient pas satisfaits, qui se sentaient enfermés, qui se sentaient opprimés.
06:01 Donc qui se retournaient vers leur propre maison de retraite.
06:03 Et là on a essayé de donner un méchant un peu plus large, un peu plus...
06:07 Une méchante d'ailleurs, parce que c'est la patronne du groupe...
06:11 Major Santé.
06:12 Major Santé.
06:13 Mais qui est évidemment très inspiré de l'affaire hors PA.
06:15 Vous avez lu le bouquin de Vicky Castaner ?
06:17 Bien entendu, bien entendu.
06:19 Et d'ailleurs il y a quelque chose qui me choque et qui m'a choqué, c'est que souvent
06:22 les aides-soignants, les auxiliaires de vie, les accompagnants,
06:25 souvent ils sont quand même un peu pointés du doigt dans ce genre de scandale.
06:29 Et à juste titre, parce que certains sont assez complices de ce système.
06:34 Mais en fait, on ne parle jamais de ceux qui s'y opposent,
06:36 on ne parle jamais de ceux qui font bien le job,
06:39 que j'ai eu la chance de rencontrer évidemment pour écrire les films.
06:41 Il faut rappeler quand même que c'est des taffes qui sont souvent sous-considérées, sous-payées.
06:46 C'est des gens qui dépassent leurs heures, qui considèrent les résidents comme leur propre famille.
06:49 Et en fait, on ne parle que de ceux qui font mal le job, c'est terrible.
06:52 Et ceux qui le font bien...
06:53 Votre film, c'est de montrer ça aussi.
06:55 C'est un hommage aussi évidemment aux aides-soignants, aux accompagnateurs.
06:59 Et à ce métier qui est très difficile, comme vous dites.
07:01 Mais franchement, que je serais incapable de faire.
07:04 Il y a quelques jours, j'étais en avant-première, il y a un monsieur qui me dit
07:07 « Vous le faites super bien dans le film, si vous n'aviez pas été acteur, vous auriez été aide-soignant. »
07:10 Je lui dis « Mais monsieur, je suis incapable de ça, je suis certainement beaucoup trop égoïste pour ça. »
07:13 C'est des gens qui dédient leur vie intégrale à aider celle des autres.
07:17 Et donc, ça me fait plaisir dans ce film de rendre aussi hommage à ces aides-soignants.
07:20 Ils sont très en forme, vos vieux, dans le film.
07:23 Il y en a un qui est accro au site de rencontre, une autre qui est fan de yoga.
07:26 Bref, ils s'adaptent au monde moderne.
07:28 Tout à fait, c'est des vieux modernes.
07:30 C'est des vieux modernes et ça, je trouvais ça intéressant.
07:32 Et puis, vous n'avez pas peur de montrer les fragilités aussi, qui touchent les personnes âgées.
07:36 L'isolement, la perte de mémoire, la sénilité, le manque d'autonomie.
07:39 Il y en a un qui oublie la fin de ses phrases, l'autre est sourd.
07:41 Une mamie promène toute nue son chien en laisse alors qu'elle n'a pas de chien au bout de la laisse.
07:46 Elle est atteinte d'une maladie dégénérative.
07:48 Elle fait moment de lucidité, elle pleure, elle vous dit "c'est fini pour moi, je suis seule, tout le monde m'a abandonné".
07:52 Il fallait aussi montrer ça dans le film.
07:54 On n'a rien inventé.
07:56 Tout ce qu'on a mis avec Elodie M, ma co-scénariste, c'est des choses qu'on a réellement vues ou vécues
08:00 ou qu'on nous a racontées de maisons de retraite, d'Ehpad ou de résidences seniors.
08:04 D'ailleurs, j'ai appris la différence pendant justement toute cette petite enquête.
08:08 Ou d'ailleurs, chez les personnes âgées en situation d'isolement,
08:12 qu'on a été visiter parce que malheureusement il y en a de plus en plus depuis le Covid.
