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00:00C'est la fédération qui t'a offert ça ?
00:11Oui, c'est une espèce de fresque qu'ils ont faite à partir des photos que Joël avait
00:17compilées pour mon départ à la retraite en 2008.
00:21Il y a quelques beaux jours là-dedans.
00:26Ça c'est avec mes dents à Prague en 1990 après avoir battu l'Islande à 9h30 du
00:36matin.
00:37Les boules, j'ai vu ces photos de moules.
00:42Il y avait Jospa aussi, je ne m'en souviens pas.
00:50J'ai regardé, il n'y avait aucune photo.
00:54Non, je vais te donner une photo d'identité, on va la rajouter, ce n'est pas possible.
01:07Six ans après avoir emporté le premier titre de champion du monde avec les barjots, c'est
01:11avec une nouvelle génération que Daniel Costantini se présente pour une toute dernière mission.
01:16Sans lui, je n'aurais pas grandi aussi vite et je n'aurais peut-être pas eu la même
01:21carrière derrière.
01:22Daniel, dans son fonctionnement, avait amené nos générations de manière très précoce
01:28sur le devant de la scène en faisant table rase de tous les anciens.
01:32Je crois qu'il sait de quoi tu parles.
01:34Daniel Narcisse, première et dernière.
01:37Il faut tout faire pour être là, pour discuter la finale des championnats du monde parce
01:43que ça va être un moment magique.
01:44Quinze ans après avoir pris les rênes de l'équipe de France, alors relégué en
01:48troisième division mondiale, Daniel a rendez-vous avec son destin.
01:51Comment vous l'abordez ce mondial en France ?
01:55Je me suis persuadé qu'il fallait faire ce dernier tour de piste.
02:00On sait qu'on est outsider, on n'est pas du tout favori parce qu'on ne l'a pas démontré
02:05jusque-là.
02:06Comment est-ce qu'on va être capable de construire quelque chose ?
02:08Et c'est bien fort !
02:10Ça c'est mon tout premier titre, tout court, j'avais jamais rien gagné en club.
02:16Ton tout premier match à Bercy, t'es champion du monde.
02:18Exactement.
02:19Il y a pire.
02:20Il y a pire.
02:21Il y a pire.
02:22C'est terminé sans doute pour l'équipe de France qui va être battue.
02:25C'est terminé !
02:27Je ne me rends pas compte que sur ce but-là, ma vie va changer.
02:30Il y a quelque chose, un peu de miracle.
02:33Ça ressemble à une fable, une jolie fable.
02:38Quelques mois après l'échec aux Jeux Olympiques de Sydney, le décès de son père pendant
02:52la compétition et la rupture avec son groupe, c'est un sélectionneur marqué, blessé mais
02:57transformé qui se présente face à ses joueurs à la veille du Mondial.
03:02Même si c'est dur à dire et si c'est peut-être dur à entendre pour certains d'entre vous,
03:09moi je suis mort à Sydney dans ma fonction d'entraîneur de l'équipe de France.
03:14Mort, complètement mort.
03:16Donc là, je suis un mort vivant qui revient parmi vous pour vous aider.
03:23Mais le fait que je vous dise que je sois mort à Sydney, c'est justement pour insister
03:29sur le fait qu'il faut que je me perçoive et surtout que vous vous persoyez que je suis
03:36à votre disposition et pas autre chose.
03:40Son discours, il est un peu bizarre, un peu ahurissant même.
03:45Qu'est-ce qu'on fait de ça ?
03:46Là, je me suis dit, tu ne vas rien leur imposer.
03:49Tu vas être quelqu'un qui va les aider à faire, les aider à jouer ensemble, les aider
03:56à se supporter les uns les autres, etc.
03:58Donc un Constantini différent, je dirais à 75% de ce qu'il était avant.
04:03Si dans mon fonctionnement, je vais être très direct, vous trouvez qu'à certains
04:08moments, je ne suis pas en harmonie avec ce que je viens de vous dire, n'hésitez pas
04:12à venir me voir en me disant, on aimerait mieux que ça se passe différemment, on aimerait
04:16mieux que tu l'annonces différemment, on aimerait mieux qu'on en discute avant.
04:19Donc ayez les couilles, je dirais, puisque je suis un mort vivant, il ne vous risque rien.
04:23Même si je vais vous mettre des gifles, elle va passer à travers.
04:27Et vous, vous ne pourrez même plus m'en mettre, parce que vous allez passer à travers aussi.
04:31On n'est pas dans le même monde, vous et moi.
04:33Et en quoi ton comportement avec l'équipe, on l'a dit, après Sydney, après une préparation
04:37très courte, en quoi il est très différent au quotidien pendant le mondial ?
04:41Beaucoup de discussions.
04:43Parfois, on est courte l'entraînement, on se réunit, je dis, voilà, j'ai ressenti
04:48tel problème, qu'est-ce que vous en pensez ?
04:51Jojo, quand tu as gagné un duel comme ça, n'écoute pas Greg Anty qui te donne un mauvais conseil.
04:56Le mec, tu l'as eu, tu l'as neutralisé, arrêtez de lui...
05:00C'est pas un petit match, 42 minutes, alors que tu as défendu comme un dieu.
05:04La parole donnée aux joueurs, et la parole prise par les joueurs.
05:09Et après, il y a le choix du capitaine.
05:13Et après, il y a le choix du capitaine.
05:16Et Daniel, il dit, vous décidez, si vous gardez, vous changez le capitaine.
05:24Toute l'équipe est à l'intérieur en train de discuter, toi tu es dehors, tu attends.
05:28Tu prends comme un désaveu de la part de Daniel ?
05:31Je ne sais pas comment on pourrait le prendre.
05:33Mais voilà, moi, c'est l'une des premières fois, je me dis, je me ressens un peu repoussé
05:38du collectif.
05:40Et la porte s'ouvre.
05:41Et en fait, les joueurs décident que je continue, que je sois capitaine.
05:45C'est bien aussi que ce soit les joueurs qui décident.
05:47Oui, c'est bien, mais imagine, les 10 minutes, pour toi, c'est l'impression que ça dure une semaine.
05:52Vouloir influer de manière plus importante sur ce qu'on faisait, dans la collaboration
05:58à avoir sur tout ce qui touchait au fonctionnement de l'équipe de France, ça prouvait qu'il
06:03y avait dans ce groupe des gens qui étaient prêts à s'investir, à s'engager, à prendre
06:07la parole, des responsabilités au nom de l'équipe de France.
