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Mardi 7 janvier 2025, SMART IMPACT reçoit Thierry Goubault (PDG, Charles et Alice) , Benoît Parraud (Directeur Département Mobilité, Tourisme, Loisirs, Opinion Way) , Jean Pinard (président, FUTOURISM) et Thibaut Brecville (Directeur exécutif, Dealinka)

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00:00Bonjour, bonjour à toutes et à tous, bienvenue, c'est Smart Impact, l'émission de celles
00:12et ceux qui font de la transformation environnementale et sociétale un axe fort de leur stratégie.
00:17Et voici le sommaire du jour.
00:19Mon invité, c'est Thierry Goubeau, le président de Charles et Alice, une ETI qui propose des
00:25desserts sans sucre ajouté, l'entreprise est devenue entreprise à mission au mois
00:30de juin dernier.
00:31Dans notre débat, on va dévoiler les résultats d'une étude d'un baromètre sur la perception
00:36du surtourisme par les Français et on verra quelles sont les solutions pour en limiter
00:40les effets.
00:41Et puis dans notre rubrique consacrée aux start-up éco-responsables, je vais vous présenter
00:46Dylinka qui aide les entreprises à gérer leurs stocks dormants et leurs invendus.
00:51Voilà pour les titres, c'est Smart Impact, tout de suite.
00:56L'invité de Smart Impact, c'est Thierry Goubeau, bonjour.
01:04Bonjour.
01:05Merci de m'inviter.
01:06Merci.
01:07Vous êtes le président de Charles et Alice, une marque de desserts que vous avez créée
01:10en 2011.
01:11J'ai lu en préparant l'émission que vous vouliez devenir une référence en matière
01:15de produits sans sucre ajouté.
01:17Est-ce qu'à l'époque, vous étiez un peu les seuls ou un peu en avance ?
01:20Ah oui, complètement.
01:22En fait, c'est l'histoire même plus de 20 ans.
01:25On a créé la marque Charles et Alice il y a 11 ans, mais en fait il y a plus de 20
01:30ans qu'on a décidé de ne pas rajouter de sucre dans les compotes avec effectivement
01:37deux idées.
01:38Un, d'abord, effectivement, c'est plus sain et puis deux, surtout, ça vous permet de
01:42découvrir le goût du fruit et le vrai goût du fruit parce que le sucre a tendance à
01:48gommer un peu le goût du fruit alors que là, on est vraiment sur la saveur du fruit.
01:53Et donc, ça fait 20 ans que le marché se développe et qu'il se vend de plus en plus
01:59de desserts et de compotes sans sucre ajouté par rapport à des produits sucrés.
02:03Et d'ailleurs, je trouve ça très intéressant parce qu'on parle du goût, on parle du plaisir
02:07de manger, on parle du goût et le goût, il s'éduque d'une certaine façon.
02:11Je discutais de ça avec des marques de céréales par exemple qui ont essayé de faire baisser
02:16et qui l'ont fait, le niveau de sucre dans leur boîte.
02:19Mais ce n'est pas si évident quand vous avez des clients qui sont habitués à manger
02:23des compotes avec des sucres ajoutés.
02:25Je dirais que l'éducation, elle commence dès la plus petite enfance.
02:29Alors, c'est vrai que quand on est les jeunes enfants ont tendance à aimer ce goût sucré
02:36qui donne une douceur aux aliments.
02:37Mais si vous donnez très vite et de plus en plus de parents donnent très jeune à
02:43leurs enfants des produits sans sucre, en fait, vous vous apercevez que les enfants
02:48adoptent le vrai goût du fruit.
02:50Et puis alors, ce qui est intéressant, c'est qu'une fois que vous avez adopté le vrai
02:54goût du fruit sans sucre, vous revenez rarement en arrière.
02:57C'est comme le café, une fois que vous prenez votre café sans sucre, on découvre
03:01le vrai goût du café.
03:02Voilà, on découvre le vrai goût du café.
03:03Donc, le goût du fruit est donc un soutien évident aux producteurs français.
03:11Vous représentez quoi dans vos produits ? C'est quoi ? 60, 70, 80% ?
03:16Alors aujourd'hui, sur la marque Charles-Alice, on a 70% de nos références qui sont en fruits
03:24100% français.
03:25Et l'objectif, c'est d'aller encore plus loin.
03:30D'ailleurs, c'est un des objectifs qu'on s'est fixé dans le cadre de notre choix
03:34de devenir une entreprise à mission.