08:16 Il faut savoir qu'il y a une très très grande solitude aujourd'hui chez les plus de 65 ans.
08:19 Donc oui, un jour on a assisté à ça.
08:21 À une dame, où tu la vois, tu te dis "mais elle est folle, elle, elle est folle, complète folle".
08:25 Et puis un jour, un beau jour, tu reviens le troisième jour et en fait elle n'est pas du tout folle.
08:29 Elle est au contraire très consciente de ce qui lui arrive et elle a besoin d'en parler.
08:33 En fait c'est ça aussi qui est beau je trouve dans ce film.
08:35 Ce qu'on a essayé de faire, c'est ce que j'ai vécu moi en maison de retraite.
08:38 C'est parfois au début tu juges des gens un poil trop vite et puis plus tu les rends compte,
08:41 plus tu t'y attaches et plus tu comprends aussi leurs problématiques.
08:43 Alors ce deuxième volet comprend un casting XXL.
08:47 Sans doute toutes les vedettes populaires de plus de 75 ans, elles sont dans le film.
08:51 C'est bien simple, vous les avez toutes.
08:53 Daniel Prévost, Michel Jonas, Liliane Rever, Firmin Richard, mais aussi
08:57 Enrico Macias, Amanda Lear, Chantal Lazzou et Jean Reno.
09:01 Jean Reno, il a l'âge d'aller en maison de retraite ?
09:03 Non, je pense qu'il est encore un peu jeune pour aller en maison de retraite.
09:06 Mais vous savez, ça m'a tellement surpris qu'en fait je suis allée googliser son âge.
09:09 Je suis allée voir quel âge il avait. Il a 75 ans.
09:12 Alors lui, il en fait 55.
09:14 C'est vrai qu'il fait beaucoup plus jeune, je suis d'accord avec vous.
09:16 Après, l'idée aussi c'était de montrer des résidents qui ne soient pas fracassés,
09:22 qui ont du mal à parler. L'idée c'est de montrer aussi des résidents frais,
09:26 qui ont la pêche, qui ont la patate.
09:28 En fait l'idée c'est aussi de montrer une autre image de la vieillesse.
09:31 Parce que ce qu'on entend souvent des vieux, surtout pour notre jeunesse,
09:34 parce que c'est ça dont je parlais au tout début, ce rapport entre mon petit frère de 17 ans et ma grand-mère de 82,
09:38 c'est que pour les jeunes, quand on parle à la télé des personnes âgées,
09:41 c'est soit pour nous annoncer des mauvaises nouvelles,
09:43 il y a un an et demi, c'était la loi sur les retraites, il y a deux ans et demi, c'était hors PA.
09:46 Tous les trois mois ou les six mois, on a des scandales sur de l'ingérence ou de la maltraitance en maison de retraite.
09:50 Donc en réalité, pour les jeunes, ça ne donne pas très envie de s'intéresser non plus à cette génération.
09:54 Et c'est aussi pour ça qu'il y a cette scission générationnelle.
09:56 - Jean Reno, vous avez eu du mal à le convaincre. Vous êtes allé chez lui à New York, il ne voulait pas, il vous a dit que vous étiez gentil.
10:02 - Ce que je peux comprendre, c'est effrayant pour un acteur de jouer dans un film qui s'appelle "Maison de retraite".
10:06 Je peux très bien comprendre que ça lui a fait peur.
10:08 Pour le coup, c'est quelqu'un d'intelligent, qui choisit très bien ses projets.
10:11 Il a pris le temps de réfléchir. Je sais qu'il avait un autre film américain au même moment.
10:15 Donc il m'a dit oui, puis non, puis oui, puis non.
10:17 Mais pour moi, c'était impensable de faire ce film sans lui.
10:20 - Aujourd'hui, Kev Adams, vous avez 32 ans.
10:22 Vous vous sentez quoi dans votre vie ? Jeune, vieux, au milieu ? Où ?