06:11Daniel, il t'a installé dans cette équipe.
06:13Il t'a donné du crédit, beaucoup.
06:15Il t'a toujours donné beaucoup de crédit, sans doute plus que la plupart des autres.
06:19Dès le départ.
06:20Dès mes premières sélections, j'ai senti qu'il me donnait beaucoup de temps de jeu,
06:23beaucoup de responsabilités.
06:24Du coup, ça créait un malaise par rapport aux anciens du groupe.
06:28Et je sentais ce malaise.
06:29Daniel me demandait d'être un arrière-shooter.
06:33Jackson, Pat et tout ça, Guéric, Greg me demandaient d'être plus, on va dire, dans
06:40le partage, dans le projet collectif pour performer ensemble.
06:57J'avais le sentiment que eux connaissaient très bien le handball et qu'ils pouvaient
07:01apporter beaucoup de choses.
07:02Peut-être même plus que Daniel.
07:19Et c'était aussi dans cet équilibre des générations, il y avait plein de choses
07:24où ça frittait, ça frottait.
07:25J'étais plus un grand amoureux de l'équipe de France.
07:27Cette équipe-là, avec les frères Gilles, c'est pas mon équipe.
07:30C'est pas moi.
07:31J'ai du mal.
07:32Et en fait, j'y vais et je m'y sens bien.
07:53L'équipe de France débute son mondial à Nantes, dans la poule B.
08:01Toujours pour l'équipe.
08:03Doutes et questionnements rapidement dissous par l'extraordinaire ferveur populaire et
08:07le soutien du public nantais.
08:10À Nantes, en particulier, il y avait des bandes de rôles dans les spectateurs qui
08:14me mettaient en exergue.
08:16Merci Daniel pour tout ce que tu as fait.
08:18Merci.
08:20Donc ça m'avait ému ça aussi, quelque part.
08:23L'impression que j'avais depuis le début à Nantes, c'est quand même de vivre un
08:26truc qu'à titre perso on n'avait jamais expérimenté.
08:29C'est d'être porté.
08:31C'est de porter cette ferveur qu'il y avait autour de l'équipe de France et cette énergie
08:37en fait.
08:38La marseillaise, attention.
08:39Bien sûr, ça me fout les poils.
08:49Et ce truc-là, en fait, pour moi à titre perso et pour beaucoup de mecs de nos générations,
08:55c'était une première.
09:00L'entame est parfaite.
09:01Les succès faciles face à l'Algérie, au Koweït et au Brésil permettent à l'équipe
09:05de France de se lancer de la meilleure des façons.
09:08L'approche nouvelle de Daniel Costantini semble trouver écho dans le groupe.
09:12La jeune génération peut s'exprimer.
09:18Vous jouez tous les deux dans l'axe central, un demi-centre, Guillaume, un pivot, Bertrand.
09:23Vous êtes tout le temps techniquement, tactiquement en osmose.
09:26L'équilibre autour des pivots est tellement fondamental dans le handball moderne que d'avoir
09:30un pivot de son agilité et de sa puissance, c'était toujours une bonne solution en fait.
09:36Je voyais le positionnement de mon frère et je savais en gros ce qu'il attendait ou
09:40ce qu'il allait privilégier et donc quel type de mouvement je devais mettre en œuvre
09:44pour soit l'utiliser ou soit utiliser sa position pour remettre quelqu'un en position
09:50ou pour moi.
09:51C'est aussi la finesse de cette relation qui se joue sur le terrain en permanence.
09:55Oui, ça se fait comme ça.
09:57C'est presque naturel.
09:59Mais ça a été bossé.
10:01Oui, on a passé quelques heures entraînés ensemble.
10:04Vous êtes entraînés un peu.
10:05C'est ça alors.
10:09Il y a les Gilles, Omeyer, Narcisse qui pointent le bout du nez.
10:13Tu sens déjà ?
10:15Bien sûr, tout le monde le sent.
10:17Tout le monde a compris à ce moment-là que Bertrand allait être l'un des meilleurs
10:20pivots au monde, Bertrand Gilles.
10:22On sent que Thierry Omeyer, il ne va pas falloir attendre longtemps pour que le cannibale
10:27devienne le meilleur gardien de but du monde.
10:35C'est ma première compétition où j'ai la chance et l'opportunité d'être sur le terrain.
10:39Tu as 24 ans.
10:41C'est déjà tard finalement.
10:4324 ans, ce n'est pas tout jeune.
10:45Mais en même temps, pour un gardien de but, notamment connaissant un peu l'histoire
10:50de l'équipe de France, c'est vrai que c'est un poste où on a toujours demandé aux gardiens
10:57d'avoir de l'expérience.
10:58On a compris que Jérôme Fernandez était perfectible, en tout cas au niveau de son caractère.
11:09Il manquait encore quelques cases à remplir, mais qu'il allait y arriver et que ça allait
11:13devenir un très grand joueur.
11:16C'est pas toi aujourd'hui.
11:18Ce n'est pas moi aujourd'hui, mais si c'est comme ça, ce ne sera pas moi demain non plus.
11:23Jérôme Fernandez, à 18 ans, j'allais le voir avec l'équipe junior de Sylvain Noué.
11:29Sylvain me disait que celui-là allait être titulaire de l'équipe de France très vite,
11:34demain, après-demain.
11:36Après, quand il est arrivé, c'était un coup je te vois, un coup je ne te vois pas.
11:40Tu ne comptais pas sur lui, il était bon.
11:43Quand je comptais sur lui, il était un peu moins.
11:45Donc, ça a toujours été un petit peu dur.
11:47C'était quoi ta relation avec Daniel qui t'a tenu une confiance incroyablement rapide,
11:52même si elle a été courte ? Quelle était ta relation avec lui ?
11:56Daniel, c'est celui qui m'a mis un peu en équipe de France.
12:00C'est lui qui me sélectionne, c'est lui qui croit en moi.
12:04Il était beaucoup plus dans l'accompagnement.
12:09C'était plus pour me mettre en confiance, pour m'installer dans l'équipe de manière la plus souple possible.
12:18Daniel, ce n'est pas du travail.
12:20Ce que je t'ai dit depuis un certain temps, tout pareil, tout pareil.
12:24Juste ça à la sortie, mais le reste, c'est pour rien je veux dire.