03:35Un de nos objectifs, c'est effectivement de favoriser l'approvisionnement local et
03:40français.
03:41Par exemple, aujourd'hui, on est 100% français en fraises, en abricots, en pêche.
03:47On a travaillé depuis trois ans pour développer une filière de pêche française parce qu'avant,
03:50il fallait aller chercher les pêches ailleurs en Europe.
03:53Ça, c'était comment ? Elle s'était appauvrie la filière française de pêche ?
03:57En fait, pour faire une bonne compote de pêche, il faut une variété particulière qui n'était
04:02pas forcément plantée et développée en France.
04:06Et donc, on a, avec un certain nombre d'arboriculteurs dans le sud de la France, on a développé
04:10une filière sur la pêche.
04:12Alors, il nous reste encore des fruits sur lesquels on veut travailler, en particulier
04:15les fruits rouges comme la framboise, la myrtille.
04:17Et ça fait partie des engagements qu'on a pris dans le cadre de notre mission, justement,
04:23c'est de développer des nouvelles filières.
04:25On va en parler justement de ce choix de devenir entreprise à mission.
04:27Quelques chiffres clés sur Charles et Alice, une ETI entreprise de taille intermédiaire
04:33solide, 520 collaborateurs, 220 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2023, plus 60% de
04:38croissance en 10 ans, ce sont les chiffres que vous fournissez.
04:40Et donc, ce choix de devenir entreprise à mission, c'était au printemps dernier.
04:44Pourquoi ?
04:45Alors, c'est quelque part la suite logique de notre histoire, c'est-à-dire que notre
04:51engagement RSE, au travers de développement de filières, au travers de réduction de
04:56l'impact sur l'environnement, ce n'est pas quelque chose qu'on a découvert il y
04:59a six mois.
05:00On le fait depuis longtemps.
05:01Et pour passer à un nouveau cap, il nous paraissait important de mettre ça dans les
05:07statuts de l'entreprise.
05:08Parce que, comme vous savez, une entreprise à mission, c'est une entreprise qui n'a
05:11pas seulement une vocation commerciale de gagner de l'argent, qui, à côté de cette
05:19responsabilité commerciale, a une responsabilité sociale et environnementale, et c'est inscrit
05:24dans les statuts, ce qui change tout, parce que vous avez des objectifs à atteindre et
05:29à tenir.
05:30Et en fait, on s'engage autour de trois objectifs, qui sont l'approvisionnement local, la réduction
05:37de l'impact sur l'environnement et ce qu'on appelle chez nous le bien-vivre ensemble.
05:40Alors, c'est important ce que vous dites, parce qu'il y a la raison d'être.
05:43Et alors, on va la voir s'afficher ensemble, nous créons avec responsabilité et enthousiasme
05:47des produits savoureux pour donner du goût à l'avenir.
05:50Bon, c'est un super engagement, sauf que quand on a dit ça, on n'a pas dit grand-chose.
05:54C'est pour ça qu'il y a des objectifs derrière très précis, qu'on décline, sur l'approvisionnement local.
06:03Alors, prenons l'exemple.
06:04Ça veut dire quoi ? Ça veut dire que vous donnez une limite géographique ? C'est la France ?
06:10Alors, on parle de la France, et autant que faire ce peu local, par exemple, sur la pomme,
06:17qui est l'ingrédient majeur pour fabriquer une compote, en fait, on travaille avec des
06:23arboriculteurs qui sont à moins de 200 kilomètres à la ronde de nos sites de production.
06:27Puisqu'en fait, on reçoit la pomme fraîche tous les jours, en flux tendu, donc l'approvisionnement,
06:34il est dans un rayon d'action le plus minime possible.
06:38Pareil pour les fruits dont j'ai parlé, fraises, abricots, pêches, qu'on essaye d'approvisionner en France.
06:45Et l'engagement de développer des filières, par exemple, on a pris l'engagement d'ici
06:50deux ans de développer une nouvelle filière sur les fruits rouges.
06:53Il faut savoir qu'il y a peu de filières en France sur le fruit rouge.
06:57On a réussi à en développer une sur la fraise, et on a l'intention d'en développer
07:01une sur d'autres fruits dans les deux années qui viennent.
07:03Quand on parle de biodiversité, par exemple, on pourrait se dire, de toute façon, ils
07:08soutiennent la filière arboricoles, les fruits, donc on est tranquille.
