• il y a 15 heures

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00:0013h-14h, Europe 1-13h, à 13h33 la suite, vous écoutez Céline Giraud et avec vous Céline aujourd'hui vos deux chroniqueurs du jour,
00:08le journaliste politique à Valeurs Actuelles, Victor Hérault, et le chroniqueur politique, Olivier Darcigal.
00:14Et vous, chers auditeurs d'Europe 1, toujours plus nombreux à nous rejoindre entre 13h et 14h, merci pour votre fidélité à 13h33.
00:23Je voulais maintenant vous parler de cet hommage. Il y a dix ans, un jour pour jour, l'attentat avec le terroriste Ahmedi Koulibaly
00:31qui tuait quatre personnes lors d'une prise d'otage devant l'Hypercacher à Paris.
00:35Et bien dix ans plus tard, le traumatisme reste entier dans un contexte de montée de l'antisémitisme comme le confie Yonatan Harfi, le président du CRIF.
00:45Il était ce matin au micro de Pierre Devineau.
00:47C'est une date qui fait mal. C'est une date qui fait mal parce qu'elle renvoie à un moment douloureux de l'histoire des juifs en France.
00:54Un moment où on a été frappé dans notre chair, où s'est brisé une partie de la confiance qu'on avait dans l'avenir,
01:00une partie de la capacité à se sentir juif sereinement dans la société française.
01:05Et oui, quand on regarde l'attentat de l'Hypercacher, on voit un événement qui était il y a dix ans mais dont les conséquences sont encore présentes aujourd'hui,
01:12dont les causes aussi sont présentes puisque certes c'était un épisode djihadiste qui est derrière nous,
01:18mais lui, l'islamisme qui l'a porté est toujours présent et donc pour les juifs de France, cette menace, elle ne se conjugue pas qu'au passé mais aussi sous nos yeux.
01:26Yonatan Harfi, le président du comité représentatif des institutions juives de France.
01:32Une interview à retrouver en intégralité à 19h15 dans Europe Un Soir avec Pierre Devineau.
01:39Alors, après cet attentat, on imaginait une prise de conscience en France que ce serait finalement un point final à l'antisémitisme.
01:46Dix ans après, est-ce que ce n'est pas tout l'inverse qui se produit, Olivier d'Artigolle ?
01:50Dix années noires. Parce que, bien évidemment, on a souvenir de cette journée il y a dix ans.
01:58Si on avait imaginé qu'on se projetait dix ans après avec un tel constat, le constat c'est bien évidemment une progression spectaculaire, étouffante, sidérante d'antisémitisme,
02:12notamment depuis le 7 octobre, il faut dire les choses telles qu'elles sont, avec une situation faite à nos compatriotes juifs,
02:22sans qui la France ne serait pas la France, il participe à notre identité.
02:26Comme l'a dit Elisabeth Badinter, on fait ce qui a progressé, c'est la peur.
02:33Et donc, il nous faut toujours être dans une réflexion permanente de réponse forte par rapport à tout ça.
02:42J'ai le sentiment qu'il y a parfois comme une forme de résignation qui commence à gagner du terrain.
02:48Et ce n'est pas bon signe.
02:49Non, il ne faut absolument pas accepter ça.
02:51Alors justement, avant de vous faire réagir, Victor, je vous propose d'écouter Plantul, dessinateur, qui était donc l'invité de Pascal Praud et vous ce matin sur Europe 1.
03:00Et pour lui, l'antisémitisme se banalise même à l'école. Écoutez, c'est très fort.
03:06Moi, je pense, la démocratie, c'est quand je vais beaucoup dans les écoles.
03:10Alors là, il y a au moins cinq ans, il y en a un qui lève le doigt.
03:14Ils étaient 500.
03:15J'avais demandé à réunir tous les...
03:17Et il dit, moi, j'ai une question à poser.
03:20Et tous les autres disent non, c'est le juif.
03:22Alors, je vais voir les profs.
03:24Ils me disent, non, non, il n'est pas juif, c'est parce qu'ils ne l'aiment pas.
03:26Je me dis, mais attends, où je suis là ?
03:28Et donc, c'est là où la démocratie est malade.
03:32C'est que quand je le dis à des journalistes, de dire, attends, il y a un putain de papier à faire.
03:38Là, ils ne le font pas.
03:39Et c'est là où je souhaite, un jour, qu'il y ait une sorte de media culpa des médias,
03:46pour qu'on puisse se dire, là, on a peut-être loupé un truc, on aurait peut-être pu en parler un peu plus tôt.
03:50C'est quand même très fort, ce que vient de dire Plantu.
03:53Media...
03:55Voilà, mais media culpa, il parle de cet enfant juif.
03:59Enfin, c'est terrible, Victor Hero.
04:01Je vais répondre, comment dire, de façon un peu offensive.
04:07Les journalistes qui font le job, il y en a.
04:10Les papiers qui sont écrits sur le sujet, il y en a.