10:26 - Je ne me pose pas trop cette question pour être honnête. Je suis un peu... Je suis là.
10:31 - Il y a quelques années, je ne sais pas si vous regardiez ça, il y a des sketchs humoristiques sur Canal, d'Orelsan et de son pote Gringe, qui s'appelait Bloqué.
10:38 Et ils avaient précisément votre âge aujourd'hui, la petite trentaine.
10:41 Ils se sentaient déjà au milieu. Vieux pour les jeunes, jeunes pour les vieux.
10:45 - Tu vois, "Friends". Pour un gars qui a 15 piges aujourd'hui,
10:50 "Friends", c'est exactement la même chose pour lui que ce que "Happy Days" c'était pour nous.
10:55 - Oh putain, Joey s'est fondu.
10:57 - Hum hum. Et du coup, ça m'a fait penser à quelque chose.
11:01 On est les vieux des jeunes.
11:03 - Je suis en train de regarder les dates, je crois que t'as inventé le jeu le plus triste du monde.
11:07 - Un mec de 13 piges, quand il entend parler de Zidane, c'est exactement la même chose que quand nous on entendait parler de Platini.
11:13 - Céline Dion pour un petit, c'est la même chose que Cher pour nous.
11:16 - Aaliyah, c'est Dalida.
11:17 - Elikaku, c'est Coluche.
11:18 - Schwarzenegger, c'est Ronald Reagan.
11:20 - Et tu te rends compte que pour eux, Michel Drucker, c'est comme Michel Drucker pour nous.
11:26 - Bloqué.
11:30 - Ouais, c'est génial.
11:31 - Et vous êtes le vieux des jeunes, vous, aujourd'hui ?
11:33 - Bah oui, forcément, forcément. Je sais que la génération de mon petit frère,
11:37 des 15-20 ans aujourd'hui, je crois pas qu'il me voit comme un de leur semblable.
11:41 - Vous avez peur de vieillir ?
11:43 - Pas vraiment. De moins en moins, en tout cas. De moins en moins.
11:46 En fait, j'ai jamais eu vraiment peur de vieillir.
11:48 La crainte et la peur que j'avais, c'est que j'ai commencé ce métier très tôt
11:52 et que beaucoup de journalistes/spécialistes me disaient
11:56 "bah c'est un peu le boy's band de l'humour"
11:58 et les boy's band, par essence, ça disparaît à un moment ou à un autre.
12:01 C'est plus ça qui me faisait peur, c'est la fin de ce métier.
12:03 Mais de vieillir en soi, ça m'a jamais vraiment fait peur.
12:05 - C'est vrai que vous avez réussi très jeune, "Kev Adams", votre premier one-man show à 18 ans, cartonne.
12:10 Vos passages à la télé chez Laurent Ruquet vous propulsent "Idoles des ados".
12:14 Connaître la gloire à 18 ans, c'est tôt. Vous auriez pu finir par vous perdre, par exploser en vol,
12:19 devenir drogué, à côté, dépressif, etc. On en a vu d'autres.
12:22 Qu'est-ce qui vous a fait tenir ?
12:24 C'est l'ambition ? C'est votre entourage ?
12:26 - Je pense que c'est une passion sans limite pour ce métier.
12:29 Vraiment, c'est tout ce que j'aime faire. J'adore écrire, j'adore produire, j'adore jouer.
12:33 C'est vraiment ma passion.
12:35 Souvent je répète ça aux gens qui travaillent avec moi et ça les énerve comme blague.
12:38 Mais c'est la vérité. Souvent je leur répète tout ce que je fais là.
12:41 Je l'aurais fait gratuit, sans aucun problème, parce que c'est vraiment ma passion.
12:45 Et après, je pense à l'entourage. Je suis très entouré, je suis très famille.
12:48 On parle des grands-parents non-signe, c'est pas pour rien. Je suis encore très proche de mes grands-mères.
12:52 - Et très vite, vous avez travaillé aussi pour subvenir aux besoins matériels de vos petits frères.