07:12Ou est-ce qu'il y a des efforts particuliers à faire ?
07:14Alors, en plus, on travaille principalement, et on essaye de ne travailler de plus en plus
07:20qu'avec des arboriculteurs ou producteurs qui sont engagés dans une démarche qu'on
07:24appelle HVE, haute valeur environnementale, dont vous avez sans doute entendu parler.
07:29Et donc, ces producteurs s'engagent aussi en termes de biodiversité, en termes de réduction
07:34de consommation d'eau, à aller toujours vers une agriculture la plus raisonnée possible.
07:41Je crois que Charlie Hally, c'est la première société à mission dans ce secteur de l'agroalimentaire.
07:47Absolument.
07:48Pourquoi vous êtes les seuls ?
07:49C'est à vous de répondre à la question, mais c'est assez surprenant, ça.
07:52C'est une démarche contraignante, en fait ?
07:54Si vous essayez de vous mettre dans la tête de vos collègues et concurrents.
07:59Enfin, pour nous, ce n'est pas une démarche contraignante, c'est un engagement.
08:03Ce qui est important quand vous voulez avoir une politique RSE, à mon avis, importante,
08:09c'est important d'engager toute l'entreprise, tous les salariés et les collaborateurs,
08:13et c'est d'autant plus engageant que vous l'avez inscrit comme une mission dans vos statuts.
08:17Ce n'est pas un objectif pour faire bien, parce que le problème de la RSE, c'est qu'on sort des beaux rapports.
08:30Là, c'est différent, c'est qu'on a un engagement, on a des organismes qui vont contrôler qu'on tient nos engagements tous les deux ans.
08:37Et en fait, ça fédère et ça entraîne toute l'entreprise derrière ce nouvel engagement,
08:44qui est aussi important que l'engagement commercial et financier.
08:48Est-ce que ça vous prépare aussi plus efficacement à la CSRD, au nouveau bilan extra-financier qui s'impose petit à petit à toutes les entreprises françaises et européennes ?
08:59Ça fait partie de la démarche, et c'est sûr que ça facilite l'engagement CSRD.
09:05Vous y êtes déjà ?
09:07On y travaille, c'est pour 2026, donc oui, ça fait partie des sujets sur lesquels on travaille.
09:14Il y a un certain nombre de voix qui s'élèvent au niveau européen pour dire qu'il faudrait peut-être appuyer sur le frein, la CSRD c'est trop contraignant, etc.
09:22Moi, je pense que si l'Europe le décide, ce serait très dommage, parce que ce serait une prime à ceux qui ne se sont pas engagés et qui n'ont pas anticipé.
09:31Vous voyez ce que je veux dire ?
09:32Je pense que c'est un débat plus large de tout ce qu'on appelle les normes, les contraintes, etc.
09:39On peut sans doute simplifier le système.
09:41C'est vrai que quand on lit le détail du CSRD, ça peut paraître contraignant, mais en fait pour nous, Charles et Alice, ce n'est pas tant le sujet.
09:55Le sujet, c'est les engagements qu'on prend, et puis je pense que les engagements qu'on prend nous permettront de remplir les objectifs du CSRD.
10:03Mais on ne s'est pas dit tiens, il y a la CSRD qui arrive, il faudrait peut-être qu'on prenne les engagements.
10:08C'est que ces engagements, on les a pris bien avant, avec des objectifs clairs, et puis on s'inscrit dans la démarche CSRD.
10:17On conclut avec cette opération, Opération Solidaire, qui s'appelle Joyeux Mot, que vous organisez depuis 5 ans. De quoi il s'agit ?
10:25En fait, dans le cadre de notre objectif de bien vivre ensemble, il y a un objectif de bien vivre ensemble avec les salariés et tous les collaborateurs,
10:34mais il y a aussi l'idée de rapprocher les générations.
10:38Il se trouve que nos produits sont très consommés par les enfants et aussi assez consommés par les seniors.
10:45Et donc l'idée, ça a été de créer un lien entre les jeunes enfants et les personnes âgées qui peuvent être en particulier dans les EHPAD.
10:52Et en fait, dans les écoles, les enfants écrivent des petits mots, des petits joyeux mots qu'on les appelle,
11:00qu'on appose sur les petits pots de compote qui partent dans les EHPAD.
11:05Et en fait, ce qui est incroyable, c'est la réaction qu'on a eue des personnes âgées dans les EHPAD,
11:10qui ont répondu aux écoles en disant ce petit sourire au moment des fêtes est hyper sympa.