12:27Tu pars avec l'idée de tirer là.
12:29Le dernier moment, tu pars.
12:35On a tout pour se faire plaisir les gars.
12:37D'entrée les gars, on fait voir qu'on est chez nous les gars.
12:41Rien ne peut nous arriver maintenant les gars.
12:43On part pour un long chemin, mais tous ensemble les gars.
12:49Un collectif est en train de naître au meilleur des moments, juste avant d'affronter la Yougoslavie.
12:53L'adversaire le plus redoutable de cette phase de poule,
12:56qui trois mois auparavant avait éliminé la France en quart de finale des Jeux Olympiques.
13:00Un premier choc et des premières réponses.
13:02Ce dont je me souviens, c'est que ce match là,
13:05était dans cette phase de poule,
13:08le match qui allait déterminer notre classement de poule
13:12et donc potentiellement notre adversaire de huitième de finale.
13:23On y met une intensité et une solidarité
13:28qui est absolument remarquable.
13:30Je pense que notre niveau de compétence sur ce match là,
13:34dépasse même celui auquel on s'attendait.
13:41La défense à cinq, française. Bertrangi, l'armature du ballon.
13:45Jackson Richardson, du nord au sud.
13:47Jackson Richardson qui fait danser le gardien Yougoslav.
13:51Les Franciers, Brouillon, ballon récupéré.
13:54Contrat rempli pour les Bleus qui vont s'imposer
13:58avec cette dernière défense comme un symbole.
14:00Le succès, Van Dover face à la Yougoslavie.
14:10Bravo les gars, bravo à vous.
14:12Allez.
14:14C'est parti.
14:15C'est parti.
14:16C'est parti.
14:17C'est parti.
14:18C'est parti.
14:19C'est parti.
14:20C'est parti.
14:21C'est parti.
14:22C'est parti.
14:24Un dernier succès contre l'Argentine permet aux Bleus de Daniel Costantini
14:27de clôturer le premier tour sur un sans faute.
14:29Seule bémol, la blessure de Guillaume Gilles.
14:35On est partis sur une dynamique forte.
14:38Et cette dynamique là, elle est forte.
14:40Et paradoxalement, personne n'est rassuré de rien.
14:42On va jouer les Portugais en huitième de finale.
14:46Franchement, on est à ce moment là, moi je nous vois comme un oeuf Kinder.
14:51On ne sait pas vraiment ce qui va sortir de cette équipe.
14:56Bonne chance.
14:57Et si vous pouvez faire en sorte que ce ne soit pas mon dernier match,
15:00tout le plaisir sera pour moi.
15:02Le match contre le Portugal est un modèle du genre, du piège absolu.
15:08Comment on s'en sort ?
15:09Par un coup de traf à gare.
15:10Bertrand Gilles pivot, Bertrand Gilles arrière gauche, Bertrand Gilles défenseur.
15:15C'est aussi par cette réalité là que ce groupe trouve des ressources
15:19à des endroits où ils n'avaient pas forcément imaginé.
15:39On trouve la lumière dans un match qui était vraiment mal embarqué.
15:43Vraiment très mal embarqué.
15:50Par rapport à ce que j'ai ressenti et par rapport à ce que ressentit d'autres personnes
15:54qui ont vu le match à la télé, vous avez quand même donné l'impression
15:58d'être vraiment un groupe qui s'appréciait.
16:00C'est encore plus visible dans la réussite, c'est clair.
16:04Mais je pense que dans l'échec, chacun a été humble quand il a échoué.
16:09Et solidaire et que ça, ça nous a permis de traverser nos moments difficiles.
16:14Et ça, je voudrais vous féliciter parce que ce n'est pas facile.
16:16Surtout qu'il y a déjà 5000 personnes et qu'on veut être l'un des meilleurs du monde.
16:20Bonne soirée, merci.
16:24Après le Portugal en 8ème de finale, la France va vivre l'un des matchs les plus marquants de son histoire.
16:29Un quart de finale contre les Allemands à Albertville.
16:32Le palmarès, ça commence par le match de ce soir.
16:35Si vous gagnez le match de ce soir, ensuite vous avez deux chances
16:38derrière de vous accrocher une belle médaille d'un de mes belles amants autour du pays.
16:47La marche semble encore plus haute, ici même dans cette halle olympique d'Albertville
16:51face à la nationale Mannschaft.
16:53L'Allemagne de Christian Schwarzer, tombeuse de la Tunisie aux tours précédents.
17:08La continuité du jeu français jusqu'à l'élancture.
17:13Ce match contre l'Allemagne, moi je le revois encore.
17:15On est dominateur en première mi-temps.
17:17Mais on n'arrive pas à faire un écart suffisant.
17:19On a trois buts d'avance à la mi-temps.
17:21Trois buts contre les Allemands, c'est pas assez quoi.
17:37Les 30 dernières secondes.
17:38Allez les bleus, il faut tenir.
17:39Christian Schwarzer.
17:40Oh c'est cruel !
17:43On finit par se retrouver derrière à 35 secondes de la fin.
17:48Donc là t'es mort.
17:49T'es mort sauf que tu as Richardson dans l'équipe.
17:53Les 15 dernières secondes pour égaliser.
17:55Allez jusqu'au bout les bleus.
17:56Richardson ceinturé.
17:58Allez dernière action.
17:59Oh le coup de génie, le coup de magie !
18:03Il y a Bertrand qui passe la balle remise en jeu.
18:06Et en fait on avance.
18:08Et il y a un des joueurs qui me bloque.
18:12Mais l'erreur qu'il a fait c'est qu'il m'a relâché.
18:17Il fait un truc extraordinaire qu'il réussit parce que c'est contre les Allemands.
18:21Et que les Allemands le respectent.
18:23Et donc il ne lui saute pas dessus, il ne lui donne pas un coup dans la bouche.
18:28Quand il me lâche, il recule.
18:30Et moi je refais le relancement.
18:33Il recule et moi je relance la balle à Bertrand qui me la remet.
18:37Et en fait on ne réfléchit pas.
18:39On joue le tout pour le tout.
18:40Le long balle il est fait de moments exceptionnels et de gestes fantastiques.
18:47Parce que celui-là on est au bout du bout.
18:50Et il y a un garçon qui prend un ballon.
18:52Et la responsabilité de l'ensemble de l'équipe est qu'il décide du sort du match.