04:12Seulement, ils sont axés d'être racistes et islamophobes.
04:14Parce qu'il faut, là, depuis tout à l'heure, on en discute.
04:17On a la compassion, on a la tristesse, mais on ne dit pas ce qui se passe.
04:21Il est très important de dire ce qu'il se passe.
04:23L'antisémitisme, la montée de l'antisémitisme en France, n'est pas décorrélée de l'attaque du Hamas en Israël.
04:30N'est pas décorrélée de la montée de l'islamisme en France.
04:33N'est pas décorrélée du fait qu'un musulman français sur cinq éprouve de la sympathie pour le Hamas.
04:38Et qu'un musulman sur cinq en France également, éprouve de l'antipathie vis-à-vis des juifs.
04:43Et je partage, si vous voulez, le constat qu'on a entendu tout à l'heure de M. Harfi,
04:47disant qu'on est passé du djihadisme, c'est-à-dire de l'attaque d'un fanatique
04:51qui revêt un caractère exceptionnel et, comment dire, isolé,
04:56à l'islamisme qui est beaucoup plus insidieux puisqu'il est beaucoup plus installé,
05:00beaucoup plus sourd et beaucoup plus influent dans les écoles, on l'entend à l'instant,
05:05dans les universités ailleurs, dans des médias parallèles de contre-information.
05:11C'est cette chose-là qu'ils font dénoncer.
05:13Et je pense qu'on ne peut pas avoir de compassion et pleurer si, avant,
05:18on ne dénonce pas ce qu'il se passe et qu'on n'essaie pas de faire l'effort de comprendre ce qu'il se passe
05:22pour pouvoir agir.
05:23Ça ne sert à rien de pleurer si on n'agit pas contre ce qui est en train de se passer.
05:26— Et pourtant, Olivier Dartigold, il y avait eu des alertes.
05:28Je rappelle que les territoires perdus de la République de Georges Bensoussan étaient parus en 2002.
05:33— Oui, oui, les alertes, on les a eues.
05:35Je serais un peu moins sévère en concernant la presse.
05:38Je regardais attentivement, bien évidemment, dix ans après, les médias
05:42et je trouve que le travail réalisé, par exemple, par Libération ce matin,
05:46je ne sais pas si vous avez eu l'occasion de regarder ce dossier, est remarquable.
05:52Mais bon, moi, ce qui m'importe, c'est que nous puissions maintenant nous accorder sur le constat,
06:02c'est-à-dire d'une flambée d'antisémitisme dont on connaît la nature aujourd'hui...
06:06— Mais qui est enracinée, véritablement.
06:08— Oui, il y a aujourd'hui, en fait, une minorité politique à l'extrême-gauche qui conteste ça.
06:15Mais il y a quand même un spectre politique très large et dans la société pour accepter, converger vers ce constat.
06:25Ce qu'il nous faut maintenant, parce que moi j'attends ça des politiques publiques,
06:29c'est mettre un plan Marshall en œuvre sur cette question-là pour regagner du terrain,
06:37pour éduquer, pour former, pour ne rien laisser passer, pour que la justice soit réactive,
06:43pour que l'ensemble des politiques publiques puissent se mobiliser et se tracer une feuille de route
06:49et voir si nous obtenons des résultats ou pas.
06:51Pas laisser ça au fil de l'eau et attendre six mois pour voir le nouveau constat en termes de violence antisémite ou de discours.
07:01— Mais en ont-ils vraiment envie ? Parce que quand on se souvient de ce souffle de solidarité nationale
07:06qui allait souffler au lendemain de ces attentats, on se souvient de ces banderoles,
07:11je suis Charlie, je suis flic, je suis juif. Où tout ça est-il allé ?
07:16— Mais aujourd'hui, certains ne sont pas Charlie, certains ne sont pas flics, certains ne sont pas...
07:20— Aujourd'hui, il y est une parole politique pour ceux qui ne sont pas Charlie.
07:25Aujourd'hui, moi je veux bien qu'on dise, je suis Charlie.
07:29Où sont les caricatures de Mahomet ? Où sont les caricatures de Mahomet ?
07:33Depuis dix ans, il n'y en a pas eu. Je n'en ai pas vu une seule.
07:37J'accablerais peut-être moins le parti politique qui instrumentalise la question que le responsable
07:44qui serait l'islamiste ou qui serait l'imam qui prêcherait contre les juifs, etc.
07:49Ou même, par exemple, on l'a vu lors de l'affaire Boilem-Sensal, qui est toujours en cours malheureusement,
07:54le fait que l'Algérie accuse l'État sioniste de France, tout ça est très lié.
07:58Mais puisqu'on en est à parler de la France insoumise et de Jean-Luc Mélenchon,
08:01la France insoumise elle-même est très gênée vis-à-vis de ce qui se passe,
08:04puisque Jean-Luc Mélenchon, on s'en souvient, avait écrit dans une note de blog
08:07l'antisémitisme est résiduel en France. C'était il n'y a pas si longtemps que ça.