11:18Et ce qui fait que maintenant, on organise même des réunions dans les EHPAD.
11:24Et on va même essayer d'organiser maintenant des rencontres entre les jeunes enfants et les personnes âgées.
11:29Voilà une belle idée. Merci Thierry Goubeau d'être venu nous rejoindre ici à Paris sur le studio de Be Smart for Change.
11:38A bientôt.
11:39Merci beaucoup.
11:40On passe tout de suite à notre débat.
11:48Le Surtourisme au programme de notre débat avec Benoît Parot.
11:52Bonjour.
11:53Bienvenue.
11:54Vous êtes directeur du département Mobilité, Tourisme et Loisirs chez Opinion Way.
11:58Avec nous en duplex également Jean Pinard.
12:00Bonjour.
12:01Vous êtes consultant en progrès touristique, président de Futourisme.
12:05Merci d'avoir accepté notre invitation.
12:08Vous avez publié il y a quelques semaines, c'est au mois de septembre, une étude sur les Français le Surtourisme.
12:13C'est une sorte de baromètre, si je comprends bien, qui se renouvelle depuis quelques années.
12:17Peut-être la leçon principale pour commencer.
12:19La leçon principale, c'est que la perception de la surfréquentation est très importante aujourd'hui
12:25quand on interroge les Français qui sont partis en vacances durant le mois de juin, juillet, août et première quinzaine de septembre.
12:33Dans notre baromètre, on a cette année, au mois de septembre, intégré une question
12:37sur est-ce que vous avez été exposé à la surfréquentation quand vous visitez un lieu touristique.
12:42La réponse est assez cinglante puisque 53% des Français ayant visité un lieu touristique au cours de l'été 2024
12:50déclarent avoir été confronté à cette surfréquentation.
12:55Le problème d'être exposé à la surfréquentation n'est pas un problème en soi,
12:59sauf qu'elle l'est parce que deux tiers de ces Français ayant été exposés à la surfréquentation
13:06se déclarent avoir été gênés par la foule, par le trop de monde.
13:11On voit bien qu'elle dégrade de façon relativement importante l'expérience de visite.
13:16Ça veut dire que l'argument environnemental dont on va beaucoup parler dans ce débat,
13:21il est peut-être présent mais il se double de l'expérience moins sympa.
13:28Exactement. Pendant très longtemps on a associé le surtourisme à la problématique environnementale.
13:32Elle est présente, elle est importante.
13:35On sait également que par exemple dans les Calanques à Marseille,
13:38ils ont instauré un système de quotas pour protéger ces lieux touristiques naturels.
13:44Mais au-delà de ça, elle se double, vous avez tout à fait raison,
13:47d'une mauvaise expérience du point de vue des touristes.
13:50Et le plaisir de découvrir des lieux touristiques par nature un peu exceptionnels,
13:54qu'ils soient naturels, des monuments ou des villes par exemple,
13:57est en train de se dégraner.
13:59C'est pour ça que le chiffre est très présent et beaucoup plus fort cette année que lors des autres vagues.
14:04J'en veux pour preuve que cette année, 17% des personnes ayant été confrontées à la surfréquentation du tourisme,
14:11déclarent avoir préféré refuser et fait demi-tour,
14:14sont rentrés chez eux dans leurs lieux de visite.
14:17On avait prévu ce chiffre, effectivement.
14:19Ce qui est intéressant, on va le voir, 17% des visiteurs confrontés ont décidé d'annuler leur visite.
14:24C'est la progression.
14:25Absolument.
14:27C'est 8 points de plus par rapport à l'an dernier.
14:29Absolument.
14:30Cette proportion a doublé par rapport à l'année dernière.
14:32On était à 9% l'année dernière, on passe cette année à 17%.
14:36Donc on voit bien que le phénomène prend de l'ampleur.
14:39Et c'est quand même, il me semble, des chiffres qui doivent interpeller les professionnels du tourisme aujourd'hui.
14:45Jean Pinard, je reviens vers vous une première fois.
14:47Vous disiez dans une tribune publiée dans Le Monde, c'était au mois de septembre dernier,
14:51que cette notion de surtourisme pouvait parfois relever du mépris de classe.
14:57Expliquez-nous.