18:57C'est un geste qu'il faisait très rarement, vraiment.
19:00Et là quand tu vois la mise en œuvre, c'est un truc comme si c'était écrit.
19:06Bim, bam, boum, double poteau, merci, au revoir, prolongation.
19:13Qu'est-ce qu'il représente pour toi Jackson ?
19:14Qu'est-ce qu'il représente pour la Réunion tout simplement ?
19:16Jackson il représente quelque chose de grand évidemment pour tous les Réunionnais.
19:21C'est un exemple en tout cas de réussite dans le sport évidemment.
19:25Mais aussi en tant qu'homme.
19:27Et puis pour moi c'était plutôt un grand frère.
19:30Jérôme Fernandez !
19:49Les Bleus triomphent !
19:50C'est une prolongation à sens unique pour l'équipe de France.
19:54Avec ce dernier décalage du Grégory Hampton.
19:58C'est un ouf de soulagement incroyable après s'être passé par toutes les émotions.
20:03Didier Dinard, ministre de la Défense.
20:06Les Bleus à l'épreuve de l'Allemagne.
20:08C'est un dernier carré désormais qui s'ouvre en grand pour Daniel Constantini et ses hommes.
20:20Moi j'avais dit aux joueurs, moi je voudrais qu'on fasse l'effort d'aller à Bercy.
20:24Bercy on remplit le contrat.
20:26Eh Bobo !
20:29Eh Bobo !
20:36Ça a été dur hein ?
20:37C'est pas possible de perdre.
20:41Au fil de l'événement, je pense que c'est Bercy contre Constantini.
20:46C'est ma première fois.
20:48J'aime le Bercy.
20:50Je l'aurais dit à la réunion.
20:53Après Nantes et Albertville, les Bleus débarquent donc à Paris.
20:56Une équipe de France joyeuse et unie qui entraîne avec elle tout un pays.
21:14Quand on y est, il n'y a plus qu'à faire le sac à la finale.
21:22Ça fait bien tellement que c'est un plaisir maintenant.
21:34Comment il cogne ?
21:35Avec son petit arrière-dors.
21:39Il a pêché un peu à la limite.
21:43Toi tu rigoles pas.
21:46Lui pour rigoler, toi tu rigoles pas.
21:48On pensait rencontrer les Russes en demi.
21:50de jouer les Égyptiens, alors que ça a failli nous coûter cher.
21:53Encore une fois les gars, encore une fois, encore une fois !
21:58On est au bout les mecs, on a chié, ça fait un mois qu'on en chie pour ça.
22:02C'est du bonheur qu'on vit là, c'est du bonheur !
22:05Allez !
22:11On est plus simple, on se complique pas la vie, on sait faire plein de choses.
22:14On est chez nous, on se fait respecter aussi.
22:16Ça passe par là d'abord.
22:18On est plus défensif, on galope et du respect.
22:20On est chez nous, il y a 17 000, ils sont pour nous.
22:30Au pied des pyramides, l'équipe de France a rendez-vous avec son histoire
22:34pour s'inviter en finale à Bercy face à l'Égypte.
22:38Les pharaons, victorieux, surprise de la Russie en quart de finale.
22:49Jérôme Fernandez, servi.
22:51Oh, il est complètement en train de passer à côté de sa demi.
23:00Jérôme, arrête de lever la main, merde !
23:02Arrête de lever la main, il y a ici tout froid.
23:05Allez, on reprend dans la cadence.
23:08C'est le moment de renaître.
23:09Jérôme Fernandez !
23:10Oh, toujours pas !
23:12C'est un fantôme qui est en train de traverser Bercy.
23:15À la mi-temps, les Bleus sont menés de deux buts.
23:1718 en faveur de l'Égypte.
23:19C'est tout le contraire de ce qu'on a dit.
23:21Tout le contraire de ce qu'on a dit.
23:22Putain, les mecs, oh !
23:24Évidemment, il y a ce coup de gueule à la pause contre l'Égypte en demi-finale.
23:28Ça, c'est pour Jérôme.
23:30C'est pour Jérôme.
23:31Parce qu'il n'y a pas que lui.
23:32Mais lui, il fait 0 sur 6 en première mi-temps, quand même.
23:35Jérôme, deux choses d'une.
23:36Où tu es capable en repartant sur le terrain tout de suite
23:39et en sachant qu'il y a Bercy, qu'il y a 15 000 personnes qui te regardent,
23:43qui savent que tu n'as pas été bon.
23:45Ou tu t'enfonces sur le parquet.
23:47Et là, tu me le dis carrément quand je reviens.
23:49Tu t'assoies à côté de moi.
23:50On attend le match de demain.
23:52Ou progressivement, tu te prépares à...
23:55Je ne dirais pas un combat.
23:57Ce n'est pas un combat.
23:58C'est de l'activité.
23:59Courir.
24:00Tu peux sauter, tirer.
24:01Tu le fais.
24:02Tu ne peux pas.
24:03Tu donnes ta balle.
24:04Tu te replaces.
24:05Tu enchaînes.
24:06Tu vois ce que je veux dire ?
24:07Bon.
24:08Te mettre dans le rythme du match par de l'activité, de l'activité, de l'activité.
24:10Comme si tu faisais 1m70.
24:11Quand j'écoute Daniel,
24:13je l'écoute attentivement.
24:15J'ai l'impression que ça dure des heures.
24:18Mais les mots sont justes.
24:20Les mots sont justes.
24:21Et surtout, ça m'amène un déclic.
24:23De me dire,
24:25écoute Jérôme,
24:26jusqu'à maintenant,
24:27tu as écouté tout le monde.
24:29Tu as essayé d'être conciliant.
24:31Tu t'es perdu là-dedans.
24:33Joue comme tu sais faire.
24:35Quitte à mourir,
24:37fais ce que tu as à faire,
24:38avec tes convictions.
24:40Et tu verras bien comment ça se passe.
24:42Je reviens.
24:43Et l'échauffement,
24:45ça va vite.
24:46Tu es prêt à jouer.
24:47Tu n'as qu'une envie,
24:48c'est que les arbitres reviennent et que ça reprenne.
25:10Sonbon, une nouvelle fois.
25:13Ce n'est plus une transformation.
25:15C'est une transfiguration pour Jérôme Berlandès.
25:20La récupération du ballon.
25:21Bertrogi, jusqu'au bout.