08:11Résiduel, et aujourd'hui, les militants de la France insoumise, si vous les écoutez, vous disent
08:15non mais résiduel, ça revêt deux sens, et le sens qu'employait Jean-Luc Mélenchon,
08:20c'est de dire non pas qu'il est minime, mais qu'il est résiduel dans le sens
08:23il y a une part incompressible qui demeure. Donc il dit l'inverse de ce que vous avez compris.
08:27Moi j'invite tous nos auditeurs à aller relire la note de blog de Jean-Luc Mélenchon,
08:30ce n'est pas du tout ce qu'il dit. Il dit bien qu'il y a peu, très peu d'antisémitisme en France.
08:35Et je pense, malheureusement, que si vous regardez du côté de ses électeurs, il y en a beaucoup.
08:39Donc ça date de 2015 ? Oui, c'est ça. Ce à quoi vous faites référence Hector Hérault ?
08:42Oui, tout à fait. Olivier D'Artigolle ?
08:44Faudra un jour regarder de près ce qu'il s'est passé, quand est-ce que la bascule s'établit
08:50concernant Jean-Luc Mélenchon, parce que j'ai souvenir, Charbes était un ami.
08:55Oui. Parce que j'ai rencontré Charbes dans une émission qu'animait Valérie Expert,
08:59c'était sur une chaîne LCI, où c'était « Choisissez votre camp » et je faisais équipe avec Charbes.
09:03J'entendais très bien aussi avec le policier qui assurait ça.
09:06Et l'un des plus bels hommages à Charbes a été prononcé par Jean-Luc Mélenchon.
09:13Oui, on s'en souvient tous, bien sûr. Et la bascule justement, elle s'est faite quand cette bascule dont vous parlez ?
09:20Quand Jean-Luc Mélenchon a changé d'électorat.
09:23Sur la campagne de 2012, ce n'est pas le cas, il y a ce qui se passe en 2015,
09:28et c'est quand la France Insoumise fait le constat, dit « ça c'était Terra Nova que les classes populaires sont perdues à tout jamais »
09:36et bascule vers une stratégie ethno-religieuse.
09:40Bon, il faut le dire, c'est la réalité.
09:43Il y a quand même une part de ses sympathies en gauche.
09:45Ce qu'il vient de dire dernièrement en disant « mais vous n'occupez pas du reste, il faut taper là ».
09:50Donc ça, ça a changé la donne quand même.
09:54Notamment depuis justement le Hamas et le 7 octobre.
09:59Depuis le 7 octobre, c'est une question inextrême.
10:01La France Insoumise, si vous voulez, mais ils ne sont pas les seuls.
10:03Mais eux, c'est le parangon des partis qui ont pris ce créneau-là.
10:07On fait un aller sans retour.
10:09A partir de là, vous êtes obligés d'être très à cheval sur la question du 7 octobre
10:15et d'envoyer ce qu'on appelle un « dog whistle », des signaux.
10:18Qui pourra, comprendra.
10:20Mais sans tomber dans l'antisémitisme condamnable.
10:22Mais en disant « bon, quand même, c'est vrai qu'Israël est un État colon.
10:25C'est vrai que si vous lisez tous les tweets de Reema Hassan,
10:28moi je pense qu'il y a beaucoup de tweets de Reema Hassan très condamnables. »
10:31Mais à partir de là, il y a une stratégie de ciblage électoral.
10:34Il y a une colonisation par l'État d'Israël concernant les résolutions de l'ONU.
10:39Ça, c'est une réalité.
10:40Oui, tout à fait. L'ONU le reconnaît parfaitement.
10:43Les tweets de Reema Hassan vont bien plus loin que ça.
10:46Je n'irai pas là tout de suite, je ne les ai pas sous les yeux,
10:49mais je pourrai à une prochaine émission vous les citer.
10:51On danse juste à côté de la ligne de l'antisémitisme.
10:54Et on comprend très bien que l'électorat qui est visé, qui est ciblé,
10:58est un électorat, quand on entend en manifestation les slogans
11:01qui sont chantés par les pro-palestiniens,
11:03il y en a un certain nombre qui ne sont pas simplement
11:05pour la défense du peuple palestinien,
11:07mais qui sont pour la destruction de l'État d'Israël et du peuple juif.
11:09Et à 13h44, on va continuer dans quelques instants
11:12à parler de cette gauche qui se fracture aujourd'hui.
11:15L'actualité politique, c'est Bercy qui poursuit ses consultations
11:18pour construire son budget.
11:19Il y a eu une réunion hier soir qui s'est finie très tard
11:21avec le PS, les écologistes et les communistes,
11:23mais sans les insoumis.
11:25Alors, la guerre est déclarée, on peut le dire,
11:27entre Olivier Faure et Jean-Luc Mélenchon, vous allez comprendre.
11:29Vous écoutez Europe 1-13h.
11:30La suite, c'est dans un instant avec Céline Giraud sur Europe 1.

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