14:59Oui, parce que ceux qui l'ont abordé, je ne parle pas de l'étude qui vient d'être faite,
15:04mais souvent, ceux qui commentent le surtourisme,
15:07sont des gens qui auraient envie de passer des vacances là où les autres ne le passent pas.
15:15L'étude qui vient d'être faite, quand les gens disent on est victime du surtourisme,
15:19ils en sont acteurs.
15:20Ils sont acteurs du surtourisme, ce n'est pas un phénomène nouveau.
15:25Le phénomène nouveau, c'est qu'il y a moins de tolérance par rapport au fait
15:28qu'il y a du monde là où on vient passer ses vacances,
15:31il y a du monde sur les endroits qu'on visite.
15:34Mais moi, ce que je constate, c'est que sur ces cinq dernières années,
15:38puisqu'on va reprendre jusqu'à la crise de la Covid,
15:41la fréquentation touristique française, elle n'a quasiment pas bougé.
15:46Et au niveau mondial, c'est un secteur émetteur de gaz à effet de serre
15:53et plutôt en progression, qu'est-ce qu'on peut en dire Jean-Pinard ?
15:56C'est clair que le tourisme est le mauvais élève de l'économie,
16:00d'une manière générale.
16:01C'est la filière qui a fait le moins d'efforts,
16:04c'est la filière qui continue à faire progresser ses émissions de gaz à effet de serre,
16:08donc c'est assez dramatique de ce point de vue là.
16:11Il y a des causes qui sont purement démographiques,
16:13il y a de plus en plus d'habitants dans le monde,
16:16donc il y a de plus en plus de gens qui font du tourisme,
16:19et puis il y a l'idée qu'il faut toujours se déplacer plus loin et surtout plus rapidement.
16:26Donc ce qui n'est pas durable dans le tourisme, c'est le transport,
16:30et ce qui n'est pas durable dans le transport, c'est l'avion.
16:32Or, comme les vols à vocation touristique ne font que progresser,
16:37on est loin d'avoir réglé le problème du tourisme durable.
16:41Je reste avec vous Jean-Pierre,
16:43la France reste la première destination touristique mondiale,
16:46donc comment prendre en main cette problématique du surtourisme
16:55sans se tirer une balle dans le pied, vous voyez ce que je veux dire ?
16:57En tout cas, sur le sujet du durable, ce qui est sûr,
17:00c'est qu'on ne peut pas, je sais que le « en même temps » est un terme très à la mode.
17:05Enfin un peu moins maintenant, mais bon.
17:08En tout cas, on ne peut pas être la première destination mondiale en termes de fréquentation
17:13et en même temps, la promenadisation durable,
17:15puisque c'est un des objectifs assignés à l'économie touristique.
17:20On ne peut pas le faire, donc ça veut dire qu'il va falloir faire des choix.
17:22Moi, je regrette qu'on n'ait jamais validé un certain nombre d'objectifs,
17:26qu'on n'ait jamais fait finalement une sorte de COP tourisme
17:29qui aurait permis de dire ce qu'on ne veut plus faire,
17:31ou en tout cas ce qu'on veut faire baisser.
17:33Ce qui est sûr, c'est que plus on accueille de monde,
17:36plus on va être confronté à des problèmes de ce tourisme.
17:39Mais je l'aurais dit, il n'y a pas d'augmentation de fréquentation notoire.
17:44J'ai envie de dire pour une image un peu rigolote,
17:50mais moi, si je sors faire mes courses aujourd'hui dans les magasins
17:53pour acheter mes cadeaux de Noël, je vais me plaindre qu'il y ait beaucoup de monde.
17:56Mais c'est la période qui veut ça.
17:58Au mois d'août, il y a beaucoup de monde qui part en vacances
18:02parce que les entreprises sont fermées,
18:04parce que c'est les vacances scolaires et parce qu'il fait beau.
18:07Plus on sera capable de faire changer les saisons
18:11et d'avoir une mer à 25 degrés au mois de novembre,
18:13il y aura plus de monde sur la plage au mois de novembre.
18:15J'ai envie de dire qu'il y aura beaucoup de soleil.
18:17Je reprends la main. On s'en plaint, Jean Pinard, et on y participe.
18:20C'est effectivement ce paradoxe.
18:22Ce qui est intéressant dans votre étude,
18:24c'est à quel point les Français sont prêts à modifier éventuellement
18:27leurs habitudes. Expliquez-nous.
18:29Tout à fait, Thomas. C'est aussi ça qui est intéressant cette année.
