• il y a 22 heures
Frédéric Girard, président de France Biothèque Association, souligne les défis financiers des biothèques françaises, où 88% des entreprises se sentent impactées par le contexte économique et politique. L'innovation en santé nécessite des financements stables et une prévisibilité budgétaire pour attirer les investisseurs, insiste-t-il.

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Transcription
00:00L'invité c'est Frédéric Girard, bonjour. Vous êtes le président de France Biotech Association qui fédère les entrepreneurs français de l'innovation en santé.
00:08Vous avez publié des chiffres qui interpellent. 88% des entreprises se sentent impactées par le contexte économique et politique.
00:16Du côté des biotechs, on a des vrais problèmes de trésorerie avec parfois des trésoreries qui ne dépassent pas les 12 mois et des besoins en augmentation.
00:23Le problème des biotechs en France, est-ce qu'il n'est que financier ?
00:26Bonjour Laure Closier. Le problème n'est pas que financier, mais comme vous le savez, pour un entrepreneur, amener une innovation sur le marché,
00:35c'est un long processus qui est très contraint sur un plan réglementaire pour démontrer l'efficacité, l'innocuité de ces produits, bien entendu.
00:43Évidemment, tout ça, ça prend beaucoup de temps, ça coûte beaucoup d'argent. 15 ans, 1 milliard, on dit pour une molécule.
00:49Une molécule, 15 ans, 1 milliard.
00:51Voilà, c'est des chiffres moyens. Pour les dispositifs médicaux, ça peut être moins élevé, mais pour les dispositifs médicaux implantables, ça se chiffre aussi en centaines de millions.
01:01Et donc, c'est normal que le financement soit l'obsession des entrepreneurs.
01:06Il n'est évidemment pas que le financement, mais c'est vraiment au cœur du développement.
01:10Avec cet horizon de temps de trésorerie de 6 mois, 1 an maximum, avec des levées de fonds qui s'enchaînent, on a l'impression que dans les biotechs, on est en levée de fonds permanente.
01:20C'est tout à fait le cas. Aujourd'hui, vous avez 80% des entreprises qui sont en recherche de financement.
01:25Alors, dans le financement, il y a quand même plusieurs dimensions.
01:28Il y a évidemment les recherches de financement privé.
01:31Vous avez aussi, et elles sont importantes, les subventions publiques avec tout le programme France 2030.
01:36Et puis, il ne faut pas l'oublier, vous avez aussi la fiscalité qui joue un rôle important.
01:40On en a beaucoup parlé en cas des discussions du PLF, du PLFSS.
01:44Mais des dispositifs comme le Crédit Impôt Recherche, comme la Jeune Entreprise Innovante sont des dispositifs qui contribuent au financement du développement de l'innovation.
01:52Alors, sur le Crédit Impôt Recherche, il y a toujours un débat sur le Crédit Impôt Recherche.
01:56A priori, ça n'avait pas bougé sur les dernières discussions.
02:01Sur les Jeunes Entreprises Innovantes, le dispositif avait été en partie amendé, mais quand même préservé.
02:06Qu'est-ce que vous avez comme infos, là, sur les dernières discussions budgétaires ?
02:09Alors, on n'a pas d'informations pour le moment.
02:12Ce qui est rassurant, c'est que sur la première version du PLF, le CIR était préservé.
02:17Et le CIR est un dispositif très important.
02:20Aujourd'hui, 95% des health techs en bénéficient.
02:23Ça représente 10 à 20% de leurs dépenses d'exploitation.
02:26Donc, quand vous avez des horizons de trésorerie de 6 à 12 mois, 10 à 20%, c'est vraiment critique.
02:31Le CIR avait été préservé.
02:33Il y a eu des débats parlementaires qui ne se sont pas conclus.
02:39Mais a priori, le CIR restait protégé.
02:43Et en particulier pour les health techs, ce qui est important, c'est le taux au premier euro et l'assiette de dépense.
02:49Puisque le plafond est élevé, les health techs atteignent rarement le plafond.
02:54Et donc, c'est plutôt sur les tranches basses du CIR qu'elles sont impactées ou qu'elles bénéficient.
03:00Mais quand vous voyez que le CIR, ça bénéficie à n'importe quelle entreprise qui fait de la recherche,
03:04vous ne dites pas que la solution, c'est quand même de le flécher vers, par exemple, les biotechs ?