12:56 Vous avez aidé la famille des 18 ans, 19 ans, financièrement.
12:59 - Effectivement, puisqu'il faut préciser que je crois que dans la vie, toujours, tout est bien fait.
13:04 Et mon "explosion" dans ce métier a concordé avec le divorce de mes parents.
13:08 Et un divorce, ça secoue toujours une famille, à plusieurs niveaux, et évidemment au niveau financier.
13:13 Et donc, j'étais hyper heureux d'être là pour ce moment-là.
13:16 - Alors, le hasard des choses fait que Jean Reno, je l'ai croisé hier à la Maison de la Radio,
13:22 puisqu'il allait à France Info pour votre film. Et je lui ai dit "Cavadam, c'est quoi pour vous ?"
13:26 Et il m'a regardé et il m'a dit "Cavadam, c'est la vivacité, l'intelligence, l'ambition.
13:30 Et Cavadam, c'est aussi les blessures d'enfance."
13:33 - Ah, c'est marrant qu'il ait dit ça. - C'est quoi les blessures d'enfance ?
13:36 - Moi, je pense qu'on est tous faits de nos blessures d'enfance.
13:38 Moi, j'ai eu beaucoup de blessures d'enfance. - C'est quoi vos blessures d'enfance ?
13:41 - Moi, je m'en suis jamais caché. J'étais le petit bouboule de l'école.
13:44 - On se moquait de vous parce que vous étiez gros. - Oui, pas gros, mais bouboule.
13:48 J'avais des joues un peu plus épaisse que les autres. Le petit bidou, le môme.
13:53 Et puis, même pendant mon adolescence, j'ai jamais été...
13:56 En fait, c'est particulier parce que j'ai jamais été ni le musicien, ni le beau gosse, ni le drôle, d'ailleurs.
14:01 Il y a souvent des archétypes comme ça dans les bandes d'ado.
14:03 Moi, j'étais un peu le verre d'eau. Celui que tu vois, que tu vois pas, tu t'en fous.
14:07 Et je pense que cette volonté de faire ce métier, d'exister, d'être aimé aussi, puisque c'est le cas.
14:12 Quand on est un artiste, on a envie d'être aimé.
14:14 Vient de toutes ces blessures d'enfance.
14:16 - Mais vous dites que cette perception atrophiée de vous, vous l'avez gardée.
14:19 Le succès n'a rien changé. Quand je vois des photos de moi, quand je me regarde dans la glace, je me trouve toujours gros.
14:23 - Non-stop, oui. C'est dingue, d'ailleurs.
14:25 Et ma mère me dit que c'est une déformation. - Donc, vous n'êtes pas réparé ?
14:29 - Non, non, non. Ah non, mais c'est dingue. Ça m'est arrivé encore hier soir.
14:32 Je vois des photos d'il y a deux mois, je me dis que je suis énorme, mais personne ne me le dit.
14:36 Et ma mère, elle m'a dit "mais t'as un problème avec ça, il faut que t'arrêtes avec ça, vraiment".
14:39 - Et quand est-ce que vous allez régler ce problème ?
14:41 - En fait, j'ai essayé. J'ai été voir des psys et tout ça, mais les psys m'expliquaient que c'était des visions,
14:46 que c'était comme une illusion d'optique en réalité, que c'est dans mon cerveau, tout ça, etc.
14:51 Et je suis sorti de là en disant "merci beaucoup, mais sur cette photo, je suis désolé, je suis énorme".
14:56 - Kev Adams, je vous avais reçu il y a quelques mois, dans quelle époque ?
14:59 C'était au début de... après le 7 octobre.
15:02 Aujourd'hui, on a cet hommage national pour les victimes françaises, les 42 victimes françaises des attentats du Hamas.
15:08 1000% d'augmentation des actes antisémites cette année, 1000% de plus.
15:13 Patrick Bruel disait se sentir menacé en tant que juif en France. Est-ce que vous aussi ?