18:32Déjà en 2022-2023, on voyait dans notre baromètre
18:35que les Français étaient prêts à faire des efforts
18:37pour ne pas renoncer aussi au tourisme.
18:40D'ailleurs, dans les arbitrages, le poste de tourisme et des vacances
18:44est celui où il y a des arbitrages au dernier moment.
18:47C'est vraiment le dernier poste qu'on touche
18:49quand on doit faire des arbitrages financiers.
18:51Et là, ce qui est intéressant dans notre enquête cette année,
18:53c'est que justement les Français sont en faveur
18:57de mettre en place, de déployer des solutions
19:00dans la gestion d'aménagement et dans l'anticipation
19:03de cette fréquentation des lieux touristiques.
19:07On en veut pour preuve différents résultats.
19:10Par exemple, 89% des Français sont favorables
19:14à la mise en place d'horaires élargis
19:16au niveau des ouvertures des lieux touristiques.
19:19Alors, effectivement, l'idée, c'est de venir un peu plus...
19:24Un peu plus tôt le matin, un peu plus tard le soir.
19:26Voilà, de lisser un petit peu la fréquentation dans la journée,
19:29avoir la possibilité de venir un peu plus tôt, de venir un peu plus tard.
19:32Donc on voit déjà, première action relativement simple,
19:35entre guillemets, à mettre en place et concrète.
19:37Les Français adhèrent massivement à cette solution.
19:40Autre élément, 87% sont également favorables
19:43à l'idée de circuits alternatifs au niveau touristique.
19:46Alors, c'est des choses qui sont déjà mises en pratique
19:49dans un certain nombre de régions touristiques.
19:51Mais pour autant, peut-être qu'elles ne sont pas assez mises en avant
19:54pour permettre justement à des gens,
19:57pour lesquels le ressenti de la surfréquentation
20:00devient aussi un peu plus intolérable.
20:03Alors, on va prendre d'autres chiffres.
20:05Mais là-dessus, Jean-Pinard, je reviens à vous,
20:07parce que les circuits alternatifs, c'est très bien,
20:10mais tout le monde voudra toujours visiter le Mont-Saint-Michel,
20:13même si la région propose plein d'autres sites et villages
20:16qui sont magnifiques.
20:18Vous voyez ce que je veux dire ?
20:20C'est ça, l'homiguité.
20:22C'est qu'en fait, dans cette problématique,
20:24telle qu'elle est posée aujourd'hui sur le surtourisme,
20:26on a l'impression qu'il faudrait
20:28qu'il y ait des endroits qui soient réservés
20:30à des gens qui auraient les codes et la culture
20:32pour visiter les sites les plus emblématiques.
20:34Et ceux qui n'auraient pas les codes
20:36devront se contenter d'autre chose.
20:38C'est pour ça que je parle de mépris de place,
20:40parce que finalement, c'est un peu vers ça que l'on va.
20:43Donc oui, on a envie de visiter ce qui est connu,
20:46mais on a envie de visiter ce qui est beau.
20:48Alors, juste sur cet exemple du Mont-Saint-Michel,
20:51la problématique de la surfréquentation du Mont-Saint-Michel,
20:54c'est quatre week-ends par an.
20:56C'est au mois de mai quand il commence à faire beau,
20:58qu'on sort de chez soi et qu'on dit
21:00« Tiens, et si on allait visiter ou revisiter le Mont-Saint-Michel ? »
21:03Donc je pense qu'il faut être un peu prudent
21:06et un peu modéré sur ce sujet du surtourisme,
21:08même si, sur la question des horaires,
21:11et les 80% de Français qui voudraient
21:13qu'on élargisse les horaires,
21:15si vous ouvrez Louvre le mardi,
21:17vous donnez une capacité de fréquentation
21:20de 16% supplémentaire par rapport à ce qui se fait aujourd'hui,
21:23puisque c'est ouvert 6 jours sur 7.
21:25Donc, effectivement, ouvrir 7 jours sur 7 les musées,
21:28ne plus fermer le mardi, ouvrir de 8h le matin,
21:31mais surtout fermer à 22h, voire à 23h,
21:33des sites aussi emblématiques que le Louvre,
21:36c'est une première réponse,
21:38et il me semble assez facile à mettre en œuvre.
21:40Il y a d'autres solutions.
21:42Je vais donner les chiffres,
21:44parce que ça ouvre la question du prix.
21:46Je trouve ça intéressant.