03:09Alors, c'est difficile pour moi de prendre des positions comme ça parce que je ne connais pas le détail,
03:14si vous voulez, des bénéfices pour des entreprises qui profiteraient plus largement du CIR.
03:19Ce que je sais, c'est que c'est absolument critique pour nos entreprises, pour les health techs.
03:24Et ce qui est encore plus critique, c'est la prévisibilité.
03:27C'est-à-dire, quand vous faites des plans de financement pour partir en levée de fonds,
03:31il faut que vous ayez la garantie qu'en année 1, en année 2, en année 3,
03:35le CIR va pouvoir contribuer à votre financement de la même façon qu'il a contribué par le passé.
03:41Ce qui veut dire qu'aujourd'hui, notre incertitude budgétaire et fiscale,
03:45elle nuit aux levées de fonds, aux relations avec les investisseurs
03:48parce qu'on a du mal à faire des business plans, en fait ?
03:51Indiscutablement, dans l'enquête que l'on a faite au mois de juillet,
03:549 entrepreneurs sur 10 se disaient préoccupés par la situation politique et économique.
03:59Dans la mesure où, comme vous l'avez justement mentionné,
04:02on est en recherche de financements permanents,
04:05ces financements se trouvent en France, mais se trouvent aussi beaucoup à l'étranger,
04:09on a besoin de rassurer sur un climat économique et politique serein
04:14et surtout à une situation économique et politique stable dans la durée.
04:18Qu'est-ce qu'on peut dire des relations aujourd'hui, des biotechs,
04:21mais c'est valable aussi pour beaucoup d'autres entreprises, avec la bourse ?
04:25C'est-à-dire qu'on a déjà des difficultés à lever des fonds
04:28et puis après, la bourse était auparavant une sortie quasiment obligatoire.
04:33Désormais, soit elles les boudent, soit elles sont en bourse,
04:36mais parfois elles regrettent. Est-ce que c'est toujours un chemin obligatoire ?
04:40On observe effectivement une sous-valorisation des biotechs françaises qui sont en bourse.
04:45Le secteur est un peu boudé.
04:48La question qu'il faut se poser, c'est est-ce que certaines
04:51ne sont pas rentrées trop rapidement en bourse ?
04:55Je crois qu'il y a un juste moment pour rentrer en bourse.
04:59C'est toujours une question de timing.
05:01Exactement. C'est certainement important de continuer à se développer
05:06sans accéder à la bourse jusqu'à un certain niveau de maturité
05:09et y aller au juste moment.
05:11Ce sont des choses que l'on discute de façon très précise chez France Biotech.
05:16Sur les questions d'intelligence artificielle,
05:18ça bouleverse l'ensemble du secteur de la santé.
05:21On reçoit ici plein d'entrepreneurs qui ont beaucoup d'espoir
05:24sur le cancer, sur tout un tas de traitements
05:27sur lesquels on ne travaillait même pas auparavant.
05:29Est-ce que vous avez l'impression que ça réduit le temps complètement
05:31l'intelligence artificielle ?
05:33Il y a évidemment un potentiel très important
05:37dans l'IA pour toutes les technologies dans le secteur de la santé.
05:42Ça concerne l'ensemble des familles technologiques,
05:45ça concerne la molécule, ça concerne les temps de développement.
05:48On a la possibilité, grâce à l'intelligence artificielle,
05:51d'être rassurés en amont sur le bon design des molécules
05:56ce qui accélère leur développement.
05:58Évidemment, le temps c'est de l'argent.
06:00On a parlé de ces fameux 15 ans de 100 milliards.
06:03Si on arrive à raccourcir, ça diminuera les coûts de développement,
06:07ça attirera peut-être d'autant plus les investisseurs.
06:09Les biotechs pourraient être des biotechs moins longtemps.
06:12Les biotechs pourraient être des biotechs moins longtemps.
06:14Maintenant, on a beau avoir les meilleurs algorithmes du monde
06:17pour les faire tourner, il faut de la data.
06:19Le vrai sujet aujourd'hui, c'est de pouvoir accéder aux données de santé,
06:23ce qui n'est pas toujours facile.
06:25Faut nourrir l'algorithme.
06:26Absolument.

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