15:17 - Non, je ne crois pas que je me sente menacé en tant que juif en France, mais je me sens...
15:22 Ouais, je ne sais pas, j'ai l'impression que c'est presque devenu compliqué de parler de ces sujets-là.
15:28 J'ai l'impression que les gens confondent tout et ça me fait peur, franchement.
15:31 L'autre jour, je parlais de judaïté justement, je parlais de religion, je suis religieux, je l'ai toujours assumé, je suis très croyant.
15:38 Et on est tout de suite... la discussion a tout de suite glissé sur le sujet israélo-palestinien.
15:43 Je me suis dit "c'est dingue, on ne peut plus parler de judaïté sans parler de ça".
15:47 C'est-à-dire qu'on en est arrivé là, on ne peut plus décorréler ces deux sujets.
15:51 C'est dingue quand même, je pense que les gens sont très tendus.
15:54 Il y a une vraie tension aujourd'hui, particulièrement en France puisqu'on a une communauté juive et une communauté musulmane.
16:01 Une communauté musulmane très forte.
16:03 Je crois profondément en la paix, c'est ce que je défendais sur votre plateau encore il y a quelques semaines.
16:09 Et je prie pour la paix, franchement.
16:11 - Les impromptus vous répondez très rapidement, sans trop réfléchir.
16:14 La scène ou le cinéma ?
16:15 - La scène.
16:16 - Écrire ou produire ?
16:17 - Écrire.
16:18 - Louis de Funès ou Coluche ?
16:19 - Louis de Funès.
16:20 - Télé 7 jours ou Télérama ?
16:21 - Télé 7 jours.
16:23 - Gad Elmaleh ou Jamel Deboeuse ?
16:24 - C'est impossible, Gad Elmabeuse.
16:26 - Instagram ou Twitter ?
16:28 - Instagram.
16:29 - Spielberg ou Scorsese ?
16:31 - Spielberg.
16:32 - Vous votez ?
16:33 - Oui.
16:34 - Depardieu ou Belmondo ?
16:35 - Belmondo.
16:36 - Tunisie d'où vient votre grand-mère ou Algérie d'où vient votre grand-père ?
16:39 - C'est impossible.
16:41 - Dernière fois que vous avez ri ?
16:44 - Tous les jours, il doit y avoir 10 minutes.
16:47 - Dernière fois que vous avez pleuré ?
16:49 - Il y a longtemps.
16:50 Il y a peut-être un an.
16:52 - Et l'amour dans tout ça ?
16:54 - Ça va.
16:55 - Ah oui ?
16:56 - Prêt à vous engager ou pas ?
16:59 A chaque fois, je prends des nouvelles de vous.
17:01 - C'est vrai que j'ai l'impression que ça vous inquiète, ma vie amoureuse.
17:03 Bah écoutez, pourquoi pas, bien sûr, j'aimerais beaucoup.
17:06 En tout cas, je cherche une relation…
17:08 Enfin, tout va bien.
17:10 - Que madame, c'était notre invitée.
17:13 - Je voulais dire, je cherche à être stable.
17:14 Et c'est ce qui se passe dans la vie en ce moment, donc tout va bien.
17:16 - Ah, on y est ?
17:17 - Ah oui.
17:18 - On y est à la scène.
17:19 - J'ai tout le temps l'impression.
17:20 Avec Léa, j'ai l'impression d'aller voir cette tante extrêmement bienveillante.
17:24 - Je vous remercie pour la chance.
17:26 Je vous remercie, je n'ai que 10 ans de plus que vous.
17:28 - Justement, moi j'ai une tante qui a 10 ans de plus que moi.
17:30 - Mais voilà.
17:31 Maison de retraite 2 sort mercredi prochain.
17:34 Merci et belle journée à vous.
17:35 - Merci Anne d'avoir reçu Léa.
17:36 - Et tout de suite, Voyou et Vanessa Paradis, le bal sur Inter.

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