21:4879% favorable à la mise en place de tarifs modulés,
21:50selon les saisons.
21:5269% favorable à l'interdiction de la visite
21:54sur certaines périodes de l'année,
21:56c'est coercitif,
21:58et 69% favorable au système de quotas.
22:00Il y a une question
22:02qui rejoint l'idée de mépris classe,
22:04c'est la sélection par le prix.
22:06Vous voyez ce que je veux dire.
22:08On peut se dire, mettons des tarifs
22:10tellement chers que moins de gens
22:12pourront se le payer.
22:14En fait, je ne suis pas tout à fait d'accord
22:16avec cette idée de mépris classe.
22:18Pourquoi ? Parce que l'enquête montre
22:20que les tarifs sont partagés par tous les Français.
22:22Qu'ils soient de classe sociale aisée,
22:24qu'ils soient de classe sociale
22:26avec un peu plus de difficultés,
22:28qu'ils soient jeunes,
22:30qu'ils soient un peu plus âgés,
22:32quel que soit le genre,
22:34quelle que soit leur région d'habitation.
22:36Les réponses sont assez équilibrées.
22:38C'est ça qui est fort.
22:40La grande majorité des Français,
22:42quel que soit leur profil,
22:44attendent des solutions de régulation
22:46par rapport à ce type
22:49de soucis et de surfréquentations.
22:51Mais quand on parle de quota,
22:53il y a toujours, quand on fait des études
22:55comme ça, c'est-à-dire qu'on dit
22:57super, c'est un bon principe,
22:59sauf le jour où on y est confronté.
23:01Oui, sauf que, si vous voulez,
23:03il y a aussi une pratique de plus en plus régulière
23:05qui consiste à réserver
23:07pour pouvoir accéder.
23:09Vous prenez l'exemple du musée d'Orsay, par exemple.
23:11Ma femme, hier soir, allait voir l'exposition.
23:13La fameuse exposition qui est en ce moment.
23:15Elle a forcément réservé.
23:17C'est une démarche qui est aujourd'hui très habituelle.
23:19Dans toute notre façon de consommer,
23:21on a de plus en plus
23:23l'habitude de réserver en avance
23:25pour pouvoir accéder à quelque chose.
23:27Et donc, cette nécessité
23:29de mettre en place des quotas,
23:31de réserver, n'est plus un frein majeur
23:33aujourd'hui dans l'organisation
23:35de ces vacances.
23:37On planifie pour prendre le train,
23:39on planifie pour prendre l'avion,
23:41on va planifier aussi sa visite,
23:43des lieux touristiques.
23:45Le dernier mot, oui, c'est que quand même,
23:47on voit qu'il y a une petite séparation
23:49entre les moins de 50 ans et les personnes un peu plus seniors.
23:51Les personnes un peu plus seniors de plus de 50 ans
23:53sont un peu moins prêtes à faire des efforts
23:55et appellent un peu moins
23:57à la mise en place de solutions.
23:59C'était le seul élément un peu distinctif.
24:01Merci beaucoup, merci à tous les deux
24:03et à bientôt sur BeSmart for Change.
24:05On passe à notre rubrique Startup, tout de suite.
24:07Smart Ideas avec Thibaut Bregueville.
24:09Bonjour.
24:11Bonjour.
24:13Bienvenue.
24:15Vous êtes le directeur exécutif
24:17de D-Linka.
24:19C'est une entreprise qui a été fondée
24:21par Alexis Raspillère et Ramil Alvarez
24:23en janvier 2023.
24:25C'est quoi D-Linka ?
24:27C'était quoi leur idée ?
24:29L'idée de départ en 2021
24:31de Ramil Alvarez et d'Alexis Raspillère
24:33était de se lancer
24:35dans la bataille du zéro gâchis
24:37en proposant
24:39une solution à la fois
24:41écoresponsable, économique
24:43et pratique.
24:45Effectivement, après deux années
24:47de développement, ils ont décidé
24:49de lancer D-Linka
24:51en janvier 2023 exactement.
24:53Aujourd'hui, D-Linka est implantée
24:55à Valenciennes dans les Hauts-de-France.
24:57C'est une entreprise qui
24:59accompagne les entreprises
25:01dans l'écoulement
25:03des invendus et des stocks dormants
25:05en proposant une solution
25:07qui permette
25:09de faire bénéficier les associations
25:11de dons ou les acteurs
25:13du recyclage de ces invendus.