25:23Hop, le visage de Mohamed Ibrahim.
25:31La question,
25:32est-ce que tu veux lui éclater la tête ?
25:34Bien sûr que non.
25:35À ce moment-là, je veux marquer le but.
25:36Il est très bon.
25:37Et personne n'a pour le moment
25:39exploré autour de la tête.
25:43C'était ça l'idée.
25:46Là où tu vois que ça manque complètement de maîtrise,
25:50c'est que je finis...
25:53Alors le ballon, il ne va pas dans les cages,
25:55mais moi je finis dans les cages,
25:57empêtré dans les pieds.
25:59Telle vitesse sur l'action.
26:00Quand j'ai revu le truc,
26:01j'ai dit, oh merde.
26:03Je peux comprendre que les gens
26:05puissent avoir eu cette impression.
26:07Sonné,
26:08Bertrogi,
26:09Kao Mohamed Ibrahim.
26:13Hazal,
26:14avec Fernandez,
26:15le décalage,
26:16Andrei Kolich.
26:17Les bleus ont enfin fait sauter
26:19le verrou égyptien.
26:27L'attaque du désespoir
26:29pour les Égyptiens
26:30et comme à sa base,
26:32la défense au pouvoir.
26:34Le soulagement est total
26:36après tant d'émotions.
26:38L'équipe de France accède à la finale
26:40de son Mondial.
26:42Et cette action,
26:43la dernière,
26:44n'y changera rien.
26:45Les bleus ont rendez-vous avec l'histoire
26:47et s'invitent à une nouvelle finale
26:49six ans après.
26:50Ce sera face au Royaume de Suède.
27:00Ecoutez, là les gars,
27:01c'est que le gâteau.
27:02Demain, c'est la stricte dessus les gars.
27:04On a tout gagné.
27:05Bien joué, bravo les gars.
27:07Vous voulez vivre ?
27:08Oui !
27:09Aimer ?
27:10Oui !
27:12Ça commence comme ça.
27:13Un bateau chargé de vie
27:15descendait une rivière.
27:16Une femme de Paris
27:18voulut s'en acheter une paire.
27:20Pan, pan dans la mentonnière.
27:22Pan, pan dans la barbe au corps.
27:23Alors là vous répétez.
27:24Pan, pan dans la mentonnière.
27:26Pan, pan dans la barbe au corps.
27:28Tu crois lui faire un enfant.
27:30Tu ne lui fais qu'un clister.
27:32Pan, pan dans la mentonnière.
27:33Pan, pan dans la barbe au corps.
27:35Pan, pan dans la barbe au corps.
27:49Pas tous les jours qu'on est à quelques heures
27:51de disputer les finales du championnat du monde.
27:53Quand on est français,
27:55quand on est suédois,
27:57ça arrive tous les deux ans.
27:58Ceux qui connaissent un peu l'emballe
28:00pensent que même si la Suède a souffert,
28:04elle a moins souffert que nous,
28:06qu'elle a déroulé dans le mondial
28:08et qu'elle arrive au maximum
28:10de ses possibilités pour la finale.
28:12On n'a rien à perdre,
28:14on a tout à gagner.
28:16On a enlevé ce côté pression
28:18qui était sur nous.
28:20On vivait l'instant présent.
28:22Sans être méchant, on va manger du saumon,
28:24on va manger des vikings.
28:26C'était un moyen pour nous,
28:28la Suède, de se stimuler,
28:30de pouvoir aller chercher l'extrême
28:32pour pouvoir se réaliser.
28:34Il faut que j'accouche d'une équipe
28:36capable d'être champion du monde.
28:38Je vais prendre quelques risques,
28:40je vais changer un petit peu l'effectif.
28:42Donc, Christian Gaudin est sacrifié
28:44au titre de notre ami
28:46Titi Omeya.
28:48Je connaissais Suédois par cœur
28:50parce que je ne sais pas combien de matchs
28:52j'ai fait contre la Suède,
28:54combien de stages j'ai fait
28:56contre l'ami Bengt Johansson,
28:58Dieu est son âme.
29:00Je savais très bien qu'il allait passer
29:02des heures à faire de la vidéo
29:04sur les gardiens français.
29:06J'étais sûr qu'il n'avait pas de vidéo
29:08sur Thierry Omeya.
29:10Je me rappelle du moment de l'annonce
29:12et je peux dire que la journée a été très longue.
29:14Entre le moment le matin à la réunion d'avant-match
29:16où Daniel me dit que je vais commencer
29:18et jusqu'au match,
29:20je n'ai pas fait de sieste.
29:22Ça a été très long.
29:24Martini, si tu le vexes,
29:26c'est plutôt pas mal.
29:28Quand je lui dis que c'est Omeya
29:30qui va commencer le match,
29:32s'il avait eu des mitraillettes
29:34à la place des yeux,
29:36il m'aurait descendu.
29:38Il n'a toujours pas compris.
29:40Je vais sacrifier l'excellence au rang.
29:42C'est dur parce que je tente tout le monde.
29:44Je tente un coup.
29:46Tout le monde, si ça marche,
29:48je vais être un héros grâce à toi.
29:50Toi, tu seras encore plus aimé
29:52par les jeunes filles
29:54que tu ne le sauras jamais.
29:56Là, un gros moment de solitude
29:58parce que la pression est énorme.
30:00La veille du match,
30:02j'étais avec Jackson
30:04en train de boire des cafés
30:06à une heure du mat'
30:08parce qu'on n'arrivait pas
30:10à trouver le sommeil.
30:12J'avais même parié avec Patrick Cazal
30:14comme quoi lui,
30:16il disait que Daniel, tu vas jouer.
30:18Moi, je disais que non, c'était impossible.
30:20Si jamais tu joues,
30:22tu te rases la tête.
30:24Il pouvait dire ce qu'il voulait.
30:26Paris perdu,
30:28rasé le crâne de Daniel Narcisse.
30:50C'est comme Barracuda, tu sais.
30:52Ça se fait les gars !
30:54C'est trop cool !
30:56Bonne tête de gland ça !
30:58Bien comme ça.
31:02Petit à petit,
31:04on se rapprochait du match.
31:06J'étais de plus en plus décontracté.
31:08Et puis juste un truc anecdotique
31:10dont on n'a pas parlé
31:12mais qui est symptomatique de mon état.