25:15Comment ça marche ? Ça passe par une plateforme ?
25:17Le service fonctionne comment ?
25:19La plateforme
25:21existe. Elle a été développée
25:23en interne. Elle permet la mise
25:25en relation des entreprises
25:27et des associations.
25:29Nous, notre
25:31partie, c'est de
25:33jouer un rôle d'appui
25:35opérationnel dans l'écoulement
25:37de ces stocks dormants et invendus
25:39non alimentaires.
25:41Puisque nous gérons
25:43de A à Z toutes les opérations
25:45logistiques,
25:47du retrait de la marchandise
25:49chez le client
25:51jusqu'à la livraison dans les
25:53associations. Nous
25:55jouons aussi un rôle de facilitateur
25:57pour les démarches administratives puisque nous
26:00assurerons la conformité des éléments administratifs
26:02comme les CERFA, les reçus fiscaux.
26:04On parle de quel type de marchandise ?
26:06Ça peut être très varié. C'est une liste à la prévère ?
26:08Ça peut être une liste à la prévère.
26:10Néanmoins,
26:12on va parler de toute
26:14typologie de produits,
26:16excepté les produits
26:18qui relèvent d'une restriction ou d'une interdiction
26:20ou alors de réglementations
26:22spécifiques. Je pense aux médicaments par exemple.
26:24Sinon, on peut
26:26parler de dons
26:28de marchandises issues des produits
26:30d'hygiène, bien d'équipements
26:32de la maison, matériel
26:34et fournitures scolaires.
26:36Vraiment de tout.
26:38C'est très varié. Ça représente
26:40combien de tonnes de marchandises
26:44réinjectées
26:46finalement dans l'économie
26:48et dans l'usage ?
26:50En 2024, D-Linka a permis de réintégrer
26:52dans l'économie circulaire
26:54à peu près 10 000 tonnes
26:56d'invendus.
26:5810 000 tonnes d'invendus.
27:00Si on part du constat,
27:02ça représente quoi ?
27:04Ces stocks dormants, ces invendus
27:06en France ?
27:08En France, par an, on estime les invendus
27:10à 4 milliards d'euros
27:12en valeur marchande.
27:14Quand on sait
27:16que 15% des Français
27:18sont en situation de précarité matérielle,
27:20il était urgent
27:22d'agir et de proposer une solution
27:24sur cette problématique.
27:28C'est à la fois une perte économique
27:30et une aberration écologique.
27:32Qu'est-ce qu'ils deviennent,
27:34ces stocks dormants ?
27:36Ils peuvent dormir pendant des années
27:38dans des hangars ?
27:40Ils sont détruits parfois ?
27:42Qu'est-ce qu'ils deviennent ?
27:44Il y a plusieurs voies d'écoulement
27:46de ces invendus.
27:48La première voie d'écoulement reste le déstockage
27:50auprès de déstockeurs.
27:52La deuxième voie,
27:54c'est le recyclage.
27:56Ensuite viennent le don,
27:58les réparations
28:00et la destruction,
28:02pour une petite partie.
28:04Il y a
28:06une partie de l'offre
28:08de D-Linka qui est personnalisée.
28:10J'essaie de me mettre à la place d'une entreprise
28:12qui se retrouve avec un stock
28:14d'invendus.
28:16La plateforme, c'est la même pour tout le monde ?
28:18Vous allez personnaliser l'offre ?
28:20L'offre est personnalisée
28:22en fonction de la typologie du produit.
28:24Nous opérons en tant qu'appui
28:26logistique auprès des entreprises.
28:28Nous avons un réseau
28:30de transporteurs dédié
28:32à une certaine typologie
28:34de produits.
28:36Notre objectif,
28:38c'est de trouver
28:40une solution
28:42en moins de 48 heures
28:44dès réception de l'inventaire des clients.
28:46Les clients font appel à nous
28:49et nous leur offrons une solution
28:51en moins de 48 heures à la réception de l'inventaire.
28:53Avec quel modèle économique ?
28:55Vous gagnez votre vie comment ?
28:57Sur une commission que l'on touche
28:59sur la valeur du don transporté.
29:01D'accord, très bien.
29:03Merci beaucoup Thibaut Bregueville
29:05et bon vent à D-Linka.
29:07C'est la fin de ce numéro de Smart Impact.
29:09Merci à toutes et à tous de votre fidélité
29:11à BeSmart for Change.
29:13A très vite sur notre antenne.

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