31:14Après la victoire contre l'Egypte,
31:16on est en conférence de presse
31:18et nous corge la journaliste de l'équipe.
31:20Elle me dit
31:22Daniel, est-ce que tu m'autorises ?
31:24Et là, elle sort une boîte de chaussures Adidas.
31:26Elle l'ouvre
31:28et elle me sort
31:30une paire de chaussures jaunes.
31:32Jusqu'à présent, il n'y avait que Richardson Jackson
31:34qui avait le droit de jouer avec des chaussures jaunes.
31:36Elle me dit, est-ce que tu accepterais
31:38demain de manager avec ces chaussures ?
31:40Je me dis que ce n'est pas moi ça.
31:42Faire le clown
31:44ou le pitre des chaussures
31:46de Donald Duck au moment de jouer.
31:48Je ne veux pas
31:50me mettre en avant d'une manière ou d'une autre.
31:52Et pourtant, à ce moment-là,
31:54toujours pareil,
31:56pour tourner le dos à tout ce que
31:58j'avais fait avant,
32:00j'ai dit, pourquoi pas ?
32:02Le seul truc, c'est que je me suis aperçu après
32:04qu'il manquait une demi-pointure
32:06donc je n'ai pas pu mettre de chaussettes
32:08et j'étais pieds nus dedans.
32:10Mais j'ai managé avec des chaussures jaunes.
32:12A mon dernier serment,
32:14je ne vais pas vous remercier,
32:16mais je vous le remercierai ce soir.
32:18Ça va s'améliorer.
32:20Ce que j'ai envie de vous dire,
32:22ce qui serait bien,
32:24c'est que chacun d'entre vous,
32:26au moment où il va rentrer sur le terrain,
32:28il essaie de rentrer avec l'idée
32:30de faire en sorte que les substitués
32:32ne l'oublient jamais.
32:34Et si possible,
32:36plutôt dans le style
32:38Mauvais Souvenir.
32:40Allez !
32:42Jérôme !
32:44Il nous reste une heure.
32:46Allez !
32:52En marche pour aller décrocher la lune
32:54et une deuxième étoile
32:56dans un ciel de roi.
32:58Face à son meilleur ennemi,
33:00l'équipe de France soutenue par tout un peuple.
33:02La fournaise de Bercy est en ébullition
33:04au terme d'un miracle permanent
33:06dans l'heure mondiale.
33:08La dernière danse de Daniel Constantini
33:10pour terminer en apothéose.
33:12À Bercy, j'ai senti une émotion aussi.
33:14Parce que Bercy,
33:16la première fois que j'avais mis les pieds,
33:18c'était pour le tournoi
33:20des Capitales en 1986.
33:24Ça m'avait...
33:26Ça m'avait bouleversé cette salle.
33:28Une salle qui m'avait ému.
33:38Rien ne sera simple.
33:40Rien ne sera aisé.
33:42Thierry Oumière !
33:46Jackson Richardson.
33:48Fernandez de Schwecker.
33:50Oh, la fin de passe par Thierry Casale !
33:54À la pause,
33:56les Bleus mènent 11-10
33:58face à la Suède.
34:00Diagne, tu vas repartir.
34:04Deux, trois.
34:06On va faire souffler un petit peu Jérôme
34:08pour qu'il se recharge.
34:10Et on va lâcher tout le groupe
34:12au niveau facile.
34:24Daniel Narcis.
34:26La filière réunionnaise.
34:30Oh, les appuis de feu !
34:32Daniel Narcis jusqu'au bout !
34:36Oh, quel numéro de Magnus Wisslender !
34:44Le contre énorme
34:46et la récupération !
34:48Je me rappelle, j'essayais de le faire une passe en Kung-Fu.
34:50Et en fait, il veut sauter,
34:52mais en fait...
34:54Sa tête voulait sauter,
34:56mais son corps ne le voulait pas.
34:58Jackson n'a pas ça à l'opposé.
35:00Oh non, il ne faut pas rater
35:02ce genre d'occasion en contre-attaque.
35:04Ouais, attention !
35:06Pour Patrick Cazal, les Suédois,
35:08de l'autre côté du terrain...
35:10Oh, quel arrêt de Thierry Oumière !
35:14Oh non, pas cette image !
35:16Patrick Cazal au sol !
35:20En fait, il s'est tord à cheville,
35:22mais la frustration qu'il avait,
35:24j'ai ressenti cette frustration.
35:26J'aurais été pareil.
35:28Oh, l'éclair de Patrick Cazal,
35:30finale sans doute terminée pour le réunionnais.
35:32Bon, je pense qu'il ne peut plus marcher.
35:34Parce qu'en fait, quand il sort,
35:36il est massé de douleur.
35:38Je vais le voir sur le banc,
35:40il est en larmes et tout ça.
35:42Il est incapable d'exprimer quoi que ce soit.
35:50Ce n'est pas la blessure
35:52qui nous prend dans ce moment-là,
35:54qui nous chagrine.
35:56Parce qu'on a l'impression
35:58d'avoir abandonné nos amis, notre équipe.
36:00J'ai dû lui dire,
36:02peut-être qu'on va gagner pour toi ce match.
36:04Des conneries quoi, tu vois.
36:06Des trucs que tu dis,
36:08c'est presque des condoléances.
36:10Il y a beaucoup de monde qui lui parle
36:12quand il sort, on croit que c'est terminé,
36:14dont toi. Qu'est-ce que tu lui dis ?
36:16Moi, ce que je lui ai dit,
36:18je lui ai dit non, t'inquiète pas,
36:20on va faire le maximum.
36:22C'est toi qui va nous donner la possibilité
36:24d'aller chercher ce graal.
36:26Le rempart français,
36:28Stéphane Legren en échec !
36:36Allez les Français, gardez la tête froide.
36:38Serein, ne surtout pas rendre le ballon
36:40aux Suédois.
36:42Fernandez, avec Kabatine, de droite à gauche.
36:44Jackson Richardson, que va-t-il faire ?
36:46Oh le Lame est mort pour Réunionnais !
36:52C'est vrai qu'à un moment donné,
36:54j'ai une image,
36:56je vois Cazal qui court
36:58derrière le banc.
37:00C'est là que Cazal m'a presque agressé.
37:02Il vient vers moi comme ça,
37:04sans rien me dire.
37:06Je lui dis, tu te sens capable de jouer ?
37:08Et puis Roatino, le médecin,
37:10qui me dit, si t'as besoin de lui,
37:12il peut jouer. Je lui dis pas qu'il peut jouer,
37:14il est sorti. Alors il a un argument
37:16qui est pour moi important,
37:18surtout vis-à-vis de lui,
37:20il n'aggravera pas sa blessure s'il rentre.
37:22Et là, qu'est-ce que tu penses ?
37:24Parce que c'est quelqu'un
37:26dont t'es très proche.
37:28C'est mon frère.
37:30Moi j'ai dit,
37:32c'est vraiment
37:34un Maori.
37:38Le fait de revenir, c'est une chose,
37:40mais le fait qu'il bute
37:42encore derrière, c'est ça qui est magique.
37:44On s'est lâchés,
37:46on a fait le match qu'il fallait,
37:48malgré tout, les Suédois
37:50ont bien tenu la barre,
37:52et grâce à leur expérience,
37:54ils marquent même pour l'emporter
37:56à la fin du temps anglementaire.
38:10Encore une fois, il nous faut un coup de génie
38:12d'un ancien pour aller en prolongation.
38:20L'Orient qui accroche la prolongation !
38:22Celui-là, où il va ?
38:24Il n'y a que lui.
38:26Je me vois en lui.
38:28On m'en parle tout le temps encore.
38:30Tout le temps, tout le temps, tout le temps.
38:32On me parle de ce moment-là.
38:34Et moi je suis tellement pris dans le match
38:36que pour moi, on n'accède
38:38qu'à la prolongation.
38:40T'as envie de dire, mais arrête, arrête, où tu vas ?
38:42Comme il est loin, tu veux pas dire ?
38:46Ce phénomène, il arrive à créer,
38:48à chercher le but
38:50de venir derrière aussi.
38:52Je regarde le banc de touche suédois,
38:54et là, je vois Berg Johansson, l'entraîneur,
38:56les mecs sont tous assis,
38:58la tête comme ça, les bras,
39:00et je dis, ils sont morts.
39:02Vingt-deux partout, au terme du temps
39:04anglementaire, c'est une nouvelle histoire,
39:06c'est un nouveau défi, c'est un nouveau match
39:08qui débute pour les Bleus.
39:10Les Bleus déferlent sur la Suède
39:12dans cette prolongation d'infrangile.
39:18Dubomir Radiesse,
39:20pour permettre à la Suède de rester en vie.
39:24Dubomir Radiesse !
39:26Oh, le tir plus de pétrole !
39:28Je sens qu'on a gagné,
39:30il n'y a plus de possibilité pour la Suède
39:32de nous rattraper.
39:34Je me tourne vers le bas,
39:36je me tourne vers le haut,
39:38je me tourne vers le bas,
39:40je me trouve en phase de tirer au meilleur,
39:42et je lui tends les bras, comme ça.
39:44Et lui est complètement surpris,
39:46il s'attend à tout sur façade.
39:48J'ai vu le moment où il allait partir.
39:50Ça s'est passé comme ça,
39:52sans calcul, juste la joie
39:54et le bonheur.
39:58Le sauveur de la patrie
40:00pour un ultime faisceau !
40:02Un dernier strike !
40:04Le sauveur de la patrie pour un ultime faisceau !
40:06Un dernier stupéfiant d'extase,
40:08Grégory Antin !
40:10Oh, une finale folle !
40:12Un père de la raison !
40:14La maestria,
40:16la furia, la folie des bleus
40:18portée par tout un peuple.
40:20Un moment suspendu pour l'éternité.
40:22Le royaume de France
40:24fait vaciller la couronne de Suède
40:26et s'en prend le
40:28au firmament.
40:34À la fin du match,
40:36on ne touche plus terre.
40:38C'est une sensation
40:40qui est tellement incroyable.
40:42Surtout pour moi
40:44qui étais très jeune,
40:46et je pense que pour les autres qui étaient jeunes aussi,
40:48ça a dû être la même chose.
40:50Tu te dis que tu es champion du monde,
40:52mais tu ne réalises pas vraiment ce que ça représente.
40:58Tu as 21 ans,
41:00tu es champion du monde, tu te dis quoi ?
41:02Tu ne te dis rien du tout en fait.
41:04Parce que ça te tombe dessus.
41:12C'est énorme, c'est énorme.
41:14C'est énorme ce qui se passe.
41:16J'étais fier pour l'équipe
41:18parce qu'elle s'était bien prise en main.
41:20Je crois qu'il a fallu
41:22beaucoup de temps pour se rendre
41:24compte du privilège
41:26qu'on avait eu
41:28de vivre cette compétition
41:30dans ces conditions-là.
41:32Je suis très heureux d'être champion du monde, bien entendu.
41:34En plus en France, mon rôle à la fin du match.
41:36Mais j'ai quand même ce goût amer
41:38de ma vie privée qui à ce moment-là est compliquée.
41:40Je n'ai pas tout apprécié à ce moment-là à cause de ça.
41:42Je n'en ai pas beaucoup parlé parce qu'il n'y avait pas
41:44de prescription, aujourd'hui je peux en parler.
41:46Mais oui, ça a été dur pour moi.
41:48Très dur.
41:50Il y a un espèce de coup de massue
41:52où tu te dis, wow,
41:54j'ai touché le plafond, voir au-dessus
41:56et qu'est-ce qui va se passer derrière ?
41:58J'étais plus content à la limite
42:00que tout le monde soit content que moi-même.
42:02Je ne ressentais pas forcément
42:04quelque chose d'incroyable.
42:06C'était un super moment.
42:08On fait quoi demain ?
42:10Ok pour l'équipe, mais il y a aussi
42:12quelque chose qui n'est pas banal et qui est unique.
42:14C'est que vous êtes champion du monde
42:16pour la première fois, mais ensemble.
42:20On a eu un parcours en Équipe de France à deux
42:22qui est extraordinaire.
42:24Là, on est dans le cercle
42:26très proche de la famille.
42:30C'est un effet multiplicateur.
42:32Ça découple tout.
42:34On aime le ballon, on court après,
42:36depuis qu'on est gamin, souvent ensemble.
42:38Vivre le Mondial, c'est juste unique.
42:40Et c'est ce qui rend
42:42ce moment-là
42:44assez extraordinaire.
42:50Il y a Daniel Tosantini qui dispute son dernier match
42:52qui a été un homme si important
42:54pour le balle français.
42:56Tu vas le chercher et main dans la main,
42:58tu l'emmènes vers le podium.
43:00C'est quoi qui t'anime à ce moment-là ?
43:02Ça n'a pas été forcé.
43:04C'est l'instinct qui me pousse à faire des choses,
43:06mais sans obligation.
43:08Soit je le fais, soit je ne le fais pas,
43:10mais je ne fais pas contre cœur.
43:12Il vient me chercher, je m'avance vers le podium
43:14que je vais escalader difficilement
43:16parce qu'à l'époque, j'avais encore mon genou en bois.
43:18L'équipe championne du monde
43:20de Milan,
43:22Jean-Claude Traoré !
43:32Et sur ma droite,
43:34il y a l'équipe de Lugoslavie
43:36avec tous ces joueurs
43:38que je haïssais quelque part
43:40mais que je respectais beaucoup,
43:42qui applaudissaient la démarche de Jackson
43:46et qui m'étaient adressés.
43:48Ça m'a touché.
43:53Depuis 1990,
43:55je suis avec lui, il a toujours été à l'écart
43:57de toutes nos récompenses.
43:59Comme c'était le dernier,
44:01je voulais qu'il soit avec nous
44:03dans ce moment de joie.
44:05C'est spontané ?
44:07Tout à fait.
44:14Est-ce que tu as été très différent avec Jackson
44:16par rapport aux autres ?
44:18Je lui ai accordé
44:20beaucoup plus de choses qu'aux autres
44:22mais lui a l'impression que j'ai été
44:24particulièrement dur avec lui.
44:26C'est tout le paradoxe
44:28de ma relation avec Jackson.
44:30Je ne sais pas ce qu'il en pense,
44:32peut-être qu'il te le dira.
44:34Il avait compris comment je fonctionnais.
44:36Pourquoi ? Parce que j'avais besoin de ça.
44:38Je suis un peu comme
44:40l'âne avec le bâton.
44:42Je lui ai dit que j'allais te montrer
44:44et que je me motivais.
44:46Je me fais monter mon égo
44:48mais ça me poussait
44:50à le faire plus.
44:56Daniel avait cette faculté
44:58à te piquer
45:00tout le temps,
45:02à aller chercher en doigt
45:04des ressources
45:06pour avancer plus vite,
45:08grandir plus vite,
45:10progresser plus vite.
45:12Est-ce que tu as conscience
45:14que tous, même parmi les plus frustrés
45:16et les plus déçus,
45:18tous reconnaissent avec un immense respect
45:20ce que tu leur as apporté
45:22à eux
45:24et au handball français ?
45:26J'en accepte l'augure.
45:28Je ne suis pas toujours persuadé
45:30mais si c'est quelqu'un comme toi
45:32qui me le dit, oui.
45:34Peut-être.
45:36En plus, il laisse au handball français
45:38une génération
45:40talentueuse qui a déjà acquis
45:42de l'expérience avec les anciens
45:44et qui va prendre le relais.
45:46Ça a aussi ouvert un chemin
45:48à cette génération.
45:50Quand on est en capacité
45:52d'influencer, de donner notre avis,
45:54de partager,
45:56de construire ensemble,
45:58ça donne des résultats
46:00qui sont plus forts.
46:02À la fin,
46:04ce qui nous lie tous
46:06de manière indéfectible
46:08et qui continuera de nous lier,
46:10c'est cette capacité d'avoir su
46:12dans ces circonstances-là
46:14construire
46:16cette idée
46:18pour moi magique
46:20de ce qu'est peut-être une équipe.
46:22C'est une génération relativement jeune
46:24en 2001, avec des joueurs prometteurs.
46:26Est-ce que finalement,
46:28tu n'es pas un peu frustré
46:30ou déçu de ne pas faire la suite ?
46:32Oui.
46:34À ce moment-là, je me suis dit
46:36qu'est-ce que tu avais été stupide
46:38de dire il y a quelques mois
46:40qu'il n'y avait pas de compétition.
46:42Sauf que je l'avais dit
46:44et que moi, quand je dis quelque chose,
46:46j'essaie quand même d'en tenir compte.
46:48Tout doit s'arrêter.
46:50Tout à une fin.
46:52Effectivement.
46:54Tu as le sentiment
46:56quand tu as confié un relique
46:58de la famille Handball
47:00et tu te demandes tous les jours
47:02ce que tu vas bien pouvoir en faire
47:04et tu as surtout peur de ne pas être
47:06à la hauteur de la mission que tu confies.
47:08Sur ce championnat du monde,
47:10tout était fait pour qu'à la fin,
47:12il y ait une finale France-Croatie.
47:14C'était le destin d'un match
47:16que tout le monde attendait
47:18par rapport aux dernières années.
47:20Les Croates étaient peut-être
47:22à ce moment-là la seule équipe
47:24capable de nous battre.
47:26La finale est dantesque.
47:28On avait un Nicolas Karabatic
47:30qui se faisait insulter
47:32pendant un mois.
47:34Pour moi personnellement,
47:36je n'ai jamais été champion du monde
47:38avec la Croatie.
47:40Je te marque parce que tu es content
47:42de l'avoir avec toi et pas contre.
47:44Personnellement, j'attends cette compétition
47:46avec impatience.
47:48Je n'ai jamais été champion du monde
47:50à ce moment-là non plus.
47:52C'est bon ?
47:54Vous savez recevoir.
47:56Ne prends pas mal,
47:58j'ai tapé Daniel.
48:00Bon tout-le-monde.
48:02J'ai le droit de le dire,
48:04je ne m'en fous.
48:06Je m'entendais bien avec tout le monde
48:08jusqu'à maintenant.
48:10C'était une organisation
48:12à l'agile.
48:14La chambre,
48:16on était un peu des bordéliques.
48:18Il y en a d'autres.
48:20On a les autres petits niveaux quand même.
48:22C'est un commentaire.
48:24Moi je suis très fier
48:26d'avoir croisé ta route.
48:28Moi aussi.
48:30Mon petit fidèle.
48:32C'est vrai.
48:36C'est bon par là ?
48:38Toutes nos félicitations.
48:40Bonne chance pour 2025.
48:42Avec toi ?
48:44Oui c'est ça.
48:46Moi ? Je ne le fais jamais.
48:48Ça sent la fin.
48:50Tu me dis.
49:32Abonne-toi !